L'apprenti mentaliste d'après Amélie NOTHOMB

"Quand Joe monta son spectacle de mentalisme...".

(Tuer le père, Albin Michel, p. 133).

Dans son roman "Tuer le Père", Amélie Nothomb met en scène la trajectoire d'un adolescent apprenti-mentaliste. Si elle avait voulu reprendre un mot d'esprit de Lacan, le titre "Au nom Dupe-Erre" aurait été encore plus explicite pour signifier ce dont il est question dans son roman où en effet est à l'oeuvre une logique de "passe-passe"...

http://espace.freud.pagesperso-orange.fr/topos/psycha/psysem/nondup/nondup1.htm

Je ne dévoilerai rien de l'intrigue pour ne pas ôter le plaisir du futur lecteur, même si en raison du titre, on devine en arrière plan ce qui se trame dans l'esprit de l'adolescent. Son récit est assez visuel et parfaitement limpide. Aucun obstacle linguistique dans cette "lecture fleuve" du début à la fin (car son roman se lit rapidement). Il se prêterait bien à une adaptation cinématographique pour la beauté des images suggérées dans le désert du Nevada (le désert Black Rock), le festival flamboyant nommé "Burning Man", et le coup de théâtre final.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Burning_Man

Le cadre de ce roman est rigoureusement exact. Les apprentis magiciens et autres artistes scéniques ont un lieu de prédilection où ils testent leurs nouveaux tours et Amélie Nothomb l'a visité, l'a relaté, l'a romancé. C'est une ville éphémère (Black Rock City est une cité nomade) sortie de la quatrième dimension, celle d'un temps ponctuel où la magie rend tout possible...

Super sympas, Merci Mesmer!

J'ai déja dévoré tous mes livres, sa m'aide beaucoup.

Merci pour ce up. Le titre ne laissait pas présager le contenu. Je le lirai demain.

Édit: le livre m'est tombé des mains, c'est honteux de publier ce genre de soupe.
Je n'avais plus lu de Nothomb depuis Stupeur et tremblements et je suis tombé de haut.
Il y a du contenu, mais il est résumé à l'extrême, comme si l'auteur s'adressait à un public limité. Ce n'est pas de la littérature.

Moi j'ai bien aimé. Mais je te rejoins sur un point dans le sens où j'ai vécu une expérience visuelle forte grâce à elle. Cependant, il ne faut pas se fier aux apparences : ce qui semble facile, simple, tant c'est efficace, nécessite souvent beaucoup de travail. C'est un peu comme en sculpture : la pierre lisse, ça semble évident, naturel, mais il a fallu pourtant travailler la matière brute "au corps à corps". Amélie a développé une écriture visuelle très efficace. J'ai vraiment eu l'impression de vivre ce qu'elle écrivait. Quand on est trop "avec l'écriture", le style, quand ça se remarque trop, on n'est déjà plus dans l'expérience du contenu. La forme fait écran.

Je dirai donc qu'elle a cette humilité d'effacer la forme, la rendre simple, rudimentaire, la plus épurée possible (comme un haiku, cette forme brève du poème japonais), pour donner au contenu un maximum d'efficacité.

Dans les arts martiaux, ce serait comme du Ju-Jitsu : l'impression, fausse, de ne rien faire ou presque rien, et pourtant de mettre son adversaire au tapis.

Elle est très japonaise, de ce fait. Elle est cohérente avec elle-même. Si on aime cette culture, on comprend sa démarche.

Il en faut aussi pour tous les goûts. La littérature allemande, c'est certainement tout autre chose...

Oui c'est visuel comme du Lévy. Mais où sont les sensations, les odeurs, les impressions, les sons, les goûts?

Elle ne s'adresse qu'à un seul sens.

Clairement ce n'est plus ma came, je me retrouve plus dans la littérature anglo-saxonne de toute façon.
Les écrivains français m'ont perdus depuis longtemps.