[OS] Fièvre ^

Cela faisait quelques jours que le CBI n’avait pas d’enquête. A croire que le taux de meurtre avait baissé. Les agents de l’équipe de Teresa Lisbon en avait plus qu’assez de traîner au bureau sans rien faire. Mais Teresa, elle, n’avait pas plus envie que ça d’enquêter aujourd’hui. Elle était dans son bureau, elle faisait de la paperasse. Mais soudain lassée, elle s’accorda une petite pause. Elle s’étonnait de ne pas avoir déjà vu Jane débouler dans son bureau sans frapper, pour la bonne raison qu’il s’ennuyait. C’est ce qu’il faisait souvent avant, mais depuis qu’il vivait sous les toits les choses n’étaient plus pareil. Et pourtant quand elle était montée le voir dans les jours qu’avaient précédés, elle ne l’y avait pas trouvé, non il était dans son canapé. Elle se sentait bête d’avoir espéré que tout deviendrait comme avant. Depuis ces quelques jours sans enquêtes, au début il venait l’enquiquiner et puis il a soudain cessé. Depuis elle n’était pas allé lui parler. Peut-être avait-il quelque chose derrière la tête. Curieuse, elle décida d’aller le voir. Elle sortie de son bureau et resta quelques secondes immobile, un sourire naissant sur ses lèvres en voyant le consultant endormi dans son vieux canapé. Oh bien sur elle pensa tout de suite qu’il faisait semblant de dormir, comme il le faisait souvent. Elle s’approcha de lui et s’accroupie de façon à être à peu près à son niveau. Elle ne savait pas ce qu’elle allait lui dire, mais elle trouverai bien quelque chose.
- Jane, appela t-elle doucement. Jane.
Il ne semblait pas l’entendre.
- Jane, fit-elle un peu plus fort.
Il était réellement endormi. Alors elle le secoua doucement en continuant à l’appeler. Voyant que ça ne marchait toujours pas elle fut un peu plus brusque et il se réveilla, un peu désorienté. Il ne savait plus où il était, et puis ça lui revint en voyant le visage inquiet de Lisbon.
- Vous vous sentez bien ? demanda t-elle.
- Très bien, menti Patrick en se redressant.
Il lui adressa un sourire mais son visage était crispé.
- Vous mentez, vous êtes tout pale et fatigué.
- Je ne suis pas fatigué, démenti Jane.
- Si vous l’êtes.
Jane fit un effort pour paraître un peu plus tonic, il se leva et se dirigea vers la cafétéria, suivit de près par Teresa. Il se sentait pas bien, c’était un fait. Rien que le faite d’être debout le fatiguait. Lisbon l’aperçu frissonner alors qu’il se préparait un thé, elle voyait la chair de poule sur sa peau et pourtant il ne faisait pas froid, même elle était en tee-shirt. Alors que Jane allait se verser son thé elle mit sa main gauche sur son bras pour l’arrêter, et elle porta son autre main au front du blond.
- Jane, vous êtes brûlant.
Patrick se dégagea de l’emprise de Lisbon, contrarié. Il avait la tête qui tournait. Finalement il n'avait pas envie de thé, il le vida dans l’évier et dit :
- La fièvre est bénéfique vous savez, Lisbon.
- Prenez au moins votre température, insista t-elle en s’approchant de lui.
- Cessez de me materner. J’ai pas besoin de vous, laissez moi.
Jane retourna, presque en titubant, à son canapé.
- Très bien, dit Lisbon exaspérée, Débrouillez-vous seul !
Elle retourna dans son bureau en claquant la porte. Les agents levèrent des regards interrogatifs vers Jane. Mais ils s’en retournèrent très vite à leur occupation, Jane était Jane, s’était un quotidien avec lui de voir Lisbon en rogne. Teresa n’avait jamais vu Jane malade, sa réaction excessive est peut-être du à ça. Mais il n'avait pas tout à fait tord, elle n'avait pas de raison de le materner comme ça, il était assez grand.

Une heure plus tard Lisbon et Jane étaient les seuls qui restaient. Les autres étaient venus beaucoup plus tôt demander à Lisbon s’ils pouvaient partir, ils avaient plus de paperasse et ils restaient près à tout moment dans la faible éventualité qu’il aient un cas sur les bras. Lisbon avait accepté. Elle était à présent en train de mettre un point final à un de ses rapports. Elle se demandait ce que faisait Jane et s’il allait mieux. A ce moment, elle entendit comme un cris étouffé. Elle sortit de son bureau et le découvrit là, sur son canapé, agité et en sueur. Il délirait totalement. Tandis qu'elle s'approchait, elle l'entendit parler, cependant, elle n’arrivait pas à savoir s’il rêvait ou délirait simplement.
- Non… Non, je vous en supplie.... Non ne faites pas ça, ne lui faites pas de mal… C’est entre vous et moi... Elle n’est rien pour moi…Ne la touchez pas… Je vais vous tuer !…Non… Non… Non… Salopard…
Jane pleurait à présent toutes les larmes de sont corps. Lisbon ne l’avait jamais vu comme ça. Pour une fois il paraissait… si humain, si fragile. Elle surmonta sa stupeur de le voir dans un tel état, s’accroupit auprès de lui et le réveilla. Une fois sorti de son cauchemar, Jane était encore plus désorienté et au plus mal que jamais. Il ne portait plus son masque, il ne se maîtrisait plus. Il se laissait seulement aller, pleurant recroquevillé sur lui-même, ne voyant même pas la brunette qui l’avait réveillé. Patrick n’était pas encore remit de son rêve, il croyait que c’était sa faute si elle était morte. Il ne voulait pas la perdre.
Lisbon ne savait pas de qui il était question dans ce rêve, elle se doutait juste que RedJohn y était mêlé. Elle ne supportait pas de le voir ainsi. Il était si vulnérable. Elle lui parla d’une voix douce et réconfortante, lui faisant remarquer ainsi sa présence.
- Jane… Ca va aller…
Le consultant se retourna, toujours allongé sur son canapé, les larmes glissants sur ses joues. Elle le prit dans ses bras, cherchant à le rassurer.
Ils étaient maintenant allongés et enlacés l’un contre l’autre. Jane s’était apaisé, Teresa posa sa main sur son front, elle trouvait que sa température avait encore augmenté. Elle voulait se dégager pour aller à la pharmacie? De plus à cette heure de la journée, sept heures, il pouvait encore y avoir encore du monde dans les locaux qui pourrait les voir. Elle se dégagea doucement sous un gémissement contrarié de Jane.
- Partez pas… Plus jamais…, suppliait-il. Je veux que vous soyez toujours auprès de moi… Je serai là pour vous protéger… je vous le promet… Je vous en supplie ne partez pas, ne me laissez pas…
Lisbon lui adressa un sourire rassurant, elle voyait qu’il délirait totalement et ne s’étonnerai pas à ce qu’il parle par la suite de gerbille sadique ou d’éléphant orange.
- Je reviens vite, le rassura t-elle.
- Faites attention à vous, fit-il, toujours frissonnant.
Lisbon lui sourit et parti. Le temps de trouver une pharmacie ouverte, d’acheter ce qu’il fallait et de revenir, il fallut à Lisbon bien trois quart d’heure. En arrivant, elle trouva le canapé de Jane vide, mais une lumière provenant de son bureau attira son attention. Elle entra dans son espace de travail et trouva Jane assis, somnolant dans son fauteuil. La sueur perlait de son front, il grelottait en ne cessant de gigoter. Lisbon s’approcha de lui.
- Jane…, murmura t-elle en posant sa main sur son visage.
Patrick se réveilla, il cligna des yeux, sa respiration était saccadée.
- Ohh Lisbon… Je… Je vous attendais.
Térésa le pris par la main et l’incita à se lever du fauteuil.
- Venez, on va voir où en est votre température.
Jane n’opposait aucune résistance, mais il suppliait Lisbon de reporter ça à plus tard, il était trop fatigué, trop faible. Alors Teresa l’installa sur son vieux canapé marron, le couvrit d’une couverture et alla s’asseoir au bureau de Patrick.
- Si vous avez besoin de quoi que ce soit dites-le moi.
- Venez près de moi… S’il vous plait Lisbon…
Comment lui refuser ça ? Jane avait besoin de sentir sa présence à ses cotés. Lisbon se leva alors et s’assit au sol, adossée au canapé.
- Vous n’allez pas rester par terre, venez, murmura difficilement Jane, les yeux fermés.
Dans d’autres circonstances Teresa aurait refusé, mais là c’était différent. Elle s’installa à coté de lui, lui tournant le dos. Grelottant toujours, il passa son bras par-dessus elle pour être dans une position un peu plus confortable. Elle pris sa main et leurs doigts s’entre-mêlerent. Ils s’endormirent ainsi, l’un contre l’autre.

Ils ne dormirent qu’une heure, Patrick finit par réveiller Lisbon par ces délires. Elle n’a pas tout saisit ce qu’il disait. D’après ce qu’elle a pu comprendre, il parlait de Cho qui se mariait à VanPelt avec RedJohn pour prêtre et Hightower et Minelli pour témoins. Il parla ensuite d'une histoire d'ascenseur et de cravates qu'elle ne saisi pas. Il était d’autant plus fiévreux et bougeait tellement que Lisbon est passé par-dessus bord. Elle était inquiète, autant par ce qu’elle entendait que de l’état du consultant.
Encore une fois elle le réveillait. Mais cette fois ci elle alla chercher dans un sachet qu’elle avait posé sur le bureau un thermomètre et le lui colla dans l’oreille sans préavis. De toute façon il ne pouvait rien dire, il était totalement dans un autre monde. Elle lui pris plusieurs fois la température pour être sûr, il avait bien quarante-deux degrés de fièvre. Elle avait lu quelque part qu’à cette température et au delà, il y avait des risques de lésions cérébrales. Aussitôt elle paniqua, se demandant depuis combien de temps il était à cette température, elle s’en voulait de ne l’avoir prise plus tôt. Lisbon devait la faire baisser immédiatement. Elle donna des analgésiques à Jane et l’amena jusqu’à sa voiture, elle l’emmena chez elle. Il était toujours dans un état second, avec des délires intenses et des absences. Teresa enleva, pour ne pas dire arracha, son veston et sa chemise et finit de le déshabiller en vitesse en prenant soin de lui laisser son boxer. Elle évita de s’attarder sur son corps qui la faisait secrètement rêver, ce n’était pas du tout le moment. Teresa le mis sous la douche pendant quelques minutes à une température assez basse.
Finalement, elle sorti Patrick, pris une serviette et le sécha. Elle ne pu résister à passer la main dans les bouclettes humides de son consultant lorsqu’elle vint à sécher ses cheveux, mais elle se maudit aussitôt. Elle eut un peu de peine à le sécher entièrement, à cause du vêtement mouillé qu'elle ne pouvait décemment pas lui enlever, rougissant à la simple pensée. Elle lui mit un jogging et une chemise qu’elle avait pour son frère qui venait occasionnellement la voir.
Teresa l’installa dans son lit, étant à moitié endormi Jane n’eut aucun soucis pour retrouver le sommeil. Elle se mit en chemise de nuit et hésitante, elle s’installa auprès de lui pour veiller. Elle sentait que ça allait aller mieux et espérait qu’il n’y aurait aucun séquelle. C’est là qu’elle se rendit compte qu’elle avait fait émotionnellement d’une fièvre une affaire d’état, d’ailleurs elle ne savait même pas ce qui avait provoqué cette fièvre. Elle s’était exagérément inquiété pour son consultant, mais elle avait ses raisons. Elle n’avait jamais vu Patrick malade, et surtout, si faible et vulnérable, et elle se souvient vaguement que l’un de ses frères avait faillit y rester à cause d’une forte fièvre étant tout jeune, de plus ses sentiments pour son consultant n’aidaient pas.
Au bout de quelques minutes elle rejoint Morphée malgré elle. Dans la nuit, ils se blottirent l’un contre l’autre, il s’amplifiait une alchimie dont ils avaient déjà sentis l’existence bien avant.

Le lendemain matin, Lisbon se réveilla, seule dans son lit. Elle cru premièrement qu’elle avait rêvé tout cela, mais sa mémoire, le souvenir des sensations subconsciemment ressenties disaient le contraire. Elle se demanda où il avait bien pu passer, apparemment il n’était pas chez elle, mais pour aller où ? Retourner au CBI ? Son état s’était donc amélioré ? Elle s’habilla en vitesse, sorti et monta dans sa voiture. Elle se demandait bien comme Jane avait pu rejoindre le CBI sans véhicule vu la distance qu’il y avait entre chez elle et son lieu de travaille. Elle alla jusqu’au QG, mais il n’y avait encore personne, il était à peine sept heure. Jane n’était pas là, même pas au grenier. Où pouvait-il être allé à cette heure ci ? Chez lui, bien sûr…

C’est vrai qu’il avait déserté sa maison il y a un moment déjà, mais il lui restait encore des affaires là-bas. Jane avait pour habitude de quitter très tôt le QG, et à environ cinq heures du matin, d’aller chez lui prendre une douche et se changer, de revenir au CBI, de se faire un thé et de remonter en haut, tantôt il se rendormait tantôt il regardait Sacramento se réveiller, et le jour se lever.

Teresa se rendit donc chez Jane, mais rien n’indiquait qu’il y était. Il ne répondait pas, les lumières étaient éteintes. Au bout d’un moment elle se résigna à partir, elle devait se rendre à l’évidence. Jane pouvait être n’importe où dans Sacramento. Elle ne savait même pas s’il se sentait mieux, il pouvait tout aussi bien errer dans les rues, délirant… Une cible facile pour quiconque voulant se défouler. C’est inquiète qu’elle décida de patrouiller en voiture près de chez elle, tentant désespérément de trouver Patrick.

Au bout d’une heure elle comprit qu’il devait être éloigné déjà, à condition qu’il n’est pas tourné en rond. Elle abandonna avec remords et alla au CBI. Mais si au bout de deux heures il ne se pointait pas au QG elle repartirait le chercher, qu’Hightower le veuille ou non, elle ratisserai la ville s’il le fallait.

Ce n’est qu’une heure plus tard que Jane débarqua au CBI, changé, il revenait de chez lui. Lisbon l’avait manqué, une simple question de Timing. Il rejoint son canapé, sans passer par le bureau de Lisbon dont cette dernière sorti aussitôt. Il n’y avait qu’eux deux, les autres prenaient leur temps pour aller au bureau, ils savaient qu’ils avaient que peu de chances d’avoir une affaire.
Jane était assez gêné. Il savait qu’il s’était montré vulnérable face à Lisbon, et il en avait honte. Elle se planta devant lui, silencieuse. Patrick se leva en souriant d’un sourire faux, elle le vit tout de suite.
- Bonjour Lisbon.
Voyant que Lisbon ne cillait pas, Jane dut abandonner son sourire. Il baissa les yeux tandis que Teresa prenait place à coté de lui sur le canapé marron.
- Vous avez l’air d’aller mieux, dit-elle d’une voix douce.
- … Vous n’y êtes pas pour rien.
Lisbon lui sourit, et après quelques minutes de silence et se leva.
- N’oubliez pas de me rendre les vêtements de mon frère, dit-elle finalement en se dirigeant vers son bureau.
- Lisbon.
Elle se retourna alors.
- Merci…
Elle lui sourit, elle savait qu’il lui était reconnaissant. L’ascenseur s’ouvrit, laissant entrer Cho, leur moment d’intimité rompu, Lisbon retourna dans son bureau, et sourit à l’idée que Jane passe la voir le soir même, avec pour excuse les vêtements, mais elle espérait qu’il reste un peu plus longtemps.