Here for you ^

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Here for you

L’agent Wayne Rigsby marchait de long en large dans la salle d’attente, une main sur la hanche, la seconde passait dans ses cheveux. Il ne tentait pas de cacher sa peur, son inquiétude et il attendait désespérément des nouvelles de sa collègue. Cela faisait déjà plus d’une heure qu’il était là et personne n’était encore venu lui parler. Il commençait vraiment à s’impatienter. Il avait besoin de savoir, il devait absolument savoir s’il était arrivé à temps pour lui venir en aide, pour lui sauver la vie. La jeune femme avait beaucoup souffert. Lorsqu’il l’avait découverte, elle était couverte de sang, de marques de coups, de coupures un peu partout sur son corps nu. Il avait eut du mal à la reconnaître, il avait même cru un instant qu’elle était morte. Jusqu’à ce qu’il l’entende gémir. Il avait alors appelé une ambulance, contacté Cho par radio pour lui donner sa position et avait déposé sa veste sur la jeune femme pour lui donner un peu de chaleur et d’intimité.

Maintenant, il attendait de savoir comment elle se portait pendant que Cho se trouvait au CBI, interrogeant l’homme qui avait enlevé Teresa Lisbon plus d’une semaine plus tôt. L’homme avait été capturé alors qu’il tenait de fuir l’entrepôt et avait gardé le silence depuis. Cho arriverait à le faire parler, il y arrivait toujours, c’était le meilleur. Ils avaient besoin qu’il parle, ils avaient besoin de pistes s’ils voulaient retrouver Patrick Jane avant qu’il ne soit trop tard. Le consultant avait disparut peu de temps après Lisbon et personne n’avait entendu parler de lui depuis.

Une infirmière arriva dans la salle d’attente et se dirigea directement vers l’agent qui cessa de tourner en rond. Il se tourna vers la femme, le regard interrogateur et impatient. La femme lui fit signe de prendre un siège et il sut que ce n’était pas bon, ce n’était jamais bon lorsqu’on ne vous parlait que lorsque vous preniez un siège.

-“ Votre amie est toujours en chirurgie, elle a perdue beaucoup de sang” commença la femme. “ Elle a des côtes cassées et l’une d’elles lui a perforé un poumon. Elle a les deux jambes brisées. Elle a diverses coupures plus ou moins profondes et un nombre incroyable d’hématomes sur la partie supérieure de son corps, ainsi que…”
-“ Ainsi que quoi ?” Interrogea-t-il.
-“ Ainsi qu’a l’intérieur des cuisses” finit-elle.

Il n’en fallut pas plus pour que l’homme se laisse tomber complètement sur son siège, les larmes aux yeux. Il avait déjà eut à faire avec ce genre de choses, des victimes de viols, mais là c’était différent. Il s’agissait de Lisbon, de sa patronne, collègue et amie. Il ne supportait pas l’idée de n’avoir pas été là pour l’aider, la protéger. Ils avaient mis trop de temps pour la retrouver. L’infirmière posa une main sur son bras et il releva les yeux.

-“ Elle n’a pas été violée” le rassura-t-elle. “ Juste battu, plusieurs fois.”
-“ Vous… vous en êtes sûre ?” Tenta-t-il d’une voix suppliante.
-“ Certaine. Je viendrais vous voir lorsqu’elle sera dans une chambre, mais en attendant, vous devriez rentrer chez vous, prendre une douche et vous reposer. Elle aura besoin de vous et de… d’une certaine Jane.”
-“ Jane ?”
-“ Elle a prononcé le nom de Jane avant de perdre connaissance” expliqua-t-elle.
-“ Il s’agit de Patrick Jane, un collègue, lui aussi disparu.”
-“ Oh.”

Rigsby se leva, remercia la femme et quitta la salle d’attente. Il allait suivre le conseil de l’infirmière, il allait rentrer se changer, prendre une bonne douche, dormir un peu et revenir. Lisbon ne devait pas se réveiller seule, elle allait avoir besoin de quelqu’un en attendant de retrouver Jane et il serait là pour elle.




Jane marchait sur le bord de la route depuis maintenant des heures, il ne savait pas où il se trouvait, ni comment il était arrivé là. Tout ce qu’il savait était qu’il devait continuer, qu’il devait marcher. Il ne se souvenait pas vraiment de ce qui lui était arrivé, le seul souvenir qu’il avait était celui de Lisbon, allongée sur un matelas crasseux, couverte de sang. Il avait cru qu’elle était morte, il l’avait cherché pendant des jours entiers sans même penser à rentrer ou à se reposer. Il avait tant voulu la revoir, la ramener chez elle, en sécurité. Il l’avait prise dans ses bras, l’avait serrée contre lui, murmurant son nom et elle avait ouvert les yeux. Elle lui avait faiblement sourit et il lui avait répondu. Mais alors qu’il pensait pouvoir la sortir de là après l’avoir retrouvé, tout était devenu noir et c’est la dernière chose dont il se souvenait.

Le mentaliste s’était réveillé sur le bord de la route et n’avait pas cessé de marcher depuis. Il avait mal aux pieds, il avait soif, il était fatigué, mais il ne pouvait pas s’arrêter. Une voiture passa à côté de lui, mais il n’y prêta pas attention, pas plus lorsqu’elle s’arrêta quelques mètres plus loin et qu’un homme en descendit. Il continua de marcher, une seule idée lui permettant d’avancer, retrouver Lisbon. Il sentit l’homme poser une main sur son épaule, mais il ne s’arrêta toujours pas.

-“ Monsieur, vous allez bien ?” Lui demanda l’homme.
-“ Je dois retrouver Lisbon” souffla Jane pour toute réponse.
-“ Qui est Lisbon ?” Interrogea de nouveau l’homme.
-“ Je dois la retrouver” répéta-t-il.
-“ Peut-être que je peux vous aider ?” proposa-t-il et Jane releva les yeux vers lui.
-“ Je vais vous conduire à l’hôpital, nous allons appeler la police et nous allons retrouver votre amie”
-“ Vous feriez ça ?” Il semblait avoir besoin d’être rassuré.
-“ Je le ferai, mais avant vous devez venir avec moi.”
-“ D’accord.”

L’homme dirigea le blond vers sa voiture, le fit s’installer sur la banquette arrière où il l’aida à s’allonger et monta à son tour. Il reprit sa route et se dirigea vers l’hôpital le plus proche. Durant le trajet, Jane se sentit mal, sa tête se mit à tourner, il se sentit nauséeux. Mais avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit pour prévenir son sauveur, il se mit à vomir du sang avant de perdre connaissance.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, il se trouvait dans une chambre aux murs blancs, dans un lit confortable et un drap le recouvrait. La lumière était vive et il dû cligner plusieurs fois des yeux avant de s’habituer à la luminosité. Une douleur à la tête le prit soudain et il leva la main à son front. Ce ne fut qu'à ce moment là qu’il remarqua la perfusion qu’il avait au bras, ainsi que la machine émettant des bips à laquelle il était également relié. Il était à l’hôpital. Il ne pouvait pas rester ici, il devait sortir, il devait retrouver Lisbon. Il tenta de se lever, de quitter son lit, mais la machine se mit à émettre des bips stridents, ce qui alerta une infirmière qui entra dans la chambre.

-“ Monsieur, calmez-vous” tenta-t-elle en l’aidant à se recoucher.
-“ Je dois partir d’ici, je dois retrouver Lisbon” s’agita-t-il de nouveau.
-“ Vous la retrouverez bientôt, mais pour le moment vous devez vous reposer.”
-“ Non, je dois la retrouver maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.”
-“ Monsieur Jane, votre amie est ici et dès que vous irez mieux, je vous conduirais à elle” lui promit-elle.
-“ Elle… elle est ici ?” Demanda-t-il d’une voix faible mais suppliante.
-“ Oui, elle est ici” confirma-t-elle.
-“ Je… je veux la voir, s’il vous plait j’ai besoin de la voir.”
-“ Je ne sais pas si…” mais le regard de Jane lui serra le cœur. “ Je vais voir avec votre médecin et je reviens.”

Elle quitta la chambre pour revenir peu de temps plus tard avec une chaise roulante. Elle aida le blond à s’y installer, posa une couverture sur ses jambes et lui fit traverser plusieurs couloirs, monter deux étages avant d’arriver devant une chambre close. Plus loin dans le couloir, Jane put voir Rigsby qui parlait avec une infirmière et l’homme lui sourit, Jane le lui rendit. L’infirmière ouvrit la porte, fit rouler la chaise dans la pièce et Jane put voir le visage de Teresa Lisbon dans le lit. Une fois qu’il fut à côté d’elle, il lui attrapa la main et la porta à sa joue. Il ferma les yeux, heureux qu’elle soit en vie, qu’il soit près d’elle, mais aussi triste de la voir ainsi, si pale.

Il entendit la porte se fermer derrière lui, mais plus rien d’autre ne comptait si ce n’est Lisbon. Il la détailla, elle était maigre, elle avait des marques un peu partout sur le visage, sur les bras et il sentit son cœur se serrer. Il aurait tant voulu pouvoir éviter ça, la protéger comme il lui avait promit des années plus tôt. Mais il en avait été incapable, comme toujours. Il n’avait pas vu qu’elle correspondait au profil des autres victimes, il n’avait pas vu qu’elle était en danger et n’avait pas été là lorsqu’elle avait eut besoin de lui. Mais il était là maintenant et le resterait tant qu’elle l’y autoriserait.

Jane posa sa tête sur le lit à côté de celle de Lisbon, inspira son parfum et se laissa enfin aller au sommeil dont il avait si besoin. Il pouvait se le permettre maintenant, elle était en sécurité, elle allait s’en sortir, il ne pouvait pas en être autrement et il l’aiderait à aller mieux. Il ne la quitterait plus.




Lisbon ouvrit les yeux, cligna plusieurs fois pour s’habituer à la lumière et regarda autour d’elle. Les murs étaient blancs et non plus gris, il y avait une odeur de désinfectant et non plus de moisissures. Elle se trouvait dans un lit confortable et doux et non plus sur ce tas de chiffons pourris. Elle sentit une main tenir la sienne et son coeur s’affola. Elle la retira immédiatement, tenta de s’éloigner le plus possible de la personne qui se trouvait à côté d’elle, personne qui tenta de lui attraper les mains.

-“ Lisbon, c’est moi” lui dit une voix qu’elle reconnut tout de suite.

La jeune femme tourna la tête pour voir le visage inquiet de Jane.

-“ Jane” souffla-t-elle en avançant une main qu’elle posa sur sa joue.
-“ Je suis là Lisbon” répondit-il en fermant les yeux.
-“ Vous… vous étiez là, dans cette entrepôt.”
-“ Oui j’étais là” sourit-il. “ Mais… je n’ai pas réussi à vous sortir de là.”
-“ Mais vous m’avez retrouvé.”
-“ Je ne suis pas celui que vous devez remercier” il baissa la tête. “ C’est Rigsby que vous devez remercier.”
-“ Mais vous m’avez tout de même retrouvé, vous êtes venu pour moi alors que je croyais ne plus jamais vous revoir.”

Jane rouvrit les yeux, tomba dans le regard brillant de larmes de Lisbon et ne résista pas plus longtemps. Il l’entoura de ses bras et la serra contre lui. Mais Lisbon se tendit instantanément, surprenant Jane qui s’écarta pour voir ce qui se passait. Elle avait les yeux clos, les lèvres serrées.

-“ Oh non” souffla-t-il avant de relâcher la jeune femme. “ Lisbon, je suis désolé.”
-“ Non Jane, il ne… il ne m’a pas…” mais elle ne put prononcer le mot.

Jane fixa Lisbon dans les yeux, à la recherche de quelque chose qui pourrait le convaincre. Elle disait vrai, elle n’avait pas été violée et il souffla de soulagement. Il tenta de se rapprocher d’elle, comprenant maintenant que sa réaction était due au traumatisme de ce qu’elle avait vécu. Lisbon se laissa faire, elle passa ses bras autour de lui et posa sa tête sur son épaule. Elle inspira profondément en fermant les yeux. Elle était bien, elle se sentait en sécurité. Jane était là pour elle et le serait toujours, elle n’en doutait pas.

Le mentaliste savait qu’il faudrait du temps avant que Lisbon se remette complètement de ce qu’elle venait de vivre, mais il serait avec elle aussi longtemps qu’elle en aurait besoin. Il voulait encore savoir ce qu’elle avait vécu, il en avait besoin pour pouvoir l’aider de son mieux. Mais il allait lui laisser du temps. Elle ne parlerait que lorsqu’elle serait prête, et elle ne l’était pas pour le moment. Il la sentit resserrer son étreinte sur lui, enfouissant son visage dans son torse et il la serra plus fort.

-“ J’ai cru que j’allais mourir Jane” commença-t-elle. “ Mais la seule chose à laquelle je pouvais penser était vous, je ne pouvais penser qu’à vous et ce vous alliez vivre. Je ne voulais pas vous laisser seul.”

Jane ne savais pas quoi dire, ne savait pas quoi faire d’autre si ce n’est garder Lisbon dans ses bras et être présent pour elle. Il avait eut si peu de la perdre, lui-même s’était demandé ce qu’il deviendrait sans elle, s’il parviendrait à se remettre de sa perte. Il savait qu’il ne pourrait pas, qu’elle était bien trop importante pour lui. Il se recula lorsqu’il sentit que Lisbon commençait à s’endormir. Il l’aida à se recoucher, remonta le drap sur elle et sourit lorsqu’elle lui attrapa la main.

-“ Ne me laissez pas” supplia-t-elle sans ouvrir les yeux.
-“ Jamais.”




Trois mois avaient passés depuis que Jane avait retrouvé Lisbon à l’hôpital et il ne l’avait pas quittée depuis. Il était resté avec elle durant tout ce temps, refusant de partir, même lorsque les médecins lui en avaient donné l’autorisation. Pour quelqu’un qui n’aimait pas les hôpitaux, il y passait beaucoup de temps. Il rentrait au motel tous les soirs, mais passait ses journées avec Lisbon. Il lui tenait compagnie, l’accompagnait chez le kiné à chaque séances, mangeait avec elle à midi et le soir. La jeune femme se remettait peu à peu. Elle avait encore du mal à marcher, mais elle y travaillait chaque jour. Elle aimait les visites de Jane, mais elle voulait aussi qu’il retourne travailler, elle n’aimait pas le voir passer toutes ses journées avec elle. Il avait besoin de voir autre chose que cet hôpital.

Un matin où Jane venait encore rendre visite à la jeune femme, il trouva sa chambre vide et son cœur s’emballa. Il sortit en courant, traversa le couloir et se dirigea vers les infirmières. L’une d’elles vint à sa rencontre, comprenant ce qu’il avait et tenta de le calmer.

-“ Votre amie va bien Mr Jane” lui dit-elle.
-“ Où est-elle ?” Demanda-t-il de nouveau.
-“ Elle est à l’église de l’hôpital, elle avait besoin de prier.”

Jane se calma alors, retrouvant une respiration normale et s’assit sur une chaise derrière lui. L’infirmière lui apporta un verre d’eau qu’il avala rapidement. Il avait cru qu’il s’était passé quelque chose, que Lisbon avait eut un problème, qu’il l’avait de nouveau perdu. Ces derniers mois, il était devenu hyper protecteur envers la jeune femme, ne laissant personne si ce n’est le personnel médical s’approcher d’elle. Lisbon le lui reprochait souvent, mais il ne pouvait rien y faire, il avait besoin de s’assurer qu’elle allait bien et que personne ne lui ferait de mal. Il savait qu’il risquait vraiment de la perdre s’il continuait ainsi, qu’elle finirait par s’éloigner de lui. Mais c’était quelque chose qu’il ne pouvait contrôler.

Il fut sortit de ses pensées par une main se posant sur son épaule et il releva les yeux pour voir Lisbon le regarder, inquiète. Il tenta un sourire mais échoua lamentablement. Des larmes coulèrent sur ses joues et Lisbon les chassa de sa main. Il ferma les yeux avant de se lever et de la prendre dans ses bras, la faisant presque tomber avec ses béquilles. Mais elle s’accrocha à lui, ne comprenant toujours pas ce qu’il avait mais appréciant son étreinte. Ils restèrent ainsi enlacés pendant plusieurs minutes avant que Jane se s’écarte d’elle et l’aide à marcher jusqu’à sa chambre. Elle s’installa sur le lit et le regarda marcher de long en large dans la pièce.

-“ Jane, que se passe-t-il ?” Lui demanda-t-elle.

Mais il ne répondit pas. Il continua jusqu’à ce qu’il s’arrête devant la fenêtre. Lisbon tenta de se lever pour le rejoindre mais fit tomber l’une de ses béquilles. Elle se pencha pour la ramasser, surprise que Jane ne vienne pas l’aider et le rejoignit. Elle se mit à côté de lui, essayant de capter son regard, mais il refusa de croiser ses yeux.

-“ Jane ?” Tenta-t-elle de nouveau.
-“ J’ai eu peur” finit-il par dire.
-“ Peur ? Mais de quoi ?”
-“ J’ai cru qu’il vous était arrivé quelque chose quand je ne vous ai pas trouvé en arrivant, j’ai cru que…”
-“ Mais je vais bien Jane, j’étais juste …”
-“ Je sais” la coupa-t-il. “ Je… j’ai … je ne sais pas comment vous le dire.”

Il soupira de frustration, incapable de trouver les mots pour lui dire à quel point il tenait à elle. Lui, le grand Patrick Jane, était à cour de mots. Comment dire à cette femme à quel point il tenait à elle, à quel point il l’aimait ? Il avait déjà perdu une femme et une fille, il ne pouvait pas la perdre elle aussi. Et c’est-ce qu’il risquait d’arriver s’il lui parlait, car elle ne ressentait certainement pas la même chose pour lui. Pour elle, ils étaient amis, de très bon amis, mais rien de plus. Il avait mit tant d’années à avancer dans la vie, à faire le deuil de sa famille. Il avait mit bien trop de temps et peut-être qu’à présent il était trop tard pour lui.

Lisbon chercha encore à le faire la regarder, afin de comprendre ce qu’il avait. Elle ne l’avait que peu vu ainsi, si triste, si perdu. Les seules fois où elle l’avait vu ainsi était lorsqu’il pensait à sa famille, lorsque les souvenirs reprenaient le dessus sur lui. Et aujourd’hui c’était le cas, elle pouvait le voir dans sa façon de se tenir, sa façon de s’éloigner d’elle. Tout ce qu’elle voulait était qu’il lui parle, qu’il lui dise ce qui n’allait pas. Elle tenait tant à lui, elle ne voulait plus voir ce qu’elle voyait en ce moment dans son regard, dans sa posture.

La brunette posa sa main sous le menton de Jane et le força à tourner la tête. Elle croisa enfin son regard, vit les larmes sur ses joues encore plus nombreuses qu’avant et son cœur se serra à cette vision. Elle ne voulait plus le voir ainsi, elle voulait le voir sourire, elle voulait voir ce si merveilleux sourire sur son visage, celui qu’elle aimait tant. Il avait déjà bien assez souffert au court de sa vie, perdre sa femme et sa petite fille des mains d’un serial killer et il se sentait encore coupable pour ça. Elle avait bien tenté de lui comprendre qu’il n’y était pour rien, mais rien ne pourrait le faire changer d’avis.

Elle glissa sa main sur sa joue, la caressa tendrement et se rapprocha de lui, tremblant un peu sur ses jambes et Jane l’attrapa instinctivement par la taille, la plaquant contre lui. Elle lâcha ses béquilles, passa ses bras autour de son cou et posa son front contre le torse de l’homme. Elle inspira profondément, savourant de se retrouver là et ne voulant plus jamais le quitter. Elle le sentit passer ses mains le long de son dos, envoyant une série de frissons dans tout son corps. Elle releva les yeux vers lui, les larmes brillant dans leurs yeux.

-“ Patrick, s’il te plait dis moi ce qui ne va pas” supplia-t-elle. “ Je n’aime pas te voir ainsi, dis moi ce qui ne va pas.”
-“ Je… je tiens à toi Teresa” souffla-t-il en posant son front dans ses cheveux. “ J’ai eu peur de te perdre il y a des mois, j’ai cru que je n’y survivrais pas, pas encore. Et je t’ai retrouvé, tu étais si mal en point, tu avais tant souffert et je n’avais même pas été capable de tenir ma promesse.”
-“ Quelle promesse ?” Demanda-t-elle, surprise.
-“ Je t’avais promis de toujours être là pour te sauver, mais je n’étais pas là” répondit-il, retenant difficilement ses sanglots. “ Tu as faillis mourir, je n’ai pas été capable de te retrouver avant qu’il…”
-“ Mais je m’en suis sortis Patrick” le coupa-t-elle. “ C’est grâce à tes recherches que Cho et Rigsby ont put me retrouver. Tu aurais dû leur dire avant de partir seul, mais tu m’as retrouvée.”
Elle fit une pause, se reculant pour voir son visage.
-“ Je t’ai entendu lorsque tu es entré dans cette pièce, j’ai entendu tes pleurs et je voulais ouvrir les yeux, je voulais te voir, mais j’avais si mal. J’ai sentis ta main sur mon visage, j’ai sentis quand tu m’as prise dans tes bras. Et je me suis laissée aller, je savais que j’étais en sécurité. Et la après je me suis réveillée à l’hôpital mais tu n’étais pas là. J’ai cru que tu étais… mort. Que Orlando Sanchez t’avais tué.”
-“ Je ne sais pas ce qu’il m’a fait, je ne me souviens de rien après t’avoir trouvé” avoua-t-il. “ Je me souviens juste m’être réveillé sur le bord d’une route avec une seule idée en tête, te retrouver.”
-“ Je suis là maintenant et je veux savoir ce qu’il y a” demanda-t-elle encore.

Jane se recula de la jeune femme, la fixa un instant avant de la prendre dans ses bras et de la ramener vers le lit. Il avait sentit son corps trembler, il avait vu la fatigue dans son regard, mais aussi ses efforts pour tenir encore, pour lui. Il plaça la jeune femme dans le lit et à la plus grande surprise de Lisbon, il s’allongea à côté d’elle, passant un bras autour de sa taille pour la serrer contre lui.

-“ Ce qu’il y a” commença-t-il, et Lisbon lui attrapa la main pour lui donner du courage. “ C’est que je tiens beaucoup trop à toi, plus qu’une collègue, plus qu’une amie. Je tiens à toi comme je tenais à… Angela. Ce que j’essaie de te dire c’est que… que je…”
-“ Je sais” souffla-t-elle, voyant les difficultés qu’il avait à prononcer les mots. Elle releva les yeux vers lui et plongea dans son regard. “ Et moi aussi.”

Jane sentit son cœur faire des bonds dans sa poitrine, il sentit une douce chaleur envahir son corps à ces mots et il agit d’instinct. Il se redressa dans le lit, entraînant la jeune femme avec lui et l’embrassa avec passion, mettant dans ce baiser tout ce qu’il ne parvenait à dire. Lisbon répondit à son baiser, lui attrapa les joues de ses mains et le plaqua un peu plus contre elle. Ce baiser était le plus beau qu’elle ait reçu de sa vie, plus passionné, plus amoureux. Mais bien vite, le manque d’air les fit se séparer et ils se sourirent.

Lisbon savait qu’il n’arriverait pas à lui dire ces mots dont elle rêvait tant, mais au moins il lui avait fait comprendre ses sentiments, à sa façon. Elle ne les avait elle-même pas dit, elle ne les avait jamais dit à qui que ce soit dans sa vie. Sauf à ses parents, mais c’était il y a bien longtemps. Arriverait-elle à lui dire un jour ? Peut-être bien, mais pas pour l’instant. Elle posa sa tête contre son torse, ferma les yeux et fini par s’endormir contre lui. Jane s’allongea dans le lit, gardant Lisbon contre lui et trouva bien vite le sommeil à son tour. Et c’est ainsi que les trouva l’infirmière lorsqu’elle vint voir s’ils allaient bien, C’était encore le matin, mais ils avaient eut tant d’émotions qu’ils avaient besoin de repos. Elle referma la porte et les laissa tranquille.




Encore plusieurs mois s’écoulèrent après cette demi-déclaration. Lisbon avait retrouvé l’usage de ses jambes et elle avait enfin put rentrer chez elle. Jane avait continué à venir la voir à l’hôpital chaque jour et ensuite chez elle. Il ne restait jamais la nuit, lui tenait juste compagnie la journée, ne travaillait presque plus avec le CBI. Mais au bout d’un temps, Lisbon lui avait fait comprendre qu’il devait retourner travailler, que l’équipe avait besoin de lui. Il n’avait pas été d’accord au début mais avait fini par retourner au CBI. A ce moment-là, il avait changé ses habitudes et venait la voir le soir, et parfois restait même la nuit chez elle. Il ne dormait jamais avec elle, ne se sentant pas encore prêt pour aller aussi loin. Il dormait sur le canapé.

Au bout de quelques semaines, lorsqu’il arriva un soir, il eut la surprise de ne pas trouver Lisbon dans la cuisine comme à son habitude. Elle était toujours là à lui préparer son thé, mais pas ce soir. Inquiet, il monta dans la chambre, cherchant la jeune femme partout, mais elle n’y était pas non plus. Il était de plus en plus inquiet, il ne pouvait s’empêcher de s’imaginer le pire pour elle. Soudain, il entendit du bruit dans la pièce d’à côté et y courut pour trouver Lisbon, habillée de son T-shirt fétiche, dansant tout en rangeant ce qu’il identifia comme une chambre. Lorsqu’elle se retourna, il vit qu’elle avait des écouteurs dans les oreilles, ce qui expliquait pourquoi elle ne l’avait pas entendu. Elle sursauta en le voyant mais se calma bien vite.

Elle retira les écouteurs de ses oreilles et vint à sa rencontre. Elle se mit sur la pointe des pieds et vint déposer un baiser sur les lèvres. Il lui rendit son baiser avant de s’écarter et de regarder autour de lui. Il semblait que la jeune femme avait arrangé la pièce pour lui, tout ici était rangé de façon à ce qu’il se sente chez lui et il sentit son cœur se gonfler d’amour pour cette femme. Elle était vraiment merveilleuse, c’était la femme parfaite et il ne voulait personne d’autre dans sa vie. Tout ces mois passés avec elle lui avait apprit à s’ouvrir un peu plus et à ouvrir son cœur. Il avait envie de lui dire ces mots qu’il savait qu’elle attendait depuis si longtemps.

Jane attrapa le visage de la jeune femme et l’attira pour un autre baiser encore plus passionné. Elle passa ses bras autour de son cou, se plaqua contre lui encore plus si cela était possible. Les mains de Jane glissèrent des joues de Lisbon dans son cou, descendant encore plus bas jusqu’à atteindre ses cuisses nues qu’il caressa tendrement. Lisbon gémit contre ses lèvres.

-“ Je t’aime” souffla-t-elle.

Jane se figea, rompant le baiser. Il s’écarta de Lisbon juste assez pour la regarder dans les yeux. Le regard de la jeune femme montrait toute sa crainte, sa culpabilité d’avoir dit ces mots. Alors il fit la seule chose qu’il savait pourrait la convaincre. Il l’embrassa avant de lui répondre.

-“ Je t’aime aussi Teresa” murmura-t-il. “ Je t’aime de tout mon cœur et je suis désolé de ne pas te l’avoir dit avant.”
-“ Ne t’excuses jamais pour ça Patrick, je le savais, j’attendais juste que tu sois prêt pour me le dire.”
-“ Je le suis maintenant et… merci pour la chambre, mais je ne pense pas en avoir l’utilité.”
-“ Ah oui, et pourrais-je savoir pourquoi ?”
-“ Car je pense bien partager la tienne, ainsi que ta vie.”

Pour lui répondre, Lisbon l’embrassa une nouvelle fois avant de lui prendre la main et de l’entraîner avec elle dans sa propre chambre. Une nouvelle vie les attendait et elle comptait bien lui faire savoir que ce n’était pas prêt de s’arrêter. Elle allait l’aider à réapprendre ce qu’était l’amour. Elle savait qu’il avait encore peur, qu’il n’était pas certain d’être celui qui la rendrait heureuse et elle avait bien l’intention de lui prouver le contraire. Il avait tout fait pour la retrouver, il l’avait aidé à se remettre de son enlèvement. Elle voulait le remercier pour ça, pour lui avoir permit de redevenir elle-même. Elle allait donc l’aider à redevenir l’homme qu’il était avant la mort de sa famille, le rendre heureux de nouveau. Ensemble, ils seraient heureux pour le reste de leurs vies.