Confessions ^

Il y a des jours comme celui-là, où on ressent le besoin d'extérioriser ses sentiments les plus indicibles. Des jours où toutes ces pensées troublantes se bousculent dans notre esprit, à tel point que notre cerveau bouillonne, sans qu'il ne soit possible d'y remédier.

D'ordinaire, Térésa excellait dans l'art d'étouffer ses idées incongrues, les noyant sous un flot de dossiers. Mais depuis quelques temps, cette tâche s'avérait de plus en plus difficile. Elle devait trouver un moyen de se libérer, de se vider la tête, avant de devenir folle et que cela n'interfère sur son travail et ses relations professionnelles.

A force de le côtoyer quotidiennement, partager des détails de sa vie avec lui, Térésa avait involontairement éveillé en elle, des sentiments qu'elle pensait ne pas pouvoir ressentir, et particulièrement envers lui.

Elle se plaisait à répéter que ce n'était qu'une passade, une réaction malencontreuse qui s'annihilerait d'elle-même. Oui, mais dans combien de temps? Quelle était la durée nécessaire pour oublier Patrick Jane, en tant qu'homme et qu'il redevienne un simple consultant?

Ca ne pouvait plus continuer de cette façon. Chaque fois qu'il apparaissait dans les couloirs, elle le suivait machinalement du regard, sans y prendre garde. Et là, son imagination se mettait à tourner à plein régime l'entraînant dans des directions inconvenantes.

Si Jane avait eu connaissance de la teneur de ces pensées, la jeune femme en aurait été extrêmement gênée.

Malgré son trouble, elle avait besoin de se confier. Néanmoins, évoquer cela avec quelqu'un était exclu. Térésa s'enferma alors, dans son bureau, et saisi un bloc note, dans le fond d'un tiroir. Elle commença à griffonner ce qui lui venait, à exprimer ses émotions, sans retenu.

Son vocabulaire était souvent explicite, mais qu'elle importance, puisque ces lignes seraient vouées à partir en fumée sitôt rédigées.

Lorsqu'elle eut fini de s'épancher, elle détacha la seule feuille qu'elle avait eu le temps d'écrire, avant que ses obligations d'agent ne se rappellent à elle. Attendue pas Bertram pour une réunion, elle jeta la boule de papier dans sa corbeille, laissant le bloc en plein milieu du bureau. Lisbon n'aurait jamais imaginé que quiconque puisse avoir l'idée tordue de fouiller dans ses quartiers, en son absence, et qui plus est de cette manière.

Pourtant, Jane s'y rendit, à la minute où Lisbon entrait dans l'ascenseur. Sa visite n'était pas préméditée, il ne venait que dans l'intention innocente de profiter du confort de son canapé. Il se préparait à s'allonger, quand son regard fut attiré par le fameux carnet, resté en plan. Il connaissait le caractère quasi maniaque de sa collègue et elle n'aurait pas omit de le ranger avant de quitter les lieux.

Il demeura sur le sofa, essayant de contenir sa curiosité. Mais son envie de jeter un oeil était trop forte. Il s'approcha et s'installa dans le fauteuil, face à l'objet qu'il convoitait. Après une hésitation furtive, il l'ouvrit et ne découvrit qu'une page blanche. Sa déception ne fut que de courte durée car il crayonna la dite page, faisant apparaître l'écriture de Lisbon. Un sourire de satisfaction s'étirait sur son visage.

Mais il s'effaça au fur et à mesure qu'il parcourait cette instructive et surprenante lecture. Tout ceci le laissa pensif. Bien sûr, il n'ignorait pas que la brunette avait un faible pour lui. D'ailleurs il en jouait parfois à l'excès. En revanche, il ne soupçonnait pas que Lisbon voyait en lui, plus qu'un ami. Beaucoup plus...

Il commençait à s'en vouloir d'avoir créer ce malentendu entre eux, car il ne la considérait pas comme une aventure potentielle. S'il avait des sentiments pour elle, ils étaient fraternels et nullement, en adéquation avec les espoirs qu'elle exprimait à travers ses phrases.

Jane s'empara de la page et remit tout en place, avant de retourner s'assoupir sur le canapé. Il ferma les yeux, mais ne parvint pas à s'endormir, bien trop troublé par sa lecture frauduleuse. Il n'était pas fier d'avoir violé les pensées les plus intimes de son amie.

A son malaise s'ajoutait un autre dilemme. Devait-il aborder ce sujet avec elle et dissiper ce quiproquo ou bien se taire et la laisser espérer en vain. Cela dit, si il lui avouait avoir lu ce papier, elle serait furieuse. Et si il gardait ce secret, il craignait d'agir différemment avec elle, sans s'en apercevoir.

Il décida d'attendre son retour et d'aviser par la suite. Peut-être lui en parlerait-elle en premier. Cela paraissait improbable, car à l'évidence, Térésa ne désirait pas que ces mots soient lu.

Lorsqu'elle revint, elle ne vit pas immédiatement son consultant. IL faisait sombre et celui-ci ne se manifestait pas. Ce n'est qu'une fois, derrière son bureau, qu'elle l'entendit soupirer.

Lisbon: "Oh, je ne vous avais pas vu. Désolée de vous réveiller."
Jane: "Ce n'est rien, je ne dormais pas vraiment."

La jeune femme, suspicieuse de nature, regarda la poubelle. La boule de papier n'avait pas bougé.

Jane: "Vous cherchez quelque chose?"
Lisbon: "Non."
Jane: "Bien, je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps."
Lisbon: "Vous vous sentez bien, Jane? C'est la première fois que le fait de m'ennuyer vous pose un problème."
Jane: "Il y a un début à tout."

Bien qu'il ne veuille pas changer son comportement vis à vis de la jeune femme, cela se produisait fatalement. Mais ce n'est pas ce détail qui le trahis. Alertée par tant de prévenance, Lisbon effectua un rapide inventaire de la pièce. Elle inspecta chaque tiroir, chaque étagère et se rassit, rassurée.
Là, elle prit son bloc afin de le ranger, mais remarqua qu'un coin déchiré était resté accroché. Elle récupéra aussitôt la page et la défroissa. Elle était intacte.

La respiration de l'agent accéléra en comprenant ce qui s'était passé en son absence. Jane l'avait lu. Elle ne s'était jamais senti aussi mal de toute sa vie. Elle aurait voulu disparaître dans un trou de souris. Mais c'était puérile et Térésa était une adulte. De plus, elle avait survécu à des épreuves plus sérieuses, sans reculer. Elle alla donc, à la rencontre du mentaliste, dans la salle de repos.

Jane: "Vous avez quelque chose à me dire?"
Lisbon, trépignait sur ses pieds: "Vous l'avez lu n'est-ce pas? Dites-moi la vérité."
Jane, s'asseyant avec sa tasse à la main: "Oui.

Elle prit place face à lui. Lequel des deux était le plus embarrassé, personne n'aurait pu le déterminer.

Lisbon: "Vous n'auriez pas du. Ca ne vous concernait pas."
Jane: "Autant pour moi. Dans ce cas, pourriez-vous me dire qui est ce Patrick dont vous parliez? La description est quand même trompeuse, vous en conviendrez."
Lisbon, confuse: "Je... J'ai eu un moment d'égarement... Je m'ennuyais, j'ai griffonné n'importe quoi."

Elle s'enferrait dans des explications vaseuses.

Lisbon: "Et puis vous n'aviez pas à fouiner dans mes affaires!"
Jane: "Ne vous énervez pas. Vous avez raison, j'ai passé les bornes. Excusez-moi."
Lisbon: "Laissez tomber. Ce n'est pas si grave."

Elle croyait que le sujet était clos, mais pour Jane c'était loin d'être le cas.

Jane: "Vous pensez tout ce que vous avez écrit?"

Elle vira au rouge, fuyant le regard de son interlocuteur ce qui équivalait à un acquiescement.

Jane: "N'ayez pas honte. Je suis flatté..."
Lisbon: "Mais vous ne ressentez pas la même chose. Ce n'est rien. Je vous l'ai dis, j'ai écrit des inepties sans le moindre sens."
Jane: "Vos yeux contredisent vos paroles."
Lisbon: "Pourquoi poser une question dont vous connaissez la réponse."
Jane: "Ecoutez Lisbon, vous comptez énormément pour moi. Mais je ne veux pas perdre notre amitié. Je suis désolé."
Lisbon masquant un début d'amertume, derrière de l'ironie: "Je vous le répète, c'était juste un moment d'égarement. C'est passé."
Jane: "C'est sûr?"
Lisbon: "Oui. Je vous laisse, j'ai du boulot."

Elle rejoignit son bureau, s'arrêtant à mi-parcours pour respirer à fond et se ressaisir. Jane la regardait avec la certitude de l'avoir blessée. Malgré sa force de caractère, Lisbon était incontestablement affectée par la sincérité du mentaliste.

Pourtant, ce n'étaient que des pensées fuguasses sans incidences qui en étaient à l'origine. Il ne fallait donc pas que ces divagations prennent le pas sur la réalité. La jeune femme avait ouvert une porte que Jane n'était pas disposé à franchir. Elle devait oublier tout ça, pour son bien et celui de Jane. Lisbon avait agit de façon immature en se confessant par écrit , sachant que n'importe qui pourrait tomber dessus.

Au lieu de se sentir légère, elle avait aggravé un malaise qui couvait en elle, depuis plusieurs années. Depuis l'arrivée de Patrick Jane, dans sa vie.

FIN.

Comme dit le proverbe "la curiosité est un vilain défaut", surtout dans ce cas.
Jane se retrouve face aux pensées les plus intimes de Lisbon
Malgré son malaise il ne peut s’empêcher de la taquiner.
Il n'est pas disposé à offrir plus que de l'amitié à l'agent, on sait pourquoi...Dans un sens c'est tout à son honneur.
J'aime les histoires qui restent dans "l'amitié amoureuse"
pour cet OS

très bel OS et très bien écrit comme toujours..
oui comme dit Johel, la curiosité est un vilain défaut.. mais bon Jane est comme ca...
à trop vouloir fouiller parfois on découvre des vérités qu'il faudrait mieux de jamais découvrir Jane en fait les frais!!
pour cet OS

Vraiment génial ,et superbement bien écrit !
Et oui ! La curiosté est vraiment un vilain défaut ! (je sais ce que je dit )

J'ai lu plusieurs de tes écritures lilia et franchement, je les adore, tu écrit merveilleusement bien

Ce texte est un petit bijou..vraiment bravo.
Tu as le courage de mettre les pieds dans le plat si je puis dire : au milieu de tous ces fans pleins d'espoir d'un amour entre Jane et Lisbon (dont je fais partie même de manière modérée ), tu oses nous mettre devant une réalité plus que vraisemblable dans le scénario: Jane adore LIsbon, joue parfois de son charme mais n'est pas amoureux d'elle.


Quant à LIsbon même si elle est de plus en plus charmée par Jane, elle est suffisamment rationnelle pour dissimuler ses feux derrière sa carapace. Du coup ton récit est SPLENDIDE d'authenticité

vraiment le coup du carnet est bien pensé: on retrouve la curiosité parfois malsaine de Jane, le besoin de Lisbon de concrétiser les choses, le respect de chacun pour l'autre

vraiment bravo à toi chère auteure

bel OS.

bien écrit, et Jane toujours curieux, qui met son nez partout ou il faut pas

et je suis comme Johel, j'aime les histoires qui restent dans les relations : amitiès amoureuses.

et j'espère que ça restera comme ça dans la série.

Très bel OS ! On retrouve bien les caractères des personnages et comme les filles l'ont déjà dit une histoire plus que vraisenblable qui pourrait avoir lieu dans la série !
Bravo et merci pour cet OS !

bel OS ! mais pourquoi Jane ne révèle pas ses sentiments à Lisbon !?