Sanya et Eragon
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Sanya et Eragon
Je n'ai pas trouvé de réel titre à donner à cette fan fiction sur le thême d'Eragon, si vous avez une idée...
J'espère que ça vous plaira...
CHAPITRE PREMIER
Rencontre
Eragon arpentait les rues d’Aberon. Il revenait tout juste de quitter Ellesméra. La demande de Nasuada lui était parvenue quelques jours plus tôt. Elle désirait lui parler d’un projet qu’elle avait mis en place avec l’appui du roi Orrin. Les renseignements qui leur étaient parvenus n’étaient toujours pas étoffés, mais ils devenaient alarmant. Les troupes de Galbatorix grandissaient toujours et tous les animaux qui pouvaient être réquisitionné, l’avaient été.
C’était une belle journée. Le soleil brillait haut dans le ciel de la grande cité. Aucun nuage ne venait assombrir un ciel couleur pastel, d’un bleu si clair qu’il en aurait presque été blanc.
Il n’y avait pas beaucoup de monde dans les rues. La chaleur n’était pas pourtant pas encore assez intense pour cloîtrer tout le monde dans la fraîcheur des habitations.
Les rumeurs allaient bon train. Les gens n’osaient pas quitter l’abri de leur maison. Seuls quelques courageux marchaient dans la rue, mais pressait visiblement le pas pour ne pas rester trop longtemps dehors. La peur se lisait sur les traits des visages. Les rares soldats qui marchaient en formation serrée se faisaient de plus en plus rares.
Mais pour cette fois peut-être, l’arrivé de cet homme qui marchait d’un pas léger les faisait fuir. Quoi qu’il en soit, personne ne l’approcha de près et l’un des passants fit même un écart pour ne pas croiser son chemin.
Sanya était une jeune fille élégante, avec la grâce, et surtout la beauté, d’une princesse. Elle portait les cheveux courts et châtains, sur un visage fin, les pommettes légèrement saillantes et une peau de nacre. Elle n’était pourtant pas bien grande, mais elle était plutôt fine et élancée. Elle portait de surcroît des tenues coquettes. Elle ne voulait pas paraître trop pauvre, mais pas non plus afficher un statut qu’elle se refusait de porter. Elle voulait simplement demeurer féminine et agréable à regarder. Elle était avant tout une femme qui cherchait à plaire à la clientèle, même si elle ne cherchait pas de réconfort auprès de ce type d’hommes. Cette jeune femme était en effet plutôt prisée.
Son regard azur fuyait toujours ceux des nombreux hommes d’ici, ou de passage, qui essayaient de la courtiser lors de leur passage dans la taverne qu’elle tenait. Elle ne les trouvait pas très attirants. Elle les connaissait presque tous. Elle n’avait jamais trouvé en eux le trait de caractère qu’elle recherchait vraiment chez celui qui serait susceptible de convenir. Et elle ne tenait pas non plus à s’enticher d’un soldat ou d’un ivrogne qui venait traîner ici pour la courtiser ou trouver du réconfort auprès d’autres femmes de la ville.
Le « Cerf Blanc » était le nom cet établissement. Il était entièrement construit en bois. L’odeur y était d’ailleurs très présente. De nombreuses tables, elles aussi en bois, trônaient dans une salle à la décoration pauvre. Quelques peintures rudimentaires de victuailles et de repas festifs ornaient les murs entièrement vides de tapisseries. L’endroit était ainsi plus chaleureux. Une cheminée se tenait dans le fond de la salle, au milieu d’un mur ornée d’une énorme tête de cerf et de deux grandes fourches croisées. L’escalier, à la gauche, en entrant, grimpait vers l’unique étage de l’établissement. Il y avait quelques chambres pour les voyageurs. Elles étaient inoccupées. Elles ne servaient plus depuis longtemps, mais Sanya continuait de les entretenir dans l’éventualité d’un usage quelconque et prochain.
Sanya évitait donc de regarder les hommes ou les jeunes garçons pour ne pas souffrir de ce harcèlement permanent de la gente masculine. Elle ne souhaitait pas encore se lier à quelqu’un. Elle voyait pourtant autour d’elle les autres jeunes femmes flirter ou se faire courtiser pour enfin se fiancer ou se marier. Ce n’était pas son cas. Elle voulait se réserver pour l’homme qu’elle s’imaginait tout autre que ceux qui fréquentaient son auberge. Elle voulait être libre de choisir celui qui obtiendrait ses faveurs. N’ayant pas de parents pour la guider, elle faisait ainsi confiance à son instinct qui ne la trompait presque jamais.
Son instinct cette fois, ne lui serait pas d’un grand secours. Pas face à son cœur qui allait parler. Le jeune homme qui entrait attira son regard, sans qu’elle ne puisse vraiment s’expliquer pourquoi. Il avait l’air vraiment différent. Il ne se conduisait en rien comme les autres hommes. Il paraissait de haute lignée – il n’y avait qu’à en juger par ses vêtements – et il se tenait droit et fier. Il avait vraiment beaucoup d’allure. Elle regardait ces beaux vêtements. Elle se disait qu’elle n’aurait jamais pu s’offrir de tels vêtements.
Il paraissait jeune. Il avait une peau lisse et qui avait l’air soyeuse. Il avait un visage fin et pur, un peu comme celui d’un enfant. Il n’avait vraiment pas l’apparence des autres garçons ou des autres hommes qu’elle avait pu rencontrer. Il était plutôt grand. Il avait une bonne carrure aussi. Il portait de magnifiques cheveux bouclés en bataille et un regard intense, profond, celui qui lit en vous, celui que vous sentez alors et auquel vous ne pouvez rien dissimuler.
Le garçon s’approcha doucement. Le cœur de Sanya palpitait malgré elle. Que lui arrivait-il ? Elle n’avait jamais ressenti ce sentiment, avant. Elle ne maîtrisait plus son cœur qui se mettait à battre plus fort encore à l’approche du jeune homme au plus près d’elle. Elle contenait au mieux ses paroles pour ne pas lui laisser paraître la moindre émotion :
- Bonjour à toi, étranger, dit-elle, la voix légèrement tremblante.
- Bonjour à toi, répondait-il.
Leurs deux regards se croisèrent et la jeune fille se sentit rougir. Elle baissa les yeux, gênée. Le jeune homme sentit cette gêne et lui releva le visage du bout des doigts en disant :
- T’aurais-je blessée ?
- Non… non ! Excuse-moi, je n’aurais pas dû réagir ainsi, je suis vraiment navrée.
Elle osa enfin relever les yeux sur lui, mais ses joues étaient encore brûlantes. Elle se contenait avec beaucoup de difficulté. Son regard était troublant. Il la regardait dans les yeux et continuait :
- Tu m’as appelé étranger ! Serais-tu ici depuis peu ?
- Oui. Je viens de Gil’ead où j’ai fui l’arrivée de l’Empire et de ses soldats malveillants.
La jeune femme serra les poings en pensant à ses lâches de soldats qui avait massacré toute sa famille qui avait alors refusé de se plier aux exigences de ceux-ci. Elle s’était cachée d’eux dans une minuscule remisse et les avait regardé faire sans pouvoir réagir. Elle avait alors errer dans la rue, regardant les cadavres disséminés un peu partout. Elle avait alors une dizaine d’année. Un marchand de passage avait recueilli la jeune fille qui avait ensuite marchandée pour enfin atterrir dans cette auberge, recueillie alors par un homme peut-être pas très courageux, mais généreux.
Les larmes lui venaient à l’évocation de ses souvenirs si douloureux et l’une d’elle s’écoula sur sa joue. Le garçon posa doucement une main sur sa joue pour effacer celle-ci :
- Je comprends ce que tu ressens. J’ai moi aussi perdu des gens proches de moi à cause de l’Empire, y compris celle que j’aimais… Je connais aussi Gil’ead, j’y ai séjourné un certain temps…
Le jeune garçon se rappelait à son tour avec amertume son emprisonnement dans la cité alors commandée par l’Ombre qui le maintenait prisonnier.
La jeune fille ne voulut pas se complaire dans des souvenirs douloureux plus longtemps et revenait à un autre sujet :
- Tu avais l’air étonné que je te nomme étranger, pourquoi donc ? Je n’ai pas le plaisir d’avoir déjà vu ton visage. Je me souviens en général des visages, et je suis certaine de ne jamais avoir croisé le tien auparavant.
- Peu importe, ça n’est pas important. Je venais me désaltérer. Qu’as-tu à offrir ?
- Nous avons une bière de fort bonne qualité, ainsi qu’un Hydromel de premier choix.
- Va pour la bière !
Sanya alla chercher la commande du jeune homme. Elle repensait à ses paroles. Il ne voulait visiblement pas parler de lui. Il avait pourtant éveillé la curiosité de la jeune femme qui parut déçue de ne pas en apprendre davantage sur lui. Elle lui rapporta rapidement sa commande.
Elle regagnait ensuite l’arrière du comptoir en restant intriguée. Elle pensait sans cesse à ce nouveau venu et le regardait de temps à autre en prenant soin de ne pas être vue de lui lorsqu’elle croisait par inadvertance son regard.
Elle s’étonnait du changement d’ambiance dans l’auberge. Les gens qui d’ordinaire parlaient à haute voix ou riaient sans se soucier des gens aux alentours, murmuraient maintenant. Comme si la présence du jeune homme était indésirable, leur faisait peur ou les impressionnait.
La jeune fille ne chercha pourtant pas à savoir pourquoi son arrivée avait rendu tout le monde si silencieux. Elle continuait de regarder dans sa direction par moments en essuyant quelques verres et en nettoyant le comptoir.
Le garçon avala sa bière, seul, assis à l’une des plus petites tables. Il paya et salua Sanya avant de quitter les lieux.
La jeune femme fut un peu chagrinée de le voir partir déjà. Elle lui renvoya toutefois son salut avant qu’il ne quitte définitivement l’auberge.
Le plus vieux des paysans, un homme replet, avec des plis sous le menton et une barbe grisonnante mal entretenue, des yeux porcins très clair et gris et des cheveux gris mal coiffé et sales, se mit à parler. Assis au fond de l’auberge, il se tourna vers la jeune femme et lui demanda alors :
- N’as-tu jamais entendu parler de cette homme ?
- Non.
- Tu devrais ! C’est le Tueur d’Ombre ! Le nouveau Dragonnier !
La jeune fille fut stupéfaite, mais ne montra pas spécialement de réaction. Elle avait bien sûr entendu parler du célèbre Tueur d’Ombre, mais ne connaissant pas son visage, elle n’aurait jamais pu l’identifier.
Son étonnement passa bien vite et un sourire remplaça sa surprise sans même qu’elle ne s’en rende compte : « un Dragonnier ! » Voilà qui expliquait la tenue.
Elle comprenait maintenant l’attitude du jeune homme et le fait qu’il ne veuille pas parler de lui. Elle connaissait plus ou moins son histoire. On racontait qu’il était un garçon de ferme avant de devenir un Dragonnier. Elle écoutait volontiers toutes ces histoires qu’elle trouvait si intéressantes. En se les remémorant, une question, pourtant, lui brûla les lèvres et elle ne résista pas :
- Mais, dis-moi, il paraît que les Dragonniers peuvent lire dans votre esprit. Est-ce vrai ?
- Ce sont des manipulateurs, dit le vieillard, prends surtout garde de ne pas le froisser, il paraît ravager ton esprit.
- Ne sois pas stupide, Slovan ! dit alors le jeune homme assis en face du vieillard.
C’était un garçon blond et filiforme. Il était tout aussi mal coiffé, avec des cheveux plus longs et raides. Il avait des yeux du même gris. Il poursuivait :
- Tu ne sais rien de lui, et même s’il peut lire dans ton esprit, il ne ferait pas une chose pareille ! Ce n’est pas un Ombre ! Il ne fait pas cela pour te détruire ou pour te nuire. Il le fait pour se protéger, pour connaître tes intentions.
La jeune femme écoutait les deux hommes se disputer au sujet de cette capacité du Dragonnier à lire dans l’esprit. Elle ne les écoutait plus et restait rêveuse, perdue dans ses pensées : « Pourvu qu’il ne se soit pas rendu compte de ce que je pouvais ressentir. » Elle rosit et sourit. « Il est vraiment très beau. »
Elle avait du mal à s’imaginer qu’un jour, ce si charmant jeune homme ait pu être un garçon de ferme ! Il était si différent des fermiers et elle les connaissait presque tous dans les environs. Ils se ressemblaient toujours. Cela paraissait peu probable et pourtant… Il avait tant d’allure, tant de personnalité. Il ne ressemblait vraiment pas à un fermier.
Une foule de questions s’amoncelait dans sa tête et elle mourait d’envie de tout savoir de lui, maintenant. Une autre question lui vint à l’esprit. Elle fit volte face et demanda :
- Mais porte-t-il un autre nom que Tueur d’Ombre ?
- Oui, il porte le nom du premier Dragonnier.
- Et quel est-il ?
- Eragon !
Elle se répéta ce nom qu’elle ne connaissait pas. Elle le répéta ainsi plusieurs fois dans sa tête. Ce nom lui plaisait beaucoup. Il ne quittait désormais plus son esprit. Elle se le répéta encore et encore. Elle revoyait ainsi ce jeune visage si beau. Elle se le remémorait avec beaucoup d’émotion.
J'espère que ça vous plaira...
CHAPITRE PREMIER
Rencontre
Eragon arpentait les rues d’Aberon. Il revenait tout juste de quitter Ellesméra. La demande de Nasuada lui était parvenue quelques jours plus tôt. Elle désirait lui parler d’un projet qu’elle avait mis en place avec l’appui du roi Orrin. Les renseignements qui leur étaient parvenus n’étaient toujours pas étoffés, mais ils devenaient alarmant. Les troupes de Galbatorix grandissaient toujours et tous les animaux qui pouvaient être réquisitionné, l’avaient été.
C’était une belle journée. Le soleil brillait haut dans le ciel de la grande cité. Aucun nuage ne venait assombrir un ciel couleur pastel, d’un bleu si clair qu’il en aurait presque été blanc.
Il n’y avait pas beaucoup de monde dans les rues. La chaleur n’était pas pourtant pas encore assez intense pour cloîtrer tout le monde dans la fraîcheur des habitations.
Les rumeurs allaient bon train. Les gens n’osaient pas quitter l’abri de leur maison. Seuls quelques courageux marchaient dans la rue, mais pressait visiblement le pas pour ne pas rester trop longtemps dehors. La peur se lisait sur les traits des visages. Les rares soldats qui marchaient en formation serrée se faisaient de plus en plus rares.
Mais pour cette fois peut-être, l’arrivé de cet homme qui marchait d’un pas léger les faisait fuir. Quoi qu’il en soit, personne ne l’approcha de près et l’un des passants fit même un écart pour ne pas croiser son chemin.
Sanya était une jeune fille élégante, avec la grâce, et surtout la beauté, d’une princesse. Elle portait les cheveux courts et châtains, sur un visage fin, les pommettes légèrement saillantes et une peau de nacre. Elle n’était pourtant pas bien grande, mais elle était plutôt fine et élancée. Elle portait de surcroît des tenues coquettes. Elle ne voulait pas paraître trop pauvre, mais pas non plus afficher un statut qu’elle se refusait de porter. Elle voulait simplement demeurer féminine et agréable à regarder. Elle était avant tout une femme qui cherchait à plaire à la clientèle, même si elle ne cherchait pas de réconfort auprès de ce type d’hommes. Cette jeune femme était en effet plutôt prisée.
Son regard azur fuyait toujours ceux des nombreux hommes d’ici, ou de passage, qui essayaient de la courtiser lors de leur passage dans la taverne qu’elle tenait. Elle ne les trouvait pas très attirants. Elle les connaissait presque tous. Elle n’avait jamais trouvé en eux le trait de caractère qu’elle recherchait vraiment chez celui qui serait susceptible de convenir. Et elle ne tenait pas non plus à s’enticher d’un soldat ou d’un ivrogne qui venait traîner ici pour la courtiser ou trouver du réconfort auprès d’autres femmes de la ville.
Le « Cerf Blanc » était le nom cet établissement. Il était entièrement construit en bois. L’odeur y était d’ailleurs très présente. De nombreuses tables, elles aussi en bois, trônaient dans une salle à la décoration pauvre. Quelques peintures rudimentaires de victuailles et de repas festifs ornaient les murs entièrement vides de tapisseries. L’endroit était ainsi plus chaleureux. Une cheminée se tenait dans le fond de la salle, au milieu d’un mur ornée d’une énorme tête de cerf et de deux grandes fourches croisées. L’escalier, à la gauche, en entrant, grimpait vers l’unique étage de l’établissement. Il y avait quelques chambres pour les voyageurs. Elles étaient inoccupées. Elles ne servaient plus depuis longtemps, mais Sanya continuait de les entretenir dans l’éventualité d’un usage quelconque et prochain.
Sanya évitait donc de regarder les hommes ou les jeunes garçons pour ne pas souffrir de ce harcèlement permanent de la gente masculine. Elle ne souhaitait pas encore se lier à quelqu’un. Elle voyait pourtant autour d’elle les autres jeunes femmes flirter ou se faire courtiser pour enfin se fiancer ou se marier. Ce n’était pas son cas. Elle voulait se réserver pour l’homme qu’elle s’imaginait tout autre que ceux qui fréquentaient son auberge. Elle voulait être libre de choisir celui qui obtiendrait ses faveurs. N’ayant pas de parents pour la guider, elle faisait ainsi confiance à son instinct qui ne la trompait presque jamais.
Son instinct cette fois, ne lui serait pas d’un grand secours. Pas face à son cœur qui allait parler. Le jeune homme qui entrait attira son regard, sans qu’elle ne puisse vraiment s’expliquer pourquoi. Il avait l’air vraiment différent. Il ne se conduisait en rien comme les autres hommes. Il paraissait de haute lignée – il n’y avait qu’à en juger par ses vêtements – et il se tenait droit et fier. Il avait vraiment beaucoup d’allure. Elle regardait ces beaux vêtements. Elle se disait qu’elle n’aurait jamais pu s’offrir de tels vêtements.
Il paraissait jeune. Il avait une peau lisse et qui avait l’air soyeuse. Il avait un visage fin et pur, un peu comme celui d’un enfant. Il n’avait vraiment pas l’apparence des autres garçons ou des autres hommes qu’elle avait pu rencontrer. Il était plutôt grand. Il avait une bonne carrure aussi. Il portait de magnifiques cheveux bouclés en bataille et un regard intense, profond, celui qui lit en vous, celui que vous sentez alors et auquel vous ne pouvez rien dissimuler.
Le garçon s’approcha doucement. Le cœur de Sanya palpitait malgré elle. Que lui arrivait-il ? Elle n’avait jamais ressenti ce sentiment, avant. Elle ne maîtrisait plus son cœur qui se mettait à battre plus fort encore à l’approche du jeune homme au plus près d’elle. Elle contenait au mieux ses paroles pour ne pas lui laisser paraître la moindre émotion :
- Bonjour à toi, étranger, dit-elle, la voix légèrement tremblante.
- Bonjour à toi, répondait-il.
Leurs deux regards se croisèrent et la jeune fille se sentit rougir. Elle baissa les yeux, gênée. Le jeune homme sentit cette gêne et lui releva le visage du bout des doigts en disant :
- T’aurais-je blessée ?
- Non… non ! Excuse-moi, je n’aurais pas dû réagir ainsi, je suis vraiment navrée.
Elle osa enfin relever les yeux sur lui, mais ses joues étaient encore brûlantes. Elle se contenait avec beaucoup de difficulté. Son regard était troublant. Il la regardait dans les yeux et continuait :
- Tu m’as appelé étranger ! Serais-tu ici depuis peu ?
- Oui. Je viens de Gil’ead où j’ai fui l’arrivée de l’Empire et de ses soldats malveillants.
La jeune femme serra les poings en pensant à ses lâches de soldats qui avait massacré toute sa famille qui avait alors refusé de se plier aux exigences de ceux-ci. Elle s’était cachée d’eux dans une minuscule remisse et les avait regardé faire sans pouvoir réagir. Elle avait alors errer dans la rue, regardant les cadavres disséminés un peu partout. Elle avait alors une dizaine d’année. Un marchand de passage avait recueilli la jeune fille qui avait ensuite marchandée pour enfin atterrir dans cette auberge, recueillie alors par un homme peut-être pas très courageux, mais généreux.
Les larmes lui venaient à l’évocation de ses souvenirs si douloureux et l’une d’elle s’écoula sur sa joue. Le garçon posa doucement une main sur sa joue pour effacer celle-ci :
- Je comprends ce que tu ressens. J’ai moi aussi perdu des gens proches de moi à cause de l’Empire, y compris celle que j’aimais… Je connais aussi Gil’ead, j’y ai séjourné un certain temps…
Le jeune garçon se rappelait à son tour avec amertume son emprisonnement dans la cité alors commandée par l’Ombre qui le maintenait prisonnier.
La jeune fille ne voulut pas se complaire dans des souvenirs douloureux plus longtemps et revenait à un autre sujet :
- Tu avais l’air étonné que je te nomme étranger, pourquoi donc ? Je n’ai pas le plaisir d’avoir déjà vu ton visage. Je me souviens en général des visages, et je suis certaine de ne jamais avoir croisé le tien auparavant.
- Peu importe, ça n’est pas important. Je venais me désaltérer. Qu’as-tu à offrir ?
- Nous avons une bière de fort bonne qualité, ainsi qu’un Hydromel de premier choix.
- Va pour la bière !
Sanya alla chercher la commande du jeune homme. Elle repensait à ses paroles. Il ne voulait visiblement pas parler de lui. Il avait pourtant éveillé la curiosité de la jeune femme qui parut déçue de ne pas en apprendre davantage sur lui. Elle lui rapporta rapidement sa commande.
Elle regagnait ensuite l’arrière du comptoir en restant intriguée. Elle pensait sans cesse à ce nouveau venu et le regardait de temps à autre en prenant soin de ne pas être vue de lui lorsqu’elle croisait par inadvertance son regard.
Elle s’étonnait du changement d’ambiance dans l’auberge. Les gens qui d’ordinaire parlaient à haute voix ou riaient sans se soucier des gens aux alentours, murmuraient maintenant. Comme si la présence du jeune homme était indésirable, leur faisait peur ou les impressionnait.
La jeune fille ne chercha pourtant pas à savoir pourquoi son arrivée avait rendu tout le monde si silencieux. Elle continuait de regarder dans sa direction par moments en essuyant quelques verres et en nettoyant le comptoir.
Le garçon avala sa bière, seul, assis à l’une des plus petites tables. Il paya et salua Sanya avant de quitter les lieux.
La jeune femme fut un peu chagrinée de le voir partir déjà. Elle lui renvoya toutefois son salut avant qu’il ne quitte définitivement l’auberge.
Le plus vieux des paysans, un homme replet, avec des plis sous le menton et une barbe grisonnante mal entretenue, des yeux porcins très clair et gris et des cheveux gris mal coiffé et sales, se mit à parler. Assis au fond de l’auberge, il se tourna vers la jeune femme et lui demanda alors :
- N’as-tu jamais entendu parler de cette homme ?
- Non.
- Tu devrais ! C’est le Tueur d’Ombre ! Le nouveau Dragonnier !
La jeune fille fut stupéfaite, mais ne montra pas spécialement de réaction. Elle avait bien sûr entendu parler du célèbre Tueur d’Ombre, mais ne connaissant pas son visage, elle n’aurait jamais pu l’identifier.
Son étonnement passa bien vite et un sourire remplaça sa surprise sans même qu’elle ne s’en rende compte : « un Dragonnier ! » Voilà qui expliquait la tenue.
Elle comprenait maintenant l’attitude du jeune homme et le fait qu’il ne veuille pas parler de lui. Elle connaissait plus ou moins son histoire. On racontait qu’il était un garçon de ferme avant de devenir un Dragonnier. Elle écoutait volontiers toutes ces histoires qu’elle trouvait si intéressantes. En se les remémorant, une question, pourtant, lui brûla les lèvres et elle ne résista pas :
- Mais, dis-moi, il paraît que les Dragonniers peuvent lire dans votre esprit. Est-ce vrai ?
- Ce sont des manipulateurs, dit le vieillard, prends surtout garde de ne pas le froisser, il paraît ravager ton esprit.
- Ne sois pas stupide, Slovan ! dit alors le jeune homme assis en face du vieillard.
C’était un garçon blond et filiforme. Il était tout aussi mal coiffé, avec des cheveux plus longs et raides. Il avait des yeux du même gris. Il poursuivait :
- Tu ne sais rien de lui, et même s’il peut lire dans ton esprit, il ne ferait pas une chose pareille ! Ce n’est pas un Ombre ! Il ne fait pas cela pour te détruire ou pour te nuire. Il le fait pour se protéger, pour connaître tes intentions.
La jeune femme écoutait les deux hommes se disputer au sujet de cette capacité du Dragonnier à lire dans l’esprit. Elle ne les écoutait plus et restait rêveuse, perdue dans ses pensées : « Pourvu qu’il ne se soit pas rendu compte de ce que je pouvais ressentir. » Elle rosit et sourit. « Il est vraiment très beau. »
Elle avait du mal à s’imaginer qu’un jour, ce si charmant jeune homme ait pu être un garçon de ferme ! Il était si différent des fermiers et elle les connaissait presque tous dans les environs. Ils se ressemblaient toujours. Cela paraissait peu probable et pourtant… Il avait tant d’allure, tant de personnalité. Il ne ressemblait vraiment pas à un fermier.
Une foule de questions s’amoncelait dans sa tête et elle mourait d’envie de tout savoir de lui, maintenant. Une autre question lui vint à l’esprit. Elle fit volte face et demanda :
- Mais porte-t-il un autre nom que Tueur d’Ombre ?
- Oui, il porte le nom du premier Dragonnier.
- Et quel est-il ?
- Eragon !
Elle se répéta ce nom qu’elle ne connaissait pas. Elle le répéta ainsi plusieurs fois dans sa tête. Ce nom lui plaisait beaucoup. Il ne quittait désormais plus son esprit. Elle se le répéta encore et encore. Elle revoyait ainsi ce jeune visage si beau. Elle se le remémorait avec beaucoup d’émotion.
Dernière édition par Sandy Speleers le Mer 24 Fév 2010 - 19:43, édité 2 fois
Invité- Invité
Chapitre 2
HOSPITALITE
Chaque jour, le même rituel, une fois que le dernier client ait quitté les lieux, après la fermeture de l’auberge, Sanya prenait soin de fermer les portes de l’établissement. Elle prenait son panier et filait tout droit au marché. Mais cette fois, elle était toujours hantée par cette vision, ce visage et ce nom qu’elle aimait de plus en plus prononcer.
Elle voulait acheter quelques fruits, quelques légumes et quelques herbes pour sa cuisine. Elle n’avait pas besoin de beaucoup de chose. Son garde-manger était déjà plein de victuailles. Elle les servait aux voyageurs. Mais elle avait des goûts plus simples que ceux qui venaient se restaurer à son auberge, mangeant des plats souvent très riches, trop riches. Elle ne mangeait pas de repas aussi copieux. La plupart des paysans ou voyageurs qui se restauraient chez elle venaient pourtant pour sa cuisine, elle était réputée être la meilleurs de la cité.
C’était le moment de la journée qu’elle préférait pour flâner sur le marché. Le matin, il y avait toujours beaucoup de monde et elle ne voulait pas se mêler à la foule. Elle préférait être au calme pour choisir ces produits. Elle prenait ainsi le temps qu’il lui fallait sans être pressée par un quelconque marchand ou passant. Elle n’aimait pas être bousculée.
« Eragon » pensait-elle encore. Ce nom la hantait vraiment. Elle ne pensait plus qu’à lui. Ce visage ne quittait plus ses pensées. Elle revoyait ce regard intense qui la regardait. « Mais que m’arrive-t-il ? Je ne l’ai vu que quelques minutes ! » se dit-elle. Son cœur s’accélérait malgré elle. Elle savait ce qui se passait. Elle ne voulait pourtant y croire. « Mais pourquoi lui ? » Il l’avait touché, l’avait rendue rêveuse, elle s’émerveillait alors d’avoir fait une telle rencontre. Elle aurait tellement voulu le revoir, juste un instant, pour admirer encore son visage et ce regard si pénétrant.
Sanya était maintenant distraite. Elle était perdue aux milieu de ses pensées. Elle ne remarqua pas le jeune garçon qui s’avançait vers elle. Elle était définitivement perdue dans ses rêves et elle le percuta.
Elle se sortit brusquement de ses rêveries et sentit ses provisions lui échapper et tomber. Ça n’est qu’en relevant la tête qu’elle réalisait :
- Oh ! Je suis… désolée ! disait-elle, encore sous le choc.
Une expression de surprise la saisissait. Elle faisait face à l’homme qui l’avait hanté toute la journée. Elle blêmit en le réalisant, puis elle rougit de nouveau. Elle sentit son cœur s’emballer et une sensation intense prit son estomac. Elle sentit une vague glacée glisser en elle. Elle ne pouvait contrôler cette émotion nouvelle et intense qui l’envahissait.
Eragon s’accroupit pour l’aider à ramasser les produits éparpillés sur le sol. Elle restait silencieuse et fuyait son regard de peur qu’il ne découvre ce qu’elle ressentait. Il paraissait pourtant inquiet et dit alors pour se rassurer et pour rassurer la jeune fille :
- Ça n’est pas grave ! Est-ce que tout va bien ?
- Oui… Je crois.
Sanya sentait son cœur sur le point de céder. Elle contrôlait difficilement sa respiration qui devenait légèrement saccadée. Elle repensait inévitablement à ce que lui avait dit Slovan et Gellioth dans la taverne. « S’il peut lire mes pensées… » Elle essaya alors de paraître la plus naturelle possible, mais ses émotions trahissaient ses gestes et ses paroles pour les quelques mots qu’elle put dire. Elle bredouillait quelques mots et ses gestes étaient un peu confus. Le jeune homme ne paraissait s’être rendu compte de rien. Il sourit pourtant :
- Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise ! J’en suis profondément désolé.
« Il sait », se disait-elle.
Elle essayait de changer d’expression, mais elle savait malgré elle qu’il s’était rendu compte de quelque chose. Elle tenta malgré tout d’engager la conversation pour reprendre doucement possession de ses moyens.
- On m’a appris que tu étais Eragon, le Tueur d’Ombre.
- Je me doutais que quelqu’un te parlerait de moi. Je me réjouissais que tu ne saches pas qui je suis.
- Tu as éveillé ma curiosité !
- C’était loin d’être volontaire.
Sanya sentit que le garçon était un peu gêné. Il tendit les victuailles à la jeune femme qui les reprit avec un sourire :
- Merci.
Ils marchèrent un moment ensemble, en silence. Eragon demanda enfin :
- Connaîtrais-tu une taverne ou un autre endroit de ce genre ouvert après le coucher du soleil ? Je désirerais boire et manger.
- Plus personne n’ouvre après le coucher du soleil depuis les différents massacres et pillages perpétrés par les Urgals ou les espions. Il a été instauré un couvre-feu et personne n’est assez stupide pour l’enfreindre. Les gens ont trop peur de ce qui pourrait leur arriver !
- Bien, je te remercie. Je me débrouillerai alors. Je trouverais peut-être ce que je cherche au campement, après tout.
Le jeune homme la remerciait encore et s’éloignait déjà. La jeune femme regrettait presque ses paroles. Elle ne voulait pas le faire fuir. Elle était heureuse d’avoir eu la chance de le rencontrer encore. Elle ne voulait paraître impolie, mais elle mourait d’envie de lui offrir l’hospitalité, seulement, le courage lui manquait pour lui parler de son désir. Elle le regardait un moment et le laissait s’éloigner sans un mot. Puis elle ressentit une irrésistible envie de l’appeler, mais elle se retint. Elle eut soudain l’audace de dire à haute voix :
- Je pourrais te cuisiner quelque chose… peut-être… si tu veux.
Elle réalisait ce qu’elle venait de faire et elle espérait seulement ne rien faire paraître de son malaise. Sa voix n’avait pas tremblé et elle paraissait plus naturelle, maintenant. Le garçon se retourna alors et lui sourit, visiblement ravi :
- Avec joie.
Il fit demi-tour et fit quelques pas jusqu’à Sanya. La jeune femme sourit. Elle était heureuse d’avoir eu l’audace de lui proposer de l’aider. Il tendit le bras pour lui prendre son panier. Elle le lui donna sans hésiter et ils marchèrent ainsi l’un près de l’autre jusqu’à l’auberge.
Sanya repensait à ce qu’elle venait de faire et souriait malgré elle. Elle ouvrit ensuite la porte de l’auberge et fit entrer son invité. Ils pénétrèrent dans l’immense salle devenue sombre, froide et silencieuse. Ensuite, Sanya prit soin de refermer la porte à clé.
Eragon s’avançait dans l’immense salle et attendait que la jeune fille l’invitât à la suivre :
- Suis-moi.
Elle l’entraîna à travers l’immense salle déserte. Ils passèrent devant le comptoir pour atteindre une porte qui jouxtait le bar gigantesque, une petite porte à peine visible. Ils descendirent deux petites marches de pierre et entrèrent dans une cuisine immense. Elle était tout en longueur et en pierres foncées. Il y régnait une fraîcheur saisissante par rapport à la chaleur des lieux, partout ailleurs.
Eragon s’assit à la petite table de bois clair qui faisait face à une porte-fenêtre assez étroite étant donné la taille de la pièce. Il observait les lieux. Une batterie complète de casseroles et de poêles pendait au mur, au-dessus d’un poil à bois gigantesque, en fonte, sur la droite. Des couteaux étaient suspendus juste en dessous de la batterie. Sur le mur de gauche, rien, que de la pierre jusqu’à la porte, au fond. Il tournait son regard vers Sanya et demanda :
- Est-ce que tu sers seule ?
- Oui. Il n’y a plus beaucoup de monde qui vient ici depuis les différentes lois entrées en vigueur.
- Et tu n’as pas peur de ce qui pourrait t’arriver ? Beaucoup de marchands et paysans sont morts à cause des espions infiltrés au Surda.
- Bien sûr que si. Mais j’essaye de ne pas céder à la peur. Je me dois de rester. On m’a accueilli ici et offert cet emploi. Quand le propriétaire des lieux a fui, j’ai voulu continuer. J’étais ainsi sûre de ne pas finir dans la rue où j’aurais été une proie facile.
- Je comprends.
Eragon le savait pour avoir entendu parler des différentes agressions survenus ici même, au Surda, à Aberon. Lorsqu’il en entendait parler, pendant les réunions du Conseil, des agressions qui se faisaient de plus en plus nombreuses, il pensait inévitablement à ce qu’il avait vécu. Il avait cependant du mal à s’imaginer une femme seule tenir tête à des voyous, des brigands, pire, des pillards. Alors quand on savait de quoi étaient capables les Urgals ou même les Ra’zacs, Eragon paraissait surpris qu’elle reste seule. Il regardait la jeune femme d’un air compatissent. Il savait combien il était difficile de se retrouver seul et de faire sa vie ainsi seul.
Les deux jeunes gens restèrent un moment silencieux, perdus dans leurs souvenirs et dans leurs pensées. Leurs regards se croisaient de temps à autre. Sanya avait désormais moins peur de parler à cet homme qui la mettait si mal à l’aise un peu plus tôt.
Elle voulait maintenant en apprendre un peu plus. Il fallait toutefois se restaurer et elle remit à plus tard les questions qui se bousculaient encore une fois dans sa tête. Elle laissa passer un silence et demanda enfin à Eragon :
- Que veux-tu boire ?
- Ta bière est excellente, à ce qu’il paraît ! dit-il avec un sourire.
La jeune femme lui rendit son sourire :
- Et que souhaiteras-tu dîner ?
- Je ne mange pas de viande. Mis à part ça, ce qu’il te plaira.
- Très bien.
La jeune femme ne s’étonna pas du fait qu’Eragon ne mangeait pas de viande. Elle avait servi tellement de gens étranges durant son séjour dans cette auberge qu’elle ne paraissait même pas surprise par cette remarque.
Elle alla chercher quelques produits dans le garde-manger, passant la porte, au fond de la cuisine, et revint pour préparer donc un ragoût de légumes. Elle alla derrière le bar pour chercher un pichet de vin, et un autre, de bière. Elle sortit également une tarte aux myrtilles. Ils mangèrent, attablé l’un en face de l’autre. Sanya se réjouissait de le voir manger avec appétit.
La jeune femme était heureuse de passer un peu de temps avec Eragon. Elle le trouvait vraiment charmant et fascinant. Il était poli et écoutait avec attention. La jeune femme profita donc de cette décontraction et commença à le questionner. Elle voulait partager avec lui un moment de paroles et d’échanges.
Ils parlèrent ainsi longuement. Ils échangèrent des souvenirs d’enfance, ainsi que d’autres souvenirs, heureux ou douloureux. Ils avaient plus en commun qu’elle n’aurait pu l’imaginer.
Elle découvrit que la plupart des histoires à son sujet étaient vraies. Il avait réellement été fermier. Elle avait toutefois remarqué que son apparence était assez différente et Eragon lui avait alors confié qu’il était désormais à moitié elfe. Tout ceci la fascinait et elle écoutait avec beaucoup d’attention ce que lui confiait le garçon.
Ils avaient vécus beaucoup de choses communes et avaient tous deux perdus des gens très proches pour avoir eu l’audace d’affronter l’Empire, volontairement ou non. Elle détestait autant que lui cette tension et cette Empire.
La nuit était tombée depuis longtemps. Eragon se sentait las et Sanya commençait à bâiller. Il sentait qu’il fallait prendre congé. Il se leva donc en disant :
- Il faut aller dormir.
- Tu ne devrais pas rentrer seul durant la nuit. Même pour un Dragonnier, les dangers sont partout, surtout la nuit. Il y a de nombreuses chambres ici, elles ne servent plus à personne depuis le couvre-feu. Tu pourrais t’y reposer. Elle sont propres. Je continue de les tenir ainsi en espérant pouvoir les voir occupées à nouveau un jour.
- C’est peut-être plus prudent, en effet. Il me faut juste prévenir quelqu’un, ça ne prendra qu’une minute.
- Mais…
Sanya s’interrompit et le regarda. Il resta silencieux un moment, immobile. Elle croyait à un malaise ou quelque chose dans ce genre. Mais l’instant suivant, Eragon dit :
- Le message est passé. Veux-tu me montrer ma chambre ?
Elle ne parut pas vraiment rassurée, mais ne posa pas de questions. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui en manquait. Elle dit simplement :
- Bien sûr, suis-moi.
Sanya alluma une petite lampe à huile et Eragon la suivit à travers l’autre pièce. Ils montèrent l’escalier jusqu’à l’étage, passant devant Eragon pour lui montrer le chemin. Elle commençait à gravir les marches en essayant de ne rien penser de ce qu’elle avait vu un peu plus tôt. Ce fut pourtant plus fort qu’elle, elle ralentit le pas et attendit qu’Eragon se porte à son niveau pour lui parler :
- Je sais que je ne devrais pas être si curieuse, mais je suppose que tu ne vis pas seul. Enfin… je veux dire qu’un Dragonnier possède un dragon.
- Posséder est un grand mot. Je suis unis un dragon, c’est vrai, c’est plus un partage qu’une possession… Et c’est en fait une dragonne !
- Excuse-moi encore, je voudrais savoir, est-ce à elle que tu as envoyé ce message ?
- Oui. J’étais sûr que tu me poserais la question. Nous communiquons par la pensée.
- C’est ce qu’il m’avait semblé. Mais pourquoi n’est-elle pas avec toi ?
- Difficile de se balader en ville avec un dragon !
- Oui, bien sûr… Désolée… Si tu le souhaites, elle pourrait dormir dans la grange, elle est immense et je pense qu’elle aurait assez de place.
- C’est gentil à toi, mais ce ne sera pas utile.
- En fait, je sais que c’est impoli, mais si je t’ai proposé cela… c’est que… enfin… j’aurais aimé…
- Tu aurais aimé la voir, c’est ça ?
- Oui. J’ai beaucoup entendu parler des dragons et j’étais… enfin je sais que je ne devrais pas… mais je suis intriguée.
Sanya était un peu honteuse et baissa les yeux sur ses chaussures. Elle regrettait un peu cette curiosité, mais elle avait entendu parler de ces magnifiques bêtes et le désir d’en rencontrer enfin une était le plus fort. Elle n’avait su résister. Elle ne pouvait pas passer à côté de cette formidable opportunité.
Eragon poursuivit :
- Elle me rejoindra demain. Je te la présenterai si tu le souhaites. Mais es-tu sûre de ne pas avoir peur d’elle ?
- Je ne sais pas. Mais je veux essayer. Je sais que je ne devrais pas être aussi curieuse. Je m’en excuse. Mais j’ai toujours rêvé de voir une de ces créatures.
- Elle est bien plus que cela. Elle est… une conscience…
- Je ne connais rien des dragons, excuse-moi si mes propos ne sont pas justes.
- Ce n’est rien. Je comprends. Elle te plaira sûrement, conclut enfin Eragon en souriant.
Sanya souhaita enfin une bonne nuit à Eragon qui remercia Sanya. Il entra dans la chambre et disparut derrière la porte qu’il referma sans bruit.
Chaque jour, le même rituel, une fois que le dernier client ait quitté les lieux, après la fermeture de l’auberge, Sanya prenait soin de fermer les portes de l’établissement. Elle prenait son panier et filait tout droit au marché. Mais cette fois, elle était toujours hantée par cette vision, ce visage et ce nom qu’elle aimait de plus en plus prononcer.
Elle voulait acheter quelques fruits, quelques légumes et quelques herbes pour sa cuisine. Elle n’avait pas besoin de beaucoup de chose. Son garde-manger était déjà plein de victuailles. Elle les servait aux voyageurs. Mais elle avait des goûts plus simples que ceux qui venaient se restaurer à son auberge, mangeant des plats souvent très riches, trop riches. Elle ne mangeait pas de repas aussi copieux. La plupart des paysans ou voyageurs qui se restauraient chez elle venaient pourtant pour sa cuisine, elle était réputée être la meilleurs de la cité.
C’était le moment de la journée qu’elle préférait pour flâner sur le marché. Le matin, il y avait toujours beaucoup de monde et elle ne voulait pas se mêler à la foule. Elle préférait être au calme pour choisir ces produits. Elle prenait ainsi le temps qu’il lui fallait sans être pressée par un quelconque marchand ou passant. Elle n’aimait pas être bousculée.
« Eragon » pensait-elle encore. Ce nom la hantait vraiment. Elle ne pensait plus qu’à lui. Ce visage ne quittait plus ses pensées. Elle revoyait ce regard intense qui la regardait. « Mais que m’arrive-t-il ? Je ne l’ai vu que quelques minutes ! » se dit-elle. Son cœur s’accélérait malgré elle. Elle savait ce qui se passait. Elle ne voulait pourtant y croire. « Mais pourquoi lui ? » Il l’avait touché, l’avait rendue rêveuse, elle s’émerveillait alors d’avoir fait une telle rencontre. Elle aurait tellement voulu le revoir, juste un instant, pour admirer encore son visage et ce regard si pénétrant.
Sanya était maintenant distraite. Elle était perdue aux milieu de ses pensées. Elle ne remarqua pas le jeune garçon qui s’avançait vers elle. Elle était définitivement perdue dans ses rêves et elle le percuta.
Elle se sortit brusquement de ses rêveries et sentit ses provisions lui échapper et tomber. Ça n’est qu’en relevant la tête qu’elle réalisait :
- Oh ! Je suis… désolée ! disait-elle, encore sous le choc.
Une expression de surprise la saisissait. Elle faisait face à l’homme qui l’avait hanté toute la journée. Elle blêmit en le réalisant, puis elle rougit de nouveau. Elle sentit son cœur s’emballer et une sensation intense prit son estomac. Elle sentit une vague glacée glisser en elle. Elle ne pouvait contrôler cette émotion nouvelle et intense qui l’envahissait.
Eragon s’accroupit pour l’aider à ramasser les produits éparpillés sur le sol. Elle restait silencieuse et fuyait son regard de peur qu’il ne découvre ce qu’elle ressentait. Il paraissait pourtant inquiet et dit alors pour se rassurer et pour rassurer la jeune fille :
- Ça n’est pas grave ! Est-ce que tout va bien ?
- Oui… Je crois.
Sanya sentait son cœur sur le point de céder. Elle contrôlait difficilement sa respiration qui devenait légèrement saccadée. Elle repensait inévitablement à ce que lui avait dit Slovan et Gellioth dans la taverne. « S’il peut lire mes pensées… » Elle essaya alors de paraître la plus naturelle possible, mais ses émotions trahissaient ses gestes et ses paroles pour les quelques mots qu’elle put dire. Elle bredouillait quelques mots et ses gestes étaient un peu confus. Le jeune homme ne paraissait s’être rendu compte de rien. Il sourit pourtant :
- Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise ! J’en suis profondément désolé.
« Il sait », se disait-elle.
Elle essayait de changer d’expression, mais elle savait malgré elle qu’il s’était rendu compte de quelque chose. Elle tenta malgré tout d’engager la conversation pour reprendre doucement possession de ses moyens.
- On m’a appris que tu étais Eragon, le Tueur d’Ombre.
- Je me doutais que quelqu’un te parlerait de moi. Je me réjouissais que tu ne saches pas qui je suis.
- Tu as éveillé ma curiosité !
- C’était loin d’être volontaire.
Sanya sentit que le garçon était un peu gêné. Il tendit les victuailles à la jeune femme qui les reprit avec un sourire :
- Merci.
Ils marchèrent un moment ensemble, en silence. Eragon demanda enfin :
- Connaîtrais-tu une taverne ou un autre endroit de ce genre ouvert après le coucher du soleil ? Je désirerais boire et manger.
- Plus personne n’ouvre après le coucher du soleil depuis les différents massacres et pillages perpétrés par les Urgals ou les espions. Il a été instauré un couvre-feu et personne n’est assez stupide pour l’enfreindre. Les gens ont trop peur de ce qui pourrait leur arriver !
- Bien, je te remercie. Je me débrouillerai alors. Je trouverais peut-être ce que je cherche au campement, après tout.
Le jeune homme la remerciait encore et s’éloignait déjà. La jeune femme regrettait presque ses paroles. Elle ne voulait pas le faire fuir. Elle était heureuse d’avoir eu la chance de le rencontrer encore. Elle ne voulait paraître impolie, mais elle mourait d’envie de lui offrir l’hospitalité, seulement, le courage lui manquait pour lui parler de son désir. Elle le regardait un moment et le laissait s’éloigner sans un mot. Puis elle ressentit une irrésistible envie de l’appeler, mais elle se retint. Elle eut soudain l’audace de dire à haute voix :
- Je pourrais te cuisiner quelque chose… peut-être… si tu veux.
Elle réalisait ce qu’elle venait de faire et elle espérait seulement ne rien faire paraître de son malaise. Sa voix n’avait pas tremblé et elle paraissait plus naturelle, maintenant. Le garçon se retourna alors et lui sourit, visiblement ravi :
- Avec joie.
Il fit demi-tour et fit quelques pas jusqu’à Sanya. La jeune femme sourit. Elle était heureuse d’avoir eu l’audace de lui proposer de l’aider. Il tendit le bras pour lui prendre son panier. Elle le lui donna sans hésiter et ils marchèrent ainsi l’un près de l’autre jusqu’à l’auberge.
Sanya repensait à ce qu’elle venait de faire et souriait malgré elle. Elle ouvrit ensuite la porte de l’auberge et fit entrer son invité. Ils pénétrèrent dans l’immense salle devenue sombre, froide et silencieuse. Ensuite, Sanya prit soin de refermer la porte à clé.
Eragon s’avançait dans l’immense salle et attendait que la jeune fille l’invitât à la suivre :
- Suis-moi.
Elle l’entraîna à travers l’immense salle déserte. Ils passèrent devant le comptoir pour atteindre une porte qui jouxtait le bar gigantesque, une petite porte à peine visible. Ils descendirent deux petites marches de pierre et entrèrent dans une cuisine immense. Elle était tout en longueur et en pierres foncées. Il y régnait une fraîcheur saisissante par rapport à la chaleur des lieux, partout ailleurs.
Eragon s’assit à la petite table de bois clair qui faisait face à une porte-fenêtre assez étroite étant donné la taille de la pièce. Il observait les lieux. Une batterie complète de casseroles et de poêles pendait au mur, au-dessus d’un poil à bois gigantesque, en fonte, sur la droite. Des couteaux étaient suspendus juste en dessous de la batterie. Sur le mur de gauche, rien, que de la pierre jusqu’à la porte, au fond. Il tournait son regard vers Sanya et demanda :
- Est-ce que tu sers seule ?
- Oui. Il n’y a plus beaucoup de monde qui vient ici depuis les différentes lois entrées en vigueur.
- Et tu n’as pas peur de ce qui pourrait t’arriver ? Beaucoup de marchands et paysans sont morts à cause des espions infiltrés au Surda.
- Bien sûr que si. Mais j’essaye de ne pas céder à la peur. Je me dois de rester. On m’a accueilli ici et offert cet emploi. Quand le propriétaire des lieux a fui, j’ai voulu continuer. J’étais ainsi sûre de ne pas finir dans la rue où j’aurais été une proie facile.
- Je comprends.
Eragon le savait pour avoir entendu parler des différentes agressions survenus ici même, au Surda, à Aberon. Lorsqu’il en entendait parler, pendant les réunions du Conseil, des agressions qui se faisaient de plus en plus nombreuses, il pensait inévitablement à ce qu’il avait vécu. Il avait cependant du mal à s’imaginer une femme seule tenir tête à des voyous, des brigands, pire, des pillards. Alors quand on savait de quoi étaient capables les Urgals ou même les Ra’zacs, Eragon paraissait surpris qu’elle reste seule. Il regardait la jeune femme d’un air compatissent. Il savait combien il était difficile de se retrouver seul et de faire sa vie ainsi seul.
Les deux jeunes gens restèrent un moment silencieux, perdus dans leurs souvenirs et dans leurs pensées. Leurs regards se croisaient de temps à autre. Sanya avait désormais moins peur de parler à cet homme qui la mettait si mal à l’aise un peu plus tôt.
Elle voulait maintenant en apprendre un peu plus. Il fallait toutefois se restaurer et elle remit à plus tard les questions qui se bousculaient encore une fois dans sa tête. Elle laissa passer un silence et demanda enfin à Eragon :
- Que veux-tu boire ?
- Ta bière est excellente, à ce qu’il paraît ! dit-il avec un sourire.
La jeune femme lui rendit son sourire :
- Et que souhaiteras-tu dîner ?
- Je ne mange pas de viande. Mis à part ça, ce qu’il te plaira.
- Très bien.
La jeune femme ne s’étonna pas du fait qu’Eragon ne mangeait pas de viande. Elle avait servi tellement de gens étranges durant son séjour dans cette auberge qu’elle ne paraissait même pas surprise par cette remarque.
Elle alla chercher quelques produits dans le garde-manger, passant la porte, au fond de la cuisine, et revint pour préparer donc un ragoût de légumes. Elle alla derrière le bar pour chercher un pichet de vin, et un autre, de bière. Elle sortit également une tarte aux myrtilles. Ils mangèrent, attablé l’un en face de l’autre. Sanya se réjouissait de le voir manger avec appétit.
La jeune femme était heureuse de passer un peu de temps avec Eragon. Elle le trouvait vraiment charmant et fascinant. Il était poli et écoutait avec attention. La jeune femme profita donc de cette décontraction et commença à le questionner. Elle voulait partager avec lui un moment de paroles et d’échanges.
Ils parlèrent ainsi longuement. Ils échangèrent des souvenirs d’enfance, ainsi que d’autres souvenirs, heureux ou douloureux. Ils avaient plus en commun qu’elle n’aurait pu l’imaginer.
Elle découvrit que la plupart des histoires à son sujet étaient vraies. Il avait réellement été fermier. Elle avait toutefois remarqué que son apparence était assez différente et Eragon lui avait alors confié qu’il était désormais à moitié elfe. Tout ceci la fascinait et elle écoutait avec beaucoup d’attention ce que lui confiait le garçon.
Ils avaient vécus beaucoup de choses communes et avaient tous deux perdus des gens très proches pour avoir eu l’audace d’affronter l’Empire, volontairement ou non. Elle détestait autant que lui cette tension et cette Empire.
La nuit était tombée depuis longtemps. Eragon se sentait las et Sanya commençait à bâiller. Il sentait qu’il fallait prendre congé. Il se leva donc en disant :
- Il faut aller dormir.
- Tu ne devrais pas rentrer seul durant la nuit. Même pour un Dragonnier, les dangers sont partout, surtout la nuit. Il y a de nombreuses chambres ici, elles ne servent plus à personne depuis le couvre-feu. Tu pourrais t’y reposer. Elle sont propres. Je continue de les tenir ainsi en espérant pouvoir les voir occupées à nouveau un jour.
- C’est peut-être plus prudent, en effet. Il me faut juste prévenir quelqu’un, ça ne prendra qu’une minute.
- Mais…
Sanya s’interrompit et le regarda. Il resta silencieux un moment, immobile. Elle croyait à un malaise ou quelque chose dans ce genre. Mais l’instant suivant, Eragon dit :
- Le message est passé. Veux-tu me montrer ma chambre ?
Elle ne parut pas vraiment rassurée, mais ne posa pas de questions. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui en manquait. Elle dit simplement :
- Bien sûr, suis-moi.
Sanya alluma une petite lampe à huile et Eragon la suivit à travers l’autre pièce. Ils montèrent l’escalier jusqu’à l’étage, passant devant Eragon pour lui montrer le chemin. Elle commençait à gravir les marches en essayant de ne rien penser de ce qu’elle avait vu un peu plus tôt. Ce fut pourtant plus fort qu’elle, elle ralentit le pas et attendit qu’Eragon se porte à son niveau pour lui parler :
- Je sais que je ne devrais pas être si curieuse, mais je suppose que tu ne vis pas seul. Enfin… je veux dire qu’un Dragonnier possède un dragon.
- Posséder est un grand mot. Je suis unis un dragon, c’est vrai, c’est plus un partage qu’une possession… Et c’est en fait une dragonne !
- Excuse-moi encore, je voudrais savoir, est-ce à elle que tu as envoyé ce message ?
- Oui. J’étais sûr que tu me poserais la question. Nous communiquons par la pensée.
- C’est ce qu’il m’avait semblé. Mais pourquoi n’est-elle pas avec toi ?
- Difficile de se balader en ville avec un dragon !
- Oui, bien sûr… Désolée… Si tu le souhaites, elle pourrait dormir dans la grange, elle est immense et je pense qu’elle aurait assez de place.
- C’est gentil à toi, mais ce ne sera pas utile.
- En fait, je sais que c’est impoli, mais si je t’ai proposé cela… c’est que… enfin… j’aurais aimé…
- Tu aurais aimé la voir, c’est ça ?
- Oui. J’ai beaucoup entendu parler des dragons et j’étais… enfin je sais que je ne devrais pas… mais je suis intriguée.
Sanya était un peu honteuse et baissa les yeux sur ses chaussures. Elle regrettait un peu cette curiosité, mais elle avait entendu parler de ces magnifiques bêtes et le désir d’en rencontrer enfin une était le plus fort. Elle n’avait su résister. Elle ne pouvait pas passer à côté de cette formidable opportunité.
Eragon poursuivit :
- Elle me rejoindra demain. Je te la présenterai si tu le souhaites. Mais es-tu sûre de ne pas avoir peur d’elle ?
- Je ne sais pas. Mais je veux essayer. Je sais que je ne devrais pas être aussi curieuse. Je m’en excuse. Mais j’ai toujours rêvé de voir une de ces créatures.
- Elle est bien plus que cela. Elle est… une conscience…
- Je ne connais rien des dragons, excuse-moi si mes propos ne sont pas justes.
- Ce n’est rien. Je comprends. Elle te plaira sûrement, conclut enfin Eragon en souriant.
Sanya souhaita enfin une bonne nuit à Eragon qui remercia Sanya. Il entra dans la chambre et disparut derrière la porte qu’il referma sans bruit.
Invité- Invité
Chapitre 3
FRAYEUR ET EMOTIONS
Sanya descendit lentement les marches, encore pensive, jusqu’au rez-de-chaussée. Elle sourit, le cœur battant. « Un dragon, je vais enfin voir un dragon ! » Le rêve devenait enfin réalité. Toutes ces histoires lui plaisaient tant. Elle n’aurait pourtant jamais pensé avoir l’opportunité de rencontrer une des ces gigantesques créatures, même dans ses rêves les plus fous.
Arrivée en bas, elle s’avançait vers sa chambre, encore perdue par cette pensée. Elle s’arrêta rapidement et se sortit de ses pensées. Elle resta un moment immobile, alertée par un bruit. Elle attendit un moment et regarda autour d’elle, très lentement, pour regarder la pièce en détail et s’assurer que rien n’avait changé de place ou pour apercevoir quelque chose qui ne serait pas comme d’habitude : une lumière, un objet…
Au même instant, à l’étage, Eragon rouvrit les yeux, lui aussi alerté, mais par une présence. Il percevait un faible battement en plus de celui de Sanya, plus net. Une respiration l’alerta, elle ne lui était pas étrangère.
Il se redressa dans son lit et se concentra sur les alentours. Il fermait les yeux et se plongea, comme lors des exercices enseignés par Oromis en état de concentration. Il percevait clairement la présence de la jeune femme. Et cette autre présence se faisait plus nette maintenant, et surtout plus proche.
Il sortit rapidement du lit et sans bruit. Il s’empara de son épée. Il ouvrit très doucement la porte et quitta la pièce sans un bruit. Il avança lentement dans le couloir et rejoignit l’escalier. Il descendait les marches une à une, toujours lentement et en silence.
Sanya, quant à elle, avançait lentement vers la porte d’entrée, le cœur battant. Elle prit la poignée et le loquet dans chacune de ses mains. Elle était surprise de s’apercevoir que la porte n’était pas verrouillée. Quelqu’un était ici !
Elle sentit un vent de panique courir en elle. Elle resta immobile un moment. Elle se tourna ensuite doucement, sentant une présence derrière elle. Elle fut stupéfaite et écarquilla de grands yeux quand elle fit face à un Urgal. Elle hurla.
Eragon arrivait enfin en bas des escaliers. Il vit la scène et ne se posa pas la moindre question. Pour surprendre l’intrus, il courut vers Sanya en criant :
- Baisse-toi !
La jeune femme s’exécuta sans se poser la moindre question, elle non plus, et se laissant tomber au sol, accroupie au plus bas qu’elle put. L’Urgal grogna sans vraiment comprendre ce qui se passait.
Eragon faisait maintenant face à la créature aussi haute que lui. Il prit l’épée à deux mains et fit un geste de côté, un geste circulaire. Il trancha ainsi la tête de l’Urgal. Celle-ci roula sur le sol et le corps s’effondra dans une fracas monstrueux.
Sanya plaqua une main tremblante sur sa bouche pour ne pas crier. Elle était maintenant assise par terre. Elle avait les yeux pleins de larmes et elle sentait ses membres se mettre à trembler à leur tour et de manière incontrôlable. Elle glissait sa tête dans ses mains et se mit à sangloter.
Eragon l’aida à se relever et se plaça devant elle. Elle se colla à lui en regardant du coin de l’œil, s’agrippant à sa tunique, qu’elle tenait fermement et hoquetant. Il inspecta les lieux, Sanya sur ses talons, cachée derrière lui, toujours agrippée à sa tunique. Il n’y avait personne.
Eragon se tourna enfin vers Sanya :
- Est-ce que ça va ?
Sanya ne put dire un mot. Elle tremblait de tous ses membres et elle se remit à pleurer. Elle faillit s’écrouler. Eragon la retint et l’approcha de lui pour la serrer contre lui. Il dut lâcher Zar’roc qui tomba sur le sol dans un bruit métallique pour pouvoir l’étreindre de ses deux bras. La jeune fille continuait de pleurer et de trembler.
Elle sanglotait à chaudes larmes, déversant la somme de toutes ses frayeurs. Eragon essayait de la calmer du mieux qu’il pouvait en caressant ses cheveux et en lui parlant :
- C’est fini. Il n’y a plus rien à craindre.
Un grand bruit fit cependant sursauter la jeune femme qui releva la tête et poussa un cri. Eragon lui expliqua :
- Calme-toi ! Ce n’est que Saphira.
- Saphira ? dit-elle, perdue, en hoquetant.
- Ma dragonne !
Eragon attendit que Sanya desserre son étreinte pour s’éloigner enfin et ramasser Zar’roc. Il s’avança vers la cuisine et sortit dans la grande cour par la porte fenêtre de la pièce. Sanya le suivait à la trace. Tenant fermement son bras, encore tremblante.
La dragonne expliqua :
« J’ai senti ce qui s’est passé, mais il m’a fallu du temps pour arriver jusqu’à toi. »
Saphira regardait Eragon qui émergeait enfin de la cuisine :
« Merci… Tout va bien maintenant… Je te présente Sanya. »
« Bonjour, Sanya. »
Eragon transmit le salut à la jeune femme. Sanya oublia presque ce qui venait de se passer et relâcha doucement son emprise sur le bras d’Eragon. Elle parut ébahie. Elle regarda la dragonne sans ciller, les yeux grands ouverts. Elle ne réalisait pas vraiment la chance qu’elle avait enfin de faire face à son plus grand rêve.
Elle lui fit face un moment, en silence, bouche bée. Elle reprit enfin contenance et demanda à Eragon de lui renvoyer son salut.
Elles se contemplèrent l’une et l’autre un moment encore. La dragonne abaissa lentement son cou pour observer la jeune fille. Celle-ci ne paraissait pas effrayée par l’approche de la dragonne, mais plutôt curieuse.
Sanya se tourna alors vers Eragon :
- Est-ce que je pourrais la toucher ?
- Demande-le lui, je te dirais ce qu’elle te répondra.
Sanya fit de nouveau face à la créature. Elle hésita un moment. Elle réalisait qu’elle parlait à une créature intelligente, avec une conscience. Elle lui posa donc la question elle-même. Elle attendit ensuite qu’Eragon lui révèle la réponse :
- Elle accepte que tu la touches. Approche-toi.
Sanya s’avança doucement vers la dragonne qui baissa encore un peu la tête vers elle. Elle s’était couchée et les deux êtres se retrouvaient presque nez à nez.
Sanya s’arrêta à quelques centimètres de Saphira et tendit la main. Saphira approcha son museau et la main de Sanya se posa enfin sur celui-ci. Le contact avec le museau de la dragonne était surprenant. Les écailles glissaient sous ses doigts, mais pas comme sur les écailles d’un serpent. C’était plus lisse et moins visqueux. Saphira ronronnait doucement et Sanya sentait vibrer les écailles sous sa main. Elle souriait, heureuse d’avoir eu la chance de faire cette rencontre extraordinaire.
Il était temps de prendre du repos. Eragon avait tout d’abord fait disparaître le corps sans vie de l’Urgal en l’enterrant dans la cour. Il avait ensuite aidé Sanya à boucler l’auberge solidement. La jeune femme gagna sa chambre après avoir souhaité une bonne nuit à Eragon.
Saphira – sur invitation de Sanya – allait dormir dans la grange. La jeune femme regarda la dragonne disparaître par les immenses portes de bois abîmées.
Eragon prenait la direction de l’étage. Un nœud serra l’estomac de Sanya. Elle courut vérifier une fois encore la porte. Eragon sentit la peur encore présente chez la jeune femme. Elle revoyait la scène qui avait eu lieu un peu plus tôt sous ses yeux apeurés. La frayeur était en effet encore bien présente.
Eragon n’avait pas rejoint tout à fait la chambre. Il se ravisa et redescendit à la rencontre de la jeune femme :
- Il vaudrait mieux que je dorme en bas. Peut-être devrais-je m’installer dans la grange avec Saphira.
- Non… non. Je ne peux pas te forcer à faire ça. Je dois être forte et faire face à ma peur.
Mais elle ne paraissait pas convaincue par ses propres paroles. Eragon ne l’était pas davantage :
- Je pense que je ne suis pas étranger à cette attaque. Après tout, l’Empire me recherche et veut ma tête. Je pense que tout endroit où je me trouve peut servir de cible. C’est pour cela que je reste prudent et ne fréquente que les endroits où il m’est utile d’aller. Je ne révèle en plus jamais mon identité. Je préfère rester anonyme.
- Je comprends.
- Mais je ressens ta peur. Je serais plus apte à agir en étant dans la grange, Saphira près de moi.
La jeune femme se sentait, elle aussi, coupable de forcer Eragon à devoir renoncer au confort d’une chambre et d’un bon lit pour celle plus relative de la grange. Cela n’avait pourtant pas l’air de déranger le garçon. Il monta ainsi chercher ses affaires et la couverture que Sanya lui avait autoriser à prendre pour rejoindre la grange où s’était déjà installée Saphira.
Sanya alla enfin se coucher, à peine rassurée et honteuse de devoir imposer à Eragon l’obligation de se réfugier dans une grange pour y passer la nuit.
Sanya descendit lentement les marches, encore pensive, jusqu’au rez-de-chaussée. Elle sourit, le cœur battant. « Un dragon, je vais enfin voir un dragon ! » Le rêve devenait enfin réalité. Toutes ces histoires lui plaisaient tant. Elle n’aurait pourtant jamais pensé avoir l’opportunité de rencontrer une des ces gigantesques créatures, même dans ses rêves les plus fous.
Arrivée en bas, elle s’avançait vers sa chambre, encore perdue par cette pensée. Elle s’arrêta rapidement et se sortit de ses pensées. Elle resta un moment immobile, alertée par un bruit. Elle attendit un moment et regarda autour d’elle, très lentement, pour regarder la pièce en détail et s’assurer que rien n’avait changé de place ou pour apercevoir quelque chose qui ne serait pas comme d’habitude : une lumière, un objet…
Au même instant, à l’étage, Eragon rouvrit les yeux, lui aussi alerté, mais par une présence. Il percevait un faible battement en plus de celui de Sanya, plus net. Une respiration l’alerta, elle ne lui était pas étrangère.
Il se redressa dans son lit et se concentra sur les alentours. Il fermait les yeux et se plongea, comme lors des exercices enseignés par Oromis en état de concentration. Il percevait clairement la présence de la jeune femme. Et cette autre présence se faisait plus nette maintenant, et surtout plus proche.
Il sortit rapidement du lit et sans bruit. Il s’empara de son épée. Il ouvrit très doucement la porte et quitta la pièce sans un bruit. Il avança lentement dans le couloir et rejoignit l’escalier. Il descendait les marches une à une, toujours lentement et en silence.
Sanya, quant à elle, avançait lentement vers la porte d’entrée, le cœur battant. Elle prit la poignée et le loquet dans chacune de ses mains. Elle était surprise de s’apercevoir que la porte n’était pas verrouillée. Quelqu’un était ici !
Elle sentit un vent de panique courir en elle. Elle resta immobile un moment. Elle se tourna ensuite doucement, sentant une présence derrière elle. Elle fut stupéfaite et écarquilla de grands yeux quand elle fit face à un Urgal. Elle hurla.
Eragon arrivait enfin en bas des escaliers. Il vit la scène et ne se posa pas la moindre question. Pour surprendre l’intrus, il courut vers Sanya en criant :
- Baisse-toi !
La jeune femme s’exécuta sans se poser la moindre question, elle non plus, et se laissant tomber au sol, accroupie au plus bas qu’elle put. L’Urgal grogna sans vraiment comprendre ce qui se passait.
Eragon faisait maintenant face à la créature aussi haute que lui. Il prit l’épée à deux mains et fit un geste de côté, un geste circulaire. Il trancha ainsi la tête de l’Urgal. Celle-ci roula sur le sol et le corps s’effondra dans une fracas monstrueux.
Sanya plaqua une main tremblante sur sa bouche pour ne pas crier. Elle était maintenant assise par terre. Elle avait les yeux pleins de larmes et elle sentait ses membres se mettre à trembler à leur tour et de manière incontrôlable. Elle glissait sa tête dans ses mains et se mit à sangloter.
Eragon l’aida à se relever et se plaça devant elle. Elle se colla à lui en regardant du coin de l’œil, s’agrippant à sa tunique, qu’elle tenait fermement et hoquetant. Il inspecta les lieux, Sanya sur ses talons, cachée derrière lui, toujours agrippée à sa tunique. Il n’y avait personne.
Eragon se tourna enfin vers Sanya :
- Est-ce que ça va ?
Sanya ne put dire un mot. Elle tremblait de tous ses membres et elle se remit à pleurer. Elle faillit s’écrouler. Eragon la retint et l’approcha de lui pour la serrer contre lui. Il dut lâcher Zar’roc qui tomba sur le sol dans un bruit métallique pour pouvoir l’étreindre de ses deux bras. La jeune fille continuait de pleurer et de trembler.
Elle sanglotait à chaudes larmes, déversant la somme de toutes ses frayeurs. Eragon essayait de la calmer du mieux qu’il pouvait en caressant ses cheveux et en lui parlant :
- C’est fini. Il n’y a plus rien à craindre.
Un grand bruit fit cependant sursauter la jeune femme qui releva la tête et poussa un cri. Eragon lui expliqua :
- Calme-toi ! Ce n’est que Saphira.
- Saphira ? dit-elle, perdue, en hoquetant.
- Ma dragonne !
Eragon attendit que Sanya desserre son étreinte pour s’éloigner enfin et ramasser Zar’roc. Il s’avança vers la cuisine et sortit dans la grande cour par la porte fenêtre de la pièce. Sanya le suivait à la trace. Tenant fermement son bras, encore tremblante.
La dragonne expliqua :
« J’ai senti ce qui s’est passé, mais il m’a fallu du temps pour arriver jusqu’à toi. »
Saphira regardait Eragon qui émergeait enfin de la cuisine :
« Merci… Tout va bien maintenant… Je te présente Sanya. »
« Bonjour, Sanya. »
Eragon transmit le salut à la jeune femme. Sanya oublia presque ce qui venait de se passer et relâcha doucement son emprise sur le bras d’Eragon. Elle parut ébahie. Elle regarda la dragonne sans ciller, les yeux grands ouverts. Elle ne réalisait pas vraiment la chance qu’elle avait enfin de faire face à son plus grand rêve.
Elle lui fit face un moment, en silence, bouche bée. Elle reprit enfin contenance et demanda à Eragon de lui renvoyer son salut.
Elles se contemplèrent l’une et l’autre un moment encore. La dragonne abaissa lentement son cou pour observer la jeune fille. Celle-ci ne paraissait pas effrayée par l’approche de la dragonne, mais plutôt curieuse.
Sanya se tourna alors vers Eragon :
- Est-ce que je pourrais la toucher ?
- Demande-le lui, je te dirais ce qu’elle te répondra.
Sanya fit de nouveau face à la créature. Elle hésita un moment. Elle réalisait qu’elle parlait à une créature intelligente, avec une conscience. Elle lui posa donc la question elle-même. Elle attendit ensuite qu’Eragon lui révèle la réponse :
- Elle accepte que tu la touches. Approche-toi.
Sanya s’avança doucement vers la dragonne qui baissa encore un peu la tête vers elle. Elle s’était couchée et les deux êtres se retrouvaient presque nez à nez.
Sanya s’arrêta à quelques centimètres de Saphira et tendit la main. Saphira approcha son museau et la main de Sanya se posa enfin sur celui-ci. Le contact avec le museau de la dragonne était surprenant. Les écailles glissaient sous ses doigts, mais pas comme sur les écailles d’un serpent. C’était plus lisse et moins visqueux. Saphira ronronnait doucement et Sanya sentait vibrer les écailles sous sa main. Elle souriait, heureuse d’avoir eu la chance de faire cette rencontre extraordinaire.
Il était temps de prendre du repos. Eragon avait tout d’abord fait disparaître le corps sans vie de l’Urgal en l’enterrant dans la cour. Il avait ensuite aidé Sanya à boucler l’auberge solidement. La jeune femme gagna sa chambre après avoir souhaité une bonne nuit à Eragon.
Saphira – sur invitation de Sanya – allait dormir dans la grange. La jeune femme regarda la dragonne disparaître par les immenses portes de bois abîmées.
Eragon prenait la direction de l’étage. Un nœud serra l’estomac de Sanya. Elle courut vérifier une fois encore la porte. Eragon sentit la peur encore présente chez la jeune femme. Elle revoyait la scène qui avait eu lieu un peu plus tôt sous ses yeux apeurés. La frayeur était en effet encore bien présente.
Eragon n’avait pas rejoint tout à fait la chambre. Il se ravisa et redescendit à la rencontre de la jeune femme :
- Il vaudrait mieux que je dorme en bas. Peut-être devrais-je m’installer dans la grange avec Saphira.
- Non… non. Je ne peux pas te forcer à faire ça. Je dois être forte et faire face à ma peur.
Mais elle ne paraissait pas convaincue par ses propres paroles. Eragon ne l’était pas davantage :
- Je pense que je ne suis pas étranger à cette attaque. Après tout, l’Empire me recherche et veut ma tête. Je pense que tout endroit où je me trouve peut servir de cible. C’est pour cela que je reste prudent et ne fréquente que les endroits où il m’est utile d’aller. Je ne révèle en plus jamais mon identité. Je préfère rester anonyme.
- Je comprends.
- Mais je ressens ta peur. Je serais plus apte à agir en étant dans la grange, Saphira près de moi.
La jeune femme se sentait, elle aussi, coupable de forcer Eragon à devoir renoncer au confort d’une chambre et d’un bon lit pour celle plus relative de la grange. Cela n’avait pourtant pas l’air de déranger le garçon. Il monta ainsi chercher ses affaires et la couverture que Sanya lui avait autoriser à prendre pour rejoindre la grange où s’était déjà installée Saphira.
Sanya alla enfin se coucher, à peine rassurée et honteuse de devoir imposer à Eragon l’obligation de se réfugier dans une grange pour y passer la nuit.
Invité- Invité
Chapitre 4
EXIL
Elle trouva difficilement le sommeil. Ses rêves étaient confus et mouvementés. Elle pensait encore au fait qu’Eragon soit obligé de dormir dans la grange, se sentant coupable de ce qui était arrivé plus tôt. Elle se réveilla plusieurs fois dans la nuit et ne retrouvait le sommeil qu’après plusieurs minutes passées à tenter de se rassurer.
Sanya ouvrit enfin les yeux, réveillée par les premiers rayons du soleil. Elle se redressait et quittait lentement la chaleur de son lit pour se diriger vers la bassine posée sur la coiffeuse. Un coup d’œil dans le miroir l’effraya. Elle n’aima pas le reflet qu’elle y trouva. Elle avait mauvaise mine. Elle avait des cernes sous les yeux et ceux-ci étaient rougis par les larmes de la veille.
Elle se passa tout d’abord de l’eau fraîche sur le visage. Cela la réveilla. L’eau lui glissa dans le cou avant qu’elle se sèche et elle eut un frisson. Elle alla ensuite à la cuisine pour faire chauffer un peu d’eau pour qu’elle puisse faire sa toilette. Ensuite, elle se coiffa.
Elle sourit en relevant la tête. Au travers de la fenêtre toute proche, elle voyait Eragon émerger de la grange, suivit de près par Saphira.
Sanya enfila très vite une tenue plus confortable que la veille. Elle laissait sa jolie toilette pour une tunique et un pantalon de toile épaisse. Elle ne devait pas servir aujourd’hui. Elle serait ainsi plus à l’aise.
Elle alla jusqu’à la cuisine et ouvrit à la hâte la porte pour laisser entrer Eragon. Elle l’invita à s’asseoir.
Elle lui proposa tout d’abord de l’eau chaude, s’il voulait se laver. Il ne refusa pas et rejoignit la chambre de la jeune femme pour y faire sa toilette sur son invitation.
Pendant ce temps là, la jeune femme prépara le petit déjeuner conformément au régime du Dragonnier, se rappelant qu’il ne mangeait pas de viande. Elle eut une pensée pour Saphira. Lorsque le Dragonnier refit son apparition, les cheveux encore humide, elle dit :
- Je suppose que les dragons se nourrissent de viande.
- Oui. Ils chassent.
- Mais aimerait-elle quelque chose à manger ?
- Demandons lui.
Eragon posa la question à son amie et transmit la réponse :
- Elle ne voit aucun inconvénient à ce que tu lui offres ce que tu as.
La jeune femme parut heureuse et sortit donc pour s’approcher doucement de Saphira. Elle déposa de la viande crue devant ses pattes avants et lui souhaita un bon appétit. La dragonne la remercia par le biais d’Eragon et mangea. La jeune femme sourit, heureuse de faire plaisir à cette bête qu’elle trouvait fascinante et vraiment magnifique. Elle allait faire la remarque à Eragon, mais celui-ci la devança :
- Elle t’apprécie aussi… Beaucoup.
Sanya ne savait bien sûr pas tout ce dont était capable Eragon. Elle se rappelait la capacité à lire dans les pensées, mais elle ne le réalisait pas vraiment. Elle le regardait sans un mot. Puis elle se décida enfin à lui parler :
- Je ne sais rien des Dragonniers, mais il me semble que vous ayez des capacités qui m’échappent.
- Tu ne dois pas avoir peur de ces capacités. Je ne voulais tout simplement pas te faire peur avec tout ça et j’ai donc volontairement omis de t’en parler.
Ils entendirent frapper à la porte. Leurs deux têtes s’étaient instinctivement tournées en même temps. Sanya se dirigea vers l’entrée pour ouvrir.
Deux soldats se tenaient devant l’entrée. Ils venaient s’entretenir avec la jeune femme. C’était au tour de son auberge de faire les frais de la loi martiale qui régissait la ville et le pays depuis le danger que représentait l’Empire et les Urgals sur les habitants.
Nombres d’hommes et de femmes, ainsi que leurs enfants, avaient déjà quittés la ville pour trouver des cieux meilleurs. Sanya était une des rares personnes à n’avoir pas voulu partir malgré tout. Ici ou ailleurs, elle pensait que le danger était le même. Les soldats étaient présents ici, c’était la seule différence. Parce que malgré cela, personne, y compris elle-même, ne se sentait vraiment hors de danger.
Eragon était resté hors de vue, près de la petite porte, à côté du bar, et il avait écouté avec intérêt les dires des soldats. Il repensait à l’incident de la veille. Eragon regagnait sa place avant que la jeune femme ne revienne. Lorsque Sanya refit son apparition, elle avait triste mine. Eragon savait exactement ce qui se passait. Elle devait fermer son auberge, définitivement ! Eragon en semblait vraiment peiné. La jeune femme se demandait bien ce qu’elle allait devenir. Eragon se sentait un peu fautif, même si cela n’avait pas vraiment à voir avec l’incident de la veille. Il voulait trouver une solution. Il réfléchissait très vite, cherchant une idée qui redonnerait le sourire à la jeune femme.
Il avait beau retourner le problème dans sa tête, il ne voyait qu’une solution, lui proposer asile et la conduire sous protection. Il s’était entretenu tout d’abord avec Saphira pour qu’elle l’aide à trouver une solution. Elle paraissait d’accord avec le fait qu’ils devaient lui venir en aide comme elle était venue en aide à Eragon. Elle trouvait en fait l’idée d’Eragon très bonne.
Il proposa donc son idée à la jeune femme. Elle l’écoutait avec attention, les yeux fixés sur les siens. Il lui fallut tout de même un moment avant de répondre, le temps d’enregistrer ses paroles, le temps pour elle de les assimiler.
Elle fit rapidement le pour et le contre, retournant mainte fois les paroles d’Eragon dans sa tête. Il lui fallait tout quitter pour refaire sa vie ailleurs, tout recommencer, encore une fois. L’idée lui parut tout d’abord folle. Mais plus elle y réfléchissait, plus elle savait qu’elle n’avait plus vraiment le choix. Sa réponse ne surprit pas le Dragonnier quand elle la lui fit connaître :
- Je crois que je préfère encore vivre en exil que de rester ici, ruinée et exposée aux dangers de la rue. Je m’en remets à toi.
- Tu as raison de me faire confiance. Je prendrai soin de toi, jusqu’à ce que tu sois en lieu sûr, sous bonne garde, promit-il.
Le jeune homme était heureux de voir qu’elle lui faisait confiance. La jeune femme, elle, se réjouissait de passer du temps avec Eragon. Elle souhaitait se rapprocher de lui, apprendre à connaître ce garçon plein de surprise et c’était l’occasion rêvée.
Un sourire timide s’affichait sur les lèvres de Sanya. Elle oubliait qu’Eragon ressentait certaines de ses pensées. Eragon ne montra toutefois aucune réaction.
Il devait maintenant organiser leur départ. Il fallait savoir où conduire vraiment la jeune femme pour qu’elle soit réellement en sûreté.
Elle trouva difficilement le sommeil. Ses rêves étaient confus et mouvementés. Elle pensait encore au fait qu’Eragon soit obligé de dormir dans la grange, se sentant coupable de ce qui était arrivé plus tôt. Elle se réveilla plusieurs fois dans la nuit et ne retrouvait le sommeil qu’après plusieurs minutes passées à tenter de se rassurer.
Sanya ouvrit enfin les yeux, réveillée par les premiers rayons du soleil. Elle se redressait et quittait lentement la chaleur de son lit pour se diriger vers la bassine posée sur la coiffeuse. Un coup d’œil dans le miroir l’effraya. Elle n’aima pas le reflet qu’elle y trouva. Elle avait mauvaise mine. Elle avait des cernes sous les yeux et ceux-ci étaient rougis par les larmes de la veille.
Elle se passa tout d’abord de l’eau fraîche sur le visage. Cela la réveilla. L’eau lui glissa dans le cou avant qu’elle se sèche et elle eut un frisson. Elle alla ensuite à la cuisine pour faire chauffer un peu d’eau pour qu’elle puisse faire sa toilette. Ensuite, elle se coiffa.
Elle sourit en relevant la tête. Au travers de la fenêtre toute proche, elle voyait Eragon émerger de la grange, suivit de près par Saphira.
Sanya enfila très vite une tenue plus confortable que la veille. Elle laissait sa jolie toilette pour une tunique et un pantalon de toile épaisse. Elle ne devait pas servir aujourd’hui. Elle serait ainsi plus à l’aise.
Elle alla jusqu’à la cuisine et ouvrit à la hâte la porte pour laisser entrer Eragon. Elle l’invita à s’asseoir.
Elle lui proposa tout d’abord de l’eau chaude, s’il voulait se laver. Il ne refusa pas et rejoignit la chambre de la jeune femme pour y faire sa toilette sur son invitation.
Pendant ce temps là, la jeune femme prépara le petit déjeuner conformément au régime du Dragonnier, se rappelant qu’il ne mangeait pas de viande. Elle eut une pensée pour Saphira. Lorsque le Dragonnier refit son apparition, les cheveux encore humide, elle dit :
- Je suppose que les dragons se nourrissent de viande.
- Oui. Ils chassent.
- Mais aimerait-elle quelque chose à manger ?
- Demandons lui.
Eragon posa la question à son amie et transmit la réponse :
- Elle ne voit aucun inconvénient à ce que tu lui offres ce que tu as.
La jeune femme parut heureuse et sortit donc pour s’approcher doucement de Saphira. Elle déposa de la viande crue devant ses pattes avants et lui souhaita un bon appétit. La dragonne la remercia par le biais d’Eragon et mangea. La jeune femme sourit, heureuse de faire plaisir à cette bête qu’elle trouvait fascinante et vraiment magnifique. Elle allait faire la remarque à Eragon, mais celui-ci la devança :
- Elle t’apprécie aussi… Beaucoup.
Sanya ne savait bien sûr pas tout ce dont était capable Eragon. Elle se rappelait la capacité à lire dans les pensées, mais elle ne le réalisait pas vraiment. Elle le regardait sans un mot. Puis elle se décida enfin à lui parler :
- Je ne sais rien des Dragonniers, mais il me semble que vous ayez des capacités qui m’échappent.
- Tu ne dois pas avoir peur de ces capacités. Je ne voulais tout simplement pas te faire peur avec tout ça et j’ai donc volontairement omis de t’en parler.
Ils entendirent frapper à la porte. Leurs deux têtes s’étaient instinctivement tournées en même temps. Sanya se dirigea vers l’entrée pour ouvrir.
Deux soldats se tenaient devant l’entrée. Ils venaient s’entretenir avec la jeune femme. C’était au tour de son auberge de faire les frais de la loi martiale qui régissait la ville et le pays depuis le danger que représentait l’Empire et les Urgals sur les habitants.
Nombres d’hommes et de femmes, ainsi que leurs enfants, avaient déjà quittés la ville pour trouver des cieux meilleurs. Sanya était une des rares personnes à n’avoir pas voulu partir malgré tout. Ici ou ailleurs, elle pensait que le danger était le même. Les soldats étaient présents ici, c’était la seule différence. Parce que malgré cela, personne, y compris elle-même, ne se sentait vraiment hors de danger.
Eragon était resté hors de vue, près de la petite porte, à côté du bar, et il avait écouté avec intérêt les dires des soldats. Il repensait à l’incident de la veille. Eragon regagnait sa place avant que la jeune femme ne revienne. Lorsque Sanya refit son apparition, elle avait triste mine. Eragon savait exactement ce qui se passait. Elle devait fermer son auberge, définitivement ! Eragon en semblait vraiment peiné. La jeune femme se demandait bien ce qu’elle allait devenir. Eragon se sentait un peu fautif, même si cela n’avait pas vraiment à voir avec l’incident de la veille. Il voulait trouver une solution. Il réfléchissait très vite, cherchant une idée qui redonnerait le sourire à la jeune femme.
Il avait beau retourner le problème dans sa tête, il ne voyait qu’une solution, lui proposer asile et la conduire sous protection. Il s’était entretenu tout d’abord avec Saphira pour qu’elle l’aide à trouver une solution. Elle paraissait d’accord avec le fait qu’ils devaient lui venir en aide comme elle était venue en aide à Eragon. Elle trouvait en fait l’idée d’Eragon très bonne.
Il proposa donc son idée à la jeune femme. Elle l’écoutait avec attention, les yeux fixés sur les siens. Il lui fallut tout de même un moment avant de répondre, le temps d’enregistrer ses paroles, le temps pour elle de les assimiler.
Elle fit rapidement le pour et le contre, retournant mainte fois les paroles d’Eragon dans sa tête. Il lui fallait tout quitter pour refaire sa vie ailleurs, tout recommencer, encore une fois. L’idée lui parut tout d’abord folle. Mais plus elle y réfléchissait, plus elle savait qu’elle n’avait plus vraiment le choix. Sa réponse ne surprit pas le Dragonnier quand elle la lui fit connaître :
- Je crois que je préfère encore vivre en exil que de rester ici, ruinée et exposée aux dangers de la rue. Je m’en remets à toi.
- Tu as raison de me faire confiance. Je prendrai soin de toi, jusqu’à ce que tu sois en lieu sûr, sous bonne garde, promit-il.
Le jeune homme était heureux de voir qu’elle lui faisait confiance. La jeune femme, elle, se réjouissait de passer du temps avec Eragon. Elle souhaitait se rapprocher de lui, apprendre à connaître ce garçon plein de surprise et c’était l’occasion rêvée.
Un sourire timide s’affichait sur les lèvres de Sanya. Elle oubliait qu’Eragon ressentait certaines de ses pensées. Eragon ne montra toutefois aucune réaction.
Il devait maintenant organiser leur départ. Il fallait savoir où conduire vraiment la jeune femme pour qu’elle soit réellement en sûreté.
Invité- Invité
Chapitre 5
VOYAGE A DOS DE DRAGON
La jeune femme prit quelques affaires et se vêtit de façon confortable. Elle sentait qu’un long voyage les attendait. Il fallait aussi des vivres pour le voyage. Sanya avait fait le tour du garde-manger et n’avait prit que le strict nécessaire.
Il subsistait cependant une question qui la torturait, comment allait-elle voyager ? Elle ne possédait pas de cheval et ses maigres économies ne suffiraient pas à en acquérir un.
Eragon, encore une fois, devança la question :
- Je me suis entretenu avec Saphira. Elle est d’accord et s’est proposée pour te porter, pour nous porter, jusqu’à notre destination. Il nous faut juste attendre une réponse pour savoir si ton arrivée là où je veux te conduire ne posera pas de problème.
- Je vais voler ?
- Il me semble que oui.
Sanya n’osait pas imaginer ce voyage. Le cœur battant et le sourire aux lèvres, elle réalisait à peine la chance qui lui était offerte. Une immense appréhension lui tordit toutefois les entrailles : elle n’avait jamais volé. Cette perspective l’enchantait pourtant vraiment beaucoup.
La réponse tant attendue par Eragon ne tardait pas à se faire connaître. Il avait décidé de conduire Sanya à Ellesméra. L’accord lui avait été donné par Oromis, à qui il avait pu envoyer un message succinct. Il lui avait transmis l’accord de la transporter là-bas. Eragon savait qu’elle serait en sécurité parmi les elfes. Sanya ne savait toutefois pas ce qui l’attendait et Eragon ne souhaitait pas lui dire pour l’instant.
Le voyage allait donc bientôt commencer. Les vivres étaient emballés et soigneusement rangés dans les bats. La jeune femme ne s’était pas encombrée de beaucoup de choses. Elle avait pris un peu de linge de rechange et c’était tout. Elle avait enfilé une tunique de lin, plus chaude que celles qu’elle portait habituellement. Elle avait opté pour un pantalon épais et une veste épaisse, elle aussi. Elle se doutait qu’ils devraient supporter des températures assez froides, là-haut. Elle pensa même à des couvertures.
Eragon donna quelques consignes à Sanya avant de l’aider à s’installer sur la selle. Il se plaça ensuite derrière elle et glissa ses pieds dans les étriers. Sanya agrippait fermement l’arçon de la selle. Les mains d’Eragon venaient naturellement se placer près des siennes. Eragon était collé à elle. Elle ressentit un frisson en sachant qu’elle allait toujours être aussi proche de lui durant le voyage.
Elle se sentait légère, en confiance. Elle n’avait vraiment pas peur. Elle savait, elle le sentait, qu’elle pouvait avoir une totale confiance. Une appréhension restait pourtant toujours présente. Eragon avait ressentit la même chose lors de son premier vrai vol avec Saphira. Il rassura tout naturellement la jeune femme :
- Je serai là pour te retenir si tu glisses, et Saphira saura te rattraper si tu devais tomber. Tu n’as aucune crainte à avoir. Tout se passera bien.
- Je n’ai pas peur.
Elle n’avait réellement pas peur, contrairement à ce qu’aurait pu croire Eragon, mais son cœur battait la chamade à l’idée d’une chevauchée aussi fantastique.
Sanya laissait son auberge avec regret derrière elle, mais elle songeait à tout ce que lui ferait découvrir le Dragonnier.
Saphira prit son élan, se hissant sur ses pattes arrières et elle prit son envol. Ils avaient enfin quitté la terre ferme et prit très vite de la hauteur. Il survolèrent ensuite la cité vers le nord-est et la quittèrent tout aussi rapidement.
Sanya s’émerveillait du paysage. Elle s’émerveillait de la vue fantastique qu’on avait de si haut. Tout lui paraissait merveilleux en fait et plus petit, aussi.
Le vent balayait ses cheveux et sifflait à ses oreilles, mais elle n’y prêta pas attention pour regarder tout autour d’elle. Elle était souriante et regardait dans toutes les directions, elle scrutait tout dans le moindre détails. Elle gravait chaque image, chaque vision, chaque sensation, au plus profond d’elle-même. Elle savait qu’elle ne pourrait pas oublier ce fabuleux voyage, quoi qu’il se passe. Eragon souriait en la voyant aussi ébahie.
Sanya sentait la fatigue la gagner et Eragon la ressentit, lui aussi. Ils voyageaient depuis le matin et le soleil amorçait déjà sa descente. Ils avaient à peine fait une brève halte pour déjeuner. Puis ils avaient reprit la voix des airs jusqu’au couché du soleil. La journée était passée si vite, pourtant. Les premières étoiles faisaient leur apparition.
Eragon demanda enfin à Saphira de se poser. Il installa le campement et alluma un feu. Sanya installa, quant à elle, les couvertures en prévision de la nuit fraîche qui s’annonçait. Elle ne regrettait pas d’avoir pris de bonnes couvertures.
Ils dînèrent ce qu’avait préparé Eragon et Sanya alla se coucher, morte de fatigue. Elle s’enroula dans sa couverture, ne laissant rien dépasser et s’endormit très vite.
Eragon n’allait pas se coucher tout de suite. Il préférait monter la garde. Viendrait ensuite le tour de Saphira.
La nuit fut calme et Sanya se réveilla bien reposée. L’air du matin était vivifiant. Elle se redressa et se sortit enfin de ses couvertures. Elle ferma les yeux un moment en respirant les odeurs de cette nature si fabuleuse qu’elle n’avait jamais vraiment connu. La rosée faisait remonter une odeur de terre humide et les arbres alentours donnait une note parfumée à cet ensemble.
Elle s’éloigna un peu du campement pour trouver un peu d’eau. Elle n’eut pas besoin d’aller loin. Elle trouva un petit cours d’eau à quelques pas et put se rafraîchir. Elle remplit également les gourdes pour la poursuite du voyage.
Lorsqu’elle revint, Eragon avait déjà remballé les affaires et éteint le feu. Ils étaient fin prêts à partir. Le temps était clément et la rosée disparaissait déjà aux premiers rayons du soleil. La lumière envahissait la clairière où ils se trouvaient. Elle baignait tout d’une lumière dorée intense qui faisait plisser les yeux de la jeune fille. Les premiers rayons apportaient aussi un peu de chaleur.
Eragon aida Sanya à s’installer sur la selle avant de s’y installer lui-même. Ils repartaient pour une nouvelle journée de vol. Sanya regardait tout avec attention. Elle découvrait de nouveaux paysages. Elle ne connaissait pas beaucoup de choses. Elle découvrait une nouvelle façon de voyager.
À la mi-journée, ils firent halte pour manger, boire, se reposer quelques minutes et se dégourdir les jambes. Puis ils repartirent. Eragon ne souhaitait pas faire de mauvaises rencontres. Ils s’arrêtaient donc dans des clairières reculées ou dans des grottes qui n’étaient pas facilement visibles et décelables.
Sanya commença à ressentir le mal d’une longue chevauchée. Ses cuisses la faisaient en effet souffrir. Elle ne connaissait pas ce mal. Les longues journées passées sur la selle de Saphira lui causaient un mal nouveau, elle souffrait mais se plaignait pas. Il lui fallait simplement le temps de s’habituer à chevaucher.
Elle n’en avait pas parlé à Eragon, mais elle était certaine qu’il le savait. Elle ne voulait cependant pas se plaindre, pensant qu’il valait mieux prendre sur elle et continuer de souffrir le temps que les muscles s’habituent.
Une nouvelle nuit fraîche s’annonçait. Celle-ci l’était plus particulièrement. Sanya n’avait pas réellement prévu de telles températures. Elle tremblait sous ses couvertures qui étaient vraiment trop fines. Eragon lui passa une autre couverture, l’une des siennes, mais cela ne suffît malheureusement pas à la réchauffer. Elle avait vraiment froid. Elle avait beau se mettre en boule, se serrer au maximum, elle sentait ses membres trembler.
Eragon lui proposa de s’installer près de Saphira pour que celle-ci lui apporte un peu de chaleur. Elle rendit la couverture à Eragon, pour ne pas qu’il est froid. Et se releva, enroulée dans sa couverture et elle se colla contre le poitrail de Saphira. Celle-ci s’était mise légèrement de côté pour que la jeune femme se plaque contre elle. Il était vrai qu’elle dégageait une certaine chaleur. Sanya se sentit vite mieux. Elle trouva rapidement le sommeil et Saphira replia son aile sur la jeune femme pour conserver un maximum de chaleur.
La jeune femme prit quelques affaires et se vêtit de façon confortable. Elle sentait qu’un long voyage les attendait. Il fallait aussi des vivres pour le voyage. Sanya avait fait le tour du garde-manger et n’avait prit que le strict nécessaire.
Il subsistait cependant une question qui la torturait, comment allait-elle voyager ? Elle ne possédait pas de cheval et ses maigres économies ne suffiraient pas à en acquérir un.
Eragon, encore une fois, devança la question :
- Je me suis entretenu avec Saphira. Elle est d’accord et s’est proposée pour te porter, pour nous porter, jusqu’à notre destination. Il nous faut juste attendre une réponse pour savoir si ton arrivée là où je veux te conduire ne posera pas de problème.
- Je vais voler ?
- Il me semble que oui.
Sanya n’osait pas imaginer ce voyage. Le cœur battant et le sourire aux lèvres, elle réalisait à peine la chance qui lui était offerte. Une immense appréhension lui tordit toutefois les entrailles : elle n’avait jamais volé. Cette perspective l’enchantait pourtant vraiment beaucoup.
La réponse tant attendue par Eragon ne tardait pas à se faire connaître. Il avait décidé de conduire Sanya à Ellesméra. L’accord lui avait été donné par Oromis, à qui il avait pu envoyer un message succinct. Il lui avait transmis l’accord de la transporter là-bas. Eragon savait qu’elle serait en sécurité parmi les elfes. Sanya ne savait toutefois pas ce qui l’attendait et Eragon ne souhaitait pas lui dire pour l’instant.
Le voyage allait donc bientôt commencer. Les vivres étaient emballés et soigneusement rangés dans les bats. La jeune femme ne s’était pas encombrée de beaucoup de choses. Elle avait pris un peu de linge de rechange et c’était tout. Elle avait enfilé une tunique de lin, plus chaude que celles qu’elle portait habituellement. Elle avait opté pour un pantalon épais et une veste épaisse, elle aussi. Elle se doutait qu’ils devraient supporter des températures assez froides, là-haut. Elle pensa même à des couvertures.
Eragon donna quelques consignes à Sanya avant de l’aider à s’installer sur la selle. Il se plaça ensuite derrière elle et glissa ses pieds dans les étriers. Sanya agrippait fermement l’arçon de la selle. Les mains d’Eragon venaient naturellement se placer près des siennes. Eragon était collé à elle. Elle ressentit un frisson en sachant qu’elle allait toujours être aussi proche de lui durant le voyage.
Elle se sentait légère, en confiance. Elle n’avait vraiment pas peur. Elle savait, elle le sentait, qu’elle pouvait avoir une totale confiance. Une appréhension restait pourtant toujours présente. Eragon avait ressentit la même chose lors de son premier vrai vol avec Saphira. Il rassura tout naturellement la jeune femme :
- Je serai là pour te retenir si tu glisses, et Saphira saura te rattraper si tu devais tomber. Tu n’as aucune crainte à avoir. Tout se passera bien.
- Je n’ai pas peur.
Elle n’avait réellement pas peur, contrairement à ce qu’aurait pu croire Eragon, mais son cœur battait la chamade à l’idée d’une chevauchée aussi fantastique.
Sanya laissait son auberge avec regret derrière elle, mais elle songeait à tout ce que lui ferait découvrir le Dragonnier.
Saphira prit son élan, se hissant sur ses pattes arrières et elle prit son envol. Ils avaient enfin quitté la terre ferme et prit très vite de la hauteur. Il survolèrent ensuite la cité vers le nord-est et la quittèrent tout aussi rapidement.
Sanya s’émerveillait du paysage. Elle s’émerveillait de la vue fantastique qu’on avait de si haut. Tout lui paraissait merveilleux en fait et plus petit, aussi.
Le vent balayait ses cheveux et sifflait à ses oreilles, mais elle n’y prêta pas attention pour regarder tout autour d’elle. Elle était souriante et regardait dans toutes les directions, elle scrutait tout dans le moindre détails. Elle gravait chaque image, chaque vision, chaque sensation, au plus profond d’elle-même. Elle savait qu’elle ne pourrait pas oublier ce fabuleux voyage, quoi qu’il se passe. Eragon souriait en la voyant aussi ébahie.
Sanya sentait la fatigue la gagner et Eragon la ressentit, lui aussi. Ils voyageaient depuis le matin et le soleil amorçait déjà sa descente. Ils avaient à peine fait une brève halte pour déjeuner. Puis ils avaient reprit la voix des airs jusqu’au couché du soleil. La journée était passée si vite, pourtant. Les premières étoiles faisaient leur apparition.
Eragon demanda enfin à Saphira de se poser. Il installa le campement et alluma un feu. Sanya installa, quant à elle, les couvertures en prévision de la nuit fraîche qui s’annonçait. Elle ne regrettait pas d’avoir pris de bonnes couvertures.
Ils dînèrent ce qu’avait préparé Eragon et Sanya alla se coucher, morte de fatigue. Elle s’enroula dans sa couverture, ne laissant rien dépasser et s’endormit très vite.
Eragon n’allait pas se coucher tout de suite. Il préférait monter la garde. Viendrait ensuite le tour de Saphira.
La nuit fut calme et Sanya se réveilla bien reposée. L’air du matin était vivifiant. Elle se redressa et se sortit enfin de ses couvertures. Elle ferma les yeux un moment en respirant les odeurs de cette nature si fabuleuse qu’elle n’avait jamais vraiment connu. La rosée faisait remonter une odeur de terre humide et les arbres alentours donnait une note parfumée à cet ensemble.
Elle s’éloigna un peu du campement pour trouver un peu d’eau. Elle n’eut pas besoin d’aller loin. Elle trouva un petit cours d’eau à quelques pas et put se rafraîchir. Elle remplit également les gourdes pour la poursuite du voyage.
Lorsqu’elle revint, Eragon avait déjà remballé les affaires et éteint le feu. Ils étaient fin prêts à partir. Le temps était clément et la rosée disparaissait déjà aux premiers rayons du soleil. La lumière envahissait la clairière où ils se trouvaient. Elle baignait tout d’une lumière dorée intense qui faisait plisser les yeux de la jeune fille. Les premiers rayons apportaient aussi un peu de chaleur.
Eragon aida Sanya à s’installer sur la selle avant de s’y installer lui-même. Ils repartaient pour une nouvelle journée de vol. Sanya regardait tout avec attention. Elle découvrait de nouveaux paysages. Elle ne connaissait pas beaucoup de choses. Elle découvrait une nouvelle façon de voyager.
À la mi-journée, ils firent halte pour manger, boire, se reposer quelques minutes et se dégourdir les jambes. Puis ils repartirent. Eragon ne souhaitait pas faire de mauvaises rencontres. Ils s’arrêtaient donc dans des clairières reculées ou dans des grottes qui n’étaient pas facilement visibles et décelables.
Sanya commença à ressentir le mal d’une longue chevauchée. Ses cuisses la faisaient en effet souffrir. Elle ne connaissait pas ce mal. Les longues journées passées sur la selle de Saphira lui causaient un mal nouveau, elle souffrait mais se plaignait pas. Il lui fallait simplement le temps de s’habituer à chevaucher.
Elle n’en avait pas parlé à Eragon, mais elle était certaine qu’il le savait. Elle ne voulait cependant pas se plaindre, pensant qu’il valait mieux prendre sur elle et continuer de souffrir le temps que les muscles s’habituent.
Une nouvelle nuit fraîche s’annonçait. Celle-ci l’était plus particulièrement. Sanya n’avait pas réellement prévu de telles températures. Elle tremblait sous ses couvertures qui étaient vraiment trop fines. Eragon lui passa une autre couverture, l’une des siennes, mais cela ne suffît malheureusement pas à la réchauffer. Elle avait vraiment froid. Elle avait beau se mettre en boule, se serrer au maximum, elle sentait ses membres trembler.
Eragon lui proposa de s’installer près de Saphira pour que celle-ci lui apporte un peu de chaleur. Elle rendit la couverture à Eragon, pour ne pas qu’il est froid. Et se releva, enroulée dans sa couverture et elle se colla contre le poitrail de Saphira. Celle-ci s’était mise légèrement de côté pour que la jeune femme se plaque contre elle. Il était vrai qu’elle dégageait une certaine chaleur. Sanya se sentit vite mieux. Elle trouva rapidement le sommeil et Saphira replia son aile sur la jeune femme pour conserver un maximum de chaleur.
Invité- Invité
Re: Sanya et Eragon
Bon ben vu que je suis une fan de la saga Eragon je viens de lire ta fic ! Et je dois dire que j'aime beaucoup, un nouveau personnage en plus, avec son point de vue sa change un peu de toujours être dans la tête d'Eragon ^^ Bref tu écris très bien, ça fait très Christopher Paolini au féminin =)
Elwing- Flic en uniforme
- Personnage préféré : Patrick Jane :p ; Kimball Cho ;)
Loisirs : Lecture/Ecriture-Cinéma-Série TV
Localisation : Winterfell
Re: Sanya et Eragon
Merci beaucoup! Et des que possible, je poste la suite, c'est promis! ^^ je suis flattée du compliment! J'adore écrire. D'ailleurs, je poste aussi mon premier roman non modofié parce qu pour des raisons de droits, je dois changer les noms, je compte le faire publier
Invité- Invité
Re: Sanya et Eragon
Wahou ben bravo ! j'espère que ca marchera pour toi =D
Elwing- Flic en uniforme
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Loisirs : Lecture/Ecriture-Cinéma-Série TV
Localisation : Winterfell
Re: Sanya et Eragon
Merci! J'aimerais beaucoup. Pas que je tienne a devenir célèbre LOL mais c'est une suite logique je pense quand on a écrit et repris sur les thèmes des autres de faire sa propre histoire. Je croise les doigts tre fort et je travaille dur pour rendre ve livre intéressant. Espérons qu'il plaise
Invité- Invité
Chapitre 6
6
ATTAQUE D’URGALS
ET CONFESSIONS
Eragon réfléchissait à l’itinéraire le plus adapté pour rejoindre Ellesméra. Il avait décidé de contourner le désert, pour ne pas être sûr de ne pas être privé d’eau ni de nourriture.
Il amorçait son tour de garde. Il maintenait le feu allumer. Il se réchauffait les mains sur celui-ci, enrouler dans ses couvertures. Et il n’avait pas froid.
La nuit était bien avancée. Un bruit suspect fit relever la tête de la dragonne. Eragon avait réagi en même temps qu’elle. Sanya dormait toujours profondément, ne percevant évidemment pas les bruits comme pouvaient les percevoir le Dragonnier et sa monture. Saphira n’avait pas fait de geste brusque, ne troublant ainsi pas le sommeil de la jeune fille sans raison.
Eragon se leva doucement et demanda à Saphira de veiller sur Sanya. Il voulait s’assurer qu’aucun danger ne guettait. Il prit Zar’roc dans les bats et s’avançait doucement vers les premiers arbres, s’éloignant du campement.
Saphira renifla l’air et regarda tout autour d’elle. Elle veillait toujours sur Sanya qui n’avait rien perçu de la scène et dormait toujours profondément.
À peine Eragon s’était-il éloigné et disparaissait derrière les premiers arbres, que deux Urgals apparurent. Saphira grogna. Sanya se réveilla en sursaut. Elle avait perçu le grognement profond qui faisait trembler sa poitrine. Ses grognements l’avait fait trembler et le réveil était foudroyant. Elle se redressa et vit les deux créatures s’avancer vers elles.
Saphira se redressa à son tour. Elle grogna encore pour essayer de faire peur aux deux assaillants. Elle vit que ça n’avait aucun effet, alors elle mugit, bouche grande ouverte, montrant ses crocs.
Sanya fut impressionnée. Elle en eut un frisson. Elle ne connaissait pas réellement les dragons. Mais elle était davantage effrayée par les créatures qui s’avançaient toujours et elle ne bougeait tout simplement pas, faisant confiance à la dragonne pour la défendre.
Les Urgals ne s’arrêtaient toujours pas. Ils continuaient d’avancer vers la dragonne et vers elle. La dragonne se mit sur ses pattes à une vitesse fulgurante. Sanya avait reculé, effrayée par ce geste brusque. Elle en tomba à la renverse. Elle ne savait pas trop ce qu’elle devait faire. Crier aurait été inutile. Elle se redressa et recula jusqu’à se blottir contre l’une des pattes avant de Saphira. Celle-ci l’attrapa par un morceau de vêtement pris entre ses crocs et la souleva pour la poser sur son dos. Ainsi perchée, elle avait une vision globale de la scène. Elle regardait les Urgals s’avancer encore sur elles.
Eragon avait fait demi-tour et courait vers Saphira, Zar’roc dans sa main droite. Il s’avança lentement vers le premier Urgal qui s’était tourné vers lui et qui courait vers lui en hurlant, épée levée, sur lui.
Le deuxième Urgal, quant à lui, s’avançait vers la dragonne, lui aussi, épée à la main. Celle-ci reculait pour échapper à son assaillant. Mais elle dû vite s’arrêter. Elle ne pouvait plus bouger. Ses pattes arrières se trouvaient sur le rebord de la falaise sur laquelle ils avaient installé le campement.
Elle cracha un long jet de flamme pour éloigner son agresseur et ainsi pouvoir s’avancer un peu pour ne pas risquer de chuter. Mais cela n’eut pas beaucoup d’effet. L’Urgal roula au sol et se releva à une vitesse effrayante, ne laissant pas le temps à la dragonne de s’avancer.
Sanya regardait les deux assaillants s’attaquer à ses nouveaux amis, impuissante. Elle regrettait de ne pas pouvoir leur venir en aide.
Eragon fit un mouvement pour éviter une attaque et profita du fait que l’Urgal lui exposait son flanc pour attaquer à son tour. L’Urgal s’effondra pour ne plus se relever.
Il courut ensuite vers le deuxième Urgal. Il voulait libérer Saphira qui ne savait plus quoi faire pour éviter l’Urgal qui allait la blesser. Il n’eut pas le temps de la frapper. Il entendit Eragon courir vers lui.
L’Urgal eut un sursaut d’orgueil. Sanya sentit sa main s’emparer de son pied. Elle était trop absorber par la vue d’Eragon qui fonçait sur eux pour les défendre. Elle glissa et quitta la selle. Elle tomba durement sur le sol et se fit mal.
Elle se moquait de la douleur de la chute. Elle ne sentait plus l’emprise du monstre et se roula sous le poitrail de Saphira pour passer sur l’autre côté.
Eragon profita de ce fait pour passer à l’attaque. L’Urgal fit un pas en arrière et Saphira arriva enfin à s’éloigner du ravin d’où elle risquait de chuter.
Eragon risqua encore une feinte pour faire peur à son assaillant, mais son pied glissa du rebord de la falaise et il disparut dans le vide. Saphira s’élança rapidement et le récupéra en plein vol. Ils remontaient maintenant sur le haut de la falaise où Sanya était malheureusement restée seule.
L’Urgal s’était bien évidemment dirigé vers elle. Il voulait sa victime et s’avançait vers elle pour satisfaire son désir. Sanya tomba à la renverse en se prenant les pieds dans une pierre qui sortait du sol, voulant échapper à l’horrible créature. Elle ne se releva pas tout de suite et recula comme elle put.
L’Urgal s’avançait plus vite sur elle, bras levé, épée à la main. Il était maintenant très près et allait abaisser son bras, son épée allait bientôt s’abattre sur la pauvre jeune femme, morte de peur. Sanya ferma les yeux, persuadée qu’elle vivait ses derniers instants. Elle priait très fort et cria enfin :
- Eragon ! Saphira !…
Saphira émergeait soudain des profondeurs du ravin. Eragon ne tarda pas et sauta du dos de la dragonne pour se retrouver entre l’Urgal et Sanya, s’opposant ainsi à l’agresseur, Zar’roc tendu devant lui.
- Tu croyais t’en tiré à si bon compte ? dit Eragon à l’Urgal incrédule.
Il fit un pas en arrière et grogna, dévoilant des dents pointues et jaunes. Les yeux rouges de la créature montraient une expression de cruauté intense.
Eragon allait frapper, mais son regard fut attiré par l’arrivée de quatre autres Urgals. Ils firent leur apparition à l’orée du bois.
Eragon, surpris, ne perdit pas de temps pour tuer celui qui lui faisait face en tendant le bras avec force, transperçant l’horrible créature de part en part. L’Urgal, sans vie, s’effondra et permit à Eragon de passer au suivant.
Deux Urgals se dirigeaient vers Saphira, les deux autres, sur Eragon. Sanya s’était relevée à la hâte et courait vers Saphira avant que les Urgals ne l’atteignent. Saphira aida une fois de plus Sanya à se hisser sur son dos. Elle envoyait des jets de flamme lorsqu’un Urgal s’approchait trop près d’elles. Sanya était bien agrippée à l’arçon de la selle et observait la scène avec intérêt et frayeur mélangés.
Saphira cracha de larges jets de flamme pour éloigner assez les Urgals d’elle. Elle en tua un en le rôtissant ainsi. Elle vit ensuite le deuxième Urgal se diriger maintenant vers Eragon.
Eragon, maintenant, tenait tête à trois agresseurs. Saphira profita de l’écart de l’un d’eux pour en attraper un. Elle le jeta ensuite dans le vide. Il disparaissait en poussant un cri effrayant.
Eragon était pris en tenaille entre deux Urgals et ne les quittait pas des yeux pour épier le moindre geste.
Saphira étant plus à l’aise dans les airs, elle avait pris son envol. Sanya surprise, se tenait fermement à l’arçon et serrant ses jambes contre le poitrail de la dragonne, ses pieds étant n’atteignant pas les étriers.
Dans un virage que Saphira effectua pour attraper un des monstres, Sanya glissa dangereusement et ne put se rattraper. Elle fit une belle chute et son flanc heurta une pierre au sol. Elle se releva en se tenant les côtes.
Elle était assez loin du combat et regardait les deux Urgals essayer de toucher Eragon. Saphira continuait ses manœuvres pour attraper l’une des créatures et laisser le champ libre à Eragon pour se débarrasser du dernier Urgal.
Eragon était toujours entre les deux Urgals, à attendre le moindre signe de faiblesse, le moindre mouvement, pour savoir dans quelle direction attaquer.
Sanya voyait Saphira s’éloigner pour faire demi-tour. Elle vit Eragon faire un écart pour éviter une attaque et sentit une forte sensation d’impuissance. Elle regardait le combat se dérouler sous ses yeux et sentait son cœur cogner contre sa poitrine.
Elle vit Eragon être déséquilibré et tomber. Saphira était encore trop loin. L’un des Urgal attaquait et Eragon parait, mais il fallait faire quelque chose, sinon, il allait se faire tuer ! La jeune femme en était convaincue.
Elle ne se posa plus la moindre question et d’instinct, se mit à courir en direction du combat en criant.
Saphira arriva sur Eragon mais trop juste pour se saisir, dans un premier temps, du monstre. Elle dut manœuvrer avant de pouvoir l’attraper et Eragon ne pouvait toujours pas se relever.
Sanya se plaça dans le dos d’Eragon et s’interposa entre l’Urgal et celui-ci. Saphira allait attraper la créature quand il fit un geste pour frapper la jeune femme. L’Urgal avait tendu son bras, épée droit devant lui pour transpercer la jeune femme, mais la lame ripa sur les griffes de Saphira qui intervenait. Elle ne parvint pas à attraper le monstre, cette fois encore et fit un autre demi-tour à la hâte. La jeune femme ne fit même pas un écart et la lame parvint à l’atteindre.
Eragon entendit un cri de douleur perçant. Sanya s’effondra en tenant son côté blessé. Saphira avait enfin attrapé son adversaire et le jetait à son tour dans le vide. Il disparaissait ensuite, poussant un cri à glacer le sang.
Avant de se retourner, Eragon n’eut qu’à tendre Zar’roc devant lui pour embrocher l’Urgal qui tentait de l’embrocher lui-même.
Une fois le dernier Urgal mort, il réalisa ce qui venait de se passer et il se figea en voyant la jeune femme recroquevillée à ses pieds, tremblante.
Saphira se posait près d’Eragon qui s’agenouilla devant elle. Il écartait doucement les doigts de la main de Sanya qui tenait encore fermement sa blessure.
La jeune fille tressaillit en plissant les yeux et en gémissant. La douleur était terrible. Elle ne connaissait pas cette douleur. Elle souffrait atrocement et regardait maintenant Eragon, des larmes dans les yeux.
Celui-ci enleva le gant de sa main droite et la tendit devant lui, la paume face à la blessure. Il regardait la jeune femme et s’expliquait :
- Laisse-moi faire, et tout sera fini dans un moment.
- J’ai mal.
Avant de prononcer la formule, il toucha doucement l’esprit de la jeune femme et lui ôta une partie de la douleur. Il continuait de lui parler :
- Je sais que tu as mal, mais laisse-moi faire, je t’en prie, je ne te ferais aucun mal.
Elle consentit à écarter sa main, qu’elle avait reposé sur la blessure et laissa le jeune homme faire. Elle entendit des mots sortir de la bouche de celui-ci et une chaleur lui glissa le long des côtes. Elle apercevait une faible lumière bleue, mais ne dit rien et laissait le choses se poursuivrent. Elle ne ressentait déjà presque plus aucune douleur et une impression étrange lui courait le long de la peau. Elle put ainsi s’asseoir et regarder son côté pour voir qu’il ne restait aucune trace de la blessure :
- Comment as-tu fait ça ? Et cette lumière, d’où venait-elle ?
- Une autre chose bien utile que savent faire certains magiciens, comme les Dragonniers.
- Tu fais de la magie ?
- Oui. Et la lumière est celle de la magie que j’utilise. Elle est différente pour chaque Dragonnier.
La jeune femme parut abasourdie. Il possédait bien plus de talents qu’elle ne semblait le croire. Elle le regarda et dit :
- Je te remercie… Mais quelles autres choses peux-tu faire ?
- Beaucoup d’autres, mais je ne voudrais paraître prétentieux.
- Non ! Bien sûr que non.
Eragon ne voulut pas rentrer pas dans les détails, mais lui expliqua brièvement, en quelques mots, les talents de magicien que possédait un Dragonnier. Sanya semblait émerveillée :
- C’est vraiment fascinant !
- Mais c’est aussi dangereux. Il ne faut pas en abuser. Quand un Dragonnier abuses de ces pouvoirs, il peut en devenir fou ou mourir. C’est ce qui s’est passé pour Galbatorix. C’est Dragonnier, lui aussi, et tu vois ce qu’il est devenu : un roi cruel.
- Galbatorix ? Un Dragonnier ?
- Oui. Mais c’est une longue histoire. Je ne peux pas te raconter tout ça maintenant. Il nous faut nous remettre en route. Je te la raconterai un jour.
- Je voulais te remercier encore pour ce que tu fais pour moi.
- C’est à moi de te remercier, il semble que tu m’ais sauvé la vie aujourd’hui. Mais, à l’avenir, ne prends pas un tel risque.
- Je suis désolée, dit Sanya en baissant la tête. Mais je sentais qu’il fallait faire quelque chose. Je te voyais mal en point et Saphira faisait ce qu’elle pouvait pour te venir en aide. J’ai ressenti quelque chose d’inexplicable qui m’a poussé à agir. Je ne me suis pas posé la moindre question et j’ai couru.
- Essaye de ne pas prendre ce genre de risque à l’avenir, tu n’as pas mes capacités ou celles de Saphira et il t’en coûterait davantage qu’une simple blessure…
- Pardonne-moi.
Sanya baissa les yeux, un peu honteuse. Elle ne réalisait pas l’étendue de son acte. Elle voulait simplement aider Eragon.
Saphira s’approcha d’Eragon :
« Tu as peut-être été un peu dur avec elle. Après ce qu’elle a fait… Elle a été d’une aide précieuse. Je n’aurais pas aussi bien fait. Et elle t’a sauvé la vie ! »
« Elle n’avait pas à prendre autant de risques. »
« Il y a quelque chose que tu oublies, petit homme. Elle a réagi à ses sentiments ; comme il t’est arrivé de le faire si souvent, rappelles-toi. »
« Ce temps-là est révolu. Des gens y ont laissé la vie. Je sais que tu veux parler de ce qui s’est passé. Je ne veux plus que personne se sacrifie pour moi ! Et je ne veux plus en parler non plus ! »
« Il le faudra bien pourtant. Arya a fait un choix, comme Sanya aujourd’hui. Et elle l’a fait pour toi. »
« Elles n’avaient ni l’une ni l’autre besoin de faire ce choix. Regarde Arya, elle y a laissé la vie. Je m’en suis toujours voulu parce qu’elle l’a fait à cause de moi et de mes sentiments pour elle. »
« Mais elle l’a fait ! »
« N’en parlons plus ! »
Eragon s’éloigna. Sanya profita de cette petite séparation pour s’approcher de Saphira. Elle espérait pouvoir lui parler et qu’elle l’entende :
- Il a l’air torturé, je l’ai bien vu. Et je crois savoir pourquoi. Il pense sûrement que j’ai fait quelque chose de stupide, il pense que j’ai risqué ma vie… Mais je ne saurais pas lui expliquer pourquoi j’ai agi ainsi. Je n’ai répondu qu’à mon instinct. Il me commandait de le faire. Je sais que vous pouvez vous parler, tous les deux. Explique-lui, il comprendra sûrement cela mieux venant de toi.
La jeune femme fit un geste vers la dragonne. Elle glissa sa main sur ses écailles, entre ses cornes, au-dessus de sa tête, en souriant. Elle aimait ce contact. Il était particulier, mais déjà si familier. De plus, Saphira ronronnait et la jeune femme sentait les écailles vibrer sous ses doigts. Curieusement, cela avait pour effet d’emplir la jeune femme de paix et de sérénité, elle se sentait vraiment bien, paisible. Elle poursuivait :
- Ce que j’aimerais pouvoir entendre tes pensées, moi aussi. Je pourrais te parler sans avoir à attendre tes réponses d’Eragon. J’ai tant de questions que je ne peux pas lui poser directement.
Elle se tut en entendant le Dragonnier approcher. Il paraissait encore contrarié. Il dit sur un ton morne :
- Il est temps d’y aller.
ATTAQUE D’URGALS
ET CONFESSIONS
Eragon réfléchissait à l’itinéraire le plus adapté pour rejoindre Ellesméra. Il avait décidé de contourner le désert, pour ne pas être sûr de ne pas être privé d’eau ni de nourriture.
Il amorçait son tour de garde. Il maintenait le feu allumer. Il se réchauffait les mains sur celui-ci, enrouler dans ses couvertures. Et il n’avait pas froid.
La nuit était bien avancée. Un bruit suspect fit relever la tête de la dragonne. Eragon avait réagi en même temps qu’elle. Sanya dormait toujours profondément, ne percevant évidemment pas les bruits comme pouvaient les percevoir le Dragonnier et sa monture. Saphira n’avait pas fait de geste brusque, ne troublant ainsi pas le sommeil de la jeune fille sans raison.
Eragon se leva doucement et demanda à Saphira de veiller sur Sanya. Il voulait s’assurer qu’aucun danger ne guettait. Il prit Zar’roc dans les bats et s’avançait doucement vers les premiers arbres, s’éloignant du campement.
Saphira renifla l’air et regarda tout autour d’elle. Elle veillait toujours sur Sanya qui n’avait rien perçu de la scène et dormait toujours profondément.
À peine Eragon s’était-il éloigné et disparaissait derrière les premiers arbres, que deux Urgals apparurent. Saphira grogna. Sanya se réveilla en sursaut. Elle avait perçu le grognement profond qui faisait trembler sa poitrine. Ses grognements l’avait fait trembler et le réveil était foudroyant. Elle se redressa et vit les deux créatures s’avancer vers elles.
Saphira se redressa à son tour. Elle grogna encore pour essayer de faire peur aux deux assaillants. Elle vit que ça n’avait aucun effet, alors elle mugit, bouche grande ouverte, montrant ses crocs.
Sanya fut impressionnée. Elle en eut un frisson. Elle ne connaissait pas réellement les dragons. Mais elle était davantage effrayée par les créatures qui s’avançaient toujours et elle ne bougeait tout simplement pas, faisant confiance à la dragonne pour la défendre.
Les Urgals ne s’arrêtaient toujours pas. Ils continuaient d’avancer vers la dragonne et vers elle. La dragonne se mit sur ses pattes à une vitesse fulgurante. Sanya avait reculé, effrayée par ce geste brusque. Elle en tomba à la renverse. Elle ne savait pas trop ce qu’elle devait faire. Crier aurait été inutile. Elle se redressa et recula jusqu’à se blottir contre l’une des pattes avant de Saphira. Celle-ci l’attrapa par un morceau de vêtement pris entre ses crocs et la souleva pour la poser sur son dos. Ainsi perchée, elle avait une vision globale de la scène. Elle regardait les Urgals s’avancer encore sur elles.
Eragon avait fait demi-tour et courait vers Saphira, Zar’roc dans sa main droite. Il s’avança lentement vers le premier Urgal qui s’était tourné vers lui et qui courait vers lui en hurlant, épée levée, sur lui.
Le deuxième Urgal, quant à lui, s’avançait vers la dragonne, lui aussi, épée à la main. Celle-ci reculait pour échapper à son assaillant. Mais elle dû vite s’arrêter. Elle ne pouvait plus bouger. Ses pattes arrières se trouvaient sur le rebord de la falaise sur laquelle ils avaient installé le campement.
Elle cracha un long jet de flamme pour éloigner son agresseur et ainsi pouvoir s’avancer un peu pour ne pas risquer de chuter. Mais cela n’eut pas beaucoup d’effet. L’Urgal roula au sol et se releva à une vitesse effrayante, ne laissant pas le temps à la dragonne de s’avancer.
Sanya regardait les deux assaillants s’attaquer à ses nouveaux amis, impuissante. Elle regrettait de ne pas pouvoir leur venir en aide.
Eragon fit un mouvement pour éviter une attaque et profita du fait que l’Urgal lui exposait son flanc pour attaquer à son tour. L’Urgal s’effondra pour ne plus se relever.
Il courut ensuite vers le deuxième Urgal. Il voulait libérer Saphira qui ne savait plus quoi faire pour éviter l’Urgal qui allait la blesser. Il n’eut pas le temps de la frapper. Il entendit Eragon courir vers lui.
L’Urgal eut un sursaut d’orgueil. Sanya sentit sa main s’emparer de son pied. Elle était trop absorber par la vue d’Eragon qui fonçait sur eux pour les défendre. Elle glissa et quitta la selle. Elle tomba durement sur le sol et se fit mal.
Elle se moquait de la douleur de la chute. Elle ne sentait plus l’emprise du monstre et se roula sous le poitrail de Saphira pour passer sur l’autre côté.
Eragon profita de ce fait pour passer à l’attaque. L’Urgal fit un pas en arrière et Saphira arriva enfin à s’éloigner du ravin d’où elle risquait de chuter.
Eragon risqua encore une feinte pour faire peur à son assaillant, mais son pied glissa du rebord de la falaise et il disparut dans le vide. Saphira s’élança rapidement et le récupéra en plein vol. Ils remontaient maintenant sur le haut de la falaise où Sanya était malheureusement restée seule.
L’Urgal s’était bien évidemment dirigé vers elle. Il voulait sa victime et s’avançait vers elle pour satisfaire son désir. Sanya tomba à la renverse en se prenant les pieds dans une pierre qui sortait du sol, voulant échapper à l’horrible créature. Elle ne se releva pas tout de suite et recula comme elle put.
L’Urgal s’avançait plus vite sur elle, bras levé, épée à la main. Il était maintenant très près et allait abaisser son bras, son épée allait bientôt s’abattre sur la pauvre jeune femme, morte de peur. Sanya ferma les yeux, persuadée qu’elle vivait ses derniers instants. Elle priait très fort et cria enfin :
- Eragon ! Saphira !…
Saphira émergeait soudain des profondeurs du ravin. Eragon ne tarda pas et sauta du dos de la dragonne pour se retrouver entre l’Urgal et Sanya, s’opposant ainsi à l’agresseur, Zar’roc tendu devant lui.
- Tu croyais t’en tiré à si bon compte ? dit Eragon à l’Urgal incrédule.
Il fit un pas en arrière et grogna, dévoilant des dents pointues et jaunes. Les yeux rouges de la créature montraient une expression de cruauté intense.
Eragon allait frapper, mais son regard fut attiré par l’arrivée de quatre autres Urgals. Ils firent leur apparition à l’orée du bois.
Eragon, surpris, ne perdit pas de temps pour tuer celui qui lui faisait face en tendant le bras avec force, transperçant l’horrible créature de part en part. L’Urgal, sans vie, s’effondra et permit à Eragon de passer au suivant.
Deux Urgals se dirigeaient vers Saphira, les deux autres, sur Eragon. Sanya s’était relevée à la hâte et courait vers Saphira avant que les Urgals ne l’atteignent. Saphira aida une fois de plus Sanya à se hisser sur son dos. Elle envoyait des jets de flamme lorsqu’un Urgal s’approchait trop près d’elles. Sanya était bien agrippée à l’arçon de la selle et observait la scène avec intérêt et frayeur mélangés.
Saphira cracha de larges jets de flamme pour éloigner assez les Urgals d’elle. Elle en tua un en le rôtissant ainsi. Elle vit ensuite le deuxième Urgal se diriger maintenant vers Eragon.
Eragon, maintenant, tenait tête à trois agresseurs. Saphira profita de l’écart de l’un d’eux pour en attraper un. Elle le jeta ensuite dans le vide. Il disparaissait en poussant un cri effrayant.
Eragon était pris en tenaille entre deux Urgals et ne les quittait pas des yeux pour épier le moindre geste.
Saphira étant plus à l’aise dans les airs, elle avait pris son envol. Sanya surprise, se tenait fermement à l’arçon et serrant ses jambes contre le poitrail de la dragonne, ses pieds étant n’atteignant pas les étriers.
Dans un virage que Saphira effectua pour attraper un des monstres, Sanya glissa dangereusement et ne put se rattraper. Elle fit une belle chute et son flanc heurta une pierre au sol. Elle se releva en se tenant les côtes.
Elle était assez loin du combat et regardait les deux Urgals essayer de toucher Eragon. Saphira continuait ses manœuvres pour attraper l’une des créatures et laisser le champ libre à Eragon pour se débarrasser du dernier Urgal.
Eragon était toujours entre les deux Urgals, à attendre le moindre signe de faiblesse, le moindre mouvement, pour savoir dans quelle direction attaquer.
Sanya voyait Saphira s’éloigner pour faire demi-tour. Elle vit Eragon faire un écart pour éviter une attaque et sentit une forte sensation d’impuissance. Elle regardait le combat se dérouler sous ses yeux et sentait son cœur cogner contre sa poitrine.
Elle vit Eragon être déséquilibré et tomber. Saphira était encore trop loin. L’un des Urgal attaquait et Eragon parait, mais il fallait faire quelque chose, sinon, il allait se faire tuer ! La jeune femme en était convaincue.
Elle ne se posa plus la moindre question et d’instinct, se mit à courir en direction du combat en criant.
Saphira arriva sur Eragon mais trop juste pour se saisir, dans un premier temps, du monstre. Elle dut manœuvrer avant de pouvoir l’attraper et Eragon ne pouvait toujours pas se relever.
Sanya se plaça dans le dos d’Eragon et s’interposa entre l’Urgal et celui-ci. Saphira allait attraper la créature quand il fit un geste pour frapper la jeune femme. L’Urgal avait tendu son bras, épée droit devant lui pour transpercer la jeune femme, mais la lame ripa sur les griffes de Saphira qui intervenait. Elle ne parvint pas à attraper le monstre, cette fois encore et fit un autre demi-tour à la hâte. La jeune femme ne fit même pas un écart et la lame parvint à l’atteindre.
Eragon entendit un cri de douleur perçant. Sanya s’effondra en tenant son côté blessé. Saphira avait enfin attrapé son adversaire et le jetait à son tour dans le vide. Il disparaissait ensuite, poussant un cri à glacer le sang.
Avant de se retourner, Eragon n’eut qu’à tendre Zar’roc devant lui pour embrocher l’Urgal qui tentait de l’embrocher lui-même.
Une fois le dernier Urgal mort, il réalisa ce qui venait de se passer et il se figea en voyant la jeune femme recroquevillée à ses pieds, tremblante.
Saphira se posait près d’Eragon qui s’agenouilla devant elle. Il écartait doucement les doigts de la main de Sanya qui tenait encore fermement sa blessure.
La jeune fille tressaillit en plissant les yeux et en gémissant. La douleur était terrible. Elle ne connaissait pas cette douleur. Elle souffrait atrocement et regardait maintenant Eragon, des larmes dans les yeux.
Celui-ci enleva le gant de sa main droite et la tendit devant lui, la paume face à la blessure. Il regardait la jeune femme et s’expliquait :
- Laisse-moi faire, et tout sera fini dans un moment.
- J’ai mal.
Avant de prononcer la formule, il toucha doucement l’esprit de la jeune femme et lui ôta une partie de la douleur. Il continuait de lui parler :
- Je sais que tu as mal, mais laisse-moi faire, je t’en prie, je ne te ferais aucun mal.
Elle consentit à écarter sa main, qu’elle avait reposé sur la blessure et laissa le jeune homme faire. Elle entendit des mots sortir de la bouche de celui-ci et une chaleur lui glissa le long des côtes. Elle apercevait une faible lumière bleue, mais ne dit rien et laissait le choses se poursuivrent. Elle ne ressentait déjà presque plus aucune douleur et une impression étrange lui courait le long de la peau. Elle put ainsi s’asseoir et regarder son côté pour voir qu’il ne restait aucune trace de la blessure :
- Comment as-tu fait ça ? Et cette lumière, d’où venait-elle ?
- Une autre chose bien utile que savent faire certains magiciens, comme les Dragonniers.
- Tu fais de la magie ?
- Oui. Et la lumière est celle de la magie que j’utilise. Elle est différente pour chaque Dragonnier.
La jeune femme parut abasourdie. Il possédait bien plus de talents qu’elle ne semblait le croire. Elle le regarda et dit :
- Je te remercie… Mais quelles autres choses peux-tu faire ?
- Beaucoup d’autres, mais je ne voudrais paraître prétentieux.
- Non ! Bien sûr que non.
Eragon ne voulut pas rentrer pas dans les détails, mais lui expliqua brièvement, en quelques mots, les talents de magicien que possédait un Dragonnier. Sanya semblait émerveillée :
- C’est vraiment fascinant !
- Mais c’est aussi dangereux. Il ne faut pas en abuser. Quand un Dragonnier abuses de ces pouvoirs, il peut en devenir fou ou mourir. C’est ce qui s’est passé pour Galbatorix. C’est Dragonnier, lui aussi, et tu vois ce qu’il est devenu : un roi cruel.
- Galbatorix ? Un Dragonnier ?
- Oui. Mais c’est une longue histoire. Je ne peux pas te raconter tout ça maintenant. Il nous faut nous remettre en route. Je te la raconterai un jour.
- Je voulais te remercier encore pour ce que tu fais pour moi.
- C’est à moi de te remercier, il semble que tu m’ais sauvé la vie aujourd’hui. Mais, à l’avenir, ne prends pas un tel risque.
- Je suis désolée, dit Sanya en baissant la tête. Mais je sentais qu’il fallait faire quelque chose. Je te voyais mal en point et Saphira faisait ce qu’elle pouvait pour te venir en aide. J’ai ressenti quelque chose d’inexplicable qui m’a poussé à agir. Je ne me suis pas posé la moindre question et j’ai couru.
- Essaye de ne pas prendre ce genre de risque à l’avenir, tu n’as pas mes capacités ou celles de Saphira et il t’en coûterait davantage qu’une simple blessure…
- Pardonne-moi.
Sanya baissa les yeux, un peu honteuse. Elle ne réalisait pas l’étendue de son acte. Elle voulait simplement aider Eragon.
Saphira s’approcha d’Eragon :
« Tu as peut-être été un peu dur avec elle. Après ce qu’elle a fait… Elle a été d’une aide précieuse. Je n’aurais pas aussi bien fait. Et elle t’a sauvé la vie ! »
« Elle n’avait pas à prendre autant de risques. »
« Il y a quelque chose que tu oublies, petit homme. Elle a réagi à ses sentiments ; comme il t’est arrivé de le faire si souvent, rappelles-toi. »
« Ce temps-là est révolu. Des gens y ont laissé la vie. Je sais que tu veux parler de ce qui s’est passé. Je ne veux plus que personne se sacrifie pour moi ! Et je ne veux plus en parler non plus ! »
« Il le faudra bien pourtant. Arya a fait un choix, comme Sanya aujourd’hui. Et elle l’a fait pour toi. »
« Elles n’avaient ni l’une ni l’autre besoin de faire ce choix. Regarde Arya, elle y a laissé la vie. Je m’en suis toujours voulu parce qu’elle l’a fait à cause de moi et de mes sentiments pour elle. »
« Mais elle l’a fait ! »
« N’en parlons plus ! »
Eragon s’éloigna. Sanya profita de cette petite séparation pour s’approcher de Saphira. Elle espérait pouvoir lui parler et qu’elle l’entende :
- Il a l’air torturé, je l’ai bien vu. Et je crois savoir pourquoi. Il pense sûrement que j’ai fait quelque chose de stupide, il pense que j’ai risqué ma vie… Mais je ne saurais pas lui expliquer pourquoi j’ai agi ainsi. Je n’ai répondu qu’à mon instinct. Il me commandait de le faire. Je sais que vous pouvez vous parler, tous les deux. Explique-lui, il comprendra sûrement cela mieux venant de toi.
La jeune femme fit un geste vers la dragonne. Elle glissa sa main sur ses écailles, entre ses cornes, au-dessus de sa tête, en souriant. Elle aimait ce contact. Il était particulier, mais déjà si familier. De plus, Saphira ronronnait et la jeune femme sentait les écailles vibrer sous ses doigts. Curieusement, cela avait pour effet d’emplir la jeune femme de paix et de sérénité, elle se sentait vraiment bien, paisible. Elle poursuivait :
- Ce que j’aimerais pouvoir entendre tes pensées, moi aussi. Je pourrais te parler sans avoir à attendre tes réponses d’Eragon. J’ai tant de questions que je ne peux pas lui poser directement.
Elle se tut en entendant le Dragonnier approcher. Il paraissait encore contrarié. Il dit sur un ton morne :
- Il est temps d’y aller.
Invité- Invité
Re: Sanya et Eragon
je ne connais pas l'univers d'éragon mais je me suis laissé prendre volontier par ta fic ! Je trouve ça très bien .
Jen'ny- Consultant au CBI
- Personnage préféré : Jane.
Loisirs : Séries, écriture, fan art, sciences....
Localisation : Ici et ailleurs
Re: Sanya et Eragon
oui !l'ai hâte de savoir ce qui va se passer !
Jen'ny- Consultant au CBI
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Chapitre 7
Allez, parce que c'est toi, je te met le chapitre suivant :
7
ELLESMERA
Les affaires étaient rapidement empaquetées. Eragon ne voulait pas s’éterniser dans les parages. Sanya monta sur la selle avec l’aide d’Eragon. Et lorsqu’il fut à son tour monté, ils quittèrent la falaise d’où ils étaient perchés sans attendre pour reprendre leur périple vers Ellesméra.
Le soleil se levait seulement et la température était un peu fraîche. Sanya grelottait. Elle n’en fit pourtant part à personne et resta silencieuse. La température remonta de toute façon assez rapidement avec l’ascension du soleil. C’était une belle journée, pas un nuage ne venait obscurcir le ciel. Sanya se réchauffa rapidement et ne grelotta bientôt plus.
Il n’y eut aucun mot, le silence le plus complet. Chacun des cavaliers s’étant retranché dans ses pensées. Sanya se doutait qu’Eragon ne souhaitait pas parler après ce qui venait de se passer et après ce qu’il lui avait dit. Mais cela n’empêchait pas Eragon de parler mentalement avec Saphira. La dragonne avait attentivement écoutée la jeune fille et répéta ce qu’elle avait pu dire à Eragon.
Il ne parut pas étonné et réagit :
« Elle n’aurait pas dû prendre tous ces risques, c’est tout ! »
« Tu ne veux pas revivre ce que tu as vécu avec Arya. Je le comprends. Mais tu ne pourras pas fermer ton cœur indéfiniment… »
« Je ne veux pas qu’elle fasse le même sacrifice. Surtout pour moi. »
« Tu ne pourras pas faire de choix à sa place. »
« Je le sais bien, mais il faudra qu’elle sache, qu’elle comprenne, qu’il ne pourra jamais rien y avoir entre nous. Rien qui me lie sérieusement à elle pour qu’elle ne prenne pas de décisions stupides ! »
« Et si elle décide autrement ? Tu ne pourras rien faire pour l’en dissuader ! »
« Je ne veux plus en parler ! »
Eragon ferma son esprit et resta silencieux jusqu’à la halte pour la nuit. Il ne dormit pas et veilla ainsi jusqu’à leur départ.
Sanya était restée silencieuse, elle aussi. Elle était d’humeur morose. Elle s’était éloignée et elle avait marché pour réfléchir. La journée avait parut terriblement longue à Sanya. Ce silence la peinait. Elle se sentait seule. Eragon avait fui son regard ou même sa présence lorsqu’ils étaient à terre. Saphira l’avait regardé mais Sanya ne pouvait pas lui parler en attendant des réponses, elle ne pouvait que se confier. Pourtant Sanya sentait bien dans le regard de la dragonne qu’elle compatissait. Elle s’était isolée pour pleurer.
Eragon ne lui avait dit que ces quelques mots : ils auraient atteint Ellesméra le lendemain dans la journée.
Sanya s’était ensuite couchée, enroulée dans ses couvertures, dos à Eragon. Elle s’était blottie contre Saphira pour ne pas avoir froid et avait encore pleuré en silence.
Eragon avait donc veillé de l’autre côté du feu, le regard dans le vide. Il avait repensé à ce qui s’était passé plus tôt dans la matinée. Il s’était rappelé aussi les paroles de la dragonne. Il avait tourné la tête vers la jeune femme qui avait déjà fermé ses yeux et qui paraissait dormir déjà. Sanya avait en effet trouvé très vite le sommeil.
Sanya avait été agitée. Eragon avait occupé une partie de ses rêves. Elle avait revu la bataille et le geste qu’elle avait fait pour le sauver. La douleur lui tenaillait encore le côté. Au réveil, elle passa ses doigts sur l’ancienne blessure. Il ne subsistait aucune trace de celle-ci, elle avait complètement disparue, ne laissant même pas de cicatrice.
Elle resta un moment immobile, profitant encore de la chaleur des couvertures et de la dragonne. Puis elle se leva et fut surprise de ne voir que Saphira.
Elle s’éloigna un peu et rejoignit le point d’eau auprès duquel ils avaient érigé le campement. Elle souhaitait se rafraîchir et remplir les gourdes, comme chaque fois.
Après quelques pas, elle rejoignit le bord du petit lac, derrière la rangée d’arbres qui le camouflait. Elle fut surprise de voir un tas de vêtements, étalés sur le rivage. Elle comprit immédiatement qu’Eragon les avait laissé là pour se baigner. Elle aurait bien eut l’idée de se baigner, elle aussi. Elle rêvait d’un bain.
Elle fit demi-tour pour ne pas troubler cet instant d’intimité. Elle retournait près de Saphira quand elle se stoppa. Elle tourna la tête vers le rivage où se trouvait les vêtements. La curiosité la tenaillait. Elle avait des pensées qu’elle n’aurait jamais eu avant de connaître le jeune homme.
Elle ne céda pas à la tentation, du moins dans un premier temps. Mais après quelques pas, elle s’arrêta de nouveau. « Je ne peux pas. » pensa-t-elle. « S’il s’en rendait compte, il m’en voudrait à tout jamais. » Elle reprit sa marche vers le campement et s’arrêta. Elle s’interrogea de nouveau : « Comment me pardonnerait-il s’il savait ce que je me prépare à faire. »
La tentation fut la plus forte. Elle fit un écart et longea une série de rochers. Elle se cacha et leva à peine la tête pour observer le garçon. Son cœur battait à tout allure. Elle aperçut enfin le jeune homme qui nageait nu dans l’eau claire. Elle pensait à sa réaction : « Il ne me pardonnera jamais ! » Pourtant, son regard ne quittait pas la silhouette. Elle le regardait nager.
Elle se demanda un instant s’il ne valait mieux pas faire demi-tour, mais elle paraissait hypnotisée. Elle essayait en vain de détacher son regard.
Elle regretta pourtant rapidement sa curiosité. Elle se ravisa enfin et se releva enfin pour s’éloigner. Elle courut pour rejoindre Saphira.
Elle redescendit sur le rivage. Elle s’aperçut qu’Eragon l’avait déjà quitté. Elle prit de l’eau dans les gourdes qu’elle referma avant de retourner, encore rêveuse, au campement. La vision ne quittait plus ses pensées. Elle n’aurait jamais imaginé pouvoir le voir ainsi.
Elle réapparut très vite et rangea les gourdes dans l’un des bats de Saphira. Elle sourit un moment, tournant le dos à Eragon et s’arrangeant de ne pas être vue de Saphira non plus. Elle repensa à ce qu’elle avait vu. Cette vision ne la quitta plus.
Eragon l’aida à grimper sur la selle. Mais lorsqu’il se glissa derrière elle, pourtant, le contact fut différent des autres fois. Elle ressentit un doux frisson. Elle ne dit rien, mais Eragon ressentit certaines de ses pensées, qu’elle laissait échapper malgré elle. Il avait aussi remarqué le brusque changement d’humeur chez la jeune femme. Il l’interrogea :
- Que t’arrive-t-il ?
Elle ne sut quoi répondre dans un premier temps. Elle réfléchit rapidement à une réponse qu’il croirait sans trop poser de questions :
- Le temps et le paysage sans doute !
Elle essaya un moment d’éloigner la vision de son esprit, mais elle n’y parvint pas vraiment. Le garçon ne sembla pas convaincu, Sanya le sentait, mais elle vit qu’il n’insistait pas. Il tenta alors de questionner Saphira :
« Sais-tu ce qui peut la rendre d’aussi bonne humeur ? »
« Non. »
La réponse ne lui satisfit guère, mais elle le tortura tout le trajet. Il se demanda ce qui pouvait la rendre aussi joyeuse, surtout après ce qu’il avait pu lui dire. Il ne voulait pas l’importuner et ne tenta même pas de sonder ses pensées pour en savoir davantage, pensant que s’était déplacé et impoli.
La jeune femme, dans le silence, essayait d’éloigner le plus possible ce qu’elle avait fait plus tôt dans la matinée de ses pensées, mais rien ne lui aurait permis de revoir cette image de lui se baignant dans l’eau si claire du lac. Elle regrettait vraiment cette curiosité. Elle ne souhaitait pas que le garçon le sache de peur qu’il ne soit à tout jamais fâché contre elle. Elle ne voulait cependant pas gardé le secret pour elle. Elle aurait souhaité pouvoir se confier. Mais elle se demandait à qui elle aurait bien pu confier ce secret. À la dragonne peut-être ? Mais comment être sûre qu’elle la comprenne ? Comment être sûre qu’elle ne répèterait pas ce qu’elle lui confierait alors ?
Ellesméra se rapprochait à grands pas. Il survolaient des arbres depuis plusieurs lieues. Sanya ne voyait plus le sol. Les arbres étaient tellement serrés qu’elle ne distinguait plus la terre ferme.
Elle remarqua bientôt une clairière. Elle était à peine visible, mais Saphira descendait déjà et atterrit bientôt dans cette petite clairière.
Eragon descendit le premier et aida Sanya à descendre à son tour. Il devait lui expliquer certaines choses avant de pénétrer dans la cité. Il souhaitait que la jeune femme ne se sente pas perdue ou choquée par l’attitude des elfes. Il lui indiquait la conduite qu’elle devrait tenir en entrant dans Ellesméra.
Sanya ne connaissait pas les elfes. Elle n’en avait jamais rencontré. Mais elle avait énormément entendu parler de ce peuple. Elle avait remarqué qu’Eragon leur ressemblait, mais elle savait qu’il n’en était pas vraiment un. Elle était curieuse de connaître enfin ces êtres qu’elle s’était imaginé tant de fois. Elle désirait vraiment les rencontrer, mieux les connaître.
Elle resta aux côtés d’Eragon et de Saphira. Elle repensait au fait de pouvoir se confier à elle. Elle la regardait de temps à autre en se disant qu’elle pourrait l’écouter et peut-être la comprendre. Mais elle devait être sûre qu’elle ne répéterait rien à Eragon de ce qu’elle lui confierait alors.
Sanya se sortit de ses pensées lorsqu’elle vit quelqu’un approcher. Elle reconnu l’allure et remarqua que l’elfe paraissait assez âgé. Elle avait du mal à s’imaginer un elfe aussi âgé. Elle pensait que les elfes conservaient la même apparence jusqu’à leur mort, lorsqu’il mourait, puisqu’elle avait entendu dire qu’ils étaient immortels.
Le gardien de la cité s’approcha et fit face à Eragon sans un mot. Eragon se souvint exactement de la conduite qu’il devait tenir face à lui. Il se rappelait avec exactitude les mots d’Arya.
Il présenta ainsi son anneau, comme la première fois et présenta les salutations d’usage en portant deux doigts sur ses lèvres et en prononçant les mots de l’ancien langage. Le vieil elfe les escorta à l’intérieur de la cité.
Sanya était ébahie. Elle laissait errer son regard un peu partout. Tout y était d’un telle beauté, d’une telle clarté, d’une telle pureté. C’était le reflet de ses rêves et de son imagination qui voyait le jour. Elle marchait toujours à côté de Saphira. Eragon marchait plus en avant, leur ouvrant le chemin.
7
ELLESMERA
Les affaires étaient rapidement empaquetées. Eragon ne voulait pas s’éterniser dans les parages. Sanya monta sur la selle avec l’aide d’Eragon. Et lorsqu’il fut à son tour monté, ils quittèrent la falaise d’où ils étaient perchés sans attendre pour reprendre leur périple vers Ellesméra.
Le soleil se levait seulement et la température était un peu fraîche. Sanya grelottait. Elle n’en fit pourtant part à personne et resta silencieuse. La température remonta de toute façon assez rapidement avec l’ascension du soleil. C’était une belle journée, pas un nuage ne venait obscurcir le ciel. Sanya se réchauffa rapidement et ne grelotta bientôt plus.
Il n’y eut aucun mot, le silence le plus complet. Chacun des cavaliers s’étant retranché dans ses pensées. Sanya se doutait qu’Eragon ne souhaitait pas parler après ce qui venait de se passer et après ce qu’il lui avait dit. Mais cela n’empêchait pas Eragon de parler mentalement avec Saphira. La dragonne avait attentivement écoutée la jeune fille et répéta ce qu’elle avait pu dire à Eragon.
Il ne parut pas étonné et réagit :
« Elle n’aurait pas dû prendre tous ces risques, c’est tout ! »
« Tu ne veux pas revivre ce que tu as vécu avec Arya. Je le comprends. Mais tu ne pourras pas fermer ton cœur indéfiniment… »
« Je ne veux pas qu’elle fasse le même sacrifice. Surtout pour moi. »
« Tu ne pourras pas faire de choix à sa place. »
« Je le sais bien, mais il faudra qu’elle sache, qu’elle comprenne, qu’il ne pourra jamais rien y avoir entre nous. Rien qui me lie sérieusement à elle pour qu’elle ne prenne pas de décisions stupides ! »
« Et si elle décide autrement ? Tu ne pourras rien faire pour l’en dissuader ! »
« Je ne veux plus en parler ! »
Eragon ferma son esprit et resta silencieux jusqu’à la halte pour la nuit. Il ne dormit pas et veilla ainsi jusqu’à leur départ.
Sanya était restée silencieuse, elle aussi. Elle était d’humeur morose. Elle s’était éloignée et elle avait marché pour réfléchir. La journée avait parut terriblement longue à Sanya. Ce silence la peinait. Elle se sentait seule. Eragon avait fui son regard ou même sa présence lorsqu’ils étaient à terre. Saphira l’avait regardé mais Sanya ne pouvait pas lui parler en attendant des réponses, elle ne pouvait que se confier. Pourtant Sanya sentait bien dans le regard de la dragonne qu’elle compatissait. Elle s’était isolée pour pleurer.
Eragon ne lui avait dit que ces quelques mots : ils auraient atteint Ellesméra le lendemain dans la journée.
Sanya s’était ensuite couchée, enroulée dans ses couvertures, dos à Eragon. Elle s’était blottie contre Saphira pour ne pas avoir froid et avait encore pleuré en silence.
Eragon avait donc veillé de l’autre côté du feu, le regard dans le vide. Il avait repensé à ce qui s’était passé plus tôt dans la matinée. Il s’était rappelé aussi les paroles de la dragonne. Il avait tourné la tête vers la jeune femme qui avait déjà fermé ses yeux et qui paraissait dormir déjà. Sanya avait en effet trouvé très vite le sommeil.
Sanya avait été agitée. Eragon avait occupé une partie de ses rêves. Elle avait revu la bataille et le geste qu’elle avait fait pour le sauver. La douleur lui tenaillait encore le côté. Au réveil, elle passa ses doigts sur l’ancienne blessure. Il ne subsistait aucune trace de celle-ci, elle avait complètement disparue, ne laissant même pas de cicatrice.
Elle resta un moment immobile, profitant encore de la chaleur des couvertures et de la dragonne. Puis elle se leva et fut surprise de ne voir que Saphira.
Elle s’éloigna un peu et rejoignit le point d’eau auprès duquel ils avaient érigé le campement. Elle souhaitait se rafraîchir et remplir les gourdes, comme chaque fois.
Après quelques pas, elle rejoignit le bord du petit lac, derrière la rangée d’arbres qui le camouflait. Elle fut surprise de voir un tas de vêtements, étalés sur le rivage. Elle comprit immédiatement qu’Eragon les avait laissé là pour se baigner. Elle aurait bien eut l’idée de se baigner, elle aussi. Elle rêvait d’un bain.
Elle fit demi-tour pour ne pas troubler cet instant d’intimité. Elle retournait près de Saphira quand elle se stoppa. Elle tourna la tête vers le rivage où se trouvait les vêtements. La curiosité la tenaillait. Elle avait des pensées qu’elle n’aurait jamais eu avant de connaître le jeune homme.
Elle ne céda pas à la tentation, du moins dans un premier temps. Mais après quelques pas, elle s’arrêta de nouveau. « Je ne peux pas. » pensa-t-elle. « S’il s’en rendait compte, il m’en voudrait à tout jamais. » Elle reprit sa marche vers le campement et s’arrêta. Elle s’interrogea de nouveau : « Comment me pardonnerait-il s’il savait ce que je me prépare à faire. »
La tentation fut la plus forte. Elle fit un écart et longea une série de rochers. Elle se cacha et leva à peine la tête pour observer le garçon. Son cœur battait à tout allure. Elle aperçut enfin le jeune homme qui nageait nu dans l’eau claire. Elle pensait à sa réaction : « Il ne me pardonnera jamais ! » Pourtant, son regard ne quittait pas la silhouette. Elle le regardait nager.
Elle se demanda un instant s’il ne valait mieux pas faire demi-tour, mais elle paraissait hypnotisée. Elle essayait en vain de détacher son regard.
Elle regretta pourtant rapidement sa curiosité. Elle se ravisa enfin et se releva enfin pour s’éloigner. Elle courut pour rejoindre Saphira.
Elle redescendit sur le rivage. Elle s’aperçut qu’Eragon l’avait déjà quitté. Elle prit de l’eau dans les gourdes qu’elle referma avant de retourner, encore rêveuse, au campement. La vision ne quittait plus ses pensées. Elle n’aurait jamais imaginé pouvoir le voir ainsi.
Elle réapparut très vite et rangea les gourdes dans l’un des bats de Saphira. Elle sourit un moment, tournant le dos à Eragon et s’arrangeant de ne pas être vue de Saphira non plus. Elle repensa à ce qu’elle avait vu. Cette vision ne la quitta plus.
Eragon l’aida à grimper sur la selle. Mais lorsqu’il se glissa derrière elle, pourtant, le contact fut différent des autres fois. Elle ressentit un doux frisson. Elle ne dit rien, mais Eragon ressentit certaines de ses pensées, qu’elle laissait échapper malgré elle. Il avait aussi remarqué le brusque changement d’humeur chez la jeune femme. Il l’interrogea :
- Que t’arrive-t-il ?
Elle ne sut quoi répondre dans un premier temps. Elle réfléchit rapidement à une réponse qu’il croirait sans trop poser de questions :
- Le temps et le paysage sans doute !
Elle essaya un moment d’éloigner la vision de son esprit, mais elle n’y parvint pas vraiment. Le garçon ne sembla pas convaincu, Sanya le sentait, mais elle vit qu’il n’insistait pas. Il tenta alors de questionner Saphira :
« Sais-tu ce qui peut la rendre d’aussi bonne humeur ? »
« Non. »
La réponse ne lui satisfit guère, mais elle le tortura tout le trajet. Il se demanda ce qui pouvait la rendre aussi joyeuse, surtout après ce qu’il avait pu lui dire. Il ne voulait pas l’importuner et ne tenta même pas de sonder ses pensées pour en savoir davantage, pensant que s’était déplacé et impoli.
La jeune femme, dans le silence, essayait d’éloigner le plus possible ce qu’elle avait fait plus tôt dans la matinée de ses pensées, mais rien ne lui aurait permis de revoir cette image de lui se baignant dans l’eau si claire du lac. Elle regrettait vraiment cette curiosité. Elle ne souhaitait pas que le garçon le sache de peur qu’il ne soit à tout jamais fâché contre elle. Elle ne voulait cependant pas gardé le secret pour elle. Elle aurait souhaité pouvoir se confier. Mais elle se demandait à qui elle aurait bien pu confier ce secret. À la dragonne peut-être ? Mais comment être sûre qu’elle la comprenne ? Comment être sûre qu’elle ne répèterait pas ce qu’elle lui confierait alors ?
Ellesméra se rapprochait à grands pas. Il survolaient des arbres depuis plusieurs lieues. Sanya ne voyait plus le sol. Les arbres étaient tellement serrés qu’elle ne distinguait plus la terre ferme.
Elle remarqua bientôt une clairière. Elle était à peine visible, mais Saphira descendait déjà et atterrit bientôt dans cette petite clairière.
Eragon descendit le premier et aida Sanya à descendre à son tour. Il devait lui expliquer certaines choses avant de pénétrer dans la cité. Il souhaitait que la jeune femme ne se sente pas perdue ou choquée par l’attitude des elfes. Il lui indiquait la conduite qu’elle devrait tenir en entrant dans Ellesméra.
Sanya ne connaissait pas les elfes. Elle n’en avait jamais rencontré. Mais elle avait énormément entendu parler de ce peuple. Elle avait remarqué qu’Eragon leur ressemblait, mais elle savait qu’il n’en était pas vraiment un. Elle était curieuse de connaître enfin ces êtres qu’elle s’était imaginé tant de fois. Elle désirait vraiment les rencontrer, mieux les connaître.
Elle resta aux côtés d’Eragon et de Saphira. Elle repensait au fait de pouvoir se confier à elle. Elle la regardait de temps à autre en se disant qu’elle pourrait l’écouter et peut-être la comprendre. Mais elle devait être sûre qu’elle ne répéterait rien à Eragon de ce qu’elle lui confierait alors.
Sanya se sortit de ses pensées lorsqu’elle vit quelqu’un approcher. Elle reconnu l’allure et remarqua que l’elfe paraissait assez âgé. Elle avait du mal à s’imaginer un elfe aussi âgé. Elle pensait que les elfes conservaient la même apparence jusqu’à leur mort, lorsqu’il mourait, puisqu’elle avait entendu dire qu’ils étaient immortels.
Le gardien de la cité s’approcha et fit face à Eragon sans un mot. Eragon se souvint exactement de la conduite qu’il devait tenir face à lui. Il se rappelait avec exactitude les mots d’Arya.
Il présenta ainsi son anneau, comme la première fois et présenta les salutations d’usage en portant deux doigts sur ses lèvres et en prononçant les mots de l’ancien langage. Le vieil elfe les escorta à l’intérieur de la cité.
Sanya était ébahie. Elle laissait errer son regard un peu partout. Tout y était d’un telle beauté, d’une telle clarté, d’une telle pureté. C’était le reflet de ses rêves et de son imagination qui voyait le jour. Elle marchait toujours à côté de Saphira. Eragon marchait plus en avant, leur ouvrant le chemin.
Invité- Invité
Chapitre 8
CONFIDENCES
ET DECOUVERTE
Sanya cherchait la façon dont elle pourrait parler à Saphira pour se confier. Elle avait besoin de lui parler, de se confier. Elle supportait de plus en plus difficilement le silence qui régnait souvent entre Eragon et elle.
Eragon allait rencontrer la reine. Il devait lui parler, lui faire savoir qu’il était de retour. Il devait lui expliquer pourquoi il avait emmené Sanya auprès d’eux.
Saphira resterait avec Sanya. Eragon n’avait pas besoin d’elle et il préférait qu’elle veille sur la jeune fille.
Sanya s’en réjouissait. Elle profiterait ainsi de l’absence de son ami pour tenter de lui parler. Elle ne savait pas encore comment, mais elle devait lui parler, se confier, c’était le seul moyen pour elle d’expier sa faute, si on pouvait appeler ça une faute !
Elle ne savait pas trop non plus par quel moyen se faire comprendre d’elle pour être sûre qu’elle garde le secret. Elle savait qu’elle ne lui répondrait pas, mais il fallait qu’elle sache si elle pouvait lui faire ces confidences, si elle pouvait lui faire confiance. Elle sentait qu’elle pouvait avoir confiance, mais elle souhaitait s’en assurer. Elle se tourna alors vers la dragonne et commença :
- J’ai à te parler, je voudrais te confier certaines choses, mais c’est très personnel et très difficile. Je n’ai personne à qui me confier. Je voudrais pouvoir le faire avec toi, mais je veux être sûre que tu ne répéteras pas ce que je vais te confier à Eragon, il serait furieux… Il faut vraiment que je sois sûre d’obtenir le plus grand secret sur ce que je vais te confier… Il faudrait juste trouver un moyen de communiquer facilement, ne serait-ce que par l’affirmative et la négative.
La dragonne fit un clin d’œil à la jeune fille. Cela lui donna alors une idée. Elle pensa à haute voix :
- Tes yeux pourraient me répondrent. Un clin d’œil pour « oui », par exemple, et les deux yeux fermés pour « non ».
La dragonne lui fit savoir qu’elle avait compris en clignant de l’œil. Sanya lui répéta « oui », et la dragonne fit un clin d’œil. Et lorsqu’elle lui dit « non », la dragonne ferma les deux yeux brièvement.
Sanya sourit. Elle savait que la dragonne comprenait ce qu’elle essayait de faire. Elle tenta de lui poser une question où elle pourrait répondre par l’affirmative ou la négative pour voir si elle avait vraiment compris.
Elle la regardait attentivement et lui demanda :
- Est-ce que tu me promets de ne rien répéter de ce que je vais te dire à Eragon ?
La dragonne cligna de l’œil. Sanya parut rassurée. Elle inspira profondément et commença donc :
- J’ai fait quelque chose de mal, ce matin, quelque chose de vraiment très mal… Si Eragon le savait, il serait furieux. Mais c’était plus fort que moi, je n’ai pas su résister. Je m’en veux un peu mais…
Elle s’interrompit un moment pour inspirer encore une fois profondément. Elle se lança :
- J’allais au lac prendre de l’eau. Je voulais remplir nos gourdes. Je voulais aussi me laver… Et j’ai vu les vêtements d’Eragon entassés sur la rive…
Elle s’interrompit encore et après un moment d’hésitation, elle poursuivit, le cœur battant :
- Je me suis cachée derrière des rochers pour l’espionner… Il nageait et j’ai pu le voir… Oh, Saphira ! Promets-moi que tu n’en diras pas un mot à Eragon.
La dragonne cligna encore une fois de l’œil.
Sanya sentait une douceur dans le regard de la dragonne. Elle était persuadée qu’elle la comprenait. Elle se sentait quelque part libérée d’un fardeau qui la tenaillait. Elle souhaitait maintenant lui parler plus personnellement, lui confier ce qu’elle ressentait. Elle poursuivait donc :
- Tu sais… La première fois que je l’ai vu, je savais qu’il n’était pas comme les autres. Je ne pourrais pas réellement expliquer pourquoi ? Mais quand je l’ai vu, ce matin, nager dans cette eau si claire, j’ai su qu’il y avait vraiment quelque chose. Je sais qu’il y a eu aussi quelque chose le jour où il est entré dans mon auberge aussi. Et je crois enfin savoir pourquoi j’ai risqué ma vie pour le sauver des Urgals, l’autre jour…
Elle s’interrompit une dernière fois. Elle savait, elle en était sûre, que Saphira avait tout à fait compris ce qu’elle ressentait, qu’elle comprenait ses sentiments pour son compagnon.
Elle n’eut de toute façon pas le temps de rajouter quoi que ce soit. Eragon revenait déjà de son entretien. Elle essaya donc d’éloigner, une fois de plus, ses images et ses pensées pour qu’Eragon ne s’aperçoive de rien.
Il lui fit face et la regarda dans les yeux. Il dit enfin :
- Tu as l’accord de la reine en personne. Tu es autorisée à rester avec moi. Je dois veiller sur toi le temps que tu te fasses à leurs coutumes. Tu logeras chez nous. Il y a bien assez de place pour t’accueillir dans la maison que nous avons ici, Saphira et moi. Tu es officiellement la bienvenue chez les elfes. La reine te rencontrera sûrement demain.
- Je vais rencontrer la reine ?
- Oui… Mais ne t’inquiète pas, nous allons préparer l’entretien. Je te dirai comment te comporter avec elle. Je t’enseignerai ce qu’il faut que tu saches.
Eragon s’arrêta un moment et la regarda dans les yeux pour finir sa phrase. Sanya se surprit à le dévisager malgré elle. Elle se souvenait malgré elle le garçon nageant dans le lac. Elle finit par baisser les yeux, un peu gênée. Eragon n’avait pas ressenti ses pensées. Il demanda simplement :
- Qu’y a-t-il ?
- Oh rien… rien…
Mais elle connaissait sa capacité à lire dans l’esprit des gens. Elle espérait seulement ne pas avoir penser trop clairement à cette vision de lui dans le lac. Elle se sentit rougir et détourna les yeux pour éviter qu’Eragon ne remarque davantage sa gêne.
Elle s’éloigna donc de quelques pas, échappant ainsi à ce regard qui la gênait vraiment. Elle sentit la main d’Eragon retenir son poignet. Elle fut surprise et leva les yeux vers lui. Elle était certaine qu’il avait maintenant découvert son secret. Il la regarda sans ciller et dit :
- Je sais qu’il y a quelque chose que tu ne veux pas me dire.
- En effet. Mais ce n’est rien d’important.
Elle se rassura un court instant. Il n’avait pas découvert ce qu’elle lui cachait. Mais les images revenaient sans cesse et elle y pensait maintenant de plus en plus fort.
Eragon n’insista pas davantage. Il relâcha sa main et la laissa s’éloigner. Sanya le laissa passer devant elle pour qu’il la guide à travers la cité.
Il la conduisit à leur maison-arbre. Elle était haut perchée et Sanya devait lever les yeux très haut pour apercevoir celle-ci. Elle était impressionnée. Elle posa sa main sur la rambarde finement sculptée dans le bois et eut un léger frisson. Elle monta l’escalier étroit qui menait à la maison à la suite d’Eragon pendant que Saphira volait jusqu’à elle.
Ils pénétraient dans le petit vestibule et Eragon passait cette fois devant elle pour la guider dans les autres pièces. Ils entrèrent tout d’abord dans une magnifique pièce finement décorée.
Sanya regardait tout autour d’elle et admirait chaque détail. Elle passait sa main sur le bois et caressait chaque motif. Elle était ébahie par ce qu’elle découvrait. Elle remarquait les marques sur le mur, stigmates du précédent passage du Dragonnier et de sa monture. Elles étaient restés marqués sur le bois le long des petits escaliers qui menaient à la bibliothèque.
Sanya s’interrogea et Eragon lui expliqua dans quelles circonstances ces marques avaient été faites. Sanya sourit, mais ne se moqua nullement. Elle ne trouva pas cela amusant, elle s’imagina simplement la scène.
Eragon lui fit visiter ainsi toute la maison et lui montra donc l’unique et immense chambre. Il ne s’arrêta pas sur ce détail et ils montèrent enfin jusqu’à la bibliothèque, dernière pièce qu’il restait à voir.
Sanya réalisa enfin et demanda :
- Mais il n’y a qu’une chambre…
- J’y ai songé, coupa-t-il. Je dormirais ici avec Saphira.
Eragon lui montrait la couche de Saphira dans la bibliothèque.
Sanya scrutait encore la pièce, observant le moindre détail. Cette maison était magnifique. Elle reflétait tout ce qu’elle s’imaginait des elfes et de leur architecture. Elle les savaient très habiles à manier les différentes matières et les différents matériaux.
Sanya suivit Eragon qui redescendait dans la chambre et put admirer la magnifique vue qu’on avait de cette maison. Elle admira le couché de soleil depuis la large fenêtre de la chambre, se rapprochant du bord.
La vue la saisit jusque dan son âme. Elle était imprenable, d’ici. Cette image était le plus beau spectacle qu’elle n’ait jamais vu. Elle admira le soleil se coucher jusqu’au dernier rayon visible, s’appuyant sur le rebord de l’immense ouverture. Elle était très émue par ce magnifique spectacle. Elle admirait en silence et sentait une sensation intense l’envahir.
Eragon ne troubla pas son admiration. Il se tenait près d’elle et admirait lui aussi le coucher du soleil. Elle fut sortie de cette douce sensation.
Quelqu’un frappait doucement à la porte. Elle tourna la tête et vit Eragon s’éloigner pour ouvrir. Sanya s’avançait doucement près de l’entrée de la chambre et écoutait les deux hommes échanger les salutations qu’elle avait déjà entendu lors de leur arrivée. Puis le jeune elfe s’adressa à Eragon dans un langage qu’elle ne connaissait pas. Elle écoutait. Elle espérait qu’Eragon lui répéterait les paroles échangées. Et en effet, il lui répéta les mots.
Elle allait rencontrer la reine. Ainsi que d’autres elfes, à l’occasion d’un repas de bienvenue organisé pour le retour d’Eragon.
Eragon tendit une pile de linge à la jeune femme.
- Tu dois vouloir changer de vêtements, dit-il. Tu peux enfiler ça. Je te rejoins dans un moment, le temps de me changer, moi aussi.
Il prit congé et quitta la chambre en fermant la porte derrière lui. Sanya s’attarda un moment sur le tissu qu’elle tenait entre ses doigts. Il était d’une douceur et d’une finesse incroyable. Eragon lui avait montré comment utiliser les différents systèmes présents dans cette maison hors du commun. Elle emplit ainsi la petite vasque d’eau et se lava. Elle enfila ensuite la tunique longue couleur vert d’eau si légère et entoura sa taille de la ceinture fleurie qui l’accompagnait. Elle arborait de petits chaussons légers qui ne lui serraient pas les pieds. Elle avait presque l’impression d’être pieds nus.
Elle se regarda dans le miroir. Elle se trouvait si différente dans ces vêtements magnifiques. Elle ne réalisait pas qu’elle se trouvait dans la plus grande cité qu’elle n’ait jamais connue, au milieu d’un peuple qui lui était totalement inconnu.
Elle entendit bientôt frapper contre la porte. Elle se sortit de ses pensées et répondit :
- Oui, entre Eragon.
Il avait lui aussi enfilé des vêtements offerts par les elfes. Ils lui avaient été remis lors de son premier séjour ici. Il portait cependant des bottes.
Ils devaient quitter la maison pour se rendre au dîner. Eragon l’invita donc à passer la première et ils descendirent ensemble jusqu’en bas de la maison-arbre. Eragon reprit ensuite la tête et lui ouvrit le chemin vers la demeure d’Islanzadí, reine des elfes.
Sanya marchait en silence aux côtés de Saphira. Elle était anxieuse. Elle ne savait pas comment se tenir ni comment réagir. Eragon ressentait son angoisse et profita du chemin pour lui donner quelques conseils. Il s’était rapproché d’elle et commença par lui enseigner les salutations. Elle essaya de retenir ses instructions et les mots, mais elle avait l’impression de ne rien retenir :
- Je n’y arriverais pas, Eragon !
Il se stoppa un moment et fit face à la jeune fille. Il prit les mains de Sanya et la regarda avec douceur. Il la rassurait :
- Calme-toi, je suis là. J’essayerai de te souffler ce qu’il faut que tu dises, si besoin est.
Cela la rassura un peu. Mais elle était persuadée qu’elle serait épiée et que si elle faisait un mauvais geste ou parlait de façon incorrecte, cela lui vaudrait des reproches, des regards…
Devant la demeure, Eragon se tourna encore une fois vers Sanya et la prit par les épaules :
- Inspire profondément. Essaye de ne pas penser au rang qu’elle occupe. Elle ne te fera aucun mal et elle ne te jugera pas non plus. Elle sait ce que tu es. Je l’ai été moi aussi. Tant que tu seras avec moi, je veillerai à ce que tout se passe bien. Je t’ai promis de veiller sur toi. C’est exactement ce que je vais faire.
La jeune femme n’entendait qu’à peine ses paroles. Elle se perdait de nouveau dans ses rêves et ses pensées. Elle réalisait que le jeune homme avait posé ses mains sur ses épaules. Elle fixait ce regard profond qui la regardait sans ciller. Elle se remémora avec force le moment où elle l’avait espionné au lac.
Eragon s’arrêta soudain de parler et changea aussi soudainement d’expression. Il la regardait toujours droit dans les yeux et Sanya réalisa ce qui se passait. Elle se ravisa, mais un peu tard, en cherchant d’autres pensées. Elle affichait une expression de surprise. Elle était certaine que le jeune homme avait pu voir ce qu’elle venait de visualiser dans son esprit.
Le jeune homme baissa la tête un moment. Sanya resta silencieuse et se sentit rougir. Elle attendait en espérant une réaction qui lui permettait de croire qu’elle se trompait et qu’il n’avait rien vu. Mais Eragon releva la tête et dit :
- Je ne t’en veux pas !
- Pardon ?
- Je sais à présent ce que tu me cachais, et je ne t’en veux pas.
La jeune femme sentit ses joues la brûler. Elle sentit aussi une vague lui courir sur la peau, lui donnant des frissons. Elle était maintenant certaine qu’il savait. Elle oubliait cette formidable capacité que possédait le garçon et elle n’essayait naturellement pas de cacher quoi que ce soit.
Il la regarda dans les yeux un long moment, un moment qui parut interminable pour Sanya qui se sentait de plus en plus mal à l’aise. Il toucha doucement l’esprit de la jeune fille pour lui parler et pour ne pas être entendu des elfes qui étaient proches :
« J’aurais sans doute succombé à la tentation, moi aussi. Je comprends. »
Elle parut stupéfaite. Elle n’avait pas vu les lèvres d’Eragon bouger et elle entendait cependant sa voix. Cette nouvelle découverte l’avait vraiment surprise.
Elle allait lui répondre et inspirait avant de prononcer ses mots quand Eragon plaça un index sur ses lèvres et continua mentalement :
« Penses tes réponses et je les entendrai. »
« Comment est-ce possible ? Est-ce que tu entends réellement mes pensées ?
« Oui. »
Sanya s’interrompit un moment et demanda enfin :
« Comment as-tu découvert ce que j’avais fait ? Saphira… ? Ou est-ce que tu as vu à l’instant ce dont j’étais en train de penser ? »
« J’ai vu tes pensées, en effet. Quand tu penses assez fort à quelque chose, je peux le voir. Ça m’apparaît très nettement, comme une série d’images. Et j’ai ainsi vu ce que tu as vu lorsque tu étais cachée derrière ces rochers. »
Sanya baissa les yeux, honteuse. Elle essayait de remettre de l’ordre dans ses pensées. Elle releva ensuite les yeux pour poursuivre :
« Je suis désolée, vraiment… Je sais que je n’aurais pas dû… »
« Ce n’est pas grave. Je ne t’en veux vraiment pas, je t’assure… Je voudrais, pendant qu’on y est, m’excuser à mon tour. Je n’aurais pas du me conduire aussi durement avec toi. Ces derniers jours ont du être difficiles pour toi, je suis désolé. Je n’avais pas à te juger. »
« Je te remercie… Saphira t’a sûrement répété ce que je lui ai dit, le jour où nous avons été attaqué. Je voulais que tu le saches. »
« Oui. Elle m’a aussi fait part de ton désir de pouvoir lui parler comme je le fais avec elle, et avec toi maintenant. »
« Mais pourquoi puis-je le faire avec toi, mais pas avec elle ? »
« Mais tu le peux ! Essaye, et tu verras. »
La jeune femme ne parvint pas à retenir sa surprise. Elle ne réalisait pas qu’elle pouvait, elle aussi, parler en pensée. Elle ne savait pas trop comment s’y prendre.
Saphira se trouvait près d’eux. La jeune femme se tourna alors vers elle. Elle essaya de penser très fort ses mots :
« Je ne me serais même jamais imaginée capable de faire une telle chose… Est-ce que tu m’entends ? »
« Parfaitement ! »
La jeune femme fut surprise d’entendre enfin les pensées de Saphira. Elle sourit. Elle était ébahie. Elle écoutait la dragonne poursuivre :
« Tout le monde n’est pas capable de le faire. Tu as des prédispositions, Eragon les a vu, ou plutôt les a senti. Il m’en a parlé. Tu as sûrement du surprendre quelquefois des phrases ou des mots te parvenir sans savoir d’où provenaient les voix. Tu t’es sûrement demandé si tu ne rêvais pas. Quoi qu’il en soit, tu devais avoir dans ton entourage proche, dans ta famille sûrement, quelqu’un qui avait ce pouvoir, un magicien certainement. »
« On m’a souvent dit que ma mère était une sorcière. Je pensais à des remarques déplacées sur ma famille. J’ai longtemps entendu les gens parler d’elle comme d’une femme étrange, mais j’ai toujours cru que c’était pour m’éviter, comme ma mère. Elle avait peut-être réellement des pouvoirs. Elle était peut-être réellement magicienne. J’ai souvent ressenti un lien particulier entre nous, mais j’ai toujours cru que toutes les mères et toutes les filles le possédaient… Je suis si heureuse de pouvoir entendre tes pensées. »
« Nous pourrons ainsi nous parler et nous confier sans avoir recours à ce stratagème ridicule ! »
« Je suis désolée. » dit Sanya en riant. « Je n’ai rien trouvé d’autre sur le moment. »
« Ce n’était pas idiot, c’est vrai, mais j’aurais voulu alors te parler directement. Je ne voulais simplement pas te faire peur en le faisant sans que tu y soit préparée. »
ET DECOUVERTE
Sanya cherchait la façon dont elle pourrait parler à Saphira pour se confier. Elle avait besoin de lui parler, de se confier. Elle supportait de plus en plus difficilement le silence qui régnait souvent entre Eragon et elle.
Eragon allait rencontrer la reine. Il devait lui parler, lui faire savoir qu’il était de retour. Il devait lui expliquer pourquoi il avait emmené Sanya auprès d’eux.
Saphira resterait avec Sanya. Eragon n’avait pas besoin d’elle et il préférait qu’elle veille sur la jeune fille.
Sanya s’en réjouissait. Elle profiterait ainsi de l’absence de son ami pour tenter de lui parler. Elle ne savait pas encore comment, mais elle devait lui parler, se confier, c’était le seul moyen pour elle d’expier sa faute, si on pouvait appeler ça une faute !
Elle ne savait pas trop non plus par quel moyen se faire comprendre d’elle pour être sûre qu’elle garde le secret. Elle savait qu’elle ne lui répondrait pas, mais il fallait qu’elle sache si elle pouvait lui faire ces confidences, si elle pouvait lui faire confiance. Elle sentait qu’elle pouvait avoir confiance, mais elle souhaitait s’en assurer. Elle se tourna alors vers la dragonne et commença :
- J’ai à te parler, je voudrais te confier certaines choses, mais c’est très personnel et très difficile. Je n’ai personne à qui me confier. Je voudrais pouvoir le faire avec toi, mais je veux être sûre que tu ne répéteras pas ce que je vais te confier à Eragon, il serait furieux… Il faut vraiment que je sois sûre d’obtenir le plus grand secret sur ce que je vais te confier… Il faudrait juste trouver un moyen de communiquer facilement, ne serait-ce que par l’affirmative et la négative.
La dragonne fit un clin d’œil à la jeune fille. Cela lui donna alors une idée. Elle pensa à haute voix :
- Tes yeux pourraient me répondrent. Un clin d’œil pour « oui », par exemple, et les deux yeux fermés pour « non ».
La dragonne lui fit savoir qu’elle avait compris en clignant de l’œil. Sanya lui répéta « oui », et la dragonne fit un clin d’œil. Et lorsqu’elle lui dit « non », la dragonne ferma les deux yeux brièvement.
Sanya sourit. Elle savait que la dragonne comprenait ce qu’elle essayait de faire. Elle tenta de lui poser une question où elle pourrait répondre par l’affirmative ou la négative pour voir si elle avait vraiment compris.
Elle la regardait attentivement et lui demanda :
- Est-ce que tu me promets de ne rien répéter de ce que je vais te dire à Eragon ?
La dragonne cligna de l’œil. Sanya parut rassurée. Elle inspira profondément et commença donc :
- J’ai fait quelque chose de mal, ce matin, quelque chose de vraiment très mal… Si Eragon le savait, il serait furieux. Mais c’était plus fort que moi, je n’ai pas su résister. Je m’en veux un peu mais…
Elle s’interrompit un moment pour inspirer encore une fois profondément. Elle se lança :
- J’allais au lac prendre de l’eau. Je voulais remplir nos gourdes. Je voulais aussi me laver… Et j’ai vu les vêtements d’Eragon entassés sur la rive…
Elle s’interrompit encore et après un moment d’hésitation, elle poursuivit, le cœur battant :
- Je me suis cachée derrière des rochers pour l’espionner… Il nageait et j’ai pu le voir… Oh, Saphira ! Promets-moi que tu n’en diras pas un mot à Eragon.
La dragonne cligna encore une fois de l’œil.
Sanya sentait une douceur dans le regard de la dragonne. Elle était persuadée qu’elle la comprenait. Elle se sentait quelque part libérée d’un fardeau qui la tenaillait. Elle souhaitait maintenant lui parler plus personnellement, lui confier ce qu’elle ressentait. Elle poursuivait donc :
- Tu sais… La première fois que je l’ai vu, je savais qu’il n’était pas comme les autres. Je ne pourrais pas réellement expliquer pourquoi ? Mais quand je l’ai vu, ce matin, nager dans cette eau si claire, j’ai su qu’il y avait vraiment quelque chose. Je sais qu’il y a eu aussi quelque chose le jour où il est entré dans mon auberge aussi. Et je crois enfin savoir pourquoi j’ai risqué ma vie pour le sauver des Urgals, l’autre jour…
Elle s’interrompit une dernière fois. Elle savait, elle en était sûre, que Saphira avait tout à fait compris ce qu’elle ressentait, qu’elle comprenait ses sentiments pour son compagnon.
Elle n’eut de toute façon pas le temps de rajouter quoi que ce soit. Eragon revenait déjà de son entretien. Elle essaya donc d’éloigner, une fois de plus, ses images et ses pensées pour qu’Eragon ne s’aperçoive de rien.
Il lui fit face et la regarda dans les yeux. Il dit enfin :
- Tu as l’accord de la reine en personne. Tu es autorisée à rester avec moi. Je dois veiller sur toi le temps que tu te fasses à leurs coutumes. Tu logeras chez nous. Il y a bien assez de place pour t’accueillir dans la maison que nous avons ici, Saphira et moi. Tu es officiellement la bienvenue chez les elfes. La reine te rencontrera sûrement demain.
- Je vais rencontrer la reine ?
- Oui… Mais ne t’inquiète pas, nous allons préparer l’entretien. Je te dirai comment te comporter avec elle. Je t’enseignerai ce qu’il faut que tu saches.
Eragon s’arrêta un moment et la regarda dans les yeux pour finir sa phrase. Sanya se surprit à le dévisager malgré elle. Elle se souvenait malgré elle le garçon nageant dans le lac. Elle finit par baisser les yeux, un peu gênée. Eragon n’avait pas ressenti ses pensées. Il demanda simplement :
- Qu’y a-t-il ?
- Oh rien… rien…
Mais elle connaissait sa capacité à lire dans l’esprit des gens. Elle espérait seulement ne pas avoir penser trop clairement à cette vision de lui dans le lac. Elle se sentit rougir et détourna les yeux pour éviter qu’Eragon ne remarque davantage sa gêne.
Elle s’éloigna donc de quelques pas, échappant ainsi à ce regard qui la gênait vraiment. Elle sentit la main d’Eragon retenir son poignet. Elle fut surprise et leva les yeux vers lui. Elle était certaine qu’il avait maintenant découvert son secret. Il la regarda sans ciller et dit :
- Je sais qu’il y a quelque chose que tu ne veux pas me dire.
- En effet. Mais ce n’est rien d’important.
Elle se rassura un court instant. Il n’avait pas découvert ce qu’elle lui cachait. Mais les images revenaient sans cesse et elle y pensait maintenant de plus en plus fort.
Eragon n’insista pas davantage. Il relâcha sa main et la laissa s’éloigner. Sanya le laissa passer devant elle pour qu’il la guide à travers la cité.
Il la conduisit à leur maison-arbre. Elle était haut perchée et Sanya devait lever les yeux très haut pour apercevoir celle-ci. Elle était impressionnée. Elle posa sa main sur la rambarde finement sculptée dans le bois et eut un léger frisson. Elle monta l’escalier étroit qui menait à la maison à la suite d’Eragon pendant que Saphira volait jusqu’à elle.
Ils pénétraient dans le petit vestibule et Eragon passait cette fois devant elle pour la guider dans les autres pièces. Ils entrèrent tout d’abord dans une magnifique pièce finement décorée.
Sanya regardait tout autour d’elle et admirait chaque détail. Elle passait sa main sur le bois et caressait chaque motif. Elle était ébahie par ce qu’elle découvrait. Elle remarquait les marques sur le mur, stigmates du précédent passage du Dragonnier et de sa monture. Elles étaient restés marqués sur le bois le long des petits escaliers qui menaient à la bibliothèque.
Sanya s’interrogea et Eragon lui expliqua dans quelles circonstances ces marques avaient été faites. Sanya sourit, mais ne se moqua nullement. Elle ne trouva pas cela amusant, elle s’imagina simplement la scène.
Eragon lui fit visiter ainsi toute la maison et lui montra donc l’unique et immense chambre. Il ne s’arrêta pas sur ce détail et ils montèrent enfin jusqu’à la bibliothèque, dernière pièce qu’il restait à voir.
Sanya réalisa enfin et demanda :
- Mais il n’y a qu’une chambre…
- J’y ai songé, coupa-t-il. Je dormirais ici avec Saphira.
Eragon lui montrait la couche de Saphira dans la bibliothèque.
Sanya scrutait encore la pièce, observant le moindre détail. Cette maison était magnifique. Elle reflétait tout ce qu’elle s’imaginait des elfes et de leur architecture. Elle les savaient très habiles à manier les différentes matières et les différents matériaux.
Sanya suivit Eragon qui redescendait dans la chambre et put admirer la magnifique vue qu’on avait de cette maison. Elle admira le couché de soleil depuis la large fenêtre de la chambre, se rapprochant du bord.
La vue la saisit jusque dan son âme. Elle était imprenable, d’ici. Cette image était le plus beau spectacle qu’elle n’ait jamais vu. Elle admira le soleil se coucher jusqu’au dernier rayon visible, s’appuyant sur le rebord de l’immense ouverture. Elle était très émue par ce magnifique spectacle. Elle admirait en silence et sentait une sensation intense l’envahir.
Eragon ne troubla pas son admiration. Il se tenait près d’elle et admirait lui aussi le coucher du soleil. Elle fut sortie de cette douce sensation.
Quelqu’un frappait doucement à la porte. Elle tourna la tête et vit Eragon s’éloigner pour ouvrir. Sanya s’avançait doucement près de l’entrée de la chambre et écoutait les deux hommes échanger les salutations qu’elle avait déjà entendu lors de leur arrivée. Puis le jeune elfe s’adressa à Eragon dans un langage qu’elle ne connaissait pas. Elle écoutait. Elle espérait qu’Eragon lui répéterait les paroles échangées. Et en effet, il lui répéta les mots.
Elle allait rencontrer la reine. Ainsi que d’autres elfes, à l’occasion d’un repas de bienvenue organisé pour le retour d’Eragon.
Eragon tendit une pile de linge à la jeune femme.
- Tu dois vouloir changer de vêtements, dit-il. Tu peux enfiler ça. Je te rejoins dans un moment, le temps de me changer, moi aussi.
Il prit congé et quitta la chambre en fermant la porte derrière lui. Sanya s’attarda un moment sur le tissu qu’elle tenait entre ses doigts. Il était d’une douceur et d’une finesse incroyable. Eragon lui avait montré comment utiliser les différents systèmes présents dans cette maison hors du commun. Elle emplit ainsi la petite vasque d’eau et se lava. Elle enfila ensuite la tunique longue couleur vert d’eau si légère et entoura sa taille de la ceinture fleurie qui l’accompagnait. Elle arborait de petits chaussons légers qui ne lui serraient pas les pieds. Elle avait presque l’impression d’être pieds nus.
Elle se regarda dans le miroir. Elle se trouvait si différente dans ces vêtements magnifiques. Elle ne réalisait pas qu’elle se trouvait dans la plus grande cité qu’elle n’ait jamais connue, au milieu d’un peuple qui lui était totalement inconnu.
Elle entendit bientôt frapper contre la porte. Elle se sortit de ses pensées et répondit :
- Oui, entre Eragon.
Il avait lui aussi enfilé des vêtements offerts par les elfes. Ils lui avaient été remis lors de son premier séjour ici. Il portait cependant des bottes.
Ils devaient quitter la maison pour se rendre au dîner. Eragon l’invita donc à passer la première et ils descendirent ensemble jusqu’en bas de la maison-arbre. Eragon reprit ensuite la tête et lui ouvrit le chemin vers la demeure d’Islanzadí, reine des elfes.
Sanya marchait en silence aux côtés de Saphira. Elle était anxieuse. Elle ne savait pas comment se tenir ni comment réagir. Eragon ressentait son angoisse et profita du chemin pour lui donner quelques conseils. Il s’était rapproché d’elle et commença par lui enseigner les salutations. Elle essaya de retenir ses instructions et les mots, mais elle avait l’impression de ne rien retenir :
- Je n’y arriverais pas, Eragon !
Il se stoppa un moment et fit face à la jeune fille. Il prit les mains de Sanya et la regarda avec douceur. Il la rassurait :
- Calme-toi, je suis là. J’essayerai de te souffler ce qu’il faut que tu dises, si besoin est.
Cela la rassura un peu. Mais elle était persuadée qu’elle serait épiée et que si elle faisait un mauvais geste ou parlait de façon incorrecte, cela lui vaudrait des reproches, des regards…
Devant la demeure, Eragon se tourna encore une fois vers Sanya et la prit par les épaules :
- Inspire profondément. Essaye de ne pas penser au rang qu’elle occupe. Elle ne te fera aucun mal et elle ne te jugera pas non plus. Elle sait ce que tu es. Je l’ai été moi aussi. Tant que tu seras avec moi, je veillerai à ce que tout se passe bien. Je t’ai promis de veiller sur toi. C’est exactement ce que je vais faire.
La jeune femme n’entendait qu’à peine ses paroles. Elle se perdait de nouveau dans ses rêves et ses pensées. Elle réalisait que le jeune homme avait posé ses mains sur ses épaules. Elle fixait ce regard profond qui la regardait sans ciller. Elle se remémora avec force le moment où elle l’avait espionné au lac.
Eragon s’arrêta soudain de parler et changea aussi soudainement d’expression. Il la regardait toujours droit dans les yeux et Sanya réalisa ce qui se passait. Elle se ravisa, mais un peu tard, en cherchant d’autres pensées. Elle affichait une expression de surprise. Elle était certaine que le jeune homme avait pu voir ce qu’elle venait de visualiser dans son esprit.
Le jeune homme baissa la tête un moment. Sanya resta silencieuse et se sentit rougir. Elle attendait en espérant une réaction qui lui permettait de croire qu’elle se trompait et qu’il n’avait rien vu. Mais Eragon releva la tête et dit :
- Je ne t’en veux pas !
- Pardon ?
- Je sais à présent ce que tu me cachais, et je ne t’en veux pas.
La jeune femme sentit ses joues la brûler. Elle sentit aussi une vague lui courir sur la peau, lui donnant des frissons. Elle était maintenant certaine qu’il savait. Elle oubliait cette formidable capacité que possédait le garçon et elle n’essayait naturellement pas de cacher quoi que ce soit.
Il la regarda dans les yeux un long moment, un moment qui parut interminable pour Sanya qui se sentait de plus en plus mal à l’aise. Il toucha doucement l’esprit de la jeune fille pour lui parler et pour ne pas être entendu des elfes qui étaient proches :
« J’aurais sans doute succombé à la tentation, moi aussi. Je comprends. »
Elle parut stupéfaite. Elle n’avait pas vu les lèvres d’Eragon bouger et elle entendait cependant sa voix. Cette nouvelle découverte l’avait vraiment surprise.
Elle allait lui répondre et inspirait avant de prononcer ses mots quand Eragon plaça un index sur ses lèvres et continua mentalement :
« Penses tes réponses et je les entendrai. »
« Comment est-ce possible ? Est-ce que tu entends réellement mes pensées ?
« Oui. »
Sanya s’interrompit un moment et demanda enfin :
« Comment as-tu découvert ce que j’avais fait ? Saphira… ? Ou est-ce que tu as vu à l’instant ce dont j’étais en train de penser ? »
« J’ai vu tes pensées, en effet. Quand tu penses assez fort à quelque chose, je peux le voir. Ça m’apparaît très nettement, comme une série d’images. Et j’ai ainsi vu ce que tu as vu lorsque tu étais cachée derrière ces rochers. »
Sanya baissa les yeux, honteuse. Elle essayait de remettre de l’ordre dans ses pensées. Elle releva ensuite les yeux pour poursuivre :
« Je suis désolée, vraiment… Je sais que je n’aurais pas dû… »
« Ce n’est pas grave. Je ne t’en veux vraiment pas, je t’assure… Je voudrais, pendant qu’on y est, m’excuser à mon tour. Je n’aurais pas du me conduire aussi durement avec toi. Ces derniers jours ont du être difficiles pour toi, je suis désolé. Je n’avais pas à te juger. »
« Je te remercie… Saphira t’a sûrement répété ce que je lui ai dit, le jour où nous avons été attaqué. Je voulais que tu le saches. »
« Oui. Elle m’a aussi fait part de ton désir de pouvoir lui parler comme je le fais avec elle, et avec toi maintenant. »
« Mais pourquoi puis-je le faire avec toi, mais pas avec elle ? »
« Mais tu le peux ! Essaye, et tu verras. »
La jeune femme ne parvint pas à retenir sa surprise. Elle ne réalisait pas qu’elle pouvait, elle aussi, parler en pensée. Elle ne savait pas trop comment s’y prendre.
Saphira se trouvait près d’eux. La jeune femme se tourna alors vers elle. Elle essaya de penser très fort ses mots :
« Je ne me serais même jamais imaginée capable de faire une telle chose… Est-ce que tu m’entends ? »
« Parfaitement ! »
La jeune femme fut surprise d’entendre enfin les pensées de Saphira. Elle sourit. Elle était ébahie. Elle écoutait la dragonne poursuivre :
« Tout le monde n’est pas capable de le faire. Tu as des prédispositions, Eragon les a vu, ou plutôt les a senti. Il m’en a parlé. Tu as sûrement du surprendre quelquefois des phrases ou des mots te parvenir sans savoir d’où provenaient les voix. Tu t’es sûrement demandé si tu ne rêvais pas. Quoi qu’il en soit, tu devais avoir dans ton entourage proche, dans ta famille sûrement, quelqu’un qui avait ce pouvoir, un magicien certainement. »
« On m’a souvent dit que ma mère était une sorcière. Je pensais à des remarques déplacées sur ma famille. J’ai longtemps entendu les gens parler d’elle comme d’une femme étrange, mais j’ai toujours cru que c’était pour m’éviter, comme ma mère. Elle avait peut-être réellement des pouvoirs. Elle était peut-être réellement magicienne. J’ai souvent ressenti un lien particulier entre nous, mais j’ai toujours cru que toutes les mères et toutes les filles le possédaient… Je suis si heureuse de pouvoir entendre tes pensées. »
« Nous pourrons ainsi nous parler et nous confier sans avoir recours à ce stratagème ridicule ! »
« Je suis désolée. » dit Sanya en riant. « Je n’ai rien trouvé d’autre sur le moment. »
« Ce n’était pas idiot, c’est vrai, mais j’aurais voulu alors te parler directement. Je ne voulais simplement pas te faire peur en le faisant sans que tu y soit préparée. »
Invité- Invité
Chapitre 9
ARYA ET L’ARBRE MENOA
Il entrèrent dans la demeure et furent escortés tous trois vers la salle des banquets. Sanya regardait tout autour d’elle. Le palais était vraiment superbe. Elle n’avait jamais rien vu de tel. La décoration était riche et raffinée. Tout était fleuri. La végétation était présente partout et envahissait naturellement les lieux. Une foule de senteur affluait et emplissait le cœur de Sanya d’un bonheur sans nom. Elle se sentait bien, sereine, transportée…
Le repas étaient servis par des elfes très jeunes. Tout était somptueux. La présentation avait été soignée. Sanya ne s’étonna pas de ne pas voir de viande. Elle-même n’en consommait presque pas. Elle se délectait de découvrir des plats qui restaient raffinés malgré tout.
Le repas se passa dans le plus grand silence pour commencer. Sanya ne fut pas tenter de parler. Elle profitait simplement de la douce ambiance. Elle mangeait et se laissait bercer par ce silence.
La reine coupa la première le silence pour se présenter à la jeune fille. En tout premier lieu, la réponse de Sanya fut de porter deux doigts à ses lèvres et répéta les mots qu’Eragon lui avait enseigné un peu plus tôt. La reine parut étonnée qu’elle connaisse cette maque de respect. Eragon, lui, était ravi de voir qu’elle avait retenu la leçon.
Il garda un œil sur elle et n’eut pas à intervenir durant l’entretien. Il paraissait même fier de voir la jeune fille plutôt à l’aise. Elle paraissait ainsi au courant des coutumes des elfes.
Malgré l’apparente décontraction qu’affichait Sanya, elle n’était pas vraiment à l’aise. Mais son trac disparut bien vite. Elle parla ensuite sans crainte. Elle savait qu’Eragon la reprendrait s’il ressentait de la gêne de part et des autres convives.
La soirée s’achevait déjà. Il était temps de prendre congés. Et, après les salutations d’usage échangées entre Sanya et la reine et une dernière révérence, ils quittèrent la pièce et bientôt, la demeure.
Sanya n’était pas fatiguée. Le voyage ne l’avait pas éprouvé. Elle se sentait curieusement bien. Elle se laissait porter par cette ambiance particulière qui régnait dans cette cité.
Eragon ne paraissait pas fatigué non plus. Il voulait profiter de l’occasion pour se promener avec Sanya à travers la cité toute illuminée. Sanya paraissait ailleurs. Elle se laissait portée par ce bien-être qui l’envahissait.
Eragon voulait lui montrer un endroit en particulier. Sanya était curieuse de découvrir cet endroit. Elle fut surprise lorsqu’il prit sa main. Elle se laissa toutefois entraîner à travers toute la cité pour commencer. Ensuite ils traversèrent une partie de la forêt. Ils marchèrent un petit moment avant d’atteindre enfin une clairière immense. Elle était curieusement vide de tout arbres. Un seul arbre y trônait. Un vieil et immense arbre, au tronc très large et aux nombreuses racines envahissant les alentours : l’arbre Menoa.
Eragon lui parla de cet arbre. Il lui raconta l’histoire que lui avait conté Arya lorsqu’elle lui avait fait découvrir l’endroit quelques mois plus tôt. Il lui expliquait aussi que c’était en ce lieu qu’il avait reçu le cadeau des dragons et qu’il avait pris l’apparence d’un elfe.
La main d’Eragon n’avait toujours pas quittée celle de Sanya. La jeune femme n’avait pas manifesté de réaction particulière à ce contact, mais elle était heureuse de se rapprochement. Elle voulait connaître son histoire, elle voulait partager des moments privilégiés avec cet homme qui l’avait pris sous son aile pour lui éviter un avenir sûrement tragique et surtout incertain.
Sanya fit comme Eragon et prit place sur l’une des nombreuses racines de cet immense arbre qui sortaient de terre. Eragon leva alors les yeux vers le ciel et Sanya fit comme lui. Ils observèrent les étoiles en silence.
Sanya regardait le ciel en pensant à ce qu’Eragon lui avait dit en apprenant qu’elle l’avait espionné. Il ne lui en voulait pas. Elle se sentait heureuse qu’il ne soit pas furieux contre elle de l’avoir fait.
Elle jetait un coup d’œil de temps à autre pour croiser le regard d’Eragon, mais celui-ci ne quittait pas le ciel. Elle aurait pourtant voulu parler, lui poser quelques questions, histoire de faire plus ample connaissance. Elle ne savait pas grand chose de lui. Elle en aurait ainsi profité pour lui en apprendre aussi davantage sur elle.
Après un long moment à observer ainsi le ciel, Eragon reprit le chemin de la maison-arbre pour aller dormir et entraîna une nouvelle fois la jeune avec lui. Il était tard et il fallait penser à dormir. Pourtant Sanya ne se sentait pas fatiguée. Elle serait volontiers restée encore un peu.
Eragon devait rencontrer son maître, Oromis. Il le savait soucieux de l’apparence qu’il pouvait montrer. Il devait paraître au meilleur de lui-même malgré tout. Il était question qu’il termine sa formation.
Sanya marchait aux côtés d’Eragon, toujours sa main dans la sienne. Une question lui brûla les lèvres. Elle inspira et osa enfin la poser :
- Etais-tu proche d’Arya.
Elle avait entendu parler d’elle pendant le dîner et la curiosité l’emportait, encore une fois. Elle savait très peu de chose d’elle. Elle savait seulement qu’elle avait été en charge de l’œuf de Saphira avant son éclosion et qu’Eragon et elle semblaient être proches. Elle savait qu’ils avaient combattu ensemble durant la bataille de Farthen Dûr, mais rien de plus.
Eragon ne répondit pas tout de suite. Sanya sentit vite que le sujet lui était douloureux. Elle regretta vite d’avoir posé la question.
Après avoir simplement répondu « oui » à la jeune femme, Eragon se ferma et ne dit plus un mot. Il accéléra même le pas, lâchant du même coup sa main et ils atteignirent très vite la maison-arbre. Ils gagnèrent chacun leur chambre.
Sanya quitta une partie de ses vêtements et se glissa dans le lit douillet. Elle repensa malgré elle à la réaction d’Eragon quand elle l’avait questionné au sujet d’Arya. Elle repensa aux paroles d’Eragon et de la reine. Sanya savait qu’elle avait donné sa vie pour sauver le destin d’Eragon. Elle essayait de comprendre alors la réaction du garçon. Elle voulait avoir l’avis de Saphira. Elle savait sûrement des choses qu’elle ignorait et qui pouvait l’éclairer. Saphira répondit aussitôt à l’appel de Sanya :
« Qu’y a-t-il ? »
« Je voulais savoir ce qu’Eragon ressentait pour Arya. »
Sanya réalisait qu’il ne pouvait y avoir qu’une raison à cette réaction. Elle était persuadée qu’il y avait eu quelque chose entre eux.
« Il en était éperdument amoureux. »
« Je comprends. Je n’aurais pas du lui parler d’elle alors. »
Elle aurait dû s’en douter. C’était évident. Mais est-ce qu’elle ressentait la même chose, elle l’ignorait. Ce qui la préoccupait surtout, c’était ce qu’avait ressentit Eragon. Sanya poursuivit :
« Il a du être terriblement malheureux lorsqu’elle est partie… »
« Il a mis beaucoup de temps à s’en remettre. »
« Et lorsque je me suis opposée à cet Urgal, il a eu peur de revivre une perte comme celle d’Arya. »
« Oui. Quelque part, il a du avoir peur de te voir mourir. Il ne veut plus revivre ça et refuse de s’ouvrir à quelqu’un de peur de la perdre de la même façon. »
« Merci, Saphira, et bonne nuit. »
« Bonne nuit ! »
Sanya comprenait maintenant que même si elle lui avouait ses sentiments ou qu’il les découvrait, il ne ferait rien pour se rapprocher d’elle de peur de ressentir le mal de la perdre comme il l’avait ressenti lorsqu’il avait perdu Arya.
Elle parut un peu déçue. Elle resta un long moment à songer à ce qu’avait pu être la perte d’Arya pour Eragon. Elle ferma enfin les yeux et trouva difficilement le sommeil. Quand elle y parvint, celui-ci fut troublé de rêves intenses.
Il entrèrent dans la demeure et furent escortés tous trois vers la salle des banquets. Sanya regardait tout autour d’elle. Le palais était vraiment superbe. Elle n’avait jamais rien vu de tel. La décoration était riche et raffinée. Tout était fleuri. La végétation était présente partout et envahissait naturellement les lieux. Une foule de senteur affluait et emplissait le cœur de Sanya d’un bonheur sans nom. Elle se sentait bien, sereine, transportée…
Le repas étaient servis par des elfes très jeunes. Tout était somptueux. La présentation avait été soignée. Sanya ne s’étonna pas de ne pas voir de viande. Elle-même n’en consommait presque pas. Elle se délectait de découvrir des plats qui restaient raffinés malgré tout.
Le repas se passa dans le plus grand silence pour commencer. Sanya ne fut pas tenter de parler. Elle profitait simplement de la douce ambiance. Elle mangeait et se laissait bercer par ce silence.
La reine coupa la première le silence pour se présenter à la jeune fille. En tout premier lieu, la réponse de Sanya fut de porter deux doigts à ses lèvres et répéta les mots qu’Eragon lui avait enseigné un peu plus tôt. La reine parut étonnée qu’elle connaisse cette maque de respect. Eragon, lui, était ravi de voir qu’elle avait retenu la leçon.
Il garda un œil sur elle et n’eut pas à intervenir durant l’entretien. Il paraissait même fier de voir la jeune fille plutôt à l’aise. Elle paraissait ainsi au courant des coutumes des elfes.
Malgré l’apparente décontraction qu’affichait Sanya, elle n’était pas vraiment à l’aise. Mais son trac disparut bien vite. Elle parla ensuite sans crainte. Elle savait qu’Eragon la reprendrait s’il ressentait de la gêne de part et des autres convives.
La soirée s’achevait déjà. Il était temps de prendre congés. Et, après les salutations d’usage échangées entre Sanya et la reine et une dernière révérence, ils quittèrent la pièce et bientôt, la demeure.
Sanya n’était pas fatiguée. Le voyage ne l’avait pas éprouvé. Elle se sentait curieusement bien. Elle se laissait porter par cette ambiance particulière qui régnait dans cette cité.
Eragon ne paraissait pas fatigué non plus. Il voulait profiter de l’occasion pour se promener avec Sanya à travers la cité toute illuminée. Sanya paraissait ailleurs. Elle se laissait portée par ce bien-être qui l’envahissait.
Eragon voulait lui montrer un endroit en particulier. Sanya était curieuse de découvrir cet endroit. Elle fut surprise lorsqu’il prit sa main. Elle se laissa toutefois entraîner à travers toute la cité pour commencer. Ensuite ils traversèrent une partie de la forêt. Ils marchèrent un petit moment avant d’atteindre enfin une clairière immense. Elle était curieusement vide de tout arbres. Un seul arbre y trônait. Un vieil et immense arbre, au tronc très large et aux nombreuses racines envahissant les alentours : l’arbre Menoa.
Eragon lui parla de cet arbre. Il lui raconta l’histoire que lui avait conté Arya lorsqu’elle lui avait fait découvrir l’endroit quelques mois plus tôt. Il lui expliquait aussi que c’était en ce lieu qu’il avait reçu le cadeau des dragons et qu’il avait pris l’apparence d’un elfe.
La main d’Eragon n’avait toujours pas quittée celle de Sanya. La jeune femme n’avait pas manifesté de réaction particulière à ce contact, mais elle était heureuse de se rapprochement. Elle voulait connaître son histoire, elle voulait partager des moments privilégiés avec cet homme qui l’avait pris sous son aile pour lui éviter un avenir sûrement tragique et surtout incertain.
Sanya fit comme Eragon et prit place sur l’une des nombreuses racines de cet immense arbre qui sortaient de terre. Eragon leva alors les yeux vers le ciel et Sanya fit comme lui. Ils observèrent les étoiles en silence.
Sanya regardait le ciel en pensant à ce qu’Eragon lui avait dit en apprenant qu’elle l’avait espionné. Il ne lui en voulait pas. Elle se sentait heureuse qu’il ne soit pas furieux contre elle de l’avoir fait.
Elle jetait un coup d’œil de temps à autre pour croiser le regard d’Eragon, mais celui-ci ne quittait pas le ciel. Elle aurait pourtant voulu parler, lui poser quelques questions, histoire de faire plus ample connaissance. Elle ne savait pas grand chose de lui. Elle en aurait ainsi profité pour lui en apprendre aussi davantage sur elle.
Après un long moment à observer ainsi le ciel, Eragon reprit le chemin de la maison-arbre pour aller dormir et entraîna une nouvelle fois la jeune avec lui. Il était tard et il fallait penser à dormir. Pourtant Sanya ne se sentait pas fatiguée. Elle serait volontiers restée encore un peu.
Eragon devait rencontrer son maître, Oromis. Il le savait soucieux de l’apparence qu’il pouvait montrer. Il devait paraître au meilleur de lui-même malgré tout. Il était question qu’il termine sa formation.
Sanya marchait aux côtés d’Eragon, toujours sa main dans la sienne. Une question lui brûla les lèvres. Elle inspira et osa enfin la poser :
- Etais-tu proche d’Arya.
Elle avait entendu parler d’elle pendant le dîner et la curiosité l’emportait, encore une fois. Elle savait très peu de chose d’elle. Elle savait seulement qu’elle avait été en charge de l’œuf de Saphira avant son éclosion et qu’Eragon et elle semblaient être proches. Elle savait qu’ils avaient combattu ensemble durant la bataille de Farthen Dûr, mais rien de plus.
Eragon ne répondit pas tout de suite. Sanya sentit vite que le sujet lui était douloureux. Elle regretta vite d’avoir posé la question.
Après avoir simplement répondu « oui » à la jeune femme, Eragon se ferma et ne dit plus un mot. Il accéléra même le pas, lâchant du même coup sa main et ils atteignirent très vite la maison-arbre. Ils gagnèrent chacun leur chambre.
Sanya quitta une partie de ses vêtements et se glissa dans le lit douillet. Elle repensa malgré elle à la réaction d’Eragon quand elle l’avait questionné au sujet d’Arya. Elle repensa aux paroles d’Eragon et de la reine. Sanya savait qu’elle avait donné sa vie pour sauver le destin d’Eragon. Elle essayait de comprendre alors la réaction du garçon. Elle voulait avoir l’avis de Saphira. Elle savait sûrement des choses qu’elle ignorait et qui pouvait l’éclairer. Saphira répondit aussitôt à l’appel de Sanya :
« Qu’y a-t-il ? »
« Je voulais savoir ce qu’Eragon ressentait pour Arya. »
Sanya réalisait qu’il ne pouvait y avoir qu’une raison à cette réaction. Elle était persuadée qu’il y avait eu quelque chose entre eux.
« Il en était éperdument amoureux. »
« Je comprends. Je n’aurais pas du lui parler d’elle alors. »
Elle aurait dû s’en douter. C’était évident. Mais est-ce qu’elle ressentait la même chose, elle l’ignorait. Ce qui la préoccupait surtout, c’était ce qu’avait ressentit Eragon. Sanya poursuivit :
« Il a du être terriblement malheureux lorsqu’elle est partie… »
« Il a mis beaucoup de temps à s’en remettre. »
« Et lorsque je me suis opposée à cet Urgal, il a eu peur de revivre une perte comme celle d’Arya. »
« Oui. Quelque part, il a du avoir peur de te voir mourir. Il ne veut plus revivre ça et refuse de s’ouvrir à quelqu’un de peur de la perdre de la même façon. »
« Merci, Saphira, et bonne nuit. »
« Bonne nuit ! »
Sanya comprenait maintenant que même si elle lui avouait ses sentiments ou qu’il les découvrait, il ne ferait rien pour se rapprocher d’elle de peur de ressentir le mal de la perdre comme il l’avait ressenti lorsqu’il avait perdu Arya.
Elle parut un peu déçue. Elle resta un long moment à songer à ce qu’avait pu être la perte d’Arya pour Eragon. Elle ferma enfin les yeux et trouva difficilement le sommeil. Quand elle y parvint, celui-ci fut troublé de rêves intenses.
Invité- Invité
Chapitre 10
ORAGE ET SENTIMENTS
Un grand bruit la réveilla en sursaut. Un éclair déchira le ciel et un bruit assourdissant emplit la pièce. La pluie ne tombait pas, mais l’orage qui grondait dehors était puissant. Le silence rendait chaque coup de tonnerre plus intense encore.
Sanya avait réellement très peur de l’orage. Elle n’avait jamais réussi à savoir pourquoi. Mais elle réagissait toujours violemment.
Elle se blottit, se courbant comme un fœtus, dans les couvertures, en se bouchant les oreilles, tremblante. Elle ne contrôlait pas ce qu’elle ressentait quand un orage éclatait.
Un autre éclair suivit d’un tonnerre fracassant la fit crier. Elle fermait les yeux de toutes ses forces, roulée en boule sous les couvertures, et elle tremblait de plus belle. Elle aurait donné n’importe quoi pour que l’orage cesse. Elle ne bougeait pas et priait pour que cette orage prenne fin le plus vite possible.
Eragon avait entendu les cris et les plaintes. Il quitta son lit et vint frapper à la porte, mais Sanya n’entendit pas les coups portés sur celle-ci. Elle se bouchait toujours les oreilles.
Eragon entra malgré tout doucement dans la pièce et s’avança vers le lit. Sanya sursauta lorsqu’Eragon posa une main sur son épaule et elle cria. Elle se redressa, toujours tremblante, affichant une mine apeurée. Elle tenta de s’excuser, mais un autre éclair l’en empêcha. Elle ferma de nouveau très fort les yeux. Elle savait qu’un coup de tonnerre allait s’en suivre. Elle retint son cri à grand peine.
Eragon s’approcha d’elle et la prit dans ses bras. Il tenta de la calmer. Elle essayait de lui expliquer sa réaction quand un autre éclair décrivit un trait de lumière dans le ciel. La pièce était alors baigner d’une lumière aveuglante. Le bruit du tonnerre était si foudroyant qu’il lui arracha un autre cri. Elle s’était blottie et étreignit Eragon.
Eragon la fit taire quand elle s’écarta pour s’excuser. Il comprenait, rien qu’en la voyant, que sa peur était incontrôlée et réelle. Il la ressentait avec force. Il lui proposa de rester près d’elle le temps que l’orage passe. Elle ne trouva pas la force de lui dire non. Elle se blottit contre lui et se cachait de la lumière des éclairs.
Il s’installa dans le lit, assis contre le mur et la serra contre lui. Sanya s’agrippait à lui lorsqu’un éclair traversait le ciel encore. Elle retenait comme elle le pouvait ses cris quand le tonnerre retentissait. Mais elle continuait de trembler.
L’orage passa et Sanya trouva enfin le sommeil, toujours blottie contre la poitrine d’Eragon. Le reste de la nuit fut calme et aucun bruit ne troubla son repos. Elle ne réalisa même pas qu’Eragon n’avait pas quitté la chambre pour s’endormir à son tour.
La lumière du jour entrait par la large fenêtre, mais n’avait pas réveillé la jeune femme tout de suite. Quand elle ouvrit lentement les yeux, elle sentit qu’elle était blottie contre quelque chose de chaud… qui respirait… Elle réalisait enfin qu’Eragon se tenait près d’elle. Il était étendu, les yeux fermés et Sanya avait passé un bras sur lui, la tête blottie au creux de son épaule.
Elle leva les yeux et le regarda dormir. Il paraissait paisible. Elle n’osa pas faire un mouvement de peur de le réveiller. Elle referma alors les yeux et écouta le cœur d’Eragon battre lentement. C’était une musique qui la fit sourire. Elle la réconfortait. Elle se sentait bien.
Elle put aussi sentir l’odeur de sa peau au travers du vêtement de fin tissu qui le couvrait. Elle lui enchanta les sens et fit battre son cœur plus vite. Elle savait maintenant, elle était certaine des sentiments qu’elle éprouvait pour ce garçon.
Elle sentit remuer sous elle et se sortit de ses rêves pour lever encore une fois les yeux et voir qu’Eragon avait enfin ouvert les siens. Elle lui sourit timidement :
- Merci !
- Ça n’est rien.
- J’ai une peur terrible de l’orage et celui-ci était impressionnant.
- Est-ce que tu as bien dormi ?
- Oui.
Elle se redressa pour s’asseoir. Eragon se dégagea et quitta le lit pour rejoindre sa chambre. Avant de quitter définitivement la pièce, il adressa un sourire à Sanya. Elle lui renvoya celui-ci.
Elle était heureuse. Il lui avait semblé si loin d’elle la veille encore et cette fois, il lui paraissait si proche d’elle. Cette nuit avait été si douce à ses côtés.
Sanya entendit l’appel de Saphira. Elle s’était habituée à se contact. Elle aimait beaucoup parler avec elle. Elle pouvait lui confier désormais tous ses secrets en étant sûr qu’Eragon n’en saurait rien.
« Est-ce que tu as bien dormie ? »
« Grâce à Eragon, oui. J’ai eu tellement peur. »
« J’en suis heureuse. Il paraissait très inquiet. »
« C’est vrai ? »
« Oui. J’ai aussi sentit ta peur. »
Un silence plus tard, Saphira poursuivit :
« Nous allons, avec Eragon, devoir nous absenter. Nous devons voir nos maîtres. Tu seras seule un moment. »
« Très bien. »
Eragon passa dire au revoir à Sanya avant de quitter la maison.
Sanya se remémorait la nuit passée. Elle resta un moment étendue dans le grand lit à se remémorer la présence d’Eragon près d’elle pour la nuit. Elle quitta enfin le lit et se couvrit avant de se mettre à arpenter la maison. Elle alla tout d’abord à fureter dans la bibliothèque. Elle regardait autour d’elle. Elle se mit à la recherche de quelque chose qu’elle pourrait lire, mais tout était dans un langage qui lui était inconnu.
Elle regardait alors les dessins entassés, les pages griffonnées… Elle passait ses doigts sur le parchemin et scrutait les formes et les taches d’encre qui faisaient la beauté des documents. Elle passait doucement ses doigt sur les parchemins. Elle aurait voulu alors comprendre ce langage. Il lui paraissait si beau. Les formes des lettres, les courbures… Tout était si beau.
Elle navigua ensuite dans les différentes pièces. Elle cherchait quelque chose, n’importe quoi. Elle se laissait porter par sa curiosité. Elle finit par entrer dans la pièce qui jouxtait la bibliothèque où dormaient Saphira et Eragon. La porte était restée ouverte. Elle se disait qu’elle ne ferait rien de mal à regarder. Elle arpentait la pièce et laissait errer son regard un peu partout. Il n’y avait rien, mis à part des vêtements.
Elle prit naturellement entre ses mains la tunique posée sur le lit. Elle la fit glisser entre ses doigts. Le tissu était vraiment fin et doux. Elle le porta instinctivement à ses narines et respira cette odeur déjà si familière. Elle ferma les yeux. Elle repensa instantanément à la nuit dernière. Elle reposa le vêtement et retourna dans sa chambre encore rêveuse.
Elle remplie la vasque d’eau et se lava. Elle s’aspergea le visage et se regarda dans le miroir. Elle enfila les vêtements qu’Eragon avait trouvé une fois de plus devant la porte, comme toutes les fois. Ainsi qu’un plateau rempli de nourriture.
Elle s’empara du plateau, s’installa près du lit et déjeuna. Elle regardait le paysage fantastique par la fenêtre. Elle se sentait libre, sans aucune peur. Elle vivait comme dans un rêve ou tout y était beau et magique. C’était le mot qu’elle cherchait, c’était magique !
Elle se décida enfin à descendre de la maison-arbre pour aller à la rencontre des elfes dans la cité. Elle n’avait plus peur de se promener puisqu’Eragon lui avait appris les salutations d’usage.
Elle ne comprenait ni ne parlait le langage des elfes. Il lui faudrait l’apprendre. Cependant, elle ne se sentait pas étrangère. C’était déroutant, elle se sentait même chez elle. Elle n’avait pas peur du regard que portaient les elfes sur elle. Certains connaissaient ses origines et lui parlaient dans son langage. Elle put ainsi parler et connaître un peu les habitants qui lui adressaient volontiers la parole.
L’un d’eux eut la charmante idée de l’amener à la bibliothèque d’Ellesméra. Là, elle put lire quelques ouvrages dans son langage. Ils en possédaient quelques uns. Sanya était vraiment ravie. Elle avait appris à lire très jeune et s’intéressait beaucoup aux textes écrits par les anciens. Elle était férue d’histoire et de poésie. C’est donc naturellement qu’elle tomba sur quelques poèmes. Les elfes n’en possédaient pas beaucoup dans son langage, la plupart étaient en langage elfique. Un poème attira tout particulièrement son regard. Elle le lut. Il n’était pas sans lui rappeler quelqu’un. Elle le relut alors pour s’en assurer. Elle questionna les elfes qui lui apprirent que ce poème était celui écrit par Eragon lors de la fête du Serment du Sang où il avait subit sa transformation.
Elle relut une fois de plus les vers pour s’imprégner des rimes. Elle les comprit mieux encore. Elle réalisait ce qu’il avait vécu. Il était émouvant. Sanya était vraiment émue par ces mots. Elle posa de nombreuses questions sur la fête du Serment du Sang. Elle sut comment Eragon avait été transformé.
Sanya quitta la bibliothèque avec les souvenirs de ce qu’elle venait de lire. Elle pensait à ce magnifique poème qui l’avait tant émue. Elle était visiblement distraite et fut surprise quand Eragon et Saphira firent leur apparition. Sanya leur sourit en les voyant.
Eragon descendit de selle et fit face à la jeune femme :
- Tu ne t’es pas trop ennuyée ?
- Non. J’ai eu plaisir à rencontrer quelques elfes avec qui j’ai pu parler. Ils sont si curieux, ils veulent tout savoir. Ils m’ont posé une foule de questions. L’un d’eux m’a emmené à la bibliothèque. J’y ai fait une découverte fabuleuse.
- Et laquelle ?
- Le poème que tu as écrit. Par chance, il est également en langage humain, j’ai pu le lire. Je l’ai même lu plusieurs fois. Je l’ai trouvé vraiment fabuleux. On m’a expliqué pour quelle occasion ces poèmes sont écrit. On m’en a traduit certains. Je ne connais pas le langage ancien et je suis curieuse, tout comme les elfes. Il faudrait vraiment que je l’apprenne.
- Je pourrais t’enseigner quelques mots, si tu le veux.
- Tu ferais ça ?
- Oui, bien sûr.
- Oh, Eragon ! Ce serait formidable !
Elle lui aurait volontiers sauter au cou, mais se retint. Elle afficha tout de même un sourire radieux. Elle rayonnait de bonheur. Eragon paraissait heureux de voir la jeune fille aussi épanouie. Il était rassurée de voir qu’elle ne se sentait pas perdue.
Elle emboîta le pas d’Eragon et ils rejoignirent ensemble la maison-arbre. Sanya s’approcha de Saphira :
« Comment s’est passé vos retrouvailles ? »
« Bien. Mais Eragon devra te parler de quelque chose à notre arrivée. »
« Très bien. »
Sanya se demandait de quoi parlait Saphira. Elle espérait juste ne pas apprendre une mauvaise nouvelle. Le ton de la dragonne paraissait si solennelle. Elle ressentit une légère crainte. Elle n’osait pas s’imaginer le pire. Elle essayait de savoir ce qui l’attendait, un peu inquiète.
Ils montèrent jusqu’à la bibliothèque. Là, Eragon se tourna vers Sanya et lui demanda de s’asseoir. La jeune fille prit un siège et leva les yeux vers le Dragonnier. Elle avait maintenant une angoisse incontrôlée. Elle se demandait ce qui pouvait autant troubler le jeune homme et la dragonne. Elle n’espérait rien de grave. Eragon la sortit de ses réflexions :
- Nous allons devoir quitter Ellesméra quelques temps…
Sanya fut surprise. Elle ne s’attendait pas à un départ. Elle fut peinée. Elle baissa les yeux et attendait qu’il lui dise qu’il devait la quitter. Elle pensait qu’elle allait se retrouver seule à Ellesméra avec des gens qu’elle connaissait à peine.
Mais Eragon poursuivit :
- … mais mon maître pense comme moi que ce n’est peut-être pas judicieux de te laisser si tôt ici, seule avec les elfes. Tu n’as rien à craindre d’eux, bien sûr, mais ce n’est pas vraiment un lieu où tu te sentiras à l’aise, en sachant que tu ne parles pas leur langage.
Sanya releva la tête. Elle reprit une mine normale. Elle attendait de savoir ce qui avait été décidé alors pour elle. Eragon poursuivit donc :
- Cependant, tu ne seras pas en sécurité si tu voyage avec moi. Et je ne suis pas sûr de pouvoir te protéger. Le voyage sera long jusqu’au camp des Vardens…
- Parce que nous allons rejoindre les Vardens ?
- Je dois rejoindre les Vardens en effet. Mais je ne suis pas sûre qu’il soit prudent que tu m’accompagne…
- Mais…
- Laisse-moi finir, s’il te plaît.
- Excuse-moi…
Sanya ne voulait pas s’imaginer être séparée de ses nouveaux amis. Elle était proche de Saphira et que dire d’Eragon. Elle ne voulait pas penser à vivre seule de nouveau. Eragon poursuivait déjà, la sortant encore une fois de ses pensées :
- Il a donc fallu parler longuement de ce qu’il était le plus sûr pour toi. Il apparaît que tu dois faire ce choix seule. Les elfes sont prêts à t’accueillir parmi eux. Ils semble qu’ils t’apprécient beaucoup. Mais toi seule dois prendre la décision de rester ou de me suivre.
Sanya sourit. Elle n’eut pas à réfléchir. Elle savait exactement ce qu’elle voulait faire et elle n’hésita pas une seconde :
- Je t’accompagne !
- Tu en es absolument sûre ?
- Oui.
Sanya était catégorique. Elle n’avait pas peur de ce qui l’attendait. Elle ne l’aurait de toute façon pas laissé partir. S’il lui était possible de l’accompagner, elle le suivrait. Eragon n’avait toujours pas terminé :
- Te rends-tu vraiment compte de ce que tu risques et de ce que tu devras affronter en m’accompagnant ?
- Oui.
Elle savait qu’Eragon la protégerait du mieux qu’il pourrait contre tout danger. Eragon continua :
- Oromis m’a encouragé à te proposer des leçons. Je t’apprendrais ainsi à te défendre…
Sanya écarquilla de grands yeux. Elle paraissait surprise. Mais Eragon poursuivit :
- … Ainsi, si je n’étais pas assez près pour t’aider, tu pourrais te défendre seule.
- Apprendre à me battre ? Mais comment ? A l’épée ? Avec un arc ?
- Tout ce qui pourra te servir, oui. Je t’apprendrais à tirer à l’arc et à manier l’épée si c’est vraiment ce que tu veux.
Sanya ne s’était jamais imaginée manier une épée ou tirer des flèches avec un arc, mais la perspective qu’Eragon lui donne de telles leçons lui plaisait.
Ils préparèrent avec soin leur départ. Il ne fallait pas tarder. Ils quitteraient donc Ellesméra le lendemain. Sanya emballa avec soin les tenues offertes par les elfes. Il ne restait qu’à prévoir les vivres pour le long voyage qui s’annonçait.
Sanya trouva difficilement le sommeil. La perspective de reprendre la selle avec Eragon l’angoissait un peu. Elle regarda longuement le plafond avant d’enfin trouver le sommeil. Ses rêves furent troublés par des images qu’elle avait oublié en arrivant à Ellesméra. Des Urgals menaçants s’attaquaient à elle et Eragon ne parvenait pas à l’en débarrasser. Elle se réveilla au beau milieu de la nuit en sursaut et haletante. Elle se sentait moite.
Le cauchemar avait réveillé Eragon qui venait prendre des nouvelles de la jeune femme. Elle rassura le jeune homme qui retourna dans sa chambre. Sanya ne referma pas l’œil avant l’aube.
Un coup à la porte la réveilla. Elle n’avait pas assez dormie, mais qu’importe, le voyage aurait bel et bien lieu et elle serait du voyage. Elle quitta le lit et se lava. Elle enfila des vêtements plus épais que ceux qu’elle portait lors de son premier voyage. Les elfes lui avaient mis à disposition des vêtements adaptés à la chevauchée. Elle revêtait une tunique en lin plus épaisse que la sienne ainsi qu’un pantalon de cuir. Elle portait également un gilet de cuir plus confortable que la veste qu’elle portait lors du précédent voyage et qui lui permettrait des mouvements plus amples. Elle portait aussi des bottes et des gants. Pour chevaucher, c’était plus confortable.
Sa tenue était assez similaire à celle d’Eragon. Elle serait bien plus confortable pour chevaucher, même si ce n’était pas pour chevaucher un cheval, mais un dragon.
Les vivres étaient dans les bats, ainsi que toutes les affaires nécessaires à leur voyage.
Un jeune elfe s’approcha d’eux avec un objet emballé dans un linge. Il s’adressa à Sanya :
- Voici un dernier cadeau des elfes qui te sera sûrement bien utile. Il a été spécialement conçu pour que tu n’aies pas de difficulté à le manier.
Le jeune elfe lui tendit le sac de toile brune qui cachait un magnifique arc finement sculpté et un carquois reprenant les mêmes motifs fleuris, rempli de flèches.
Sanya ne savait que dire, Eragon lui souffla alors les remerciements d’usage en ancien langage qu’elle se fit un plaisir de répéter. Elle était très émue par l’immense cadeau que venait de lui faire ce peuple qu’elle connaissait si peu. Elle le prit entre ses mains et l’admira un moment. Elle le rangea ensuite dans les bats.
Eragon l’aida enfin à s’installer. Il se plaça ensuite derrière elle. Le contact fit battre le cœur de la jeune femme plus rapidement. Des souvenirs lui revinrent en mémoire. Un courant glacé lui remonta le long de la colonne vertébrale et la fit frissonner. Eragon le ressentit mais ne dit rien.
Saphira se hissa sur ses pattes arrière un bref instant pour se donner de l’élan et ils quittèrent enfin le sol.
Sanya eut un pincement au cœur en quittant cette magnifique cité. Mais elle était heureuse à l’idée de retrouver ce contact qui lui rappelait tant de merveilleux souvenirs.
Un grand bruit la réveilla en sursaut. Un éclair déchira le ciel et un bruit assourdissant emplit la pièce. La pluie ne tombait pas, mais l’orage qui grondait dehors était puissant. Le silence rendait chaque coup de tonnerre plus intense encore.
Sanya avait réellement très peur de l’orage. Elle n’avait jamais réussi à savoir pourquoi. Mais elle réagissait toujours violemment.
Elle se blottit, se courbant comme un fœtus, dans les couvertures, en se bouchant les oreilles, tremblante. Elle ne contrôlait pas ce qu’elle ressentait quand un orage éclatait.
Un autre éclair suivit d’un tonnerre fracassant la fit crier. Elle fermait les yeux de toutes ses forces, roulée en boule sous les couvertures, et elle tremblait de plus belle. Elle aurait donné n’importe quoi pour que l’orage cesse. Elle ne bougeait pas et priait pour que cette orage prenne fin le plus vite possible.
Eragon avait entendu les cris et les plaintes. Il quitta son lit et vint frapper à la porte, mais Sanya n’entendit pas les coups portés sur celle-ci. Elle se bouchait toujours les oreilles.
Eragon entra malgré tout doucement dans la pièce et s’avança vers le lit. Sanya sursauta lorsqu’Eragon posa une main sur son épaule et elle cria. Elle se redressa, toujours tremblante, affichant une mine apeurée. Elle tenta de s’excuser, mais un autre éclair l’en empêcha. Elle ferma de nouveau très fort les yeux. Elle savait qu’un coup de tonnerre allait s’en suivre. Elle retint son cri à grand peine.
Eragon s’approcha d’elle et la prit dans ses bras. Il tenta de la calmer. Elle essayait de lui expliquer sa réaction quand un autre éclair décrivit un trait de lumière dans le ciel. La pièce était alors baigner d’une lumière aveuglante. Le bruit du tonnerre était si foudroyant qu’il lui arracha un autre cri. Elle s’était blottie et étreignit Eragon.
Eragon la fit taire quand elle s’écarta pour s’excuser. Il comprenait, rien qu’en la voyant, que sa peur était incontrôlée et réelle. Il la ressentait avec force. Il lui proposa de rester près d’elle le temps que l’orage passe. Elle ne trouva pas la force de lui dire non. Elle se blottit contre lui et se cachait de la lumière des éclairs.
Il s’installa dans le lit, assis contre le mur et la serra contre lui. Sanya s’agrippait à lui lorsqu’un éclair traversait le ciel encore. Elle retenait comme elle le pouvait ses cris quand le tonnerre retentissait. Mais elle continuait de trembler.
L’orage passa et Sanya trouva enfin le sommeil, toujours blottie contre la poitrine d’Eragon. Le reste de la nuit fut calme et aucun bruit ne troubla son repos. Elle ne réalisa même pas qu’Eragon n’avait pas quitté la chambre pour s’endormir à son tour.
La lumière du jour entrait par la large fenêtre, mais n’avait pas réveillé la jeune femme tout de suite. Quand elle ouvrit lentement les yeux, elle sentit qu’elle était blottie contre quelque chose de chaud… qui respirait… Elle réalisait enfin qu’Eragon se tenait près d’elle. Il était étendu, les yeux fermés et Sanya avait passé un bras sur lui, la tête blottie au creux de son épaule.
Elle leva les yeux et le regarda dormir. Il paraissait paisible. Elle n’osa pas faire un mouvement de peur de le réveiller. Elle referma alors les yeux et écouta le cœur d’Eragon battre lentement. C’était une musique qui la fit sourire. Elle la réconfortait. Elle se sentait bien.
Elle put aussi sentir l’odeur de sa peau au travers du vêtement de fin tissu qui le couvrait. Elle lui enchanta les sens et fit battre son cœur plus vite. Elle savait maintenant, elle était certaine des sentiments qu’elle éprouvait pour ce garçon.
Elle sentit remuer sous elle et se sortit de ses rêves pour lever encore une fois les yeux et voir qu’Eragon avait enfin ouvert les siens. Elle lui sourit timidement :
- Merci !
- Ça n’est rien.
- J’ai une peur terrible de l’orage et celui-ci était impressionnant.
- Est-ce que tu as bien dormi ?
- Oui.
Elle se redressa pour s’asseoir. Eragon se dégagea et quitta le lit pour rejoindre sa chambre. Avant de quitter définitivement la pièce, il adressa un sourire à Sanya. Elle lui renvoya celui-ci.
Elle était heureuse. Il lui avait semblé si loin d’elle la veille encore et cette fois, il lui paraissait si proche d’elle. Cette nuit avait été si douce à ses côtés.
Sanya entendit l’appel de Saphira. Elle s’était habituée à se contact. Elle aimait beaucoup parler avec elle. Elle pouvait lui confier désormais tous ses secrets en étant sûr qu’Eragon n’en saurait rien.
« Est-ce que tu as bien dormie ? »
« Grâce à Eragon, oui. J’ai eu tellement peur. »
« J’en suis heureuse. Il paraissait très inquiet. »
« C’est vrai ? »
« Oui. J’ai aussi sentit ta peur. »
Un silence plus tard, Saphira poursuivit :
« Nous allons, avec Eragon, devoir nous absenter. Nous devons voir nos maîtres. Tu seras seule un moment. »
« Très bien. »
Eragon passa dire au revoir à Sanya avant de quitter la maison.
Sanya se remémorait la nuit passée. Elle resta un moment étendue dans le grand lit à se remémorer la présence d’Eragon près d’elle pour la nuit. Elle quitta enfin le lit et se couvrit avant de se mettre à arpenter la maison. Elle alla tout d’abord à fureter dans la bibliothèque. Elle regardait autour d’elle. Elle se mit à la recherche de quelque chose qu’elle pourrait lire, mais tout était dans un langage qui lui était inconnu.
Elle regardait alors les dessins entassés, les pages griffonnées… Elle passait ses doigts sur le parchemin et scrutait les formes et les taches d’encre qui faisaient la beauté des documents. Elle passait doucement ses doigt sur les parchemins. Elle aurait voulu alors comprendre ce langage. Il lui paraissait si beau. Les formes des lettres, les courbures… Tout était si beau.
Elle navigua ensuite dans les différentes pièces. Elle cherchait quelque chose, n’importe quoi. Elle se laissait porter par sa curiosité. Elle finit par entrer dans la pièce qui jouxtait la bibliothèque où dormaient Saphira et Eragon. La porte était restée ouverte. Elle se disait qu’elle ne ferait rien de mal à regarder. Elle arpentait la pièce et laissait errer son regard un peu partout. Il n’y avait rien, mis à part des vêtements.
Elle prit naturellement entre ses mains la tunique posée sur le lit. Elle la fit glisser entre ses doigts. Le tissu était vraiment fin et doux. Elle le porta instinctivement à ses narines et respira cette odeur déjà si familière. Elle ferma les yeux. Elle repensa instantanément à la nuit dernière. Elle reposa le vêtement et retourna dans sa chambre encore rêveuse.
Elle remplie la vasque d’eau et se lava. Elle s’aspergea le visage et se regarda dans le miroir. Elle enfila les vêtements qu’Eragon avait trouvé une fois de plus devant la porte, comme toutes les fois. Ainsi qu’un plateau rempli de nourriture.
Elle s’empara du plateau, s’installa près du lit et déjeuna. Elle regardait le paysage fantastique par la fenêtre. Elle se sentait libre, sans aucune peur. Elle vivait comme dans un rêve ou tout y était beau et magique. C’était le mot qu’elle cherchait, c’était magique !
Elle se décida enfin à descendre de la maison-arbre pour aller à la rencontre des elfes dans la cité. Elle n’avait plus peur de se promener puisqu’Eragon lui avait appris les salutations d’usage.
Elle ne comprenait ni ne parlait le langage des elfes. Il lui faudrait l’apprendre. Cependant, elle ne se sentait pas étrangère. C’était déroutant, elle se sentait même chez elle. Elle n’avait pas peur du regard que portaient les elfes sur elle. Certains connaissaient ses origines et lui parlaient dans son langage. Elle put ainsi parler et connaître un peu les habitants qui lui adressaient volontiers la parole.
L’un d’eux eut la charmante idée de l’amener à la bibliothèque d’Ellesméra. Là, elle put lire quelques ouvrages dans son langage. Ils en possédaient quelques uns. Sanya était vraiment ravie. Elle avait appris à lire très jeune et s’intéressait beaucoup aux textes écrits par les anciens. Elle était férue d’histoire et de poésie. C’est donc naturellement qu’elle tomba sur quelques poèmes. Les elfes n’en possédaient pas beaucoup dans son langage, la plupart étaient en langage elfique. Un poème attira tout particulièrement son regard. Elle le lut. Il n’était pas sans lui rappeler quelqu’un. Elle le relut alors pour s’en assurer. Elle questionna les elfes qui lui apprirent que ce poème était celui écrit par Eragon lors de la fête du Serment du Sang où il avait subit sa transformation.
Elle relut une fois de plus les vers pour s’imprégner des rimes. Elle les comprit mieux encore. Elle réalisait ce qu’il avait vécu. Il était émouvant. Sanya était vraiment émue par ces mots. Elle posa de nombreuses questions sur la fête du Serment du Sang. Elle sut comment Eragon avait été transformé.
Sanya quitta la bibliothèque avec les souvenirs de ce qu’elle venait de lire. Elle pensait à ce magnifique poème qui l’avait tant émue. Elle était visiblement distraite et fut surprise quand Eragon et Saphira firent leur apparition. Sanya leur sourit en les voyant.
Eragon descendit de selle et fit face à la jeune femme :
- Tu ne t’es pas trop ennuyée ?
- Non. J’ai eu plaisir à rencontrer quelques elfes avec qui j’ai pu parler. Ils sont si curieux, ils veulent tout savoir. Ils m’ont posé une foule de questions. L’un d’eux m’a emmené à la bibliothèque. J’y ai fait une découverte fabuleuse.
- Et laquelle ?
- Le poème que tu as écrit. Par chance, il est également en langage humain, j’ai pu le lire. Je l’ai même lu plusieurs fois. Je l’ai trouvé vraiment fabuleux. On m’a expliqué pour quelle occasion ces poèmes sont écrit. On m’en a traduit certains. Je ne connais pas le langage ancien et je suis curieuse, tout comme les elfes. Il faudrait vraiment que je l’apprenne.
- Je pourrais t’enseigner quelques mots, si tu le veux.
- Tu ferais ça ?
- Oui, bien sûr.
- Oh, Eragon ! Ce serait formidable !
Elle lui aurait volontiers sauter au cou, mais se retint. Elle afficha tout de même un sourire radieux. Elle rayonnait de bonheur. Eragon paraissait heureux de voir la jeune fille aussi épanouie. Il était rassurée de voir qu’elle ne se sentait pas perdue.
Elle emboîta le pas d’Eragon et ils rejoignirent ensemble la maison-arbre. Sanya s’approcha de Saphira :
« Comment s’est passé vos retrouvailles ? »
« Bien. Mais Eragon devra te parler de quelque chose à notre arrivée. »
« Très bien. »
Sanya se demandait de quoi parlait Saphira. Elle espérait juste ne pas apprendre une mauvaise nouvelle. Le ton de la dragonne paraissait si solennelle. Elle ressentit une légère crainte. Elle n’osait pas s’imaginer le pire. Elle essayait de savoir ce qui l’attendait, un peu inquiète.
Ils montèrent jusqu’à la bibliothèque. Là, Eragon se tourna vers Sanya et lui demanda de s’asseoir. La jeune fille prit un siège et leva les yeux vers le Dragonnier. Elle avait maintenant une angoisse incontrôlée. Elle se demandait ce qui pouvait autant troubler le jeune homme et la dragonne. Elle n’espérait rien de grave. Eragon la sortit de ses réflexions :
- Nous allons devoir quitter Ellesméra quelques temps…
Sanya fut surprise. Elle ne s’attendait pas à un départ. Elle fut peinée. Elle baissa les yeux et attendait qu’il lui dise qu’il devait la quitter. Elle pensait qu’elle allait se retrouver seule à Ellesméra avec des gens qu’elle connaissait à peine.
Mais Eragon poursuivit :
- … mais mon maître pense comme moi que ce n’est peut-être pas judicieux de te laisser si tôt ici, seule avec les elfes. Tu n’as rien à craindre d’eux, bien sûr, mais ce n’est pas vraiment un lieu où tu te sentiras à l’aise, en sachant que tu ne parles pas leur langage.
Sanya releva la tête. Elle reprit une mine normale. Elle attendait de savoir ce qui avait été décidé alors pour elle. Eragon poursuivit donc :
- Cependant, tu ne seras pas en sécurité si tu voyage avec moi. Et je ne suis pas sûr de pouvoir te protéger. Le voyage sera long jusqu’au camp des Vardens…
- Parce que nous allons rejoindre les Vardens ?
- Je dois rejoindre les Vardens en effet. Mais je ne suis pas sûre qu’il soit prudent que tu m’accompagne…
- Mais…
- Laisse-moi finir, s’il te plaît.
- Excuse-moi…
Sanya ne voulait pas s’imaginer être séparée de ses nouveaux amis. Elle était proche de Saphira et que dire d’Eragon. Elle ne voulait pas penser à vivre seule de nouveau. Eragon poursuivait déjà, la sortant encore une fois de ses pensées :
- Il a donc fallu parler longuement de ce qu’il était le plus sûr pour toi. Il apparaît que tu dois faire ce choix seule. Les elfes sont prêts à t’accueillir parmi eux. Ils semble qu’ils t’apprécient beaucoup. Mais toi seule dois prendre la décision de rester ou de me suivre.
Sanya sourit. Elle n’eut pas à réfléchir. Elle savait exactement ce qu’elle voulait faire et elle n’hésita pas une seconde :
- Je t’accompagne !
- Tu en es absolument sûre ?
- Oui.
Sanya était catégorique. Elle n’avait pas peur de ce qui l’attendait. Elle ne l’aurait de toute façon pas laissé partir. S’il lui était possible de l’accompagner, elle le suivrait. Eragon n’avait toujours pas terminé :
- Te rends-tu vraiment compte de ce que tu risques et de ce que tu devras affronter en m’accompagnant ?
- Oui.
Elle savait qu’Eragon la protégerait du mieux qu’il pourrait contre tout danger. Eragon continua :
- Oromis m’a encouragé à te proposer des leçons. Je t’apprendrais ainsi à te défendre…
Sanya écarquilla de grands yeux. Elle paraissait surprise. Mais Eragon poursuivit :
- … Ainsi, si je n’étais pas assez près pour t’aider, tu pourrais te défendre seule.
- Apprendre à me battre ? Mais comment ? A l’épée ? Avec un arc ?
- Tout ce qui pourra te servir, oui. Je t’apprendrais à tirer à l’arc et à manier l’épée si c’est vraiment ce que tu veux.
Sanya ne s’était jamais imaginée manier une épée ou tirer des flèches avec un arc, mais la perspective qu’Eragon lui donne de telles leçons lui plaisait.
Ils préparèrent avec soin leur départ. Il ne fallait pas tarder. Ils quitteraient donc Ellesméra le lendemain. Sanya emballa avec soin les tenues offertes par les elfes. Il ne restait qu’à prévoir les vivres pour le long voyage qui s’annonçait.
Sanya trouva difficilement le sommeil. La perspective de reprendre la selle avec Eragon l’angoissait un peu. Elle regarda longuement le plafond avant d’enfin trouver le sommeil. Ses rêves furent troublés par des images qu’elle avait oublié en arrivant à Ellesméra. Des Urgals menaçants s’attaquaient à elle et Eragon ne parvenait pas à l’en débarrasser. Elle se réveilla au beau milieu de la nuit en sursaut et haletante. Elle se sentait moite.
Le cauchemar avait réveillé Eragon qui venait prendre des nouvelles de la jeune femme. Elle rassura le jeune homme qui retourna dans sa chambre. Sanya ne referma pas l’œil avant l’aube.
Un coup à la porte la réveilla. Elle n’avait pas assez dormie, mais qu’importe, le voyage aurait bel et bien lieu et elle serait du voyage. Elle quitta le lit et se lava. Elle enfila des vêtements plus épais que ceux qu’elle portait lors de son premier voyage. Les elfes lui avaient mis à disposition des vêtements adaptés à la chevauchée. Elle revêtait une tunique en lin plus épaisse que la sienne ainsi qu’un pantalon de cuir. Elle portait également un gilet de cuir plus confortable que la veste qu’elle portait lors du précédent voyage et qui lui permettrait des mouvements plus amples. Elle portait aussi des bottes et des gants. Pour chevaucher, c’était plus confortable.
Sa tenue était assez similaire à celle d’Eragon. Elle serait bien plus confortable pour chevaucher, même si ce n’était pas pour chevaucher un cheval, mais un dragon.
Les vivres étaient dans les bats, ainsi que toutes les affaires nécessaires à leur voyage.
Un jeune elfe s’approcha d’eux avec un objet emballé dans un linge. Il s’adressa à Sanya :
- Voici un dernier cadeau des elfes qui te sera sûrement bien utile. Il a été spécialement conçu pour que tu n’aies pas de difficulté à le manier.
Le jeune elfe lui tendit le sac de toile brune qui cachait un magnifique arc finement sculpté et un carquois reprenant les mêmes motifs fleuris, rempli de flèches.
Sanya ne savait que dire, Eragon lui souffla alors les remerciements d’usage en ancien langage qu’elle se fit un plaisir de répéter. Elle était très émue par l’immense cadeau que venait de lui faire ce peuple qu’elle connaissait si peu. Elle le prit entre ses mains et l’admira un moment. Elle le rangea ensuite dans les bats.
Eragon l’aida enfin à s’installer. Il se plaça ensuite derrière elle. Le contact fit battre le cœur de la jeune femme plus rapidement. Des souvenirs lui revinrent en mémoire. Un courant glacé lui remonta le long de la colonne vertébrale et la fit frissonner. Eragon le ressentit mais ne dit rien.
Saphira se hissa sur ses pattes arrière un bref instant pour se donner de l’élan et ils quittèrent enfin le sol.
Sanya eut un pincement au cœur en quittant cette magnifique cité. Mais elle était heureuse à l’idée de retrouver ce contact qui lui rappelait tant de merveilleux souvenirs.
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Chapitre 11
NOUVELLE ATTAQUE
La première halte eût lieu à la lisière du désert du Hadarac. Cette fois, Eragon avait décidé de le traverser. Les Urgals ne seraient pas ainsi de les suivre dans ce désert aride et sec. Ils établirent le campement. Eragon avait allumé un feu et Sanya avait préparé les couches en étalant les couvertures près du feu.
La jeune femme s’étonna du silence du garçon. Elle ne voulut toutefois pas troubler ses réflexions. Elle était persuadée qu’il se concentrait sur ce qui se passait aux alentours. Elle le laissait donc en paix. Elle savait qu’il renouerait le contact quand le besoin s’en ferait ressentir. Et elle pouvait parler avec Saphira sans troubler les réflexions du jeune homme.
Eragon pensait en fait à tout autre chose. Mais Sanya n’avait pas encore conscience qu’elle pouvait ressentir certaines pensées qu’Eragon cachait volontairement à la jeune femme pour qu’elle ne s’aperçoive pas qu’elle occupait ses pensées. Il questionna Saphira :
« Sanya ressent quelque chose pour moi, n’est-ce pas ? »
« Tu t’en es enfin rendu compte ? Il était temps ! Tous les signes sont là et tu ne les vois pas ! »
« Je ne peux pas me le permettre. Je ne le veux pas non plus. Tu le sais. »
« La vie continue, Eragon. Tu dois apprendre à vivre avec ce fardeau. Mais, par pitié, ne ferme pas ton cœur. Sinon tu mourras malheureux. Elle t’offre cette chance de vivre heureux. »
« Je ne veux pas qu’elle souffre. Je ne veux pas non plus la faire souffrir. »
« Elle souffrira quoi qu’il arrive. Elle aura mal quand tu auras mal, tout comme moi. C’est le même lien que le nôtre qui l’unit à toi, l’amitié et l’amour sont des sentiments très proches. »
« Je le sais bien. Je le sais très bien… Mais je ne veux pas avoir à choisir. »
« On ne te demande pas de le faire. Et je suis sûre qu’elle ne te demandera jamais de le faire. Son cœur est aussi pur que le tien, Eragon. Je l’ai senti. Et tu le sais aussi, j’en suis sûre. »
Eragon tourna la tête pour regarder en direction de la jeune femme. Elle agrémentait le feu pour la nuit. Il savait que Saphira avait raison.
Il était temps de dormir. Le voyage serait long et épuisant. Il fallait garder des forces.
Avant de s’allonger sous ses couvertures, Eragon regarda une dernière fois dans la direction de Sanya. Il ne vit que le dos de celle-ci, couvert, lui aussi, par les couvertures.
Il rumina toute la nuit des pensées qu’il n’avait plus eut depuis longtemps. Il repensait aux paroles de Saphira. Il était maintenant persuadé qu’elle avait raison. Il ne voulait pourtant pas prendre de risques et se refusait à faire quoique ce soit pour le moment.
Le lendemain matin, les yeux de la jeune femme s’ouvrirent sur l’endroit où devait se trouver Eragon. Mais il n’était déjà plus là. Saphira, quant à elle, était enroulée, encore endormie.
Elle s’assit et s’étira. Elle se leva et s’étira encore. Il faisait bon. Les températures étaient clémentes. Elle quitta enfin les couvertures et alla chercher quelque chose à manger dans les bats. Elle s’assit près du feu presque éteint pou manger.
Eragon apparut enfin avec deux long morceaux de bois :
- Es-tu prête pour ta première leçon ?
- Quoi ? Maintenant ?
- Pourquoi pas ?
La jeune fille sourit. Elle attendait ce moment avec impatience. Elle finit de déjeuner en vitesse et se releva. Elle attrapa le morceau de bois que lui tendait Eragon.
Elle prit très au sérieux les instructions du jeune homme et se laissa guider. Elle écouta très attentivement chaque mot, chaque phrase. Elle répéta les gestes les uns après les autres. Elle se les répéta et les enregistra dans sa mémoire.
Elle reçut des coups, c’était inévitable. Eragon essayait de retenir au mieux sa force pour ne pas lui faire trop de mal ou la blesser, mais il ne put l’éviter.
La jeune femme se tint alors l’endroit douloureux un moment, puis reprit. Eragon retint ses réactions. Il avait connu tout ceci. Il revoyait ses séances d’entraînement avec Brom. Il se sentait fier d’enseigner ce qu’il lui avait appris.
L’entraînement d’escrime terminé, il se mit à celui de tir à l’arc. Sanya n’avait jamais utilisé d’arc et il fallait tout lui apprendre, la posture, la tenue… vraiment tout.
Cette fois encore, Sanya était attentive. Elle écoutait avec une réelle attention. Eragon prit l’arc entre ses mains et lui montra tout d’abord comment le prendre en main. Il banda l’arc et encocha une flèche. Il lui montra ensuite la position à tenir avant de tirer celle-ci.
Vint ensuite le tour de Sanya. Elle tentait de répéter les gestes au mieux. Ce n’était pas la perfection, mais elle apprenait et retenait vite chaque geste. Lorsqu’il le fallait, Eragon se glissait derrière elle et corrigeait la posture. La jeune femme frissonnait alors au moindre contact. Elle s’en excusait et Eragon poursuivait ensuite la leçon.
Ainsi s’acheva la leçon du jour. Le voyage se déroula dans le silence. Sanya s’assoupit un moment. Elle tentait de récupérer de la dure leçon. La jeune femme était fatiguée et elle ne mit pas longtemps à trouver le sommeil à leur halte pour la nuit, au beau milieu du désert.
Le vent était faible et il ne furent pas dérangé par le sable. Le sommeil de la jeune femme ne fut troublé en rien. Elle récupérait. Chaque fois, rien ne la troublait et elle dormait paisiblement.
Le Dragonnier ou la dragonne, ayant le sommeil très léger, veillait sur le camp à tout instant.
Le lendemain, Sanya se réveillait les muscles douloureux. Les courbatures ankylosaient ses bras et ses jambes. La jeune femme ne se plaignait pourtant pas. Eragon sentit toutefois qu’elle souffrait. Il lui donna quelque chose pour soulager ses courbatures. Il tenait aussi à la féliciter :
- L’entraînement est dur, j’en conviens, mais tu apprends vite, c’est très bien. Tu seras très bientôt en mesure de te défendre.
La jeune femme était fière du compliment que le garçon lui faisait. Elle était très motivée. Eragon était certain qu’elle progresserait plus vite que lui.
Ils chevauchèrent toute la journée. Ils faisaient de petites pauses de temps à autre.
Ils s’arrêtèrent avant la tombée de la nuit pour la poursuite de l’entraînement. Ils répétaient les gestes appris la veille. La jeune femme avait retenu la leçon à la perfection. Eragon pensa donc qu’il était temps de passer à l’étape suivante. Il allait lui apprendre les différentes attaques.
Sanya évoluait avec grâce et rapidité. Elle montrait une adresse certaine. Elle ne rechignait jamais devant le travail et mettait en pratique tout ce qu’elle apprenait au fur et à mesure.
Eragon entreprit enfin de montrer à la jeune femme quelques gestes avec une véritable épée. Il alla dans les bats de Saphira et ramena son épée. Il tendit Zar’roc à la jeune femme et lui demanda de reprendre les gestes appris.
Il savait que l’épée serait assez lourde, sûrement trop lourde pour elle, mais il fallait qu’elle manie une véritable épée. Il serait derrière elle si besoin était pour alléger le poids et lui montrer certains gestes plus difficiles.
La jeune femme prit l’épée entre ses mains et l’examina tout d’abord. Elle la faisait tourner entre ses mains et admirait le pommeau et la garde. C’était vraiment une épée magnifique. Et cette lame rouge… Une question lui vint naturellement :
- C’est vraiment une superbe épée. Mais est-ce vrai qu’elle à causé la mort d’autres Dragonniers ?
- Oui. Et celle de nombreux dragons. Elle appartenait à Morzan, le Parjure.
Sanya connaissait l’histoire de Morzan. Bien qu’incomplète, elle se souvenait de ce qu’elle avait pu lire sur sa trahison. Elle savait qu’il était mort des mains d’un autre Dragonnier, et Eragon lui apprit que celui-ci était en fait son premier maître. Sanya poursuivit :
- C’était donc vrai. Mais comment l’as-tu obtenu ?
- Brom, mon premier maître et ami, me l’a offerte avant de mourir. Il l’a arrachée à Morzan lui-même avant de le tuer.
- Vraiment ?
La jeune femme en apprenait un peu plus sur les Dragonniers grâce à Eragon. Elle s’en réjouissait. Elle avait toujours aimé ces histoires fascinantes de dragons et de Dragonniers. Elle avait toujours imaginé un jour vivre une histoire fabuleuse comme celle dont elle entendait si souvent parler. Elle était persuadée d’être faite pour vivre ce genre de vie trépidante. Son rêve devenait, grâce à Eragon, une réalité.
Eragon se revoyait posant toutes ses questions à Brom comme Sanya le faisait maintenant avec lui. il sourit. Elle éveillait des souvenirs qu’Eragon avait presque enfoui au plus profond de lui. Il se les rappelait avec émotion. C’était à ses moments-là qu’il aimai être avec la jeune femme. Et malgré lui, il se remémorait les paroles de Saphira. Devait-il lui ouvrir son cœur ? Devait-il lui laisser une chance ? Mais la jeune fille le ramenait à la réalité.
Sanya avait l’air aussi perdu dans ses pensées. Elle se reprit et entreprit de faire quelques gestes avec l’épée. Elle était effectivement beaucoup trop lourde pour elle, surtout comparé à son morceau de bois.
Elle fit tout d’abord quelques moulinets avec l’arme. Elle reprit ensuite les tous premiers exercices de maniement appris avec Eragon. Elle se sentit à l’aise et sourit. Elle prit donc un peu de vitesse et de l’assurance. Mais la vitesse fut bientôt telle, qu’elle réalisa le poids de l’épée. Elle tenta de ne pas perdre l’équilibre. Mais elle bascula bientôt et ne réussit pas à se rattraper.
Eragon n’eut qu’à tendre les bras pour la rattraper. Il sentit ses pieds glisser à son tour et ils tombèrent tous deux à la renverse. Eragon s’étala sur le dos et Sanya lui tomba dessus, les deux mains plaquées sur la poitrine du garçon.
Sanya éclata de rire, ainsi qu’Eragon. Mais ils réalisèrent la distance qui séparait leurs deux visages. Ils s’étaient retrouvés nez à nez. Ils s’arrêtèrent de rire et se regardaient sans rien dire. Ils restèrent un moment sans bouger à se contempler. Leur yeux brillaient d’une lueur nouvelle.
Sanya reprit la première ses esprits et se releva en s’excusant, encore un peu troublée :
- Je suis désolée.
Eragon ne répondit pas, mais Sanya sentit une gêne chez le garçon qu’elle ne sut s’expliquer ou qu’elle ne voulut pas s’expliquer, mais qu’elle connaissait.
Il se releva à son tour et ramassa Zar’roc qu’il remit dans son fourreau. Il la replaça ensuite dans les bats de Saphira.
Saphira sentit l’esprit du garçon en ébullition. Elle tourna alors la tête vers lui :
« On dirait qu’elle t’a touchée ! »
« Ne dit pas n’importe quoi ! »
La conversation s’arrêta là. La dragonne sentit qu’il ne fallait pas pousser trop loin le débat. Mais elle avait bien vu que ce contact l’avait ému. Elle le ressentait aussi. Elle espérait qu’il s’en était rendu compte. Maintenant qu’il savait ce que ressentait la jeune femme et ce qu’elle pensait de tout ça. Il fallait laisser faire le temps en espérant qu’il accepte enfin l’évidence.
Sanya prit congés et alla au bord du cours d’eau pour se laver. Ses membres étaient moins douloureux. Quoi qu’Eragon lui avait donné, le breuvage avait fait son effet. Les courbatures avaient disparues. Elle quitta une partie de ses vêtements pour profiter de l’air frais de la soirée. Elle s’assit sur la rive et trempa ses pieds nus dans l’eau.
Elle repensa un moment à ce qui venait de se passer et sourit. Elle regrettait seulement que la réaction n’ait pas été celle qu’elle espérait chez Eragon. C’était dans ces moments là qu’elle le sentait si loin.
Eragon profita de l’absence de la jeune fille et s’assit contre Saphira. Il entreprit de tailler quelques flèches pour la prochaine leçon de tir.
Il leva la tête un moment, distrait visiblement. Saphira sentait cette distraction et s’en amusait :
« Je sais à quoi tu penses, ou plutôt à qui... »
« Ne recommence pas ! »
Elle n’insista pas. Eragon savait pourtant qu’elle avait raison et sourit malgré lui. Il ne pouvait pas nier que quelque chose s’était passé. Il effaça son sourire. Il ne le voulait pas. Il avait d’ailleurs tout fait pour que cela n’arrive pas. Pourtant, à l’évidence, tout lui échappait. Il ne pouvait contrôler ce qui lui arrivait. Et cette nuit là, Eragon ne trouva pas le sommeil. Il regardait sans cesse dans la direction de Sanya, qui elle, dormait.
Elle eut le sommeil agité. Elle remuait sans cesse. Elle gémissait même par moment.
Eragon se refusa à intervenir mentalement pour la calmer. Il avait sans doute aussi peur de découvrir qu’en fait, ces rêves étaient tout autres. Il était tout de même inquiet. Il s’approcha alors pour toucher le front de la jeune femme. Elle n’était pas fiévreuse. « Sûrement un mauvais rêve », en conclut-il. Il reprit alors place contre le flanc de Saphira et le calme revint. Il regarda souvent dans sa direction pour être sûr que tout allait bien. Saphira avait ressenti l’inquiétude du garçon mais ne tenta pas d’en parler de peur de mettre le garçon en colère. Elle savait malgré elle qu’Eragon s’éprenait petit à petit de cette jeune femme qui l’avait touché au plus profond de son cœur.
Aux premières lueurs du jours, Eragon réveilla Sanya avec douceur. Il passa alors une main sur sa joue en prononçant plusieurs fois son nom. Ce contact eut pour effet de faire frissonner le garçon qui ne montra pourtant pas sa réaction.
Il était temps de partir. Ils prirent place l’un après l’autre sur la selle et Saphira s’envola pour l’ouest. Ils traversèrent le désert en peu de temps et firent halte une fois le survol du désert passé.
Les pensées d’Eragon ne furent tournées que par la jeune femme. Il avait beau essayer de les éloigner, mais elles revenaient sans cesse. Il savait malgré lui ce qui se passait. Il repensa malgré lui aussi à Arya. Comment pouvait-il l’oublier ? Mais il savait qu’il était de passer à autre chose. Elle ne pouvait pas la hanter indéfiniment. Il se surprit même à sourire en repensant à la jeune femme et à tout ce qu’il avait vécu avec elle.
Les leçons continuèrent durant tout le voyage. Les efforts étaient récompensés. Sanya était devenue meilleure archer qu’il ne l’espérait. Elle prenait en assurance au maniement de l’épée. Eragon était fier du travail accompli. Il ne restait qu’à lui trouver une arme qui soit digne de son talent. Elle maniait Zar’roc avec agilité, mais l’épée restait bien trop lourde pour elle. Elle ne pouvait pas effectuer tous les mouvements seules. Eragon devait l’aider pour certains de ceux-ci, qui demandaient plus de force. La jeune femme ne possédant pas la même force que le Dragonnier, elle risquait de se faire mal en les exécutant. Eragon l’aidait donc à les réaliser.
Il était si fier de ce qu’elle avait accomplie. Il la félicita. Elle prit le compliment avec un sourire. Elle était heureuse qu’il lui ait tant appris. Elle lui devait vraiment beaucoup. Elle était reconnaissante pour tout ce qu’il faisait pour elle depuis leurs mésaventures à Aberon.
Eragon n’avait pas reparlé de l’incident qui était survenu au début des leçons, mais le souvenir était toujours bien présent dans l’esprit de la jeune femme. Elle s’était beaucoup rapprochée du garçon et celui-ci se refusait à tout rapprochement. Il se refusait à faire une quelconque allusion à ce qui s’était passé. Il avait insisté pour que Saphira évite le sujet. Il campait sur ses positions malgré les sentiments qu’il développait en lui et ne voulait toujours pas se rendre à l’évidence que ses sentiments étaient en train de changer.
Saphira parlait toutefois avec Sanya. Les deux nouvelles amies parlaient souvent et se confiaient foule de choses. Sanya était tellement heureuse d’avoir une telle amie. Elle profitait des conseils avisés de la dragonne. Ceux-là mêmes qu’elle donnait à Eragon si souvent.
Ils avaient fait halte près d’un lac. Le paysage avait dorénavant changé. La verdure refaisait son apparition. C’était beaucoup plus plaisant de voyager dans de telles conditions.
La jeune femme rêvait d’un bain. Le lac lui tendait les bras et elle ne résistait pas. Elle se faufilait entre les arbres après la leçon. Elle avait prévenu Saphira avant le retour d’Eragon, qui était parti cueillir des fruits et chercher du bois pour le feu.
Elle se dévêtit complètement et plongea vite dans l’eau un peu fraîche. Elle glissa sa tête sous l’eau pour se mouiller les cheveux. L’eau était d’une telle clarté qu’on apercevait le fond sans difficulté. Elle se délectait de cette eau. C’était un bonheur de pouvoir nager dans une eau si claire et si propre.
Eragon longeait le lac avec les bras chargé quand il vit les vêtements entassés sur la berge. Il pensa malgré lui à ce que la jeune femme avait fait lorsqu’elle avait vu ses propres vêtements sur la berge du lac, la fois où il s’était baigné.
Il ne put s’empêcher de sourire. Il ne manifesta toutefois pas de curiosité et quitta la berge pour rejoindre le camp.
La jeune femme émergea enfin de l’eau et se sécha avant de se rhabiller assez vite, transie par le froid. Le vent soufflait à peine, une légère brise, mais elle faisait frissonner la jeune femme.
Elle faisait pas vers le campement quand elle entendit un bruit suspect. Elle s’arrêta et chercha d’où le bruit pouvait provenir. Elle n’entendit plus rien et avança lentement pour limiter le bruit de ses pas, au cas où elle entendrait encore du bruit.
Un autre bruit la fit s’arrêter de nouveau. Elle chercha du regard quelque chose qui pourrait lui servir d’arme. Elle ramassa un long bout de bois semblable à ceux utilisés pour ses premières leçons d’escrime.
Elle reprit lentement sa marche. Elle fut stupéfaite lorsqu’elle vit sortir de la lisière de la forêt quatre Urgals.
Elle ne fit pas un pas en espérant qu’elle ne serait pas vue. Malheureusement l’un des Urgals tourna la tête vers elle et il donna l’alerte. Sanya ne cria pas, mais l’appel hurlait dans la tête de Saphira et d’Eragon qui volèrent aussitôt au secours de la jeune femme. Le sang d’Eragon n’avait fait qu’un tour. Il s’était emparé de son épée et avait attrapé l’arc et le carquois de la jeune femme. Il se mit aussitôt à courir dans sa direction. Talonné de près par Saphira.
La jeune femme était encerclée. Eragon profita de l’écart d’un des Urgals qui venait dans sa direction et de l’écart fait par la jeune femme elle-même pour lui lancer l’arme qu’elle attrapa en plein vol.
Elle ne tarda pas à bander l’arc et encocher une flèche qui silla tout droit vers l’Urgal qui courait vers elle en hurlant, le bras levé, son épée à la main.
Il s’effondra sans l’ombre d’un cri. Elle regardait autour d’elle et ne vit plus personne la menacer. Elle fit un quart de tour pour voir Eragon. Il se retrouva face au même dilemme que la fois précédente. Un Urgals de chaque côté et un troisième que Saphira saisit rapidement pour le tuer d’un simple coup de mâchoire. Il s’était alors effondré sur le sol comme une marionnette de chiffon.
Sanya n’hésita pas une seconde. Elle lâcha l’arc et courut vers Eragon en criant. Elle pensait faire peur à l’un des assaillants. Saphira n’eut pas le temps d’intervenir pour arrêter la lame de l’adversaire qui voulait sans nul doute embrocher Eragon. Elle traversa le flanc de la jeune femme qui s’écroula aux pieds d’Eragon.
Celui-ci trancha la tête de l’Urgal face à lui avant de donner un violent coup de coude au second, derrière lui, pour le faire reculer et ainsi ne pas le laisser embrocher Sanya, qui se tenait le côté d’une main en tremblant, à moitié inconsciente.
Saphira s’était chargé elle-même du dernier Urgal en le déchirant de ses crocs acérés.
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Chapitre 12
DECLARATION
Eragon se laissa tomber à genoux près de la jeune femme, abattu. Il lâcha Zar’roc et se pencha sur elle. Elle avait le front couvert de sueur. Elle tremblait et se tenait toujours le côté. Elle balbutiait quelques mots qu’Eragon ne put entendre distinctement.
Il lui saisit la main et l’ôta pour voir l’étendue de la blessure. Sanya retint la main du jeune homme. Celui-ci fut surpris, mais ne tenta pas de s’en dégager. Elle le regarda dans les yeux, suppliant :
- Eragon… Tu dois m’écouter… Il faut que je te le dise… Je sais que tu ne veux pas… Mais je ne peux plus attendre… Il faut que tu le saches…
Elle gémit en grimaçant. La douleur était telle qu’Eragon la ressentit au plus profond de lui. Il grimaça avec elle. Saphira pria :
« Il faut la soigner ! Vite ! »
Eragon relevait la tête vers Saphira :
« Je sais, mais elle ne laisse pas… »
La jeune femme refusait toujours de lui lâcher la main. Eragon baissait de nouveau les yeux sur elle et la suppliait :
- Laisse-moi te soigner, je t’en prie !
- Écoute-moi !
Elle refusait toujours de lâcher la main qui pouvait la guérir, la serrant plus fort encore et elle continuait :
- Il faut que tu… saches…
Elle grimaça encore. La douleur était plu forte et la força à lâcher enfin la main d’Eragon qui ne tarda pas de peur qu’elle ne lui laisse plus le loisir de la sauver :
- Waíse heill !
La jeune femme grimaçait, la douleur était encore présente, et bien qu’elle s’effaçait doucement, elle perdit connaissance, à bout de force.
Eragon avait usé beaucoup d’énergie à soigner la blessure. Elle était profonde et il ne voulait pas qu’il subsiste la moindre trace, le moindre stigmate de cette affreuse blessure. Il lui en resta toutefois assez pour porter la jeune femme jusqu’au campement.
Il la déposa délicatement sur le sol, près du feu désormais éteint. Il la couvrit et réunit leurs affaires. Il retourna vite récupérer l’arc et l’emballa avec le reste. Avec l’aide de Saphira, il installa ensuite Sanya sur la selle et se glissa derrière elle. Il la maintenait d’une main, serrée tout contre lui.
Saphira leur trouva un coin plus reculé, en hauteur, dans une grotte profonde, difficilement repérable et accessible seulement à vol de dragon.
Il descendit de selle et fit glisser doucement la jeune femme. Il la posa au sol, délicatement. Il prit ensuite les couvertures et la couvrit. Il alluma un feu et revint vers Sanya toujours inconsciente.
Il s’accroupit tout près d’elle et caressa doucement sa joue. Il la regardait affectueusement. Il releva enfin la tête vers la dragonne :
« Tu avais raison, Saphira. Je crois que je ne pourrais pas aller contre mes sentiments. Je m’en suis rendu compte aujourd’hui. Elle compte plus que je ne saurais le dire pour moi, maintenant. »
« Elle éprouve quelque chose de fort pour toi, tu sais. Sinon, elle n’aurait pas prit le risque de s’interposer de nouveau en sachant ce qui l’attendait. »
Eragon s’assit, toujours près de Sanya et il attendit le réveil de la jeune femme. Il caressait encore sa joue en disant :
- Je sais ce que tu as essayé de me dire. Je suis fier du courage qu’il t’a fallu pour le faire. Et même si tu n’as pas pu prononcer les mots, je sais ce que tu ressens. J’ai été idiot de faire celui qui ne se rendait compte de rien.
- Non, Eragon. Tu voulais te préserver, c’est tout, dit-elle en ouvrant enfin les yeux.
Ceux-ci brillaient de mille feux en croisant le regard du garçon. Eragon parut rassuré en la voyant lui sourire. Il lui rendit son sourire. Il passa ensuite doucement une main sur sa joue. La jeune femme la prit entre ses mains un moment puis la serra dans l’une d’elle. Elle approcha cette main, la droite, et glissa ses doigt sur la marque blanche qui lui avait permis de la guérir, une fois encore.
Eragon en eu un frisson. Sanya lui sourit encore. Elle tendit son autre main et la glissa sur la joue du jeune homme :
- Tu es si beau.
Le cœur de la jeune femme se mit à palpiter. Elle le sentit battre contre sa poitrine. Eragon sourit. Il se pencha sur elle et déposa un baiser sur sa joue. La jeune femme frissonna et ferma les yeux. Il s’écarta à peine et se pencha de nouveau sur le visage de la jeune femme. Cette fois, il déposa ses lèvres sur les siennes.
La jeune femme resta les yeux clos. Son cœur battait la chamade. Elle glissait encore une fois sa main sur la joue d’Eragon.
Lorsqu’il s’écarta enfin elle lui sourit en disant : « Je t’aime, Eragon ! » Le garçon lui rendit son sourire et répondit : « Je le sais ! » Il prit ses mains dans les siennes :
- J’ai été stupide de ne pas m’en rendre compte avant.
- Tu ne dois pas t’en vouloir. L’essentiel, c’est qu’aujourd’hui tu t’en sois rendu compte.
Elle tenta de s’asseoir, mais Eragon l’en empêcha :
- Doucement !
- Je me sens bien... Enfin, je crois.
Elle s’assit et s’appuya contre la paroi. Elle ne ressentait plus aucune douleur, mais juste une immense fatigue. Elle regarda le Dragonnier dans les yeux et le questionna, inquiète :
- Tu n’as pas épuisé ton énergie à me soigner, au moins ?
- Non.
Elle lui sourit :
- Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude !
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Qu’on passe notre temps à nous sauver la vie l’un l’autre !
Eragon sourit. Malgré la fatigue, elle trouvait la force de plaisanter.
Il fallait dormir et retrouver des forces. Saphira se lova dans le fond de la grotte et Eragon installa ses couvertures près de celles de Sanya. Elle se rallongea et Eragon se coucha tout près d’elle, pour lui tenir chaud. Il se recroquevilla et Sanya se mit tout contre lui. Ils s’endormirent, ainsi collés, en un temps record. Les rêves de la jeune femme furent remplis de tendresse.
Les yeux de la jeune femme s’ouvrirent enfin. La lumière du jour ne l’avait pas réveillé. La grotte restait légèrement dans l’ombre. Elle avait ainsi pu dormir tranquillement.
Personne n’était plus près d’elle. Elle cherchait alors du regard une silhouette devenue familière. Il était impossible que cela n’ait été qu’un rêve. Tout y était trop réelle. Jusqu’à la sensation de fatigue musculaire. Non, ce n’était pas un rêve. Elle se remémorait clairement le garçon posant ses lèvres sur les siennes. Elle se remémorait aussi ses mains se poser sur elle pour dormir. Elle avait senti sa chaleur, son souffle… Ils étaient bel et bien dans une grotte, à l’abri des regards et accessible seulement à vol de dragon. Elle ne rêvait définitivement pas.
Elle cherchait encore Eragon ou Saphira du regard. Elle se redressa pour regarder dans la totalité de la grotte. Elle ne vit pas la dragonne, mais le garçon était près de la selle qu’il avait retiré du dos de la dragonne.
Elle s’assit mais ne quitta pas tout de suite les couvertures. L’air s’était terriblement rafraîchi et elle ne voulait pas quitter cette confortable chaleur.
Le feu était resté allumé toute la nuit et le peu de bois qui restait avait été posé sur les braises pour qu’il reprenne.
Le garçon entendit la jeune fille remuer et se tourna enfin vers elle. Elle lui sourit. Il se releva et s’approcha doucement. Il s’accroupit devant elle :
- Est-ce que tu as bien dormie ?
- Oui, répondit-elle avec une lueur dans les yeux qui trahissait ses émotions.
Eragon ressentait avec force les émotions de la jeune femme qui ne fermait pas son esprit et qui savait qu’il pouvait lire en elle.
Il passa une main sur sa joue. Sanya la retint et l’approcha de ses lèvres pour l’embrasser :
- Ta présence est si réconfortante. Cela faisait longtemps que je rêvais de vivre de tels moments.
Elle regarda encore la grotte et s’interrogea :
- Où est Saphira ?
- Partie chasser.
Eragon ne put chasser un sourire en pensant au fait qu’ils étaient seuls. Sanya soupçonna quelque chose :
- Est-ce toi qui l’a gentiment chassé ou est-ce que c’est elle qui s’est éclipsée pour nous laisser seuls ?
- Tu me crois capable d’une telle chose ? dit-il, surpris par la réflexion de la jeune femme.
- Je ne sais pas. Mais quoi qu’il en soit, nous sommes seuls et tu portes un drôle de sourire.
- Pas du tout, se défendit-il. Mais elle a tout de même dit qu’elle essayerait de rentrer avant la tombée de la nuit.
- Et tu vas me faire croire que vous n’êtes pas complices tous les deux ? Je n’y crois pas une seconde.
- Il le faudra bien, pourtant, se défendit-il encore.
Eragon se rapprocha lentement de Sanya et s’assit tout près d’elle, face à elle. Il approcha son visage du sien. La jeune femme passa sa main sur l’une de ses joues pour accompagner son visage. Elle ferma les yeux avant même que ses lèvres ne touchent les siennes. Ce baiser lui réchauffa le cœur.
Il ne semblait pas vouloir y mettre fin. Sanya sentait monter en elle quelque chose de puissant, un désir intense de ne pas le voir s’arrêter, elle rêvait de davantage.
Il s’interrompit soudain et la regarda avec une intensité déconcertante :
- Il va falloir que tu apprennes à filtrer tes pensées.
- Je suis désolée. Je ne me fais pas à cette capacité. La plupart du temps, j’oublie que tu arrives à les lire comme un livre.
- Il faut que tu protèges tes pensées. Cela peut être dangereux. Il faudra que je t’enseigne à ouvrir ton esprit lorsque tu en as besoin, ou lorsque nous sommes ensemble, avec Saphira.
- Très bien.
La jeune fille sourit et Eragon lui rendit son sourire :
- Mais j’aime beaucoup ce que tu ressens. Je n’imaginais pas pouvoir entendre ce genre de pensées.
- Je n’arrive pas à faire autrement. Maintenant que tu sais ce que je ressens vraiment, je ne veux pas te fermer mon esprit.
- C’est pour cela que je dois t’apprendre comment parvenir à ne laisser entrer que celui que tu souhaites voir accéder à ton esprit.
Eragon passa sa main sur la joue de la jeune femme :
- Dès que Saphira sera de retour, nous partirons.
Il lui sourit et se releva pour empaqueter le reste des affaires.
Sanya se leva enfin et prit un peu d’eau dans l’une des gourdes pour faire sa toilette. Elle sourit. Elle pensait malgré elle à ce qu’elle aurait pu partager avec Eragon.
Il leur fallait maintenant apprendre davantage l’un de l’autre. Une nouvelle relation était née entre eux et ils se connaissaient à peine.
En attendant le retour de Saphira, Eragon et Sanya s’étaient installés en tailleur, l’un en face de l’autre et Eragon expliqua à Sanya un peu plus précisément comment il était devenu Dragonnier, ce qu’il était réellement capable de faire…
La jeune femme était impressionnée. Il souhaitait lui faire partager son expérience et lui enseigner ce qu’il pouvait lui apprendre qu’elle puisse utiliser.
Saphira ne pointait toujours pas son nez à l’horizon. Eragon profita donc de son absence. Il se releva et sortit Zar’roc pour travailler quelques enchaînements avec la jeune femme.
Elle le regarda tout d’abord et essaya ensuite de reproduire les gestes. Eragon paraissait satisfait des progrès qu’elle avait fait.
Il en profita également pour lui donner quelques conseils pour limiter le stress. Ils travaillèrent des techniques de relaxation ainsi que des exercices physiques pour garder la forme.
Elle reprit une dernière fois l’un des enchaînements qui la pénalisait. Tout comme la première fois, elle perdit l’équilibre et Eragon la rattrapa, mais il ne chuta pas. Elle se mit à rire puis demanda :
- Qu’as-tu ressenti, lorsque nous sommes tombés, la première fois. Je sentais que ton regard trahissait ton émotion, mais…
- Je ne voulais pas me rendre compte de ce qui se passait, je ne me sentais pas prêt à ouvrir mon cœur.
- Je comprends.
Elle s’écarta enfin et rendit l’arme à Eragon qui la rengaina.
Un bruit sourd les fit réagir au même moment. Ils se tournèrent tous deux vers l’entrée de la grotte. Saphira réapparaissait enfin.
« La chasse a été bonne ? » lui demanda Eragon.
« Je n’aurais pas besoin de nourriture avant un petit moment. »
Sanya sourit repensant à la question qu’elle avait posé à Eragon, pensant qu’il avait envoyé la dragonne à la chasse pour se retrouver seul avec elle.
La dragonne remarqua le sourire de la jeune femme et questionna les deux complices :
« Que se passe-t-il, ici ? »
Sanya allait répondre mais Eragon regarda dans sa direction en souriant à son tour :
- Laisse-moi lui expliquer.
- D’accord.
Il cessa de sourire et se tourna vers son amie pour enfin l’éclairer :
« J’ai écouté tes conseils. Je suis prêt à essayer. Je crois que je ne dois pas fermer mon cœur. Je dois faire confiance à Sanya et à ses sentiments. Elle m’a prouvé qu’elle était digne des miens. »
« J’en suis heureuse. Elle mérite que tu t’intéresse à elle. Je suis aussi heureuse pour toi, Sanya. Eragon ! Tu ne pouvais pas t’enfermer dans tes sombres pensées sans te laisser la chance de connaître à nouveau le bonheur et l’amour. »
« Tu as toujours eu des conseils judicieux. Je ne les ai pas toujours suivis, mais cette fois, c’est différent. J’ai décidé de t’écouter. »
« Et est-ce tu le regrettes ? »
« Non. »
La dragonne se tourna vers Sanya :
« Je suis heureuse pour toi. »
« Je suis heureuse aussi. Merci à toi, je suis sûre que tu as beaucoup fait pour que tout ceci arrive. »
« Il fallait être aveugle pour ne pas voir ce que tu pouvais ressentir pour lui. J’ai cru bon de faire quelque chose pour qu’Eragon s’en rende compte. Je sentais que tes sentiments étaient nobles et purs et qu’Eragon pouvait avoir confiance. »
« J’ai ressenti quelque chose à la seconde où je l’ai vu. Je savais qu’il n’était vraiment pas comme les autres, comme tous ceux que j’avais pu connaître avant lui. »
Saphira approcha son museau d’Eragon qui passa une main sur ses écailles. La dragonne ronronnait. Eragon lui sourit et la remercia :
« Tu es la meilleure chose qui pouvait m’arriver. Tu es ma conscience et je sais que sans toi, je serais perdu… »
« Bien sûr que non ! Tu dois faire plus confiance en tes intuitions et tes émotions. Elles sont souvent bonnes. Tu as un cœur bon et pur, Eragon. »
« Je te remercie. Tu as aussi un cœur bon et pur. »
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Chapitre 13
RETOUR CHEZ LES VARDENS
Il était temps de se remettre en selle. Ils avaient perdu du temps. Il fallait rejoindre sans attendre le point de ralliement indiqué par les elfes. Mais avant ça, il fallait trouver une épée pour Sanya.
Eragon fit une halte avant le coucher du soleil dans l’une des dernières bourgades connue qui pouvait vendre ce qu’ils recherchaient. Sanya l’accompagnerait. Elle devait essayer l’arme pour s’assurer qu’elle lui serait bien adaptée.
Saphira resterait cachée à une lieue de là pour ne pas être repérée. Ils avaient enfilé leur cape à capuche et se cachèrent dessous.
Ils marchèrent assez longtemps et entrèrent enfin dans le petit village. Eragon interrogea un passant pour trouver la forge. Il remercia celui-ci et ils se dirigèrent vers l’échoppe du forgeron du village.
Le bâtiment était très petit, mais accueillant. Les portes étaient grandes ouvertes pour permettre aux voyageurs d’admirer son travail.
Eragon interrogea le forgeron, un petit homme de bonne corpulence qui ne portait plus un seul cheveux, mais portait une barbe impressionnante tressée pour ne pas le gêner dans son travail.
Ils leur proposa plusieurs épées qu’essayait Sanya pour lui permettre de choisir l’arme qui lui serait la mieux adaptée. Ils trouvèrent enfin une arme, une fine épée de bonne longueur à la garde ciselée dans de l’acier torsadé. Le pommeau était en cuir moulé en spirale, comme Zar’roc. Il se terminait pas une magnifique boule d’ivoire poli.
La jeune femme faisait encore quelques mouvements pour être sûre de faire le bon choix. Il semblait que l’arme était parfaitement adaptée pour son agilité et sa force.
Eragon paya gracieusement le forgeron et ils purent quitter l’échoppe. Ils sortirent du village et rejoignirent sans attendre la dragonne qui les attendait, tranquillement installée dans une petite clairière.
Ils se remirent en selle et poursuivirent leur voyage sans faire de halte jusqu’à leur destination finale.
La nuit tombait maintenant rapidement. Ils aperçurent les torches, au loin des troupes Varden. Ils volèrent jusqu’à elles.
Durant cette dernière chevauchée, Eragon avait parlé avec Sanya. Il enseignait à la jeune femme comment fermer son esprit à volonté. Elle enregistrait chaque mot et paraissait avoir beaucoup de facilité à pratiquer les petits exercices que lui faisait faire Eragon.
Ils pratiquèrent ainsi ces exercices et poursuivaient par d’autres tant que le voyage leur en donnait l’opportunité. Sanya pourrait ainsi ouvrir son esprit à celui qu’elle voudrait voir accéder à ses pensées. Elle pourrait aussi le fermer aux intrusions.
Saphira piqua vers les lumières et ils atterrirent bientôt au milieu du campement. Ils furent accueillis par des soldats pointant, dans un premier temps, leurs lances sur eux. Ils paraissaient surpris, mais ne faisaient pas de gestes délibérés vers eux avant de savoir à qui ils avaient affaire.
Ils se ravisèrent enfin quand Eragon enleva le capuchon qui couvrait sa tête. Sanya fit comme lui. Il descendit. Sanya quitta la selle elle aussi, aidée par Eragon. Elle arborait fièrement à la taille sa toute nouvelle arme.
Eragon rassura les soldats lorsqu’ils aperçurent la nouvelle venue. Il fut accueilli par Nasuada en personne, toujours accompagnée de sa garde rapprochée. Elle avait déjà été mise au courant de son arrivée et venait l’accueillir. Elle réagit de la même façon que ses soldats lorsqu’elle vit Sanya. Eragon ne voulait pas que Sanya ressente cet accueil comme une gêne. Il fit les présentations :
- Nasuada !… Je te présente Sanya. Elle m’accompagne. Je lui ai offert ma protection. C’est une longue histoire que je te conterai plus tard. En attendant, j’aimerais qu’elle reste avec nous, si tu le permets. Elle restera près de moi.
- Honorée de faire ta connaissance, Sanya. Soit la bienvenue chez les Varden. Nous te ferons préparer une tente.
- Si cela ne t’ennuis pas, coupa Eragon, je préfèrerais qu’on aménage une place dans la mienne. Nous avons entamé des leçons que nous devons poursuivre. Il nous sera plus facile de le faire si nous sommes proches.
- Très bien, dit Nasuada, un peu déconcertée tout de même.
Eragon salua la chef des Varden.
Invité- Invité
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