Dis-lui^

Cet après-midi je suis tombée sur une petite pétite sur youtube. Cette pépite c'est la version d'une vieille chanson magnifiquement reprise par Vincent Niclo dont je vous donne le lien, juste pour le plaisir des yeux et des oreilles :

https://www.youtube.com/watch?v=pb0agbVK_IM

C'est donc cette petite pépite qui m'a inspiré l'OS que je viens vous présenter.  Par contre, attention au spoiler 6x09 .

Pour accompagner cet OS, je vous conseille plutôt une version instrumentale de cette sublime chanson dont voici un lien :

https://www.youtube.com/watch?v=fMBr4y257rM


Bonne lecture à tous et à toutes.  


DIS LUI

Assis sur le sable chaud, le regard perdu à l'horizon, je ne pouvais m'empêcher de penser à elle. A elle et à ce que je lui avait fait. Après toutes ces années, j'avais enfin accomplie ma vengeance. J'avais tué John le Rouge sans le moindre état d'âme. Mais au fond, qu'est ce que ça m'avait apporté ? Le soulagement que je pensais en retirer a été de courte durée. Le corps du tueur au smiley était encore chaud que je regrettais déjà non pas de l'avoir enfin tué mais d'avoir, par cet acte, perdu ma seule chance d'être un jour à nouveau heureux.

Une larme glissa sur ma joue mais je la chassai bien vite du revers de la main. Je pensais que ce monstre six pieds sous terre, le poids de ma culpabilité disparaîtrait mais il n'en était rien. Et pire encore, ce poids était alourdit par la honte et le manque. Oui elle me manquait. Elle me manquait à en crever. Mais jamais elle ne devait savoir. Si j'avais fuis au Mexique , ce n'était pas pour éviter la prison non, mais pour la laisser trouver ce bonheur qu'elle méritait tant.

Le soleil amorçait sa descente quand soudain je sentis une main se poser sur mon épaule. Le coeur battant  à tout rompre, j'étais partagé entre l'espoir de voir son visage, son si beau visage, en me retournant, et l'espoir qu'au contraire, ce ne soit pas elle qui se trouve derrière moi. Fébrile et tremblant, je jetai finalement un oeil pour découvrir l'identité de cette personne.

- " Cho ? Que fais-tu sur cette plage ? " m'étonnais-je en voyant mon ami.

- " A ton avis ? " répondit Kimball en s'asseyant à côté de moi.

- " Comment elle va ? " lui demandais-je en replongeant mon regard dans les profondeurs de l'océan.

- " Elle t'a couvert. Tu ne seras pas poursuivis. Tu peux revenir à Sacramento. "

- " Tu ne réponds pas à ma question là. Mais remercie-la pour moi. "

- " Et toi, comment tu vas ? " éluda encore Cho.

- " C'est elle qui t'envoie ? " le questionnais-je bien que je connaissais déjà la réponse.

- " A ton avis ? "

- " Dis-lui que je vais bien. Dis-lui que j'ai trouvé la paix, que j'ai trouvé mon ciel bleu. Dis-lui ce que tu voudras mais sois convaincant. Elle ne doit pas savoir que ce n'est pas exactement le cas. Jamais tu entends ? " lui intimais-je d'une voix tremblante. " Il faut qu'elle tourne la page. "

- " Tu veux vraiment que je lui dise ça ? "

- " Je... Cho il le faut... " affirmais-je les yeux brillants de larmes.

- " Elle va mal tu sais. Je ne l'ai jamais vu comme ça. " m'avoua Cho, l'air vraiment inquiet.

- " Ne me dis pas ça s'il te plais... " le suppliais-je avant de couvrir mon visage de mes mains. " Ne me dis pas ça.... "

Je m'effondrais en sanglots,  conscient d'être à l'origine de la souffrance de cette femme que j'aimais éperdument. Les mots de Kimball étaient comme des milliers de coups poignard dans ma poitrine. A cet instant, j'aurais aimé disparaître dans les méandres de la nuit, j'avais tellement honte de moi-même. Voyant mon désespoir, celui qui, au fil des années, était devenu un véritable ami, m'entoura chaleureusement les épaules de son bras puissant et déclara :

- " Tu sais Jane, il ne tient qu'à toi de changer ça. Vous pourriez être heureux ensemble au lieu d'être malheureux comme les pierres chacun de votre côté, tu crois pas ? "

- " Pas après ce que j'ai fais... Elle doit être tellement déçue.... " lui répondis-je la voix brisée de douleur.

- " C'est pour ça que tu es parti ? Parce que tu crois que tu l'a déçue en tuant John le Rouge ? "

Je ne répondis pas mais mon silence était éloquent. C'est alors que Cho me regarda droit dans les yeux, comme pour m'assurer de la sincérité de ce qu'il s'apprêtait à me dire.

- " Si quelque chose l'a déçue, c'est ta fuite et uniquement ta fuite. Jane, on savait tous depuis le début que le jour où on mettrait la main sur ce monstre, tu le descendrais. On le savait et on a continuer à t'aider. Parce que même si une part de nous espérait que tu laisserais faire la justice, on comprenait ta soif de vengeance et on voulait le voir mort au moins autant que toi. Cet enfoiré n'a eu que ce qu'il méritait. Et maintenant qu'il pourrit six pieds sous terre, tu dois recommencer à vivre et t'autoriser à être heureux. Tu te le dois à toi-même mais tu lui dois bien ça à elle aussi. "

- " Je ne suis pas sûr de le mériter... De la mériter...  "

A ces mots, Cho avait du sentir son sang bouillir dans ses veines. Rouge de colère, il se leva et me força à faire de même et à le regarder bien en face.

- " Lève-toi ! Lève-toi je te dis ! " m'ordonna-t-il sèchement. " Là, c'est ici que ça se passe ! " continua-t-il en désignant ses yeux à l'aide de  l'index et du majeur de sa main droite.  " Si tu crois que je vais repartir en te laissant te morfondre ici et retourner la regarder sombrer, tu rêve mon frère !  Crois-moi je vais te ramener en Californie et je te traînerai par la peau des fesses si il le faut ! Alors arrête tes conneries et vas faire ta valise ! "

Joignant le geste à la parole, il m'attrapa par le bras et me traîna jusqu'au motel où j'avais élu domicile, puis une fois dans ma chambre, il posa ma valise sur le lit et se posta à côté, droit comme un i, les bras croisés, attendant que je la remplisse. Encore un peu sonné par la scène de la plage, j'y jetai mes affaires les unes après les autres, me demandant si je faisais bien. Cho avait beau m'avoir convaincu que oui, j'avais peur. Mais peur de quoi au fond ? Là était la question.

Mes bagages terminés, Cho empoigna la valise et me prit à nouveau par le bras pour s'assurer que je ne lui fausserai pas compagnie à la première occasion, puis m'emmena jusqu'au parking où il me fit monter dans sa voiture, m'assurant qu'il reviendrait chercher ma précieuse DS plus tard. La route me sembla durer une éternité. Une éternité durant laquelle chacun des mots prononcés par Cho défilèrent dans mon esprit, nourrissant ma peur viscérale de me retrouver face à celle que j'avais tant fait souffrir.

Mais était-ce la peur de me retrouver face à elle ou bien la peur de l'avenir qui se dessinait devant moi ?  Cho me sortit soudain de mes pensées.

- " On est arrivés. "

- " Quoi ? Mais c'est la maison de Lisbon là ! " m'écriais-je, terrifié.

- " Eh bien oui. Qu'est ce que tu croyais ? Que j'allais te ramener dans ton motel sordide pour que tu rumine et que tu finisse par t'enfuir à nouveau ? Te voila face à ton avenir mon frère. Elle sera contente de te voir, crois-moi. "

- " Si tu le dis. "

Je descendis de la voiture et me dirigeai vers la porte, les jambes en coton et le coeur explosant dans ma poitrine, puis appuyai d'un doigt tremblant sur la sonnette. Après quelques instants, j'entendis des pas à travers le panneau de bois et soudain la porte s'ouvrit. Elle était là, devant moi, les yeux rougis et gonflés, vêtue de son maillot fétiche. A en juger par les cernes qu'elle arborait, elle n'avait pas du beaucoup dormir ces derniers temps. Elle me jaugea du regard et, sans dire un mot, m'assenna une gifle magistrale.

- " Teresa, je... "

Ne me laissant pas le temps de finir ma phrase, elle se jeta à mon coup et fondit en larmes. Sentant l'émotion m'envahir à mon tour, je la serrai fort dans mes bras et nichai ma tête dans son cou. Dieu que ce parfum m'avait manqué ! Les minutes défilèrent sans qu'aucun de nous deux ne relâche l'étreinte. Je sentais ses larmes sur ma chemise tandis que les miennes coulaient sur son épaule. Mais pour l'un et pour l'autre, il s'agissait cette fois de larmes de bonheur. Le bonheur de s'être retrouvés, le bonheur d'être enfin réunis, le bonheur de savoir que l'avenir nous souriait.

FIN