Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
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Nat
Anarkia
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Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
Voici donc un premier court récit en guise d'ouverture de ce topic ...
Chambre 927 :
Je sortis prestement de l'hôtel, fébrile alors que je hélai un taxi sans amabilité aucune, nauséeuse lorsque que je lui jetais sans façon l'adresse d'une voix blanche ; tremblante tandis que je contemplais mes doigts secoués de spasmes, m'assurant maladroitement qu'il ne remarquait rien. L'adresse était fausse, bien entendu, et j'espérais pouvoir trouver un stratagème avant qu'il n'en prenne conscience et ne se retourne vers moi, alerté par mon comportement des plus étranges. Elle était encore assoupie, là-haut, inerte et splendide aux pastels de l'aube se reflétant à travers les minces rideaux de soie. La pâleur matinale devait adoucir ses traits fins, ses joues tendres, ses courbes minces, son poing qui tenait fermement serré le drap soulignant encore davantage son impudeur. La beauté suprême et absolue. Je ne pouvais m'empêcher de regretter la précipitation dans laquelle j'avais dû partir, contrainte alors de négliger de la coucher sur toile, dans toute cette magnificence éclatante, immobile et docile. Ô ma superbe ! Je sortis discrètement l'imprécis et traître croquis de la poche de ma veste, laquelle était encore imprégnée de sueur et d'odeur de tabac froid. L'esquisse ne représentait ma saphique muse que mollement, sur fond de crainte effarée, dans le glacial d'une démence déjà rassasiée, poisseuse, presque écoeurante par elle-même. Bientôt, lorsque la femme de service passerait et la découvrirait ainsi, tendrement endormie, pelotonnée sur son flan gauche, elle s'effacerait sur la pointe des pieds, attendant que ma douce daigne se réveiller. Les cafés ouvriraient leur devanture, les lampadaires laisseraient place au premier rayon de soleil, des cachés-croisés d'innombrables passants monteraient des bruits parvenus jusqu'à sa fenêtre, en haut, que j'avais omis de fermer dans mon empressement. Au milieu de cette effervescence, elle aurait presque l'air vivante.
Chambre 927 :
Je sortis prestement de l'hôtel, fébrile alors que je hélai un taxi sans amabilité aucune, nauséeuse lorsque que je lui jetais sans façon l'adresse d'une voix blanche ; tremblante tandis que je contemplais mes doigts secoués de spasmes, m'assurant maladroitement qu'il ne remarquait rien. L'adresse était fausse, bien entendu, et j'espérais pouvoir trouver un stratagème avant qu'il n'en prenne conscience et ne se retourne vers moi, alerté par mon comportement des plus étranges. Elle était encore assoupie, là-haut, inerte et splendide aux pastels de l'aube se reflétant à travers les minces rideaux de soie. La pâleur matinale devait adoucir ses traits fins, ses joues tendres, ses courbes minces, son poing qui tenait fermement serré le drap soulignant encore davantage son impudeur. La beauté suprême et absolue. Je ne pouvais m'empêcher de regretter la précipitation dans laquelle j'avais dû partir, contrainte alors de négliger de la coucher sur toile, dans toute cette magnificence éclatante, immobile et docile. Ô ma superbe ! Je sortis discrètement l'imprécis et traître croquis de la poche de ma veste, laquelle était encore imprégnée de sueur et d'odeur de tabac froid. L'esquisse ne représentait ma saphique muse que mollement, sur fond de crainte effarée, dans le glacial d'une démence déjà rassasiée, poisseuse, presque écoeurante par elle-même. Bientôt, lorsque la femme de service passerait et la découvrirait ainsi, tendrement endormie, pelotonnée sur son flan gauche, elle s'effacerait sur la pointe des pieds, attendant que ma douce daigne se réveiller. Les cafés ouvriraient leur devanture, les lampadaires laisseraient place au premier rayon de soleil, des cachés-croisés d'innombrables passants monteraient des bruits parvenus jusqu'à sa fenêtre, en haut, que j'avais omis de fermer dans mon empressement. Au milieu de cette effervescence, elle aurait presque l'air vivante.
Re: Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
très interessant
as tu dejà pensé à illustrer tes textes ?
car je trouve ton écriture très "visuelle" c'est inspirant graphiquement je trouve
as tu dejà pensé à illustrer tes textes ?
car je trouve ton écriture très "visuelle" c'est inspirant graphiquement je trouve
Re: Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
Non, je n'y ai jamais songé. Mais ce serait une bonne piste à explorer ...
DAN54- Consultant au CBI
- Personnage préféré : JANE
Localisation : pas ou je voudrais
Re: Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
Début d'un récit jamais achevé.
Intoxaccoustique :
Je tentais péniblement de reprendre mon souffle, haletante, étreinte d'une angoisse impitoyable. La nuit était tombée d'une façon anormalement lente ce soir-là, telle une coupole pesante reflétant ses obscurités sur les eaux claires du parc. Alors que le soleil déclinait, je m'en étais dangereusement approchée, danseuse lascive sur l'herbe verte légèrement humide, ma robe de mousseline glissant négligemment sur mes épaules. D'un mouvement fluide, mon corps ondulait de lui-même, possédé par les douces lueurs du couchant, habité d'un désir quasi-sensuel de communion avec cet havre de paix si singulier. Mes pieds n'avaient rapidement plus touché terre, propulsés dans l'infini comme dans un état second.
J'avais reçu de nombreuses sommations, selon lesquelles les pouvoirs de cette étendue étaient d'une force insoupçonnable, bouleversant tout équilibre terrestre et promettant une lourde peine aux âmes qui risquaient à s'y approcher. Comme à l'accoutumée, la curiosité l'avait emporté sur la raison, et je m'en haïssais terriblement à présent. L'atmosphère s'était soudainement faite plus dense, chargée d'une menace indéfinie, comme en réaction négative à mon indécence. Les merles s'étaient tus, leur doucereuse ritournelle laissant place à un silence de plomb, accablant. La verdure si agréable sous mes pieds avait subitement donné naissance à des ramifications caricaturales, aux allures de pantins défigurés. Les délicates ondulations de mon léger vêtement flottaient maintenant en tous sens, déchirées et souillées de boue, tel un drapeau vengeur. Je perçus brièvement un ricanement lointain, presque irréel, alors que mes pieds s'enfonçaient dans la vase, otages de cette prison de terre qui m'attirait peu à peu à elle.
Je ne pris même pas la peine d'explorer visuellement les alentours en quête d'une éventuelle présence humaine. Je me serais sans doute retrouvée face à de vagues créatures difformes, ne pas m'y confronter valait sans doute mieux pour l'instant. Il ne restait plus rien du coin de paradis dans lequel j'avais échoué quelques heures plus tôt. L'environnement qui me faisait face n'avait plus que l'odeur du supplice. Dans le meilleur des cas. Une surface rugueuse vint brusquement interrompre mes réflexions, s'insinuant perfidement le long de ma jambe. Je tentais d'esquisser un mouvement pour m'en dégager, mais ce fut évidemment peine perdue. Je découvrais avec effroi les chênes me faisant face, tels des scrutateurs cruels, enrouler patiemment leurs racines imposantes à mes chevilles. Ma première impulsion fut de courir dans ce dédale désormais récemment métamorphosé en labyrinthe, mais tout effort en ce sens ne serait qu'échec. Les allées bordées de gargouilles immobiles firent naître en moi les réminiscences d'une ancienne visite au château de Versailles. L'absurdité de cette pensée me fit presque sourire, en dépit de la situation dans laquelle je me trouvais. Une ironie du sort qu'il serait impossible de vaincre.
J'entrepris de rassembler les quelques bribes de forces qui me restaient, l'énergie du désespoir, motivé du seul instinct de survie. Je parvins à évoluer de quelques pas en direction de la bâtisse, derrière laquelle j'avais laissé tout un pan de ma vie, deux ou trois amants aussi et la certitude d'un présent déjà flétri. La prise sur mes chevilles se fit plus intense, provoquant des craquements sourds dans mes articulations, désormais vaincues. A bout de souffle, je me laissais arracher à ma trajectoire, la douleur anihilant toute autre volonté. Le corps couvert de terre, les cheveux pendant pauvrement autour de mon visage sans expression, je n'opposais aucune résistance à cette nature meurtrière qui me traînait maintenant en droite direction du lac.
Les eaux n'étaient en réalité que vastes ondées sanglantes, sans lien de parenté avec les ondulations cristallines que j'avais pu en voir auparavant. Les avais-je rêvées ? N'étaient-elles que projections de mon imaginaire débordant ? Alors que j'avais été progressivement tirée vers le point culminant de tous les maux, les prémices d'une odeur douceâtre s'étaient mués peu à peu en une atrocité sensorielle sans commune mesure. A une vérité qui dépassait toute capacité fantasmagorique. Paradoxalement, je me sentais irrépressiblement amollie par cet oxygène de stupre, comme délicieusement fascinée. Mon visage n'était désormais qu'à quelques centimètres des eaux cruelles, au bord d'un précipice inévitable qui m'appelait de tous ses vœux. Des personnages fantasmagoriques s'en élevaient, rouges carmins, dans l'obscurité du soir, anges débauchés dévoués à tous les outrages. Un sentiment indicible s'empara de moi, souffle ultime de désir et de résignation, alors que je fus propulsée dans le courant, n'ayant pour dernière vision que des corps sanglants se tordant dans une élégante volupté.
Intoxaccoustique :
Je tentais péniblement de reprendre mon souffle, haletante, étreinte d'une angoisse impitoyable. La nuit était tombée d'une façon anormalement lente ce soir-là, telle une coupole pesante reflétant ses obscurités sur les eaux claires du parc. Alors que le soleil déclinait, je m'en étais dangereusement approchée, danseuse lascive sur l'herbe verte légèrement humide, ma robe de mousseline glissant négligemment sur mes épaules. D'un mouvement fluide, mon corps ondulait de lui-même, possédé par les douces lueurs du couchant, habité d'un désir quasi-sensuel de communion avec cet havre de paix si singulier. Mes pieds n'avaient rapidement plus touché terre, propulsés dans l'infini comme dans un état second.
J'avais reçu de nombreuses sommations, selon lesquelles les pouvoirs de cette étendue étaient d'une force insoupçonnable, bouleversant tout équilibre terrestre et promettant une lourde peine aux âmes qui risquaient à s'y approcher. Comme à l'accoutumée, la curiosité l'avait emporté sur la raison, et je m'en haïssais terriblement à présent. L'atmosphère s'était soudainement faite plus dense, chargée d'une menace indéfinie, comme en réaction négative à mon indécence. Les merles s'étaient tus, leur doucereuse ritournelle laissant place à un silence de plomb, accablant. La verdure si agréable sous mes pieds avait subitement donné naissance à des ramifications caricaturales, aux allures de pantins défigurés. Les délicates ondulations de mon léger vêtement flottaient maintenant en tous sens, déchirées et souillées de boue, tel un drapeau vengeur. Je perçus brièvement un ricanement lointain, presque irréel, alors que mes pieds s'enfonçaient dans la vase, otages de cette prison de terre qui m'attirait peu à peu à elle.
Je ne pris même pas la peine d'explorer visuellement les alentours en quête d'une éventuelle présence humaine. Je me serais sans doute retrouvée face à de vagues créatures difformes, ne pas m'y confronter valait sans doute mieux pour l'instant. Il ne restait plus rien du coin de paradis dans lequel j'avais échoué quelques heures plus tôt. L'environnement qui me faisait face n'avait plus que l'odeur du supplice. Dans le meilleur des cas. Une surface rugueuse vint brusquement interrompre mes réflexions, s'insinuant perfidement le long de ma jambe. Je tentais d'esquisser un mouvement pour m'en dégager, mais ce fut évidemment peine perdue. Je découvrais avec effroi les chênes me faisant face, tels des scrutateurs cruels, enrouler patiemment leurs racines imposantes à mes chevilles. Ma première impulsion fut de courir dans ce dédale désormais récemment métamorphosé en labyrinthe, mais tout effort en ce sens ne serait qu'échec. Les allées bordées de gargouilles immobiles firent naître en moi les réminiscences d'une ancienne visite au château de Versailles. L'absurdité de cette pensée me fit presque sourire, en dépit de la situation dans laquelle je me trouvais. Une ironie du sort qu'il serait impossible de vaincre.
J'entrepris de rassembler les quelques bribes de forces qui me restaient, l'énergie du désespoir, motivé du seul instinct de survie. Je parvins à évoluer de quelques pas en direction de la bâtisse, derrière laquelle j'avais laissé tout un pan de ma vie, deux ou trois amants aussi et la certitude d'un présent déjà flétri. La prise sur mes chevilles se fit plus intense, provoquant des craquements sourds dans mes articulations, désormais vaincues. A bout de souffle, je me laissais arracher à ma trajectoire, la douleur anihilant toute autre volonté. Le corps couvert de terre, les cheveux pendant pauvrement autour de mon visage sans expression, je n'opposais aucune résistance à cette nature meurtrière qui me traînait maintenant en droite direction du lac.
Les eaux n'étaient en réalité que vastes ondées sanglantes, sans lien de parenté avec les ondulations cristallines que j'avais pu en voir auparavant. Les avais-je rêvées ? N'étaient-elles que projections de mon imaginaire débordant ? Alors que j'avais été progressivement tirée vers le point culminant de tous les maux, les prémices d'une odeur douceâtre s'étaient mués peu à peu en une atrocité sensorielle sans commune mesure. A une vérité qui dépassait toute capacité fantasmagorique. Paradoxalement, je me sentais irrépressiblement amollie par cet oxygène de stupre, comme délicieusement fascinée. Mon visage n'était désormais qu'à quelques centimètres des eaux cruelles, au bord d'un précipice inévitable qui m'appelait de tous ses vœux. Des personnages fantasmagoriques s'en élevaient, rouges carmins, dans l'obscurité du soir, anges débauchés dévoués à tous les outrages. Un sentiment indicible s'empara de moi, souffle ultime de désir et de résignation, alors que je fus propulsée dans le courant, n'ayant pour dernière vision que des corps sanglants se tordant dans une élégante volupté.
Re: Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
Dommage que tu ne l'ais pas fini.
J'aime beaucoup ton style Anarkia
J'aime beaucoup ton style Anarkia
Pain d'épices- Flic en uniforme
- Personnage préféré : Grace Van Pelt
Loisirs : ,les arts du cirque, écrire, écouter de la musique, regarder la tv, faire du sport, etc...
Localisation : des fois j'me le demande...
Re: Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
J'aime beaucoup ton style d'écriture, tes textes sont.. Transportant, je dirais. Le court d'un instant on est ailleurs, plonger dans l'infini de ton récit.
Re: Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
Je ne suis pas très douée pour ce qui est des poèmes, mais bon. En voici un exhumé des archives :
Happée par ce vide neuropsychiatrique,
Suspendue aux accords de ton archet électrifié
Placide détenue de cet incinérateur schizophrénique
Je me putréfie dans cette déchéance orchestrée.
Je noie, à l'aube, ces doucereux cadavres lunaires,
Tandis que tu les consumes au jour levant
Ô si fragiles et pâles cadavres de verre !
Dans cette tranquille et éthylique douleur des mourants.
Tu prends accords au rythme de mes vibrations dissolues,
Tandis que la nymphe bacchanale s'échoue à mes pieds
Et que mes tripes cérébrales implosent dans l'absolu,
Irréversiblement figées dans ce symbolique néant décérébré.
Happée par ce vide neuropsychiatrique,
Suspendue aux accords de ton archet électrifié
Placide détenue de cet incinérateur schizophrénique
Je me putréfie dans cette déchéance orchestrée.
Je noie, à l'aube, ces doucereux cadavres lunaires,
Tandis que tu les consumes au jour levant
Ô si fragiles et pâles cadavres de verre !
Dans cette tranquille et éthylique douleur des mourants.
Tu prends accords au rythme de mes vibrations dissolues,
Tandis que la nymphe bacchanale s'échoue à mes pieds
Et que mes tripes cérébrales implosent dans l'absolu,
Irréversiblement figées dans ce symbolique néant décérébré.
Re: Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
Énième insomnie ... Prose tout juste finie. Et ratée, mais peu importe.
En ton sein, Demeure assoupie,
Où le temps et la mort sont liées
Où les fantômes eux-mêmes ont oublié
La douce chaleur de la vie,
Tu fais passer une lumière qui lance
De tes vitres sales et déchirées,
Des halos de poussière qui dansent
Dans une inquiétante étrangeté.
Et sur le chant des ronces du dehors
Et les cris plaintifs du bois mourant
Ton âme délaissée espère encore
Assurer un jour son rôle d'antan.
En ton sein, Demeure assoupie,
Où le temps et la mort sont liées
Où les fantômes eux-mêmes ont oublié
La douce chaleur de la vie,
Tu fais passer une lumière qui lance
De tes vitres sales et déchirées,
Des halos de poussière qui dansent
Dans une inquiétante étrangeté.
Et sur le chant des ronces du dehors
Et les cris plaintifs du bois mourant
Ton âme délaissée espère encore
Assurer un jour son rôle d'antan.
Re: Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
C'est magnifique Anarkia!!
J'aimerai bien être aussi productive quand je dors pas
Pain d'épices- Flic en uniforme
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Re: Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
Wow, merci.
Faut dire que j'aimerais quand même mieux écrire un peu moins et dormir un peu plus.
Faut dire que j'aimerais quand même mieux écrire un peu moins et dormir un peu plus.
Re: Tribulations lunaires [Récits et poèmes d'Anarkia].
Je ne dirais pas que c'est râté , bien au contraire. C'est vraiment magnifique. Tu as du talent .
MentalistAddict- Flic en uniforme
- Personnage préféré : Jane
Localisation : Dans les bras d'un certain mentalist
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