Toujours là pour te sauver ^

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Toujours là pour te sauver

La journée touchait à sa fin, l’équipe était partie depuis longtemps et il ne restait que Lisbon à l’étage des crimes majeurs, même Jane avait disparu. La brunette ne s’en faisait pas pour lui, elle se doutait qu’il avait dut trouver refuge dans son grenier, à l’abri de tout, face à la solitude qu’il s’imposait. Elle venait juste de finir de signer le dernier rapport de plainte à l’encontre de son consultant. Tant de plaintes, tout cela la rendait folle. Mais malgré tout, il parvenait à résoudre un nombre incroyable d’affaires en peu de temps, ce qui faisait de lui un atout inestimable pour le CBI. Elle devait admettre que lorsqu’il le voulait bien, il pouvait être un homme agréable. Oui, quand il le voulait bien. La plupart du temps il était impoli envers les gens, surtout les grandes pontes des forces de l’ordre.

La jeune femme ferma le dossier devant elle, se laissant retomber contre le dossier de son fauteuil. Elle se passa une main sur le visage, évacuant un peu de fatigue au passage. Elle se massa les tempes, un vilain mal de crâne pointait le bout de son nez et elle savait à qui elle le devait. Aujourd’hui encore, il avait été insolant envers un juge et elle avait eut bien du mal à calmer l’homme qui avait exigé le renvoi immédiat du consultant. Néanmoins, après qu’elle ait promit qu’il viendrait présenter ses excuses, le juge avait accepté de ne plus en parler. Bien entendu il n’avait pas été facile de convaincre Jane, mais avec un beau sourire, il avait fini par dire oui.

Parfois Lisbon se disait qu’il lui était facile de manipuler son consultant, il semblait beaucoup aimer ses sourires. Mais elle se rendait alors compte que c’était elle qui se faisait manipuler par l’homme. Il aimait la voir sourire, chose qu’elle ne faisait que rarement. A croire qu’il faisait enrager les gens, juste pour qu’elle le supplie de s’excuser, lui offrant ainsi ce sourire qu’il attendait tout le jour. Mais qu’était-ce qu’un sourire contre la certitude de garder Jane près d’elle. Il était indispensable pour le CBI, pour son équipe et pour elle. Bien entendu elle ne l’avouerait jamais de vive voix, mais elle ne pouvait imaginer son travail sans lui.

Au bout de quelques minutes, sentant ses paupières s’alourdirent, Lisbon décida de rentrer chez elle. Elle n’avait plus rien à faire ici, du moins rien qui ne puisse attendre le lendemain. Elle se leva donc, ramassa sa veste, son téléphone ainsi que ses clés et quitta son bureau, n’oubliant pas de le verrouiller en partant. Cela n’empêcherait certainement pas Jane d’entrer s’il le voulait, mais ça le ralentirait, ne serait-ce qu’une minute. Elle aimait ce petit jeu entre eux. Elle traversa le couloir, arriva à l’ascenseur et appuya sur le bouton d’appel. Elle n’eut pas à attendre longtemps avant qu’il arrive et, lorsque les portes s’ouvrirent et qu’elle s’apprêtait à y pénétrer, elle entendit quelqu’un l’appeler derrière elle.

-“ Lisbon” appela encore Jane, et cette fois elle se retourna.
-“ Que voulez-vous Jane” s’exaspéra-t-elle.

Même à cette heure tardive il fallait qu’il l’embête. Il ne pouvait donc pas la laisser tranquille, ne serait-ce que pour la soirée. Elle lui fit face et il s’arrêta à seulement quelques centimètres d’elle et le rouge lui monta aux joues. Elle n’aimait pas lorsqu’il faisait ça, enfin si mais… non. Elle ne devait pas laisser ses pensées divaguer vers ces contrées peuplées de rêves d’elle et de son consultant, pas avec lui en face d’elle. D’ailleurs, elle vit un petit sourire naître sur son visage angélique et elle rougit de plus belle.

-“ Que voulez-vous Jane ?” Lui demanda-t-elle pour cacher son trouble.
-“ Juste vous souhaiter une bonne nuit” sourit-il en se penchant vers elle pour déposer un baiser sur sa joue.

Le cœur de Lisbon se mit à battre dans sa poitrine, elle sentit sa respiration s’accélérer, mais elle ne laissa rien paraître. Malgré tout, cela n’échappa pas à l’œil observateur du mentaliste qui ne put s’empêcher de sourire en s’écartant d’elle. Il reprit une distance acceptable et Lisbon souffla de soulagement. Elle n’était pas certaine de pouvoir résister encore longtemps s’il continuait ainsi, elle avait bien du mal à cacher les sentiments qu’elle avait pour lui.

-“ Bo… Bonne nuit Jane” articula-t-elle enfin en montant dans l’ascenseur.

Elle garda ses yeux sur lui jusqu’à ce que les portes se ferment et là, elle se laissa aller contre la paroi, posant une main sur sa joue, à l’endroit exact où les lèvres de Jane se trouvaient quelques minutes plus tôt. Elle sentit de nouveau la chaleur monter dans son corps. Combien de temps encore pourrait-elle résister à son attirance, à son amour pour son collègue ? Jamais elle n’avait ressentit de tels sentiments pour un homme, et pourtant Jane n’était pas vraiment son genre d’homme. Elle aimait plutôt les grands bruns, un peu ténébreux. Jane n’était rien de ça, mais bien plus que son physique, c’était sa personnalité qui l’avait touchée, sa bonté qu’il cachait bien trop souvent. Jane était un homme bon, affectueux et malicieux.

Si seulement il pouvait oublier le passé, ou du moins le laisser derrière lui. Si seulement il pouvait oublier sa culpabilité, s’il pouvait seulement accepter qu’il n’y était pour rien, qu’il n’avait pas demandé à ce que sa famille soit tuée. De voir cette peine dans son regard chaque jour lui faisait mal. Elle aimait le voir sourire, le voir heureux. Il le méritait après les drames de sa vie, il avait lui aussi le droit d’être heureux. Elle arriva enfin au rez-de-chaussée et elle sortit pour rejoindre sa voiture. Elle prépara ses clés, avançant dans la pénombre du parking, perdue dans ses pensées lorsqu’elle entendit du bruit un peu plus loin. Elle releva la tête, chercha d’où cela pouvait provenir et remarqua une jeune femme de l’autre côté de la rue, importunée par deux hommes.

La flic en elle prit le dessus et elle se dirigea vers le petit groupe, une main à sa taille, sur son arme, prête à l’utiliser en cas de besoin. Elle pouvait entendre la jeune femme demander aux hommes de la laisser tranquille, qu’elle n’avait pas d’argent pour eux, qu’elle n’avait rien à leur donner. Comme toujours, les femmes étaient les premières à qui s’en prenaient les voleurs, proies faciles, faibles. Mais Lisbon ne pouvait pas laisser faire ça. Elle arriva enfin face à eux et intervint avant que les choses ne s’aggravent.

-“ Messieurs, je vous suggère de partir maintenant et de laisser cette jeune femme tranquille” dit-elle d’un ton ferme.

La jeune femme tourna un regard implorant vers l’agent tandis que les deux hommes se mirent à ricaner. L’un d’eux se rapprocha de Lisbon, un sourire mauvais sur le visage, mais elle ne se laissa pas impressionner. Elle avait l’habitude de ce genre de personne, elle en côtoyait chaque jour au travail.

-“ Et qu’est-ce que tu vas faire” rit-il en posant une main sur son épaule.
-“ Ça” répondit-elle en posant une main sur celle de l’homme tandis que de son autre main elle lui attrapait le bras et le jetait au sol.

L’homme gémit de douleur et le second relâcha la pauvre femme qui partit en courant, ne regardant pas derrière elle. Lisbon ne pouvait lui en vouloir, elle ne pouvait rien faire pour l’aider. Peut-être aurait-elle l’idée d’aller chercher de l’aide, mais Lisbon n’y croyait pas trop. Pour le moment, elle devait s’occuper du second homme qui se tenait à présent en face d’elle avec un couteau dans la main. Elle sortit son arme, pensant ainsi lui faire peur et le faire se calmer, mais au lieu de ça il se mit à rire. Elle ne comprit sa réaction que lorsqu’elle sentit le canon d’une arme se poser dans sa nuque. Elle s’immobilisa immédiatement, levant les mains en signe de reddition.

-“ On fait plus la maligne hein” ricana l’homme en venant humer ses cheveux.

Lisbon grimaça de dégoût mais ne dit rien. Elle ne voulait pas lui faire le plaisir de pleurer, de supplier. Elle n’était pas une victime, elle était flic avant tout. La femme en elle avait peur, mais c’est la flic qu’elle obligea à prendre le dessus. Elle sentit les mains de l’homme descendre sur son corps, lui caresser la poitrine, le ventre et descendre plus bas. Sans pouvoir s’en empêcher, elle se mit à frissonner. Elle savait comment cela allait finir et ne pouvait rien faire pour se défendre lorsqu’elle sentit le couteau du deuxième homme se poser sur sa gorge. Elle aurait voulu se battre, se défendre, mais un des hommes lui assena un coup au visage qui la déstabilisa et l’assomma un peu. Sa vision devint floue, et elle serait tombée si l’homme ne l’avait pas plaqué contre lui.

Il la traîna dans une ruelle adjacente, son complice sur les talons et cette fois, Lisbon ressentit la peur monter en elle. Que pouvait-elle faire alors qu’elle avait déjà du mal à garder les yeux ouverts ? Rien, et personne ne pouvait l’aider. Elle ferma les yeux et pria pour un miracle.



Jane, après avoir quitté Lisbon, était remonté dans son grenier. Mais en y entrant, il avait sentit comme un malaise, une sensation qui le laissa figé l’espace d’un instant. Il ne savait pas ce que c’était, mais il avait comme un mauvais pressentiment, comme s’il allait se passer quelque chose de grave sans savoir de quoi il s’agissait. Il s’était installé sur son lit de fortune, mais ce sentiment ne voulait pas disparaître. Il avait déjà ressentit ça par le passé et cela lui ramena les souvenirs de ce soir, des années plus tôt, lorsqu’il était rentré chez lui. Le fameux soir où sa vie avait basculé. Que pouvait-il bien se passer en ce moment pour qu’il ressente ça ?

Il se releva, prit sa veste et quitta le grenier. Peut-être était-ce cet endroit qui commençait à lui peser, peut-être avait-il besoin de changer d’air. Il descendit donc au parking rejoindre sa voiture lorsqu’il remarqua celle de Lisbon au loin. Elle était censée être partit depuis longtemps maintenant, alors pourquoi sa voiture se trouvait-elle encore là ? Il chercha la jeune femme des yeux, mais ne la trouva nulle part. Il sentit ce sentiment revenir au galop et commença à traverser le parking dans l’espoir de la trouver. C’est là qu’il entendit la voix d’une femme.

-“ A l’aide” criait-elle, et Jane se rapprocha d’elle. “ Monsieur, aidez moi.”
-“ Que se passe-t-il ?” Tenta-t-il de savoir.
-“ Une… une femme… elle a besoin d’aide…elle est venue m’aider mais… ils sont deux. Elle pourra rien faire, même si elle en a mis un au sol facilement.”

Jane sentit son cœur accélérer dans sa poitrine, il ne connaissait qu’une femme capable de venir au secours d’une parfaite inconnue et mettre au sol un homme sans l’aide de personne. Lisbon.

-“ Allez dans ce bâtiments et demandez de l’aide” expliqua-t-il en montrant le CBI du doigt “ où sont-ils ?”
-“ De l’autre côté de la rue,” lui dit-elle.

Jane regarda dans la direction que lui indiquait la femme, mais il ne vit personne. Ça ne présageait rien de bon. Il se tourna de nouveau vers la jeune femme et la poussa vers le bâtiment.

-“ Allez-y maintenant et dites qu’un agent à besoin de renfort” cria-t-il en partant en courant.
-“ Et vous ?” S’inquiéta-t-elle.
-“ Je vais l’aider.”

Le mentaliste traversa rapidement la rue sans prendre la peine de regarder autour de lui. Il n’y avait de toute façon personne à cette heure de la nuit. Plus il s’approchait, plus les plaintes parvenaient à ses oreilles. Il reconnut la voix de Lisbon et son cœur se serra, la peur montant encore plus en lui. Il accéléra encore et déboucha dans une ruelle sombre. Tout au fond, non loin de sacs poubelles et de détritus, deux hommes se tenaient au dessus d’une femme, Lisbon.

-“ Lâchez-la” hurla-t-il, et les deux hommes se redressèrent.
-“ Casses toi, c’est pas tes affaires” lui cracha l’un des hommes.

Lisbon en profita pour le frapper entre les jambes et l’homme se plia en deux de douleur. Elle tenta de se redresser pour partir en courant, mais le second la rattrapa par le bras et la jeta avec force contre le mur. Elle se rattrapa de justesse avant de toucher les briques. Entre temps, Jane s’était rapproché et se jeta sur l’homme qui avait de nouveau sortit son couteau. Lisbon assista impuissante au combat de son collègue avec cet inconnu.
Bien entendu, Jane n’avait pas le dessus, mais il frappait autant qu’il le pouvait. Elle l’entendit gémir et elle s’inquiéta. La brunette regarda autour d’elle à la recherche de quelque chose et tomba sur une vieille planche qu’elle ramassa. Elle frappa alors sur la tête de l’homme qui s’effondra sur le corps du mentaliste qui ne bougeait plus. Les deux hommes à présent inconscients, l’agent fit rouler le corps de l'inconnu de Jane et ce dernier grimaça, se tenant le bras.

-“ Jane” elle se jeta sur lui. “ Jane vous allez bien ?”
-“ Ça va Lisbon” souffla-t-il entre ses dents. “ Et vous, ils ne vous ont rien fait ?”

C’est là qu’il remarqua sa chemise déchirée, dévoilant ainsi sa poitrine, la marque sur son visage, juste à côté de l’œil gauche. La boucle de sa ceinture était ouverte et Jane serra les poings. Il se rapprocha de Lisbon, posa une main sur sa joue et l’attira à lui. La jeune femme se laissa aller à son étreinte, prenant garde de ne pas lui faire plus mal au bras. Ils restèrent ainsi jusqu’à ce qu’arrivent d’autres agents qui se chargèrent d’emmener les deux hommes.




Lisbon était assise sur le canapé de son appartement, une poche de glace sur le visage, enveloppée dans une couverture. A côté d’elle se tenait Jane. Après l’arrestation des deux hommes, leurs dépositions au CBI et s’être fait examiner par un médecin, les deux amis étaient rentrés chez Lisbon. Jane avait prévu de retourner à son motel, mais la jeune femme lui avait demandé de venir chez elle. Il avait gracieusement accepté et maintenant ils étaient là.

Jane se tourna vers Lisbon, retira la poche de glace pour voir l’étendue des dégâts et grimaça en voyant la peau bleue de la jeune femme. Il passa délicatement son doigt dessus avant de venir y poser ses lèvres. Lisbon sursauta de surprise, Jane n’était pas le genre à embrasser ainsi, et pourtant c’était la deuxième fois ce soir. Elle se laissa faire, savourant tout ce qu’il était prêt à lui offrir sans se poser de questions. Bientôt tout redeviendrait comme avant, alors elle voulait en profiter, ne serait-ce que pour la soirée.

-“ J’ai eu si peur Lisbon” murmura-t-il contre sa peau.
-“ Pourquoi Jane ?” Demanda-t-elle.
-“ Pourquoi quoi ?”
-“ Vous être jeté ainsi sur lui alors qu’il était plus fort que vous ?” Expliqua-t-elle.
-“ Je ne pouvais pas les laisser faire. Je ne pouvais pas vous regarder…” il perdit ses mots, incapable de finir sa phrase.

Elle ne sut quoi dire, les mots étaient bloqués dans sa gorge. Jane avait risqué sa vie pour elle, il aurait put mourir pour elle. Alors elle fit la seule chose qu’elle était encore capable de faire. Elle l’entoura de ses bras, le serrant fort contre elle et elle le sentit lui entourer la taille. Elle enfouit son visage dans son cou, laissant enfin les larmes qu’elle retenait depuis des heures couler librement sur ses joues. Elle pleurait pour la peur qu’elle avait ressentie, pour elle et pour lui. Elle pleura jusqu’à ne plus avoir de larmes et releva ensuite les yeux vers lui.

Jane lui sourit avant de se pencher vers elle et de poser tendrement, délicatement ses lèvres sur les siennes, à peine quelques secondes, mais c’était assez. Lisbon avait comprit, elle n’avait pas besoin de plus. Elle posa sa tête sur son torse, resserra ses bras autour de lui et sombra dans le sommeil. Jane posa un baiser sur ses cheveux puis se laissa aller lui aussi au sommeil. Mais avant de s’endormir, il lui murmura quelques mots à l’oreille, la faisant sourire.

-“ Je serais toujours là pour te sauver Lisbon.”