14 Fevrier....: Saint Valentin evidemment! ^

On était le 14 février, la Fête de l'Amour comme le rappelait si finement l'immense publicité rose criard placardée sur une pleine page du journal. Le supermarché du coin bradait pour l'occasion ses roses, de quoi en offrir des brouettes entières sans avoir à hypothéquer sa maison.
La Saint Valentin : une occasion en or pour proposer à une jeune femme qui vous plait sans le savoir, un dîner en tête à tête en lui faisant passer un bon gros sous entendu quant à vos intentions profondes tout en se donnant en prime une image de mec sensible.

Le calcul était assez simple mais Wayne n’était pas à proprement parler un romantique car beaucoup trop pragmatique pour cela. Pourtant, il y avait dans son caractère quelque peu taciturne une inclination toute naturelle à la réflexion qui pouvait lui donner des faux airs de vrai rêveur. Avec son air doux et paisible,protecteur, l’épaisseur moelleuse de ses larges épaules, pouvaient à eux seuls faire tomber les filles dans ses bras. Toute, sauf celle voulue...
Mais la roue tournait… si on y donnait un bon coup d’épaule !
« Allez courage : c’est aujourd’hui que tout se joue ! » se lança-t-il pour la seconde fois de la matinée, et alors qu’il sentait monter en lui un profond sentiment de terreur qui allait croissant au fur et à mesure que la propriétaire de la queue de cheval bondissante se rapprochait de lui.

-Toujours pas de boulot?, demanda Grâce à ses deux coéquipiers

Wayne s’était ratatiné sur place, assailli par d’horribles doutes. Il ne fallait pas se précipiter… Le rapprochement qu’il avait cru observer entre eux deux depuis deux semaines était il réel ? Et si on pouvait parler de rapprochement était ce suffisant pour oser quoi que ce soit ? Pesant le pour et le contre, il se remémora que statistiquement parlant, elle prenait depuis deux semaines le plus souvent sa pause déjeuner avec lui. Ce qui faisait : un bon point pour lui.

Ragaillardi par cette pensée, il parvint à sourire à sa collègue et lui répondre,

-Heu, non, pas pour l'instant..

Se faisant, il réfléchissait toujours à ses chances de succès pour l’invitation à dîner, la jeune femme.
Perdu dans ses pensées, il sursauta lorsqu’il entendit la voix douce de la jeune femme s’adresser à lui:

-Et sinon ça va toi ? Tu as trouvé le bouquin dont je t’ai parlé ?


Il leva les yeux d’un air reconnaissant vers le visage de la jeune femme. Elle se souvenait de leur discussion de la veille : un bon point en plus !!

-Oh heu oui… oui c’est vraiment pile ce que je cherchais…

Grâce lui souriait à présent. Ding ! Ding ! Ding ! Ding !… Jackpot !!!! Une avalanche de bons points dans la tête de Rigsby qui ouvrit donc la bouche en grand :


-Heu Grâce, j'me disais... après le boulot, on pourrait aller manger ensemble...ça te dit?

La jeune femme cligna des yeux plusieurs fois, sourit plus largement, fronça les sourcils… mais ne dit rien. Le cœur de Wayne battit la chamade : elle était troublée elle aussi.

-Tu... tu ne m'inviterais pas à passer la soirée de la saint Valentin avec toi par hasard?, demanda-t-elle avec un petit sourire.
-Mais bien sûr que si Grâce! Il en meurt d'envie! Je suis sûr qu'il se prépare depuis des semaines à savoir comment il allait t'inviter!

Tous se retournèrent vers Jane, qui alla s'installer sur le canapé, un grand sourire aux lèvres.

-Et toi? T'as prévus quoi?, demanda Wayne au principal intéressé comme pour se défendre.
-Oh moi? Rien de spécial..., fit-il en souriant
-Oh allez arrête, je suis sûr que tu as prévu quelque chose, tu a une idée derrière la tête, ça se voit, renchérit le grand brun.
-Oh tient tu deviens mentaliste toi aussi?,ria Jane

Soudain Lisbon apparu, alors qu'elle expliquait quelques choses aux membres de l'équipe Jane ne pu s'empêcher de la regarder attentivement, sans l'écouter bien sûr.
"Tient! ses cheveux ont sacrément poussés !" songea le mentaliste en contemplant la chevelure soyeuse de la jeune femme.
Alors qu'elle eu finit de discuter avec les autres, Lisbon sentait très nettement le poids du regard de son consultant braqué sur elle. Elle essayait de ne pas se laisser troubler par cette incommodante sensation d’être épiée et tâchait de paraitre le plus naturel possible.

-Bon, sur ce vous pouvez y aller, pas la peine de rester ici à vous ennuyez.

Mine de rien, l’attitude de Jane depuis ce matin la rendait encore plus nerveuse qu’auparavant. Les deux avaient commencé à bien s'entendre, à devenir de bons amis, complices. Cependant elle ne parvenait toujours pas à savoir ce qu’elle avait envie de mettre derrière le mot « amitié ». Elle avait réellement souffert en le voyant essuyer autant d’épreuves. Mais elle avait encore plus souffert de la distance qu’il maintenait entre eux alors même qu’elle cherchait à l’aider depuis l'arrestation de Red John. Et le pompon : leur dernière prise de bec, dans son bureau.

A suivre.....

Elle se rendit alors dans son bureau, terminer ce qu'il lui restait à faire. Aussi se sentit elle frémir lorsqu’elle entendit quelqu'un entrer dans son bureau, et vint lentement devant elle. Sa main se crispa sur la souris lorsqu'elle s'aperçut que cette personne était Jane.

-Vous travaillez encore?, demanda-t-il au bout d'un moment de silence.
-Il faut bien que quelqu'un le fasse!, répondit-elle sans lever les yeux pour autant.
-Oui bien sûr...

Il étira un sourire en coin, haussa les épaule et soupira. Avec l’air de ne pas y toucher, Jane se rapprocha de Lisbon, pour finir assis, quasiment à ses côtés.

-Et euh… la tâche… elle est partie?, demanda t il en désignant du menton et d’un geste de la main la veste de la jeune femme.

Quelques heures plus tôt, il avait malencontreusement bousculé Lisbon, faisant se renversé le café qu'il lui apportait, sur sa veste.

-Ah ça…Oui oui…ça se voit presque plus.
-Tant mieux. Je suis désolé.... Je suis maladroit..
-Oui on peut dire ça…, dit-elle en écarquillant les yeux.

Maladroit tu m’étonnes… se répéta-t-elle mentalement avec une pointe d’exaspération. Maladroit avec les choses, maladroit avec les gens…

-Lisbon... vous avez prévu quelque chose se soir?, demanda Jane
-Hein ? Ce soir…ce soir là ? Euh… ben… je sais pas…, répondit elle d’une petite voix hésitante.

Puis instinctivement, elle libéra sa main pour mieux se jeter sur son agenda dont elle tourna et retourna les pages avec fébrilité,

-Parce que je crois bien que j’ai un truc…mais je suis plus sûre… On est le…

Attiré comme par un aimant son œil ripa alors sur l’éphéméride qui trônait près de l’agenda ouvert.
« 14 Février : Saint Valentin ».
Elle se sentit pâlir. Cette invitation ne pouvait être le fruit du hasard.
Elle prit une profonde inspiration décidée à décliner poliment mais fermement l’invitation. Jane ayant vu où son regard s'était posé, ne lui laissa cependant pas le temps de répondre.

-Bon, alors on se dit 19h devant chez vous hein ?
-P...Pardon… ? demanda Lisbon en tendant le cou vers lui.
-Vous avez très bien compris, lui répondit-il avec un sourire charmeur

Lisbon le dévisagea : Jane était-il devenu dingue ? Une petite voix en elle lui disait de prendre sans réfléchir la main qu’il tendait chevaleresquement vers elle.

-Oui, oui ok…19 heures, s’entendit-elle répondre sans pour autant parvenir à évaluer les conséquences de sa décision.

A suivre...

Lisbon était prête, elle était vêtu d'une robe noire et attendait patiemment Jane, en retard comme d'habitude. Elle entendit une voiture se garer devant chez elle et quelques instants plus tard la sonnette retenti.
Elle alla ouvrir et fut surprise du spectacle qui s'offrait à elle. Jane avait abandonné son costume trois pièces pour un costume simple, une chemise légèrement entrouverte et une veste, et dans ses mains, un splendide bouquet de roses rouges qui cachait son visage. Il tourna la tête de façon à la regarder, un immense sourire se dessinant sur ses lèvres.


-Prêtes?, lui dit-elle en lui tendant le bouquet., En venant j'ai les ai trouvé plutôt belles, alors.. je vous en ai pris un bouquet, ajouta-t-il pour répondre au regard interrogateur de Lisbon, en plus elle vont bien avec votre teint du moment...
-Pfff, vous êtes bête, se défendit-elle en le tapant légèrement à l'épaule, mais merci quand même pour ce magnifique bouquet.

Après ça, ils prirent la direction de la voiture de Jane. Lisbon s'arrêta devant la porte.
-Quelque chose ne va pas?, demanda Jane inquiet de la voir hésiter

-Oui, enfin....Avant tout Jane, je voulais m’excuser pour l’autre fois quand on a...reparlé de.... Red John... J’ai été injuste avec vous et je m’en veux... beaucoup....

Étonné, il referma sa porte de voiture et alla vers elle pour l’observer avec plus d’attention. Son air l’attendrissait plus qu’il n’aurait pu le présager.

-Vous pouvez.... Mais je sais que je ne vous rends pas la vie facile alors... je peux comprendre...
-Ah oui vous pouvez comprendre?, répéta en écho Lisbon étonnée
-Je crois. Mais n’abusez pas non plus… Vous savez ce que j'en pense...et ce que je compte faire....
-Et vice versa.., ajouta-t-elle d'un air dépité

La tristesse sur le visage de Lisbon le perturba, lui tordit les entrailles. La jeune femme se mordit les lèvres et se mis à regarder dans toutes les direction, pour ne pas croiser le regard de Jane, ne sachant pas ce qu’il serait bon d’ajouter.
Elle sursauta quand elle sentit la main du consultant se poser sur son épaule et la serrer : elle crut l’entendre murmurer « Merci Lisbon… » et son souffle devint court.
Jane s’éloigna, laissant derrière lui une Lisbon profondément troublée… mais heureuse. Ce simple et léger contact physique avec le mentaliste lui avait donné un coup de fouet… qui lui donnait l’impression que la vie pouvait être très chouette parfois…Toute simple, toute douce. Elle découvrait une toute autre facette de Jane. Elle ne chercha pas à s’expliquer sa réaction ; c’était très rassurant, voilà tout.

-On prend ma voiture et je conduis, pas la peine de discuter!, fit-il avec un sourire charmeur alors qu'il avait regagné le côté conducteur.
-O..ok, répondit-elle surprise qu'il l'ai devancé ainsi.

Le trajet ne fut pas trop long et ils arrivèrent assez rapidement à destination.

-Wouahou, vous n'avez commis aucunes infractions durant tout le trajet! Mais ou est passé Patrick Jane?, s'exclama Lisbon ravis du comportement de son consultant., vous m'impressionnez!
-Mais je compte bien le faire durant toute la soirée, répondit-il avec l'un de ses sourires qui ferait craquer n'importe quelle femme.

Lisbon ne préféra pas relever ce qu'il venait de lui dire, et se dirigea en direction du restaurant avec lui.

A suivre

Assis face à lui, Lisbon semblait sur des charbons ardents, elle regardait autour d'elle avec des yeux de bête traquée. Elle ne s’était pas préparé psychologiquement à faire face à toute cette tripotée de couples se buvant du regard, se tenant la main ou s’embrassant langoureusement.
Des chansons d’amour, se succédaient en fond sonore masquant un peu le brouhaha de la salle ; Jane, cherchant à se donner une contenance, battait le tempo avec sa fourchette d’un air soigneusement détaché.
Peu de temps après que le serveur soit venu prendre leur commande, Lisbon avait subitement retrouvé l’usage de la parole. Elle s’était instantanément lancé dans une sorte de diatribe visant à dénoncer la Saint Valentin comme avant tout une aubaine pour les commerçants, ce à quoi Jane ne voyant bien entendu rien à redire, se contentait de ponctuer le tout de quelques phrases convenues. A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle : la jeune femme qui évitait le plus possible de boire de d’alcool avait décidé de tremper les lèvres dans le cocktail qu’elle avait découvert devant son assiette en revenant d’un tour aux toilettes. A priori ce devait être le Hot Love Cocktail, la suggestion du jour dont on trouvait affiché le signalement un peu partout dans la salle à des fins promotionnelles. Tant que ça pouvait l’aider à se sentir mieux…
Une fois qu’ils eurent fait le tour des retombées économique que la Fête des Amoureux pouvait avoir sur le chiffre d’affaire des fleuristes, des confiseurs, des pâtissiers, des bijoutiers, de l’hôtellerie restauration, du prêt-à-porter, de l’édition, des coiffeurs, des disquaires et des toiletteurs pour chien, ils sentirent que si le sujet commençait à s’élimer, l’alcool, lui, devait commencer à faire effet sur leur métabolisme. Lisbon paraissait beaucoup plus détendu et parvenait à sourire sans donner l’impression de se forcer. Jane, pour sa part, commençait à supporter les instants de silence sans avoir à redouter qu’ils ne finissent jamais.
Sous la surface, la jeune femme restait quand même toujours à cran car il lui semblait que cette situation était très artificielle. C’était la plus étonnante Saint Valentin qu’elle ait eu l’occasion d’expérimenter ; le jour de la fête des amoureux, deux célibataires malmenés par leurs histoires d’amour respectives, tentent de raviver leur amitié en se retrouvant dans un resto chic et se lançant dans une critique acerbe de la société de consommation… Fallait le faire quand même ! Et ne parlons pas de la manière dont l’invitation avait été faite… Bref, il y avait un coté ridicule à tout ça qui lui mettait les nerfs à vif.
Un mot répété dans la chanson qui passait sur les platines attira son attention et elle tendit l’oreille,

"All you need is love.
All you need is love.
All you need is love, love.
Love is all you need."

Alors là c’était la totale ! se dit-elle en laissant échapper un rire ; mais gênée par sa propre réaction, elle se masqua la bouche avec sa serviette pour tenter de reprendre ce qu’il pouvait l’être ; sa position, sa dignité, son calme, sa respiration…. Mais ce fut un échec sur toute la ligne et elle parti dans un fou rire incontrôlable.

-Qu’est ce qu’il vous arrive ?, demanda le mentaliste en se penchant vers elle d’un air perplexe.

Lorsqu’elle parvint à reprendre sa respiration, elle lui souffla, les yeux baignés de larmes

-Non non rien… rien… Oh excusez moi je sais pas ce qu’il m’arrive… C’est la chanson… C’est….

L’impression d’être grisée par l’alcool, le ventre secoué par les spasmes de rire… tout l’empêchait de poursuivre et elle plongea le visage dans sa serviette sous le regard étonné de leurs voisins de table qui avaient arrêté de se bécoter pour la regarder faire.
Constatant tout cela, Lisbon fit un immense effort sur elle-même et parvint à reprendre un peu de sérieux. En plantant son regard malicieux dans les yeux bleus azure de Jane elle parvint à articuler :

-Je trouvais tout cela, un peu ridicule c'est tout..

Il s’était un peu rembruni et Lisbon avait rajouté en posant spontanément sa main sur celle de son collègue

-Oh, Jane je plaisante ! Mais avouez que c’est quand même un peu curieux que nous nous retrouvions, nous deux ici, un jour de saint Valentin! Vous avez de drôles d’idées parfois tout de même !

Son attention se focalisa alors brusquement sur sa main posée sur celle de Jane. Celui-ci braqua son regard à son tour sur sa main sous celle de Lisbon. Ils levèrent les yeux simultanément l’un vers l’autre, l’air stupéfait comme s’ils étaient témoins d’un phénomène physique totalement inédit.
Elle ôta alors sa main avec précipitation et la glissa dans ses cheveux, en profitant pour rabattre une mèche derrière son oreille. Jane lui, n’avait pas bougé, n’avait pas cillé, son regard envahissant même celui de la brunette ; puis son visage s’était illuminé d’un large sourire et il avait rigolé à son tour.

-Peut-être pas si ridicule que ça en fait…

Estomaquée, Lisbon rétorqua du tac au tac,

-Vous êtes vraiment à coté de la plaque!
-Oh Lisbon je vous en pris, ria Jane, vous manquez de sensibilité.... Vraiment dommage pour une belle femme comme vous...

Elle se mis à rougir alors de plus belle, ce qui fit naitre un sourire encore plus grand sur le visage de son consultant.

-Vous n'aimez pas le fait que je vous ai invité?
-Non... enfin si bien sûr mais, ça me fait bizarre de me retrouver là... avec vous!
-Vous êtes toujours gêné comme ça lors d'un rendez-vous amical?, demanda Jane
-Non.. enfin ça dépend avec qui je suis...
-Rigsby était peut-être le genre d'homme avec qui vous auriez préféré être?, demanda le mentaliste amusé.

Elle sourit

-Arrêtez, ce n'est pas gentil de se moquer!
-De toute façon l'amour est aveugle, c'est bien connu! Surtout dans mon cas...., essaya de se plaindre Jane.
-Oh pitiez Jane arrêtez! Vous pouvez conquérir n'importe qui...
-Ah oui?!, coupa-t-il un grand sourire aux lèvres
-Non!, rougit Lisbon, Enfin je veux dire... regarder avec Frye!
-Ah oui..., répondit le blond visiblement déçu de sa réponse

Ils se regardèrent alors ne sachant plus quoi dire et se trouvèrent pathétiques et éclatèrent de rire à nouveau. Jane proposa alors un toast et ils levèrent leur verre,

-à la santé de l’Amour, Quel qu’il soit!

A suivre.... :)