Premier suspect^

Comme si perdre sa famille n'était pas assez cruel, voilà que Patrick Jane se retrouvait propulsé au rang de suspect principal. Que pouvait-il y avoir de pire que d'être accusé du double homicide des personnes à qui il tenait le plus en ce bas monde? Mais le système judiciaire était ainsi fait et il devait s'y plier.

De toutes façons, le malheureux n'était pas en position ni en état de se soustraire à cette obligation. Il n'opposa donc pas de résistance lorsque les agents l'emmenèrent. Bien trop secoué par son horrible découverte, il les avait suivi sans protester.

Tout s'était passé au ralenti, dans la tête du médium, comme dans un rêve. Le plus terrifiant des songes. Les policiers l'avaient trouvé, couvert de sang, sa petite fille contre lui.
Il souffla: "Qu'est-ce que j'ai fais."
C'était une plainte à peine audible, étouffée par les cheveux blonds de son enfant. Malgré tout, les policiers l'entendirent suffisamment clairement, pour qu'ils en déduisent des choses erronées.

Sa présence sur les lieux, ajoutée à cette déclaration, constitueraient des preuves troublantes de son implication, dans ce massacre. Patrick ne se rendait pas compte, à ce moment précis, que ses paroles pouvaient être mal interprétées.

Après avoir passé un temps considérable avec le médecin qui s'était assuré que Jane avait retrouvé sa lucidité pour supporter un interrogatoire, il fut conduit dans une pièce. Sur place, l'attendait un homme en costume noir qui avait tout d'un agent fédéral.

Il se présenta comme tel, et enchaîna: "Mr Jane, racontez-moi ce qui s'est passé."

Patrick se montra coopératif, au début. Il pensait bêtement que cet homme était là pour l'aider et retrouver Red John.

Jane: "Je suis rentré chez moi..."
L'agent: "A quelle heure?"
Jane: "Il devait être 23h. A la fin de l'émission."
L'agent: "Pourtant, plusieurs témoins vous ont vu quitter le studio, dès la fin de votre intervention, à 22h15."
Jane: "Peut-être. Quelle différence ça fait?"
L'agent: "45 minutes, Mr Jane. On en fait des choses en 45 minutes."
Jane: "Je ne sais plus, tout est confus."
L'agent: "Hum, c'est très ennuyeux, cette amnésie Mr Jane."
Jane: "Vous pensez que c'est moi?"
L'agent, sentant le ton monter: "Mr Jane, je veux juste éclaircir la situation. Comprenez mon dilemme. Mes collègues vous ont entendu. Que vouliez-vous dire par qu'est-ce que j'ai fait?
Jane: "Vous êtes ignoble! Je vais être très clair. J'aime ma femme et ma fille. C'est pour ça que Red John les a tuées."
L'agent: "Red John. Je suppose qu'il est également l'auteur de ce mot."

Il fit glisser la pochette en plastique où se trouvait la lettre au smiley.

Jane: "Oui."
L'agent: "C'est curieux."
Jane: "Qu'est-ce que vous voulez dire?"
L'agent: "Le labo a examiné ce document. Ils ont effectué un comparatif et devinez quoi... Il a été imprimé depuis votre ordinateur."

Patrick, était cloué sur place, pris dans un piège duquel il n'avait aucun moyen de sortir.

Toutefois il gardait la tête froide et rétorqua: "Red John a réussi a vous mener en bateau."
L'agent, un sourire au coin des lèvres: "Jolie scénario."
Jane: "Ca n'a rien d'un scénario! Vous êtes aveugle!!"
L'agent: "Voilà mon hypothèse. Votre mariage bat de l'aile, votre carrière décolle. Vous n'avez pas besoin d'une famille devenue un frein à votre évolution de carrière."

S'en était trop. Par ses insinuations, il avait réussi à le pousser à bout.

Jane se leva: "Ca suffit! Je ne vais pas vous laisser m'accuser sans réagir! Pourquoi vous ne cherchez pas le vrai responsable? Vous perdez un temps précieux."
L'agent: "L'agressivité ne vous mènera nulle part. Vous regrettez votre geste, c'est parfaitement normal. Vous avez agit sur le coup de la colère? Si vous plaidez la folie, vous écoperez d'une peine moins lourde. Expliquez-moi tout."
Jane: "Allez au diable."
L'agent: "Comme vous voulez Mr Jane."

L'agent sortit de la pièce, un instant, pour mettre la pression sur le suspect. Alors qu'il l'observait, à travers le miroir sans teint, il fut informé qu'un autre meurtre, identique à celui de Malibu, avait été perpétré, alors que son suspect était en garde à vue.

L'agent rejoignit le médium: "La chance est avec vous, on dirait."
Jane: "J'ai tout perdu ce soir, alors je crois que vous vous trompez."
L'agent, désolé: "Excusez-moi, c'était maladroit."
Jane, amer: "Vous jouez le gentil flic, maintenant?"
L'agent: "Non. Vous êtes libre."
Jane: "Pourquoi? Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis?"
L'agent: "Vous aviez raison. Red John a fait une autre victime, cette nuit, après votre famille. Votre présence parmi nous, vous disculpe."

Il raccompagna le médium dans le hall du bâtiment. Il lui tendit la main, mais il essuya un refus glacial.

L'agent: "Ecoutez Mr Jane, je vous présente toutes nos excuses mais, la coupable le plus courant est souvent le conjoint. Je n'ai fais que suivre la procédure."
Jane: "C'est ça, la procédure."

Il quitta les lieux, sur le champ, avant que sa rancoeur, envers cet individu, se dissipe. Cette tension l'empêchait de craquer, tout de suite. Il était certain que cela arriverait, mais plus tard, quand cet épisode fâcheux se serait effacé. Il pourrait enfin faire le deuil de sa famille.

FIN.

bien écrit.
c'est vrai que j'aimerai bien voir, dans un épisode, ce qu'il s'est passé après la découverte du meurtre de sa famille. ton approche est vraiement interressante. beaucoup aimé.

C'est possible que ça se soit passé comme ça. Bien vu. En tout cas, le flic manque cruellement de tact.

C'est vrai que vu comme tu le présentes Jane fait un bon suspect
On peut imagine la suspicion des policiers et la colère de Jane.
Encore un bon OS

coucou!
eh bien, on peut dire que ton texte m'a serré le coeur..peut-être verrons-nous en effet un jour la scène macabre de découverte (quoique je soupçonne Bruno de ne jamais nous livrer ce genre de scène... )

en tout cas, tu nous poses un Jane parfait en "victime": lui qui est si souvent l'emmerdeur, le manipulateur, l'irritable personnage, tu nous le mets ici à nu (enfin, métaphoriquement ), et c'est très bien

Le flic manque cruellement de tact en même temps on voit souvent nos agents préférés malmener les supsects, c'est vrai que le conjoint est souvent en ligne de mire!
en tout cas, bravo pour ce texte plus que plausible, du coup on peut comprendre pourquoi Jane se montre si détaché des procédures policières....bravo et merci

Bon c'est le soir, vous avez toutes décidé de m'achever l'une avec la mort de Minelli et toi en me coupant le souffle depuis le début de l'entretien entre Jane et l'agent. D'ailleurs, j'avais envie de meurtre dès qu'il ouvrait la bouche celui là. Mais je trouve que c'est possible ce genre de scène, le mari est toujours suspecté.

Punaise une scène comme ça pour le 100ème épisode serait du tonnerre avec le talent de Simon dans ce genre de scène. Mais je pense pas trop qu'on ait le droit à ça.

En tout cas tes OS sont toujours du pur bonheur