Mauvaise pioche ^

Mauvaise pioche

Comme chaque Week end, Lisbon passa les portes de sa brasserie de prédilection. Elle avait l'habitude de consacrer une partie de son temps libre, à rester là, accoudée au comptoir. Non pas pour s'alcooliser, mais afin d'observer les candidats potentiels avec lesquels elle pourrait éventuellement retourner chez elle. Tout cela dans le but avoué de dégoter un compagnon pour la nuit.

Elle n'avait aucun problème de conscience à "utiliser" les hommes de cette façon, quelque peu immorale. D'ailleurs, jamais aucun d'eux n'avait manifesté la moindre objection quand à ses pratiques. Ils savaient ce qu'ils faisaient avec elle. Il n'y avait aucune ambiguïté.

Mais jouer à ce petit manège allait lui porter préjudice. Si jusqu'ici, Lisbon avait eu la chance de tomber sur des hommes qui partageaient la même visions des choses qu'elle, des hommes tout à fait inoffensifs, sa dernière rencontre s'avérerait très différente.

Cet homme avait tout ce qu'elle recherchait pour une aventure sans lendemain. Physiquement, il était parfait, un grand blond aux yeux bleu et au sourire craquant. Il portait un costume mais pas de cravate. Bizarrement, ces derniers temps, son choix s'arrêtait sur ce type d'individu. Allez savoir pourquoi...

Toujours est-il qu'une fois sa cible repérée, elle eu vite fait d'attirer son attention. Rien de plus facile, puisque lui-même l'avait remarqué en s'asseyant près d'elle.

Les yeux baissés sur sa Téquila, la jeune femme sentait le regard de son voisin se poser sur elle, avec insistance. Elle lui adressa un bref coup d'oeil et ils échangèrent un sourire.

L'homme parla le premier: "Bonsoir. Pardonnez mon audace, mais est-ce que quelqu'un doit vous rejoindre?"
Lisbon: "Non. Il n'y a que moi."
L'homme: "Vous vous moquez de moi. C'est ça?"
Lisbon: "C'est la stricte vérité."
L'homme: "J'ai beaucoup de mal à croire qu'une aussi jolie jeune femme soit seule un samedi soir."

Elle sourit, amusée autant que séduite par son vocabulaire très châtié ainsi que par ses manières.

L'homme: "Ah, un rayon de soleil sur ce visage si grave."
Lisbon: "Vous êtes quoi? Poète?"
L'homme: "Pas du tout. Mais vous, vous avez toutes les caractéristiques d'une personne qui occupe un poste à responsabilités. Indépendante et autoritaire. Je parie que vous êtes flic."
Lisbon: "Excellente analyse." Elle aperçut une mallette à ses pieds et ajouta: "Vous êtes psy?"
L'homme: "Presque, je suis médecin."
Lisbon: "Vous me rappelez quelqu'un."
L'homme: "Un homme charmant j'espère."
Lisbon: "Mouais. Trop parfois."
L'homme: "On ne l'est jamais trop."
Lisbon: "C'est à voir."
L'homme: "Ouh! Glaciale et sarcastique. Vous me plaisez de plus en plus..."
Lisbon: "Térésa."
L'homme: "Très joli prénom. Moi c'est Patrick."

Elle ne pu retenir un léger rire.

L'homme: "Qu'est-ce que j'ai dis de si drôle?"

Décidément, cet inconnu ne la laissait pas indifférente. au contraire, son intérêt à son égard augmentait de minute en minute. Elle ne mâcha pas ses mots et ne pouvait pas être plus explicite, en écourtant leur présence dans ce bar.

Lisbon: "Vous me ramenez chez moi, Patrick?"

Il répondit le plus naturellement du monde, en lui déposant un baiser sur le dos de la main: "Avec le plus grand plaisir Térésa."

Le couple d'un soir arriva chez l'agent, quelques minutes plus tard. Térésa entra la première, l'invitant à se mettre à l'aise. Aveuglée par ses bonnes manières et son attitude avenante, elle ne s'était pas méfiée. De plus, la ressemblance de ce Patrick avec son consultant l'avaient troublée, suffisamment pour l'inciter à baisser sa garde.

Pendant qu'elle s'éclipsait dans la cuisine, il en profita pour verrouiller discrètement la porte et en subtiliser la clé. Ses intentions n'avaient rien de louables. Sans le savoir, Lisbon avait fait entrer un individu dangereux, dans ses murs.

Elle revint au salon, ses cheveux détachés tombant en cascade sur ses épaules. Il s'approcha, glissa une main dans la nuque de la jeune femme puis l'embrassa. Elle l'entoura de ses bras mais leur étreinte ne dura qu'une poignée de secondes, brisée par lui.

Lisbon, surprise: "Qu'est-ce qu'il y a?"

Il la fixa droit dans les yeux et tout à coup, il empoigna ses cheveux, les tirants violemment en arrière.

Lisbon: "Arrêtez! Lâchez-moi!"

Mais il n'avait que faire de ses sommations et il plaqua son autre main sur sa gorge. Elle le frappait de toutes ses forces mais le manque d'oxygène lui fit perdre conscience.

Quand elle se réveilla, elle était étendue sur son matelas, les mains liées, attachées aux barreaux du lit. Son agresseur était là, attendant qu'elle revienne à elle. Afin de l'y aider, il la gifla à plusieurs reprises.

Elle tenta de crier mais l'adhésif qui entravait sa bouche l'en empêchait. Elle avait froid, recouverte seulement d'un drap. Elle craignait qu'il n'abuse d'elle, si ce n'était pas déjà fait.

Lisbon entendit une fermeture éclair, suivit d'un cliquetis métallique qui lui fit tourner la tête dans la direction de ce bruit. Ses yeux s'écarquillèrent et elle essaya de dégager ses mains tant sa peur était à son paroxysme.

Patrick: "Sois patiente, ma belle. Ce ne sera plus très long."

Elle tira si fort sur ses liens que ses poignets se mirent à saigner. Il la rejoignit avant qu'elle n'aggrave ses blessures.

Patrick: "Oh, regarde ce que tu as fais. Si tu continus, tu vas m'enlever tout le plaisir. Laisse-moi faire. Tu verras, ce sera parfait."

Il tenait un scalpel, dans son dos et dès que l'objet entra dans le champ de vision de la jeune femme, elle laissa couler une larme. Peut-être qu'il se laisserait attendrir par sa détresse et qu'il aurait pitié d'elle. Au point ou elle en était, elle était prête à tout pour survivre. Elle ne pouvait compter que sur elle-même. C'était bien l'ennuis. Elle n'était pas sûre d'y parvenir.

Son impression se confirma, quand ce malade lui entailla la poitrine. Il appuyait juste assez pour la faire souffrir mais pas pour la tuer. Il se délectait de ses gémissements et de ses larmes. Elle s'évanouie, sous la douleur insupportable de la lame qui transperçait sa peau.

C'était une réaction de défense de son corps, indépendante de sa volonté, pour pallier à la souffrance physique. Mais cela ne découragea pas son tortionnaire qui continua ainsi pendant quelques heures.

Lendemain matin, Lisbon se réveilla en sursaut. Dans un premier temps, elle cru avoir fait un cauchemar, jusqu'à ce que les brûlures sur sa poitrine ne se réveille.

Ralentie par des courbatures, elle avança péniblement, dans la salle de bain. Devant le miroir, elle aperçut une rougeur suspecte, autour de son cou. En abaissant le col de son T shirt, de nombreuses coupures à vif étaient présentes. En baissant les yeux, elle vit les autres sévices auquel cet homme s'était livré sur elle. Des brûlures de cigarette s'étalaient sur ses cuisses.

C'est là qu'elle se remémora les évènements de la veille. Elle s'en voulait, elle avait honte de ne pas avoir été capable d'éviter ça. Personne ne devrait le savoir. Il fallait qu'elle camoufle ses marques de maltraitance, pas uniquement à cause de l'opinion des autres, mais aussi par fierté.

De quoi cela aurait-il l'air? Térésa Lisbon, cette femme forte et indépendante, ne pouvait pas être une victime. C'était inconcevable de la part de celle qui faisait la morale à toutes les femmes qu'elle interrogeait au cours d'affaires de ce genre. Mais voilà, qu'elle le veuille ou non, elle avait elle aussi traversé cette épreuve.

Elle passa des heures sous la douche, pour faire disparaître cet homme de son esprit. Bien qu'elle soit consciente que cet acte soit loin d'être une idée brillante, elle ne supportait pas de se sentir souillée. Bien trop secouée par son expérience, elle se cloîtra le reste du Week end, dans son appartement. Prostrée devant sa télévision, elle anesthésiait son angoisse dans l'alcool et les antidépresseurs.

Le lundi suivant, elle se raisonna afin de trouver le courage de subir des examens, à l'hôpital. Par bonheur, ceux-ci confirmèrent que ce type ne l'avait pas violée.

Elle prit son service, au CBI, comme si de rien n'était. Si elle avait réussi à donner le change auprès de ses agents, ce ne fut pas le cas de Jane.

Comme chaque jour, après le déjeuner, le consultant s'invita dans le bureau de sa patronne. Il tambourina à la cloison. Elle leva la tête en sursautant. La terreur que ses yeux exprimaient, à cet instant, n'échappèrent pas au mentaliste.

En fait, la jeune femme l'avait confondu avec son tortionnaire. Elle espérait que Jane ne l'ai pas remarqué. Mais évidemment, celui-ci n'était pas dupe et devina aisément sa gêne. Il ferma tous les stores, avant de s'asseoir en face d'elle.

Jane: "Qu'est-ce qui s'est passé?"
Lisbon: "Je ne vois pas de quoi vous voulez parler."

Elle remontait machinalement son pull col roulé sur sa gorge. Lui, la détaillait, attentif à tous les détails qui auraient pu le mettre sur la voie. Il distingua les traces évidentes d'empreintes autour de son cou.

Jane: "Qui vous a fait ça?"

Il commençait à être extrêmement sérieux et furieux en imaginant qu'un individu avait osé lever la main sur son amie.

Lisbon: "Ca ne vous regarde pas. Maintenant sortez, Jane. S'il vous plait."
Jane: "Est-ce qu'il vous a..."

Au bord des larmes, elle fit non de la tête. Elle voulait qu'il sorte avant qu'elle ne craque. Lui se mordait les lèvres de rage. Il se leva mais ne semblait pas sur le départ, pour autant. Il vint vers elle, s'accroupi à son niveau, en silence.

Lisbon: "Je suis une idiote."

Les larmes envahirent ses joues.

Lisbon: "Je l'ai laissé faire. J'étais paralysée."
Jane: "Vous êtes en sécurité. Il ne peut plus vous faire de mal."

Elle tremblait, alors il lui prit les mains.

Lisbon: "Je sais me battre. Pourquoi je n'ai pas pu l'empêcher."

Elle plongea sur le torse du consultant qui l'entoura de ses bras.

Lisbon: "Jane, j'ai eu si peur. J'étais terrifiée. Terrifiée à l'idée de ne plus vous revoir."
Jane: "C'est terminé. Je suis là."

C'était une autre Lisbon qui se serrait contre lui. Cette jeune femme si fragile était l'exact opposé de celle qui s'imposait comme la chef intransigeante de l'équipe. Jane ignorait qui lui avait causé un tel traumatisme et il ne le découvrirait peut-être jamais.

Ce qu'il savait c'est qu'il ne l'obligerait pas à lui avouer ce qu'elle avait enduré. En revanche, il serait là pour elle, parce qu'elle en avait besoin. Elle avait besoin de son amitié et pas d'être sermonnée pour son erreur de jugement. Elle s'était fiée à la confiance que lui inspirait ce sosie de Jane. Mais la ressemblance entre ces deux hommes ne se limitait qu'au physique et à leur prénom. Ce détestable individu, était aux antipodes de Patrick Jane. Il lui avait caché sa nature sadique derrière un visage d'ange.

FIN.

tres bel Os, superbement écrit

Mais comment dire ... c'est c'est c'est ... Génial !!
Pire que bien écrit et l'idée est super bien trouvé. Je vais lui peter la ge*** à l'autre la

Je suis fan !

Cette ambiance!! Duper fic!!

très bel OS, Jane qui ne tient plus du fait qu'on ait pu faire du mal à Lisbon !

Bel OS que tu nous offre là avec une Lisbon qui est tellement habituée à son consultant qu'elle transfère inconsiemment ses qualité sur quelqu'un qui lui ressemble.

ça ferait une bonne fic, j'aimerais beaucoup savoir ce qu'il se passe après, si elle finit par le retrouver et le faire condamner.

Bravo!! J'aime énormément ton OS!! C'est très très bien écrit. J'aime beaucoup la scène de fin entre Jane et Lisbon: c'est tellement réaliste, je suis sous le charme mais je pense comme Peanut BZH savoir ce qu'il se passe après serait intéressant et ça ferait une très bonne fic!! Encore merci et bravo !!

Merci beaucoup, je suis contente que ça vous plaise.
Je vais réfléchir à votre idée de fic, à moins que j'intègre cette histoire à une fic.
En tout cas, merci de la suggestion.

Tres bel OS..
Et tres bien ecrit

Je plussois les coms de lele8133 et Pea sur une petite fic pour avoir une suite.

Bien ecrit j'aaaaaime !

Chapeau ! Cet OS est vraiment extra !!!

J'ai beaucoup aimé ton OS ! J'aime la façon dont tu nous dépeins un Jane toujours observateur, protecteur, mais qui est capable de faire preuve de finesse et de retenue quand son amie ne va pas bien. La scène Jane/Lisbon est juste

Au final, le seul "défaut", c'est que c'est trop court ! Je vois très bien ton texte s'intégrer à une fic multi-chapitre !

Merci, merci!!!

Pour celles que ça intéresse, je vous informe que j'ai suivi votre conseil en écrivant une fanfic en rapport avec cet os!!!

"Les liens du sang" : https://the-mentalist.frenchboard.com/t2991-les-liens-du-sang

NB: Vous ferez le liens dans le chapitre 2.

Super OS, le sosi de Jane me fait un peu (beaucoup) penser à

Superbement écrit j'adore j'attends impatiemment les prochains !!