L'Amour en otage ^

L'Amour en otage

Le CBI était bien calme en cette fin de journée. Seuls Rigsby, Cho, Grace et Lisbon étaient à leurs bureaux. L’équipe était au complet… enfin presque. Jane, lors de leur retour après le dénouement d’une enquête, était directement monté au grenier. A cette heure-ci, songea Lisbon, il se trouve certainement assis face à son carnet.

Depuis quelques temps, elle lui portait une attention particulière. Non pas qu’elle était indifférente d’habitude, mais elle pressentait que quelque chose arriverait. Une bonne ou une mauvaise nouvelle, elle n’en savait rien. Il aurait fallu demander à Jane, mais cette éventualité était exclue. Dans un soupir, Lisbon se replongea dans la rédaction de son rapport. Elle se savait bon agent mais restait modeste, passant de nombreuses soirées à rattraper son retard dans des dossiers divers. Curieusement, les plaintes au sujet de Jane se faisaient plus rares, permettant à la pile présente dans un coin du bureau de baisser peu à peu.

Au bout de quelques minutes, elle décida de se prendre un café, et se rendit donc dans la cuisine. En passant, elle jeta un regard à son équipe. Elle ne put s’empêcher d’être fière. Elle avait la meilleure équipe qui soit au monde. Chacun d’eux était différent, avec un caractère distinct, une façon de vivre bien à soi, pourtant, une complicité s’était créée. Ils étaient unis, fidèles les uns envers les autres, telle une grande famille. Et c’est ce qu’ils étaient, une famille. Même Jane et ses théories fantaisistes en faisait partie. Son regard glissa vers le canapé vide, et elle sentit la peur lui étreindre le ventre. Jamais jusqu’à présent elle n’avait ressenti cela.

Sa tasse dans les mains, elle reprit le chemin de son bureau quand un détail l’arrêta. La porte était ouverte. Or elle l’avait fermée, elle en était sûre. Peut-être le consultant avait-il décidé de venir la voir pour Dieu sait quelle raison. En soupirant, elle entra, ferma la porte « Que voulez-vous encore ? Et ne me dites pas que… » le reste de sa phrase resta coincé dans sa gorge lorsqu’elle se retourna. Un homme se tenait là, une arme pointée dans sa direction. Immédiatement, elle eut le réflexe de saisir son glock, mais s’abstint «  T.t.t agent Lisbon. Si j’étais vous, je ne ferais pas ça. Je serais triste de devoir vous tirer dessus » lança l’homme dans un sourire, soulignant l’ironie de ses propos. Il s’approcha d’elle et la désarma. Lisbon restait en apparence calme mais sentait une douleur au niveau de l’estomac.

- Qui êtes-vous, et comment êtes-vous entré dans le bâtiment ?
- Ca n’a aucune importance. Tout ce que vous devez savoir, c’est que votre équipe et vous êtes nos prisonniers. Allez, dehors ! Rejoignons-les !

Lisbon, suivie de l’homme, retrouva ses amis comme elle les avait aperçus. Cho lui jeta un coup d’œil et saisit son arme qu’il pointa vers le preneur d’otages.

- Posez votre flingue doucement, agent Cho, ou je n’hésiterai pas à faire un trou dans la tête de votre patron. Faites-le glisser au sol vers moi et vous aussi agent Rigsby et agent Van Pelt. Bien, maintenant allez vous asseoir près du canapé. Tiens tiens, où est M. Jane ?
- Il est malade, lança Lisbon. Il est rentré chez lui.

L’homme s’apprêtait à rétorquer quand deux autres personnes intervinrent, enlevant leur bonnet. « Mauvais signe » pensa Lisbon. En apparaissant à découvert, il leur serait facile d’être identifié, à moins qu’il s ne décident de les éliminer. « Les issues sont bloquées Tony. Personne ne peut plus entrer ni sortir. » Ainsi, pensa la jeune femme, le chef s’appelle Tony, une information intéressante ou qui pouvait l’être s’ils trouvaient un moyen de joindre l’extérieur. Personne n’essaierait de rentrer avant le lendemain matin- et encore ! -  et rares étaient ceux qui montaient à leur étage, hormis s’il y avait une affaire en cours.  Jane était le seul lien possible avec l’extérieur, encore fallait-il pouvoir le prévenir sans se faire surprendre. Lisbon se doutait qu’il descendrait bientôt pour boire sa tasse de thé du soir. Elle regarda sa montre et retint un sourire de satisfaction. Dans quelques minutes, si tout se passait bien, le consultant descendrait, permettant ainsi d’alerter les autorités.


P.O.V de Jane

Ving t heures tapantes. Comme chaque soir se fit ressentir mon envie de thé. Envie n’était pas le mot juste. C’était devenu une habitude, un rituel dont je ne pouvais plus me passer. Je pouvais ainsi observer Rigsby s’empiffrer sous le regard d’un Cho totalement stoïque. Grace, elle, ne semblait y prêter attention et tapait consciencieusement sur son ordinateur. En face, la porte est fermée, je pouvais apercevoir Lisbon. Térésa Lisbon. Une femme forte se battant pour la justice, à cheval sur les lois- un peu trop à mon goût. Elle avait cette naïveté de croire qu’il y a en chaque homme quelque chose de bon, même si elle me soutenait le contraire face aux nombreux criminels qu’elle avait menés derrière les barreaux. J’admirais son acharnement à vouloir me protéger de John le Rouge mais aussi de moi-même. Elle voulait me sauver, et bien que je ne lui avouerais jamais, j’étais touché par son comportement envers moi.

Alors que mes pensées s’évadaient vers elle, un sourire vint étirer mes lèvres. Je me levai, et descendis les marches silencieusement. J’aimais pouvoir la surprendre concentrée dans un dossier, et je savais que, malgré le fait qu’elle râle, disant que je ne l’empêchais de travailler, elle était heureuse de me voir et de souffler un peu.
Au milieu de l’escalier, je perçus cependant quelque chose d’anormal. Il n’y avait aucun bruit venant de l’open space qualifiant le travail de l’équipe. Or, je me doutais qu’elle était encore là. J’avançai lentement, me penchai à travers l’entrée, et aperçus Lisbon le visage fermé et un homme lui faisant face. Pas besoin d’être mentaliste pour savoir ce qu’il se passait. Je m’apprêtais à faire demi-tour quand le regard de Lisbon se posa sur moi. L’espace d’une seconde, je la vis esquisser un sourire infime puis reprendre son masque. Je lui souris en retour afin de la rassurer sur mes intentions et entrepris de rejoindre son bureau.


POV Lisbon

Tony nous faisait face. Il agissait avec un calme démontrant à quel point cette attaque était planifiée. Je remarquai soudain un léger mouvement à l’entrée de la pièce. Jane ! Il me sourit, voulant sans doute me faire comprendre qu’il ne ferait rien de risqué, information loin d’être superflue quand il s’agissait de lui, lui seul pouvait trouver un moyen de nous sortir de là sans effusion de sang. Je repris contenance, essayant de paraître moins souriante. Je devais absolument protéger Jane en faisant croire qu’il était réellement absent, et tenter d’en apprendre un maximum sur les motivations de ces hommes.

J’ouvrais à peine la bouche quand j’entendis des cris provenant du couloir. Instinctivement, j’esquissai un geste pour me relever. « Restez assise, agent Lisbon ! » Aboya Tony. Un des complices apparut tenant Jane par le col de la veste.

- Tony, regarde ce que je viens de trouver ! Boucle d’Or s’est perdu je crois ! Lança-t-il.
- Voulez-vous bien lâcher cette veste, c’est un tissu qui se froisse facilement, répliqua Jane, me faisant lever les yeux au ciel. Même dans les pires situations, il trouvait toujours une raison pour provoquer.
- M. Jane, content de voir que vous allez mieux ! Votre amie Lisbon nous a appris que vous étiez malade. Apparemment, votre guérison a été rapide. Allez donc vous asseoir.

Ne prenant pas la peine de répondre, il s’installa à côté de moi, m’offrant un sourire désolé.

Bonsoir et tout d'abord merci pour vos commentaires   pour répondre à vos questions: pour RJ, je ne peux rien dire quant à du Jisbon, oui et non, tout dépend ce que tu attends comme preuve de Jisbon
Voici donc la deuxième partie de ma fic, en espérant qu'elle vous plaira...


Fin des POV

- Désolé Lisbon, ça n’a pas marché, souffla-t-il.
- Ce n’est rien Jane. Sans arme vous ne pouviez rien faire, mais faites-moi penser à vous apprendre quelques prises de combat, histoire de ne pas avoir honte quand vous vous défilez.
- Oh ! oseriez-vous me traiter de lâche ? Lança-t-il d’un ton faussement indigné, la main posée sur la poitrine.
Elle lui lança un regard noir accompagné d’un sourire qu’il lui rendit.
- Vous savez ce qu’ils nous veulent ? Demanda Lisbon.
- Aucune idée… du moins pour l’instant. Ils ont attendu que tout le monde parte, et voulaient l’équipe au complet, c’est qu’ils ont eu affaire à nous.
- On doit trouver un moyen de contacter l’extérieur. Vous n’auriez pas votre portable, par hasard ?
Jane fouilla dans sa poche intérieure et grimaça.
- Euh, je crois qu’il est resté dans le grenier.
Soupir de la jeune femme. Elle détestait ne pas contrôler la situation, et c’était le cas à ce moment précis.


POV Lisbon

Le chef s’approcha de moi, et s’accroupit, tout sourire. Il joua un moment avec son pistolet, le faisant tourner dans sa main. Il veut t’énerver, pensé-je, te déstabiliser. J’étais assez bon agent pour savoir me contenir, sans compter qu’avec Jane, j’avais un entraînement quasi quotidien : Il s’arrêta pour observer son effet et planta ses yeux dans les miens. Sans baisser le regard ou même éviter la confrontation, je distinguai Jane sourire. Il savait, lui. Il savait quelle colère m’habitait, il savait déceler ce que je cachais aux yeux de tous. Mais il n’était pas tout le monde. Tony fit disparaître son sourire moqueur pour laisser apparaître un rictus sadique.

« Vous savez agent Lisbon, je n’aime pas qu’on me mente.  Encore moins quand il s’agit d’une femme. Mais je suis impressionné par votre aplomb. Il est rare qu’une si belle femme sache mentir avec autant d’audace. » ajouta-t-il en caressant ma joue de la crosse de son arme. Tournant légèrement la tête afin d’éviter ce froid contact, je vis mon consultant serrer les dents puis sourire de nouveau. Il me jeta un coup d’œil et partit dans un éclat de rire qui me surprit tout autant que notre ravisseur. Je regardai le reste de l’équipe, cherchant à comprendre. Grace semblait choquée, Rigsby étonné et Cho égal à lui-même.

- Qu’est-ce que tu as à rire comme ça, blondinet ? Vociféra-t-il, braquant directement l’arme vers lui.

Je ne cessai de fixer Jane espérant capter son regard afin de lui faire comprendre qu’il devait cesser au risque de mettre le preneur d’otages dans une colère folle.  

- Rien, c’est juste que… enfin, il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir quand Lisbon ment. Elle ment très mal.
-Jane ! criai-je d’une voix lourde de reproches.
- Quoi ? C’est la vérité ! Rétorqua-t-il dans un haussement d’épaules.
- Non c’est faux ! Et vous…
- Ca suffit ! Hurla l’homme. La colère déformait ses traits, son arme tremblait.

D’un regard, Jane et moi comprimes que ce « chef » était en fait loin d’être un pro. Il nous fallait rester vigilants malgré tout. Redevenu maître de ses émotions, il pointa de nouveau l’arme sur moi et prononça d’un ton froid. «  Rigole encore une fois, Boucle d’Or, et l’agent Lisbon mourra. »

Le sourire de Jane s’effaça, et je vis son regard d’assombrir, puis il sourit de nouveau. Cela n’avait duré que quelques secondes mais je l’avais vu. Jane sortit alors une boutade, comme à chaque fois que quelque chose le touchait de trop près.

- Je peux vous promettre de ne pas rire mais vous ridiculiser, ça, j’en suis moins sûr. Demandez à Lisbon, c’est l’un de mes plus gros défauts.
- Jane, criai-je, sentant l’arme s’enfoncer sur ma tempe.
- Bien, je prends note, M. Jane.  Quant à vous, agent Lisbon, empêchez-le de dépasser les bornes, c’est un conseil, ajouta-t-il en se relevant.

Les deux sbires se rapprochèrent et lui murmurèrent quelque chose. Il me jeta un coup d’œil et partit s’installer dans mon bureau avec l’un de ses complices, le plus baraqué restant à l’entrée de l’open space voulant sûrement nous dissuader de tenter une quelconque évasion. Difficile sans arme !
Quelques minutes s’écoulèrent dans un silence pesant que brisa Van Pelt.

-Patron, vous avez une idée de qui il est ?
- Aucune, je ne me souviens pas de cet homme, et vous, Cho, Rigsby ?
Un signe de la tête en guise de réponse. Si seulement nous avions accès aux dossiers !

La porte de mon bureau s’ouvre sur les deux hommes qui ont l’air content et qui se dirigent vers la cuisine. Je suis loin d’être rassurée, ce qui n’échappe  pas à Jane.

- Ne vous inquiétez pas Lisbon. On va réussir à sortir de là. Murmura-t-il en posant sa main sur mon genou.
Je regardai sa main, puis son visage. Comment pouvait-il être aussi serein ?
- Que pouvez-vous me dire sur eux ?
- Eh bien les deux complices sont influençables. Ils ont sûrement accepté ce boulot contre beaucoup d’argent. Quant au chef, ce fameux Tony, il est manipulateur et sournois.  Il a subi la perte d’un être cher, un homme je dirais. Son père ou son frère peut-être. Il se met facilement en colère, et est très impulsif. Je pense que la personne qu’il a perdue était la seule à pouvoir le canaliser. Je parierais que nous sommes responsables de la mort de ce « quelqu’un ». Autrement dit, il cherche à se venger. Reste à découvrir qui. Vous avez tué beaucoup d’hommes Lisbon ?

Sa question s’est voulue légère mais elle ne l’est pas. Je n’en ai pas tué tant que ça, il le sait, mais ce n’est pas rien, la mort d’un homme. Même si c’est un assassin.

- Que va-t-il faire à votre avis ? Il ne peut pas nous retenir indéfiniment ici. D’autant plus que nos voitures sont encore sur le parking, cela attirera l’attention du gardien.
- A moins qu’ils ne l’aient maîtrisé. Non, ils vont vouloir agir. Ils ne semblent pas décidés à nous tuer… du moins pas tout de suite. Je pense qu’ils vont nous faire souffrir avant de nous achever. Lança Jane fataliste.
- Sauf si on réussit à être assez rusés pour s’enfuir, rétorqua Cho.

Un pressentiment m’étreignit le ventre, et je regardai tour à tour les membres de mon équipe. C’était moi le chef, il fallait donc que je sois optimiste pour eux, et que je trouve un moyen de sortir de là. Leur faisant signe d’approcher, je baissais la voix afin que « Barracuda » ne saisisse pas mes paroles. « Il va falloir faire preuve d’imagination. Nous sommes supérieurs en nombre, mais désarmés, il faudra donc être extrêmement prudents. » Tous acquiescèrent, mais Jane semblait soucieux. «  Bien, je vous laisse réfléchir quelques heures, si vous avez un plan, faites-moi signe. » Chacun se remit à sa place, sauf Jane qui se leva et se dirigea vers Barracuda, avant même que je n’aie pu ouvrir la bouche pour intervenir. Ils discutèrent pendant quelques minutes au bout desquelles Jane lui tapa sur l’épaule en souriant et revint vers moi. Mais alors que je pensais qu’il reprendrait sa place initiale, il s’allongea sur son canapé.

- Quoi ? demanda-t-il, les yeux clos.
- C’est plutôt à moi de vous poser cette question ! Vous faites copain-copain avec Barracuda et vous revenez tranquillement vous vautrer dans votre canapé ! A quoi jouez-vous, Jane ?
Il rit puis laissa le silence prendre place quelques minutes.
- Je voulais simplement savoir si nous pouvions nous dégourdir les jambes dans l’open space, étant donné que nous sommes là pour un petit moment. Ah, j’ai aussi obtenu l’autorisation d’utiliser les toilettes. Bien sûr, l’un de ces charmants messieurs nous accompagnera.
Rires de Rigsby et de Cho, ainsi qu’un hochement de tête soulagé de la part de Grace.
- Et ?
Sans rien dire de plus, il tendit la main vers moi. Je me levai, faisant fi de son geste, et m’accroupis près du canapé, à hauteur de sa tête.
- Tony et son complice mettent au point leur plan, enfermés dans la cuisine. Ils semblaient se préparer des sandwiches. Murmura-t-il d’un air de conspirateur.
- C’est tout ?
- Du calme Lisbon. Nous n’avons pu voir ce Tony que quelques minutes.
- Mais vous avez un pressentiment, n’est-ce pas ?

Soupir. Pourquoi ne répondait-il pas à ma question ? Il se redressa soudain, et ancra son regard au mien, avant de reprendre d’une voix incertaine.
- Je sais que quelque chose vous préoccupe, et j’ai moi aussi la sensation que quelque chose n’est pas normal.
Gêné, il baissa la tête. Rares étaient les fois où Jane se confiait, à vrai dire, j’aurais pu les compter sur une main.  De savoir que lui aussi trouvait cela étrange me rassurait d’un certain côté.


« Sandwiches pour tous ! » Cria Tony, un plateau en main. Echangeant un coup d’œil, Jane et moi rejoignîmes les trois autres piochant déjà dans le plat. Je n’avais pas faim et me méfiais de ce qu’il pouvait y avoir dedans.

- Vous ne mangez pas agent Lisbon ?
Son ton désolé, presque déçu, tranchait avec la froide colère de la demi-heure précédente.
- Non, je n’ai pas faim, répondis-je d’un ton aussi froid que possible. Il était hors de question que je me laisse avoir, je devais rester sur mes gardes.
- Je vous rassure, ils ne sont pas empoisonnés ! Vous me croyez aussi idiot ?
- A vrai dire, oui !

Jane. Pourquoi avait-il besoin de provoquer tous ceux qu’il ne supportait pas. La tête entre les mains, je tentais d’endiguer ma colère et le mal de crâne qui l’accompagnait.

- Vous aimez jouer avec le feu, M. Jane, mais je…
- Par contre si vous pouviez amener un café pour Lisbon, je crois qu’elle en a bien besoin, l’interrompit-il.
De mauvaise grâce, Tony fit signe à Barracuda de surveiller le temps qu’il ailler chercher le café.
- Vous ne pouviez pas vous taire ? Fis-je.
- Allons Lisbon, avouez-le, vous en mourrez d’envie ! Je le vois bien et je sais qu’il vous faut votre dose de caféine si vous voulez tenir toute la nuit pour veiller sur l’équipe.
- Je ne…
- Mais il est hors de question nous dormirons tous… ou du moins nous tenterons. Ne jouez pas le rôle de mère avec nous Lisbon, nous sommes capables de nous défendre, ajouta-t-il dans un sourire qui ne fit que décupler ma fureur.
- Vous n’êtes qu’un…
-Tenez votre café.

Coupée dans mon élan, la tasse que me tendait le preneur d’otage calma instantanément ma mauvaise humeur.
- Merci, dis-je d’un ton séducteur en prenant la tasse, rien que pour provoquer mon consultant.
Jane fronça les sourcils, tandis que nos amis esquissaient un sourire.
- Tant que j’y suis, quelqu’un veut quelque chose ? Grogna Tony.
- Euh, oui, moi ! Fit Jane, levant le doigt comme un élève, ce qui me fit soupirer une fois de plus.
- Bien, et que voulez-vous cher Monsieur Jane ? Un café, un thé, une glace ?

Je me penchai sur ma tasse, cachant un sourire suite à cette répartie que quiconque ferait à un enfant. Visiblement, Tony commençait à perdre patience.

- Non quoiqu’un thé me tenterait bien. Il faudrait quelques couvertures pour mes camarades, vous n’allez tout de même pas nous faire dormir à même le sol ! Moi, ça va, j’ai mon canapé, mais vous vous doutez bien qu’il n’y a pas assez de places. Quoique, je pourrais me serrer pour Lisbon, dit-il faisant un clin d’œil à mon égard, ce qui ne fit qu’accentuer la rougeur de mon visage.
- Il est toujours comme ça ? Questionna l’un des complices.
- Et encore vous n’avez pas tout vu ! Soufflai-je alors que le principal intéressé souriait de toutes ses dents.

POV de Jane

Je sentais Lisbon à bout de nerfs, et ce malgré son café, mais il me fallait voir à quel point je pouvais énerver ce Tony. Rares étaient les gens que je ne pouvais cerner et Tony,  bien que j’eusse pu déceler quelques traits de sa personnalité, avait encore quelques mystères que je comptais bien découvrir.

L’un des complices, sur ordre de son chef, avait ramené quelques couvertures, et nous avions pu marcher à notre guise dans l’open space avec cependant interdiction d’accéder au bureau et aux ordinateurs. Grace et Lisbon avaient installé l’espace repos près du canapé. Ainsi, Cho et Rigsby se retrouvaient entre le bureau et mon canapé, et Lisbon et Grace à la tête du canapé. Chacun était espacé d’un mètre environ afin de pouvoir se lever sans réveiller l’autre. Tony ne semblant pas décidé à nous dire quoi que ce soit de plus, Lisbon nous avait vivement conseillé de reprendre des forces. Rigsby et Grace avaient été les premiers à obéir. Cho avait quant à lui hésité entre monter la garde ou profiter d’une nuit de sommeil. Lisbon m’avait jeté un coup d’œil en souriant et, ayant reçu mon hochement de tête pour réponse, avait ordonné à l’asiatique de se coucher. Elle savait qu’une fois encore, je ne dormirais pas et qu’ils pouvaient compter sur moi au moindre problème.

La nuit était bien avancée. Barracuda faisait une ronde, passant tous les quarts d’heure devant l’espace, il venait tout juste de passer quand j’entendis un gémissement que je n’eus aucun mal à identifier. Depuis plus d’une heure Lisbon ne cessait de s’agiter, de gémir et de soupirer. Cela ne me semblait être au début qu’un simple rêve, mais à présent cela ressemblait plus à un cauchemar. J’hésitais à la réveiller, elle avait besoin de repos, et je m’exposais à me prendre son poing dans la figure. Sans bruit, je me levai et m’accroupis à côté d’elle. Elle avait eu la bonne idée de se mettre près de mon canapé. « Pour me surveiller » d’après ses dires. Pour se rassurer, d’après moi.  « Lisbon, Lisbon » murmurai-je en posant ma main sur son épaule, tout en la secouant doucement. Elle gémit de nouveau, et ouvrit difficilement les yeux.

- Jane ? Que se passe-t-il ?
- Vous allez bien ?
- ça va, oui, ne vous inquiétez pas pour moi, prononça-t-elle, s’asseyant doucement dans une grimace.
- Vous êtes sûre ?
- Ce n’est rien, juste un peu mal au crâne et à l’estomac.
- laissez-moi voir.

Devançant sa contestation, je posai la main sur son front. La fraîcheur sur la chaleur, un contraste rapide qui nous fit frissonner. Je plantai mon regard dans le sien, décelant la fatigue et la douleur qu’elle ressentait.
- Ca va, Jane, râla-t-elle en repoussant ma main, je vais juste prendre une aspirine et ça ira.
A peine levée, elle perdit légèrement l’équilibre, et se rattrapa à mon épaule, respirant rapidement. « Peut-être que ca ne va pas si bien que ça, finalement » souffla-t-elle, m’arrachant un bref sourire. Doucement, je la fis se rasseoir, installant un de mes coussins derrière son dos.

-Ne bougez pas, je vais la chercher.
-Où voulez-vous que j’aille ? lança-t-elle, de mauvaise humeur.
- Oh, je ne vous savez pas mauvaise malade !
- Jane !
- Je reviens !

Je tentais de plaisanter, mais quelque chose me tracassait. Je n’avais pas osé le dire à Lisbon mais ce Tony semblait avoir une dent contre l’équipe mais avant tout contre Lisbon.  Et maintenant que j’y repensais, Barracuda avait échangé un clin d’œil avec Tony quand il avait été chercher le café de Lisbon… Aurait-il… Non ! Non, ce n’était pas possible, j’aurais remarqué une quelconque trace sur le visage de cet homme trahissant son méfait. Mais étant à me disputer avec Lisbon, il était fort possible que ce détail m’eut échappé. Je me tournai vers Lisbon, et remarquai qu’elle avait fermé les yeux. N’étant sûr de rien, je ne pouvais pas inquiéter l’équipe, cependant, si Tony avait fait boire à Lisbon une drogue ou un poison, il me fallait savoir comment agir. Cho était sans doute le plus à même de m’aider. Soupirant, je m’approchai de Cho.
« Qu’est-ce que tu veux, Jane ? » murmura-t-il les yeux fermés avant même que je ne dise quoi que ce soit. La seconde de surprise passée, je ne pus m’empêcher de sourire en pensant que, malgré l’ordre de sa supérieure, il avait décidé de monter la garde. Je lui expliquai rapidement mes craintes, et lui demandai ce que nous pouvions faire. Il se redressa, tourna la tête vers Lisbon, se passa une main sur le visage, et expliqua :

- Tant que nous ne savons pas quel poison elle a ingéré, nous ne pouvons rien lui donner. Si elle boit  ne serait-ce que de l’eau, cela pourrait accélérer l’effet de la toxine.  Il faut se renseigner auprès des ravisseurs, tu sais manipuler les gens, tu ne devrais pas avoir trop de mal à leur faire cracher le morceau.
- Et en attendant, on ne peut rien faire ?
- Essayer de la rafraîchir un peu et être présent pour elle. Pour ça aussi, tu peux t’en sortir tout seul, du moins pour quelques heures, ajouta-t-il en se recouchant.

A cette heure, je me doutais bien que Tony ne répondrait pas à mes questions, mais je pouvais toujours essayer de soutirer quelques informations auprès de Barracuda, il en allait de la vie de Lisbon. Le voilà justement qui passait ! Sans faire de bruit, je le rejoignis et tentai de le faire parler.

Quelques minutes plus tard, et sur les ordres de ce cher « ami », je retournai m’asseoir près de Lisbon, une bassine d’eau froide dans les mains. Je n’avais rien obtenu si ce n’est que son café avait bel et bien été drogué.  A mon approche, Lisbon ouvrit les yeux : « Vous n’avez pas trouvé d’aspirine ? » C’était le moment…

- Euh, Lisbon, j’ai…  une bonne et une mauvaise nouvelle, laquelle voulez-vous en premier ?
- La mauvaise.
- Bien, la bonne c’est que je sais ce que vous avez, et la mauvaise c’est…
Comment pouvais-je lui annoncer ça tout en étant sincère sans avoir l’air fatidique ?
- Jane ?

Je reportai mon attention sur son visage, elle attendait, impatiente comme toujours, et la ride sur son front témoignait de son inquiétude.

- Tony vous a empoisonné. J’ignore quel genre de toxine il s’agit, et je ne peux rien vous donner tant que nous ne le saurons pas.

Avant même qu’elle ne parle, je la forçai à se rallonger, mettant le chiffon trempé sur son front : «  Je vous promets de tout faire pour vous sortir de là, Lisbon. Tout ira bien, je ne vous laisserai pas tomber. »
Elle acquiesça, ne quittant pas mon regard, trembla un peu, semblant chercher au fond de moi la force nécessaire pour rester optimiste.

Un étau enserrait ma tête depuis plusieurs heures à présent. Je tentais de retenir tant bien que mal les gémissements de douleur quand j’osais bouger ne serait-ce qu’un peu la tête. Je savais que cela empirerait au fil des heures, et que ce que je ressentais à cet instant ne serait rien du tout comparé aux souffrances qui m’attendaient.

Jane était resté jusqu’aux premières lueurs du jour, épongeant mon front, me murmurant des paroles réconfortantes. J’avais réussi à trouver le sommeil une ou deux heures peut-être, mais je savais qu’il n’avait pas quitté mon chevet.

« Hey Lisbon, murmura-t-il en  souriant, comment vous sentez-vous ? »
- J’ai connu mieux, mais ça ira.
- Je vais essayer d’en savoir un peu plus sur eux et sur le poison qu’ils ont utilisé. Ensuite, nous trouverons un moyen de sortir, d’accord ?

Je hochai la tête, et le regrettai immédiatement. Grimaçant, il caressa ma joue et m’embrassa sur le front, «  je reviens vite » souffla-t-il.  Je le vis s’agenouiller près de Cho, et le réveiller. Ils échangèrent quelques paroles, et Jane se dirigea vers le bureau. Cho, quant à lui, se leva semblant bien réveillé, remit sa veste, et s’approcha de moi, toujours égal à lui-même

- Hey Boss !
- Hey Cho.
- Vous voulez quelque chose ?
- Surveillez Jane, je ne veux pas qu’il fasse de faux pas. Il en va de sa vie, et de la nôtre.

Il acquiesça, et s’éloigna à son tour.

Une main sur mon épaule me fit sortir de ma torpeur, j’avais dû m’assoupir sans m’en rendre compte.  Van Pelt et Cho épluchaient des dossiers tandis que Rigsby buvait un café, un beignet dans l’autre main. Jane me fixait, soucieux, il n’avait pas besoin de parler, je savais que l’entretien avec Tony ne lui avait rien apporté.

- Tony a confirmé le poison. Celui-ci entraîne la mort au bout de 72 heures voire plus tôt. Tout dépend de la personne. Vous pouvez boire et manger mais en très petites quantités. Il possède un antidote qu’il ne nous donnera qu’une fois son cousin libéré d’une prison dans le Comté de Washington.  
- Il vous a… dit… pourquoi moi ?  Même parler me mettait à l’agonie tant ma gorge était sèche.
- Oui. Il y a une dizaine d’années, vous avez abattu son frère alors qu’il menaçait de se faire exploser avec la famille de son ex- petite amie. Il s’appelait Daniel Grant, ajouta-t-il en m’aidant à boire un peu.
- Je me souviens, j’avais annoncé sa mort à sa mère. Son frère m’en avait énormément voulu, disant qu’il chercherait à se venger. J’avais mis ça sur le compte de la douleur.
- Il nous a imprimé le dossier sur l’inculpation de son cousin afin que nous puissions avoir toutes les cartes en main pour organiser sa libération et obtenir le sérum.
- Le Procureur refusera la libération, nous ne sommes pas une monnaie d’échange, Jane.
- Si vraiment nous n’y arrivons pas, il nous faudra ruser. Je ne vous laisserai pas tomber, Lisbon, vous devez me croire.

Il semblait si sérieux et si vulnérable à ce moment ! Où était donc passé mon insupportable consultant au sourire moqueur ? Sans tenir compte de la douleur, je posai ma main sur sa joue. «  Je sais que vous ferez tout ce que vous pourrez pour nous sauver. » lançai-je dans un sourire. Il ferma quelques secondes les yeux, me sourit en retour, et m’aida à m’installer confortablement. La fatigue était de plus en plus présente, je n’arrivais plus à garder les yeux ouverts. Jane me borda,  soufflant un « dormez », et je sombrai dans le sommeil.

Je lis ta fic depuis le début et je n'avais pas encore pris le temps de poster un commentaire du fait que ma propre fic me prend beaucoup de temps, mais je te reserve un peu de temps cette fois  
J'aime beaucoup l'idée de ta fic avec cette histoire de prise d'otage, je n'en ai jamais lu et ça me fait plaisir d'innover
Jane toujours là pour Lisbon dans les moments les plus critiques, j'espère qu'il va trouver une ruse car il est bien rare, voir impossible, comme Lisbon le dit, que le parquet (? pas sur que ce soit ce mot là en Amérique mais tant pis ^^) accepte une libération.
J'espère que tu ne vas pas nous la tuer, sinon je me mettrais dans la peau de Tony et j'empoisonnerais ton café  
J'aime beaucoup ton histoire, VLS  

POV Jane

Les heures passèrent, Lisbon dormait toujours, s’agitant par moment. Sa température ne cessait d’augmenter lentement mais sûrement. Pour qu’elle soit plus à l’aise, j’avais demandé à Rigsby de m’aider à la déposer sur mon canapé, et, malgré nos mouvements, elle n’avait pas ouvert les yeux. J’étais inquiet, très inquiet. Grace et Cho n’avaient rien trouvé qui puisse justifier la libération de ce cousin, notre seul espoir résidait dans l’appel du procureur qui se faisait attendre.  La nuit était passée, et l’équipe avait dû insister pour que j’aille me reposer quelques heures. Grace m’avait assuré s’occuper de Lisbon. Assis sur l’accoudoir, j’observais Lisbon, elle me semblait plus fragile que jamais. « Jane,  ce Tony veut te voir, le procureur est au téléphone. » Grace avait prononcé cette phrase avec douceur. Cette chère Grace ! De toute l’équipe, elle était celle qui ne cachait pas ses sentiments. Elle était le côté humain de l’équipe mis à part Lisbon.  

- J’y vais. Grace tu veux bien… ?
- Ne t’inquiète pas, je m’en occupe, et s’il y a le moindre problème je t’appelle.

Je jetai un dernier regard au visage de ma patronne et amie, et rejoignis  le ravisseur dans le bureau.

Comme je le pressentais, le procureur refusa d’accepter la libération du cousin. Nous étions dans une impasse. Avant que je ne prenne le combiné, Tony m’avait bien fait comprendre que sous-entendre la position dans laquelle nous nous trouvions serait signer notre arrêt de mort. Quelques minutes passèrent pendant lesquelles j’essayais d’obtenir l’antidote, mais Tony restait inflexible : pas de libération, pas de remède. Un frappement nous interrompit, et après un bref « entrez », Barracuda entra : « hé Boucle d’Or, ‘y a la rouquine qui veut te voir ! » Je regardai Tony qui, d’un signe de la tête, m’autorisa à quitter la pièce. Grace était là, l’air inquiet voire affolé : « Jane, c’est Lisbon, elle… » Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase que je la bousculai pour me rendre au chevet de la droguée.

Lisbon s’agitait sans discontinuer, ne cessant de m’appeler. Je relevai  la couverture qui avait glissée au sol.

- Elle a commencé à s’agiter ainsi quelques secondes après ton départ. J’ai essayé de la calmer, mais je n’y arrivais pas alors j’ai pensé que…  
- Tu as bien fait, Grace. Retourne avec les autres je m’en occupe.

Je remis la couverture sur Lisbon, et pris sa main dans la mienne. Elle était en plein délire.
- Lisbon, Lisbon.
- Jane, ne me laissez pas, Jane !
- Je suis là Lisbon, je ne vous abandonne pas ! Ouvrez les yeux, je suis là.
- Jane, ne me laisse pas mourir, ne me laisse pas !

Je caressais son visage, repoussant ses cheveux trempés afin de la rassurer. Je m’approchai de son visage, lui murmurant qu’elle n’avait rien à craindre, que je ne la laisserais pas quoi qu’il arrive.  « Réveillez-vous Térésa, ce n’est qu’un cauchemar. »  

Peu à peu, elle se calma, et ouvrit les yeux avec difficulté.

- Jane, chuchota-t-elle,  tentant d’esquisser un sourire qui se transforma bien vite en grimace.
- Hé Lisbon… tout va bien se passer, je vous le promets. Je n’irai nulle part sans vous.

Ses yeux me fixaient, et je ne pouvais savoir s’ils étaient brillants de larmes retenues ou dus à la fièvre qui l’habitait.

- Je ne vais… pas… m’en sortir, Jane.

Instinctivement, je serrai un peu plus sa main :

- Si Lisbon, vous vous en sortirez. Les 72 heures ne se sont pas écoulées, nous n’avons même pas passé les 48 heures.
- Je … n’y arriverai… pas.
- Tenez bon, Térésa. Tenez bon. Vous ne pouvez pas nous abandonner. Nous avons besoin de vous, j’ai besoin de vous.  Vous êtes forte, Térésa, je sais que vous en êtes capable. Faites-le, s’il vous plaît.

Elle serra brièvement ma main, fermant les yeux  quelques secondes afin de calmer sa respiration erratique.

- Jane… promettez-moi… d’être heureux.
- Lisbon, je…
- Promettez…

Je tournai la tête vers Cho qui s’était rapproché sans même que nous ne nous en rendions compte. Celui-ci acquiesça.

- Je vous promets d’essayer, mais en contrepartie vous devez me promettre de vous battre, d’accord ?
- Oui.

Un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors que je continuais à caresser son visage.

- Jane, Merci… d’être là.
- Toujours.

Doucement, je déposai un baiser à la commissure de ses lèvres, et continuai de frôler sa joue, tout en posant mon front contre le sien. Lentement, je la sentis se détendre, et reprendre une respiration régulière. Doucement, je me relevai, et l’observai : elle était si pâle ! Soupirant, je me détachai d’elle, et rejoignis Cho pour mettre au point un plan. Je ne pouvais plus supporter de la voir dans cet état.

POV de Lisbon

Mes moments d’inconscience étaient de plus en plus nombreux et de plus en plus longs. La douleur irradiait mon corps, et je n’avais la force d’avaler qu’un peu d’eau. Le regard de Jane me laissait voir l’angoisse qu’il ressentait à mon égard, et je ne pouvais rien faire pour le rassurer, si ce n’était lui sourire au prix d’efforts qui me semblaient un peu plus difficiles au fil des minutes qui passaient. Je m’étais réveillée au milieu de la nuit, ne sentant plus sa présence. Grace était à mon chevet, me souriant. Rassemblant mes forces, je lui avais demandé du papier, un crayon et des enveloppes, ce qu’elle s’était empressée de m’apporter. Je savais que Jane n’aurait pas compris, et ce serait peut-être même moqué si je lui en avais fait la demande. Van Pelt m’avait laissé seule, ne revenant qu’en me voyant lui faire signe.  Je lui avais tendu les enveloppes, lui demandant de les garder jusqu’à ce que… si jamais je… enfin, elle avait compris, et, les larmes aux yeux, elle les avait rangées dans le premier tiroir de son bureau. Je m’étais sentie soudain soulagée, et avais laissé le sommeil me gagner. Une part de moi devait rester ici, au sein de l’équipe, et quoi de mieux que ces quelques mots couchés sur le papier ? Bien sûr, mon écriture légèrement tremblante et déformée laissait transparaître la douleur qui m’habitait, mais je voulais que ces phrases fassent ressortir la femme forte que j’avais toujours été, qu’ils ne retiennent que cette facette de moi, et non celle qu’ils avaient eu sous leurs yeux ces dernières heures. Les bons souvenirs étaient les seuls méritant d’être retenus.  

La conversation que je venais d’avoir avec Jane m’avait rassurée, et je m’accrochais de tout mon cœur à son optimisme, à une issue qui, peut-être serait heureuse. Je voulais m’en sortir, je le devais, pour cela je devais économiser le peu de forces qui me restaient afin de pouvoir les aider de mon mieux au moment opportun.
J’appréhendais le plan de Jane, mais je n’avais pas la force pour le canaliser, je ne pouvais que me reposer sur lui. Malgré tout, j’avais confiance, d’autant plus que Cho saurait bien prendre la tête de l’équipe, et s’entendait assez bien avec Jane pour qu’il évite les ennuis.

Une caresse sur mon front me fit reprendre connaissance. Jane souriait de ce sourire qu’il avait quand l’affaire était résolue pour lui, c’était le premier depuis ces deux derniers jours. « Hey, Lisbon ! Demain, nous serons sortis. Cho et moi avons trouvé un plan que nous mettrons en œuvre cette nuit. » Il m’expliqua en détail leur idée d’évasion. « Trop dangereux, Jane » soupirai-je. Il secoua négativement la tête, et caressa mes cheveux. «  Vous savez très bien que nous n’avons pas d’autres choix, Lisbon. Le temps presse. Qui ne tente rien n’a rien, nous devons prendre ce risque. » Trop faible pour me disputer, j’acquiesçai et entrepris de me relever un peu.
 
- Non, restez allongée, il faut que vous gardiez vos forces Lisbon, tenta Jane en posant ses mains sur mes épaules.
- Jane… Je sais que… vous n’y croyez pas mais… je veux que… vous la preniez… et la donniez à Annie si jamais je…
Dis-je en enlevant difficilement ma croix. Je rassemblai toutes mes forces pour prendre la main de mon consultant, et y glisser la chaîne.  Je m’épuisai, et il le savait. Il acquiesça, et serra le poing sur ma croix.

Ne sachant où la mettre de peur de la perdre, il l’accrocha à son cou, et la glissa sous sa chemise. Je ne pus m’empêcher de sourire un peu plus.

- Quoi ? demanda-t-il
- Jamais je n’aurais cru… voir un jour  le Grand Patrick Jane… porter une croix.
- C’est la première et la dernière fois. J’ai une réputation à tenir.

Un léger rire m’échappa, mais fut très vite remplacé par une quinte de toux douloureuse.


POV de Jane

J’attendais que la crise passe, compatissant à la souffrance qu’elle devait endurer, puis, posant les mains sur ses épaules, je l’allongeai, réinstallai le coussin afin qu’elle ne soit ni totalement couchée ni totalement assise, et caressai ses cheveux.

- Tenez encore un peu Lisbon.
- Ne faites rien… de stupide, Jane. Je n’en vaux pas la peine.
- Bien sûr que si ! Vous êtes exceptionnelle, Lisbon. Et qui pourrais-je embêter si vous n’êtes plus là ?
- Il restera toujours… Rigsby, Van Pelt ou Cho.
- Mais ils ne sont pas vous, murmurai-je pour ne pas qu’elle entende.

Elle baissa les yeux et ses joues devinrent un peu plus rouges.

- Je sais, soupira-t-elle en prenant ma main qu’elle posa sur son cœur.

Il n’était pas difficile de deviner ses pensées, et être impuissant face à son désarroi me révoltait ! J’aurais tout donné pour être à sa place.

- Jane ?
- Hum ?
- Et si je…
- Ca n’arrivera pas, prononçai-je avec force sans savoir exactement qui d’elle ou moi j’essayais de convaincre.
- J’ai si mal, Jane ! Chuchota-t-elle d’une voix emplie de sanglots retenus.

Je baissai mon regard et vis deux émeraudes gorgées de larmes. Dans un élan, je la serrai contre moi et, comme si elle n’avait attendu que cela, elle pleura.  Je la sentis trembler, et resserrai mon étreinte, la réchauffant par la même occasion, déposant de temps à autre un baiser sur ses cheveux, frottant son dos dans des gestes apaisants. Au bout de longues minutes, elle se calma, mais ne se détacha pas pour autant. Elle posa sa main sur mon torse, au niveau du cœur, et baissa la tête au même niveau. Je tentai de calmer les battements, de reprendre une respiration régulière afin qu’elle ne perçoive pas l’effet que son geste venait d’engendrer.

- C’est l’heure, Jane. Fit Cho en posant sa main sur l’épaule du mentalist.

Il était un peu plus de deux heures du matin. Lisbon avait sombré dans l’inconscience presqu’une heure auparavant. Jane savait qu’elle n’avait plus la force de lutter, son organisme s’affaiblissait et la température était toujours aussi forte.  Il passa la main sur son visage, faisant disparaitre la fatigue qui lui piquait les yeux. Il n’avait pas quitté le chevet de Lisbon depuis leur étreinte. Elle s’était d’ailleurs endormie sur son torse, bercée par le soulèvement de la poitrine du consultant. Jane soupira, caressa la joue de l’agent malade, et releva la tête vers l’asiatique.

- Rigsby est prêt ?
- Oui, Van Pelt attend ton signal pour alerter le type.
- Très bien. Barracuda ne devrait pas tarder. Dès qu’il arrive, vous le laissez…
- Je sais.
- Tu sais aussi qu’il nous faudra aller très vite. L’ascenseur est HS. La sortie de secours est notre seule chance. Ce qui m’étonne le plus, c’est que personne n’a de nos nouvelles depuis 2 jours et aucun n’a tenté de nous joindre.
- Ils ont sûrement condamné les issues, lança Cho.
-Oui, mais il n’y a pas eu de négociations ou autre. Il y a quelque chose qui ne va pas.
- On verra plus tard. Le plus important pour l’instant, c’est de sortir d’ici et d’emmener le boss à l’hôpital.

Jane hocha la tête, et d’un signe, enjoignit l’agent à retourner à sa place, Barracuda s’approchant.

Aussitôt, Grace, qui avait suivi le geste de Jane, se leva et joua son rôle aussi bien que possible : « Monsieur, Monsieur s’il vous plait ! Elle ne respire plus ! Il faut faire quelque chose : Ne la laissez pas mourir !! » Elle réussit même à verser quelques larme, Jane n’aurait jamais cru qu’elle jouait aussi bien la comédie. Barracuda hésita quelques secondes, jeta un œil vers le bureau de Lisbon devenu le QG des preneurs d’otages, et s’avança vers Lisbon et Jane. Ce dernier mit le masque d’un homme apeuré et totalement effondré à l’idée de perdre un être cher.  

Barracuda s’approcha du canapé, et Cho l’assomma avant même qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit. L’agent prit son arme, tandis que Rigsby lui liait les mains avec de la ficelle. « Pas très efficace » pensa Jane en secouant la tête, puis il reporta son attention sur Lisbon.

- Pas de temps à perdre. Allons-y. Cho, tu ouvres la marche, Rigsby tu la fermes, Grace, tu restes avec moi.
- Tu ne veux pas que je porte Lisbon ? Proposa Rigsby.
- Non, ça ira. Il faut quelqu’un pour couvrir nos arrières.
- Mais j’ai pas d’armes !

Cho lui tendit un coupe-papier.

- Maintenant si.

Les trois amis sourirent devant l’air perdu de leur collègue. Jane souleva délicatement Lisbon, la tête de cette dernière trouva naturellement place dans le cou du consultant. Son souffle chaud dans la nuque le fit frémir, mais il se reprit bien vite, installant de son mieux sa patronne et amie.

- Grace, peux-tu me passer la couverture, s’il te plait ? Merci.

Celle-ci posa le tissu sur le corps de la jeune femme toujours endormie, inconsciente de la gravité de l’instant.
Notre équipe sortit de l’open space et se dirigea vers les escaliers. Jane serrait Lisbon de toutes ses forces. Jamais il ne l’aurait avoué mais il tenait bien trop à elle pour qu’il lui arrive quelque chose. Ils descendirent les marches une à une, tentant de ne faire aucun bruit. Le consultant sentit Lisbon remuer légèrement, et il l’étreignit un peu plus.

- Jane ?
- Tout va bien Lisbon, nous sommes presque sortis.  Murmura-t-il.
- Jane, il faut que je …
- Chut, Lisbon. Plus tard.

Elle leva une main qu’elle posa sur son cœur.

- Je… t’aime Jane. Souffla-t-elle

Le mentalist ne put dire quoi que ce soit, et sentit  la main de la jeune femme glisser.

- Lisbon ? Lisbon ! Térésa ! Ne t’endors pas, parle-moi ! Reste avec moi !