Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
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Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Ainsi commence donc ma première fanfic divisée en plusieurs parties, écrite au fil de l'inspiration (les idées à suivre ne sont donc, pour l'essentiel, pas encore pensées). Les différents chapitres proposés ne seront pas nécessairement de longueur égale et leur fréquence de postage dépendra de mon inspiration spontanée et du temps dont je dispose (ou pas). Cette fanfic est censée faire corps à la fin de l'épisode 6.06 ; mais ce sera bien plus une adaptation complètement libre et inventée qu'une réelle concordance avec les faits présentés à l'écran. J'ai pris le parti de narrer l'histoire par le biais des personnages intervenants dans chaque chapitre, parfois sous forme d'introspection.
J'espère que vous aurez plaisir à lire ce récit autant que j'en prends lors de son écriture.
J'espère que vous aurez plaisir à lire ce récit autant que j'en prends lors de son écriture.
*********************
Titre : Now, the time is here.
Genre : Drame, suspense.
Personnages principaux : Red John, Patrick Jane, Gale Bertram (d'autres seront ajoutés durant l'écriture).
Personnages secondaires : Teresa Lisbon, la mère de Patrick (ici baptisée Lucy), Rosalind Harker (idem).
Résumé : Red John, ayant réchappé à l'explosion de la villa de Jane qu'il avait méticuleusement planifiée, ne semble pour autant pas mettre à profit ce stratagème pour se contenter de prendre la fuite. Il réserve au contraire un projet de choix soigneusement orchestré pour Patrick, à l'occasion de l'ultime finalité de cette traque qui lie intimement les deux hommes, plus encore que ce dernier ne pourrait l'imaginer ... Les révélations insoupçonnées de Red John sur sa véritable identité pourrait faire basculer irrévocablement le destin de Patrick Jane.
Les Chapitres :
- Chapitre 1.
- Chapitre 2.
- Chapitre 3.
- Chapitre 4.
- Chapitre 5.
- Chapitre 6.
Dernière édition par Anarkia le Lun 15 Sep 2014 - 19:22, édité 13 fois
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Chapitre 1 :
Mais si nous marchons dans la lumière, comme Il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. [1 Jean, 1:7]
Mais si nous marchons dans la lumière, comme Il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. [1 Jean, 1:7]
La tempête avait balayé les restes du carnage s'étendant à quelques kilomètres à la ronde, détrempant la terre désormais infestée des vestiges passés. La villa de Jane se dissipait maintenant en lambeaux, bien loin de sa splendeur presque orgueilleuse d'antan, réduisant en cendres ses derniers souvenirs salvateurs vagabondant entre les murs. L'équipe avait pour l'instant suspendu les recherches jusqu'au lendemain matin, définissant un périmètre de sécurité ridicule autour de la bâtisse, censé dissuader quiconque de s'en approcher. Un arrière goût apocalyptique, comme une chape de plomb jetant son couvercle sur l'univers entier, s'apprêtant à le dévorer sauvagement. Il aurait tout autant préféré que la pluie continue de s'abattre inlassablement, par trombes spectaculaires, des heures durant, des jours et des jours. Que toute cette laideur feinte et ces réminiscences révolues finissent englouties sous les eaux. Lorsque tout aurait été purifié, les nuages se seraient inclinés, laissant place à quelques rayons de soleil jetant une douce lueur sur cette continuité de l'œuvre enfin achevée.
Une toux viscérale le tira de sa semi-conscience délirante, projetant sur sa chemise immaculée un mince filet brunâtre, qu'il préféra ignorer. L'heure n'était pas à la faiblesse. Il se redressa faiblement, attendit quelques secondes de recouvrer une vue nette et parvint tant bien que mal à se porter sur ses jambes chancelantes. Un miraculé. Cette opération trompe-l'oeil aurait pu tout aussi bien se finir en carnage total, sans lui laisser la moindre chance d'accomplir la phase finale de ce sacrifice ultime. En réalité, il avait fini par s'attacher véritablement à ce partenaire de jeu habile qu'avait été Patrick Jane. Tous ces rituels précis, ce modus-operandi savamment étudié, ces indices semés et parfaitement dosés, tout ceci causerait sans doute un vide immense au moment venu. Il sentit presque une pointe de nostalgie malsaine le submerger. Peut-être Patrick éprouvait-il, même inconsciemment, un sentiment identique au sien ? Il lui semblait que rien n'aurait plus la même saveur sans ce tour de passe-passe incessant, qu'aucune soif de sang ne pourrait désormais être étanchée et se montrer à la hauteur de ce qui avait animé cette traque. Il avait malgré lui, trouvé bien plus que cela dans cette course effrénée : un alter-ego pur et parfait. L'homme qu'il avait arraché à sa famille lui était étrangement familier, semblable même, porté par les mêmes convictions. Il l'admirait tout en le méprisant d'une façon profonde. Jane s'était révélé légèrement plus faible que lui, légèrement plus faible que ce qu'il avait espéré. Il lui avait pourtant offert la plus belle décennie de son existence, durant laquelle tout avait revêti un sens différent.
Il l'avait su à l'instant même où le célèbre mentaliste, gagné par une confiance aveugle en son illusionnisme, avait pris contact direct avec lui. Ainsi s'étaient fatalement présentées les choses ; Patrick Jane l'avait appelé de tous ses voeux, le provoquant sans vergogne, l'implorant même indirectement de venir à lui. Red John, ce tueur mystifié, n'avait fait qu'accéder à sa requête d'une manière, disons, désintéressée. Les événements imminents s'étaient alors enchaînés dans une complétude parfaite, comme un spectacle savamment orchestré. Chacun d'eux faisait preuve d'un goût inné pour la manipulation et la prestidigitation, dans un esprit diamétralement opposé et à la fois parfaitement semblable. Seulement, à la minute où le sang d'Angela et Charlotte avait coulé, et bien d'autres encore après elles, la partie s'était jouée comme une confidence, sans couverture, sans pouvoir, sans faux-semblant. Deux hommes transcendés par la même force, perçant la brume pour se rejoindre et sceller mutuellement leur destin. Le plus amusant avait encore été que ce même Jane, cinq ans plus tard, avait requis son aide à plusieurs reprises et, à charge de revanche, lui avait également sauvé la mise plus d'une fois. La boucle bouclée.
Il avait néanmoins douté des analyses de Patrick, de ce pseudo-pouvoir qui semblait heurter tout principe rationnel ; encore une similarité entre eux. Désormais, il était de plus en plus convaincu du déni de son partenaire : Jane devait repousser l'éventualité d'une sélection naturelle qui n'opérerait que sur l'un d'entre eux, priait peut-être silencieusement pour que ce sens premier de sa vie se perpétue éternellement, ou presque. Que lui resterait-il, une fois l'énigme résolue, quelle aspiration profonde donnerait-il au cycle de l'existence ? Il soupçonnait Patrick d'avoir également posé le doigt dans cet engrenage, dans ce désir de continuité de leurs communications peu banales. Le mentaliste tenait à leurs liens invisibles tout autant que lui, au point de ne pas souiller son oeuvre, de la lui laisser accomplir jusqu'à l'instant crucial.
Et c'est ainsi qu'il poursuivit sa route, animé par la perspective libératrice de cette touche carmin ultime au tableau final.
Une toux viscérale le tira de sa semi-conscience délirante, projetant sur sa chemise immaculée un mince filet brunâtre, qu'il préféra ignorer. L'heure n'était pas à la faiblesse. Il se redressa faiblement, attendit quelques secondes de recouvrer une vue nette et parvint tant bien que mal à se porter sur ses jambes chancelantes. Un miraculé. Cette opération trompe-l'oeil aurait pu tout aussi bien se finir en carnage total, sans lui laisser la moindre chance d'accomplir la phase finale de ce sacrifice ultime. En réalité, il avait fini par s'attacher véritablement à ce partenaire de jeu habile qu'avait été Patrick Jane. Tous ces rituels précis, ce modus-operandi savamment étudié, ces indices semés et parfaitement dosés, tout ceci causerait sans doute un vide immense au moment venu. Il sentit presque une pointe de nostalgie malsaine le submerger. Peut-être Patrick éprouvait-il, même inconsciemment, un sentiment identique au sien ? Il lui semblait que rien n'aurait plus la même saveur sans ce tour de passe-passe incessant, qu'aucune soif de sang ne pourrait désormais être étanchée et se montrer à la hauteur de ce qui avait animé cette traque. Il avait malgré lui, trouvé bien plus que cela dans cette course effrénée : un alter-ego pur et parfait. L'homme qu'il avait arraché à sa famille lui était étrangement familier, semblable même, porté par les mêmes convictions. Il l'admirait tout en le méprisant d'une façon profonde. Jane s'était révélé légèrement plus faible que lui, légèrement plus faible que ce qu'il avait espéré. Il lui avait pourtant offert la plus belle décennie de son existence, durant laquelle tout avait revêti un sens différent.
Il l'avait su à l'instant même où le célèbre mentaliste, gagné par une confiance aveugle en son illusionnisme, avait pris contact direct avec lui. Ainsi s'étaient fatalement présentées les choses ; Patrick Jane l'avait appelé de tous ses voeux, le provoquant sans vergogne, l'implorant même indirectement de venir à lui. Red John, ce tueur mystifié, n'avait fait qu'accéder à sa requête d'une manière, disons, désintéressée. Les événements imminents s'étaient alors enchaînés dans une complétude parfaite, comme un spectacle savamment orchestré. Chacun d'eux faisait preuve d'un goût inné pour la manipulation et la prestidigitation, dans un esprit diamétralement opposé et à la fois parfaitement semblable. Seulement, à la minute où le sang d'Angela et Charlotte avait coulé, et bien d'autres encore après elles, la partie s'était jouée comme une confidence, sans couverture, sans pouvoir, sans faux-semblant. Deux hommes transcendés par la même force, perçant la brume pour se rejoindre et sceller mutuellement leur destin. Le plus amusant avait encore été que ce même Jane, cinq ans plus tard, avait requis son aide à plusieurs reprises et, à charge de revanche, lui avait également sauvé la mise plus d'une fois. La boucle bouclée.
Il avait néanmoins douté des analyses de Patrick, de ce pseudo-pouvoir qui semblait heurter tout principe rationnel ; encore une similarité entre eux. Désormais, il était de plus en plus convaincu du déni de son partenaire : Jane devait repousser l'éventualité d'une sélection naturelle qui n'opérerait que sur l'un d'entre eux, priait peut-être silencieusement pour que ce sens premier de sa vie se perpétue éternellement, ou presque. Que lui resterait-il, une fois l'énigme résolue, quelle aspiration profonde donnerait-il au cycle de l'existence ? Il soupçonnait Patrick d'avoir également posé le doigt dans cet engrenage, dans ce désir de continuité de leurs communications peu banales. Le mentaliste tenait à leurs liens invisibles tout autant que lui, au point de ne pas souiller son oeuvre, de la lui laisser accomplir jusqu'à l'instant crucial.
Et c'est ainsi qu'il poursuivit sa route, animé par la perspective libératrice de cette touche carmin ultime au tableau final.
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Chapitre 2 :
"La vie de la chair est dans le sang. Je vous l'ai donné sur l’autel, afin qu'il serve d’expiation pour votre vie, car c'est par la vie que le sang fait l'expiation." [Lévithique, 17]
"La vie de la chair est dans le sang. Je vous l'ai donné sur l’autel, afin qu'il serve d’expiation pour votre vie, car c'est par la vie que le sang fait l'expiation." [Lévithique, 17]
Il avait finalement opté pour un crochet rapide dans son repère, afin de s'y recomposer une apparence convenable et y retrouver ses précieux instruments de travail. Pour la dernière fois, malheureusement. Décidément, il aurait presque acquis une once de sensibilité ces temps-ci. S'introduire entre ces murs n'avait pas été une mince affaire, les journalistes s'étaient emparés sans scrupule de cet accident tragique et n'avaient, encore une fois, pas lésiné sur le papier. La nouvelle de sa mort supposée s'était étendue comme une traînée de poudre, rendant sa tâche un peu plus ardue. L'enjeu majeur était que personne ici ne prenne mesure de la supercherie, sans quoi ces années de labeur ne resteraient à jamais que pâle esquisse. Il balaya prestement ses réticences : la plupart se seraient sans doute imaginé avoir rencontré le fantôme en personne, ce qui n'aurait pas été leur première expérience mystique du genre. Fin prêt, ses membres pourtant encore douloureux, il exécuta le chemin inverse dans une habile dextérité. Jusque là, tout fonctionnait à la perfection.
Durant le maigre trajet qui le séparait encore de l'apothéose finale, il s'exhorta au calme, sentant à contrecœur l'euphorie poindre à mesure que le Break avalait les derniers kilomètres d'asphalte. Il n'y avait ici aucune place pour quelconque sentiment de cet ordre. Expirant lentement, il cala ses pensées sur l'image lointaine de cet enfant souriant et vivace, enveloppé dans les bras protecteurs de sa mère. Comment un être de taille si dérisoire pouvait raisonnablement provoquer tant de bouleversements, voire tant de fierté passagère dans l'œil de … Il pila brusquement, le freinage faisant presque tressauter le tableau de bord, le véhicule s'immobilisant dans un crissement caractéristique. Il réprima un juron. Aucun défaut d'attention n'était permis, ce soir plus que jamais. Se ressaisissant, il scruta de longues secondes la fenêtre d'en face. Rien ne bougea, pas même un infime pan de rideau. Il espérait au moins qu'elle fût chez elle. Il récupéra un petit emballage cubique dans la boîte à gants, ainsi que ses fidèles compagnons de fortune, qui le mèneraient cette fois au salut.
Il appuya à deux reprises mesurées sur la sonnette déclinant l'identité de sa protagoniste. Il n'avait jamais compris ce besoin d'exposer à tous son identité par un biais aussi insignifiant. Son cœur rata un battement lorsque la porte s'ouvrit. Pas de chaîne de sécurité, bon point chère demoiselle. Alors qu'ils se révélèrent l'un à l'autre sous la lumière crue du perron, la jeune femme pâlit instantanément, comme si tout son sang avait librement cessé l'irrigation. Voilà qui serait fort regrettable. Elle sembla chercher ses mots en avalant prestement quelques goulées d'air frénétiques, ouvrit la bouche pour dire quelque chose et la referma aussitôt. Justement la réaction typique de qui vient d'expérimenter le face à face avec un fantôme.
« - Bonsoir, agent Lisbon. Vous ne m'invitez pas à entrer ?
- Comment savez-vous … ? Vous n'êtes pas …
- Ecoutez, il faut absolument que je m'entretienne avec vous d'un fait de la plus haute importance. Vous souhaitez connaître le fin mot de l'histoire, je suppose ? Accordez-moi ne serait-ce qu'une minute, je vous fais le serment d'établir toute la lumière sur cette tragédie, plaida-t-il d'un ton pressant. »
Ce procédé ne ressemblait en rien aux méthodes coutumières employées par le charismatique et insaisissable Red John, mais il ne souhaitait pas prendre le risque de s'exposer aux regards indiscrets qui pourraient mettre son plan en branle. Le temps s'étirait, les secondes s'égrenèrent pendant que Teresa le fixa d'un air éberlué, se laissant aller à une moue sceptique. Finalement, elle s'écarta d'un geste absent, lui faisant signe d'entrer. Elle paraissait toujours aussi bouleversée, mais tentait tant bien que mal de reprendre un semblant de contenance.
« - Très bien. Je vous écoute, lui dit-elle brusquement une fois la porte refermée, l'ordonnant de continuer.
- Allons voyons, Teresa … Vous y avez réellement cru ?, s'enquit-il ironiquement en laissant filtrer un petit rire incrédule. Vous aviez pourtant l'air d'une enquêtrice assez perspicace, fine et avisée dans vos intuitions. En vérité, vous feriez tout pour Patrick, n'est-ce-pas ? Quitte à mettre votre propre existence en péril … C'est une dévotion admirable, vous savez.
- Que me voulez-vous ?, l'interrogea-t-elle, partiellement remise d'aplomb. Quel lien avez-vous avec cette affaire, avec la Blake Association … Elle déglutit. Avec Red John ?
- Teresa, ma chère, posez-vous les bonnes questions, voulez-vous, lui enjoignit-il d'un ton faussement indulgent. »
Celle-ci sembla mener un dialogue intérieur avec elle-même, puis se figea, comme sous l'effet d'une douche froide. La clarté totale se faisait désormais dans son esprit. Ses yeux s'emplirent de larmes alors qu'elle se risqua à lui demander la raison de sa presque-intrusion chez elle. Il la toisa quelques instants, durant lesquels il ressentit une profonde pitié pour cette femme implorante. Néanmoins, son déni était réellement spectaculaire. Jamais il n'avait eu la moindre intention de s'entretenir plus précisément avec elle : elle était certes visiblement respectable, mais ne méritait aucunement son intérêt. Elle ne symbolisait que la dernière pièce de l'échiquier, la dernière partie d'un plan machiavélique qu'il lui fallait exécuter. Pourtant, il prit soigneusement le temps de lui développer ses années de couverture, de gloire de son œuvre, de multiples chemins tracés. Il garda pour lui-même les regrets, déchirants. De ceux qui ne forment qu'une amère cicatrice perpétuellement à vif. Ses nombreuses victimes n'étaient que le reflet d'un vide, le reflet d'un homme otage de ses propres démons, de la folie ordinaire d'une blessure inexprimable. Derrière le monstre sanguinaire dépeint par les médias, derrière l'esthète adulé d'une parcelle d'individus en mal de sensations, se cachait dans les replis du cœur, de plus en plus palpable, la douleur sourde et grondante. Que seul l'accomplissement pouvait parvenir illusoirement à pallier.
Il ne savait pas exactement pourquoi il avait pris le parti de se livrer autant à la jeune femme. Angela, Krystina ou Lorelei n'avait pas eu vent de ses secrets, alors même que cette dernière l'avait épaulé dans son entreprise. Il jugea cependant que les jérémiades de cette pauvre Lisbon se faisaient passablement lassantes. Quel intérêt aurait-il encore à la maintenir en vie ?
Il posa presque religieusement le coffret sur la table de séjour, dernier vestige d'une vie antérieure, et sortit le fusil hypodermique de son étui. Une longue tâche l'attendait ce soir, et ce serait un réel plaisir de l'accomplir.
Durant le maigre trajet qui le séparait encore de l'apothéose finale, il s'exhorta au calme, sentant à contrecœur l'euphorie poindre à mesure que le Break avalait les derniers kilomètres d'asphalte. Il n'y avait ici aucune place pour quelconque sentiment de cet ordre. Expirant lentement, il cala ses pensées sur l'image lointaine de cet enfant souriant et vivace, enveloppé dans les bras protecteurs de sa mère. Comment un être de taille si dérisoire pouvait raisonnablement provoquer tant de bouleversements, voire tant de fierté passagère dans l'œil de … Il pila brusquement, le freinage faisant presque tressauter le tableau de bord, le véhicule s'immobilisant dans un crissement caractéristique. Il réprima un juron. Aucun défaut d'attention n'était permis, ce soir plus que jamais. Se ressaisissant, il scruta de longues secondes la fenêtre d'en face. Rien ne bougea, pas même un infime pan de rideau. Il espérait au moins qu'elle fût chez elle. Il récupéra un petit emballage cubique dans la boîte à gants, ainsi que ses fidèles compagnons de fortune, qui le mèneraient cette fois au salut.
Il appuya à deux reprises mesurées sur la sonnette déclinant l'identité de sa protagoniste. Il n'avait jamais compris ce besoin d'exposer à tous son identité par un biais aussi insignifiant. Son cœur rata un battement lorsque la porte s'ouvrit. Pas de chaîne de sécurité, bon point chère demoiselle. Alors qu'ils se révélèrent l'un à l'autre sous la lumière crue du perron, la jeune femme pâlit instantanément, comme si tout son sang avait librement cessé l'irrigation. Voilà qui serait fort regrettable. Elle sembla chercher ses mots en avalant prestement quelques goulées d'air frénétiques, ouvrit la bouche pour dire quelque chose et la referma aussitôt. Justement la réaction typique de qui vient d'expérimenter le face à face avec un fantôme.
« - Bonsoir, agent Lisbon. Vous ne m'invitez pas à entrer ?
- Comment savez-vous … ? Vous n'êtes pas …
- Ecoutez, il faut absolument que je m'entretienne avec vous d'un fait de la plus haute importance. Vous souhaitez connaître le fin mot de l'histoire, je suppose ? Accordez-moi ne serait-ce qu'une minute, je vous fais le serment d'établir toute la lumière sur cette tragédie, plaida-t-il d'un ton pressant. »
Ce procédé ne ressemblait en rien aux méthodes coutumières employées par le charismatique et insaisissable Red John, mais il ne souhaitait pas prendre le risque de s'exposer aux regards indiscrets qui pourraient mettre son plan en branle. Le temps s'étirait, les secondes s'égrenèrent pendant que Teresa le fixa d'un air éberlué, se laissant aller à une moue sceptique. Finalement, elle s'écarta d'un geste absent, lui faisant signe d'entrer. Elle paraissait toujours aussi bouleversée, mais tentait tant bien que mal de reprendre un semblant de contenance.
« - Très bien. Je vous écoute, lui dit-elle brusquement une fois la porte refermée, l'ordonnant de continuer.
- Allons voyons, Teresa … Vous y avez réellement cru ?, s'enquit-il ironiquement en laissant filtrer un petit rire incrédule. Vous aviez pourtant l'air d'une enquêtrice assez perspicace, fine et avisée dans vos intuitions. En vérité, vous feriez tout pour Patrick, n'est-ce-pas ? Quitte à mettre votre propre existence en péril … C'est une dévotion admirable, vous savez.
- Que me voulez-vous ?, l'interrogea-t-elle, partiellement remise d'aplomb. Quel lien avez-vous avec cette affaire, avec la Blake Association … Elle déglutit. Avec Red John ?
- Teresa, ma chère, posez-vous les bonnes questions, voulez-vous, lui enjoignit-il d'un ton faussement indulgent. »
Celle-ci sembla mener un dialogue intérieur avec elle-même, puis se figea, comme sous l'effet d'une douche froide. La clarté totale se faisait désormais dans son esprit. Ses yeux s'emplirent de larmes alors qu'elle se risqua à lui demander la raison de sa presque-intrusion chez elle. Il la toisa quelques instants, durant lesquels il ressentit une profonde pitié pour cette femme implorante. Néanmoins, son déni était réellement spectaculaire. Jamais il n'avait eu la moindre intention de s'entretenir plus précisément avec elle : elle était certes visiblement respectable, mais ne méritait aucunement son intérêt. Elle ne symbolisait que la dernière pièce de l'échiquier, la dernière partie d'un plan machiavélique qu'il lui fallait exécuter. Pourtant, il prit soigneusement le temps de lui développer ses années de couverture, de gloire de son œuvre, de multiples chemins tracés. Il garda pour lui-même les regrets, déchirants. De ceux qui ne forment qu'une amère cicatrice perpétuellement à vif. Ses nombreuses victimes n'étaient que le reflet d'un vide, le reflet d'un homme otage de ses propres démons, de la folie ordinaire d'une blessure inexprimable. Derrière le monstre sanguinaire dépeint par les médias, derrière l'esthète adulé d'une parcelle d'individus en mal de sensations, se cachait dans les replis du cœur, de plus en plus palpable, la douleur sourde et grondante. Que seul l'accomplissement pouvait parvenir illusoirement à pallier.
Il ne savait pas exactement pourquoi il avait pris le parti de se livrer autant à la jeune femme. Angela, Krystina ou Lorelei n'avait pas eu vent de ses secrets, alors même que cette dernière l'avait épaulé dans son entreprise. Il jugea cependant que les jérémiades de cette pauvre Lisbon se faisaient passablement lassantes. Quel intérêt aurait-il encore à la maintenir en vie ?
Il posa presque religieusement le coffret sur la table de séjour, dernier vestige d'une vie antérieure, et sortit le fusil hypodermique de son étui. Une longue tâche l'attendait ce soir, et ce serait un réel plaisir de l'accomplir.
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Voilà un passage exceptionnellement narré à travers le point de vue de Lisbon, que j'ai eu un peu de mal à écrire, sans doute parce que je ne me sens pas vraiment proche de ce personnage. Je n'ai jamais été une pro-Jisbon, ni une adepte des mélodrames dégoulinants ; j'espère néanmoins que ce chapitre restera dans le prolongement des deux précédents et malgré tout suffisamment fluide à la lecture.
Chapitre 3 :
"Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'entrailles de miséricorde." [Colossiens, 3-22]
"Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'entrailles de miséricorde." [Colossiens, 3-22]
Teresa Lisbon s'était résignée à son sort à l'instant même où elle avait ressenti la morsure de l'arme dans sa chair. Elle savait désormais que le piège s'était refermé sur elle, réduisant ses derniers espoirs à néant. A l'aune de ses ultimes moments de souffrance, toutes ses pensées se tournaient vers Patrick Jane, telles un mantra inlassable. Peut-être aurait-elle pu lui en vouloir de l'avoir tant impliquée dans cette traque, mais elle ne ressentait qu'une intense gratitude pour cet homme. A la vérité, elle ne regrettait rien de ces épreuves traversées, de ces dangers parfois bravés sur le fil du rasoir, de tout ce qu'elle avait accompli pour lui depuis ce jour où il avait fait intrusion dans son bureau. Ce n'était rien de moins qu'un sacrifice au nom de l'amour qu'elle lui portait. Il lui semblait qu'elle n'avait jamais éprouvé de tels sentiments auparavant. Et pourtant, durant cette décennie écoulée, Jane n'avait semblé se tourner que vers le passé, tentant activement d'éponger sa soif de vengeance.
En faisant preuve d'une telle foi en lui, peut-être l'aurait-il un jour regardée autrement ? Peut-être aurait-il envisagé un autre départ, une autre existence, un nouveau foyer ? Elle ne le saurait jamais plus. Quelquefois, elle avait pourtant cru percer à jour la réciprocité de ses battements de cœur, avant de se rendre à l'évidence : elle n'avait été pour lui qu'un moyen d'arriver à ses fins ; sans son aide précieuse, il ne lui aurait sûrement jamais porté le moindre intérêt. Peu lui importait, au fond ; comptaient seulement les instants que le destin leur avait permis de partager, la lueur enfantine qu'elle percevait parfois dans ses yeux, son sourire espiègle et ses yeux rieurs, ses imprévus et ses contretemps. A l'évocation semi-consciente de ces souvenirs, sa gorge se serra et elle ne put retenir ses larmes.
La jeune femme était ligotée sur elle-même, à l'aide d'épais liens de plastique, exposée impudiquement au regard de son tortionnaire. De manière dérisoire, elle préféra focaliser ses pensées sur la gêne occasionnée par sa nudité. Elle se refusait à penser aux horreurs atroces qui l'attendaient inévitablement. Elle ne saisissait pas avec exactitude la nature des relations hypothétiques entre Jane et Red John, mais elle nourrissait l'intime conviction qu'une pièce du puzzle manquait à sa compréhension. Il lui semblait déceler dans le comportement du serial-killer une affection contradictoire, voire même une once de possessivité inexpliquée, qui dépassait très largement la simple notion d'affrontement presque ludique qu'il avait toujours revendiqué. Il semblait que le versant vulnérable avec pris un instant le pas sur les cruautés impitoyables qu'il s'était approprié depuis plus de vingt ans. Pourquoi …
Elle fut brutalement interrompue dans ses réflexions. Il était là, tout près, réapparu dans son champ de vision. Après s'être servi du thé dans la cuisine, à en juger par la tasse qu'il posa sur la table non loin d'elle. Elle fut estomaquée par tant de culot, avant de réaliser qu'elle n'aurait bientôt plus à s'en soucier. Soudainement saisie par la crainte viscérale de ceux qui tombent brutalement de leur marchepied de déni, elle remarqua qu'il semblait chercher quelque chose à deux ou trois centimètres d'elle. Ou plutôt, déposer quelque chose. Son sang se glaça, alors que l'objet se déplaça en sautillant dans sa direction. Une grenouille en papier. Une inoffensive grenouille en papier, réplique exacte de celle que Jane lui avait confectionnée quelques années plus tôt.
« J'espère que cette petite attention vous rendra cette épreuve moins douloureuse, Teresa. Concentrez-vous sur vos souvenirs et détendez-vous. Je tenterai d'abréger rapidement vos souffrances. »
Elle n'eut à peine le temps d'entendre ses dernières paroles, alors qu'une douleur sourde lui transperça la côte, nimbant d'écarlate la grenouille immaculée.
En faisant preuve d'une telle foi en lui, peut-être l'aurait-il un jour regardée autrement ? Peut-être aurait-il envisagé un autre départ, une autre existence, un nouveau foyer ? Elle ne le saurait jamais plus. Quelquefois, elle avait pourtant cru percer à jour la réciprocité de ses battements de cœur, avant de se rendre à l'évidence : elle n'avait été pour lui qu'un moyen d'arriver à ses fins ; sans son aide précieuse, il ne lui aurait sûrement jamais porté le moindre intérêt. Peu lui importait, au fond ; comptaient seulement les instants que le destin leur avait permis de partager, la lueur enfantine qu'elle percevait parfois dans ses yeux, son sourire espiègle et ses yeux rieurs, ses imprévus et ses contretemps. A l'évocation semi-consciente de ces souvenirs, sa gorge se serra et elle ne put retenir ses larmes.
La jeune femme était ligotée sur elle-même, à l'aide d'épais liens de plastique, exposée impudiquement au regard de son tortionnaire. De manière dérisoire, elle préféra focaliser ses pensées sur la gêne occasionnée par sa nudité. Elle se refusait à penser aux horreurs atroces qui l'attendaient inévitablement. Elle ne saisissait pas avec exactitude la nature des relations hypothétiques entre Jane et Red John, mais elle nourrissait l'intime conviction qu'une pièce du puzzle manquait à sa compréhension. Il lui semblait déceler dans le comportement du serial-killer une affection contradictoire, voire même une once de possessivité inexpliquée, qui dépassait très largement la simple notion d'affrontement presque ludique qu'il avait toujours revendiqué. Il semblait que le versant vulnérable avec pris un instant le pas sur les cruautés impitoyables qu'il s'était approprié depuis plus de vingt ans. Pourquoi …
Elle fut brutalement interrompue dans ses réflexions. Il était là, tout près, réapparu dans son champ de vision. Après s'être servi du thé dans la cuisine, à en juger par la tasse qu'il posa sur la table non loin d'elle. Elle fut estomaquée par tant de culot, avant de réaliser qu'elle n'aurait bientôt plus à s'en soucier. Soudainement saisie par la crainte viscérale de ceux qui tombent brutalement de leur marchepied de déni, elle remarqua qu'il semblait chercher quelque chose à deux ou trois centimètres d'elle. Ou plutôt, déposer quelque chose. Son sang se glaça, alors que l'objet se déplaça en sautillant dans sa direction. Une grenouille en papier. Une inoffensive grenouille en papier, réplique exacte de celle que Jane lui avait confectionnée quelques années plus tôt.
« J'espère que cette petite attention vous rendra cette épreuve moins douloureuse, Teresa. Concentrez-vous sur vos souvenirs et détendez-vous. Je tenterai d'abréger rapidement vos souffrances. »
Elle n'eut à peine le temps d'entendre ses dernières paroles, alors qu'une douleur sourde lui transperça la côte, nimbant d'écarlate la grenouille immaculée.
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Chapitre 4 :
"Une femme peut-elle oublier son nourrisson, afin de ne pas avoir pitié du fils de son ventre ? Ces femmes même peuvent oublier, mais moi je ne t’oublierai pas." [Isaïe, 15:49]
"Une femme peut-elle oublier son nourrisson, afin de ne pas avoir pitié du fils de son ventre ? Ces femmes même peuvent oublier, mais moi je ne t’oublierai pas." [Isaïe, 15:49]
Mai 1972 :
Elle tourbillonnait gracieusement sur elle-même au rythme des notes qui s'écoulaient du vinyle grésillant, par mouvements suggérés et rigoureux, semblant à peine toucher le sol. Le garçonnet la fixait de ses yeux bleus écarquillés, comme hypnotisé par ce spectacle intriguant qui défiait toute loi gravitationnelle. Lucy se tourna vers lui et le gratifia d'un franc sourire empreint de tendresse, qu'elle avait coutume de réserver exclusivement à son fils. Elle s'écarta de la barre, arasée par ses intenses entraînements de l'après-midi, et délaça patiemment ses demi-pointes. Dès son adolescence, la jeune femme s'était prise d'une passion sans borne pour la danse classique, ainsi que pour la rigueur drastique qu'exigeait cette discipline. Elle aimait la sensation enivrante qui s'emparait d'elle, le craquement de ses articulations qui annonçait invariablement le début d'une répétition épuisante, la douleur qu'elle ressentait dans l'effort. Dès ses premiers pas à l'école de danse, à l'aube de sa quatorzième année, plus rien d'autre n'avait trouvé grâce à ses yeux. Elle avait alors tourné le dos à la plupart de ses amis, reniant ses bulletins scolaires pourtant prometteurs et ses intérêts passés qu'elle jugeait désormais trop futiles. Et elle s'était jetée à corps perdu dans cette nouvelle vocation, ignorant les faibles protestations de ses parents, pour en faire par la suite une profession à part entière. C'était d'ailleurs à l'occasion d'une représentation du ballet dans lequel elle avait décroché son premier rôle phare qu'elle avait fait la connaissance de celui qui deviendrait, quelques mois plus tard, le père de son enfant.
Cette soirée de novembre avait été glaciale, les répétitions perturbées par l'absence d'une des figurantes, mais ce fut avant tout pour elle l'instant de consécration. Le public avait semblé époustouflé par sa performance mêlant technicité et émotions, et c'est dans une atmosphère légèrement euphorique qu'elle avait accepté de passer un moment avec cet inconnu pour le moins étonnant. Celui-ci l'avait scrutée depuis le mur en contrebas sur lequel il était nonchalamment adossé, n'applaudissant pas, ne laissant rien paraître de ses impressions. Il avait affiché peu ou prou la même mine impassible lorsqu'il lui avait proposé de la ramener chez elle. Lucy avait alors accepté, sans savoir pourquoi, déjà sous le charme de son aura mystérieuse. Ils avaient marché côte à côte, longtemps, sous le vent se déclinant en rafales, avant qu'elle ne lui propose de monter dans son modeste appartement pour prendre un café. Elle souhaitait ardemment faire plus ample connaissance avec lui, alors qu'elle sentait déjà son corps s'emplir d'une douce chaleur inconnue. La jeune femme n'avait jamais laissé place à une quelconque relation dans sa vie, pas même une vague amourette enfantine. Cet homme semblait tellement différent, peu prompt à de plus entières familiarités, presque inaccessible. C'était sans doute cette sensation unique qui l'avait irrémédiablement attirée vers lui.
La première année avait été faste, riche de diverses découvertes et de passion. A son contact, elle se sentait plus radieuse, plus femme, plus épanouie qu'elle ne l'avait encore jamais été, même lors de ses innombrables entraînements. Elle avait la délectable impression d'être exceptionnelle, d'être la huitième merveille du monde dans les yeux de celui pour qui elle aurait tout sacrifié. C'est précisément ce qu'elle fit en abandonnant spontanément la danse à l'annonce de sa grossesse, pour se consacrer au piano et autres activités intérieures en perspective de cette naissance tant attendue. C'est également ce qu'elle fit lorsqu'elle expliqua tant bien que mal à son fils, trois ans plus tard, que son père pouvait n'être que peu présent pour eux et que cette vie non-commune se devait d'être leur lot quotidien. A vrai dire, ses prétendues obligations et cette distance perpétuelle avaient peu à peu fini par aboutir à l'érosion de ses sentiments, développant en elle une sourde amertume que seul l'amour inconditionnel voué à son fils pouvait maintenant combler.
La jeune femme s'extirpa de ses pensées, dénoua son chignon parfait laissant dévaler ses soyeuses boucles rousses en cascade sur ses épaules, et entreprit d'ôter le vinyle de la platine,. Celui-ci avait joué l'infatigable même morceau toute l'après-midi durant : le Prélude en C majeur de Bach. La seule gamme de notes qu'elle savait reproduire de mémoire au piano. Son fils soupira, semblant déplorer le silence régnant soudain dans la pièce, ses yeux s'emplissant d'une mélancolie bien trop vive pour son jeune âge.
« - Papa, il l'écoute tout le temps.
- Je sais mon chou … Je vais me changer, qu'est-ce que tu voudrais faire après ?, s'empressa-t-elle de lui demander pour dévier le sujet épineux.
- Plus tard, je voudrais être comme papa, déclara le garçon, d'un ton sérieux et formel. »
Les yeux de Lucy s'étrécirent sous le coup de cette sentence pourtant prononcée innocemment, et elle se hâta de recréer un sourire de surface. Celui-ci ne gagna néanmoins pas ses yeux et sonnait aussi faux que la douleur refluait dans sa gorge.
« Tu sais, Patrick … J'espère bien que tu ne seras jamais comme lui », murmura-t-elle à mi-voix.
Elle tourbillonnait gracieusement sur elle-même au rythme des notes qui s'écoulaient du vinyle grésillant, par mouvements suggérés et rigoureux, semblant à peine toucher le sol. Le garçonnet la fixait de ses yeux bleus écarquillés, comme hypnotisé par ce spectacle intriguant qui défiait toute loi gravitationnelle. Lucy se tourna vers lui et le gratifia d'un franc sourire empreint de tendresse, qu'elle avait coutume de réserver exclusivement à son fils. Elle s'écarta de la barre, arasée par ses intenses entraînements de l'après-midi, et délaça patiemment ses demi-pointes. Dès son adolescence, la jeune femme s'était prise d'une passion sans borne pour la danse classique, ainsi que pour la rigueur drastique qu'exigeait cette discipline. Elle aimait la sensation enivrante qui s'emparait d'elle, le craquement de ses articulations qui annonçait invariablement le début d'une répétition épuisante, la douleur qu'elle ressentait dans l'effort. Dès ses premiers pas à l'école de danse, à l'aube de sa quatorzième année, plus rien d'autre n'avait trouvé grâce à ses yeux. Elle avait alors tourné le dos à la plupart de ses amis, reniant ses bulletins scolaires pourtant prometteurs et ses intérêts passés qu'elle jugeait désormais trop futiles. Et elle s'était jetée à corps perdu dans cette nouvelle vocation, ignorant les faibles protestations de ses parents, pour en faire par la suite une profession à part entière. C'était d'ailleurs à l'occasion d'une représentation du ballet dans lequel elle avait décroché son premier rôle phare qu'elle avait fait la connaissance de celui qui deviendrait, quelques mois plus tard, le père de son enfant.
Cette soirée de novembre avait été glaciale, les répétitions perturbées par l'absence d'une des figurantes, mais ce fut avant tout pour elle l'instant de consécration. Le public avait semblé époustouflé par sa performance mêlant technicité et émotions, et c'est dans une atmosphère légèrement euphorique qu'elle avait accepté de passer un moment avec cet inconnu pour le moins étonnant. Celui-ci l'avait scrutée depuis le mur en contrebas sur lequel il était nonchalamment adossé, n'applaudissant pas, ne laissant rien paraître de ses impressions. Il avait affiché peu ou prou la même mine impassible lorsqu'il lui avait proposé de la ramener chez elle. Lucy avait alors accepté, sans savoir pourquoi, déjà sous le charme de son aura mystérieuse. Ils avaient marché côte à côte, longtemps, sous le vent se déclinant en rafales, avant qu'elle ne lui propose de monter dans son modeste appartement pour prendre un café. Elle souhaitait ardemment faire plus ample connaissance avec lui, alors qu'elle sentait déjà son corps s'emplir d'une douce chaleur inconnue. La jeune femme n'avait jamais laissé place à une quelconque relation dans sa vie, pas même une vague amourette enfantine. Cet homme semblait tellement différent, peu prompt à de plus entières familiarités, presque inaccessible. C'était sans doute cette sensation unique qui l'avait irrémédiablement attirée vers lui.
La première année avait été faste, riche de diverses découvertes et de passion. A son contact, elle se sentait plus radieuse, plus femme, plus épanouie qu'elle ne l'avait encore jamais été, même lors de ses innombrables entraînements. Elle avait la délectable impression d'être exceptionnelle, d'être la huitième merveille du monde dans les yeux de celui pour qui elle aurait tout sacrifié. C'est précisément ce qu'elle fit en abandonnant spontanément la danse à l'annonce de sa grossesse, pour se consacrer au piano et autres activités intérieures en perspective de cette naissance tant attendue. C'est également ce qu'elle fit lorsqu'elle expliqua tant bien que mal à son fils, trois ans plus tard, que son père pouvait n'être que peu présent pour eux et que cette vie non-commune se devait d'être leur lot quotidien. A vrai dire, ses prétendues obligations et cette distance perpétuelle avaient peu à peu fini par aboutir à l'érosion de ses sentiments, développant en elle une sourde amertume que seul l'amour inconditionnel voué à son fils pouvait maintenant combler.
La jeune femme s'extirpa de ses pensées, dénoua son chignon parfait laissant dévaler ses soyeuses boucles rousses en cascade sur ses épaules, et entreprit d'ôter le vinyle de la platine,. Celui-ci avait joué l'infatigable même morceau toute l'après-midi durant : le Prélude en C majeur de Bach. La seule gamme de notes qu'elle savait reproduire de mémoire au piano. Son fils soupira, semblant déplorer le silence régnant soudain dans la pièce, ses yeux s'emplissant d'une mélancolie bien trop vive pour son jeune âge.
« - Papa, il l'écoute tout le temps.
- Je sais mon chou … Je vais me changer, qu'est-ce que tu voudrais faire après ?, s'empressa-t-elle de lui demander pour dévier le sujet épineux.
- Plus tard, je voudrais être comme papa, déclara le garçon, d'un ton sérieux et formel. »
Les yeux de Lucy s'étrécirent sous le coup de cette sentence pourtant prononcée innocemment, et elle se hâta de recréer un sourire de surface. Celui-ci ne gagna néanmoins pas ses yeux et sonnait aussi faux que la douleur refluait dans sa gorge.
« Tu sais, Patrick … J'espère bien que tu ne seras jamais comme lui », murmura-t-elle à mi-voix.
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Coucou Anarkia: je viens de lire ces 4 premiers chapitres et c'est incroyablement prenant. C'est extremement bien écrit et l'ambiance (mystérieuse à souhait) est superbe. On a vraiment la sensation de se trouver au beau milieu d'une énigme complexe. Et en plus, il y a un côté noir, très obscure, que j'aime beaucoup. J'ai vraiment hâte de lire la suite. Très très cool. Bravo!
yanote- Gardien du parking
- Personnage préféré : Lisbon
Loisirs : Moto
Localisation : Espagne
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Merci beaucoup Yanote !
Je n'ai actuellement pas trop l'occasion de pouvoir donner suite à cette fic', mais dès la fin de mon boulot (vendredi prochain), je compte bien m'y remettre.
Je n'ai actuellement pas trop l'occasion de pouvoir donner suite à cette fic', mais dès la fin de mon boulot (vendredi prochain), je compte bien m'y remettre.
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
OK, je serai aux aguets.Anarkia a écrit:Merci beaucoup Yanote !
Je n'ai actuellement pas trop l'occasion de pouvoir donner suite à cette fic', mais dès la fin de mon boulot (vendredi prochain), je compte bien m'y remettre.
yanote- Gardien du parking
- Personnage préféré : Lisbon
Loisirs : Moto
Localisation : Espagne
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Je ne commente que rarement les fics, même si je les aime, mais je fais une exception pour la tienne! Parce que là C'est surtout que j'adore la façon dont tu écris, quasiment chaque phrase est poétique. Ce qui donne à ton récit une ambiance particulière, sombre, très esthétique. Surtout qu'il est dur de mettre Red John par écrit, et quand j'écris Red John, je ne parle pas de l'image qu'Heller nous a finalement dévoilé sous les traits du shérif (ça serait te faire une insulte ), mais bien du serial killer tel qu'on nous l'a suggéré le long de la série!
Même si notre vision matérielle du tueur diverge (car tu soutiens Brett Stiles et moi Gale Bertram, cette fic ne fera pas exception et je ne t'en blâmerais pas car je serais incapable d'écrire une fic sur RJ où celui-ci ne serait pas celui qui a ma préférence (voir mon obsession en parlant de Gale ) ), psychologiquement je te rejoins complètement! C'est exactement ainsi que j'imagine RJ, c'est exactement les raisonnements qu'il peut tenir...C'est ainsi qu'il aurait du agir....Je
Et tes tournures de phrases s'accordent parfaitement avec son aura particulière.
Personnellement j'aime beaucoup Lisbon donc évidemment la voir souffrir est toujours dérangeant, mais je te pardonne car il faut bien sacrifier des personnages et le meurtre de Lisbon est important dans le jeu que tu mets en place....Et puis, en fait une scène presque belle....(je suis peut-être dérangée psychologiquement....)Donc, tu es pardonnée
Quand au lien que tu tisses entre RJ et Patrick.....Je trouve ça intéressant, et nul doute que tu éclairciras le mystère de l'enfance de Patrick au cirque.
Vraiment bravo j'envie l'aisance avec laquelle tu manies les mots, non pas que je ne sache pas écrire mais là! Ce qui est également parfait, c'est que pour l'instant chaque scène convient avec le style de la série également!
Donc prends ton temps pour écrire, mais continue si l'inspiration est toujours là Vivement la suite!
Même si notre vision matérielle du tueur diverge (car tu soutiens Brett Stiles et moi Gale Bertram, cette fic ne fera pas exception et je ne t'en blâmerais pas car je serais incapable d'écrire une fic sur RJ où celui-ci ne serait pas celui qui a ma préférence (voir mon obsession en parlant de Gale ) ), psychologiquement je te rejoins complètement! C'est exactement ainsi que j'imagine RJ, c'est exactement les raisonnements qu'il peut tenir...C'est ainsi qu'il aurait du agir....Je
Et tes tournures de phrases s'accordent parfaitement avec son aura particulière.
Personnellement j'aime beaucoup Lisbon donc évidemment la voir souffrir est toujours dérangeant, mais je te pardonne car il faut bien sacrifier des personnages et le meurtre de Lisbon est important dans le jeu que tu mets en place....Et puis, en fait une scène presque belle....(je suis peut-être dérangée psychologiquement....)Donc, tu es pardonnée
Quand au lien que tu tisses entre RJ et Patrick.....Je trouve ça intéressant, et nul doute que tu éclairciras le mystère de l'enfance de Patrick au cirque.
Vraiment bravo j'envie l'aisance avec laquelle tu manies les mots, non pas que je ne sache pas écrire mais là! Ce qui est également parfait, c'est que pour l'instant chaque scène convient avec le style de la série également!
Donc prends ton temps pour écrire, mais continue si l'inspiration est toujours là Vivement la suite!
Esmée del Rey- Gardien du parking
- Personnage préféré : Gale Bertram...... puis après les autres XD
Loisirs : lire (j'adoore la lecture), rechercher des indices sur Red John/John le Rouge
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Chapitre 5 :
"Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi." [1 Jean, 14:6]
"Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi." [1 Jean, 14:6]
« Lisboooon, je vous ai apporté des beignets ! »
Ce matin là, quiconque aurait aperçu l'homme qui fanfaronnait sous le porche de sa collègue aurait à coup sûr cru qu'il rayonnait de sérénité. En réalité, Patrick Jane était en proie à une fronde intérieure, une joute violente entre les différentes émotions qui livraient bataille en lui. Il avait passé quelques heures dans un motel miteux du centre ville, qu'il avait finalement pris le parti de quitter aux alentours de trois heures du matin ; après quoi il avait erré, perdu, dans le quartier en ruine de son ancienne villa. C'est ainsi qu'il se présentait devant les appartements de l'agent Lisbon, la mine faussement réjouie, brouillant les cartes de sa propre conscience comme le lui avait maintes fois enseigné son père avant leurs innombrables tours de passe-passe.
Le consultant devait cependant reconnaître malgré lui qu'il avait passé une bonne partie de la nuit à songer à Teresa. La Teresa qui l'avait accueilli dans son unité, alors qu'il était désemparé et en proie à une soif de vengeance dont elle n'avait jamais décelé la force. La Teresa en apparence blasée, qui levait les yeux au ciel à chacune de ses contrevenances au règlement, mais qui appréciait secrètement ses méthodes. Celle aussi qui, l'air de rien, essuyait sans cesse les plâtres depuis le début de cette traque. Il avait trouvé en elle bien plus qu'une complice éphémère, sans pouvoir néanmoins déterminer la nature de ses sentiments. Peut-être devrait-il se résoudre à lui dévoiler qu'il tenait à elle, bien plus qu'il ne voulait lui-même l'accepter. Les événements de la veille avaient rendu pressant ce besoin de confidence, au moment où leur collaboration professionnelle était au plus fort de la houle.
« Oh, allons Lisbon ! Ne me dites pas que vous oseriez manquer ces délicieux beignets ! »
Elle ne devait sûrement pas l'entendre depuis le porche, bien que quelques voisins ensommeillés lui jetèrent de rapides coups d'oeil sous les rideaux d'un air désapprobateur. Il se décidait à frapper chez elle, son sac de beignets à la main, lorsque son coeur rata un battement. La porte de sa coéquipière était légèrement entrouverte ; pas assez pour permettre à quiconque de l'apercevoir depuis quelques mètres ou attirer d'éventuels voleurs, mais suffisamment pour donner la fâcheuse impression que ce perron le narguait avec insistance. Teresa n'était assurément pas le genre de femme à ne pas verrouiller son antre ; il devinait même qu'elle devait sûrement vérifier le pêne plusieurs fois avant de se coucher. Mû d'une soudaine et désagréable intuition, il poussa imperceptiblement la porte, qui se mettait en branle dans un grincement lugubre. Si Red John avait encore osé barbouiller son amie du sang de sa dernière victime … Il se glissa dans le maigre pan qu'offrait désormais l'entrée et longea discrètement le couloir.
Cet appartement semblait inhabité : voilà ce qui le troublait depuis le début, sans réellement le savoir. Il aperçut distraitement une tasse de thé vide négligemment posée sur la table basse et un petit objet détrempé d'une couleur brunâtre sur le tapis. Du sang. Dans l'urgence, il renversa la lampe débranchée qui ornait le coin d'angle, qui émit un claquement solitaire ; le tueur n'était de toute façon plus là depuis longtemps. Les deux pas qu'il effectua en direction du salon lui semblèrent interminables, le plongeant sourdement dans ses souvenirs les plus enfouis et omniprésents. « Dear Patrick Jane ... » Angela, Charlotte, le mur orné de cette signature abjecte reconnaissable entre mille. Il rouvrit les yeux, lesquels lui répercutèrent de plein fouet le même motif sur la rétine. Son regard se baissa légèrement, alors qu'il cherchait laborieusement sa respiration, urgente et altérée. Lisbon. Allongée sur le tapis absorbant, le visage maculé d'un rictus de souffrance, les ongles peints, le corps imperceptiblement pâli. Le coup de grâce. Jane tomba à terre, comme enveloppé d'un chapelet de cruauté et de douleur. Il enlaça le corps de la jeune femme inanimée, indifférent au sang qui s'accrochait à sa chemise et à la nécessité de préserver les preuves. Red John n'en aurait de toute façon pas laissé. Il murmura plusieurs fois le prénom de la jeune femme, éperdu, tandis que ses larmes dévalaient délibérément sur la joue glacée de Teresa. Il ne tenta pas de les arrêter. Il refusait de croire à cette atrocité, à cette quête égoïste pour laquelle Lisbon avait payé de sa propre vie ; avec absurdité, il se surprit à penser qu'elle allait peut-être bondir sur ses pieds et qu'elle mettait en place un de leurs nouveaux stratagèmes trompe-l'oeil. Mais la vérité était trop évidente pour que quiconque n'ose la nier, et surtout pas Jane : elle s'était consacrée corps et âme à cette enquête, la prenant presque comme une affaire personnelle pour laquelle elle avait renié son éthique. Elle avait pour cela remis sa vie entre les mains de Patrick qui avait encore une fois failli à son devoir. Angela, Charlotte, Kristina, Lorelei, Sophie, Teresa : autant de femmes qu'il n'avait su protéger. La culpabilité s'abattit sur lui telle une chape de plomb. Brusquement, otage d'une impulsion dont il ne prit même pas conscience, il posa ses lèvres sur celles de sa complice, réalisant alors la portée de ses sentiments. « Tu détruis tout ce que tu approches, Jane », pensa-t-il avec confusion, ce murmure intérieur personnifié par la voix fardée de Red John.
Déboussolé, il prit la grenouille en papier entre ses doigts, l'enveloppa dans le traditionnel sachet servant au recueil des pièces à conviction et pianota fébrilement un numéro sur l'écran de son portable. Il aperçut alors une boîte de dimension cubique disposée au centre de la table basse, qu'il n'avait pas remarquée jusqu'alors. Il renonça momentanément à son appel et rangea son portable, s'emparant de l'objet sous lequel était accroché un vulgaire post-it, semblable à celui retrouvé dans la cuisine de Sophie Miller. « C'est ainsi que nous nous retrouvons … Cette boîte semble ridiculement inoffensive, mais prends en grand soin : il est le symbole même de la relation qui nous unit. »
Jane ne saisit pas ce relent de sentimentalisme de la part de Red John, monstre sanguinaire sans scrupule ni compassion ; de plus, jamais celui-ci n'avait employé le tutoiement à son égard. Il ouvrit précautionneusement la boîte, perplexe, ne sachant ce qu'il allait y trouver. Ce qu'il y vit le laissa interdit. Il ignorait pourquoi et comment, mais il sut alors que le tueur avait eu en sa possession l'objet auquel Patrick avait tenu comme à la prunelle de ses yeux durant quelques années. La vérité, qu'il ignorait depuis le début de cette traque, était qu'il existait un véritable lien entre eux, feutré et presque intimiste, bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Ces neuf ans n'avaient été qu'un prélude. Tout commençait ici.
Ce matin là, quiconque aurait aperçu l'homme qui fanfaronnait sous le porche de sa collègue aurait à coup sûr cru qu'il rayonnait de sérénité. En réalité, Patrick Jane était en proie à une fronde intérieure, une joute violente entre les différentes émotions qui livraient bataille en lui. Il avait passé quelques heures dans un motel miteux du centre ville, qu'il avait finalement pris le parti de quitter aux alentours de trois heures du matin ; après quoi il avait erré, perdu, dans le quartier en ruine de son ancienne villa. C'est ainsi qu'il se présentait devant les appartements de l'agent Lisbon, la mine faussement réjouie, brouillant les cartes de sa propre conscience comme le lui avait maintes fois enseigné son père avant leurs innombrables tours de passe-passe.
Le consultant devait cependant reconnaître malgré lui qu'il avait passé une bonne partie de la nuit à songer à Teresa. La Teresa qui l'avait accueilli dans son unité, alors qu'il était désemparé et en proie à une soif de vengeance dont elle n'avait jamais décelé la force. La Teresa en apparence blasée, qui levait les yeux au ciel à chacune de ses contrevenances au règlement, mais qui appréciait secrètement ses méthodes. Celle aussi qui, l'air de rien, essuyait sans cesse les plâtres depuis le début de cette traque. Il avait trouvé en elle bien plus qu'une complice éphémère, sans pouvoir néanmoins déterminer la nature de ses sentiments. Peut-être devrait-il se résoudre à lui dévoiler qu'il tenait à elle, bien plus qu'il ne voulait lui-même l'accepter. Les événements de la veille avaient rendu pressant ce besoin de confidence, au moment où leur collaboration professionnelle était au plus fort de la houle.
« Oh, allons Lisbon ! Ne me dites pas que vous oseriez manquer ces délicieux beignets ! »
Elle ne devait sûrement pas l'entendre depuis le porche, bien que quelques voisins ensommeillés lui jetèrent de rapides coups d'oeil sous les rideaux d'un air désapprobateur. Il se décidait à frapper chez elle, son sac de beignets à la main, lorsque son coeur rata un battement. La porte de sa coéquipière était légèrement entrouverte ; pas assez pour permettre à quiconque de l'apercevoir depuis quelques mètres ou attirer d'éventuels voleurs, mais suffisamment pour donner la fâcheuse impression que ce perron le narguait avec insistance. Teresa n'était assurément pas le genre de femme à ne pas verrouiller son antre ; il devinait même qu'elle devait sûrement vérifier le pêne plusieurs fois avant de se coucher. Mû d'une soudaine et désagréable intuition, il poussa imperceptiblement la porte, qui se mettait en branle dans un grincement lugubre. Si Red John avait encore osé barbouiller son amie du sang de sa dernière victime … Il se glissa dans le maigre pan qu'offrait désormais l'entrée et longea discrètement le couloir.
Cet appartement semblait inhabité : voilà ce qui le troublait depuis le début, sans réellement le savoir. Il aperçut distraitement une tasse de thé vide négligemment posée sur la table basse et un petit objet détrempé d'une couleur brunâtre sur le tapis. Du sang. Dans l'urgence, il renversa la lampe débranchée qui ornait le coin d'angle, qui émit un claquement solitaire ; le tueur n'était de toute façon plus là depuis longtemps. Les deux pas qu'il effectua en direction du salon lui semblèrent interminables, le plongeant sourdement dans ses souvenirs les plus enfouis et omniprésents. « Dear Patrick Jane ... » Angela, Charlotte, le mur orné de cette signature abjecte reconnaissable entre mille. Il rouvrit les yeux, lesquels lui répercutèrent de plein fouet le même motif sur la rétine. Son regard se baissa légèrement, alors qu'il cherchait laborieusement sa respiration, urgente et altérée. Lisbon. Allongée sur le tapis absorbant, le visage maculé d'un rictus de souffrance, les ongles peints, le corps imperceptiblement pâli. Le coup de grâce. Jane tomba à terre, comme enveloppé d'un chapelet de cruauté et de douleur. Il enlaça le corps de la jeune femme inanimée, indifférent au sang qui s'accrochait à sa chemise et à la nécessité de préserver les preuves. Red John n'en aurait de toute façon pas laissé. Il murmura plusieurs fois le prénom de la jeune femme, éperdu, tandis que ses larmes dévalaient délibérément sur la joue glacée de Teresa. Il ne tenta pas de les arrêter. Il refusait de croire à cette atrocité, à cette quête égoïste pour laquelle Lisbon avait payé de sa propre vie ; avec absurdité, il se surprit à penser qu'elle allait peut-être bondir sur ses pieds et qu'elle mettait en place un de leurs nouveaux stratagèmes trompe-l'oeil. Mais la vérité était trop évidente pour que quiconque n'ose la nier, et surtout pas Jane : elle s'était consacrée corps et âme à cette enquête, la prenant presque comme une affaire personnelle pour laquelle elle avait renié son éthique. Elle avait pour cela remis sa vie entre les mains de Patrick qui avait encore une fois failli à son devoir. Angela, Charlotte, Kristina, Lorelei, Sophie, Teresa : autant de femmes qu'il n'avait su protéger. La culpabilité s'abattit sur lui telle une chape de plomb. Brusquement, otage d'une impulsion dont il ne prit même pas conscience, il posa ses lèvres sur celles de sa complice, réalisant alors la portée de ses sentiments. « Tu détruis tout ce que tu approches, Jane », pensa-t-il avec confusion, ce murmure intérieur personnifié par la voix fardée de Red John.
Déboussolé, il prit la grenouille en papier entre ses doigts, l'enveloppa dans le traditionnel sachet servant au recueil des pièces à conviction et pianota fébrilement un numéro sur l'écran de son portable. Il aperçut alors une boîte de dimension cubique disposée au centre de la table basse, qu'il n'avait pas remarquée jusqu'alors. Il renonça momentanément à son appel et rangea son portable, s'emparant de l'objet sous lequel était accroché un vulgaire post-it, semblable à celui retrouvé dans la cuisine de Sophie Miller. « C'est ainsi que nous nous retrouvons … Cette boîte semble ridiculement inoffensive, mais prends en grand soin : il est le symbole même de la relation qui nous unit. »
Jane ne saisit pas ce relent de sentimentalisme de la part de Red John, monstre sanguinaire sans scrupule ni compassion ; de plus, jamais celui-ci n'avait employé le tutoiement à son égard. Il ouvrit précautionneusement la boîte, perplexe, ne sachant ce qu'il allait y trouver. Ce qu'il y vit le laissa interdit. Il ignorait pourquoi et comment, mais il sut alors que le tueur avait eu en sa possession l'objet auquel Patrick avait tenu comme à la prunelle de ses yeux durant quelques années. La vérité, qu'il ignorait depuis le début de cette traque, était qu'il existait un véritable lien entre eux, feutré et presque intimiste, bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Ces neuf ans n'avaient été qu'un prélude. Tout commençait ici.
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Bon...après la torture de Lisbon (et la préparation de sa mort ) dans le chapitre précédent..nous voici à la découverte de son cadavre par Patrick Jane
Bravo car tu arrives à nous envoyer directement dans l'ambiance recherchée: rien qu'au départ nous qui SAVONS nous regardons impuissants le lent basculement de Jane dans l'horreur..
Et le pire c'est évidemment qu'il prend conscience de ses réels sentiments pour Lisbon qu'au moment où elle lui est ôtée..
Ce qui est terriblement triste c'est la profonde culpabilité que porte déjà Jane et qui s'en vient être renforcée par cette mort: il en arrive à la conclusion de porter malheur à tout ce qu'il touche..ce qui est en quelque sorte vrai mais également faux..
Red John évidemment a personnifié la scène en peignant les ongles de Lisbon et en ajoutant en plus la grenouille Pourquoi Redy? Pourquoi as tu fait ça? Non plus sérieusement je comprends parfaitement pourquoi il l'a fait..Mais c'est toujours terrible malgré tout!
Sachant qu'à moins d'une erreur de ma part, tu fais de RJ le père biologique de Jane, les moments où jane pense à son père deviennent évidemment ambiguës (pense t il au forain ou inconsciemment à..)
N'empêche qu'on peut voir une similitude se tisser entre RJ et Jane: le 1er a du être séparé de sa famille (peut être était ce volontaire de la part de la jeune femme afin de préserver son fils) et jane a perdu également sa femme et son enfant à cause de sa provocation (et peut être un certain ressentiment de la part de RJ)
Bref c'était encore superbement bien écrit et j'attends la suite avec impatience!!!
Bravo car tu arrives à nous envoyer directement dans l'ambiance recherchée: rien qu'au départ nous qui SAVONS nous regardons impuissants le lent basculement de Jane dans l'horreur..
Et le pire c'est évidemment qu'il prend conscience de ses réels sentiments pour Lisbon qu'au moment où elle lui est ôtée..
Ce qui est terriblement triste c'est la profonde culpabilité que porte déjà Jane et qui s'en vient être renforcée par cette mort: il en arrive à la conclusion de porter malheur à tout ce qu'il touche..ce qui est en quelque sorte vrai mais également faux..
Red John évidemment a personnifié la scène en peignant les ongles de Lisbon et en ajoutant en plus la grenouille Pourquoi Redy? Pourquoi as tu fait ça? Non plus sérieusement je comprends parfaitement pourquoi il l'a fait..Mais c'est toujours terrible malgré tout!
Sachant qu'à moins d'une erreur de ma part, tu fais de RJ le père biologique de Jane, les moments où jane pense à son père deviennent évidemment ambiguës (pense t il au forain ou inconsciemment à..)
N'empêche qu'on peut voir une similitude se tisser entre RJ et Jane: le 1er a du être séparé de sa famille (peut être était ce volontaire de la part de la jeune femme afin de préserver son fils) et jane a perdu également sa femme et son enfant à cause de sa provocation (et peut être un certain ressentiment de la part de RJ)
Bref c'était encore superbement bien écrit et j'attends la suite avec impatience!!!
Esmée del Rey- Gardien du parking
- Personnage préféré : Gale Bertram...... puis après les autres XD
Loisirs : lire (j'adoore la lecture), rechercher des indices sur Red John/John le Rouge
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Comme tu t'en doutes, si je réponds ici, c'est que la suite arrive dans quelques minutes ! En ce qui me concerne, je n'ai jamais vraiment cru Jane coupable de la mort de ses proches : certes, il s'est frotté à un adversaire plus "fort" que lui et a usé de la provocation à son égard, mais ce n'est pas non plus lui qui a mis le couteau sous la gorge de celles auxquelles il tenait (de différentes façons). Pour ce qui est du reste, tu as vu clair dans mon jeu, mais ce qui se déroule dans ma fic' n'est pas mon opinion sur la série en elle-même, plutôt une suite d'extrapolations. Enfin, je n'en dis pas plus pour l'instant, je compte garder un peu de suspens tout de même (je répondrai à tout cas et à ton MP plus complètement). Ravie que cette fanfic' continue de te plaire.
Chapitre 6 :
"Toutes choses ont leur temps, et tout passe sous le ciel dans les délais qui lui ont été fixés. Il y a un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté." [Ecclesiaste 3-2]
"Toutes choses ont leur temps, et tout passe sous le ciel dans les délais qui lui ont été fixés. Il y a un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté." [Ecclesiaste 3-2]
Le soleil s'égrenait par touches discrètes en cette agréable journée d'automne. Les premières feuilles commençaient à fouler le sol dans un bruissement délicat, les arbres s'agitant paresseusement au rythme de la brise légère. L'air semblait doux, presque feutré, comme chargé de sérénité ; seule la mélodie du clocher venait ajouter une touche carmin à ce tableau immaculé. La foule se pressait désormais au pied de l'église, l'essentiel du cortège vêtu de couleur sombre, tous massés dans cette douleur qui les unissait à cet instant.
Au vu du nombre de personnes présentes ce jour-là, Teresa Lisbon semblait être une femme particulièrement appréciée. Son maigre cercle familial était replié sur lui-même, enlacé sous le poids de la souffrance qui les privait maintenant de la personne qu'ils avaient tant aimée. En tête de file se tenait Tommy, le dos courbé, protégeant ses larmes du reste de l'assemblée : le frère refoulé était assailli de regrets bien trop visibles pour ne pas être remarqués à première vue. A côté de lui siégeait, raide comme un piquet, sa fille Anabeth, pleurant une tante qu'une querelle familiale avait maintenue trop longtemps loin d'elle. Jane se tenait à l'écart, accompagné du reste de son équipe. Cho arborait une mine impassible malgré les sentiments qui menaçaient de déferler à tout moment : Lisbon avait été pour lui un modèle de ténacité et de professionnalisme qu'il admirait profondément, en plus d'être une femme qu'il avait appréciée pour ses nombreuses qualités humaines. Près de lui se tenait également Grace Van Pelt, secouée de sanglots compulsifs, les traits bien trop cernés et pâles pour une si jeune mariée. Rigsby l'étreignait, éperdu et impuissant, sans doute trop enserré lui-même par la tristesse, ne sachant que dire. Patrick Jane comprenait la détresse de la jeune femme, un échange muet ayant involontairement débuté entre eux : elle avait été passablement bouleversée par la tragédie s'étant déroulée dans la villa quelques jours auparavant, surtout lorsqu'elle avait appris la mort de Bret Stiles, et devait maintenant faire face à la disparition cruelle de sa patronne. Mais, bien au-delà de ça, Patrick savait qu'elle pensait également au drame ayant secoué sa propre existence, l'affaire Red John provoquant en elle une réminiscence inévitable de sa relation avec Craig O'Laughin. Quoi que la vie aie pu lui apporter par la suite, sa mémoire en resterait irrévocablement marquée au fer rouge, et avec elle la douleur sourde des trahisons et d'un amour déchu. Jane serra doucement le bras de Grace et l'attira dans ses bras, où elle pleura de tout son soûl, en flots intarissables.
Bien plus rapidement qu'il ne l'aurait cru, ce fût au tour de Patrick de prendre la parole pour un dernier hommage. Tous les regards curieux, voire parfois outrés, se tournèrent vers lui, qui n'avait pas versé une larme depuis le début de la cérémonie. Tous pensaient pouvoir se permettre de le jauger à la hâte, mais ignoraient qu'ils ne ressentiraient jamais une perte aussi grande que celle avec laquelle il était désormais condamné à vivre. Il prit le micro d'une main tremblante, dénué de sa superbe habituelle, sans fard ni contenance, prenant soin d'appesantir son regard chargé de sous-entendu sur Gale Bertram, au premier rang. Celui-ci, perdu dans ses pensées, la mine basse, ne sembla même pas le remarquer, et esquissait la moue déconfite de quelqu'un qui réalise brusquement que tout n'a pas tourné comme prévu. Un sacré comédien en somme, pensa Jane. Il se racla la gorge, indifférent au sens que prendrait son discours, laissant les apparences et tout autre faux-semblant à l'écart.
« Voilà … Nous sommes réunis ici pour la dernière fois autour de … Teresa ; je ne pense pas qu'elle m'en voudrait si elle m'entendait prononcer son prénom et puis … Vous savez, la femme pour laquelle nous sommes là aujourd'hui m'a beaucoup apporté. Je suis Patrick Jane, consultant du CBI, que l'agent Lisbon avait intégré dans son équipe à la suite d'un rebondissement dans l'affaire Red John. Certains me reconnaîtront peut-être, il a exécuté ma femme et ma fille et … Teresa était une femme brillante, digne de confiance, qui s'est montré présente à tout moment, qui … Valait bien plus que moi et qui aurait mérité que quelqu'un la protège … Je sais qu'à la suite d'un deuil, on se démène toujours pour trouver un coupable à tout ça : sachez que tout est de ma faute. Elle s'était investie auprès de moi dans la recherche du tueur de ma famille, et … Mais bien plus que tout, j'aimais Teresa, sincèrement. Je l'aimais pour ce qu'elle était, pour ce qu'elle n'était pas aussi, elle avait réussi à redonner un sens à ma vie, au-delà de l'enquête. Aujourd'hui, je voulais surtout vous présenter mes excuses, à tous, ainsi qu'à toi Teresa … »
La voix de Jane se brisa alors qu'il jeta faiblement sur la stèle la rose rouge qu'il tenait à la main, et qu'il extirpa de sa poche un fin morceau de papier, qui sautilla joyeusement sur le marbre froid. Il retira ses doigts de la grenouille de fortune comme si elle l'avait brûlée et s'éclipsa sans demander son reste, inconscient de tous les regards qui suivaient ses pas. Quelques secondes plus tard, son regard se posait sur deux tombes qui lui étaient farouchement familières, effleurant des doigts les inscriptions qui les ornait : Angela Ruskin Jane. Charlotte Jane. Patrick avait tenu à ce que Lisbon soit enterrée dans le même cimetière que celui qui avait scellé son destin dix ans auparavant et qui accueillait chaque année sa funeste commémoration. De là où se dressaient les deux plaques de marbre, aucun invité présent à la cérémonie ne pouvait l'apercevoir et il s'écroula près de celle de sa fille, les sanglots lui brûlant les yeux. Il lui semblait en cet instant qu'on pouvait, dans une certaine mesure, finir par se remettre de la disparition d'une épouse, aussi douloureuse fut-elle, mais la privation de sa chair constituait toujours une plaie à vif que rien ne pourrait atténuer. Jane acquit ici la certitude qu'il avait définitivement tout perdu, quelle que soit l'issue de ce duel avec Red John. Parce qu'il continuerait, bien sûr : ce n'était plus que son unique raison de vivre. Que pouvait-il bien lui rester d'autre ?
Les branches craquèrent faiblement sur le sol et il se retrouva instantanément nez à nez avec une paire de chaussures de luxe soigneusement lustrées. Une main se posa sur son épaule, alors qu'il se hâtait de tarir le flot ininterrompu de sa profonde solitude. Il essuya ses joues d'une main et leva les yeux vers son mystérieux consolateur. De stupeur, il écarquilla les yeux et rejeta les doigts de l'homme avec brusquerie, qui tenta de masquer son embarras.
« - Une grenouille en papier pour un enterrement, ce n'est pas très approprié, vous ne pensez pas ?
- Vous trouvez ça plus pertinent pour un enterrement ou pour une scène de crime, Gale ?
- Je …, Bertram fut momentanément à cours de mot sous l'impact de la surprise. Je ne sais pas de quoi vous parlez …
- Eh bien, d'une grenouille en papier, donc. A peu près le même modèle que celle qu'il y avait près du corps de Lisbon.
- Le rapport n'a mentionné aucune création de ce genre, lui renvoya Gale d'un air méfiant.
- Figurez-vous justement que j'en ai ici l'exemplaire original, déclara calmement Jane en se relevant et fouillant dans sa poche arrière. Tenez.
- C'est quoi ce … Jane ! Combien de fois vous ai-je dit de ne pas saboter les scènes de crime ? Vous devez laisser chacune des preuves en l'état et les remettre aux spécialistes compétents ! Ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre !
- L'ennui, justement, c'est que vous n'avez aucun besoin de lire ce qui figure dans le dossier pour connaître les agissements de Red John. Vous savez pour quelle raison ? Soit parce que vous êtes au courant de tous les crimes perpétrés par votre copain, soit parce que ces mêmes crimes sont signés de votre main.
- Enfin Jane, comment pouvez-vous … Je veux dire, nous sommes à un enterrement tout de même, ce n'est pas le lieu pour ce genre de discussion. Nous pouvons continuer ce débat très instructif dans ma voiture si vous acceptez que je vous ramène après la fin de la cérémonie. J'ai cru comprendre que la votre avait subi de fâcheux dégâts. »
Patrick Jane ne répondit rien, tandis qu'il réfléchissait soigneusement aux dernières paroles de Bertram. Celui-ci avait semblé réellement étonné de prime abord, avant d'être sur le point d'ajouter presque malgré lui : « Enfin Jane, comment pouvez-vous penser que j'aurais fait une atrocité pareille à Lisbon ? ». Il s'était évidemment bien vite repris en arborant un ton des plus condescendants lorsqu'il lui avait offert de le raccompagner, mais Patrick Jane avait le vague sentiment que quelque chose clochait, sans parvenir à mettre le doigt dessus.
« C'est d'accord », dit-il laconiquement, avant d'adopter une mine faussement réjouie : « Au fait Gale, le paysage est vraiment magnifique par ici, vous y avez jeté un oeil ? »
Alors que Jane prenait un soin tout particulier à ne pas se pencher par dessus la rambarde, Bertram plongea tête la première vers la vue panoramique.
« Ah oui Jane, pour une fois vous aviez raison : c'est vraiment superbe … Lisbon l'aurait sans doute appréciée. », ajouta-t-il pour lui-même, l'air sombre, sans prêter aucune attention au consultant qui l'épiait consciencieusement.
Au vu du nombre de personnes présentes ce jour-là, Teresa Lisbon semblait être une femme particulièrement appréciée. Son maigre cercle familial était replié sur lui-même, enlacé sous le poids de la souffrance qui les privait maintenant de la personne qu'ils avaient tant aimée. En tête de file se tenait Tommy, le dos courbé, protégeant ses larmes du reste de l'assemblée : le frère refoulé était assailli de regrets bien trop visibles pour ne pas être remarqués à première vue. A côté de lui siégeait, raide comme un piquet, sa fille Anabeth, pleurant une tante qu'une querelle familiale avait maintenue trop longtemps loin d'elle. Jane se tenait à l'écart, accompagné du reste de son équipe. Cho arborait une mine impassible malgré les sentiments qui menaçaient de déferler à tout moment : Lisbon avait été pour lui un modèle de ténacité et de professionnalisme qu'il admirait profondément, en plus d'être une femme qu'il avait appréciée pour ses nombreuses qualités humaines. Près de lui se tenait également Grace Van Pelt, secouée de sanglots compulsifs, les traits bien trop cernés et pâles pour une si jeune mariée. Rigsby l'étreignait, éperdu et impuissant, sans doute trop enserré lui-même par la tristesse, ne sachant que dire. Patrick Jane comprenait la détresse de la jeune femme, un échange muet ayant involontairement débuté entre eux : elle avait été passablement bouleversée par la tragédie s'étant déroulée dans la villa quelques jours auparavant, surtout lorsqu'elle avait appris la mort de Bret Stiles, et devait maintenant faire face à la disparition cruelle de sa patronne. Mais, bien au-delà de ça, Patrick savait qu'elle pensait également au drame ayant secoué sa propre existence, l'affaire Red John provoquant en elle une réminiscence inévitable de sa relation avec Craig O'Laughin. Quoi que la vie aie pu lui apporter par la suite, sa mémoire en resterait irrévocablement marquée au fer rouge, et avec elle la douleur sourde des trahisons et d'un amour déchu. Jane serra doucement le bras de Grace et l'attira dans ses bras, où elle pleura de tout son soûl, en flots intarissables.
Bien plus rapidement qu'il ne l'aurait cru, ce fût au tour de Patrick de prendre la parole pour un dernier hommage. Tous les regards curieux, voire parfois outrés, se tournèrent vers lui, qui n'avait pas versé une larme depuis le début de la cérémonie. Tous pensaient pouvoir se permettre de le jauger à la hâte, mais ignoraient qu'ils ne ressentiraient jamais une perte aussi grande que celle avec laquelle il était désormais condamné à vivre. Il prit le micro d'une main tremblante, dénué de sa superbe habituelle, sans fard ni contenance, prenant soin d'appesantir son regard chargé de sous-entendu sur Gale Bertram, au premier rang. Celui-ci, perdu dans ses pensées, la mine basse, ne sembla même pas le remarquer, et esquissait la moue déconfite de quelqu'un qui réalise brusquement que tout n'a pas tourné comme prévu. Un sacré comédien en somme, pensa Jane. Il se racla la gorge, indifférent au sens que prendrait son discours, laissant les apparences et tout autre faux-semblant à l'écart.
« Voilà … Nous sommes réunis ici pour la dernière fois autour de … Teresa ; je ne pense pas qu'elle m'en voudrait si elle m'entendait prononcer son prénom et puis … Vous savez, la femme pour laquelle nous sommes là aujourd'hui m'a beaucoup apporté. Je suis Patrick Jane, consultant du CBI, que l'agent Lisbon avait intégré dans son équipe à la suite d'un rebondissement dans l'affaire Red John. Certains me reconnaîtront peut-être, il a exécuté ma femme et ma fille et … Teresa était une femme brillante, digne de confiance, qui s'est montré présente à tout moment, qui … Valait bien plus que moi et qui aurait mérité que quelqu'un la protège … Je sais qu'à la suite d'un deuil, on se démène toujours pour trouver un coupable à tout ça : sachez que tout est de ma faute. Elle s'était investie auprès de moi dans la recherche du tueur de ma famille, et … Mais bien plus que tout, j'aimais Teresa, sincèrement. Je l'aimais pour ce qu'elle était, pour ce qu'elle n'était pas aussi, elle avait réussi à redonner un sens à ma vie, au-delà de l'enquête. Aujourd'hui, je voulais surtout vous présenter mes excuses, à tous, ainsi qu'à toi Teresa … »
La voix de Jane se brisa alors qu'il jeta faiblement sur la stèle la rose rouge qu'il tenait à la main, et qu'il extirpa de sa poche un fin morceau de papier, qui sautilla joyeusement sur le marbre froid. Il retira ses doigts de la grenouille de fortune comme si elle l'avait brûlée et s'éclipsa sans demander son reste, inconscient de tous les regards qui suivaient ses pas. Quelques secondes plus tard, son regard se posait sur deux tombes qui lui étaient farouchement familières, effleurant des doigts les inscriptions qui les ornait : Angela Ruskin Jane. Charlotte Jane. Patrick avait tenu à ce que Lisbon soit enterrée dans le même cimetière que celui qui avait scellé son destin dix ans auparavant et qui accueillait chaque année sa funeste commémoration. De là où se dressaient les deux plaques de marbre, aucun invité présent à la cérémonie ne pouvait l'apercevoir et il s'écroula près de celle de sa fille, les sanglots lui brûlant les yeux. Il lui semblait en cet instant qu'on pouvait, dans une certaine mesure, finir par se remettre de la disparition d'une épouse, aussi douloureuse fut-elle, mais la privation de sa chair constituait toujours une plaie à vif que rien ne pourrait atténuer. Jane acquit ici la certitude qu'il avait définitivement tout perdu, quelle que soit l'issue de ce duel avec Red John. Parce qu'il continuerait, bien sûr : ce n'était plus que son unique raison de vivre. Que pouvait-il bien lui rester d'autre ?
Les branches craquèrent faiblement sur le sol et il se retrouva instantanément nez à nez avec une paire de chaussures de luxe soigneusement lustrées. Une main se posa sur son épaule, alors qu'il se hâtait de tarir le flot ininterrompu de sa profonde solitude. Il essuya ses joues d'une main et leva les yeux vers son mystérieux consolateur. De stupeur, il écarquilla les yeux et rejeta les doigts de l'homme avec brusquerie, qui tenta de masquer son embarras.
« - Une grenouille en papier pour un enterrement, ce n'est pas très approprié, vous ne pensez pas ?
- Vous trouvez ça plus pertinent pour un enterrement ou pour une scène de crime, Gale ?
- Je …, Bertram fut momentanément à cours de mot sous l'impact de la surprise. Je ne sais pas de quoi vous parlez …
- Eh bien, d'une grenouille en papier, donc. A peu près le même modèle que celle qu'il y avait près du corps de Lisbon.
- Le rapport n'a mentionné aucune création de ce genre, lui renvoya Gale d'un air méfiant.
- Figurez-vous justement que j'en ai ici l'exemplaire original, déclara calmement Jane en se relevant et fouillant dans sa poche arrière. Tenez.
- C'est quoi ce … Jane ! Combien de fois vous ai-je dit de ne pas saboter les scènes de crime ? Vous devez laisser chacune des preuves en l'état et les remettre aux spécialistes compétents ! Ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre !
- L'ennui, justement, c'est que vous n'avez aucun besoin de lire ce qui figure dans le dossier pour connaître les agissements de Red John. Vous savez pour quelle raison ? Soit parce que vous êtes au courant de tous les crimes perpétrés par votre copain, soit parce que ces mêmes crimes sont signés de votre main.
- Enfin Jane, comment pouvez-vous … Je veux dire, nous sommes à un enterrement tout de même, ce n'est pas le lieu pour ce genre de discussion. Nous pouvons continuer ce débat très instructif dans ma voiture si vous acceptez que je vous ramène après la fin de la cérémonie. J'ai cru comprendre que la votre avait subi de fâcheux dégâts. »
Patrick Jane ne répondit rien, tandis qu'il réfléchissait soigneusement aux dernières paroles de Bertram. Celui-ci avait semblé réellement étonné de prime abord, avant d'être sur le point d'ajouter presque malgré lui : « Enfin Jane, comment pouvez-vous penser que j'aurais fait une atrocité pareille à Lisbon ? ». Il s'était évidemment bien vite repris en arborant un ton des plus condescendants lorsqu'il lui avait offert de le raccompagner, mais Patrick Jane avait le vague sentiment que quelque chose clochait, sans parvenir à mettre le doigt dessus.
« C'est d'accord », dit-il laconiquement, avant d'adopter une mine faussement réjouie : « Au fait Gale, le paysage est vraiment magnifique par ici, vous y avez jeté un oeil ? »
Alors que Jane prenait un soin tout particulier à ne pas se pencher par dessus la rambarde, Bertram plongea tête la première vers la vue panoramique.
« Ah oui Jane, pour une fois vous aviez raison : c'est vraiment superbe … Lisbon l'aurait sans doute appréciée. », ajouta-t-il pour lui-même, l'air sombre, sans prêter aucune attention au consultant qui l'épiait consciencieusement.
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Alors là....
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah Tu as mis Gale! Tu as mis gale Gale is here!!!!!!!!++ je suis morte mon Gale Bertram..mais j'espère qu'il va pas mourir , je ne veux pas revivre un deuil et en plus il ferait un bon RJ tu sais
Non là je ne veux juste pas qu'il meure je me suis faite une raison ayant déjà subit le shérif sérieusement je préfère ton RJ
Si je te faisais juste une petite remarque ça serait le fait que Jane n appelerait jamais Bertram par son prénom ou si jamais il se le permettait alors soit Gale le ferait remarquer soit il lui répondrait en l'appelant Patrick
Désolée je ne peux pas faire d'autres commentaires construits je suis juste hystérique
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah Tu as mis Gale! Tu as mis gale Gale is here!!!!!!!!++ je suis morte mon Gale Bertram..mais j'espère qu'il va pas mourir , je ne veux pas revivre un deuil et en plus il ferait un bon RJ tu sais
Non là je ne veux juste pas qu'il meure je me suis faite une raison ayant déjà subit le shérif sérieusement je préfère ton RJ
Si je te faisais juste une petite remarque ça serait le fait que Jane n appelerait jamais Bertram par son prénom ou si jamais il se le permettait alors soit Gale le ferait remarquer soit il lui répondrait en l'appelant Patrick
Désolée je ne peux pas faire d'autres commentaires construits je suis juste hystérique
Esmée del Rey- Gardien du parking
- Personnage préféré : Gale Bertram...... puis après les autres XD
Loisirs : lire (j'adoore la lecture), rechercher des indices sur Red John/John le Rouge
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Bon bah c'est à mon tour de commenter un peu ta fic ! Que dire... Ton histoire est superbe même si j'ai les larmes aux yeux de savoir Lisbon morte... Mais bon avec toi il fallait pas s'attendre à ce qu'elle soit avec Jane ! Sinon j'adore comment tu décris les scènes ! On a l'impression que ça se passe devant nous. Je trouve ça intéressant de voir comment Jane s'en sort tout seul ! Bref
VSL
VSL
Maë'- Agent de circulation
- Personnage préféré : Jane, Lisbon et l'ex équipe du CBI
Loisirs : Ordi, équitation, lire des fics sur TM,...
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Par avance, toutes mes excuses à Esmée et Lilia ; sans rancune j'espère, parce que vous m'avez appris à l'aimer un petit peu quand même votre Gale (mais voilà, j'ai peur des représailles quoi )
"Venez, ralliez le grand festin de Dieu ! Vous y avalerez chairs de rois, et chairs de grands capitaines, et chairs de héros, et chairs de chevaux avec leurs cavaliers, et chairs de toutes gens, libres et esclaves, petits et grands !" [Apocalypse 19,1-18]
Chapitre 7 :
"Venez, ralliez le grand festin de Dieu ! Vous y avalerez chairs de rois, et chairs de grands capitaines, et chairs de héros, et chairs de chevaux avec leurs cavaliers, et chairs de toutes gens, libres et esclaves, petits et grands !" [Apocalypse 19,1-18]
Après avoir raccompagné Jane dans son sordide taudis de bord de route, il n'avait cessé de rouler pendant des heures, regardant d'un oeil torve l'asphalte défiler devant ses yeux. Avant d'être un charlatan de seconde zone faisant preuve d'un cynisme insupportable, le mentaliste était surtout un homme de sentiments authentiques. C'était une facette qu'il n'aurait jamais cru pouvoir déceler en lui. De manière irrationnelle, il avait toujours douté du fait que celui-ci puisse posséder une conscience à peu près correcte. Désormais, il peinait à se représenter fidèlement le Jane des temps jadis, humour douteux et sourire moqueur aux lèvres. Il lui semblait que ce dernier était définitivement mort, au profit d'un homme brisé par la fatalité qui ne cessait de le frapper. Ce fut sans doute l'unique fois où il osa se détourner de ce qui avait constitué un pan de sa vie durant une vingtaine d'années : Red John était un type complètement taré qui s'acharnait sans aucune raison sur un … Oui, sur innocent, en quelque sorte. L'unique vérité lui apparut au grand jour. Le fric, toujours le fric, le pouvoir, encore et encore, avide de contrôle. Il n'avait agi que dans ce but, ne cherchant pas à comprendre les réelles motivations de tous ces rouages. Lisbon avait, elle aussi, payé pour un crime qu'elle n'avait pas commis, payé pour avoir souhaité que justice s'exprime. Lisbon était une femme bornée, bien peu diplomate, peu calculatrice, ce qui la rendait quelquefois maladroite. Mais il n'aurait jamais pu envisager de s'en prendre à la jeune femme. Parce qu'il n'était pas ce taré de Red John. « C'est dingue ce que l'alcool peut vous ouvrir les yeux », songea-t-il amèrement.
Le véhicule effectua quelques zig-zag approximatifs dans un crissement de pneus. Il était grand temps qu'il fasse une halte. Il poussa encore un peu plus au sud, le compteur indiquant une vitesse frôlant l'imprudence. Une dizaine de minutes plus tard, il finit par stopper net devant un casino qu'il fréquentait assidument (en réalité, il les fréquentait tous assidument), dans un geste peu assuré. Il mesurait désormais l'ampleur de ses actes, de ses vingt ans de corruption qui n'avaient pas uniquement engagé quelques milliers de dollars, mais aussi des personnes bien réelles, faites de chair et de sang. Dont plusieurs étaient sous terre à l'heure qu'il était. L'alcool s'ajoutant à la panique, il fut presque terrassé par le vent glacial alors qu'il ouvrit sa portière. Il se hâta vers l'entrée, ne remarquant pas le pick-up aux vitres teintés qui l'avait accompagné pendant une bonne centaine de kilomètres. Quelques heures plus tôt, son passager, effondré, avait commis la même erreur.
« - Bonsoir Monsieur Bertram … La même table de jeu, comme d'habitude ?
- Que voulez-vous, on ne se refait pas, tenta-t-il d'ironiser dans un sourire fébrile.
- Vous désirerez boire quelque chose ? Double scotch ?
- Parfait, articula-t-il avant de se diriger vers la table de poker, où plusieurs personnes étaient déjà attablés, les yeux dévorés par l'appât du gain. »
Il s'effondra presque sur sa chaise, omettant de poser sa veste sur le dossier en cuir malgré la chaleur de l'établissement qui contrastait avec la froideur implacable de la nuit. De la peur. Néanmoins, au terme de la demi-heure qui s'était écoulée, il avait déjà siroté deux whiskys, perdu quelques centaines de dollars, échangé quelques piques acerbes avec son adversaire et finalement ôté sa veste. En d'autres termes : il avait tenté tant bien que mal de se refaire une santé et de renouer avec ses rituels nocturnes. Tout absorbé qu'il était par les quelques compliments qui circulaient autour de son travail remarquable pour le CBI, il n'entendit pas un nouvel arrivant s'approcher. Ne cilla même pas quand celui-ci l'effleura discrètement, suggérant sa présence sans l'imposer. Le hasard étant souvent bien avisé, ce dernier repéra une chaise vide en face de celle de Bertram et y prit place, l'observant quelques minutes, un sourire ironique aux lèvres. Décidément, Gale ne remarquait rien quand le dollar se trouvait à proximité. L'intéressé finit néanmoins par décoller ses yeux excédés de son maigre tas de jetons qui diminuait méthodiquement et ses yeux heurtèrent le mystérieux étranger. Son regard se figea en deux cercles parfaits, un éclat de stupeur semblable au célèbre tableau de Munch se peignant progressivement sur son visage.
« - Bonsoir, Gale.
- Mais enfin, vous …, murmura-t-il faiblement, ne pouvant ajouter autre chose d'intelligible.
- Eh bien, visiblement je fais cet effet à tout le monde, en ce moment. Je sais que je devrais sans doute m'en accommoder, mais je ne peux m'empêcher d'être un peu, comment dire … Froissé. Une partie de poker, Gale ? »
Il trouvait insupportable cette manière presque insolente de placer ainsi son prénom à chaque fin de phrase, mais n'émit aucun commentaire. Il n'eut même pas le temps de formuler une bribe de réponse que l'homme avait déjà commencé à battre le paquet de cartes qui se trouvait au centre de la table. Bertram eut presque le réflexe de prendre sa veste et de partir vainement à toutes trombes vers la sortie, mais une serveuse se matérialisa à quelques centimètres de lui, lui interdisant tout mouvement brusque. Il n'eut même pas le coeur à la reluquer.
« - Vous souhaiteriez boire quelque chose, Monsieur … ?, s'enquit-elle avec hésitation, n'ayant jamais aperçu l'homme en complet noir assis en face de Bertram.
- Un thé, si vous avez, répondit-il d'un ton sans équivoque, ne répondant pas à la question implicite de la délicieuse rousse quant à son identité.
- Un thé ? Vous êtes sûr ? Nous avons plutôt des cocktails, des alcools forts, des …
- Non, un thé sera parfait, merci.
- Bon, je vais voir si je peux vous trouver ça, déclara-t-elle un peu sèchement, avant de tourner ses vertigineux talons en direction du bar. »
Les deux hommes s'observèrent en silence, l'un arborant un sourire en coin et l'autre cachant autant qu'il le pouvait ses mains sous la table pour en masquer le tremblement continu. Une lutte muette et acharnée se déroulait entre eux, un échange de pouvoir fictif qui s'intensifiait à chaque seconde. La serveuse revint enfin avec une infusion classique, qu'elle posa sur la table sans délicatesse. Une infusion ordinaire valait toujours mieux que rien. Il reprit finalement le paquet de cartes en ne quittant pas le directeur du CBI de ses yeux bleus perçants. L'ancien directeur du CBI, plus exactement. « Et donc, Gale, nous en étions à cette partie de poker ... » Celle-ci se déroula dans une intense atmosphère chargée de tension, de défi et d'affrontement. La rivalité ne s'inscrivait plus dans le cadre du jeu, mais la dépassait très largement, engageait des conséquences inévitables. Gale fut désigné perdant par la force des choses, son jeu n'étant largement pas à la hauteur de celui de son adversaire.
« Vous manquez vraiment de technique, Gale … Que diriez-vous de prolonger cette discussion dehors ? Je connais quelques endroits sympathiques où nous pourrions affiner votre stratégie. »
Ne lui laissant pas vraiment le choix, l'homme se leva, incitant par sa seule gestuelle Bertram à faire de même. Celui-ci prit sa veste d'un mouvement mal assuré, renversa la chaise qui s'abattit sur le sol dans un bruit sourd. Toutes discussions cessèrent momentanément, tout le monde jetant des yeux curieux en direction de cette nuisance sonore qui avait eu l'audace de les déconcentrer de leur partie. Une poignée de secondes après, tous s'en étaient retournés à leur table de jeu, indifférents. L'homme en complet noir se rembrunit devant cette maladresse, mais n'en laissa rien paraître. Une fois la lourde chaise ramassée, Bertram lui emboîta le pas sans grande conviction.
Sur le bord de route désert légèrement éloigné du casino, l'homme ouvrit la portière conducteur du pick-up, informant Gale qu'il s'installerait avant de lui ouvrir le côté passager de l'intérieur. Celui-ci remonta le col de sa veste, décidément peu appropriée à cette météo peu clémente. Il commençait à trouver l'attente longue, lorsque l'homme descendit de la voiture, l'air gêné.
« Je crois qu'elle ne démarre plus, enfin vous savez ce que c'est, les longs trajets … Je ne suis même pas parvenu à actionner le contact pour ouvrir les portes. Voulez-vous qu'on prenne votre voiture ou bien auriez-vous le temps d'y jeter un coup d'oeil ? Ne prenez pas cet air inquiet, nous avons tout notre temps … Pour votre stratégie. »
Bertram hésita, puis finit par contourner l'imposant véhicule, essayant de comprendre ce qui clochait. Pourquoi ne l'avait-il pas fait monter à bord pour le tuer ? Parce qu'il ne voulait pas le tuer. Peut-être avait-il tout simplement une panne de voiture ? Le plus simple serait de vérifier avant de …
Sa seconde d'inattention durant laquelle il avait tourné le dos à son interlocuteur le projeta à terre, incapable d'esquisser le moindre mouvement. La décharge électrique n'avait pas eu le temps de le surprendre.
« Dites moi Gale, de quoi aviez-vous discuté avec Patrick Jane exactement ? »
Celui-ci se défendit vaguement, encore sous le choc. La réponse ne semblait pas satisfaire son adversaire. « J'ai tout mon temps, et ne vous avisez pas de vous parer de mauvaise volonté … Je dis ça dans votre intérêt. »
Bertram réitéra sa réponse. Il n'y eut plus aucun bruit, le silence absolu qui régnait lui glaçant encore plus le sang que la situation en elle-même. Rien ne venait alors troubler le calme cruel de la nuit, si ce n'est le hurlement qui se répercuta dans le vide quelques instants plus tard.
En revenant vers le pick-up, l'homme se fit la réflexion qu'avec un peu plus de coopération de la part de Gale Bertram, son costume neuf n'aurait pas été aussi malmené. Il était désormais inutilisable, maculé ainsi de cette teinte brunâtre disgracieuse, étrenné par cette avant-dernière étape du plan ...
Le véhicule effectua quelques zig-zag approximatifs dans un crissement de pneus. Il était grand temps qu'il fasse une halte. Il poussa encore un peu plus au sud, le compteur indiquant une vitesse frôlant l'imprudence. Une dizaine de minutes plus tard, il finit par stopper net devant un casino qu'il fréquentait assidument (en réalité, il les fréquentait tous assidument), dans un geste peu assuré. Il mesurait désormais l'ampleur de ses actes, de ses vingt ans de corruption qui n'avaient pas uniquement engagé quelques milliers de dollars, mais aussi des personnes bien réelles, faites de chair et de sang. Dont plusieurs étaient sous terre à l'heure qu'il était. L'alcool s'ajoutant à la panique, il fut presque terrassé par le vent glacial alors qu'il ouvrit sa portière. Il se hâta vers l'entrée, ne remarquant pas le pick-up aux vitres teintés qui l'avait accompagné pendant une bonne centaine de kilomètres. Quelques heures plus tôt, son passager, effondré, avait commis la même erreur.
« - Bonsoir Monsieur Bertram … La même table de jeu, comme d'habitude ?
- Que voulez-vous, on ne se refait pas, tenta-t-il d'ironiser dans un sourire fébrile.
- Vous désirerez boire quelque chose ? Double scotch ?
- Parfait, articula-t-il avant de se diriger vers la table de poker, où plusieurs personnes étaient déjà attablés, les yeux dévorés par l'appât du gain. »
Il s'effondra presque sur sa chaise, omettant de poser sa veste sur le dossier en cuir malgré la chaleur de l'établissement qui contrastait avec la froideur implacable de la nuit. De la peur. Néanmoins, au terme de la demi-heure qui s'était écoulée, il avait déjà siroté deux whiskys, perdu quelques centaines de dollars, échangé quelques piques acerbes avec son adversaire et finalement ôté sa veste. En d'autres termes : il avait tenté tant bien que mal de se refaire une santé et de renouer avec ses rituels nocturnes. Tout absorbé qu'il était par les quelques compliments qui circulaient autour de son travail remarquable pour le CBI, il n'entendit pas un nouvel arrivant s'approcher. Ne cilla même pas quand celui-ci l'effleura discrètement, suggérant sa présence sans l'imposer. Le hasard étant souvent bien avisé, ce dernier repéra une chaise vide en face de celle de Bertram et y prit place, l'observant quelques minutes, un sourire ironique aux lèvres. Décidément, Gale ne remarquait rien quand le dollar se trouvait à proximité. L'intéressé finit néanmoins par décoller ses yeux excédés de son maigre tas de jetons qui diminuait méthodiquement et ses yeux heurtèrent le mystérieux étranger. Son regard se figea en deux cercles parfaits, un éclat de stupeur semblable au célèbre tableau de Munch se peignant progressivement sur son visage.
« - Bonsoir, Gale.
- Mais enfin, vous …, murmura-t-il faiblement, ne pouvant ajouter autre chose d'intelligible.
- Eh bien, visiblement je fais cet effet à tout le monde, en ce moment. Je sais que je devrais sans doute m'en accommoder, mais je ne peux m'empêcher d'être un peu, comment dire … Froissé. Une partie de poker, Gale ? »
Il trouvait insupportable cette manière presque insolente de placer ainsi son prénom à chaque fin de phrase, mais n'émit aucun commentaire. Il n'eut même pas le temps de formuler une bribe de réponse que l'homme avait déjà commencé à battre le paquet de cartes qui se trouvait au centre de la table. Bertram eut presque le réflexe de prendre sa veste et de partir vainement à toutes trombes vers la sortie, mais une serveuse se matérialisa à quelques centimètres de lui, lui interdisant tout mouvement brusque. Il n'eut même pas le coeur à la reluquer.
« - Vous souhaiteriez boire quelque chose, Monsieur … ?, s'enquit-elle avec hésitation, n'ayant jamais aperçu l'homme en complet noir assis en face de Bertram.
- Un thé, si vous avez, répondit-il d'un ton sans équivoque, ne répondant pas à la question implicite de la délicieuse rousse quant à son identité.
- Un thé ? Vous êtes sûr ? Nous avons plutôt des cocktails, des alcools forts, des …
- Non, un thé sera parfait, merci.
- Bon, je vais voir si je peux vous trouver ça, déclara-t-elle un peu sèchement, avant de tourner ses vertigineux talons en direction du bar. »
Les deux hommes s'observèrent en silence, l'un arborant un sourire en coin et l'autre cachant autant qu'il le pouvait ses mains sous la table pour en masquer le tremblement continu. Une lutte muette et acharnée se déroulait entre eux, un échange de pouvoir fictif qui s'intensifiait à chaque seconde. La serveuse revint enfin avec une infusion classique, qu'elle posa sur la table sans délicatesse. Une infusion ordinaire valait toujours mieux que rien. Il reprit finalement le paquet de cartes en ne quittant pas le directeur du CBI de ses yeux bleus perçants. L'ancien directeur du CBI, plus exactement. « Et donc, Gale, nous en étions à cette partie de poker ... » Celle-ci se déroula dans une intense atmosphère chargée de tension, de défi et d'affrontement. La rivalité ne s'inscrivait plus dans le cadre du jeu, mais la dépassait très largement, engageait des conséquences inévitables. Gale fut désigné perdant par la force des choses, son jeu n'étant largement pas à la hauteur de celui de son adversaire.
« Vous manquez vraiment de technique, Gale … Que diriez-vous de prolonger cette discussion dehors ? Je connais quelques endroits sympathiques où nous pourrions affiner votre stratégie. »
Ne lui laissant pas vraiment le choix, l'homme se leva, incitant par sa seule gestuelle Bertram à faire de même. Celui-ci prit sa veste d'un mouvement mal assuré, renversa la chaise qui s'abattit sur le sol dans un bruit sourd. Toutes discussions cessèrent momentanément, tout le monde jetant des yeux curieux en direction de cette nuisance sonore qui avait eu l'audace de les déconcentrer de leur partie. Une poignée de secondes après, tous s'en étaient retournés à leur table de jeu, indifférents. L'homme en complet noir se rembrunit devant cette maladresse, mais n'en laissa rien paraître. Une fois la lourde chaise ramassée, Bertram lui emboîta le pas sans grande conviction.
Sur le bord de route désert légèrement éloigné du casino, l'homme ouvrit la portière conducteur du pick-up, informant Gale qu'il s'installerait avant de lui ouvrir le côté passager de l'intérieur. Celui-ci remonta le col de sa veste, décidément peu appropriée à cette météo peu clémente. Il commençait à trouver l'attente longue, lorsque l'homme descendit de la voiture, l'air gêné.
« Je crois qu'elle ne démarre plus, enfin vous savez ce que c'est, les longs trajets … Je ne suis même pas parvenu à actionner le contact pour ouvrir les portes. Voulez-vous qu'on prenne votre voiture ou bien auriez-vous le temps d'y jeter un coup d'oeil ? Ne prenez pas cet air inquiet, nous avons tout notre temps … Pour votre stratégie. »
Bertram hésita, puis finit par contourner l'imposant véhicule, essayant de comprendre ce qui clochait. Pourquoi ne l'avait-il pas fait monter à bord pour le tuer ? Parce qu'il ne voulait pas le tuer. Peut-être avait-il tout simplement une panne de voiture ? Le plus simple serait de vérifier avant de …
Sa seconde d'inattention durant laquelle il avait tourné le dos à son interlocuteur le projeta à terre, incapable d'esquisser le moindre mouvement. La décharge électrique n'avait pas eu le temps de le surprendre.
« Dites moi Gale, de quoi aviez-vous discuté avec Patrick Jane exactement ? »
Celui-ci se défendit vaguement, encore sous le choc. La réponse ne semblait pas satisfaire son adversaire. « J'ai tout mon temps, et ne vous avisez pas de vous parer de mauvaise volonté … Je dis ça dans votre intérêt. »
Bertram réitéra sa réponse. Il n'y eut plus aucun bruit, le silence absolu qui régnait lui glaçant encore plus le sang que la situation en elle-même. Rien ne venait alors troubler le calme cruel de la nuit, si ce n'est le hurlement qui se répercuta dans le vide quelques instants plus tard.
En revenant vers le pick-up, l'homme se fit la réflexion qu'avec un peu plus de coopération de la part de Gale Bertram, son costume neuf n'aurait pas été aussi malmené. Il était désormais inutilisable, maculé ainsi de cette teinte brunâtre disgracieuse, étrenné par cette avant-dernière étape du plan ...
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Bon....Après être passée par un long deuil causé par notre très cher Bruno Heller, j'avais commencé à reprendre goût à la vie par le biais des fanfictions: mais oui Gale étant un personnage de fiction il y était encore toujours vivant en quelque sorte ...c'était sans compter Anarkia qui non contente de voir Bertram lâchement assassiné par un simple sbire n'a pas résisté à l'envie de remuer le couteau dans la plaie (c'est le cas de le dire ) en le faisant de nouveau assassiner..en y ajoutant un peu de torture en plus, avec la gentillesse qui la caractérise..c'est vrai que Gale Bertram avait eu une fin un petit peu trop propre!
Mais quel manque d'originalité ma chère dans chaque fic écrite bizarrement Bertram est celui qu'on a envie de tuer et ça doit cesser!
Je parle non seulement d'un oeil neutre de lectrice aguerrie et aussi parce que bon, autant l'avouer maintenant quitte à surprendre
Bref c'est pourquoi il faut punir cet écrit, et passer par une phase: *Nooooooooooooooooooooooooooon!!!!!!!!! Comment as tu pu? Je te faisais confiance!!!!!!!! GaAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaale reviens GaAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaale *
Puis par une phase: *je vais faire de ta vie un enfer sur terre "
...................................................................................................................................................................................................
Mais sérieusement je te pardonne! Je savais déjà ce qui allait arriver dès ton avertissement alors j'ai fermé les yeux j'ai soupiré et j'ai lu en appliquant la technique de la dissociation:
-comme on a la même vision de RJ mais pas la même tête pour ce RJ j'ai tendance à imaginer Gale en lisant tes chapitres c'est plus fort que moi donc quand j'ai lu ce chapitre j'ai lu..Gale contre RJ (lequel était Gale) Oui oui je sais ça fait un peu dédoublement de personnalité mais ça m'a aidée à passer au dessus de ça!!! Je me disais que Gale s énervait mentalement sur lui même (vu que RJ est un psychopathe je revendique son droit à avoir des pensées bizarres) et du coup ça a été.
Il faut dire que tu écris bien donc ça aide également bref malgré cette tragédie j'ai hâte de lire la suite xD
Et ça me fait plaisir de voir qu'on t'a appris à l'aimer même si..je vais continuer à travailler pour que tu l'aimes encore plus histoire de ne plus laisser ce genre de choses arriver!!!
Mais quel manque d'originalité ma chère dans chaque fic écrite bizarrement Bertram est celui qu'on a envie de tuer et ça doit cesser!
Je parle non seulement d'un oeil neutre de lectrice aguerrie et aussi parce que bon, autant l'avouer maintenant quitte à surprendre
- secret d'Esmée :
- bon il faut l'avouer, J'AIME GALE BERTRAM
Bref c'est pourquoi il faut punir cet écrit, et passer par une phase: *Nooooooooooooooooooooooooooon!!!!!!!!! Comment as tu pu? Je te faisais confiance!!!!!!!! GaAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaale reviens GaAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaale *
Puis par une phase: *je vais faire de ta vie un enfer sur terre "
...................................................................................................................................................................................................
Mais sérieusement je te pardonne! Je savais déjà ce qui allait arriver dès ton avertissement alors j'ai fermé les yeux j'ai soupiré et j'ai lu en appliquant la technique de la dissociation:
-comme on a la même vision de RJ mais pas la même tête pour ce RJ j'ai tendance à imaginer Gale en lisant tes chapitres c'est plus fort que moi donc quand j'ai lu ce chapitre j'ai lu..Gale contre RJ (lequel était Gale) Oui oui je sais ça fait un peu dédoublement de personnalité mais ça m'a aidée à passer au dessus de ça!!! Je me disais que Gale s énervait mentalement sur lui même (vu que RJ est un psychopathe je revendique son droit à avoir des pensées bizarres) et du coup ça a été.
Il faut dire que tu écris bien donc ça aide également bref malgré cette tragédie j'ai hâte de lire la suite xD
Et ça me fait plaisir de voir qu'on t'a appris à l'aimer même si..je vais continuer à travailler pour que tu l'aimes encore plus histoire de ne plus laisser ce genre de choses arriver!!!
Esmée del Rey- Gardien du parking
- Personnage préféré : Gale Bertram...... puis après les autres XD
Loisirs : lire (j'adoore la lecture), rechercher des indices sur Red John/John le Rouge
Re: Now, the time is here. [Spoilers saison 6]^
Esmée a l'oeil neutre concernant Gale Bertram ? T'as rien trouvé de mieux comme argument ?Esmée del Rey a écrit:Je parle non seulement d'un oeil neutre de lectrice aguerrie
Secret de polichinelle alors, mais fais-moi penser à ne plus ouvrir tes spoilers dorénavant.Esmée del Rey a écrit:je sais, je sais c'était inattendu!
- secret d'Esmée :
bon il faut l'avouer, J'AIME GALE BERTRAM
Oui oui, je vois bien ce que tu veux dire : un combat de Bertram contre Bertram, avec un Bertram qui meurt et l'autre pas, à la manière d'un duel style Fight Club (ça aurait pu être intéressant ceci-dit).Esmée del Rey a écrit:j'ai lu en appliquant la technique de la dissociation:
-comme on a la même vision de RJ mais pas la même tête pour ce RJ j'ai tendance à imaginer Gale en lisant tes chapitres c'est plus fort que moi donc quand j'ai lu ce chapitre j'ai lu..Gale contre RJ (lequel était Gale) Oui oui je sais ça fait un peu dédoublement de personnalité mais ça m'a aidée à passer au dessus de ça!!! Je me disais que Gale s énervait mentalement sur lui même (vu que RJ est un psychopathe je revendique son droit à avoir des pensées bizarres) et du coup ça a été.
Il faut dire que tu écris bien donc ça aide également bref malgré cette tragédie j'ai hâte de lire la suite xD
Merci encore une fois pour tes compliments sur mon style d'écriture (surtout vu les circonstances), ça me fait plaisir que cette fanfic plaise un peu.
Et comme je l'assume pleinement et que j'en joue, tu ne connaîtras le sort de Bertram que dans le chapitre d'après. (Ne me remercie pas, c'est cadeau.)Esmée del Rey a écrit:en le faisant de nouveau assassiner..en y ajoutant un peu de torture en plus, avec la gentillesse qui la caractérise..
Ouais je sais, c'est fleur bleue, ça dégouline et c'est pas mon style, mais les voix des personnages sont parfois impénétrables (autrement dit, promis, ça n'arrivera plus) :
Chapitre 8 :
Si je parle les langues des hommes, et même celles des anges, mais que je n'ai pas l'amour, je suis un cuivre qui résonne ou une cymbale qui retentit. [1Corinthiens, 13]
Si je parle les langues des hommes, et même celles des anges, mais que je n'ai pas l'amour, je suis un cuivre qui résonne ou une cymbale qui retentit. [1Corinthiens, 13]
Novembre 1972 :
Les roulis des vagues déchaînées par la brise violente se reflétaient dans l'immensité de ses yeux songeurs, voilés de résignation et d'espoir inédit. Voilà désormais deux heures que Lucy attendait sur la plage, sa lourde robe flirtant avec le sable, semblant vouloir faire corps avec l'immensité du paysage. Elle s'était assise là dans la fébrilité de l'attente, habitée d'un état quasi-second, tentant de ne pas regarder une énième fois en arrière. Il en fallait beaucoup pour qu'elle ne quitte des yeux la prunelle de son existence entière, mais elle avait exceptionnellement pris le parti de laisser Patrick chez une voisine, prétextant une course urgente, rougissant de son propre mensonge. Devant la mine perplexe et curieuse de son amie, elle avait prestement tourné les talons, enjoignant son solitaire fils de se mêler à la horde d'enfants qui se livraient à une partie de cache-cache dans le jardin. Elle le regrettait à présent, se demandant ce qu'il penserait de tout cela, même s'il n'avait pas l'âge pour comprendre les fracas causés par la roue tournante de la vie. Elle ne s'interrogeait pas sur son propre avenir, qui lui avait toujours plus ou moins échappé, de ce qu'elle deviendrait si elle venait à perdre cette immense maisonnée et ses belles robes. Il lui semblait que tant de choses se dérobaient sous ses pieds : ses certitudes étaient parties en fumée, telles un brasier incontrôlable.
Et désormais, elle était là, se sentant un peu ridicule et légèrement engoncée dans ce taffetas trop bouffant, attendant quelqu'un qui ne viendrait sans doute pas ce soir, alors que l'affluence battait son plein aux pieds de la grande roue. Elle enfouit ses bottines dans le sable mouillé, comme pour se persuader d'attendre, encore et encore. Et Dieu qu'elle aurait tout donné pour un seul geste, une seule seconde devant ce regard bleuté et cette authenticité qu'elle n'avait jamais vu chez aucun autre homme. Il n'était pas riche, n'était pas influent, trichait parfois avec la vie et les réalités, ne désirait rien d'autre qu'une existence dans une caravane miteuse au grand air, mais elle se sentait tout simplement … Bien en sa compagnie. Apaisée, comme plongée dans une douce torpeur acidulée. Etait-ce cela, le véritable amour ? Etait-ce cette horripilante naïveté que décrivaient à profusion les auteurs de roman à l'eau de rose qu'elle affectionnait tant ? Elle avait bien conscience de mener ses pensées au point le plus cliché du sentiment, mais ne pouvait s'y raisonner. Elle le scrutait parfois, par dessus la « table aux esprits » comme elle l'appelait, fixant ses mains faussement tremblantes, ses gestes maladroits, son regard fuyant et se sentait frappée d'un implacable désir de faire l'amour avec cet homme. Elle se sentit rougir instantanément, portée par la promesse de le retrouver ici même ce soir, alors qu'elle savait pertinemment que … Comme en écho à ses songes, elle entendit un faible bruit de tissu froissé par le vent, derrière elle, plus près encore qu'elle ne l'aurait imaginé. Qu'elle n'aurait osé en rêver.
« - Lucy ? Je suis désolé d'être si affreusement en retard, mais je …
- Oh non, non ce n'est rien, je vous assure ! Je vous aurais attendu toute la nuit s'il le fallait !, s'exclama-t-elle avant de se mordre la lèvre. Qu'est-ce qui lui prenait de minauder ainsi ?
- J'ai été retenu là-bas. Beaucoup de gens semblent vouloir des nouvelles de l'au-delà.
- Vous ne pensez pas que c'est un peu tromper les gens ? Non parce que …
- Vous savez, l'interrompit-il, si je ne faisais pas ça, je ne ferai rien. Je n'ai aucun talent dans la vie, aucun domaine de prédilection, alors je triche. Bien sûr que je triche. Sans quoi, je serai déjà à la rue depuis bien longtemps. J'apporte du rêve aux gens, de l'espoir en ces temps si durs : quelque part, j'ai un peu l'impression de faire une bonne action. Maintenant, si vous voulez bien, n'en parlons plus, décréta-t-il sur une moue qui lui rappelait l'expression butée que prenait parfois son fils Patrick, par simple plaisir de la tester.
- Très bien. »
Il restèrent là à contempler la mer silencieusement, presque religieusement, fixés dans une querelle faible et factice pour cacher leur embarras. Ce fut finalement lui qui reprit la parole, hésitant, lui proposant de boire un verre dans ce qui lui servait de toit. Elle accepta avec un sourire tout aussi timide. Ils traversèrent la plage pour rejoindre un petit sentier caillouteux menant à l'emplacement de la fête foraine. A plusieurs reprises, Lucy dût s'agripper à son bras pour ne pas trébucher avec ses bottines coûteuses, mais bien mal adaptées à de telles virées. Ils débouchèrent sur l'enfilade de stands derrière lesquels se dressaient la grande roue, que la jeune femme trouva majestueuse. Tout lui paraissait plus grand, plus lumineux, plus intense. Elle aurait aimé que ce simple instant dure une éternité. Ils arrivèrent sur la petite caravane au rétro avant défoncé, à laquelle elle avait fini par s'accommoder lors de précédentes entrevues. Ils s'assirent sur le lit d'appoint, servant également de divan, burent un verre, puis deux. Peu habituée à l'alcool, Lucy se sentait légèrement éméchée, et c'était pour elle une sensation merveilleuse.
« - Alors donc, votre fils a apprécié son après-midi ici la semaine dernière ?
- Oh oui, il était fou de joie ! Il a surtout adoré votre numéro de divination et de conversation avec les esprits. Patrick se passionne beaucoup pour …, commença-t-elle, avant de réaliser que, depuis tout petit, il baignait déjà dans cette atmosphère douteuse. D'une autre manière, certes, mais quand même.
- Pour ?
- … Pour toutes ces choses là. La divination, le tarot, l'au-delà. C'est un domaine qui l'intéresse réellement. J'espère qu'il n'y mettra jamais les pieds, mais … Que voulez-vous.
- Vous savez Lucy, ça n'est pas si néfaste que vous le croyez. Lorsqu'on utilise tout ça de manière inoffensive, ça n'existe pas réellement et ça ne peut donc pas nuire. Vous voyez ?
- Oui, c'est vrai. (Elle avait très bien saisi l'allusion et son visage se rembrunit.)
- Ecoutez … Je sais qui vous êtes, ce que vous êtes, mais une chose est sûre : vous n'avez pas à vous sentir coupable de choses qui ne sont pas de votre fait. Je ne sais pas tout ce que cache votre mélancolie, mais sachez que … Euh … Je suis sincèrement touché de voir que vous semblez aller mieux depuis quelques temps. Si je peux faire quoi que ce soit, enfin vous savez ... »
Il avait remarqué. Il avait prêté une attention discrète mais bien réelle à ses états d'âme, à ce qu'elle était en tant que femme, à ses souffrances muettes et hurlantes. Elle éprouva soudain un immense sentiment de gratitude et se retint pour ne pas donner libre court à ses larmes. Elle le regarda par dessus ses yeux embués et l'embrassa, presque violemment. Son corps réagit d'instinct à cette étreinte à laquelle il répondit spontanément. Elle sentait un feu intense brûler en elle, une force et un désir qu'elle n'avait jamais éprouvé, presque douloureux. Ils couchèrent ensemble avec intensité, avec passion, dans la brutalité de l'impulsion qui resterait la plus belle nuit qu'elle aie vécu. Cela dépassait de très loin tous les fantasmes qu'elle avait pu échafauder. En le quittant, elle n'osait parler, honteuse, et il rompit le silence d'une voix mal assurée.
« - Toujours prendre la vie comme elle vient Lucy … Je ne sais pas si on se reverra, mais cette nuit … Ce n'était pas une erreur, vous pouvez me croire …
- Pour moi non plus. Je … Je me sens bien avec vous, comblée, vivante enfin. Je … Merci.
- Alors, tu reviendras ?, s'enquit-il, légèrement inquiet.
- Bien sûr que je reviendrais ... Je ... Je t'aime …, murmura-t-elle.
- … Moi aussi, Lucy, répondit-il après une courte poignée de secondes, un peu sonné par cet aveu soudain.
- Je ne connais même pas ton nom, dit-elle en boutonnant prestement son manteau, comme voulant fuir la réalité de ses sentiments.
- C'est toujours mieux de faire les choses dans le désordre, sourit-il.
- Il me semble qu'on ne fait rien dans l'ordre, toi et moi, fit-elle judicieusement remarquer. »
Elle l'embrassa une dernière fois, lui promettant de revenir le jour suivant, puis le prochain, les joues rosies de bonheur. Elle ne pouvait pas s'en empêcher.
« - Au fait, je m'appelle Alex. Plus précisément, Alex Jane, pour satisfaire ta curiosité.
- Alors à bientôt, Monsieur Jane. Ce fut un plaisir », lui lança-t-elle avec un demi-sourire taquin, avant de se fondre dans la nuit.
Et désormais, elle était là, se sentant un peu ridicule et légèrement engoncée dans ce taffetas trop bouffant, attendant quelqu'un qui ne viendrait sans doute pas ce soir, alors que l'affluence battait son plein aux pieds de la grande roue. Elle enfouit ses bottines dans le sable mouillé, comme pour se persuader d'attendre, encore et encore. Et Dieu qu'elle aurait tout donné pour un seul geste, une seule seconde devant ce regard bleuté et cette authenticité qu'elle n'avait jamais vu chez aucun autre homme. Il n'était pas riche, n'était pas influent, trichait parfois avec la vie et les réalités, ne désirait rien d'autre qu'une existence dans une caravane miteuse au grand air, mais elle se sentait tout simplement … Bien en sa compagnie. Apaisée, comme plongée dans une douce torpeur acidulée. Etait-ce cela, le véritable amour ? Etait-ce cette horripilante naïveté que décrivaient à profusion les auteurs de roman à l'eau de rose qu'elle affectionnait tant ? Elle avait bien conscience de mener ses pensées au point le plus cliché du sentiment, mais ne pouvait s'y raisonner. Elle le scrutait parfois, par dessus la « table aux esprits » comme elle l'appelait, fixant ses mains faussement tremblantes, ses gestes maladroits, son regard fuyant et se sentait frappée d'un implacable désir de faire l'amour avec cet homme. Elle se sentit rougir instantanément, portée par la promesse de le retrouver ici même ce soir, alors qu'elle savait pertinemment que … Comme en écho à ses songes, elle entendit un faible bruit de tissu froissé par le vent, derrière elle, plus près encore qu'elle ne l'aurait imaginé. Qu'elle n'aurait osé en rêver.
« - Lucy ? Je suis désolé d'être si affreusement en retard, mais je …
- Oh non, non ce n'est rien, je vous assure ! Je vous aurais attendu toute la nuit s'il le fallait !, s'exclama-t-elle avant de se mordre la lèvre. Qu'est-ce qui lui prenait de minauder ainsi ?
- J'ai été retenu là-bas. Beaucoup de gens semblent vouloir des nouvelles de l'au-delà.
- Vous ne pensez pas que c'est un peu tromper les gens ? Non parce que …
- Vous savez, l'interrompit-il, si je ne faisais pas ça, je ne ferai rien. Je n'ai aucun talent dans la vie, aucun domaine de prédilection, alors je triche. Bien sûr que je triche. Sans quoi, je serai déjà à la rue depuis bien longtemps. J'apporte du rêve aux gens, de l'espoir en ces temps si durs : quelque part, j'ai un peu l'impression de faire une bonne action. Maintenant, si vous voulez bien, n'en parlons plus, décréta-t-il sur une moue qui lui rappelait l'expression butée que prenait parfois son fils Patrick, par simple plaisir de la tester.
- Très bien. »
Il restèrent là à contempler la mer silencieusement, presque religieusement, fixés dans une querelle faible et factice pour cacher leur embarras. Ce fut finalement lui qui reprit la parole, hésitant, lui proposant de boire un verre dans ce qui lui servait de toit. Elle accepta avec un sourire tout aussi timide. Ils traversèrent la plage pour rejoindre un petit sentier caillouteux menant à l'emplacement de la fête foraine. A plusieurs reprises, Lucy dût s'agripper à son bras pour ne pas trébucher avec ses bottines coûteuses, mais bien mal adaptées à de telles virées. Ils débouchèrent sur l'enfilade de stands derrière lesquels se dressaient la grande roue, que la jeune femme trouva majestueuse. Tout lui paraissait plus grand, plus lumineux, plus intense. Elle aurait aimé que ce simple instant dure une éternité. Ils arrivèrent sur la petite caravane au rétro avant défoncé, à laquelle elle avait fini par s'accommoder lors de précédentes entrevues. Ils s'assirent sur le lit d'appoint, servant également de divan, burent un verre, puis deux. Peu habituée à l'alcool, Lucy se sentait légèrement éméchée, et c'était pour elle une sensation merveilleuse.
« - Alors donc, votre fils a apprécié son après-midi ici la semaine dernière ?
- Oh oui, il était fou de joie ! Il a surtout adoré votre numéro de divination et de conversation avec les esprits. Patrick se passionne beaucoup pour …, commença-t-elle, avant de réaliser que, depuis tout petit, il baignait déjà dans cette atmosphère douteuse. D'une autre manière, certes, mais quand même.
- Pour ?
- … Pour toutes ces choses là. La divination, le tarot, l'au-delà. C'est un domaine qui l'intéresse réellement. J'espère qu'il n'y mettra jamais les pieds, mais … Que voulez-vous.
- Vous savez Lucy, ça n'est pas si néfaste que vous le croyez. Lorsqu'on utilise tout ça de manière inoffensive, ça n'existe pas réellement et ça ne peut donc pas nuire. Vous voyez ?
- Oui, c'est vrai. (Elle avait très bien saisi l'allusion et son visage se rembrunit.)
- Ecoutez … Je sais qui vous êtes, ce que vous êtes, mais une chose est sûre : vous n'avez pas à vous sentir coupable de choses qui ne sont pas de votre fait. Je ne sais pas tout ce que cache votre mélancolie, mais sachez que … Euh … Je suis sincèrement touché de voir que vous semblez aller mieux depuis quelques temps. Si je peux faire quoi que ce soit, enfin vous savez ... »
Il avait remarqué. Il avait prêté une attention discrète mais bien réelle à ses états d'âme, à ce qu'elle était en tant que femme, à ses souffrances muettes et hurlantes. Elle éprouva soudain un immense sentiment de gratitude et se retint pour ne pas donner libre court à ses larmes. Elle le regarda par dessus ses yeux embués et l'embrassa, presque violemment. Son corps réagit d'instinct à cette étreinte à laquelle il répondit spontanément. Elle sentait un feu intense brûler en elle, une force et un désir qu'elle n'avait jamais éprouvé, presque douloureux. Ils couchèrent ensemble avec intensité, avec passion, dans la brutalité de l'impulsion qui resterait la plus belle nuit qu'elle aie vécu. Cela dépassait de très loin tous les fantasmes qu'elle avait pu échafauder. En le quittant, elle n'osait parler, honteuse, et il rompit le silence d'une voix mal assurée.
« - Toujours prendre la vie comme elle vient Lucy … Je ne sais pas si on se reverra, mais cette nuit … Ce n'était pas une erreur, vous pouvez me croire …
- Pour moi non plus. Je … Je me sens bien avec vous, comblée, vivante enfin. Je … Merci.
- Alors, tu reviendras ?, s'enquit-il, légèrement inquiet.
- Bien sûr que je reviendrais ... Je ... Je t'aime …, murmura-t-elle.
- … Moi aussi, Lucy, répondit-il après une courte poignée de secondes, un peu sonné par cet aveu soudain.
- Je ne connais même pas ton nom, dit-elle en boutonnant prestement son manteau, comme voulant fuir la réalité de ses sentiments.
- C'est toujours mieux de faire les choses dans le désordre, sourit-il.
- Il me semble qu'on ne fait rien dans l'ordre, toi et moi, fit-elle judicieusement remarquer. »
Elle l'embrassa une dernière fois, lui promettant de revenir le jour suivant, puis le prochain, les joues rosies de bonheur. Elle ne pouvait pas s'en empêcher.
« - Au fait, je m'appelle Alex. Plus précisément, Alex Jane, pour satisfaire ta curiosité.
- Alors à bientôt, Monsieur Jane. Ce fut un plaisir », lui lança-t-elle avec un demi-sourire taquin, avant de se fondre dans la nuit.
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