LE(S) PRÉSENT(S) - Spoiler Saison 6^

Les bureaux du FBI à Austin étaient pratiquement vides lorsque Abott se pencha au-dessus du sofa en cuire où réfléchissait le Mentalist. "Jane, réveillez-vous: je veux vous voir dans mon bureau dans cinq minutes." Le ton était sec et dénué de toute cordialité. Rien à voir donc avec le Directeur du FBI, ce qui pica au vif la curiosité du convoqué. Patrick Jane se leva d'un bond et se dirigea entre sautillements et pas de danse à l'"office" de Denis Abott. Il ouvrit la porte en cristal puis s'arrêta net en découvrant qu'en plus de Abott, Kim, Cho et Lisbon se trouvaient également dans la salle. Ils étaient tous assis de l'autre côté du bureau du Directeur, tel un jury avant un procès (le sien!). Et, à l'exception de Cho, ils souriaient tous. "Asseyez-vous.", trôna Abott en désignant la seule chaise face à la table. Jane referma la porte puis s'assit en sifflotant. Il souriait lui aussi. "C'est un piège ou quoi?" demanda-t-il en connaissant déjà la réponse. "Non, c'est pire, dit Teresa Lisbon. C'est ton anniversaire."

Kim fut la responsable de présenter les faits: "nous avons été dûment informés sur votre habilité (apparemment infaillible) pour deviner les cadeaux avant même de les ouvrir et nous avons décidé de procéder à une expérience en direct et en public. Attention: vous avez le droit de prendre les paquets et de les examiner, évaluer, soupeser, etc mais à partir de ce moment, nous ne seront plus autorisés à vous parler. Est-ce clair?" "Tout à fait, Agent Fisher.", répondit il en arborant son plus beau sourire. "Commençons alors!"

Kim Fisher se retourna puis se pencha pour prendre un sac en plastique. Elle le tendit au Consultant avec un grand sourire: "Joyeux Anniversaire, Jane." Il sortit alors du sac un paquet en forme cubique d'une vingtaine de centimètres de diamètre recouvert d’un papier rose fluo. "Mmm, intéressant..." Les quatre observateurs se penchèrent tous en avant. "Une boite en carton pas très grande, un cliquetis à l'intérieur lorsqu'on la secoue et une agent du FBI qui ne parvient jamais à me contrôler... Je dirais qu'il s'agit d'un dispositif GPS pour savoir où je me trouve 24 heures sur 24." Le visage de Fisher exprimait l'étonnement dans sa forme la plus pure. "Un bracelet GPS.", précisa-t-elle, ébahie. "Épatant!", ponctua Abott.

Ce fut le tour de Cho qui posa sur la table un grand paquet rectangulaire. "Vous ne trouverez jamais.", annonça-t-il impassible tout en le poussant vers Jane. Celui-ci sourit en observant le papier cadeau réalisé à l'aide de plusieures pages de vieux journaux. Le Mentalist approcha son oreille de la boite. Il la secoua et écouta une multitude d'objets, probablement en plastique, s’entrechoquant entre eux. Il dévisagea l’asiatique puis lança: "Oooooh, Cho: j'ai toujours voulu avoir mon propre coffret de magie!" Il arracha le papier cadeau et tous purent lire Magic Box Set. Avec des lettres dorées et tout! Abott et Fisher applaudirent. “Et deux sur cuatre!”, résuma Lisbon. "Coup de cul", ponctua Cho.

Abott fit un petit sourire avant de placer un coffret en cuire sur son bureau. "Joyeux anniversaire, Jane." Le Consultant regarda l'objet pensif. "Je peux?" Abott fit oui de la tête et Jane souleva le cadeau. "Une trentaine de centimètres de long, la qualité du cuire est plutôt bonne et le tout est orné avec un joli petit cadenas doré." "Je vous donnerai la clef en temps voulu.", précisa Abott, toujours rieur. Jane dévisagea son chef pendant plusieures secondes. "Il s'agit d'une arme, n'est-ce pas, (Denis cessa de rire) mais pas n'importe laquelle. Une arme totalement inoffensive pour une personne totalement irresponsable. Logique. C'est un pistolet en plastique, un jouet. Peut-être même un pistolet... à eau!" Denis Abott regarda stupéfait ses collègues à ses côtés tout en insérant machinalement la clef dans le cadenas. Après un clique, le couvercle s'ouvrit et tous découvrirent un colt multicolore et semi transparent, chargé à ras bord. "Je... je ne comprends pas. Comment faites-vous ça?" Jane ne répondit pas. A la place, il demanda: "Je pourrai l'utiliser ici?" "Tant que ce n'est pas sur moi, je ne vois aucun inconvénient.", répondit Abott. Cho se couvrit les yeux avec la paume de sa main.

C’était au tour de Lisbon. Il y avait dans son regard un jeu-ne-sais-quoi de malice qui le rendit nerveux aussitôt. Elle mima avec ses lèvres LOVE YOU et posa au milieu de la table une boite en carton d’une trentaine de centimètres de diamètre. On pouvait y lire dessus le mot “fragile”. Patrick Jane contempla la boite, puis Lisbon puis à nouveau la boite. Il la pris dans ses mains et remarqua aussitôt qu’un seul objet, relativement lourd, s’y trouvait dedans. Il regarda droit dans les yeux sa partenaire mais ne put rien y lire. Elle était blindée. Les trois autres spectateurs virent une goutte de sueur se former sur son front. Jane semblait réellement agité et inquiet. Il retourna la boite dans tous les sens mais fut incapable de se faire une idée. “OK, je… j’abandonne. Je donne ma langue au chat…” Stupeur du côté du grand jury et petit rire entre sadique et complice de Teresa Lisbon. “Ah ah!! Je suis vraiment la meilleure!” Jane, tel un petit garçon agacé qui n’a pas su trouver la réponse à une énigme, demanda alors: “Puis-je l’ouvrir maintenant?” Lisbon acquiesçat. De bonne grace.

Lorsque le Mentalist ouvrit la boite et regarda à l’intérieur, il eut une expression de stupeur que peu de personnes lui avaient vu auparavant. Il regarda Lisbon et lui fit un clin d’oeil avant de mettre la main dans le carton et d’en ressortir un avion en jouet de la compagnie Sky Pacific. Abott réagit au quart de tour: “Oh, bravo! Bra-vo! Ça c’est vraiment original et en plus ça doit vous rappeler un tas de bon souvenirs, hein! Bien joué, Lisbon. Il ne s’y attendait absolument pas. Magnifique.” Fisher et Cho étaient d’accord sur le fait que Lisbon avait trichée, ou pire: le présent avait été prévu au dépard pour Pike; une idée qui les fit se bidonner pendant un bon moment. Sur ce, Abott, Cho et Kim sortirent de la pièce pour aller chercher la tarte d’anniversaire.

Jane jouait avec son avion dans la main en le faisant traverser l’espace aérien de tout le bureau lorsqu’il y eut un bruit métallique provenant du jouet. “Je l’ai déjà cassé?” se demanda-t-il à voix haute puis s’arrêta tout d’un coup. Il venait de se rendre compte que Teresa était restée assise. Elle le regardait fixement, amusée. Jane réagit: “Ça n’est pas tout, n’est-ce pas. Il y a autre chose. (Son visage s’éclaircit; il pointa le jouet du doigt.) Quelque chose cachée dans l’avion…” Lisbon sourit puis annonça triomphante: “Ouiiiiii! Eh ben dis donc, ça t’as pris un sacré temps: tu as clairement perdu des facultés. Je veux qu’on me rembourse de suite!” Le Consultant, immunisé contre la mauvaise fois de Lisbon, continua: “C’est métallique et ça n’est pas très grand vu que tu l’as mis dans l’appareil. Voyons voir, ça n’est pas une bague, tu n’oserais jamais (Lisbon le fusilla d’un regard noir) mais peut-être queeee… Un bracelet… Non, une chaînette! Une en or, comme le crucifix que tu portes toujours.” Ce fut au tour de Lisbon d’applaudir. “Bravo! Mais vérifie tout de même.”

Les petites portes d’embarquement ne s’ouvraient pas. Alors Jane fit pression sur le museau de l’avion qui se leva automatiquement. A l’intérieur se trouvait la chaînette en or. Il l’a sorti avec deux doigts et se rendit compte qu’il y avait une inscription. Trois mots y étaient gravés: “Say it again.” Il leva le regard vers Teresa qui l’observait avec tendresse et un poil d’émotion. “Say what again?” demanda-t-il. Lisbon se mordit les lèvres puis se balança sur l’homme de sa vie pour lui offrir un baiser passionné. “Joyeux anniversaire, Patrick.”