[OS] C'est fini ^

Au milieu de la pièce vide et sombre, il s’écroulait de douleur. L’homme qu’il avait traqué pendant tant d’année venait de vider son chargeur sur lui, abrégeant leur face à face final. Ce qui était une bataille pour Patrick était un jeu pour le tueur. Bataille ou jeu, Jane le savait dès l’instant où la première balle l’avait transpercée, il avait perdu. Le tueur en série lui rit au nez avant de disparaître.
Patrick n’avait bien évidemment prévenu personne. Personne ne savait où il était, ni ce qu’il faisait. Il avait peut-être placé un ou deux sous-entendus futiles à Lisbon, mais il doutait qu’elle les ait compris.
Son sang se répandait sur le sol, il avait perdu tout discernement et n’arrivait plus à se concentrer sur quoi que ce soit. Seul restaient la douleur et le combat contre la mort, contre sa mort. Voilà où l’avait mené la vengeance. Il ne regrettait pas, il souffrait trop pour y songer.
Il se mourrait seul. Sans personne à ses cotés pour l’aider à traverser ça. Sans quiconque pour l’aider à faire le clair dans sa tête. Seul lui, la douleur et les pensées confuses étaient omniprésentes.
Au bout d’un moment, il se résigna à se battre, ou plutôt, son corps et sa volonté de plus en plus faibles lâchaient, il abandonnait. Soudain la porte s’ouvrit, de dos il ne pouvait voir de ses yeux semi-clos que la lumière qu’elle laissait entrer, mais les bruits, si ce n’était pas son cerveau meurtri par la douleur qui faisait des siennes, lui indiquaient la présence de plusieurs personnes.
Puis il sentit une main se poser sur lui. Il pouvait entrevoir un visage, que malgré la douleur, il ne pouvait oublier. Les yeux émeraude de Teresa s’embuaient face au corps de Jane gisant par terre dans une marre de sang, sa vie s’écoulait à chaque goutte précieuse qu’il perdait. Les bruits sourds dehors et dans la pièce devenaient plus qu’un bourdonnement pour Patrick.
Il recommença à se battre, il savait qu’il ne tiendrait plus longtemps, mais il le faisait, pour elle. Teresa le tenait dans ses bras, elle aurait aimé le prendre contre elle, mais avec la blessure qu’il avait ça lui était impossible. Elle voyait qu’il luttait, chaque souffle était pour lui un martyr. Et pourtant, la présence de la femme aidait petit à petit Jane à reprendre le contrôle de ses actes, à se concentrer, à faire le vide dans sa tête.
- Je suis désolée… J’aurais du arriver plus tôt, se blâma t-elle en essayant tant bien que mal de retenir ses sanglots.
Tout cela n’importait plus à Patrick à présent. Ce n’était pas de sa faute, il l’avait prévenue qu’elle ne parviendrait pas à l’arrêter, et une fois de plus il avait eut raison.
La douleur recommençait à se faire de plus en plus présente. Il sentait qu’il allait bientôt ne plus pouvoir prononcer quoi que ce soit, qu’il allait finir par plonger dans un noir total. Il ne devait pas se laisser partir sans rien lui dire. Elle le vivrait d’autant plus mal. Il tenta d’oublier la douleur de son corps mourant qui s’affolait, et parvint à sortir des sons de sa bouche. Il s’y reprit à plusieurs fois avant de pouvoir formuler une phrase.
« Lisbon… Je… Je voulais vous dire…
- Chut, taisez-vous, vous me le direz lorsque vous irez mieux, lui dit-elle avec une once d’espoir. »
Les yeux de l’agent étaient embués, au fond d’elle, elle savait qu’il était aux frontières de la mort, mais elle refusait de le croire. Elle posa sa main sur la joue de son consultant.
« - Ce n’est pas maintenant que je vais commencer à vous écouter, lança t-il d’une voix faible »
Il tenta de rire pour la rassurer, mais la seule chose qu’il réussit à faire c’est augmenté la douleur alors qu’il crachait du sang remontant de ses poumons.
La douleur grandissait à une vitesse qui l’alarmait, elle prenait possession de son corps. Il devait se dépêcher, le temps qui lui restait s’écouler à une vitesse fulgurante. Il ne prononça qu’un seul mot, un mot qui pour lui voulait tout dire.
« - Merci. »
Il aurait eu tant de choses à lui dire, et si peu de temps. Et elle aurait davantage de souffrances et de difficultés à l'oublier s’il lui avait dit ce qu’il ressentait. Jane et Lisbon étaient des collègues, et avant tout des amis. A chaque pas en arrière ils en faisaient deux en avant, et avançaient, lentement et sûrement. Leurs sentiments devenaient plus forts, plus solides de jour en jour, mais il n’eurent pas le temps de devenir plus encore. Oui, tout cela était du à un manque de temps, un temps presque écoulé à présent. Jane pensait lui faciliter la tache, un merci, c’est vague, mais c’est tout.
Teresa secouait légèrement sa tête de la droite vers la gauche, ses larmes perlant sur ses joues.
« -Non Jane…»
Patrick fixait ses yeux émeraudes, rougis et brillants, et petit à petit en perdait la vision alors qu’il replongeait, perdant tout le contrôle de son corps et toute la maîtrise de son esprit. Il avait du mal à se souvenir d’où il était. Il voyait juste ces yeux en larmes, quelques souvenirs remontant à la surface par paquet, tous mélangés les uns aux autres. Il était en pleine confusion. Ses battements de cœur se faisait de plus en plus douloureux. Cette douleur meurtrière, le fit sombrer dans l’inconscience.
Voyant ses yeux se fermer, l’agent criait, hurlait, le suppliait de ne pas l’abandonner, de se battre, encore un peu plus. Elle sentait son pouls de plus en plus faible.
Patrick entendait la voix de Teresa s’éloigner, il voulait lutter, il voulait rester auprès d’elle. Il fit tout pour, et en obtint le résultat. Ses yeux s’ouvrirent subitement, le laissant voir une dernière fois l’image presque net de sa collègue et amie, et ils se refermèrent à jamais.
Son cœur ne battait plus, il ne souffrait plus. Elle vit les muscles de son visage et de son corps ensanglanté se détendre. C’était fini. Teresa sanglotait, en berçant contre elle le corps sans vie et meurtri de son ami.
Elle resta là, seulement quelques minutes qui lui parure une éternité, avant que Rigsby arrive essouffler, suivit de Cho, lui annonçant que Red John était mort. Ils furent bouleversés par ce qu’il virent, et l’asiatique fit signe de laisser Teresa seule, elle en avait besoin. Ils se retirèrent, rejoignant Van Pelt pour lui annoncer la mort de Patrick. Et ils restèrent, tous chamboulés, en silence. Ils appelleraient les autres plus tard pour Red John, cela passerait après.
Teresa était encore contre Jane, passant sa main dans ses cheveux elle murmura.
« On l’a eu Jane… On l’a eu… »