L'homme qui s'est vengé [spoiler saison 3] ^

______________________________________________________________________________________________

L’HOMME QUI S’EST VENGÉ

Lentement, il longea le couloir avec hésitation. Ses yeux fixaient le sol net, son âme était perdue, ailleurs. L’odeur de détergent frais appliqué semblait lui disparaître, tout comme les couleurs fades et ternes des murs figurant avachis. Les néons qui, il y a quelques secondes, lui donnaient mal aux yeux, avaient l’air tamisés par une fibre épaisse. Il était seul, dans sa bulle. Le monde extérieur avait totalement disparu. Vingt-et-un, vingt-deux… vingt-trois. Il resta longuement figé devant la porte rouge orangée. Il faillit faire demi-tour, trop craintif à l’idée de sa réaction. Mais il était déjà arrivé. Il était trop tard pour revenir en arrière. Ses mains tremblaient, de même que ses pensées. Après tout, qu’allait-il lui dire? Néanmoins, il se lança, même s’il savait qu’il pouvait tout gagner, ou tout perdre. Il cogna deux coups légers, sans plus. Il entendit une voix rauque et brisée lui répondre presque sur-le-champ.

- Oui? dit-elle à l’intention du visiteur anonyme.

Puis plus un son. Elle fronça les sourcils, puis sourit, flapie et indisposée. L’homme prit un long instant avant de lui répondre, toujours profusément incertain. Il mit ses mains tremblantes dans ses poches. De légères goutes de sueur perlaient sur son front.

- Salut. Eum… Je… Est-ce que tout va bien… Teresa?

- Bien sûre que je vais bien! dit-elle en riant, clairement éméchée.

- Peux-tu m’ouvrir?

Il entendit des pas derrière la porte, recula légèrement puis prit une grande respiration. La porte s’ouvrit. Devant lui s’affichait une très jolie femme, mince et ravissante, mais faible et dévastée. Elle portait comme seul vêtement un long t-shirt des Bears de Chigaco, lui descendant jusqu’au milieu de la cuisse. Ses cheveux, auparavant si parfaits et toujours traités avec le plus grand soin, étaient ébouriffés et cassés. Teresa regarda l’homme de la tête aux pieds plusieurs fois. Patrick se sentit embarrassé.

- Me regarda pas comme ça Jane! T’as une sale allure ! dit-elle avec sarcasme.

- S’il te plait… ne parle pas de cette façon… qu’est-ce qui t’arrive?

- Ah! C’est toi qui me demande ça, hein… t’as pas changé mec. Tu es aussi navrant, aussi arrogant et aussi chiant qu’avant.

- Lisbon… qu’est-ce qui t’arrive?

- Qu’est-ce qui m’arrive… chuchota-t-elle en tournant lentement le dos et en rejoignant sa cuisine, d’où elle l’appela. Entre! Je t’en pris! Tu veux un verre?

- Non merci, répondit-il en passant la porte, marchant avec peine dans l’appartement sale où jonchaient sur le sol vêtements, objets brisés et bouteilles d’alcool.

- Ah! J’avais presque oublié. Le petit prétentieux préfèrerait-il une tasse de thé? Comme ça, il pourrait discuter des coups chiant qu’il a fait, prétendant aider les gens qui, des années plus tard, lui en voudrait au point de les enlever, impliquant dans la situation ce qu’on appelle des amis, les mettant en danger de mort! Quoique, tu vois bien ce que je suis maintenant, j’aurais peut-être dû mourir, et toi aussi! dit-elle en riant.

- Ne dit pas une telle chose. Et si tu parle de Rachelle… sache que… elle était devenue dépravée. Quelqu’un d’autre aurait enfermé son père, le résultat aurait été le même.

- Patrick, Patrick… Tu ne comprendras jamais rien, parce que tu es un monstre d’égoïsme. Tu n’as jamais vu les choses importantes. John. John… Tiger… tiger… tu n’avais d’yeux que pour lui. Et moi, pendant ce temps, j’étais quoi? Un moyen de te rendre à ta vengeance, simplement?

- Non, écoute…

- Non. Je n’écoute pas! Cria-t-elle en haussant le ton, fixant le mentaliste qu’elle n’avait pas vu depuis 7 ans avec un regard sombre. Tu vas m’écouter. Tu n’as jamais vu ce que moi, Grace, Kimball, Rigsby et même Hightower pouvions ressentir. Tu t’en foutais, n’est-ce pas? Ce qui importait, c’était ton passé. Ensuite, n’importe quoi pouvait t’arriver. Même quitter les gens qui avaient besoin de toi! Voilà, Jane. C’est pour ça que je dis que tu es un monstre d’égoïsme. Et maintenant, regarde ce que j’suis devenue. Ça te dégoutte, hein? Tu te dis, maintenant que tu sais que ta vengeance n’a rien amené, « oh! Tout pourrait être si différent! Qu’est-ce que j’ai fais! » et une fois de plus, tu vas culpabiliser.

- Arrête… tu… tu raconte n’importe quoi. Tu n’as pas toute ta tête. Tu as bu. Tu dois te reposer. Je vais t’aider à tout nettoyer.

- Ah! Il se montre aimable maintenant! C’est pour compenser ta culpabilité?

Patrick resta immobile, face à son ancienne patronne aujourd’hui en colère contre lui. Il se sentait comme un chien abattu, une victime excessive d’un roman de Marie Laberge. Une larme perla sur sa joue, puis une seconde suivit.

- Oh! Le pauvre justicier narcissique est triste… il pleure! C’est presque touchant. Tu t’en veux pourquoi? À cause de l’état dans lequel je me trouve, ou à cause du tien?

Jane ne dit plus un mot. Il était effrayé. Non pas effrayé par Teresa Lisbon, mais par lui-même. Il se sentait tellement horrible d’avoir causer autant de mal à une femme qu’il appréciait énormément. Il s’avança vers elle et, par son grand étonnement, l’enlaça. Il ferma ses bras autour du corps frêle et perdu de la jeune femme. Elle demeura silencieuse. Il releva la tête, puis lui dit de se reposer. Il regarda autour de lui et la conduisit à sa chambre, où il la posa sur son lit. Elle s’endormi rapidement. Les traits si rudes et sévères qu’il avait vus il n’y a que quelques minutes à peine étaient disparus pour laisser places à des traits de visage doux et tendres. Patrick posa un baiser léger et triste sur son front. Il replaça ses cheveux, tira une couverture et éteignit la lumière, puis retourna dans la cuisine, qu’il nettoya, avant d’aller s’assoir près de Teresa.

______________________________________________________________________________________________

Si Johel, il y a de la prison pour Jane, non ? Vu qu'il est dit que Teresa ne l'a pas vu depuis 7 ans !

Sinon, j'approuve, extraordinaire début, et après tout, le but des fanfictions, c'est bien d'explorer le nombre incalculable de chemin que les scénaristes n'emprunterons pas !
Et celui que tu nous livres me semble superbe et prometteur: la douleur que tu fait passer, juste beautiful.

En attendant la suite...

Il ne bougeait pas. Il ne faisait que la regarder, sans la quitter des yeux. Il s’allongea sur le bord du lit à côté d’elle, sans entrer dans les couvertures. Il accota son dos sur le mur en regardant encore Teresa, pendant une bonne heure avant de s’endormir à son tour.

La lumière entra dans la pièce, traversant le rideau transparent, heurtant directement les yeux fermés de Patrick. Il prit une respiration, se frotta les yeux sans les ouvrir.

- Teresa? dit-il, avec une voix endormie.

Comme il n’entendait pas de réponse, il tourna sa tête de l’autre côté et ouvrit les yeux. Elle n’était plus sur le lit. Il entendit un bruit de cuisson dans la cuisine. Il se leva pour aller la rejoindre. Il s’arrêta près d’elle.

- Merci… pour… hier. C’est gentil.

Patrick ne répondit pas et se contenta de sourire légèrement et de caresser tendrement l’épaule de son amie. Il passa sa main dans ses cheveux en fermant les yeux. Teresa le regarda du coin de l’œil, presque charmée par l’allure endormie du blond.

- Patrick…

Il releva la tête et regarda Lisbon, écoutant ce qu’elle allait lui dire ou demander.

- Pourquoi es-tu ici? Il me semble que… ta peine était plus longue? demanda-elle, embêtée de lui poser cette question.

- Oh… euh… en fait elle n’est pas terminée. Vois-tu, on m’a demandé d’aider à résoudre une enquête. Elle traînait depuis un bon moment déjà et est passée entre les mains de plusieurs équipes, sans résultat. Alors on m’a demandé.

- Ça ne m’explique pas ce que tu fais ici.

- Eh bien… Je les ai convaincu que j’avais besoin de passer chercher quelque chose.

- Ici?

- Oui.

- Et ils te font confiance?

- Non. Ils m’attendent à l’extérieur. Ils entourent le bâtiment.

- Alors, qu’est-ce que tu vas leur ramener?

- Rien.

- Mais… ils vont s’en rendre compte, ils ne sont pas aussi idiots que tu le crois!

- En fait, j’avais vraiment besoin de venir chercher quelque chose. Mon inspiration.

- Et elle vient de quoi, ton inspiration?

- De qui. De la personne que j’admire. Alors j’ai décidé d’en profiter pour passer te voir.

- Qui est la personne que tu admire?

- …Toi voyons! C’est évident…

- Je voulais seulement te l’entendre dire! dit-elle avec un sourire magnifique.

Elle éteignit le poêle, posa la casserole sur le comptoir et s’approcha de Patrick. Elle l’étreignit. Il resta étonné, puis lui rendit son câlin. Puis, d’un coup, elle s’éloigna, et revint avec son ordinateur portable. Patrick la regarda faire, intrigué.

- Que comptes-tu faire?

- Réduire ta peine de prison.

- Mais comment?

- Je vais commencer par revenir au CBI. On doit préparer un plan, et il faut le faire vite, ils vont sûrement se demander ce que tu fais.

Patrick était presque ému. Elle allait vraiment se donner tant de mal pour lui? Il ne comprenait plus. Le soir de la veille, elle l’avait critiqué sans cesse et attaqué comme du poisson pourri, et maintenant elle voulait l’aider à sortir plus vite de prison.

- Malgré ce que tu pense, la vengeance, aussi tangible qu’elle soit, n’équivaut pas à une vie presque entière en prison. Je veux que tu ais une vie, Patrick. Tu es mon ami, je dois tout faire pour t’aider.