Correspondances [Spoiler Saison 3 Final] ^

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Un pas en avant

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Les lettres

Jane avait quitté l’infirmerie quelques heures plus tôt et se trouvait à présent dans le quartier surveillé de la prison, loin de tous les autres prisonniers. Il n’aimait pas du tout cette situation, il n’aimait pas se retrouver là, privé de sorties sous prétexte qu’un autre prisonniers voulait lui faire la peau. Il savait qu’il ne pourrait pas se défendre, mais il voulait prouver qu’il était un homme et non pas un lâche et un trouillard.
Malheureusement pour lui, l’ordre venait de plus haut que le directeur de la prison et il ne pouvait rien faire d’autre que d’attendre.

Il était en train de tourner en rond lorsque la porte de sa cellule s’ouvrit et qu’il vit Ethan y entrer, un sourire aux lèvres et deux enveloppes bleues. Son cœur fit des bons dans sa poitrine et, lorsqu’Ethan lui tendit les enveloppes, il les attrapa d’une main tremblante.

“_ T’as de la chance d’avoir une femme comme ça dans ta vie,” lui dit Ethan. “Elle tient vraiment à toi et c’est grâce à elle que tu es là.”
“_ Comment ça?” interrogea Jane sans vraiment comprendre.
“_ Elle t’a fait mettre sous protection parce qu’elle ne pouvait pas arrêter son enquête, elle ne voulait pas que Silver puisse encore te faire du mal, même si on le surveille de prés.”


Jane n’en revenait pas, il n’avait rien dit et pourtant Lisbon connaissait les raisons de son agression. Il n’avait pas voulu qu’elle le sache, il n’avait pas voulu qu’elle se fasse du souci pour lui, il ne méritait pas qu’elle pense à lui après tout le mal qu’il lui avait fait. Il voulait continuer de la protéger et pourtant c’était elle qui le protégeait. Toujours la même, Sainte Teresa, toujours là pour les autres.

Jane se réinstalla sur son lit et observa les lettres dans ses mains, hésitant à les ouvrir. Il le voulait pourtant, il voulait vraiment savoir ce qu’elle avait à lui dire. Il savait que la première lettre datait du jour de son agression, il se souvenait encore d’Ethan qui lui disait qu’il avait du courrier avant de sombrer dans l’inconscient. Il n’avait pas eu le temps de la lire et pas plus lors de son séjour à l’hôpital.

Le mentaliste fini par trouver le courage et ouvrit la première lettre, laissant les mots de Lisbon entrer en lui comme une douce mélodie. Il aimait la lire, il avait l’impression de pouvoir lire en elle, car c’était bien ça qu’il faisait, il lisait en elle car en lui écrivant elle laissait une part d’elle passer dans ses mots.

“Cher Jane,

Je tenais à m’excuser de ne pas vous avoir répondu plus tôt, je n’en avais pas le courage, trop de choses ont changés dans ma vie ces derniers temps. Je ne sais pas comment vous dire ça, comment vous annoncer cette nouvelle. Je sais que ça va vous faire du mal et, malgré tout ce que vous avez fait, je n’ai pas envi de vous faire souffrir. Mais vous m’avez dit de faire ma vie et j’ai suivis votre conseil.
J’ai rencontré un homme, il y a quelques mois. C’est un homme bien, du moins c’était, c’est-ce que je croyais en tout cas. Il était tendre avec moi, il me comprenait, ne me forçait pas à parler si je n’en avais pas envi. Il était patient, trop patient. Mais je pense qu’il en a eu assez. Ne pensez pas à mal, il ne m’a pas touché, il ne m’a pas fait de mal, pas physiquement. Il ne m’aurait jamais fait de mal.

Il y a quelques semaines, trois pour être exacte, j’ai appris que ma vie allait changer radicalement. Ma vie est déjà bien compliquée, avec toute cette histoire, vous en prison, je ne sais pas si je pourrais y faire face. J’ai besoin d’aide, ou plutôt de conseils et je ne me vois pas demander ça à Cho ou Rigsby, ni même à Van Pelt, je sais déjà ce qu’elle me répondrait.
Je ne vois que vous pour m’aider, vous êtes le seul qui puisse comprendre.

Et si je vous disais de quoi il s’agit, vous pourriez peut-être mieux comprendre. Ce n’est pas facile à dire alors je vais y aller directement. Je suis enceinte et je ne sais pas si je serais capable d’élever mon enfant, maintenant que son père m’a quitté.
Je sais que vous ne pourrez pas grand-chose pour moi, vous ne pourrez peut-être pas me conseiller, mais je devais en parler à quelqu’un, une personne qui compte beaucoup pour moi.

Je ne vais pas plus vous embêter. Je n’espère même pas de réponse de votre part.
Vous êtes mon ami Jane, qu’importe ce que vous avez fait, vous resterez à jamais mon ami.

Amicalement,
Lisbon.”

Jane n’en revenait pas. Il avait les larmes aux yeux après cette intense lecture. Lisbon n’avait pas écris grand-chose, mais suffisamment pour lui faire regretter d’être ici et pas auprès d’elle. La pauvre était seule et il ne pouvait rien faire pour l’aider, pour la réconforter, pour lui dire que tout irait bien.
Puis il en voulu au type qui avait fait ça à Lisbon, Sa Lisbon. Comment pouvait-on abandonner la mère de son enfant? Comment pouvait-on priver un enfant de son père avant même sa naissance?
Jane ne comprenait pas ce genre d’hommes, il ne comprenait pas qu’on puisse tourner le dos à sa famille comme ça, même si ça ne faisait pas longtemps que Lisbon et cet homme étaient ensemble, ils avaient construit quelque chose tout les deux et à présent la jeune femme se retrouvait seule.

Le mentaliste se leva de son lit et fit les cents pas dans la pièce. Il avait besoin de la voir, il avait besoin de la rassurer, de lui dire qu’il était là pour elle, même d’ici. Il ne voulait pas qu’elle soit seule comme ça, elle avait besoin de soutien.
Puis il se rappela la seconde lettre et la prit dans ses mains, impatient de découvrir ce qu’elle lui disait de plus que dans la première lettre.

“Cher Patrick,
Je suis désolée de ce que vous… de ce qui t’arrives. Je m’en veux tellement, tu ne mérite pas de souffrir ainsi pour quelque chose dont tu ne sais rien. Je ne veux pas que tu risque ta vie pour ça.”

Jane sentit de nouvelles larmes couler sur ses joues, il ne se rappelait pas avoir autant pleuré depuis… la mort de sa famille. Lisbon l’avait appelé Patrick, elle avait fait un grand pas en avant dans cette lettre et il en était heureux. Peut-être que bientôt elle accepterait de venir le voir, il l’espérait tellement.

“Que dirais-tu si je venais te voir? Je ne suis pas encore certaine que je sois prête pour ça mais, j’ai besoin de te voir, de te parler, de te dire certaines choses qui se sont passées dans ma vie ces derniers mois, des choses importantes dont je ne peux pas te parler dans une lettre.”

Qu’avait-il bien pu se passer d’autre dans sa vie? Qu’avait vécu Lisbon qu’elle ne puisse lui dire dans une lettre?
Jane eu soudain peur, peur de ce que Lisbon pourrait lui dire d’autre et il sentit les battements de son cœurs s’accélérer.

“Patrick, je veux que tu sortes de prison, je veux que tu reviennes travailler avec nous, avec moi. Tu es mon meilleur ami, j’ai besoin de toi plus que tu ne peux le penser ou l’imaginer. Tu étais mon confident et je ne veux pas que ça change, même si j’ai gardé le silence pendant si longtemps.”

Comme il aurait voulu que cela soit possible, comme il aurait voulu revenir auprès d’elle, travailler avec elle, la voir tout les jours. Mais ce n’était pas possible, il était en prison et il savait qu’il allait y rester pour le reste de sa vie, rien ne pourrait changer ça.

“Je vais te laisser maintenant et te dis à bientôt.
Tu me manque,
Teresa.”

Cette dernière phrase lui fit chaud au cœur. Il lui manquait, elle venait de le lui dire. Il était heureux à cet instant, pas de lui manquer, mais qu’elle le reconnaisse et qu’elle ose le lui dire. Il était heureux de constater qu’elle ressentait la même chose que lui au sujet de leur séparation.
Mais il était d’autant plus heureux qu’elle voulait le voir autant que lui le voulait. Elle voulait venir et, même s’il ne savait pas quand, il allait la voir, enfin.

Après sa lecture, Jane se sentit bien, heureux comme il ne l’avait pas été depuis bien longtemps. Bien sure il était toujours dans ce quartier sécurisé de la prison, il ne pourrait pas sortir en même temps que les autres prisonniers, il devrait se soumettre à un autre règlement bien plus stricte, mais il serait en vie et protégé. Il en avait voulu à Lisbon de l’avoir envoyé ici, au début, mais à présent il se rendait compte des motivations de la jeune femme et ne pouvait que lui donner raisons. Elle ne pouvait pas abandonner son enquête, pas pour lui ni pour n’importe qui d’autre. La seule chose en son pouvoir été de l’aider comme ça et cela lui suffisait.
Si Lisbon se donnait autant de mal pour lui, c’était tout simplement parce qu’elle tenait encore à lui, même s’il lui avait mentit, même s’il lui avait fait involontairement du mal.

Jane replia soigneusement les deux lettres et les glissa comme la première sous son oreiller. Il les garderait toute sa vie, même s’il devait mourir ici. Il se doutait bien qu’il ne ressortirait pas de prison, à moins d’un miracle. Il avait tué un homme de sang froid, il avait ôté la vie à quelqu’un. Et même si c’était un monstre, il en était devenu un au moment où il avait tiré. Il ne se pardonnerait jamais la souffrance qu’il avait infligé à ses amis par son geste, ni même la souffrance qu’il s’infligeait à lui-même.

Le mentaliste se promit néanmoins une chose, il serait là pour Lisbon, pour l’écouter, pour la conseiller, pour l’aider autant que possible. Il ne pourrait pas la seconder dans son rôle de mère, mais il pourrait au moins lui rendre la tache plus facile en conseils. La pauvre allait avoir besoin de lui, plus que jamais.

La nuit tomba bien vite et Jane se laissa envahir par de doux rêves dans lesquels Lisbon était joyeuse, heureuse, souriante avec son enfant jouant dans le jardin d’une petite maison et lui encerclant sa taille. Ce n’était qu’un rêve, mais c’était un beau rêve, le plus beau qu’il ait fait depuis la mort de sa femme et de sa petite fille.