L'art de la séduction ^

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"La séduction a toujours été une histoire de manipulation"
François Raux

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Pari stupide entre hommes inconscients


"Il se dégage de certains êtres une séduction qui, favorisée par les circonstances, peut devenir irrésistible tout à coup."

Sacha Guitry

Jane était assis sur son canapé dans l’espace de travail, les jambes croisées, discutant activement avec un Rigsby souriant de toutes ses dents, un Cho silencieux, comme à son habitude, écoutant simplement les deux hommes. La discussion était animée mais personne ne semblait s’y intéresser, encore moins Van Pelt qui tapait sur son ordinateur, comme si elle était seule.

-“ Je te le répète mon cher Rigsby, la séduction est un art de vivre” disait Jane tout sourire. “Ce n’est pas à la portée de n’importe qui.”
-“ Et tu penses être capable de séduire n’importe quelle femme hein ?” rigola le grand brun.
-“ Parfaitement” répondit le mentaliste en bombant le torse avec une parfaite modestie.
-“ Ok, alors si je te donne le nom d’une femme, tu pourras la séduire sans problème ?” questionna encore l’agent.
-“ Donnes-moi juste un nom et je te prouverais que je suis capable de séduire même la plus réticente des femmes” argua fièrement Jane.

Rigsby sembla réfléchir un instant aux paroles de son ami. L’idée de Jane tentant de séduire une femme n’était pas déplaisante et il avait déjà une idée en tête. Il savait que ce ne serait pas aussi facile, que Jane se heurterait à un mur et qu’il serait bien obligé d’admettre qu’il n’était pas aussi doué qu’il le pensait. Ce serait la parfaite expérience pour le faire redescendre de son nuage prétentieux qui l’agaçait parfois.

Ils étaient collègues depuis longtemps, amis depuis presque aussi longtemps et ils s’appréciaient beaucoup, mais Jane avait tendance à se montrer un peu supérieur parfois, se prenant pour le meilleur, trouvant toujours avant les autres les coupables, ne prenant pas la peine d’informer ses collègues de ses plans. Alors l’idée qu’il puisse vouloir tenter un pari tel que celui-ci était vraiment intéressante.

Cho regarda son collègue d’un mauvais œil, comme si, comme Jane, il pouvait lire dans ses pensées. Il lui jeta un regard réprobateur et secoua la tête négativement mais Rigsby se détourna de lui. Si Jane voulait jouer à ça, alors il serait perdant car Rigsby savait bien qu’il ne pourrait pas y arriver. Aucun homme avant lui n’était parvenu à abattre les murs autours de la femme qu’il avait choisi pour leur petite expérience, alors ce n’était pas lui qui pourrait y arriver.

Il se redressa, posa ses deux avant-bras sur son bureau et fixa le blond, un sourire aux lèvres.

-“ Parfait, je te donne un nom et tu as une semaine pour parvenir à séduire cette femme, sinon tu me devras cent dollars” lui dit-il.
-“ Parfait, donnes-moi ce nom et je te prouverais que j’en suis capable” sourit Jane, sûr de lui.

On pouvait voir à quel point il avait confiance en lui, et pour cause, ça avait fait partie de son métier avant. Lorsqu’il jouait les mentalistes il avait apprit à séduire les gens, hommes ou femmes, afin de s’enrichir. Il avait joué avec leurs sentiments, leur peine, leur désarroi. Il n’en était plus aussi fier à présent, à trop jouer avec le feu on fini par se bruler. Et dans sa quête de fortune et de reconnaissance, il avait fini par s’en prendre à la mauvaise personne et avait perdu sa famille. Il en avait souffert pendant des années et avait tenté de changer de vie. Mais chassez le naturel il revient au galop comme on dit. Et donc il avait fini par réutiliser son don de la séduction pour aider la police, enfin plutôt le CBI, et plus particulièrement l’équipe de Teresa Lisbon. Il parvenait toujours à obtenir ce qu’il voulait, il lui suffisait d’un sourire et c’était dans la poche. Parfois cela ne suffisait pas, mais la pluparts du temps il fonctionnait.

Jane n’avait aucun doute qu’il parviendrait à séduire la femme qu’aurait choisi Rigsby. Il connaissait assez son collègue pour savoir que son choix de femmes ne tombait pas toujours sur les plus intelligentes. Pas que ces femmes soient stupides, non, mais elles étaient simplement trop faciles à manipuler. Même cette pauvre Van Pelt était d’une naïveté déconcertante pour un agent du CBI. Il attendit donc d’avoir le nom et ainsi pouvoir clouer le bec de son collègue, empochant au passage une belle somme d’argent.

-“ Teresa Lisbon.”

Le sourire de Jane s’effaça à l’instant où le nom de sa patronne franchit les lèvres de son collègue. La tête de Van Pelt se redressa instantanément, son regard fixant son ex petit ami de façon réprobatrice. Jusqu’à présent elle n’avait pas prit par à la discussion, mais là, ça devenait trop personnel et elle n’aimait pas l’idée de Jane jouant avec les sentiments de sa patronne.

-“ Tu ne peux pas impliquer la boss là dedans Wayne” s’interposa la jeune femme.
-“ Elle est la seule que je connaisse qu’il ne pourra pas séduire” contra-t-il.
-“ Mais c’est dégueulasse de lui faire ça, tu trouve pas qu’il la manipule assez comme ça ?” Se buta-t-elle.

Jane posa un regard scandalisé sur sa collègue, comme s’il était outré de sa suggestion. Mais elle n’avait pas tout à fait tort, il jouait souvent avec elle, un seul de ses sourires et elle faisait ce qu’il voulait, il l’avait déjà dans la poche, même si elle prétendait le contraire. Mais il faisait toujours ça lors des enquêtes afin de faire un peu tout ce qu’il voulait, il ne jouait pas vraiment avec ses sentiments. Il eu soudain envi de laisser tomber le pari, il ne pouvait pas faire ça, pas à Lisbon.

-“ Tu abandonne Jane ?” Questionna Rigsby.
-“ Euh…non, je tiens le pari” sourit-il, un peu crispé quand même.
-“ Vous êtes vraiment cons les gars” leur dit alors la rousse.

Puis elle reporta son attention à son ordinateur, en ayant assez entendu pour la journée. S’ils voulaient jouer à ça elle ne pourrait pas les en empêcher, mais elle ne voulait pas être complice. Grace aimait beaucoup Lisbon, elle l’admirait, elle la trouvait forte et indépendante et aurait tellement voulu lui ressembler. Alors de savoir que ses collègues allaient jouer avec elle, cela la révoltait, mais que pouvait-elle y faire ? Ils ne voulaient pas l’écouter. Mais elle avait quand même vu un doute dans les yeux du consultant et elle espéra que ce doute serait assez fort pour qu’il décide de ne rien faire, quitte à perdre de l’argent et un peu de sa crédibilité.

La discussion continua encore un peu avant que des pas ne se fassent entendre dans le couloir et immédiatement, les deux hommes cessèrent, obligeant la jeune femme à lever les yeux pour voir arriver l’objet de leur pari. Teresa Lisbon s’approcha d’eux, un sourire sur les lèvres et Grace espéra qu’elle n’apprenne jamais ce qu’ils prévoyaient de faire. Elle pourrait très mal le prendre, et à sa place, elle-même n’apprécierait pas d’être un objet de distraction pour de grands gamins comme eux.

-“ J’ai une bonne nouvelle pour vous tous” annonça-t-elle. “Etant donné que nous n’avons pas d’affaires en cours et que nous avons travaillé dur pendant pas mal de temps, nous avons droit à quelques jours de repos.”
-“ Chouette” s’exclama Rigsby.
-“ Mais nous devons quand même être disponibles en cas de besoin” précisa-t-elle. “ Sinon, vous êtes libre de rentrer chez vous et on se revoit la semaine prochaine.”

Les agents sourirent tout en préparant leurs affaires et Grace se dit que finalement, le pari ne pourrait pas avoir lieu puisque chacun allait partir de son coté pour profiter de ces quelques jours sans travail. Du moins elle l’avait espéré mais, en voyant le regard de Jane sur Lisbon, ses espoirs s’envolèrent immédiatement.

Tandis que la brunette retournait dans son bureau, elle vit le consultant se lever et la suivre, frappant à la porte et entrant sans même attendre l’autorisation. Il ne changerait jamais celui la.



Lisbon était assise à son bureau, mettant de l’ordre dans ses dossiers, classant et remplissant des rapports afin d’être à jour avant de partir quelques jours loin des bureaux. Elle ne voulait pas, à son retour, devoir rattraper son retard et surtout elle voulait partir l’esprit tranquille.

Lorsque Jane frappa à la porte et entra avant même qu’elle ait eu le temps de l’autoriser, elle sourit intérieurement. Au moins il avait prit la peine de frapper, ce n’était pas habituel chez lui et cela la surprit un peu. Elle ne releva pas les yeux pour le voir s’installer sur le divan, s’y couchant comme s’il était chez lui. Il se croyait chez lui partout, et ça c’était une habitude, même chez les familles des victimes ou les suspects. Ainsi était Patrick Jane et elle avait apprit à faire avec.

Une fois tout terminé, la jeune femme mit de l’ordre sur son bureau et rangea ses affaires. Elle se leva de sa chaise et alla se placer devant le divan, observant le visage détendu de son consultant. Elle n’eut pas à attendre longtemps avant qu’il ne prenne la parole.

-“ Vous voyez quelque chose qui vous plait Lisbon ?” demanda-t-il de sa voix charmeuse.

Lisbon sursauta un peu mais tenta de dissimuler sa surprise par un ton qui se voulait réprobateur.

-“ Vous n’êtes pas chez vous Jane, alors ôtez donc vos pieds de mon canapé et levez vous, je voudrais rentrer chez moi.”
-“ Pourquoi tant d’agressivité ?” demanda-t-il. “Il suffit de me le demander gentiment et je me ferais un plaisir de vous accompagner.”
-“ Inutile de le prendre comme ça, je rentre seule et vous, vous faites ce que vous voulez, mais je ne veux pas vous voir jusqu’à Lundi.”
-“ Parviendrais-je à tenir jusqu’à Lundi sans vous voir ? Ou mieux, arriverez-vous à vous passer de moi jusqu’à Lundi ?” Rajouta-t-il en se redressant et se plaçant devant elle.

Lisbon se sentit rougir un peu à la proximité de son consultant mais s’écarta assez vite afin qu’il ne remarque rien. Peine perdu, c’était de Jane qu’il s’agissait, il ne manquait rien, encore moins ses joues rouges, à croire qu’il était venu travailler au CBI dans l’unique but de la faire rougir. Mais en réalité, ce n’était pas pour elle qu’il était là, non c’était pour John Le Rouge et lui uniquement. Il n’avait que ce but dans la vie, attraper John Le Rouge et le torturer comme il l’avait fait pour sa femme et sa fille et ça Lisbon n’arrivait toujours pas à s’y faire.

-“ Jane, rentrez chez vous, trouvez quelque chose à faire, ou quelqu’un à embêter, mais je ne veux pas vous voir avant la semaine prochaine.”
-“ Il n’y a qu’une personne que j’aime embêter et c’est vous ma chère Lisbon” lui répondit-il en se rapprochant encore, ne s’arrêtant qu’à quelques centimètres d’elle.
-“ Et moi je n’aime pas ça” précisa-t-elle en le repoussant. “Maintenant sortez de mon bureau.”
-“ Comme vous voudrez.”

Le mentaliste se pencha pour déposer ses lèvres sur la joue de Lisbon et quitta le bureau en sifflotant tandis que Lisbon restait figée sur place. La jeune femme porta ses doigts là où les lèvres de son consultant se trouvaient à peine quelques secondes plus tôt et rougit encore plus. La sensation de ses lèvres sur sa peau, la douceur qu’il avait mit dans ce geste, Lisbon en était toute retournée et ne savait pas trop quoi en penser.

Elle tourna la tête pour voir Jane ramasser sa veste et partir en direction de l’ascenseur. Il se retourna et lui lança un sourire avec une étrange lueur dans le regard. Mais que lui arrivait-il ? Pourquoi agissait-il comme ça soudainement ? Qu’attendait-il d’elle au juste ? Ou alors avait-il décidé de passer à autre chose, peut-être envisageait-il de refaire sa vie ? Mais pourquoi jeter son dévolu sur elle ? Qu’avait-elle de si spécial pour qu’elle l’intéresse ? Trop de questions et pas de réponses.

La jeune femme décida d’ignorer ce baiser, tout simplement amical et sortit de son bureau qu’elle ferma à clé avant d’aller elle aussi prendre l’ascenseur. Elle y retrouva Jane qui maintenait les portes ouvertes pour qu’elle puisse entrer. Elle le remercia et se plaça face à la porte, tentant d’ignorer les regards qu’il lui lançait de temps en temps. Mais comment ne pas y faire attention alors qu’ils n’étaient que deux dans la cabine et qu’elle sentait de nouveau ses joues chauffer sous l’intensité de sa gêne ?

Finalement, l’ascenseur s’arrêta et Lisbon en sortit rapidement pour se diriger vers sa voiture avec la ferme intention de rentrer chez elle et de se glisser dans un bon bain chaud. Elle voulait oublier tout les papillons qui avaient élu domicile dans son ventre depuis le baiser de Jane, elle voulait oublier les idées qui lui avaient traversé la tête depuis ces quelques instants dans l’ascenseur. Elle voulait juste se reposer et ne plus penser à rien sauf elle. Presque quatre jours de repos à la suite, elle pourrait enfin se détendre convenablement sans avoir à se soucier des bêtises que pourrait faire Jane.

La jeune femme traversa le parking et arriva à sa voiture, ouvrit la porte et s’apprêtait à y entrer lorsqu’une main se posa sur sa hanche, la faisant sursauter et se retourner pour se défendre contre son assaillant. Mais alors que son poing allait entrer en collision avec le visage de l’intrus, elle reconnut son consultant et s’arrêta, le poing toujours en l’air.

-“ Mais vous êtes fou Jane, j’aurais pu vous casser le nez” s’énerva-t-elle.
-“ Je ne voulais pas vous faire peur Lisbon” se défendit Jane en s’écartant un peu, question de préservation. “ Je voulais juste vous proposer quelque chose.”
-“ Et quoi donc ?” lui demanda-t-elle en mettant ses mains sur les hanches.

Jane la regarda un instant, sa position avait quelque chose de sexy, mêlant surprise, agacement et charme. Elle avait toujours eu ce petit quelque chose qui faisait peur à ceux qui ne la connaissait pas, ce petit côté autoritaire qui lui plaisait tant. Elle n’était pas très grande, mais elle savait s’imposer. Il ne pu s’empêcher de laisser ses yeux glisser le long de son corps, en retraçant chaque courbe d'un regard devenu plus gourmand qu’il ne l’aurait voulu.

-“ Alors ?” S’impatienta-t-elle.
“ Euh oui… euh… ça vous dirait qu’on se voit ce soir ? Une soirée télévision après un bon repas préparé par mes soins ? Rien que pour vous ?” lui demanda-t-il de ce sourire charmeur auquel elle ne pouvait pas résister.

Lisbon réfléchit un moment. Elle projetait de prendre un bain, de se détendre, de passer une bonne soirée devant la télévision en mangeant de la glace avec un verre de bon vin rouge, pourquoi ne pas y inclure Jane ? Du moins pour la partie télévision, pas la partie bain. L’idée était tentante et puis il le demandait si gentiment, comment pourrait-elle lui refuser ?

Elle reporta son attention sur son consultant qui avait toujours son sourire et ne pu résister. Passer une soirée avec lui pourrait être bien après tout, il n’était peut-être pas aussi agaçant tout le temps, il devait avoir des moments pour se reposer aussi. Alors elle lui sourit en réponse et, satisfaite, monta dans sa voiture, direction la maison.
Elle jeta un coup d’œil dans le rétroviseur et vit Jane sautiller sur place, heureux comme un enfant qui venait de recevoir un beau cadeau. Elle sourit en le voyant comme ça et se détourna pour regarder où elle allait. Sa soirée promettait d’être très intéressante.

Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait accepté si facilement, pourquoi elle ne lui avait pas tout simplement dit qu’elle voulait être seule et se reposer. Mais son sourire, elle n’avait jamais su résister à son sourire et encore moins ce soir. Il y avait quelque chose chez lui qui la faisait fondre, quelque chose de spécial qu’elle n’aurait pu expliquer. Cet homme était une énigme, mais une énigme séduisante qu’elle se ferait un plaisir de résoudre. Elle commencerait ce soir et peut-être que cela mènerait à quelque chose de plus qu’une simple soirée entre amis ?

La jeune femme secoua la tête à cette idée et roula jusque chez elle pour se préparer avant l’arrivée de Jane.



Jane attendit que la voiture de Lisbon ait disparu au coin de la rue et sortit son téléphone. Il composa le numéro de Rigsby et attendit qu’il réponde, ce qui ne tarda pas.

-“ Rigsby” dit l’agent.
-“ Je vais passer la soirée avec Lisbon” se vanta le consultant. “ Elle et moi, seuls chez elle.”
-“ Ouais, mais c’est qu’une soirée, ça veut rien dire” se buta le brun qui ne croyait toujours pas Jane capable de séduire Lisbon.
-“ Ça commence comme ça et ensuite les choses évolues” expliqua Jane.
-“ Tu crois pas qu’elle va se douter de quelque chose ?” S’inquiéta-t-il soudain.
-“ Et pourquoi se douterait-elle de quoi que ce soit ? Elle n’a aucune raison d’avoir des doutes.”
-“ Si tu le dis, mais je ne veux pas que ça me retombe dessus.”
-“ N’oublies pas que c’était ton idée au départ, alors maintenant assumes.”
-“ Ok, bon tu me raconteras.”
-“ Dans les détails ?” S’amusa le mentaliste.
-“ Jane,” rouspéta le brun avant de raccrocher.

Jane rangea son téléphone dans sa poche et rentra chez lui pour se préparer. Il avait déjà quelques idées en tête, il savait exactement comment faire flancher Lisbon et il comptait bien gagner son pari. Il n’avait pas l’habitude de perdre et il ne voulait pas commencer maintenant, alors autant mettre toutes les chances de son côté.

Le mentaliste monta dans sa DS et s’enfonça dans la nuit, des idées plein la tête. La première sur la liste, faire de sa soirée avec Lisbon un moment agréable, si agréable qu’elle accepterait facilement de recommencer. Oui, voilà par quoi il allait commencer. Il allait se montrer charmant, attentionné, attentif et gentil. Elle tomberait rapidement sous son charme et le reste se ferait tout seul. Il espérait juste ne pas trop la blesser dans cette entreprise, l’idée n’était pas de la faire souffrir mais de se rendre irrésistible à ses yeux.

La première partie de son plan avait fonctionné à merveille, le reste viendrait tout seul, il suffisait juste qu’il ne se laisse pas prendre à son propre jeu.

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Une soirée spéciale


“ On à beau dire qu’en amour l’apparence ce n’est pas ce qui compte, en matière de séduction ça joue drôlement quand même.”

Marc Levy.

Lisbon était rentrée chez elle depuis maintenant deux bonnes heures. Elle avait rangé ses affaires, s’était versé un verre de vin rouge et avait commencé à se faire couler ce bain chaud dont elle rêvait. Elle était en peignoir, assise sur le bord de la baignoire, une main dans l’eau, créant des vagues avec ses doigts. Elle ferma les yeux, appréciant la chaleur qui se dégageait du bout de ses doigts jusque dans la totalité de son corps.

Quand l’eau eut atteint la bonne hauteur, elle la coupa et retira son peignoir avant de se glisser dans le bain. Elle posa sa tête sur le rebord et ferma de nouveau les yeux. Cela faisait tellement de bien de se détendre un peu, d’oublier tout ce qui avait un rapport avec le travail, avec Jane.

Mais alors qu’elle commençait presque à s’endormir, le téléphone sonna, la faisant sursauter dans l’eau. Elle jura, alors qu’elle cherchait le cellulaire et lorsqu’elle vit le nom de l’appelant, elle souffla de désespération. Ne pouvait-il pas la laisser tranquille un petit peu, il allait déjà venir pour la soirée alors elle aurait aimé prendre son bain sans avoir à être dérangée. Mais il était insistant et elle fini par décrocher.

-“ Quoi Jane ?” répondit-elle un peu durement.
-“ Lisbon, comment allez-vous depuis tout à l’heure ?” lui demanda-t-il, ne faisait pas attention au ton employé.
-“ Vous ne pourriez pas m’oublier un moment ? Je suis occupée là.”
-“ Oh!” S’exclama-t-il. “Seriez-vous par hasard dans votre bain ?” demanda-t-il taquin.
-“ Non” lui répondit-elle rapidement, plus rapidement qu’elle ne l’avait prévu.
-“ Au son de votre voix, je pense que si.”

Lisbon sentit le rouge lui monter aux joues. Il était incroyable, il savait toujours comment la mettre dans l’embarras sans même être présent. Mais malgré ça, elle ne pouvait s’empêcher de trouver qu’il était charmant. Il la taquinait alors qu’elle était dans son bain, nue comme un verre, et elle ne se sentait pas si gênée que ça. Drôle de constatation tout de même, Jane était un homme exaspérant, arrogant mais il était aussi charmant.

Elle se sentait de plus en plus à l’aise avec lui au téléphone, elle s’imagina même prendre son bain avec lui, nu comme elle, ses boucles blondes dégoulinantes d’eau, son corps ruisselant. Mais elle chassa bien vite ses pensées pour le moins déplacées. Jane était un collègue et un ami, rien de plus alors inutile de s’imaginer autre chose. Mais elle continuait néanmoins de le rêver. Depuis quelques temps, elle le voyait d’une autre façon, elle le voyait plus comme un homme et non plus comme son consultant, elle le voyait comme celui qu’il pourrait être s’il n’avait pas tant souffert dans sa vie.

-“ Lisbon, vous êtes toujours là ?” la rappela-t-il.
-“ Euh… oui je suis là. Ecoutez Jane, je vais finir de me préparer et on se voit tout à l’heure, ok ?”
-“ Ok, à tout à l’heure Lisbon.”
-“ A plus tard Jane.”

La jeune femme raccrocha, un sourire sur les lèvres. Elle voulait définitivement que les choses changent entre eux, elle voulait bien plus que son amitié, mais comment le lui faire comprendre ? Comment lui ouvrir les yeux alors qu’elle était elle-même incapable de faire un pas vers lui ?

Mais soudain, elle eut une révélation, et si cette soirée n’était qu’une technique pour lui de se rapprocher d’elle ? Et s’il voyait lui aussi en elle plus qu’une amie ? Oh comme elle aurait voulu que ce soit possible.

Lisbon sortit de son bain et se sécha avant de se rendre dans sa chambre pour trouver quelque chose à se mettre. Elle ne savait pas vraiment quoi porter, elle ne voulait pas une tenue trop provocante, mai quelque chose de simple et joli. Alors elle opta pour un débardeur noir avec un léger décolleté, ainsi qu’un jean bleu. Elle s’habilla et se contempla dans le miroir, satisfaite de ce que l’image lui renvoyait. Avec ça Jane ne resterait pas insensible et peut-être que les choses avanceraient. C’était du moins ce qu’elle espérait tandis qu’elle s’activait à préparer le repas du soir.



Une heure après son appel, Jane se trouvait devant la porte de sa collègue, prêt à commencer son travail de séduction. Il la connaissait par cœur, il savait ce qu’elle aimait et ce qu’elle n’aimait pas. Il savait de quoi parler avec elle, de quoi les occuper toute une soirée dans la joie et la bonne humeur. Il n’était pas qu’un irascible et exaspérant consultant, il était aussi un homme cultivé et charmant qui savait tenir une conversation et bien plus encore.

Il sonna à la porte et n’eut pas à attendre longtemps avant qu’elle ne s’ouvre sur une Teresa Lisbon envoutante dans sa tenue décontractée. Il en resta bouche bée, ne s’attendant pas du tout à ce qu’elle se sente à l’aise au point de porter ça. Mais il ne s’en plaignit pas, bien au contraire, il la trouvait absolument charmante, magnifique, éblouissante. A tel point qu’il ne sut quoi dire, restant la bouche ouverte de surprise sur le pas de la porte, devant une Lisbon rougissante.

La jeune femme le fixait de la tête aux pieds, admirant cet homme qu’elle avait toujours vu en costume trois pièces. Il était différent dans son T-shirt bleu ciel et son jean, il était craquant, elle n’aurait pu dire le contraire. Elle se mordilla la lèvre inférieure, ne pouvant pas le lâcher des yeux. Finalement, un raclement de gorge la ramena à la réalité.

-“ Vous me laissez entrer ?” lui demanda Jane avec un charmant sourire.
-“ Euh… oui, oui bien sûr” lui répondit-elle en s’écartant pour le laisser passer.

Jane entra dans l’appartement, se dirigeant directement vers le canapé où il déposa la veste qu’il avait prise en cas de froid lorsqu’il rentrerait le soir. Puis il s’installa comme s’il était chez lui, ne perdant pas ses habitudes. Lisbon leva les yeux au ciel et le suivit, s’installant à côté de lui, mais gardant quand même une certaine distance. Même si elle appréciait qu’il soit là, différent de tous les jours, elle ne voulait pas qu’il le voit tout de suite. Elle voulait apprendre à le connaitre, le vrai Jane, pas celui qu’elle côtoyait tous les jours, pas celui qu’il montrait en public. Elle voulait le connaitre lui, l’homme qui se cachait derrière le masque souriant qu’il montrait à tous.

Au bout de plusieurs minutes de silence, Lisbon se leva et se dirigea dans la cuisine pour se préparer un café et pourquoi pas un thé pour Jane. Il aimait le thé, à n’importe quelle heure de la journée et elle en avait justement dans ses placards, attendant juste une occasion de le sortir, attendant que Jane vienne la voir pour lui en faire profiter.

-“ Un thé, ça vous tente ?” proposa-t-elle depuis la cuisine.
-“ Vous avez du thé ? Vous !” s’étonna Jane en se levant.
-“ Si vous n’en voulez pas, dites le juste. Moi je me fait un café.”

Jane sourit en regardant sur les étagères, elle avait un nombre impressionnant de DVD, certains anciens, d’autres plus récents. Il piocha quelques boites et les examina, tombant finalement sur un film qu’il ne connaissait que de nom mais qui lui sembla être intéressant. Il s’agissait d’un film romantique, pas vraiment son genre, il avait toujours préféré les films plus intellectuels, mais pour ce soir il voulait se montrer différent, il voulait se tester autant qu’il allait la tester.

Il retourna s’assoir sur le canapé, la boite dans les mains et attendit que Lisbon revienne avec leurs boissons. Et il la vit entrer dans le salon, deux tasses fumantes à la main ainsi qu’un saladier de pop-corn. Il lui sourit pour la remercier lorsqu’elle lui tendit sa tasse et elle se réinstalla à côté de lui, posant le saladier entre eux.

-“ Alors, vous avez trouvé quelque chose d’intéressant ?” lui demanda-t-elle en buvant une petite gorgée de café.
-“ Oui, un film a attiré mon attention” répondit-il.
-“ Et quel est-ce film ?”
-“ Surprise.”

Et il se leva pour insérer le disque dans le lecteur et reprit sa place sur le canapé, piochant au passage dans le saladier de pop-corn. Le film débuta et le silence retomba dans le salon. Les deux collègues étaient plongés dans le film, ne faisant plus attention à la présence de l’autre. Mais au bout d’un moment, Jane se déconnecta de la télévision et jeta un coup d’œil à Lisbon. Elle était vraiment à fond dans l'histoire, elle ne le voyait plus, ne l’entendait plus, elle n’avait d’yeux que pour ce qu’il se passait à l’écran.

La jeune femme plongea sa main dans le saladier au même moment que Jane. Leurs mains se frôlèrent et cela provoqua une décharge électrique en chacun d’eux, leur faisant relever les yeux. Ils plongèrent dans le regard l’un de l’autre, se perdant dans l’océan de leurs émotions diverses. Sans même s’en rendre compte, sans être conscient de ses actes, Jane se rapprocha de Lisbon, sa main attrapant celle de la jeune femme et la serrant tendrement. Il lui sourit, glissant un peu plus vers elle. Ses yeux tombèrent sur ses lèvres pour remonter vers ses yeux. Ils n’étaient plus qu’à quelques centimètres, sentant l’électricité dans l’air autour d’eux, le film n’existant plus, le monde n’existant plus. Jane était sur le point de poser ses lèvres sur celle de Lisbon lorsque…. Le saladier tomba du canapé, émettant un bruit sourd qui les sortit de leur tendre moment.

Jane se recula brusquement, lâchant la main de Lisbon qui retomba sur le canapé. Il s’écarta d’elle, retrouvant sa place un peu plus loin. Soudainement, la gêne s’installa dans la pièce, aucun d’eux ne sachant quoi dire ou quoi faire. Finalement, Jane décida d’y mettre fin en se levant et en prenant sa veste.

-“ Vous partez déjà ?” demanda Lisbon.
-“ Je… oui je crois que je devrais rentrer chez moi” lui répondit-il sans oser la regarder.
-“ Euh… comme vous voudrez. J’espère au moins que vous avez passé une bonne soirée.”
-“ J’ai passé une excellente soirée Lisbon, vraiment excellente.”

La jeune femme le raccompagna jusqu’à la porte et l’ouvrit pour lui, attendant qu’il sorte. Une fois qu’il fut sur le palier, il hésita un moment, ne sachant pas quoi faire. Il ne pouvait pas partir comme ça, il ne pouvait pas la laisser ainsi, se demandant si elle avait fait quelque chose de mal, car il savait que c’était ce qu’elle se demandait à cet instant précis. Alors il fit encore une fois parler son corps au lieu de son cerveau. Il se pencha vers Lisbon et déposa un baiser sur sa joue avant de s’éloigner rapidement et de rejoindre sa voiture, laissant sa collègue sur le pas de la porte, encore sous le choc.

Lisbon le regarda partir, une main sur la joue que venait juste d’embrasser son consultant. Elle n’en revenait pas, c’était la première fois que ce genre de chose la mettait dans un tel état. Elle avait fréquenté beaucoup d’hommes dans sa vie, depuis son adolescence. Mais jamais aucun d’eux n’avait éveillé autant de papillons dans son ventre, lui brouillant l’esprit, faisant trembler ses jambes. Jane était le premier, et pourtant elle ne sortait même pas avec lui, alors qu’en serait-il si c’était le cas ?

Elle referma la porte et retourna s’installer sur le canapé pour finir son film en pensant à Jane.



Jane s’arrêta un peu plus loin sur la route, se garant sur le bas coté. Il laissa son front retomber sur le volant, se demandant encore ce qu’il avait fait. Il avait faillit embrasser Lisbon, il avait faillit franchir ce pas et elle n’avait rien fait pour l’en empêcher. Puis, il lui avait embrassé la joue avant de fuir dans la nuit. Mais qu’est-ce qui n’allait pas chez lui ? Le pari n’était que de la séduire, pas de la rendre si docile avec lui. Jamais il n’aurait pensé que Lisbon le laisserait aller si loin avec elle.

Lorsque sa main avait frôlé la sienne, lorsqu’il avait sentit la douceur de sa peau contre la sienne. Tout cela avait éveillé en lui des choses, des sensations qu’il n’avait pas ressenties depuis longtemps. Il avait aimé sa soirée, il avait aimé être en présence d’une femme. Lisbon était une femme exceptionnelle, une femme de cœur, une femme qu’il appréciait énormément.

Et tout à coup il réalisa quelque chose, une chose à laquelle il n’avait pas pensé avant ce soir et qu’il ne pensait pas qui lui traverserait de nouveau l’esprit. Il se rendit compte qu’il avait des sentiments pour cette femme, bien plus que de l’amitié.

Soudain, l'idée du pari le rendit malade, il ne pouvait pas continuer, il ne voulait pas continuer. Il allait la faire souffrir et c’était justement ce qu’il se refusait à faire. Lisbon était une femme bien qui avait déjà eu son lot de souffrances dans la vie, il ne pouvait pas lui rajouter ça.

Il sortit son téléphone et appela Rigsby, il devait mettre un terme à cette histoire, même s’il devait perdre, il aurait au moins évité à Lisbon de souffrir. L’agent décrocha rapidement, surprit que Jane l’appelle si tard.

-“ Jane ? Un problème ?” S’inquiéta-t-il.
-“ J’abandonne le pari” répondit-il. “Je ne peux pas continuer.”
-“ Mais pourquoi ? Tu as peur de perdre ?”
-“ Non, mais je ne veux pas continuer, c’est tout. Alors on oublie cette histoire.”
-“ Je ne sais pas ce qui t’a fait changer d’avis, mais c’est comme tu veux mec, on oublie.”
-“ Merci Rigsby.”

Jane raccrocha son téléphone et reprit sa route pour rentrer chez lui. Il avait enfin fait quelque chose de bien. De voir Lisbon ainsi ce soir, de la voir si détendue avec lui, d’avoir passé la meilleure soirée de sa vie avec une femme depuis bien des années, il ne la remercierait jamais assez. Il ne voulait pas briser leur amitié, il ne voulait pas la perdre. Il préférait perdre son pari que de perdre Lisbon.

Il avait la chance de pouvoir changer de vie, il n’allait pas passer à côté de cette chance. Il avait encore beaucoup de chose à penser, et la première était Lisbon. Il devait mettre au clair les sentiments qu’il avait pour elle avant de prendre sa décision.