72 heures ^

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Toute la vérité

Lisbon ouvrit les yeux et se découvrit toujours la tête contre la poitrine de Jane qui dormait paisiblement. Elle aurait dû se sentir gênée, mal à l’aise, rougir comme à son habitude, mais rien de tout ça n’arriva. Contrairement à ce qu’elle pensait, elle se sentait bien ainsi, contre son consultant, un bras de ce dernier possessivement enroulé autour de sa taille. Elle referma donc les yeux, bien décidée à en profiter autant que possible, parfaitement consciente que ça n’arriverait plus avant longtemps, si ça arrivait de nouveau un jour.

La jeune femme laissa ses pensées dériver vers un autre temps, une autre époque. Elle se revit des années plus tôt, prenant la plus difficile décision de sa vie. Elle se souvint du jour où elle avait mis son enfant au monde, au bonheur de voir cette petite fille, son petit miracle. Elle se souvint de la finesse de son visage, de la douceur de sa peau, de la petitesse de ses mains et de ses pieds. Elle se souvint ensuite de l’avoir prise dans ses bras, de l’avoir serré fort contre son cœur une dernière fois avant de devoir lui dire au revoir. Elle savait qu’elle allait la revoir, qu’elle pourrait la voir grandir, mais c’était si difficile de dire au revoir à son enfant pour qu’il soit celui de quelqu’un d’autre.

Sans même s’en rendre compte, des larmes se mirent à couler sur son visage, glissant silencieusement pour s’échouer sur le torse de Jane qui s’éveilla lentement. Il ouvrit les yeux, cligna plusieurs fois pour s’habituer à la lumière puis baissa la tête pour voir Lisbon en larmes, les yeux clos, serrant sa chemise entre ses mains tremblantes. Il sentit son cœur se serrer de la voir ainsi, il n’aimait décidément pas la voir ainsi, ça ne lui ressemblait pas. Il avait l’habitude de voir une jeune femme forte, qui gardait pour elle ses émotions. Cette affaire avait fait ressortir ce côté qu’elle cachait soigneusement.

Le mentaliste se décida à agir et posa une main dans le dos de Lisbon, la massant délicatement, sans un mot, juste pour lui montrer qu’il était là pour elle, qu’il ne la laisserait pas tomber. Elle se serra d’avantage contre lui, enfouissant son visage dans sa chemise, laissant toute sa peine ressortir et la laisser enfin tranquille. D’avoir parlé de cet épisode de sa vie avait été à la fois difficile mais aussi d’un grand soulagement. De savoir que quelqu’un savait, mais ne la jugeait pas. Elle ne pensait pas en parler un jour, et encore moins à Jane. Mais elle avait confiance en lui, bien plus qu’en n’importe qui d’autre, du moins pour ça. Elle faisait confiance à Cho, elle avait une confiance aveugle en l’agent, mais elle ne lui confierait jamais ce genre de secret, elle ne pouvait pas. Jane était différent, il y avait quelque chose en lui, quelque chose qui la rassurait.

Finalement, ses larmes se tarirent mais elle n’osa pas pour autant lever les yeux vers lui. Elle ne pleurait jamais devant les gens, c’était une marque de faiblesse et elle n’aimait pas que les gens la voient faible. Mais Jane l’avait déjà vue ainsi et elle savait que face à lui elle pouvait être elle-même. C’était ce qu’elle aimait le plus chez lui. Cet homme était un véritable emmerdeur, il pouvait être le plus agaçant des hommes qu’elle connaisse. Mais il pouvait aussi être d’une grande gentillesse et réconfortant.

Sentant des doigts se poser sous son menton, elle fini par lever les yeux vers lui et tenta un pauvre sourire pour le rassurer. Il vit qu’elle voulait juste lui faire plaisir par ce sourire, mais il ne dit rien. Il lui rendit son sourire, se redressa légèrement, l’entraînant avec lui et se pencha vers elle pour poser un baiser sur son front. Lisbon ferma les yeux, savourant la chaleur qui se dégageait de cette main avant de la recouvrir de la sienne. Comment ce simple contact pouvait-il lui faire tant de bien? Comment Jane parvenait-il toujours à dissiper ses craintes et sa peine ainsi ? Elle ne le savait pas, mais elle n’avait pas besoin de le savoir. Il était là, avec elle et elle ne voulait rien de plus que le garder pour le reste de sa vie, s’il le voulait autant qu’elle.

-“ Qu’est-ce qui ne va pas Lisbon ?” Lui demanda-t-il doucement.
-“ Rien, tout va bien” répondit-elle en lui souriant réellement cette fois.
-“ Alors pourquoi ces larmes ?” S’enquit-il.
-“ De mauvais souvenirs, mais ça va mieux.”

Pas besoin d’en dire plus, il avait parfaitement comprit et il resserra son étreinte sur la jeune femme. Lisbon se laissa faire sans un mot, mais elle se dit au plus profond d’elle-même qu’elle ne devrait pas trop s’y habituer, il serait d’autant plus difficile de revenir à la réalité.

-“ Quand pouvez-vous sortir ?” Demanda alors le mentaliste.
-“ Le médecin veut me garder encore deux jours pour plus de sécurité, mais ensuite je pourrais rentrer chez moi.”
-“ Déjà ? Ce n’est pas un peu tôt ?”
-“ Je ne reprendrai pas le travail avant au moins un mois si ça peut vous rassurer.”
-“ Grandement.”

Le silence retomba ensuite dans la chambre, aucun mot n’était utile pour qu’ils sachent ce que ressentait l’autre, ce besoin de l’autre. Lisbon savait qu’elle devrait le laisser partir, qu’il ne resterait pas éternellement avec elle, qu’il avait sa vie. Mais une petite part de son cœur ne pouvait cesser d’espérer qu’il ne la quitte pas, qu’il voit dans ses yeux ce qu’elle voulait vraiment. Il se vantait souvent de pouvoir lire en elle, qu’il était inutile qu’elle garde des secrets pour lui. Mais il n’avait pas vu son plus grand secret, il n’avait pas sut lire en elle et maintenant elle espérait tant qu’il puisse le faire.

En se réinstallant contre le mur derrière le lit, Jane ferma les yeux. Il savait parfaitement ce que voulait Lisbon, et au fond de lui, il le voulait aussi. Mais était-il prêt à aller de l’avant avec elle ? Était-il prêt à oublier toutes ses peurs pour elle ? Il ne le savait pas et ne voulait pas prendre de risques. Il tenait à elle, plus qu’a quiconque, il ne voulait pas la perdre s’il se trompait, s’il n’était pas vraiment prêt à être à cent pour cent avec elle. Lisbon était ce qu’il avait de plus cher dans ce monde, il ne voulait gâcher cette si belle amitié qu’ils avaient eut du mal à instaurer.

Regardant de nouveau la jeune femme poser sa tête sur son torse, il se dit que peut-être il pouvait prendre ce risque, qu’il ne serait pas seul dans ce cas. Lisbon avait elle aussi eut une vie pour le moins difficile, rien que l’abandon de son enfant en était une preuve. Et puis, elle avait tant fait pour lui au court de ces années, toujours là pour lui, toujours prête à mettre sa carrière, parfois même sa vie en danger pour le sauver.

-“ Jane ?” Appela doucement la jeune femme.
-“ Oui Lisbon ?” Répondit-il en la serrant un peu plus, en prenant garde de ne pas lui faire mal tout de même.
-“ Merci d’être là” lui dit-elle en attrapant sa main. “ De rester avec moi alors que je ne suis pas forcement de bonne compagnie.”
-“ Vous êtes la seule compagnie que je veux en ce moment Lisbon” la rassura-t-il.
-“ Et merci de ne pas me juger pour ce que j’ai fait” souffla-t-elle enfin.
-“ Vous avez fait ce que vous pensiez être le mieux pour elle, seule une mère qui aime profondément son enfant ferait ça, même si ça lui arrache une partie du cœur.”
-“ C’est mon cœur entier qui a été arraché ce jour là Jane, mon cœur entier.”
-“ Mais il vous en reste assez tout de même, voyez tout ce que vous avez fait pour moi depuis que je travail avec vous. Vous m’avez sauvé Teresa.”

Lisbon leva la tête vers Jane à l’entente de son prénom, il ne l’utilisait qu’en de rares occasions. Il n’était pas de ceux qui se laissent envahir par leurs sentiments, il était comme elle. Mais pourtant aujourd’hui, dans sa voix, elle pouvait entendre toute la peine qu’il ressentait pour elle, pour ce qu’elle avait dû faire. Mais aussi cette admiration, pour le courage dont elle faisait preuve chaque jour. Le cœur de la jeune femme se mit à battre plus fort, plus vite et elle se redressa complètement pour lui faire face. Elle plongea dans son regard océan, posa sa main sur sa joue et se pencha vers lui. Le regard de Jane se fit curieux, puis il changea lorsqu’il comprit ce qu’elle voulait et se surprit à la laisser faire. Il le voulait lui aussi, même s’il avait peur, il le voulait de tout son cœur.

Avec douceur, tendresse et amour, leurs lèvres se touchèrent l’espace de seulement quelques secondes, mais quelques secondes de pure magie. Jane posa à son tour sa main sur la joue de Lisbon et la fit glisser dans sa nuque afin de la rapprocher de lui. Et c’est tout naturellement que Lisbon entoura le cou de Jane de ses bras et se colla à lui de tout son corps. Elle trembla contre lui, le plaisir de se trouver ainsi la parcourant de part en part et elle en oublia où elle se trouvait. Elle se contenta de savourer l’instant présent, la douceur et la chaleur des lèvres de son consultant contre les siennes. Elle fini tout de même par s’écarter de lui à regret mais resta assez proche pour observait les différentes émotions apparaître sur son visage.

Jane avait encore les yeux clos, il n’osait pas les ouvrir, de peur que tout ceci ne soit qu’un rêve, merveilleux rêve. Il n’avait pas ressentit ce bonheur depuis si longtemps qu’il pensait avoir oublié à quel point c’était bon. En ouvrant les yeux, il tomba sur le regard inquiet de Lisbon et il lui sourit pour la rassurer. Elle lui sourit en retour et s’installa à côté de lui.

-“ Je vous dois l’entière vérité Jane.”
-“ Vous n’êtes pas obligée de le faire.”
-“ Mais j’y tiens, s’il doit y avoir quelque chose entre nous, je veux que ça commence par une honnêteté totale, plus de secret.”

Jane garda le silence un moment. Elle avait raison, l’honnêteté était d’une importance capitale. Alors il la laissa parler tout en se disant qu’il devrait lui aussi tout lui dire plus tard.

-“ J’ai eu une relation d’un soir” commença-t-elle, un peu honteuse. “ C’était après une enquête difficile, j’avais trop bu et j’ai rencontré cet homme, pas dans un meilleur état. Nous avons parlé, de tout et de rien tout en buvant et nous avons fini dans une chambre de motel. Je suis partie au matin, avant qu’il se réveille, je ne voulais pas affronter mon erreur. Le temps à passé et j’ai découvert que j’étais enceinte. J’ai eu peur au début, je ne savais pas quoi faire et je n’avais personne à qui en parler.”

Elle fit une pause, c’était plus difficile qu’elle ne le pensait. Mais Jane posa sa main sur son épaule et l’encouragea à continuer.

-“ Je travaillais dans l’équipe de Bosco à l’époque et il a fini par le découvrir. Dès lors, il a été envers moi encore plus protecteur qu’il ne l’était déjà avant. J’étais la seule femme de l’équipe et la plus jeune. Je pense que pour lui, il était important que quelqu’un veille sur moi et en tant que chef c’était à lui de le faire. J’ai passé beaucoup de temps avec lui et sa famille, ils étaient tout ce que j’avais. Je ne parlais pas beaucoup à mes frères et ça me faisait du bien de pouvoir parler à quelqu’un. Et puis un jour la femme de Bosco m’a demandé ce que je comptais faire après la naissance du bébé. Je n’ai pas su quoi lui répondre, je n’avais même pas pensé à ça. J’ai réfléchis à sa question pendant toute la nuit et j’ai pris ma décision, j’allais offrir à mon enfant une vie meilleure que celle que j’avais eu. Je lui ai donc dis que j’allais mettre mon enfant à l’adoption.”

Lisbon attrapa la main de Jane et la serra fort dans la sienne. Il posa ses lèvres contre sa tempe et y resta.

-“ La femme de Bosco, m’a proposé quelque chose, une chose à laquelle je n’avais pas pensé. Elle m’a proposé d’adopter mon enfant, elle en voulait un depuis bien longtemps et l’idée d’adopter lui semblait être la meilleure solution. Elle m’a rassuré en me disant que je serais toujours la bienvenue chez eux, que je pourrais toujours voir mon bébé. Je ne savais pas quoi répondre, c’était si soudain. Mais j’ai été heureuse d’avoir trouvé une famille pour mon bébé, la meilleure famille que je connaisse.”
-“ Donc, votre fille vit avec la femme de Bosco mais ne sait pas que vous êtes sa mère. Ça devait être difficile de la voir grandir, appeler une autre femme maman alors que c’est vous sa mère.”
-“ Ça l’était, mais elle était heureuse et c’est tout ce qui compte pour moi. La mort de Bosco à été aussi difficile pour elle que pour ses fils, mais elle s’est remise. Maintenant, elle va mieux, elle continue de bien travailler à l’école et je vais parfois la voir.”

La jeune femme posa sa tête contre l’épaule de Jane, porta leurs mains liées à ses lèvres et y déposa un baiser. Elle venait de lui dire toute la vérité, sans rien lui cacher et pour ça il ne l’en aimait que plus. Ils finirent par s’endormir l’un contre l’autre, une fois de plus. La fatigue de cette enquête, toutes ces émotions diverses, la peur qu’ils avaient eu. Mais à présent tout allait bien, ils étaient ensemble et le pire était derrière eux.




Quelqu’un frappa à la porte et Jane se leva du lit avant que Lisbon ne fasse entrer l’inconnu. La tête d’Anaëlle apparut alors, timide, avant de pénétrer dans la pièce. La jeune fille n’osa pas entrer plus loin, se contentant de rester juste à côté de la porte, tenant dans sa main une enveloppe blanche. Lisbon lui sourit, lui fit signe d’avancer et la jeune fille s’exécuta. Elle prit place sur le siège que lui présenta Jane, encore intimidée.

-“ Heureuse de te voir Anaëlle” dit Lisbon, rompant le silence.
-“ Moi aussi agent Lisbon” répondit l’adolescente.
-“ Tu peux m’appeler Teresa, agent ça fait trop sérieux” sourit la brunette.
-“ Je voulais vous remercier de m’avoir sauvé la vie, de m’avoir ramenée à mes parents. Et je suis désolée de ce qui vous est arrivé.”
-“ Tu n’y es pour rien, et je suis heureuse que tu ailles bien.”

La jeune fille posa ses yeux sur ses mains, avant de les relever de nouveau vers la jeune femme dans le lit, puis sur l’homme blond. Elle sourit en se souvenant de lui, Patrick Jane. Elle avait encore dans la tête le souvenir du cri de désespoir qu’il avait poussé lorsque Lisbon avait perdu connaissance, elle avait vu les larmes sur son visage, la façon dont il la tenait. Elle avait vu alors à quel point il tenait à elle, malgré son jeune âge. Elle n’était pas stupide, elle avait comprit qu’il l’aimait.

Anaëlle tendit alors à Lisbon l’enveloppe qu’elle tenait dans les mains et sourit en voyant la jeune femme l’ouvrir et en sortir une photo. La brunette leva les yeux vers elle puis de nouveau vers la photo et sourit.

-“ Merci” souffla Lisbon.
-“ Je savais que ça vous ferait plaisir, Benjamin voulait vous donner un souvenir de nous deux, pour vous remercier de ce que vous avez fait.”
-“ Ce n’était que mon travail tu sais.”
-“ Mais vous avez souffert pour deux inconnus, tous le monde ne ferait pas une chose pareille.”
-“ Je ne suis pas tout le monde.”

Jane avait gardé le silence durant leur échange, les laissant parler tranquillement. Il avait vu la joie dans les yeux de Lisbon en voyant arriver Anaëlle, mais aussi la tristesse. Il savait pourquoi, il avait comprit qu’elle lui rappelait son enfant et qu’il était difficile pour elle de la voir. Mais elle prit sur elle, souriant sincèrement, rigolant également avec la jeune fille. L’après-midi se passa ainsi, avant que finalement Anaëlle ne parte, promettant à Lisbon de lui donner des nouvelles. Madame Baxter passa prendre sa fille, remercia une fois de plus Lisbon et les deux partirent, laissant Jane et Lisbon seuls.

Le mentaliste retrouva sa place près de Lisbon, attrapa sa main et sourit. Elle avait été formidable avec Anaëlle, comme toujours. Lisbon avait ce don avec les enfants, ce don de les comprendre. Il savait qu’elle aurait fait une mère merveilleuse, et elle pourrait encore l’être. Il ne savait pas s’il voulait d’autres enfants, après avoir perdu sa petite Charlotte il ne pensait pas avoir la force d’en avoir. Mais avec Lisbon, avec cette femme qui était prête à tout pour lui, peut-être qu’il pourrait l’envisager.

Lisbon tira sur le bras de Jane, le forçant à la rejoindre dans le lit et il le fit avec un grand sourire. Il se réinstalla comme plus tôt, lui sur la gauche et elle contre son torse. Leurs mains se lièrent de nouveau, leurs lèvres se trouvèrent et ils échangèrent un long et tendre baiser avant de s’endormir.




Lisbon était enfin de retour chez elle, enfin elle avait quitté l’hôpital et pouvait retrouver son appartement. Mais elle n’était pas rentrée seule, Jane était avec elle, il ne l’avait pas laissée un instant depuis ce tendre moment échangé dans sa chambre d’hôpital. A présent, il était en train de se préparer un thé et un café pour Lisbon. Elle n’en avait pas bu depuis plusieurs jours, elle devait certainement être en manque. Il prépara le tout, plaça les tasses sur un plateau et se rendit au salon pour rejoindre Lisbon. Mais il ne la trouva pas, alors il posa le plateau sur la table basse et partit à sa recherche. Elle ne devait pas être loin, probablement dans sa chambre à se reposer sur son lit. Il monta donc, trouva rapidement la bonne porte, même s’il n’y était jamais entré et la trouva assise sur son lit, tenant une photo entre les mains. Il s’approcha lentement, prit place à côté d’elle et la jeune femme laissa tomber sa tête sur son épaule.

-“ Elle est magnifique, tout comme sa mère” commenta-t-il.
-“ Oui, elle est très belle” approuva la jeune femme, de la fierté dans la voix.
-“ Vous l’avez vu quand pour la dernière fois ?” Osa-t-il demander.
-“ Il y a un an, j’ai été pas mal occupée depuis.

Jane se sentit coupable, il était responsable de son surplus de travail, de ses longues heures passées au bureau pour remplir tout ces rapports de plaintes dont il était responsable. Il devrait faire plus attention à elle, faire moins de bêtises s’il voulait qu’elle se repose vraiment. Il lui attrapa la main et la serra dans la sienne, lui montrant sa présence. Elle leva la tête vers lui, sourit et se redressa pour l’embrasser. Il lui rendit son baiser et ils glissèrent sur le lit, Lisbon s’installant sur Jane, glissant ses doigts dans ses cheveux. Mais le mentaliste la stoppa, plongeant son regard dans le sien.

-“ Teresa, ça va trop vite” lui dit-il pour s’expliquer.
-“ Je… je suis désolée” et elle se redressa, s’éloignant de lui.
-“ Attends” souffla-t-il en la retenant par le bras. “ Je ne te rejette pas Teresa, mais tu es encore faible, il faut que tu te reposes.”
-“ Je vais prendre une douche” répondit-elle simplement.

Le blond regarda Lisbon disparaître derrière la porte de la salle de bain et se laissa retomber sur le lit, posant une main sur son visage et soupira. Il ne voulait pas la faire fuir, il ne voulait pas la blesser, mais il ne pouvait pas non plus la laisser aller trop vite. Elle avait vraiment besoin de repos, après ce qu’elle avait vécu et c’était bien trop tôt dans leur toute nouvelle relation. Il ne voulait pas brûler les étapes, il voulait juste prendre son temps et bien se connaître avant d’aller plus loin.

Après un moment de réflexion, Jane se leva du lit et vint se poster derrière la porte de la salle de bain, posant une main contre la surface en bois.

-“ Teresa, je ne te rejette pas, je veux juste qu’on prenne notre temps. Je veux qu’on sorte, qu’on dîne ensemble, qu’on aille danser. Je veux qu’on apprenne à se connaître, qu’on se connaisse vraiment avant de faire quoi que ce soit de plus. Je veux juste prendre soin de toi, tu mérites tellement mieux que tout ce que je pourrais t’offrir.”

De l’autre côté de la porte, Lisbon avait elle aussi posé sa main, au même endroit que Jane. Elle ne lui en voulait pas, elle s’en voulait à elle. Pourquoi avait-elle voulu aller si vite ? Pourquoi ne pas simplement savourer les choses telles qu’elles venaient ? Elle ne le savait pas, mais tout ce que venait de dire Jane était vrai, il avait raison et elle s’en rendait compte.

La brunette ouvrit la porte, tomba sur Jane et se jeta à son cou. Elle y enfoui son visage, souriant plus qu’elle ne l’avait jamais fait dans sa vie, heureuse d’avoir trouvé un homme comme lui, un homme qui ne voulait pas d’elle juste pour son corps, mais aussi pour son cœur. Cet homme, Patrick Jane, était celui qu’elle avait toujours attendu et elle ne s’en rendait vraiment compte que maintenant. Elle avait travaillé avec lui durant de longues années sans jamais voir qui il était vraiment, sans voir qu’il y avait tant de sincérité en lui, et de romantisme.

-“ Je le veux moi aussi” souffla-t-elle en s’écartant, “ sortir avec toi, danser avec toi, m’amuser avec toi.”

Jane nota la façon plus familière qu’elle utilisa et sourit encore plus. Elle était en train de changer, de laisser parler un peu plus Teresa à la place de l’agent Lisbon. Il leur faudrait encore du temps pour vraiment se connaître, pour ne plus qu’ils se disputent, mais ils y arriveraient, c’était certain. Jane attrapa Lisbon sous les jambes, la porta et la brunette sourit en enroulant ses bras dans son cou. Son rire était si beau à entendre, et si communicatif. Jane se surprit à la rejoindre dans son fou rire et il la porta jusqu’au lit où il la déposa. Il se pencha au dessus d’elle pour l’embrasser avant de s’installer à côté d’elle. Il la serra dans ses bras, elle se tourna pour coller son dos contre son torse et elle entrelaça leurs doigts sur son ventre. Jane posa sa tête dans le cou de Lisbon, y posa un baiser et ferma les yeux.

*****

Epilogue

Une voiture s’arrêta devant une grande maison, mais le couple ne sortit pas. Jane fixait Lisbon qui elle-même fixait la maison. Ils étaient venus sur l’insistance du mentaliste, il ne l’avait pas lâchée avec ça depuis cette fameuse nuit où elle s’était réveillée en larmes en pleurant la perte de son enfant. Depuis, Jane n’avait eut de cesse de la décider et elle avait fini par dire oui. Elle ne pouvait plus rien lui refuser, elle n’y arrivait plus, déjà qu’avant elle ne le pouvait pas vraiment. Il l’avait prise dans ses bras, l’avait embrassée tendrement en lui soufflant un merci au creux de l’oreille. Il voulait connaître la fille de Lisbon, mais il voulait aussi qu’elle la voit, qu’elle soit heureuse. De voir sa fille la rendrait heureuse, il n’en doutait pas et ils étaient là aujourd’hui.

Le blond tourna la tête pour voir sortir deux garçons en courant, chacun tenant une planche à roulettes. Suivant derrière eux une jeune fille, et Jane sut immédiatement de qui il s’agissait. Elle était le portrait craché de Lisbon, même cheveux bruns, même posture. La digne fille de sa mère et lorsqu’il se tourna de nouveau vers elle, il put voir les larmes couler sur ses joues. Il avança une main, chassa les larmes et elle tourna la tête vers lui, croisant son regard.

-“ Elle a tellement changé depuis la dernière fois” souffla-t-elle.
-“ Elle est magnifique Teresa, elle te ressemble de plus en plus” répondit-il.
-“ Oui, et je suis si fière d’elle” rajouta la jeune femme.
-“ On devrait y aller” rappela-t-il.
-“ Oui, elle nous attend.”

Ils sortirent de la voiture, Jane la contourna et prit la main de Lisbon dans la sienne, y appliquant une légère pression pour lui faire savoir qu’il était là pour elle. La brunette lui sourit, serra elle aussi sa main et, ensemble, ils avancèrent vers la maison. Ils remarquèrent que l’adolescente venait vers eux et Lisbon lâcha la main de Jane pour tendre les bras vers elle.

-“ Tante Teresa” cria-t-elle en se jetant dans ses bras.
-“ Salut Ashley” sourit Teresa en la serrant contre elle.
-“ C’est ton petit ami ?” Questionna la jeune fille.
-“ Oui, c’est…”
-“ Je suis Patrick” répondit Jane en tendant sa main à la jeune fille.
-“ Salut, moi c’est Ashley Bosco.”
-“ Enchanté Ashley.”

La jeune fille entraîna Lisbon et Jane avec elle vers la maison, ce qu’ils firent en souriant. Jane se pencha vers la jeune femme, l’embrassa sur la joue tout en posant une main protectrice sur son ventre. Elle posa sa main par-dessus, sourit un peu plus et entra dans la maison. Une nouvelle vie s’offrait à eux, après toutes ces épreuves, ils avaient enfin cette chance et venaient de la saisir. La vie ne serait pas toujours rose, mais ils étaient ensemble et le resteraient pour toujours.