Tout recommencer ^

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Chapitre 2

-“ Jane, vous êtes toujours là?” L’appela Lisbon.
-“ Oui je…”
-“ Vous le pensez vraiment ?” Voulut-elle savoir, elle en avait besoin.
-“ Je…”

Il était à court de mots. Pour la première fois de sa vie, le grand Patrick Jane ne savait pas quoi dire. De l’autre côté du téléphone, Lisbon attendait toujours sa réponse. Mais elle commençait à douter de l’avoir un jour. Il ne lui répondrait pas et elle devrait se contenter de ces mots. Et bien qu’elle ait rêvé depuis longtemps de l’entendre les lui dire, aujourd’hui elle aurait aimé que ce ne soit pas le cas. Il venait de lui rajouter de la peine et elle doutait de pouvoir le supporter. Elle était sur le point de raccrocher lorsqu’elle entendit sa voix murmurer quelque chose.

-“ Je suis désolée Jane, mais je n’ai pas entendu.”
-“ Je… je le pensais” répéta-t-il.

L’agent sentit son cœur accélérer, un nouvel espoir s’imprégnant en elle. Peut-être que son départ n’était pas justifié finalement, peut-être qu’elle avait encore une chance d’avoir ce qu’elle voulait en restant. Mais alors, pourquoi ne lui avait-il rien dit plus tôt, pourquoi avoir attendu qu’elle parte ? Avait-il eut peur ? Jane n’avait peur de rien, sauf de se retrouver en face d’une arme à feu. Il fuyait devant le danger. Mais les sentiments, c’était autre chose et c’était une forme de danger pour lui. S’il admettait ses sentiments pour elle, il la mettait en danger et il devait en avoir peur. Il savait que son ennemi s’en prendrait à elle, aucun doute la dessus. Mais était-il prêt à la laisser partir, la laisser quitter sa vie pour de bon ? Non.

Il aurait tant voulu qu’elle se trouve face à lui à cet instant, qu’ils soient ensemble pour qu’il puisse lui répéter ces quelques mots qui avaient une telle importance. Ça aurait été tellement mieux de pouvoir la regarder au fond des yeux à ce moment-là. Il aurait voulu pouvoir se perdre dans l’émeraude de ses yeux. Il aurait voulu voir la joie dans ses yeux, le sourire illuminant son visage et la prendre dans ses bras pour l’embrasser à en perdre haleine. Il aurait voulu tout ça, mais il ne l’avait pas et ne l’aurait peut-être jamais. Il lui avait fallut tellement de temps pour se rendre compte de ses sentiments, maintenant c’était trop tard.

-“ Etes vous certain que vous le pensez vraiment Patrick ?” Reprit Lisbon, soudain plus sérieuse. “ Parce que pour moi ce n’est pas un jeu.”
-“ J’en suis certain Teresa” la rassura-t-il. “ Je le pense vraiment et je m’en veux d’avoir mis si longtemps pour m’en rendre compte.”
-“ Et vous ne reviendrez pas là-dessus par la suite ? Je veux dire, ce n’est pas encore un de vos moyens d’arriver à vos fins, d’obtenir ce que vous voulez ?”
-“ Non Teresa” insista-t-il. “ Je tiens à vous, je ne peux imaginer ma vie sans vous. Je ne pensais pas pouvoir aimer de nouveau, mais un jour vous êtes arrivé dans ma vie et depuis les choses ne sont plus les mêmes. Je ne voulais pas le voir avant, mais je le vois maintenant. Je vous aime Teresa et si vous voulez vraiment partir et refaire votre vie, alors je vous laisserais le faire. Si vous devez être heureuse avec quelqu’un d’autre que moi, alors qu’il en soit ainsi. Tout ce que je veux c’est votre bonheur Teresa.”

Lisbon retenait difficilement les larmes qui menaçaient de couler. Ces mots, elle avait voulu les entendre depuis si longtemps. Il avait fallut qu’elle parte pour qu’il lui parle vraiment, qu’il lui avoue ses sentiments. Elle était perdue à présent, elle ne savait plus ce qu’elle devait faire. Devait-elle revenir ou bien continuer sur sa lancée. Elle ne savait vraiment plus. Elle la femme toujours sûre de ses choix se retrouvait soudain dans une situation dans laquelle elle ne pensait pas se trouver un jour.

Jane de son côté n’en menait pas plus large. Il venait d’ouvrir son cœur à Lisbon, il venait de lui dire tout ce qu’il ressentait. Il ne pouvait rien faire de plus, la balle était dans son camp. Il aurait voulu la prendre dans ses bras à cet instant, mais il devait se contenter de l’écouter. C’était déjà plus que ce qu’il pensait pouvoir faire depuis qu’il s’était rendu chez elle ce matin. Lorsqu’il avait frappé à la porte et qu’il avait été obligé de constater qu’elle n’était déjà plus là. Il avait cru que c’était fini à cet instant, qu’il n’aurait plus la chance d’entendre sa voix avant longtemps. Et elle avait fait le premier pas vers lui, c’était elle qui l’avait appelé bien qu’il pensait qu’elle garderait le silence jusqu’à ce qu’elle soit prête.

Toujours assise sur sa chaise, son téléphone à la main, Lisbon pleurait librement à présent. Elle se fichait du regard des autres clients, de celui de la serveuse qui avançait vers elle, certainement pour savoir si elle allait bien. Ces gens, toujours à penser pouvoir venir en aide aux étrangers. Lisbon lui répondit d’un signe de tête avant de reporter son attention sur l’homme qui attendait de l’entendre parler. Elle savait l’importance du son de sa voix pour lui, c’était la même que pour elle. Jane venait de lui ouvrir son cœur et Lisbon en était plus qu’heureuse. Elle sut dès lors qu’elle ne pourrait pas rester loin de lui trop longtemps, plus maintenant qu’elle savait avoir une chance.

-“ Je ne veux pas d’un autre homme Patrick” lui dit-elle enfin. “ Vous êtes le seul que j’ai toujours voulu, le seul à faire battre mon cœur.”
-“ Alors revenez, j’ai besoin de vous” supplia le mentaliste. “ Je ne peux vivre sans vous, qu’importe si j’ai dis le contraire. Vous êtes tout pour moi Teresa.”
-“ Je ne peux pas revenir, du moins pas maintenant,” murmura-t-elle. “ J’ai besoin d’un peu de temps, j’ai besoin de faire le point.”
-“ Mais vous allez revenir ?” Il était suppliant. “ Vous allez reprendre votre poste ?”
-“ Je ne sais pas encore si je reviendrais au CBI” avoua-t-elle sincèrement. “ J’ai perdu tant d’années de ma vie, je ne me fais plus toute jeune Patrick, et je voudrais pouvoir vivre ce qu’il me reste pleinement.” Elle attendit un moment, lui laissant le temps d’avaler ses mots. “ Êtes-vous prêts à en faire autant ?”

Cette fois, la balle était dans son camp. Elle attendait sa réponse, elle n’agirait qu’une fois qu’elle l’aurait. Elle ne voulait pas le forcer, elle savait à quel point c’était difficile pour lui. S’il n’était pas prêt, elle le comprendrait. Elle ne voulait pas qu’il se sente obligé de dire oui, juste pour lui faire plaisir. Elle voulait qu’il le veuille vraiment, que ça vienne de son cœur. Les secondes s’écoulèrent, devenant des minutes et Lisbon crut un instant qu’il ne lui répondrait jamais. Mais il reprit la parole.

-“ Je ne sais pas si je suis prêt à aller de l’avant” avoua-t-il. “ Je ne sais pas si je peux vous rendre heureuse, vous offrir ce que vous voulez. Je tiens à vous Teresa, plus qu’à n’importe qui d’autre. Vous êtes tout pour moi et je ne veux pas vous perdre. Je ne veux pas vous donner de faux espoirs, je veux juste que vous sachiez que je vous aime et que ce sera toujours le cas.”
-“ Je comprends” souffla-t-elle, une boule dans la gorge.
-“ Ne le prenez pas mal Teresa, mais je ne pense pas être celui qu’il vous faut. Vous méritez bien plus que ce que je peux vous offrir.”
-“ Je ne vous demande rien Patrick” ajouta-t-elle.
-“ Soyez heureuse, trouvez un homme qui vous offrira tout et vivez la vie dont vous rêvez. Sachez que je serai toujours là si vous avez besoin d’un ami.” Ajouta-t-il. “ Je ne peux pas vivre sans vous, mais je ne pense pas être prêt à vivre avec vous. Vous avoir dans ma vie, même comme une amie, pouvoir vous voir tous les jours. Je n’en demande pas plus. Mais je ne veux rien vous imposer, alors je vous laisse faire votre choix.”
-“ Merci Patrick.” Elle sentit son cœur tomber en éclats. “ Je vais vous laisser maintenant, j’ai encore de la route à faire. Bonne nuit Patrick, soyez heureux.”

Puis elle raccrocha. Elle posa son téléphone devant elle, le fixa un moment et laissa tomber sa tête dans ses mains. Elle regretta de l’avoir appelé, elle regretta d’avoir entendu sa voix. Si elle était partie c’était pour l’oublier, mais elle en avait été incapable. Il avait fallut qu’elle l’appelle, pour s’assurer qu’il allait bien, elle s’inquiétait toujours pour lui et elle savait que ce serait toujours le cas. Et maintenant, elle avait le cœur brisé et elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle. Tout était de sa faute, elle aurait mieux fait de ne pas l’appeler.




Jane tenait dans sa main son téléphone. Il n’avait pas bougé depuis que Lisbon avait raccroché, il en était incapable. Il venait de lui avouer ses sentiments, de lui dire enfin qu’il l’aimait. Et l’instant d’après il brisait tout ses espoirs et il s’en voulait. Mais qu’avait-il fait, pourquoi avoir fait ça ? Il lui avait dit de faire sa vie et d’être heureuse, qu’il le serait pour elle. Mais il était incapable de le faire, de la savoir heureuse sans lui, loin de lui. Il avait besoin d’elle, bien plus qu’il ne l’avait imaginé et il fallait qu’elle le sache. Il ne pouvait pas la laisser partir, il ne pouvait pas la laisser quitter sa vie. Il fixa la photo de la jeune femme, toujours dans sa main. Il ne pouvait pas. Il regrettait de lui avoir dit tout ça. Il ne pensait pas être prêt à aller de l’avant, mais il n’était pas prêt non plus à la voir disparaître de sa vie. Il devait faire un choix, vite.

Le mentaliste se leva d’un bond et quitta le grenier. Il devait faire quelque chose et vite, avant qu’il ne soit trop tard. Il descendit les escaliers en courant, priant pour que la personne qu’il cherchait soit encore là. Il savait quoi faire à présent, et même si elle allait lui en vouloir, il avait trop besoin de Teresa Lisbon dans sa vie. Il arriva à l’étage des crimes majeurs et trouva Van Pelt encore assise derrière son bureau, tapant certainement un rapport. Il se précipita vers elle, posa ses mains sur ses épaules et fit tourner brusquement son fauteuil, arrachant un petit cri de surprise à la jeune femme.

-“ Jane, que se passe-t-il ?” S’inquiéta-t-elle en voyant le mentaliste.
-“ J’ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi” lui dit-il rapidement, “ j’ai besoin que tu localises le téléphone de Lisbon.”
-“ Tu sais bien que…”
-“ S’il te plait Grace, c’est important” supplia-t-il. “ J’ai besoin de savoir où elle est, j’ai besoin de la retrouver. Je ne peux pas la laisser partir comme ça.”

En voyant la peine sur son visage, en voyant à quel point il était bouleversé, elle n’eut pas le cœur de lui dire non. La jeune femme savait à quel Jane tenait à Lisbon et elle savait aussi que ça allait dans l’autre sens. Elle se demandait encore pourquoi sa patronne était partie, elle se demandait pourquoi elle avait quitté le CBI, comme ça. Personne n’avait rien vu dans son comportement ces derniers temps qui aurait put leur indiquer ce qu’elle s’apprêtait à faire. Tout allait pourtant bien, si on oubliait le fait que Jane apportait encore et toujours de la paperasse. Elle avait dans l’idée que Jane était en quelque sorte responsable de son départ et qu’il voulait se faire pardonner. Elle ne savait pas si c’était une bonne idée, mais elle ne supporterait pas de le voir ainsi une minute de plus. Tant pis si elle se faisait engueuler par la suite.

Elle se tourna vers son ordinateur, commença à pianoter et trouva ce qu’elle cherchait. Elle ouvrit le bon programme, entra le numéro de Lisbon et commença sa recherche. Il fallut quelques minutes pour que la position de Lisbon apparaisse sur son écran. Elle donna ensuite les informations à Jane qui disparut en courant sans même lui dire merci. Elle espérait juste que tout se passerait bien et que ça ne lui retomberait pas dessus.

Jane ne prit pas l’ascenseur, il était bien trop pressé. Il descendit par l’escalier, arriva à sa voiture et sauta dedans avant de partir aussi rapidement que possible. Ça lui rappelait le matin-même, lorsqu’il avait tenté de rattraper Lisbon. Mais la différence cette fois, c’est qu’il savait où elle était. Il aurait tout aussi bien put l’appeler, mais il voulait être en face d’elle pour dire ce qu’il avait à dire. C’était bien trop important pour qu’il le fasse à distance. Il avait besoin de la voir, de voir de ses propres yeux son regard, son visage, lorsqu’il lui parlerait. Oh, il savait que ce ne serait pas facile, qu’elle allait lui en vouloir. Après tout, il lui avait donné de faux espoirs, il lui avait brisé le cœur, il l’avait entendu dans sa voix. Mais il voulait absolument se racheter, il ne voulait pas perdre la seule femme que son cœur avait accepté.

Il en avait pour plusieurs heures de route, il savait qu’elle ne serait plus là lorsqu’il arriverait, mais il savait aussi qu’il trouverait où elle était partie ensuite. Il se servirait de son charme sur les serveuses du café où la jeune femme s’était arrêtée. Où peut-être qu’à cause de l’heure tardive elle avait décidé de rester sur place, qu’elle se trouverait une chambre où dormir. Il espérait qu’elle ait fait ce choix, il lui serait plus facile de la retrouver ainsi. Jane utilisa le temps qu’il avait pour réfléchir à la situation. Pourquoi avait-il si peur de refaire sa vie ? Le souvenir de sa femme était-il ce qui l’empêchait d’avancer dans la vie ou bien n’était-ce qu’une excuse ? Il avait aimé Angela de tout son cœur et il l’aimait encore. Jamais il ne pourrait cesser de l’aimer. Elle avait été son premier amour, la mère de son enfant. Mais il aimait aussi Lisbon, de tout son cœur, bien que cela l’étonne encore.

Le temps passa sans qu’il ne s’en rende vraiment compte et bientôt il arriva en vue du café qu’il cherchait. Il trouva une place sur le parking et il sentit son cœur faire des bons en voyant une voiture familière un peu plus loin. C’était sa voiture, celle de Lisbon. Elle était encore là, certainement trop fatiguée pour reprendre la route. C’était une chance pour lui. Il ne lui restait plus qu’a trouver où elle était en ce moment. Soit encore au café, mais il en doutait, soit elle avait trouvé une chambre, ce qui était plus probable. Il vit l’enseigne clignotante sur sa droite et s’y dirigea directement. Il n’y avait pas d’autres motels, elle était certainement là.

Jane poussa la porte du motel, faisant tinter la clochette et se dirigea vers le comptoir où il fut accueillit par une jeune fille qui ne devait pas avoir plus de dix sept ans. Elle avait la tête penchée sur un gros livre, un stylo dans une main et un carnet à côté du livre. Une étudiante. Elle releva les yeux lorsqu’il se pencha vers elle et lui sourit.

-“ Je peux vous aider monsieur ?” Lui demanda-t-elle d’une voix douce.
-“ Peut-être bien oui” il lui rendit son sourire. “ Mon amie est partie ce matin pour un voyage d’affaire mais voilà, elle a oublié un document important et je suis venu le lui apporter.”
-“ Je peux le lui remettre si vous me donnez son nom” proposa-t-elle poliment.
-“ Je préférerais le faire moi-même” mais devant l’air sceptique de la jeune fille, il s’empressa d’ajouter. “ Nous avons eut une petite dispute avant qu’elle parte et… comme elle en a pour au moins plusieurs jours, je voulais pouvoir m’excuser. Je sais qu’elle travaille mal après une dispute et c’est une réunion importante.”
-“ Je voudrais bien vous aider monsieur, croyez-moi, mais je n’en ai pas le droit” s’excusa l’adolescente. “ Mais… je pourrais peut-être faire une exception, si vous ne dites rien à personne.”
-“ Je garderais le secret dans la tombe” promis Jane en mimant une clé qu’il jetait au loin. “ Elle s’appelle Teresa Lisbon.”

L’étudiante sourit, se plongea dans son ordinateur et nota quelque chose sur un bout de papier. Elle le tendit ensuite à Jane qui le prit avant de sortir, mais il se tourna vers elle avant de fermer la porte.

-“ Bonne chance pour vos examens” l’encouragea-t-il.
-“ Merci monsieur.”

Jane ouvrit le papier. “Chambre 12”. Il suivit les différentes portes, puis arriva devant la 12. Elle était là, de l’autre côté de cette porte. Il ne lui restait qu’a frapper et il la verrait enfin. Mais il se sentit soudain inquiet. Et si elle lui en voulait vraiment, et si elle lui criait dessus et ne voulait plus jamais le voir ? Il n’avait qu’un seul moyen de le savoir. Il prit une profonde inspiration, prit son courage à deux mains et frappa quelques coups contre la porte. Il attendit un peu, mais n’obtint pas de réponse. Il recommença encore et cette fois il entendit du bruit dans la chambre. Des pas se rapprochaient de la porte, des pas qu’il reconnaîtrait entre mille. Il vit la poignée bouger et la porte s’ouvrit. Le visage de Lisbon apparut, son sourire disparaissant à l’instant où elle le vit.

Le mentaliste laissa ses yeux la détailler, de la tête aux pieds. Elle ne portait que son T-shirt fétiche, celui qui laissait voir ses si longues et fines jambes. Il retombait un peu sur une épaule, laissant voir sa peau qu’il mourrait d’envie de toucher. Il remonta ensuite sur son visage et tomba dans son regard qui lançait des éclairs. Elle lui en voulait, c’était à prévoir. Mais elle le laissa tout de même entrer et il attendit qu’elle ait refermé la porte. Elle lui fit face, les mains sur les hanches, attendant une explication.

-“ Je suis désolé” souffla-t-il en baissant les yeux.
-“ C’est pour ça que vous êtes venu, pour me dire que vous êtes désolé ?” Elle était vraiment en colère. “ Mais pour qui vous prenez-vous Jane, qui croyez-vous être pour me faire souffrir à ce point.”
-“ Je ne voulais pas vous faire de mal Teresa.”
-“ Lisbon” siffla-t-elle entre ses dents.
-“ Pardon ?”
-“ Pour vous c’est Lisbon, vous avez perdu le droit de m’appeler Teresa.”

Il tenta de s’approcher, mais elle mit une main devant elle pour l’arrêter. Il ne voulait pas la mettre plus en colère, alors il ne fit pas un pas de plus. Elle avait raison de lui en vouloir, lui-même s’en voulait. Il pouvait voir dans ses yeux toute la peine qu’elle ressentait, toute la souffrance qu’il lui avait infligée. Comment avait-il put faire ça à cette femme qui avait toujours été là pour lui, qui avait toujours tout fait pour l’aider et le protéger. Si seulement il pouvait changer les choses, si seulement il pouvait reprendre ces mots. Mais il ne pouvait pas, il devrait faire avec. Il fallait juste qu’il lui fasse comprendre que c’était une erreur et qu’il regrettait. Il espérait qu’elle le croit et qu’elle lui pardonne.




Lisbon bouillait intérieurement. Jane l’avait fait souffrir, bien plus avec cette simple conversation que durant toutes ces années de collaboration. Elle lui avait ouvert son cœur, elle lui avait révélé ce qu’elle gardait bien profondément en elle depuis des années. Et il avait osé lui avouer l’aimer pour ensuite réduire à néant tous ses espoirs. Elle savait qu’il ne pouvait pas lui offrir quoi que ce soit, mais elle ne voulait qu’une seule chose et il n’était pas prêt à le lui donner. Que devait-elle faire ? En le voyant devant la porte de sa chambre, elle avait sentit son cœur battre la chamade, mais aussitôt sa colère avait prit le dessus sur sa joie.

Pourquoi était-il venu ? Pour rajouter un peu à sa peine ? Ne pouvait-il pas la laisser tranquille ? Si elle était partie, c’était pour se reconstruire, pour tenter de vivre une vie plus heureuse. Mais il ne l’aidait pas du tout. En regardant au fond de ses yeux, elle pouvait voir qu’il était vraiment désolé, mais ça ne suffisait pas. Elle ne pourrait pas lui pardonner aussi facilement que les autres fois car aujourd’hui il lui avait brisé le cœur. La jeune femme contourna son ancien collègue, s’assit sur le lit et souffla. Elle ne savait pas ce qu’elle devait faire, elle ne savait pas si elle devait le laisser parler ou le mettre dehors.

Elle le vit bouger et elle releva les yeux vers lui. Il alla s’installer sur la chaise un peu plus loin. Il respectait son choix, il ne parlait pas, ne faisait rien. Il attendait qu’elle fasse le premier pas, qu’elle lui dise tout ce qu’elle lui reprochait. Il le méritait, il le savait et il ne la blâmerait pas. Il voulait même qu’elle le fasse, ça l’aiderait sûrement à aller mieux. Il n’était jamais bon de garder pour soit tout ce qui n’allait pas, il fallait qu’elle extériorise sa peine et sa colère. Elle était bien trop calme, ce n’était pas bon. Le mentaliste connaissait bien sa patronne et il savait ce qui arrivait lorsqu’elle était en colère mais qu’elle conservait son calme comme ça. Et soudain, elle explosa.

-“ Je vous ai ouvert mon cœur Jane” cria-t-elle. “ Je vous ai dis tout ce que je ressentais, tout ce que je voulais. Vous savez tout de moi, ma vie, ma famille, ce que j’ai enduré lorsque j’étais enfant. Je n’ai plus aucuns secrets pour vous et comment vous me remerciez de ma confiance ?”

Elle fit une pause, reprenant son souffle, le visage rouge, les mains sur les hanches, des larmes aux bords des yeux.

-“ Vous m’avez utilisé pour assouvir votre vengeance” souffla-t-elle, plus calme et Jane put entendre toute sa douleur. “ Vous aviez besoin de moi pour l’atteindre lui, pour venger votre famille.”

Elle se retourna, porta une main à son visage pour sécher ses larmes traîtresses avant de se tourner de nouveau vers lui. Il n’avait toujours pas bougé.

-“ Je vous comprends Jane, je sais à quel point ça fait mal de perdre les gens qu’on aime. J’ai perdu mes deux parents en si peu de temps.” Elle fit une autre pause avant de reprendre. “ Mais au lieu de me laisser détruire par mon passé, j’ai décidé de l’utiliser pour devenir plus forte.”

Elle s’approcha doucement de lui et, instinctivement, il se leva, se retrouvant à seulement quelques centimètres de la jeune femme qui leva les yeux pour pouvoir le regarder.

-“ Vous m’aimez, vous me l’avez dis et je vous crois” elle vit passer une myriade d’émotions sur le visage du blond. “ Je sais que vous aimerez toujours votre femme, je ne vous demande pas de l’oublier, jamais je ne pourrais faire une chose pareille. La seule chose que je vous demande c’est…. De ne pas vous condamner au malheur à cause de ça. Vous avez aussi le droit d’être heureux, même si ce n’est pas avec moi.”

Lisbon baissa la tête, les larmes coulant librement cette fois. Elle ne tenta pas de les arrêter, elle ne tenta même pas de les cacher.

-“ Je ne veux que votre bonheur Jane” souffla-t-elle avec peine. “ Mais si vous n’êtes pas prêt, alors ne cherchez plus à me retrouver. Je pensais pouvoir continuer de vous voir, d’être votre amie. Ça m’aurais suffit, mais plus maintenant. Je ne peux plus maintenant que je sais que mes sentiments sont partagés mais qu’il ne pourra jamais rien y avoir entre nous.”

Elle lui tourna le dos, elle avait trop mal.

-“ J’aurais préféré ne jamais savoir.”
-“ Ne dites pas ça Lisbon.”

Ce fut la première chose que dit Jane après le monologue de la jeune femme. Il l’avait laissé parler, il l’avait laissé dire tout ce qu’elle avait sur le cœur. Mais sa dernière phrase était celle de trop. Il ne pouvait supporter d’entendre ces mots sortant de sa bouche, même s’il les avait mérités. Il se trouvait à présent juste derrière Lisbon, elle pouvait sentir la chaleur de son corps, son souffle dans son cou. Elle sentit les mains de l’homme se poser sur ses épaules et la faire se tourner vers lui. Il posa une main sur sa joue, chassant ses larmes de son pouce et à sa plus grande surprise, elle le laissa faire et ferma même les yeux.

-“ Je sais que je vous ai fait mal” commença-t-il. “ Je sais que je mérite votre colère. Vous avez entièrement raison, j’aime et j’aimerais toujours ma femme. Mais vous avez tort sur un point, je ne vous ai pas utilisé, du moins ce n’est plus le cas.”

Lisbon rouvrit les yeux, plongeant dans ceux de Jane, si expressifs à cet instant. Elle le laissa continuer.

-“ Au début, lorsque j’ai intégré votre équipe, c’était uniquement pour me rapprocher de John LeRouge” avoua-t-il. “ J’ai appris à vous connaître, j’ai appris à voir en vous une personne à part entière et j’ai appris à vous apprécier.”

Il était sincère, elle pouvait l’entendre dans sa voix et le voir dans ses yeux.

-“ Petit à petit vous vous êtes fait une place dans mon cœur et ça m’a fait peur” souffla-t-il. “ J’ai eu peur de mes sentiments, peur de m’attacher à vous et vous savez très bien pourquoi.”

Oh oui elle le savait. Il croyait encore qu’en s’attachant aux gens, il les mettait en danger. Peut-être qu’il avait raison, mais elle serait prête à mettre sa vie en danger pour lui.

-“ Le problème c’est que même si je vous ai dis que je serais satisfait de vous savoir heureuse quelque part, ce n’est pas le cas.”

Lisbon leva un sourcil interrogateur.

-“ Je serai heureux si vous êtes heureuse, je ne dis pas le contraire. Mais je ne pourrai vraiment l’être si vous n’êtes pas dans ma vie. Je le pensais, mais je ne peux pas. J’ai besoin de vous dans ma vie Lisbon.”
-“ Mais vous n’êtes pas prêt à avancer dans la vie. Alors à quoi bon ce discours ?”
-“ J’ai besoin de vous dans ma vie et de savoir que je commençais à vous perdre… je me suis rendu compte que je l’étais.”
-“ Jane…”
-“ Je ne vous promets pas une vie simple, nous savons tous les deux que je suis loin d’être simple” plaisanta-t-il et Lisbon sourit. “ Vous serez constamment en danger. Je voulais juste vous protéger mais je me rends compte que j’avais tort.”
-“ Qu’est-ce que vous essayez de me dire Jane” elle le savait, mais elle voulait l’entendre de sa bouche.
-“ Je suis prêt à refaire ma vie, si seulement vous y êtes. J’ai besoin de vous Teresa, je ne pourrais pas vivre sans vous.”

C’est tout ce qu’elle voulait entendre. Il lui avait enfin dit ce qu’elle voulait, ce dont elle avait besoin. Mais elle voulait être certaine qu’il ne ferait pas de nouveau marche arrière, elle ne le supporterait pas cette fois.

-“ Jane… Patrick, sachez que si on commence quelque chose tous les deux, c’est pour le long terme. Je ne supporterais pas de revivre ça.”
-“ Et je ne supporterais pas de vous voir partir de nouveau. Je veux aussi du long terme, je vous veux dans ma vie jusqu’à la fin.”
-“ Et pour John LeRouge ?” C’était la question la plus importante.
-“ je…”
-“ Vous ne pouvez pas choisir” souffla-t-elle.

Lisbon s’éloigna alors brusquement de Jane, mais ce dernier la rattrapa par le poignet et la plaqua de force contre son torse. Il lui entoura la taille d’un bras tandis que sa main libre venait se poser sur sa joue.

-“ Il sera toujours là, tapi dans l’ombre, cherchant le moment propice pour s’en prendre à toi” murmura-t-il en rapprochant son visage du sien.

Lisbon était captivée par son regard, pas ses lèvres et elle ne fit aucun geste pour se dégager de lui. Cet instant était surréaliste, elle était dans les bras de Patrick Jane et ses lèvres étaient si proches. Elle aurait voulu qu’il les pose sur les siennes, maintenant. Qu’il lui fasse goûter à la tendresse de ses gestes, qu’il lui montre tous l’amour qu’il avait pour elle. Mais elle le laissa finir. Ce qu’il avait à dire était tout aussi important et elle attendait ces mots depuis si longtemps.

-“ Mais nous serons préparé. Il ne nous aura pas” commença-t-il.
-“ Car ensemble on est plus fort” finit-elle à sa place.

Ils se sourirent, ils se comprenaient, enfin. Jane se pencha un peu plus vers Lisbon, son sourire s’agrandissant à mesure que les centimètres diminuaient. Ils plongèrent dans les yeux l’un de l’autre, conscients que ce geste changerait tout dans leur vie, qu’ils ne pourraient plus revenir en arrière. Mais ils en avaient envie depuis si longtemps que ni l’un ni l’autre ne s’arrêterait. Jane caressa la joue de Lisbon, prenant son temps et descendit vers sa nuque. Pour sa part, la jeune femme vint enrouler ses bras autour du cou de Jane, se mit sur la pointe des pieds et réduisit l’espace qu’il y avait entre eux. Leurs lèvres se touchèrent enfin et cela les électrisa.

Un soupir s’échappa des lèvres de Lisbon lorsqu’elle les entrouvrit pour laisser passer la langue de Jane. Commença alors un tendre ballet de langues, un échange de sentiments, de caresses et de soupirs de bien-être. La main que Jane avait dans la nuque de Lisbon descendit dans son dos. Il la plaqua un peu plus contre lui, savourant son corps, si petit et si parfait. Ses lèvres quittèrent celles de la jeune femme pour venir goûter à la peau de son cou, puis plus bas vers son épaule dénudée. Lorsqu’il la sentit lui caresser la jambe de son pied, il mit un terme à leur échange.

Le couple se sépara, à bout de souffle. Lisbon avait les joues roses, son cœur battait à tout rompre et ses yeux brillaient de bonheur. Jane sourit de toutes ses dents et la serra fort contre lui, la soulevant du sol puis la fit tourner dans la chambre. Elle lui entoura de nouveau le cou de ses bras et se mit à rire. Elle était vraiment heureuse, pour la première fois de sa vie. Il la reposa, doucement, délicatement comme si elle était la plus précieuse des femmes, ce qu’elle était pour lui.

-“ Je t’aime Teresa” souffla-t-il contre ses lèvres qu’il reprit avant qu’elle ne puisse répondre.

Ils s’embrassèrent encore quelques minutes avant que finalement ils se séparent pour de bon. Lisbon entraîna le blond jusqu’au lit où elle le fit s’allonger contre elle. Ils se mirent sur le côté, ne se lâchant pas les mains pour autant. Ils venaient de se retrouver, mais il y avait encore une question que Jane voulait poser, il y avait une réponse dont il avait besoin. Il ne voulait pas rompre cet instant magique, mais il devait savoir.

-“ Est-ce que tu vas vraiment partir?”

Lisbon se tendit dans les bras de Jane. La question qu’elle redoutait tant, celle à laquelle elle n’avait pas de réponse. Allait-elle vraiment partir ou bien allait-elle rentrer à Sacramento avec lui ? Elle ne savait pas trop. Elle avait enfin ce qu’elle voulait, elle avait enfin l’amour de Patrick Jane et sa promesse de vivre sa vie avec elle. Elle l’avait toujours voulu, depuis le jour de leur rencontre et maintenant c’était possible. Alors qu’est-ce qui l’empêchait de rentrer et de vivre la vie qu’elle voulait ? Elle sentit Jane bouger contre elle, ce qui lui fit reporter son attention sur l’homme. Elle le vit se lever et s’éloigner d’elle, la tête basse et son cœur se serra. Sa décision était prise. Elle se leva à son tour et courut vers lui, enroulant ses bras autour de sa taille par derrière et posa sa tête contre son dos.

-“ Je rentre avec toi Patrick” souffla-t-elle contre lui. “ Mais ne pars pas, s’il te plait. J’ai besoin de toi.”
-“ Tu es certaine de toi ?” Voulut-il savoir.
-“ Oui je le suis” le rassura-t-elle.

Jane se retourna, se retrouvant ainsi face à la jeune femme et posa son front contre le sien. Il ferma les yeux, soupirant de bonheur. Il sentit la main de Lisbon venir se poser sur sa joue, le caressant tendrement, lui faisait rouvrir les yeux pour tomber dans son regard émeraude. Elle semblait aussi heureuse que lui, tout en étant un peu craintive et il savait exactement ce qui n’allait pas. Elle avait peur qu’une relation avec lui change à jamais les liens entre eux, elle avait peur que ça ne marche pas, pour une raison ou pour une autre et qu’ils finissent par s’éloigner. Lui-même avait un peu peur, mais il l’aimait et il ne voulait plus perdre de temps. Il serra la jeune femme dans ses bras, si fort qu’il eut peur un instant de lui faire mal. Mais Lisbon lui rendit son étreinte avec autant de ferveur, refusant de s’éloigner encore de lui.

Ils restèrent ainsi debout pendant quelques minutes avant que finalement Jane sente Lisbon perdre de la force. Elle était extenuée, elle avait besoin de repos. Alors, il s’écarta d’elle, suffisamment pour la conduire au lit sans pour autant se détacher complètement d’elle. Il la fit s’allonger avant de la rejoindre et de se coucher à son tour. Automatiquement, la brunette vint se coller contre lui, l’entourant une fois de plus de ses bras et posa sa tête contre son torse. Il déposa un tendre baiser dans ses cheveux, huma l’odeur si caractéristique de son parfum tout en fermant les yeux. Il n’avait jamais imaginé qu’il pourrait se sentir aussi bien dans les bras d’une femme autre qu’Angela, mais c’était pourtant le cas.

Après toutes ces années de chasse à l’homme, tout ce temps à courir après celui qui avait détruit sa vie en tuant sa femme et sa fille, Jane avait retrouvé une part de bonheur. Lisbon était entrée un jour dans sa vie, puis dans son cœur et aujourd’hui il l’avait dans la peau. Il ne pouvait vivre sans elle, il ne pouvait supporter de la voir triste, de la voir pleurer. La seule chose qu’il voulait voir sur son visage était un sourire. Il prit donc la décision de passer sa vie à la faire sourire, à la rendre heureuse.

Il entendit la respiration de la jeune femme se faire plus lente et il sut qu’elle s’était endormie. Il posa ses yeux sur elle, sourit en voyant ses traits détendus. Cela faisait des années qu’il ne l’avait pas vue ainsi, qu’elle n’avait pas été aussi sereine. Il se demandait encore pourquoi il avait attendu si longtemps pour venir à elle, pour lui ouvrir son cœur. Pourquoi avait-il attendu de presque la perdre pour se rendre compte qu’une vie sans Teresa Lisbon n’était pas une vie. Il avait besoin d’elle, plus qu’il n’avait bien voulu l’admettre jusqu'à maintenant. Elle était celle qui le maintenait sur le droit chemin, celle qui lui faisait voir les choses telles qu’elles étaient vraiment. Il ne pouvait pas la laisser s’éloigner de lui, pas s’il ne voulait pas se perdre sur le chemin de la haine et de la folie. John LeRouge avait détruit sa vie, il l’avait transformé. Mais Teresa Lisbon lui avait permit d’ouvrir son cœur à l’amour, de redevenir un homme heureux. Il devait tout faire pour la garder avec lui, et la protéger.

Le mentaliste posa un dernier baiser sur le front de Lisbon et celle-ci remua dans son sommeil, grognant un peu. Il sourit, elle était si belle. Pour s’amuser, il posa un autre baiser, mais sur son nez cette fois, elle grogna de nouveau. Il passa son doigt sur son visage, d’abord le long de son nez, puis juste au dessus de ses paupières closes, puis descendit lentement vers ses lèvres Lisbon fronça les sourcils, tenta de chasser l’intrus de sa main mais Jane la lui attrapa, ce qui la fit se réveiller d’un bond. Elle se détendit en le voyant, tout sourire au dessus d’elle.

-“ Tu ne dors pas encore ?” Questionna-t-elle, la voix encore un peu endormie.
-“ Je t’admirais” murmura-t-il en se penchant pour poser ses lèvres sur les siennes.

Lisbon se laissa faire, savourant la douceur des lèvres de son consultant sur les siennes. Elle passa un bras dans son cou pour le rapprocher encore et approfondir le baiser. Son autre bras passa dans le dos du blond et celui-ci se déplaça pour venir se retrouver sur elle, ses lèvres descendant dans son cou. Elle rejeta la tête en arrière, lui donnant ainsi un meilleur accès à sa peau, tout en gémissant doucement. Elle savait que s’ils continuaient ainsi, ils finiraient par franchir l’étape la plus importante de leur vie. Elle ne savait pas si elle était prête pour ça. Elle n’avait jamais eut peur de coucher avec les hommes, mais avec Jane c’était différent. Elle ne voulait pas coucher avec lui, elle voulait faire l’amour avec lui, elle voulait se donner complètement à lui, mais pas comme ça, pas maintenant.

Avec difficultés, la jeune femme se détacha de l’homme qui lui renvoya un regard confus. Elle posa sa main sur sa joue qu’elle caressa tendrement, lui souriant.

-“ Pas maintenant Patrick” souffla-t-elle. “ Je ne suis pas encore prête.”
-“ Je suis désolé Teresa” s’excusa-t-il. “ Je ne voulais pas me montrer aussi entreprenant, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise.”
-“ Non, ce n’est pas ça. Je veux juste que notre première fois soit différente, je veux juste que ce soit…”
-“ Magique” finit-il pour elle.
-“ Oui” avoua-t-elle en baissant les yeux.

Jane sourit. Il comprenait parfaitement ce qu’elle voulait, il comprenait tout et ne la jugeait pas. Lisbon était une femme merveilleuse et pour elle il attendrait. Il avait déjà attendu des années, il pouvait attendre encore. Il voulait qu’elle soit prête, il ne voulait pas qu’elle se sente obligée de faire ce qu’elle ne voulait pas. Si elle voulait attendre, alors c’est-ce qu’il ferait, du moment qu’elle restait avec lui.

-“ Alors magique ce sera” sourit-il. “ J’attendrais le temps qu’il faudra, du moment que tu restes avec moi.”
-“ Je ne veux plus te quitter Patrick.”
-“ Dormons maintenant.”

Il remonta la couverture sur eux, serra Lisbon contre lui et ils s’endormirent tous les deux.




Au petit matin, lorsqu’elle ouvrit les yeux, Lisbon tomba sur le torse de Jane. Elle sourit, enfouit son nez contre sa peau et huma son parfum si unique. C’était étrange, depuis hier, depuis le mariage de sa cousine, elle se sentait bizarre. Elle avait prit la décision de partir, de quitter la ville, de changer de travail, de refaire sa vie. Elle ne se reconnaissait pas, elle n’était pas ce genre de femme. Pourquoi avait-elle fait ça ? Elle ne le savait pas. Elle ne se reconnaissait vraiment plus et le fait de se trouver en ce moment dans les bras de Jane, au petit matin après avoir partagé le même lit que lui, montrait bien qu’elle n’était plus la Teresa Lisbon qu’elle avait toujours été. Elle n’avait jamais été de celles qui se laissaient dicter leur conduite par leurs sentiments, alors pourquoi commencer maintenant.

Jane bougea dans ses bras, elle sentit ses bras se resserrer autour de sa taille. L’une des mains du mentaliste remonta dans son dos, le caressant avec tendresse et elle frissonna. Elle ferma les yeux avant de sentir la main de Jane redescendre dans son dos et aller encore plus bas. Cette fois, elle ouvrit les yeux et se jeta sur les lèvres du blond qui lui rendit son baiser. Il restait tendre, doux, amoureux. Jane mettait tout son cœur dans ce baiser, tout comme elle. C’était ça qui l’avait poussé à partir. C’était ce qu’elle voulait, lui et rien d’autre. Elle avait cru pouvoir vivre sans lui, mais maintenant elle était certaine que ça n’arriverait pas. Il était avec elle, elle se trouvait dans ses bras et ne voulait plus jamais en sortir.

Jane quitta les lèvres de la jeune femme pour les poser sur son front avant de se redresser. Il s’assit sur le lit, entraînant Lisbon avec lui. Elle s’installa à côté de lui, sans jamais lâcher son corps. Ses bras se trouvaient toujours autour de sa taille et sa tête se déplaça de son torse à son épaule. Elle soupira de bien être.

-“ Je suis bien ici” murmura Lisbon.
-“ Moi aussi, je n’ai pas envie de bouger” répondit Jane.
-“ Mais nous devons rentrer” continua-t-elle.

Il y eut un blanc, et Lisbon sut que Jane avait eut des doutes sur son retour à Sacramento. Mais elle allait rentrer, elle ne le quitterait pas, plus maintenant qu’ils s’étaient enfin trouvés. Lisbon releva les yeux vers l’homme qui retenait toujours son souffle.

-“ Je rentre avec toi Patrick” le rassura-t-elle. “ Je ne veux pas rester loin de toi.”
-“ Tu en es vraiment certaine ?” Voulu-t-il savoir.
-“ Vraiment” affirma-t-elle. “ J’ai cru qu’en partant je pourrais trouver une vie meilleure, mais c’est avec toi qu’est ma vie Patrick. Je ne veux pas refaire ma vie ailleurs si je peux la faire avec toi.”
-“ Tu m’en vois ravi” sourit le mentaliste.

Jane posa un baiser sur la joue de Lisbon avant de les faire rouler tout les deux sur le lit, se retrouvant ainsi lui sur Lisbon. Il l’embrassa avec passion, avec amour et il remercia le ciel de l’avoir mise sur son chemin. Mais Lisbon rompit le baiser pour plonger son regard dans le sien.

-“ Mais il va falloir que les choses changent Patrick. Je ne veux plus souffrir à cause de toi, je ne veux plus mettre ma carrière en jeu à cause de toi. Je t’aime, plus que tu ne peux l’imaginer, mais j’en ai assez de ta façon de travailler.”
-“ Je suis désolé de tout ce que je t’ai fait endurer ces dernières années et crois moi, les choses vont changer.”

Elle voulait y croire, vraiment, mais elle avait encore des doutes. Patrick Jane allait-il vraiment changer, allait-il devenir plus raisonnable ? Elle l’espérait vraiment, mais elle savait aussi qu’elle resterait avec lui-même dans le cas contraire. Finalement, cet homme était ce qui lui était arrivé de mieux dans la vie. Elle savait qu’il ne changerait pas aussi facilement, que c’était dans ses veines. Elle ne lui demandait pas d’être quelqu’un d’autre, juste de faire moins de bêtises. Elle reposa sa tête contre son épaule et resserra son étreinte sur lui.

-“ Je t’aime Teresa et je ferais n’importe quoi pour toi” rajouta-t-il en posant sa tête contre la sienne.
-“ Je sais Patrick, je te crois, j’ai confiance en toi.”

Ils restèrent un moment ainsi, se perdant dans la respiration de l’autre, la chaleur de l’autre. Ils étaient si bien qu’ils ne voulaient pas bouger, mais ils savaient qu’ils ne pouvaient pas rester ici toute la journée. Lisbon avait quelqu’un à voir, quelqu’un qui l’attendait. C’est avec regret qu’elle se détacha de Jane pour se lever et se diriger vers la salle de bain. Elle se prépara, une tenue simple composée d’un jean et d’un débardeur. Elle remonta ses cheveux en queue de cheval et se regarda une dernière fois dans le miroir avant de sortir pour rejoindre le mentaliste. Elle le trouva habillé, devant la fenêtre. Elle arriva derrière lui et entoura sa taille de ses bras, posant son front contre son dos.

-“ Où vas-tu ?” Lui demanda Jane.
-“ Je dois voir quelqu’un, mais je rentrerais bientôt” répondit Lisbon.
-“ Tu en as pour longtemps ?” Elle pouvait entendre des craintes dans sa voix.
-“ Quelques jours, mais Patrick, je dois y aller seule.”
-“ Mais tu rentreras ?”
-“ Bien sûr que je rentrerais” le rassura-t-elle.
-“ Alors je te laisse partir.”

Mais elle ne le lâcha pas tout de suite, elle avait bien trop besoin de lui. Elle devait partir, mais elle voulait aussi rester avec lui. Ce fut Jane qui se détacha le premier. Il la fit tourner dans ses bras pour l’embrasser tendrement avant de la laisser. Il attrapa sa veste, se tourna vers la jeune femme qui le fixait intensément et se dirigea vers la porte.

-“ Tu sais où me trouver quand tu rentreras” lui dit-il avant de sortir.

Lisbon le regarda s’en aller, une pointe au cœur. Elle savait qu’ils allaient se revoir, mais elle avait mal de le voir partir, de s’éloigner d’elle. Maintenant qu’ils s’étaient avoués leurs sentiments, c’était bien plus difficile de se séparer de lui. Elle prit alors la décision de partir tout de suite. Plus vite elle verrait cette personne, plus vite elle pourrait retourner auprès de Jane. C’est avec cette idée en tête qu’elle prit ses affaires et quitta la chambre.

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Epilogue

Le ciel était sombre, la pluie menaçait de tomber, mais Lisbon ne bougeait pas. Elle restait là, à genoux devant la pierre tombale, des larmes sur les joues. Derrière elle se trouvait son frère James, et un peu plus loin, Tommy et Annie. Ils avaient décidé de se réunir, de venir sur les tombes de leurs parents et de faire la paix une fois pour toute. Pour Teresa, sa famille était très importante. Et puisqu’elle avait décidé de recommencer sa vie, de repartir de zéro, elle avait voulut faire les choses bien. Faire la paix avec ses frères était le début de cette nouvelle vie. Bien qu’elle ait décidé de rentrer à Sacramento, de revenir au CBI, elle voulait quand même que sa famille soit en paix.

Elle tourna la tête lorsqu’elle entendit le moteur d’une voiture s’arrêter un peu plus loin. Son troisième frère venait d’arriver. Elle se leva, vint à sa rencontre et le serra dans ses bras lorsqu’il se trouva face à elle. Tommy et James restèrent en retrait, ne sachant pas quoi faire. Cela faisait des années qu’ils n’avaient pas parlé à Jonathan, ni même entre eux. Depuis la mort de leur père, les trois hommes avaient perdu le contact et il avait fallut que ce soit leur sœur qui les rapproche. Elle voulait que sa famille se voit de nouveau, qu’ils redeviennent ceux qu’ils étaient avant, des frères et sœur proches, unis. Elle avait besoin de savoir qu’elle pourrait compter sur eux en cas de besoin.

La jeune femme se sépara de son frère, attrapa sa main et l’entraîna avec elle vers les autres. Annie ne bougeait pas. Elle rencontrait pour la première fois ses deux oncles, elle ne connaissait que Teresa. Elle était intimidée, elle n’osait pas approcher. Et puis elle voulait laisser à son père le temps de leur parler, de s’expliquer. Elle ne savait rien de ce qui les avait éloignés, mais elle savait qu’ils avaient une chance de redevenir une famille. Elle regarda, les larmes aux yeux les trois frères se regarder puis se jeter dans les bras les uns des autres. Teresa se rapprocha d’elle, lui prit la main et ensemble elles rejoignirent les autres.

-“ Jonathan, je voulais te présenter ma fille, Annie” Tommy avait rapproché l’adolescente.
-“ J’espère qu’elle est plus calme que toi” fut tout ce que dit Jonathan avant de la prendre dans ses bras.
-“ Elle est pire que Teresa à son âge” répondit fièrement l’homme.

Tout le monde se mit à rire. La glace était brisée. Ils ne s’étaient pas encore disputés, il n’y avait pas encore eut de cris, c’était bon signe. La jeune femme leva les yeux vers Tommy qui lui fit un petit signe de tête.

-“ Allez les gars, je vous invite tous à boire un verre” intervint Tommy en prenant la main de sa fille.
-“ Et on va se raconter les bonnes vieilles histoires de quand on était gosses ?” Sourit James en le suivant.
-“ Ça c’est une bonne idée” approuva Jonathan.
-“ En réalité, nous allons plutôt parler” intervint Teresa, “ de nous maintenant. Je veux savoir ce que vous avez fait durant toutes ces années, je veux tout savoir de vos vies et… je voudrais qu’on redevienne aussi proches qu’avant. Mes frères me manquent.”
-“ Tu nous manques aussi sœurette” James passa un bras autour de son épaule.

Les cinq Lisbon marchèrent vers leurs voitures, montèrent dedans et partir. Lisbon avait un sourire sur les lèvres. Ses frères avaient tant changés, ils étaient devenus des hommes, elle était fière. Ils lui avaient tant manqué pendant toutes ces années, elle voulait pouvoir les voir plus souvent et ne plus se perdre de vue. C’était important pour elle, tellement important. Si elle voulait pouvoir tout recommencer, elle voulait aussi que ses frères fassent la paix. Ils avaient tous beaucoup souffert étant petits, mais maintenant ils étaient adultes. Elle avait toujours prit soin d’eux, avait fait en sorte qu’ils ne se fassent pas battre. Mais à la mort de leur père, ils s’étaient perdus, chacun avait été envoyé dans une famille différente. Teresa avait été envoyée dans un foyer, personne n’avait voulu d’une adolescente de quinze ans. Elle n’avait pas eut la chance de revoir qui que ce soit avant des années. Elle avait retrouvé Tommy par hasard et avait gardé le contact. Pour les autres, elle avait fait des recherches, et maintenant ils étaient réunis.

Ils arrivèrent devant une petite maison où Lisbon se gara. Elle sortit de sa voiture, suivit des autres et entra dans la maison. Ils eurent tous le souffle coupé en entrant, des souvenirs remontant aussitôt en mémoire. Cet endroit leur rappelait tant de choses, des bonnes comme des mauvaises. Teresa se sentit frissonner et Tommy vint poser sa main sur son épaule.

-“ Ça va aller Tessa” souffla-t-il en lui serrant l’épaule.
-“ J'essaie” répondit-elle en lui souriant.
-“ J’ai une surprise pour toi” reprit-il, “ de ce côté.”

Lisbon suivit le regard de son frère et marcha vers le salon. Elle se demandait vraiment ce qu’il avait bien put lui préparer. Elle connaissait son frère, elle se souvenait encore de toutes les blagues qui lui avait faites étant enfant. Elle redoutait ce qu’elle allait trouver, mais elle entra tout de même dans la pièce. Son cœur fit un bon dans sa poitrine en voyant ce qui l’attendait, ses jambes se mirent à trembler et des larmes lui coulèrent des yeux.

Jane. Assit sur le canapé se trouvait Jane. Que faisait-il là, elle ne le savait pas. Mais elle était heureuse, si heureuse. Elle avança vers lui, il se leva et marcha aussi. Ils s’arrêtèrent l’un en face de l’autre, se regardèrent un moment avant que le blond ne prenne la jeune femme dans ses bras. Elle lui rendit son étreinte, enfouit son visage dans sa chemise et sourit contre lui. Jane posa les mains sur ses joues, recula son visage pour plonger les yeux dans les siens. Puis, ils fondirent l’un sur l’autre, s’embrassant avec amour et passion. Plus rien d’autre n’existait autour d’eux, pas même les frères qui se tenaient à l’entrée de la pièce. Ils souriaient, heureux.

Lisbon s’écarta de Jane mais resta dans ses bras. Elle était heureuse de le voir, mais soudain elle eut envie de lui crier dessus. Mais pourquoi était-il ici, l’avait-il suivie ? Elle lui avait pourtant dit de rentrer, qu’elle reviendrait. Mais c’était Jane, il n’en faisait toujours qu’à sa tête et cette fois n’était pas différente des autres. Elle le vit sourire et sa colère monta un peu plus en elle. Mais avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, il parla.

-“ Je ne t’ai pas suivie Teresa, Tommy m’a appelé et donné cette adresse. Il a dit qu’il voulait te faire une surprise.”
-“ Mais je te croyais de retour à Sacramento.”
-“ J’étais en route quand il m’a appelé” expliqua-t-il.
-“ Mais pourquoi tu ne m’as rien dit ?” S’enquit-elle, la colère ayant disparu.
-“ Quand Tommy m’a expliqué ce que tu voulais faire, et qu’il m’a dit ce que lui voulait faire, je ne pouvais pas te prévenir. Je sais à quel point c’était important pour toi et je voulais que vos retrouvailles soient parfaites” il avait un immense sourire sur les lèvres. “ Je ne voulais pas interférer, mais ton frère sait être convaincant.”

Lisbon se tourna vers son frère, le regard interrogateur et Tommy se contenta de hausser les épaules. A côté de lui, James et Jonathan avaient également le sourire aux lèvres. Ils ne connaissaient pas Jane, mais de voir leur sœur heureuse, c’était tout ce qui comptait. Annie, qui se tenait silencieuse à côté de son père et de ses oncles, souriait également. Elle avait toujours sut qu’il y avait quelque chose entre sa tante et le mentaliste, mais elle savait qu’ils ne se l’avoueraient jamais. Maintenant, en les voyant s’embrasser, se sourire, dans les bras l’un de l’autre, elle était heureuse. Ils étaient parfaits ensemble.

Les frères Lisbon entrèrent dans le salon, prirent place sur les fauteuils et le canapé. Lisbon s’installa sur un autre fauteuil, Jane s’asseyant sur l’accoudoir. Ils commencèrent à parler, de tout et de rien, de leurs vies, de leurs projets. Il y avait des rires, des tapes sur l’épaule. Lisbon regarda autour d’elle, ses frères, sa nièce, Jane. Elle était heureuse, elle avait avec elle toute sa famille. Elle avait enfin réussit, elle avait réunit sa famille. Ensemble, ils allaient tout recommencer et être ce qu’ils avaient toujours voulut être, une famille unie.