La Croix de Sang ^

Il faisait nuit noire sur la ville de Rome. L'épaisseur des nuages était telle qu'aucune étoile n'était visible, seule une lueur indiquait la position inexacte de la lune dans le ciel. La Piazza del Popolo, éclairée par quelques lampadaires était complètement déserte, excepté une unique ombre. La silhouette d'un homme se promenant sur la place, les mains dans les poches. Il était là pour se détendre, simplement marcher. Il voulait se vider la tête, éviter de penser aux événements récents de sa vie. Malgré le froid, il n'en était pas moins décidé à continuer sa promenade. L'homme avança lentement et prit le temps de contempler la vue qui s'offrait à lui. Il était sur l'une des plus belles places de Rome. Derrière lui se trouvaient deux églises jumelles, tandis qu'un obélisque se dressait à ses pieds. Il fixa pendant quelques secondes la croix qui surmontait le monument, puis reprit son chemin à la même allure. Il s'apprêtait à quitter la place lorsqu'il aperçut un homme sortir d'un bâtiment voisin.
Il était grand, entièrement habillé de noir, et semblait pressé. Heureusement, l'inconnu ne remarqua pas la présence du promeneur. Il s'engouffra dans une voiture qui démarra à vive allure et disparut dans l'obscurité. Le passant, curieux, s'approcha de la bâtisse d'où sortait le mystérieux inconnu.

C'était une église, l'église Santa Maria del Popolo, pourtant fermée à une heure si tardive. Il gravit l'escalier qui le mena à l'entrée et poussa la porte de bois qui grinça légèrement.
Le promeneur pénétra à l'intérieur et traversa la nef centrale, tout en observant les statues présentes à ses côtés. Le silence était le seul maitre des lieux. Il leva la tête afin d'admirer la voute et arriva finalement devant l'autel. C'est alors qu'il se rendit compte qu'il venait de violer un lieu sacré. Ne souhaitant pas rester une seconde de plus dans cette église, le visiteur fit demi-tour avec la ferme intention de quitter le lieu, ne se questionnant même plus quant à la présence d'un inconnu aussi tard. Il était venu prier, voilà tout. Mais c'est en se retournant qu'il aperçut une chose étrange. Dans la chapelle de droite, il y avait un symbole qui n'avait visiblement rien à faire là. Comme hypnotisé, il s'approcha lentement avant de réaliser ce qui se trouvait devant lui. Une marque de sang, un sourire sanglant qui semblait le fixer, le narguer. Il vit soudain une forme se dessiner sous le smiley. Son sang se glaça lorsqu'il comprit la nature de cette forme. C'était une femme qui gisait sur le sol, poignardée. L'homme poussa un cri de terreur, cri qui résonna dans toute l'église.

Teresa Lisbon était assise derrière son bureau, occupée à rédiger d'interminables rapports de plaintes. Un café à la main, elle regarda sa pendule qui indiquait la fin de la matinée. Elle avait passé la moitié de sa journée à remplir ses rapports, et cela n'était malheureusement pas terminé. Apparemment, son insupportable consultant avait décidé de se mettre tout le monde à dos, plus particulièrement les personnes de pouvoir. A chaque fois c'était la même chose. Une personne ayant peu apprécié le comportement de Jane qui demandait son renvoi du CBI. En général, quelques excuses difficilement arrachées au mentaliste suffisaient et l'affaire était réglée. Jusqu'à la plainte suivante…
Elle jeta un coup d'oeil et aperçut la cause de sa surcharge de travail tranquillement installé dans l'open-space, sur son canapé marron. Une tasse de thé posée au pied de son lit improvisé, il paraissait endormi. Au bout de quelques secondes, la brunette se replongea dans ses dossiers, déterminée à finir son travail à temps.

Lisbon se retourna au son de la voix de Grace Van Pelt, sa plus jeune recrue, qui venait d'entrer dans son bureau.

Surprise, Teresa écarquilla les yeux. Ce n'est pas tous les jours que l'on doit aller résoudre un meurtre à l'étranger. Il ne pouvait y avoir que deux explications plausibles. Soit un membre du CBI présent en Italie pour une quelconque raison avait été assassiné, soit…

Les deux agents restèrent de marbre pendant quelques secondes avant que l'agent senior ne se lève en direction de l'open-space.

Tandis que Cho et Rigsby se regardaient, surpris, une voix s'éleva dans la salle.

Instantanément, il s'extirpa de son canapé et accouru prés du bureau de Wayne, là où les agents s'étaient regroupés.

Lisbon hésita. Soit elle lui disait la vérité maintenant, au risque de le voir d'une humeur massacrante, comme à chaque affaire traitant de John le Rouge, soit elle déformait légèrement la réalité pour quelques heures. Il finirait bien par le savoir, mais si cela pouvait être le plus tard possible, c'était préférable.

rétorqua la brunette, à l'attention de ses agents.

Sur ces mots, chacun pris congé pour faire sa valise, le voyage risquant d'être long. Excepté Lisbon et Van Pelt, les agents ne savaient pas ce qu'ils allaient trouver en arrivant là-bas. Encore moins les événements que leur venue allait déclencher…

***

Dix-huit heures, l'équipe était à l'aéroport de Sacramento, au complet. Enfin presque. L'avion décollait dans vingt minutes et Lisbon n'avait toujours aucunes traces de son insupportable consultant. A l'enregistrement, Jane était bien présent à leurs côtés, mais lorsque la brunette s'était retournée quelques minutes plus tard, il avait comme par magie disparu.

Elle passait son temps à le surveiller, mais il arrivait tout de même à faire des bêtises, principalement au moment où elle relâchait son attention pendant quelques secondes.
Les agents étaient regroupés en plein milieu du terminal B, valise à la main. Ils essayaient tant bien que mal de repérer Patrick Jane à travers la foule de voyageur qui occupait les lieux.

L'intéressée se retourna afin d'apercevoir le blond qui marchait dans leur direction, son sac à la main.

L'agent n'eut pas le temps de répondre qu'une voix tout droit venue des haut-parleurs coupa court à leur discussion :

Les agents embarquèrent en silence. Une fois à l'intérieur de l'avion, Teresa jeta un coup d'oeil sur son billet. Place 25A. Une fois devant sa place, elle posa son sac et tomba lourdement sur son siège, épuisée. Les derniers jours d'enquête l'avait épuisée et elle espérait enfin pouvoir souffler un peu. Même si le repos n'était pas le principal but de leur voyage, surtout une enquête concernant John le Rouge. Ce genre d'affaire était rarement reposante. Elle ferma les yeux quelques secondes avant qu'une voix ne vienne bourdonner dans ses oreilles.

Patrick Jane se tenait devant elle, un sac et son billet à la main, accompagné d'un grand sourire sur le visage.

Le consultant hissa son sac dans le rangement prévu à cet effet et s'installa à côté de sa patronne. Curieux, il jeta un coup d'oeil derrière lui pour voir où avait atterri ses collègues.Van Pelt et Cho occupaient la rangée derrière eux, tandis que Rigsby était à l'autre bout de l'avion. Timide, il s'avança jusqu'à Cho et lui demanda si ce dernier voulait bien échanger sa place avec la sienne. L'agent accepta, pour le plus grand bonheur de Grace et Wayne, visiblement heureux de pouvoir être à côté.
Le blond se retourna et observa longuement sa patronne qui tenait un livre dans ses mains.

Teresa ceda à contrecoeur et ils échangèrent leur place. L'avion ne tarda pas à décoller, quelques minutes plus tard. Lisbon observa son consultant, lui-même absorbé par la vue qu'il avait de son hublot. Il avait l'air d'un enfant, comme fasciné par un monde qu'il ne connaissait pas, même si ce n'était qu'un masque.
Comment Jane allait-il réagir lorsqu'il allait apprendre la véritable raison de ce voyage à Rome ? Pas très bien, ça c'était sûr. Elle commençait à regretter de ne pas lui avoir dit plus tôt, surtout qu'un avion volant à dix mille mètres d'altitude n'était peut être pas le meilleur endroit pour lui annoncer ce genre de nouvelle. Elle repensa à l'affaire qui leur avait été confiée. Pourquoi John le Rouge irait-il tuer une femme à des milliers de kilomètres de Sacramento ? C'était insensé ! A moins que ce ne soit qu'un imposteur, ils ne tarderaient pas à le savoir de toute façon.
Au bout de plusieurs minutes, elle remarqua que Jane s'était endormi. Teresa ne put s'empêcher de regarder ses boucles blondes. On aurait dit un ange. Elle-même épuisée, elle laissa la fatigue s'emparer d'elle et sombra dans un sommeil profond.

***

Lorsque Jane se réveilla, il sentit un poids contre son épaule et des cheveux lui chatouiller la nuque. Pas besoin d'être voyant pour savoir ce qu'était ce poids. Les yeux fermés, il esquissa un léger sourire en imaginant sa patronne endormie contre son épaule. Une légère senteur de cannelle le poussa à ouvrir les yeux et il se retrouva nez à nez avec une chevelure brune. Sans faire de mouvement brusque, il ouvra le hublot fermé quelques heures auparavant et fut ébloui par la lumière du jour. L'avion n'allait pas tarder à atterrir. Sans pour autant déranger Lisbon, il tourna doucement la tête et aperçut Grace et Rigsby dormant l'un contre l'autre. Cho, plus loin, était comme à son habitude plongé dans la lecture d'un roman visiblement passionnant. L'attention du mentaliste se focalisa à nouveau sur la personne pour qui il était devenu un oreiller provisoire. Elle semblait toujours profondément endormie. Ne pouvant résister à la tentation, il passa son pouce droit sur la joue de l'endormie, qui poussa un léger gémissement dans son sommeil. Cette réaction eut pour effet de faire sourire le consultant, très fortement amusé par la situation. Ce qui le fit moins rire en revanche, ce fut lorsque son jouet improvisé se réveilla. Perdu dans ses pensées, il avait oublié de retirer son pouce de la commissure des lèvres de la brunette.

Elle se dépêcha de tourner la tête pour empêcher le mentaliste de remarquer la teinte rosée que venait de prendre ses joues, mais c'était trop tard. Cela ne fit qu'accentuer le sourire de ce dernier. Ce n'était pas tous les jours qu'il arrivait à faire rougir sa patronne. Et c'était souvent ces rares journées qui étaient les meilleures, lui-même ne savait pas vraiment pourquoi. Ou alors il ne voulait pas se l'avouer.
Soudain, une voix leur indiqua que l'avion amorçait sa descente vers l'aéroport. Une vingtaine de minutes plus tard, ils pouvaient enfin respirer l'air frais. Après être sortis du bâtiment, les agents se regroupèrent afin de trouver une voiture de location.

Touché. Démasqué, Jane préféra se taire, chose assez rare en général. Une fois la voiture prête, les agents quittèrent l'aéroport, Lisbon au volant.

Après une demie-heure de trajet, ils arrivèrent enfin au centre de la ville.

La voiture débarqua sur la place de l'obélisque et s'arrêta devant l'église, où des policiers avaient remplacé les habituels touristes. Lorsqu'ils entrèrent dans l'église, Jane, peu préoccupé par la scene de crime, entraina Lisbon dans une chapelle à gauche.

En attendant le triste ton de la voix de Lisbon, le blond comprit qu'il se passait quelque chose de grave. Teresa attrapa son bras et l'emmena vers le fond de l'église. Ils se dirigèrent vers une chapelle à l'autre bout de l'église. C'est alors que Jane le vit. Le smiley sanglant responsable de tout ses cauchemars. Cette marque macabre qui semblait le narguer. La brunette le regarda, se demandant quelle serait la réaction qu'il allait avoir face à la signature malheureusement trop connue du tueur en série. Brusquement, le consultant se retourna vers Lisbon.

Sa voix résonna si fort dans l'église que toutes les personnes présentes se retournèrent vers eux, curieux de la scene qui se déroulait sous leurs yeux. Face au ton agressif de son consultant, Teresa ne put empêcher les larmes de lui monter aux yeux, tandis qu'elle essayait de trouver une réponse plausible.

Furieux, Jane ne laissa pas à Lisbon le temps de finir sa phrase. Il tourna les talons et se précipita vers la sortie, avant de disparaitre parmi la foule de curieux qui s'était accumulés autour des policiers.

Dans l'église Santa Maria del Popolo, une dizaine d'agents s'activaient autour de la scène de crime. Seule Teresa Lisbon était assise au centre de l'église. Si elle avait été faite de marbre, elle aurait pu facilement passer pour une des nombreuses statues présentes dans l'église. Les coudes posés sur le banc de devant, elle tenait sa tête entre ses mains. Sans prêter la moindre attention à ses collègues, elle ne cessait de se ressasser les événements qui s'étaient déroulés quelques minutes plus tôt. Une seule question absorbait tout son esprit : Pourquoi avait-elle caché à Jane l'implication de John le Rouge dans cette affaire ?
Lorsqu'elle avait apprit la nouvelle, elle n'avait pas eut le courage de lui avouer la vérité. Il est son meilleur ami, sur le moment elle avait jugé bon de lui faire avaler un mensonge, pensant qu'il valait mieux le tenir à l'écart le plus longtemps possible. Elle avait eut tort. C'était une bombe à retardement, elle n'avait fait que repousser l'inévitable. Et maintenant, en plus d'un tueur en série redouté qui avait visiblement refait surface, elle s'était mis Jane à dos. Comme si ce n'était pas suffisant.
Mais ce meurtre était-il vraiment signé John le Rouge ? Après tout, ce ne serrait pas la première fois qu'un soi disant crime du tueur au smiley ait été en réalité perpétué par un imposteur…

Elle ne pouvait qu'espérer que son consultant refasse surface le plus tôt possible. De toute façon, elle ne pouvait rien y faire. La seule solution serait de l'appeler, encore faudrait-il qu'il réponde. Cela ne servait donc à rien de rester à ne rien faire, et puis, ses agents avaient besoin d'elle. Déterminée à lever le voile sur l'implication du tueur à la marque sanglante sur cette affaire, l'agent se leva et partit rejointe ses collègues, Cho et Rigsby, regroupés autour de la victime.

Tout en écoutant les propos de son agent, la brunette examina de plus prés la scène de crime. La macabre signature du tueur était dessinée sur le mur du fond de la chapelle, de façon à ce que les barrières qui empêchent un éventuel curieux d'entrer dans la zone sacré permettent aussi à celui qui découvre le corps de voir la marque sanglante en premier. C'est typique de John le Rouge. Tout indiquait ici que ce dernier était bien relié à ce meurtre. Même si elle était persuadée du contraire, Lisbon essayait tant bien que mal de se convaincre que le meurtrier n'était nul autre qu'un imposteur dont le seul lien avec John le Rouge était la scène de crime.
Van Pelt ne tarda pas à la rejoindre, un dossier à la main.

Assimilant peu à peu les informations de son agent, Teresa observa longuement la victime. Une magnifique jeune femme brune, qui avait eu la malchance de croiser la route d'un cinglé. Au vu des traces de sang, elle pouvait dire que la victime n'avait pas été tuée sur place. Plutôt déposée dans cette chapelle après avoir été abattue, ou mourante. Au bout de quelques minutes, elle se décida à poser la question qui lui trottait dans la tête.

Aucun des agents n'osa répondre. Ils se regardèrent à tour de rôle, visiblement en accord sur la réponse. Mais ils n'osaient pas parler, ils essayaient de décider silencieusement qui annoncerait la nouvelle à leur patron.

L'agent sortit une feuille de papier que la brunette s'empressa d'attraper. Elle déplia soigneusement la feuille, comme si elle en redoutait le contenu. Mais Lisbon était sûre d'un chose : la lettre était adressée à Jane, sans aucun doute. Sur a papier était inscrit un texte en lettres écarlates. Le tout signé d'une miniature de la marque sanglante de John le Rouge.

Sans hésiter, la brunette se précipita à la rencontre de ce fameux témoin, peut-être l'une des rares personnes en vie à avoir aperçut le mystérieux tueur à la signature écarlate. Une fois à l'extérieur de l'église, elle remarqua un homme se faisant interroger par des policiers. C'était forcement lui, le témoin. Un homme de grande taille, brun, habillé d'un jean et d'un manteau marron. Elle s'approcha de lui et engagea la conversation. Heureusement pour elle l'homme parlait sa langue.

Sans un mot, Lisbon s'éloigna du témoin. Elle n'avait pas besoin d'en entendre plus, le témoignage le Maximilien Mortati étant partiellement inutile pour l'enquête. Ce n'était pas avec une description du tueur qu'ils allaient arriver à le coincer. Encore moins sans la plaque d'immatriculation de la camionnette. Maintenant, elle allait devoir faire le tri dans toutes les informations. Le retour de John le Rouge. Un meurtre tous les soirs jusqu'à temps qu'il soit arrêté. La brunette marchait à travers la place, ses agents la suivant de loin.

***

Patrick Jane était accoudé contre la Fontaine de Trevi, probablement l'une des plus belle fontaines de Rome. Il observait avec passion la structure monumentale de l'édifice. Les quatre colonnes, la statue au centre, les différents bas-reliefs représentant des personnages divers de l'époque. Des dizaines de touristes étaient agglutinés à ses côtés. Après tout, cette fontaine est l'un des sites touristiques les plus visités de la ville, ce n'était donc pas étonnant d'y retrouver un tel regroupement humain.

Mais le mentaliste n'avait que faire du brouhaha général. Pour lui, c'était comme s'il se trouvait seul au milieu de la place. Le bruit de l'eau avait un effet apaisant sur lui, effet qui parvenait presque à lui faire oublier les événements récents. Il avait peut-être réagi un peu excessivement face au smiley de la scène de crime. Certes, Lisbon lui avait menti, elle lui avait dissimulé la vérité, mais il n'arrivait pas à lui en vouloir. Lorsqu'il avait vu la marque, plusieurs émotions l'avaient assailli. Tout d'abord de la colère, bien sûr, mais aussi de la peur. Même s'il avait passé les dix dernières années de sa vie à rechercher l'homme qui lui avait brisé la vie, il n'en était pas moins effrayé à l'idée que le tueur puisse ressurgir à tout moments. Effrayé en songeant aux conséquences que cela engendrerait. Pour ses amis, et plus particulièrement pour sa patronne. A son arrivée au CBI, il s'était promis de ne s'attacher à personne, de peur de revoir une personne chère à son coeur froidement assassinée. Mais il avait échoué. Il était devenu de plus en plus proche de Lisbon, jusqu'à se questionner vis à vis de ses sentiments quelques peu confus.

Un rire d'enfant le sortit de ses pensées. A sa gauche, une petite fille tenait la main d'une femme, probablement sa mère. Elle semblait émerveillée par le gigantisme du monument qui se dressait devant elle. Elle devait être âgée de six ans et portait une robe bleue en parfait accord avec ses boucles blondes. Sa mère lui tendit alors une pièce de monnaie, que la petite attrapa à l'aide de sa main droite avant de se retourner. Dos à la fontaine, elle lança à l'aveuglette la pièce dans l'eau et se tourna vers sa mère, un large sourire sur la visage.

Le blond était si obnubilé par la scène qui se déroulait sous ses yeux qu'il ne se préoccupait pas de ce qu'il se passait de l'autre côté. Soudai, il sentit une légère pression sur sa poche droite, mais n'y prêta pas la moindre attention au début. Ce ne fut qu'au bout de quelques secondes qu'il plongea la main dans sa poche, tombant sur ce qui semblait être une feuille de papier pliée. Il la retira de sa veste et la déplia aussitôt, se retrouvant nez à nez avec un symbole qu'il ne connaissait que trop bien. Utilisé comme signature à la fin d'un texte, son sang se glaça lorsqu'il identifia le sourire écarlate qui semblait le narguer, même inscrit sur du papier.

Instantanément, sans même prêter attention au texte, il se retourna et scruta la foule de touristes afin d'apercevoir la personne qui lui avait glissé la lettre dans la poche. Sa vue se bloqua sur un homme de taille moyenne, une casquette sur la tête, qui essayait de se frayer un chemin parmi les étrangers. Pas de doutes, c'était lui. Jane se précipita à la poursuite de l'inconnu, mais ce dernier ne tarda pas à le remarquer. Il se mît à courir en direction d'une ruelle, bousculant quelques touristes au passage. Le mentaliste essaya tant bien que mal de ne pas perdre l'homme de vue, mais le nombre impressionnant de visiteurs ne lui facilitait pas vraiment la tâche. Lorsqu'il réussit enfin à sortit de la foule, l'inconnu avait prit de l'avance. Jane eut juste le temps de le voir se faufiler dans une minuscule ruelle. Peu habitué à ce genre de poursuite, le consultant ne s'arrêta pourtant pas, bien au contraire. Il accéléra de plus belle dans l'espoir de rattraper le fuyard. Ce n'est qu'en arrivant dans la rue où il avait vu l'inconnu tourner que ses espoirs s'envolèrent. L'homme avait tout bonnement disparu, la ruelle était déserte.

Il s'arrêta, essoufflé, encore sous le choc de ce qui venait de se passer. Lorsque son téléphone sonna, il décrocha sans même jeter un oeil à l'écran. L'identité de la personne qui essayait de l'appeler ne faisait aucun doute pour lui.

Après lui avoir donné l'adresse de l'hôtel, Lisbon raccrocha. Le consultant rangea son téléphone, et, en se dirigeant vers l'avenue la plus proche, reporta son attention sur la feuille que John le Rouge, si c'était bien lui, lui avait glissé dans la poche. Une seule phrase était inscrite en lettres noires :

Patrick Jane se tenait devant l'hôtel que lui avait indiqué Lisbon une vingtaine de minutes plus tôt. Le point du rendez-vous n'était en vérité qu'à quelques rues de la Fontaine de Trevi, mais il avait trainé en chemin, réfléchissant au sens de l'énigme sur papier que l'inconnu avait glissé dans sa poche. Le consultant relut pour une énième fois le message inscrit en lettres noires.

Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Et pourquoi la prochaine église d'ailleurs ? Est-ce que cela avait un rapport avec le fait que la victime ait été tuée dans une église ? Allait-il y avoir d'autres meurtres ? C'était fort probable, mais Jane ne voulait pas tirer de conclusions trop hâtives. Autant rester dans le positif pour l'instant. Même s'il était persuadé que John le Rouge avait bien orchestré ce meurtre, il préférait penser que le véritable tueur était un imposteur. Mais s'il avait tort ? Et si le tueur à la signature écarlate était vraiment de retour ?
Jane chassa rapidement ces pensées de sa tête. Il allait avoir du temps pour y réfléchir, et puis, de toute façon, sa priorité actuelle était de retrouver Lisbon et de s'expliquer avec elle. Il ne cessait de s'en vouloir pour son comportement quelque peu excessif. Il devait bien admettre qu'il s'était emporté sur la scène de crime, et il avait la ferme intention de s'excuser auprès d'elle.
Un passant le bouscula légèrement, ce qui eut pour effet de le sortir de sa rêverie. Il reporta son attention sur la bâtiment dressé en face de lui.

Un édifice de cinq étages, mais incroyablement large. La façade beige donnait une allure sobre à l'hôtel. Au centre, une arche abritait l'imposante porte d'entrée, surplombée par un drapeau italien. Pas étonnant que cet hôtel soit l'un des plus beaux de la vile. Autour, la place était tout aussi impressionnante. Une église de style baroque d'où sortaient des groupes de touristes et un obélisque occupaient l'endroit. Après quelques minutes de contemplation, le blond décida d'entrer dans l'hôtel afin de retrouver ses collègues. Une fois entré à l'intérieur, le consultant fut émerveillé par le lieu où il se trouvait. Un hall majestueux, dont le centre était occupé par diverses causeuses où quelques voyageurs se reposaient. Il survola rapidement la salle, avant d'apercevoir quelques silhouettes familières. Une jeune rousse, un asiatique, un grand brun. Ses yeux s'arrêtèrent sur une jolie petite brunette qui était assise sur un des canapés. Pas de doute, c'était bien eux. De nombreux bagages étaient posés autour du groupe. Il s'avança doucement, mais Rigsby ne tarda pas à le repérer.

Il essaya tant bien que mal de regarde Rigsby en face, mais ses yeux étaient plaqués sur sa patronne. Elle ne le regardait pas en face, elle avait l'air de fixer une statue dans le coin de la salle. Il pouvait discerner un peu de colère dans ses yeux. Il allait devoir se faire pardonner.

Sous le regard interrogatif de sa patronne, il lui attrapa subitement la main, l'invitant à le suivre. Discrètement, il se dirigea vers une petite salle à l'abris des regard. C'était un lieu habituellement utilisé pour les réunions. Une table en bois, un lustre suspendu au dessus, quelques plantes dans les recoins de la pièce, la salle était pourtant d'un luxe rare. Une fois sûr que les autres agents ne regardaient pas, Jane se tourna vers la brunette. Mais ce fût elle qui commença la première.

S'en suivit un silence gêné. Lisbon le brisa une fois de plus.

Face au sourire de Jane, Teresa ne put s'empêcher de rire à son tour. Jane savait s'y faire. Il avait réussi à détendre l'atmosphère avec une seule phrase. Elle venait de retrouver son consultant et elle ne pouvait qu'en être heureuse.

Il s'approcha de la brunette et lui déposa un léger baiser sur la joue, juste assez longtemps pour la faire rougir. Lisbon ne répondit pas, mais ses joues parlaient pour elle. Heureux de son effet, Jane lui attrapa sa main et retourna vers le hall, où attendaient les agents. Ils étaient en train de parler avec ce qui devait être la réceptionniste. Lisbon et Jane se dépêchèrent de les rejoindre.

Sous le regard visiblement déçu de Wayne, Jane se pencha vers Cho.

Lorsque l'intéressé se retourna, l'asiatique lui lança les clés de la chambre. Ce geste eut pour effet de rendre Rigsby radieux. A présent, il ne restait plus que deux chambres. Aucun des deux agents ne semblait prêt à se décider, ce fut donc Lisbon qui s'en occupa.

Lisbon leva les yeux au ciel et attrapa la clé de sa chambre, ainsi que sa valise. Elle se dirigea vers l'ascenseur, suivie de prés par ses agents.

***

Une heure plus tard, Teresa Lisbon se trouvait dans la salle de réunion, en compagnie de ses agents. Enfin, presque tous. Il manquait juste une personne à l'appel.

Au bout de quelques minutes, une silhouette blonde fit son apparition dans la salle.

Les autres agents esquissèrent un léger sourire. Même Cho, dont l'expressivité pouvait se comparer à celle d'un chaise, se prêta au jeu. Les agents se trouvaient dans la même salle que Jane et Lisbon une heure auparavant. Chacun pris place à la table, où étaient disposées diverses photos et informations de l'affaire en cours. L'atmosphère générale était très pesante, chacun sachant que la conversation qui allait suivre n'allait pas être vraiment réjouissante.

La brunette stoppa son discours afin de designer la photo de la victime. Sur l'image, une jeune femme brune esquissait un sourire radieux.

Sans dire un mot, Lisbon tendit le bout de papier à son consultant, visiblement surpris. Dans le silence le plus total, le blond pris connaissance du message.

Le mentaliste sortit le mot qu'il tendit à sa patronne. Cette dernière attrapa la feuille et la lut à voix haute.

Les agents passèrent prés d'une heure à proposer différentes hypothèses sur le lieu du prochain crime. Malheureusement, aucune ne semblait plausible. Après avoir diné à l'hôtel, ils se séparent et partirent rejoindre leurs chambre.

***

Teresa était dans sa chambre, un livre à la main. Un peu plus tôt, elle et ses agents avaient tout fait pour essayer de percer le mystère de l'indice laissé par John le Rouge, mais cela semblait impossible. Elle ne pouvait qu'espérer que le tueur à la marque de sang ne mette pas ses menaces à exécution. Mais c'était John le Rouge. Il était plus que probable qu'une femme soit en ce moment même entre ses mains. Peut-être même déjà morte… Et ils ne pouvaient rien y faire. Il leur faudrait des jours pour fouiller toutes les églises de la ville, de quoi laisser à John le Rouge le temps d'ajouter de nombreux noms à la liste de ses victimes.
Elle se leva de son lit et se dirigea vers la fenêtre de sa chambre, fixant la vue qui s'offrait à elle. De son étage, elle pouvait apercevoir le panthéon, ainsi que le sommet de la Basilique St Pierre. Rome est vraiment une ville magnifique.

Soudain, quelqu'un frappa à la porte de sa chambre, la sortant de ses pensées. Elle jeta un rapide coup d'oeil à l'horloge fixée sur le mur de sa chambre.

Au fond d'elle, elle savait qui se trouvait de l'autre côté de la porte. Après tout, qui viendrait la voir le soir dans sa chambre à part un consultant bien déterminé à l'embêter ? Une fois la porte ouverte, elle se retrouva comme prévu face à une tête blonde s'apprêtant à repartir, faute de réponse. Elle remarqua vite que le visiteur en question ne la regardait pas exactement dans le visage. Lisbon baissa la tête et remarqua ses jambes nues. Elle était vêtue de son habituel t-shirt de nuit, ne pensant pas que quelqu'un viendrait lui rendre visite. Elle s'empressa de cacher ses jambes à l'aide de son vêtement, légèrement trop grand pour elle, alors que ses joues commençaient à prendre une teinte rosée.

Devant l'air gêné de Jane, la brunette se demanda ce qu'il pouvait bien vouloir. Il semblait hésiter, chose qui ne lui ressemblait pas du tout.

Blasée, Lisbon ferma violemment la porte au nez du blond, avant de retourner à l'intérieur de sa chambre.

Elle attrapa son livre avant de s'installer dans son fauteuil. Avant même qu'elle ait pu lire une ligne, un semblant de voix vint briser le silence.

L'agent ne bougea pas d'un pouce. Au bout de quelques minutes, le consultant semblait être parti. Sans s'en préoccuper davantage, Lisbon se replongea dans la lecture de son livre. Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à Jane. Oubliant son comportement infantile, elle se souciait davantage de sa réaction vis à vis de l'affaire. Ce n'était pas n'importe quelle enquête, c'était John le Rouge après tout. Sans prendre en compte sa fuite à la découverte du smiley dans l'église, il avait l'air de prendre ça plutôt bien. Trop bien même.
Teresa le leva, enfila rapidement un pantalon et un chemisier plus approprié et fila en dehors de sa chambre. Elle devait aller lui parler. Heureusement, la chambre de Jane n'était pas très éloignée, ils étaient pratiquement côte à côte. Elle frappa à plusieurs reprises, mais personne ne vint lui ouvrir.

Elle se dirigea vers l'ascenseur afin de rejoindre la chambre de son agent. Cette fois-ci, la porte s'ouvrit presque immédiatement.

Une fois la porte refermée, Lisbon se dirigea à nouveau vers l'ascenseur. Mais où pouvait bien être Jane ? Elle n'en savait absolument rien. Il était peut-être sorti de l'hôtel ? Avec une bouteille de Vodka à la main. Elle devait impérativement le retrouver. Un Jane sobre était déjà difficile à supporter, elle n'osait pas imaginer ce que devait être un Jane saoul. Alors qu'elle s'apprêtait à à appuyer sur le bouton de son étage, Teresa remarqua une porte menant vers ce qui semblait être un jardin aménagé sur le toit. Avec un peu de chance…
Elle poussa la porte et se retrouva effectivement dans un jardin où avait été installé un bar. Les lumières étaient éteintes, et le bar vide. L'endroit était assez grand, des tables étaient disposée à peu prés partout, autour des différentes plantes vertes et parasols. Cela devait servir aussi de restaurant pendant l'été. L'attention de Lisbon se porta d'abord sur la vue magique de Rome. Une grande partie des bâtiments de la ville étaient visibles. Du Panthéon se trouvant à une rue, jusqu'aux jardins de la villa Borghèse. Admirant le paysage, elle avança doucement, puis s'arrêta lorsqu'une ombre se dessina au fond du toit. Une silhouette blonde, accoudée contre le petit mur qui donnait sur le vide, une bouteille de vodka à la main...

Ahhhhhhhhh pourquoi tu t'arrêtes là Riza???

Mercii Hâte de voir la suite !!!!