Notre premier Noël [SPOILER saison 6]^

Après leur repas, Jane s’était excusé et avait laissé Lisbon et son frère. Il avait promit de revenir le soir, mais qu’il avait encore quelques petits choses à faire. Lisbon, bien que déçue, n’avait pas protesté et lui avait souhaité une bonne journée. Elle avait bien remarqué les regards entre son collègue et son frère. Elle ne savait pas ce que cela voulait dire, mais elle finirait par le découvrir. Ils lui cachaient quelque chose, depuis le début.

Cette rencontre au restaurant n’était pas une coïncidence. James avait toujours été un mauvais menteur, depuis leur enfance. Elle savait toujours lorsqu’il lui cachait quelque chose et aujourd’hui c’était définitivement le cas. Et Jane. Il l’avait souvent manipulé, pendant des années et elle avait apprit à repérer lorsqu’il lui mentait. Et tout comme son frère, il l’avait fait aujourd’hui.

Bien qu’elle n’aime pas être la victime d’un coup monté, elle ne dirait rien cette fois. Si son frère et Jane avaient mit en place un plan, c’était certainement pour une bonne raison. Elle avait bien souvent parlé de lui à ses frères, se plaignant de son comportement, de la charge de travail en plus qu’il lui imposait par ses plans. Et bien souvent James lui avait dit que s’il le rencontrait un jour, il lui ferait comprendre sa façon de penser.

Ce jour était arrivé et pourtant, les deux hommes semblaient être amis. Ce n’était pas pour lui déplaire. Elle aimait l’idée de son frère et Jane amis. Après tout, ils allaient être amenés à se revoir puisque James devait rester quelques temps chez elle et non pas simplement pour Noël. Il ne lui avait encore rien dit, mais elle le savait. Il cherchait juste à éviter le sujet le plus longtemps possible, par honte. Il ne semblait pas se rappeler qu’elle ne le jugerait pas, même s’il avait perdu travail et logement. Cela pouvait arriver à tout le monde. Ça lui était bien arrivé à elle.

-“ Teresa?” L’appela James, la tirant de ses pensées. “ On devrait peut-être y aller si nous voulons trouver quelque chose de mangeable pour ce soir.”

-“ Oh oui, désolée,” s’excusa-t-elle, réalisant seulement maintenant que son frère avait déjà payé et qu’il était prêt à partir. “ Tu veux commencer par quoi?”

-“ Je propose d’aller commander le repas pour ce soir,” sourit James et Teresa lui rendit son sourire. “ Ensuite, nous irons acheter de quoi décorer ton appartement à commencer par un sapin.”

-“ C’est une excellente idée,” approuva Lisbon. “ Mais cette fois tu ne choisiras pas les choses les plus voyantes, comme la dernière fois.”

-“ Oh oui, la dernière fois,” sourit James au souvenir de son dernier réveillon avec sa sœur.

Six ans plus tôt, alors qu’il était en visite à Sacramento pour le travail, James avait décidé de rendre visite à sa sœur en cette période de fête. Comme il se doutait qu’elle n’aurait rien chez elle, il avait lui-même fait des achats et était arrivé chez elle les bras chargés. Elle avait été surprise de sa venue mais très heureuse, jusqu’à ce qu’elle voit ce qu’il avait dans les bras. Il avait acheté de quoi décorer l’intérieur *et* l’extérieur de chez elle.

Ses voisins avaient fait des photos de ses décorations. Les enfants avaient été les plus ravis. Il y avait de tout: le père Noël avec ses reines, des étoiles lumineuses, des sapins à chaque fenêtre. Même si elle ne l’avait jamais avoué, elle avait beaucoup aimé. Un peu moins sa note d’électricité, mais ça avait fait plaisir à son frère alors elle ne lui avait rien dit.

Cette année par contre, elle ne voulait pas de tout cela. Elle préférait des décorations simples et bien moins couteuses. Un sapin, quelques guirlandes dans l’appartement, peut-être même quelques bougies électriques aux fenêtres, mais rien de plus.

-“ Je te promets de ne pas exagérer cette fois,” assura James. “ Le strict minimum.”

-“ Bien,” approuva Teresa.

Le frère et la sœur quittèrent ensuite le restaurant pour se rendre en ville.



Jane se rendit au FBI juste après avoir quitté Lisbon et son frère. Il se doutait que Lisbon avait des soupçons sur sa présence au restaurant. Il devait bien admettre que depuis son retour, il n’avait plus cette capacité à la manipuler. Mais ce n’était pas vraiment son intention cette fois, il ne voulait absolument pas la manipuler. Il voulait juste s’assurer qu’il passerait le réveillon avec elle, qu’il partagerait cette soirée avec elle.

Il savait aussi qu’il aurait à se rendre à la messe de minuit, et même si ce n’était pas vraiment dans ses habitudes, pour elle il le ferait. Lisbon était croyante, tout comme James. Jane en revanche ne l’avait jamais été et la mort de sa famille l’avait encore plus éloigné du chemin de la croyance. Mais, même s’il ne deviendrait pas croyant en se rendant à cette messe, il pouvait au moins faire l’effort, pour Lisbon.

Mais avant tout, il devait voir l’agent Abbott. Il avait besoin de quelques jours de repos, deux si possible. Il voulait être entièrement libre pour ce qu’il avait prévu de faire. Ce ne serait pas bien difficile, il le savait. Abbott avait bien remarqué qu’il ne travaillait pas bien lorsqu’on lui faisait faire équipe avec quelqu’un d’autre que Lisbon, qu’il n’était pas vraiment à ce qu’il faisait.

Il allait jouer sur ce point et il obtiendrait ce qu’il voulait. Ou il se contenterait de ne pas venir travailler, tout simplement. Il ne pouvait plus repousser ce moment, celui où il parlerait enfin à Lisbon de ce qu’il ressentait pour elle. Pendant douze ans, il avait fait passer sa quête de vengeance avant tout le reste. Pendant toutes ces années, il avait voulut se convaincre qu’il n’avait pas le droit d’aimer, surtout Teresa Lisbon. Cette femme était trop bien pour lui.

Aujourd’hui, il se rendait compte qu’il avait une nouvelle chance d’agir convenablement, de faire ce qui est juste. Elle avait des sentiments pour lui, il le savait. Mais il savait aussi que pour son bien à lui, elle avait renoncé à ces sentiments. Elle aurait put tenter sa chance avec quelqu’un d’autre, se construire une vie. Mais ses sentiments pour lui étaient trop forts. Tout comme ses propres sentiments. C’est la raison pour laquelle il ne pouvait plus attendre. Ils avaient déjà bien assez attendu.

Jane arriva enfin au FBI et il monta directement voir Abbott. L’homme ne l’aimait pas, ce n’était un secret pour personne ici. Lui non plus ne l’aimait pas, mais c’était quand même grâce à lui qu’il était de retour aux USA, qu’il avait put revoir Lisbon. Il lui était au moins reconnaissant pour ça. Cela n’empêchait pas qu’il n’aimait vraiment pas l’agent et qu’il le lui faisait comprendre à chaque fois qu’ils se voyaient. Mais aujourd’hui, il se comporterait bien, le mieux possible. Il avait besoin de quelque chose que seul Abbott pouvait lui donner.

Les bureaux étaient presque vides, les agents avaient, pour la plupart, partit en avance pour préparer le réveillon. Il les comprenait, beaucoup d’entre eux avaient des familles qui les attendaient. Il avait été à leur place avant, il y a bien longtemps, dans une autre vie. Il avait perdu tout ça. Mais il comptait bien saisir sa chance de retrouver cette vie, avec Lisbon.

-“ Mr Jane,” l’interpella l’agent Abbott qui arrivait au bout du couloir. “ Vous êtes enfin de retour parmi nous.”

-“ J’avais quelque chose d’important à faire,” répondit évasivement Jane. “ Je revenais justement pour vous parler.”

-“ Vous désirez quelques jours de repos pour les passer avec l’agent Lisbon et son petit ami,” dit l’homme. “ Cela ne va pas être trop difficile pour vous de la voir avec lui?”

-“ Pourquoi cela serait-il difficile?” Demanda Jane, jouant le jeu. Surtout, il ne voulait pas parler de Lisbon et de sa vie privée à son *patron*.

Il y eut une pause durant laquelle les deux hommes se fixèrent. Ce fut Abbott qui brisa le silence le premier, le ton de sa voix soudain plus douce, moins professionnelle.

-“ Mr Jane, nous savons vous et moi que l’agent Lisbon n’a pas de petit ami,” commença-t-il et Jane ne chercha pas à répondre. “ Nous savons tous les deux qu’elle vous attend depuis des années, bien que je ne parvienne toujours pas à comprendre pourquoi.”

-“ Elle m’aime bien,” tenta Jane avec un léger haussement d’épaule.

-“ Oh, elle vous aime beaucoup,” sourit Abbott, “ tout comme vous. Alors je vais vous donner quelques jours de repos, pour que vous fassiez quelque chose de bien.”

-“ Et pourrais-je savoir ce que vous avez en tête?”

-“ Offrez-lui ce qu’elle attend depuis si longtemps,” répondit l’agent. “ Faites lui comprendre que toutes ces années d’attentes valaient le coup. Rendez-la heureuse.”

Jane fixa l’homme, cherchant à lire dans ses yeux s’il se moquait de lui ou s’il était sérieux. Mais il ne vit aucune trace de moquerie, uniquement la vérité. Cela le déstabilisa un peu et Abbott sourit.

-“ Ecoutez Jane,” commença-t-il. “ Je sais que vous ne m’aimez pas, et je ne peux pas vous le reprocher. Je ne vous aimais pas beaucoup non plus, au début,” il fit une pause en fixant Jane. “ J’ai appris à apprécier votre travail, même si je n’aime toujours pas votre façon de le faire. Attention, ça ne veut pas dire que je vous apprécie vous. Mais j’ai lu votre dossier depuis votre entrée au CBI. Vous avez changé au cours de ces années, même vous ne vous en êtes pas rendu compte.”

-“ Où voulez-vous en venir exactement?” Le coupa Jane qui commençait à perdre patience.

-“ Ce que je veux dire Mr Jane, c’est que vous avez consacré dix ans de votre vie pour votre famille disparue. Maintenant, il serait temps de la consacrer à la famille que vous pourriez avoir.”

-“ En quoi cela vous concerne-t-il?” Demanda Jane, soudainement curieux.

-“ J’ai vu la façon dont vous la regardez, l’attention que vous lui portez,” expliqua Abbott. “ Vous l’aimez, et elle aussi. Elle mérite d’être enfin heureuse après tout ce qu’elle a vécu pour vous.”

Bien qu’il ne se soucie pas des conseils de cet homme en temps normal, Jane devait reconnaitre qu’il avait raison. Lisbon avait tant fait pour lui sans jamais rien lui demander. Elle n’avait voulut qu’une seule chose qu’il n’avait put lui accorder. Elle voulait seulement qu’il oublie sa vengeance et qu’il recommence à vivre. Malheureusement, il n’avait put le lui donner et avait bien faillit la perdre à cause de ça.

Aujourd’hui, il était de retour et il avait bien l’intention de lui donner la seconde chose qu’elle voulait de lui: son amour. Bien qu’elle ne lui ait jamais dit, elle l’aimait. Il s’était souvent demandé pourquoi une femme comme elle qui pouvait avoir bien plus le voulait lui. Mais les choses étaient ainsi et c’était une chance pour lui, car il l’aimait aussi.

-“ Partez Jane,” lui dit Abbott. “ Profitez de vos deux jours et revenez avec de bonnes nouvelles. Joyeux Noël.”

Abbott s’éloigna ensuite dans le couloir, laissant Jane seul avec ses pensées. Il avait obtenu ce qu’il voulait, sans même avoir à se battre ni manipuler. Il trouvait cela un peu trop facile, mais il n’allait pas s’en plaindre maintenant. Il avait bien mieux à faire, bien plus important. Il avait encore quelque chose à régler avant d’enfin pouvoir rejoindre Lisbon.

Il était impatient et nerveux à la fois. Ce qu’il s’apprêtait à faire était comme une intrusion dans la vie de Lisbon. Une fois encore, il allait prendre une décision sans lui demander son avis. Il le faisait pour elle, pour qu’elle ait enfin ce qu’elle voulait depuis son arrivée à Austin. Mais il redoutait sa réaction.

La dernière fois qu’il avait agit ainsi, il avait faillit la perdre. Elle avait eut raison de lui en vouloir, de lui reprocher de l’avoir utilisé. C’est-ce qu’il avait fait parce qu’il ne pouvait envisager de travailler sans elle. Il avait besoin d’elle, tout comme elle avait besoin de lui. Elle avait finit par s’en rendre compte seule et avait accepté l’offre. Mais accepterait-elle cette fois? Rien n’était moins sûr. Il espérait juste que James réussirait sa part du plan.



L’après-midi était vite passé et Lisbon était bien contente d’être enfin de retour chez elle. James avait, comme elle s’en était doutée, avait acheté plus que nécessaire pour décorer l’appartement. Elle ne savait vraiment pas où elle allait pouvoir mettre tout ça. En déposant l’un des sacs sur la table de la salle à manger, elle tomba sur l’annonce d’une maison à vendre.

Lisbon s’assit à la table et attrapa l’annonce. Cette maison était magnifique, ni trop grande ni trop petite. Elle lui rappelait un peu celle qu’elle avait à Washington et qu’elle avait mise en vente. Elle l’aurait bien gardé si elle avait eut les moyens. Hélas elle avait besoin de l’argent de la vente pour pouvoir acheter celle-ci. Elle avait déjà contacté le propriétaire et avait versé un acompte. Il ne lui restait plus qu’a trouver un acheteur pour sa maison afin de finir de payer.

Elle avait faillit la vendre. Malheureusement, l’acheteur l’avait appelé quelques jours plus tôt pour lui annoncer qu’il ne pouvait plus l’acheter. Elle se retrouvait donc maintenant avec une promesse d’achat et pas d’argent. Elle n’avait plus beaucoup de temps avant de payer le reste de la maison et elle ne savait pas comment faire.

Bien entendu, Teresa n’avait pas parlé de ça à son frère. Elle ne voulait pas qu’il se propose de l’aider, comme il l’avait déjà fait. Elle voulait se débrouiller seule, elle ne voulait rien devoir à personne.

-“ Que fais-tu assise là?” Demanda James en arrivant derrière elle. “ Il y a encore beaucoup de choses à faire si on veut être prêt pour ce soir.”

-“ Ne t’inquiète pas,” le rassura Lisbon. “ Tout sera prêt dans les temps.”

-“ Tu regardais quoi?”

James s’approcha et regarda par-dessus son épaule.

-“ Elle est magnifique,” commenta le jeune homme en désignant la maison. “ Tu as déjà prit contact avec le propriétaire?”

-“ Oui, il y a une semaine,” répondit-elle.

-“ Tu seras bientôt propriétaire de cette belle demeure alors,” sourit James et Teresa lui rendit son sourire, même si le cœur n’y était pas. “ Bon, debout. Nous avons du travail.”

Lisbon se leva donc et se rendit dans la cuisine pour ranger la nourriture qu’ils avaient achetée. James resta en arrière, les yeux toujours sur l’annonce. Cette maison, sa sœur la voulait et il savait pourquoi. Lorsqu’il lui avait rendu visite à Washington, il avait vu à quel point elle aimait sa nouvelle vie et surtout sa nouvelle maison. Ça changeait de l’appartement qu’elle louait à Sacramento. Là, elle s’était construit une vie, s’était vraiment installée.

Lorsqu’elle était partit pour s’installer à Austin, il en avait voulut à Jane. Il savait qu’il était responsable de tous ces changements. Mais quand sa sœur lui avait téléphoné pour lui dire qu’elle allait enfin revoir son collègue et ami, quand il avait entendu la joie dans sa voix, il n’avait put lui en vouloir plus longtemps. Il connaissait les sentiments de sa sœur pour cet homme depuis longtemps. Et même si de savoir que Teresa allait de nouveau mettre sa vie en danger chaque jour en intégrant le FBI, il savait aussi que cela la rendait heureuse.

Elle avait une vie tranquille à Washington, une vie stable. Elle était en sécurité, ne risquant pas sa vie car le crime le plus grave ici était de voler un poulet. Seulement voilà, cette vie ne lui convenait pas, il le savait. Sa vie d’avant lui manquait terriblement. Alors quand l’occasion s’était présentée pour elle de le retrouver, elle n’avait pas hésité, même si elle aimait laisser Jane croire le contraire.

-“ Tu viens Jimmy?” Appela Teresa du salon.

Jimmy se leva et rejoignit sa sœur. Comme il lui avait dit plus tôt, ils avaient du travail. Et encore plus pour lui s’il voulait que tout soit parfait pour le cadeau qu’il avait prévu pour elle. Jane devrait bientôt mettre en place son autre partie du plan et James était impatient. Il lui tardait de voir le visage de sa sœur en découvrant ce qui l’attendait.

Il commença à ranger les aliments qu’ils avaient achetés tandis que Teresa déposait les décorations dans le salon. James ne savait pas quand Jane prévoyait d’intervenir, mais il devait être prêt. Et c’est là que son entrainement avec le mentaliste allait lui servir. Il espérait juste être à la hauteur au moment voulut.

Alors qu’il fermait la porte du frigo, il entendit le téléphone sonner et vit Teresa se précipiter pour répondre. Il attendit, ne sachant pas si c’était l’appel qu’il attendait ou non. Mais il le saurait bientôt.

-“ Oui?” Répondit Teresa à son interlocuteur. “ C’est vrai?” Un sourire illumina son visage. “ Combien?” Ses yeux s’élargirent de stupeur et James sut que c’était ça. “ Merci beaucoup. Oui, joyeux Noël à vous aussi.”

Elle raccrocha, mais garda le téléphone entre les mains, contre sa poitrine. Elle avait un immense sourire sur le visage, les yeux brillants de joie. C’était bien cet appel. Il observa sa sœur réaliser ce qu’elle venait d’apprendre. Elle finit par reposer le téléphone et se tourna vers lui.

-“ La maison est vendue,” lui dit-elle. “ Ma maison de Washington est vendue. Je vais pouvoir acheter la maison.”

-“ C’est vrai?” S’enthousiasma Jimmy. “ Mais c’est formidable. Tu devrais appeler le propriétaire pour lui confirmer l’achat.”

-“ Il est un peu tard pour le faire,” rappela Teresa. “ Je l’appellerais demain et peut-être que je pourrais m’y installer d’ici le mois prochain.”

-“ Pourquoi pas demain?” Suggéra son frère. “ Après tout, tu n’as pas encore défais tes cartons, tu es prête à déménager. Et puis, on pourrait demander à ton collègue de nous aider.”

-“ Je ne peux pas déménager aussi vite et je refuse de demander à Jane de m’aider. Il a certainement mieux à faire que de porter meubles et cartons.”

-“ Comme tu veux.”

Et alors qu’elle le rejoignait dans la cuisine, quelqu’un frappa à la porte et Lisbon se tourna pour allé ouvrir. Elle trouva Jane de l’autre coté de la porte, les bras chargés de sacs et paquets cadeaux.

-“ Mince Jane, tu as dévalisé le magasin ou quoi?” S’étonna-t-elle en le débarrassant de certains sacs. “ Allez, entre.”

Ils entrèrent tous les deux et se dirigèrent vers la cuisine où Lisbon posa les sacs et Jane les cadeaux. Le blond se tourna vers Jimmy qui leva un pouce en l’air avant de baisser la main lorsque Teresa se tourna vers lui. Il s’occupa rapidement à vider un sac mais sa sœur l’avait vu et son regard passa de Jimmy à Jane. Ils lui cachaient quelque chose et elle n’aimait pas ça. Elle voulait savoir ce qu’ils avaient fait et elle obtiendrait des réponses.

Mais pour le moment, elle se concentra sur la soirée à venir. Le repas était prêt, il ne restait qu’à le réchauffer. Le sapin était en place dans le salon et maintenant, il ne manquait que les décorations. Elle se tourna vers son frère qui comprit avant de se diriger vers Jane et d l’attraper par le bras. Elle l’entraina ensuite avec elle vers le salon.

-“ Que fais-tu Lisbon?” Demanda-t-il en la suivant.

-“ Nous devons décorer le sapin,” expliqua-t-elle. “ Et tu vas nous aider.”

-“ Quoi? Non, je ne sais pas comment faire,” tenta-t-il.

Lisbon s’arrêta, se tourna vers lui et posa les mains sur les hanches. Elle savait qu’il se jouait d’elle, qu’il savait parfaitement comment faire ça. Qui ne savait pas comment décorer un sapin? Il y avait autre chose et maintenant elle voulait savoir quoi. Elle se tourna vers Jimmy, lui fit un signe de la tête pour qu’il vienne vers eux, puis se tourna de nouveau vers Jane.

-“ Maintenant ça suffit, vous allez me dire ce que vous me cachez tous les deux,” leur dit-elle de sa voix la plus autoritaire. “ Et ne me faites pas croire qu’il ne se passe rien, car je sais que vous êtes de mèche.”

Les deux hommes se regardèrent, se rendant compte qu’il ne servait à rien de leur mentir plus longtemps. Mais ils craignaient tous les deux la réaction de la femme qui comptait le plus pour eux. Voyant l’air impatient de Lisbon, Jane se lança, ne voulant pas qu’elle ne s’énerve contre son frère. Il prendrait tout les reproches.

-“ Il ne faut pas en vouloir à ton frère Teresa, c’était mon idée,” commença-t-il. “ Je voulais t’offrir un cadeau qui te plairait vraiment. Après que je sois parti de chez toi, ton frère m’a trouvé pour m’expliquer qui il était. J’ai eus alors l’idée de ton cadeau et j’ai demandé à ton frère de m’aider.”

Lisbon regarda son frère qui allait prendre la parole, mais Jane le coupa avant qu’il ne puisse s’incriminer.

-“ C’est moi qui ai eus l’idée de la rencontre au restaurant et de l’invitation pour le réveillon. Comme pour la maison.”

Au regard de Lisbon, il sut qu’il en avait trop dit.

-“ La maison?” S’étonna-t-elle avant de comprendre. “ C’est toi l’acheteur de ma maison de Washington?” Jane hocha la tête. “ Pourquoi?”

-“ Je sais que tu aimais beaucoup cette maison et que tu ne voulais pas vraiment la vendre,” expliqua-t-il. “ Et je sais aussi que tu as trouvé une autre maison qui te plait ici. Alors, je me suis dis que si j’achetais ta maison, tu pourrais toujours t’y rendre tout en achetant l’autre maison.” Il baissa la tête. “ Je voulais juste te faire plaisir, mais je crois que j’ai eus tort. Je vais donc te laisser avec ton frère et te souhaite un joyeux réveillon.”

Puis, il s’éloigna vers la porte. Lisbon ne le retint pas. Pas parce qu’elle lui en voulait de ce qu’il avait fait, mais plutôt parce qu’elle avait encore du mal à croire qu’il avait fait ça pour elle, sans rien demander en retour. Ce ne fut que lorsqu’elle entendit le bruit de la porte de l’appartement se refermer qu’elle réalisa qu’il était partit.

Lisbon se tourna vers son frère qui ne dit rien mais lui fit comprendre d’un signe de tête qu’elle devait le retenir. Elle n’attendit pas plus longtemps et se précipita vers la porte. Elle chercha Jane des yeux et le trouva un peu plus loin sur le trottoir, marchant les mains dans les poches pour se protéger du froid. Elle courut derrière lui et le rattrapa rapidement.

-“ Jane attends,” l’appela-t-elle en lui attrapant le bras. Il se tourna vers elle, les yeux brillants et Lisbon se sentit coupable. “ Je suis désolée,” souffla-t-elle en passant une main sur sa joue. “ Je ne voulais pas te faire de peine.”

-“ C’est moi qui suis désolé,” répondit-il. “ Je n’aurais pas dus agir ainsi sans t’en parler avant. Je voulais juste que tu ais ce que tu voulais le plus. Tu aimais ta maison de Washington et à cause de moi tu as dus partir. Et tu voulais acheter cette maison à Austin. Je savais que tu n’accepterais jamais mon aide. Alors je me suis dis que si j’achetais ta maison, tu pourrais avoir les deux.”

-“ Je n’ai pas besoin de deux maison.”

-“ Bien sur que si,” sourit-il. “ Une pour y vivre et l’autre pour y passer tes vacances.”

Lisbon sourit en retour et elle sursauta lorsqu’elle sentit la main froide de Jane sur sa joue. Elle frissonna au contact, resserrant ses bras autour d’elle pour réaliser qu’elle était sortit si vite qu’elle n’avait pas prit de veste. Jane la surprit une fois de plus en retirant sa propre veste qu’il posa sur ses épaules, la resserrant au niveau de son menton pour ne pas qu’elle prenne froid.

-“ Viens avec moi à la maison,” lui dit-elle alors, tentant de masquer le rouge de ses joues. “ Tu vas tomber malade si tu reste dehors.”

-“ Teresa je…” Tenta de protester Jane.

-“ Pas de mais. Tu viens à la maison, tu vas boire un bon thé bien chaud. Puis tu vas tout m’expliquer en détails,” dit-elle en l’entrainant avec elle vers son appartement. “ Je sais que mon frère est aussi coupable que toi dans cette histoire mais que tu ne veux pas l’incriminer. Et bien que je trouve ça gentil de ta part, je trouve que c’est également inutile.” Jane baissa les yeux vers elle et Lisbon sourit un peu plus. “ Si tu voulais me faire un cadeau, tu n’avais pas à mettre tout ça en place. Je ne t’en aurais pas voulus.”

-“ Même si une fois de plus je prends une décision à ta place?” Demanda Jane.

-“ Même pour ça, mais on en parlera quand on sera au chaud,” finit-elle.

Les deux amis marchèrent plus rapidement et arrivèrent enfin à l’appartement. James leur ouvrit la porte, comme s’il avait surveillé leur arrivée par la fenêtre. Teresa le remercia et lui envoya un regard qui voulait dire qu’ils avaient des choses à se dire. Mais elle ne semblait pas en colère, ce qui rassura le jeune homme. Et à voir la façon dont sa sœur regardait son collègue, il se dit que finalement, toutes ces petites cachoteries n’étaient peut-être pas nécessaires.
Il sourit un peu plus, heureux de voir sa sœur enfin obtenir ce qu’elle voulait depuis si longtemps, et il ne pensait pas à la maison. Il était quand même impatient de voir sa réaction lorsqu’elle aurait eut la totalité de son cadeau, et ce moment arriverait bientôt.

Les deux amis marchèrent plus rapidement et arrivèrent enfin à l’appartement. James leur ouvrit la porte, comme s’il avait surveillé leur arrivée par la fenêtre. Teresa le remercia et lui envoya un regard qui voulait dire qu’ils avaient des choses à se dire. Mais elle ne semblait pas en colère, ce qui rassura le jeune homme. Et à voir la façon dont sa sœur regardait son collègue, il se dit que finalement, toutes ces petites cachotteries n’étaient peut-être pas nécessaires.
Il sourit un peu plus, heureux de voir sa sœur enfin obtenir ce qu’elle voulait depuis si longtemps, et il ne pensait pas à la maison. Il était quand même impatient de voir sa réaction lorsqu’elle aurait eut la totalité de son cadeau, et ce moment arriverait bientôt.

Teresa entraîna Jane jusqu’au salon où elle le fit asseoir. Il s’exécuta sans un mot, trop heureux d’être de nouveau ici, dans l’appartement de son amie. Il avait cru, l’espace d’un instant, qu’il se retrouverait seul pour Noël. Il était heureux d’avoir eu tort. Se retrouver ici, avec Teresa et son frère, il avait vraiment l’impression d’être en famille et il ne fut pas surpris d’apprécier.

Avoir la chance de voir Teresa sourire ainsi, de la voir si heureuse, le rendait heureux. C’est tout ce qu’il avait toujours voulut pour elle : qu’elle soit heureuse. Elle semblait l’être ce soir, plus qu’il ne l’avait jamais vue au cours de toutes ces années à travailler avec elle. Il se demandait encore parfois pourquoi il n’avait pas agit autrement avec elle, pourquoi il l’avait toujours fait souffrir alors qu’il ne le voulait pas.
Mais à cette époque la seule chose qu’il voyait était sa vengeance et comment retrouver John le Rouge. Il voulait venger la mort de sa famille, qu’importe ce qu’il devait faire. Mais le prix à payer avait été bien trop grand et il le regrettait à présent. Pas la mort du tueur, mais l’enfer qu’il avait fait vivre à cette femme qui avait toujours été là pour lui.

Alors aujourd’hui, chez elle, à partager le réveillon de Noël avec elle et son frère, il avait bien l’intention de lui faire comprendre à quel point il regrettait le passé et tout ce qu’il lui avait fait endurer. Il voulait se racheter, bien que cela ne soit pas nécessaire puisqu’elle lui avait déjà tout pardonné. Cela ne l’empêchait pas de vouloir lui offrir ce qu’elle voulait, la rendre la plus heureuse possible. Elle le méritait tellement et bien plus encore.

Jane tourna la tête pour croiser le regard de James. Il hocha la tête et le jeune homme se rendit dans la cuisine. Il attrapa quelque chose dans la poche de sa veste, croisa une nouvelle fois le regard de Jane, puis se dirigea vers sa sœur. Il s’en voulait un peu de la laisser seule, bien qu’elle ne le soit pas vraiment. Elle se retrouverait avec Jane, et James savait qu’elle ne craignait rien. Ce qu’il redoutait le plus, c’est que Jane parle. Teresa lui avait souvent dit par le passé qu’il était impossible de le manipuler, de lui faire avouer quelque chose lorsqu’il ne le voulait pas. Pourtant ce soir il avait parlé pour le protéger.

James réalisa que l’homme n’était vraiment plus le même qu’avant. Il avait changé, il n’y avait aucun doute. James craignait qu’à cause de ça Teresa parvienne à lui faire avouer ce qu’ils avaient prévu de plus ce soir. Il ne fallait pas qu’elle l’apprenne, du moins pas maintenant. Il était bien trop tôt et il avait encore tout un tas de choses à préparer. Et s’il ne faisait pas très vite, il allait être en retard.

-“ Teresa” appela-t-il sa sœur. “ Je dois m’absenter pendant une heure ou deux, mais je ne serai pas long.”

-“ Où vas-tu ?” Questionna-t-elle, curieuse. “ Ne me dis pas que tu veux encore acheter quelque chose. Il n’y a plus de place pour une seule décoration ici.”

-“ Ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention d’acheter quoi que ce soit” la rassura-t-il. “ J’ai juste quelqu’un à voir et j’avais complètement oublié.”

-“ Tu ne m’avais pas dis que tu connaissais du monde ici” s’étonna-t-elle. “ Mais très bien, vas-y. Ne rentre pas trop tard. Nous avons encore le repas qui nous attend et je suis certaine que tu ne voudrais pas le manquer.”

-“ Ne crains rien, je ne serai pas en retard pour ça,” sourit-il en marchant vers la porte. “ Ne faites pas de bêtises les enfants” ajouta-t-il en s’éclipsant rapidement alors que Lisbon lui jetait une éponge en riant.

Jane se leva du canapé pour aller la ramasser et la ramena à Lisbon qui la prit, son sourire rayonnant. Leurs mains s’effleurèrent l’espace de quelques secondes et Lisbon sentit ses joues brûler. Elle tenta de le masquer, mais Jane l’avait déjà remarqué. Il avait changé sur bien des points, mais sa capacité à la faire rougir était toujours là.
Cependant, au lieu d’en profiter comme il l’aurait fait avant, il se contenta de lui sourire et retira sa main, à contre cœur. Il suivit Lisbon qui retourna dans la cuisine finir de leur préparer des boissons chaudes.

L’agent tenta de se concentrer sur ce qu’elle faisait, mais elle ne cessait de repenser à cet effleurement de mains. Pourquoi ? Elle n’avait pas besoin de se poser cette question car la réponse était simple. Ses sentiments pour cet homme s’étaient renforcés durant ces deux ans loin l’un de l’autre, il était inutile pour elle de le nier plus longtemps. Par contre, elle ne savait toujours pas ce que lui ressentait pour elle. Si seulement elle n’avait pas peur de briser leur amitié en lui parlant.

Ils étaient amis depuis si longtemps, avaient partagé tant de choses, avaient traversé tant de choses. Elle ne voulait pas perdre tout ça à cause de ses sentiments. Elle préférait bien plus l’avoir comme ami, toujours à ses côtés plutôt que de tenter quelque chose qui pourrait ne pas marcher et le perdre. Il comptait bien trop pour elle.

Teresa prépara rapidement leurs boissons puis le rejoignit dans le salon où il était retourné. Du moins c’est-ce qu’elle pensait mais elle ne l’y trouva pas et elle sentit son cœur accélérer de peur. Était-il parti ? Elle chercha sa veste qu’elle ne trouva pas. Alors elle posa les boissons sur la table et le chercha dans l’appartement. Il ne pouvait pas être parti bien loin, elle aurait entendu la porte d’entrée.

Elle pensa d’abord à le chercher dans sa chambre. Le connaissant, il s’y était certainement rendu pour fouiller, comme il avait l’habitude de le faire. Il n’y était pas, ce qui la rassura et l’inquiéta en même temps. Mais où pouvait-il bien être ? Elle se laissa tomber sur son lit, le cœur lourd. Jusqu’à ce qu’elle entende du bruit dans la cuisine. Elle s’y précipita pour y voir Jane, se lavant les mains dans l’évier.

-“ Jane !” s’écria-t-elle en arrivant vers lui, le prenant dans ses bras. Elle savait qu'elle n'aurait pas réagit de cette façon en temps normal, mais aujourd'hui, plus rien n'était normal.

Jane lui rendit son étreinte, l’encerclant de ses bras et la serrant fort. Il ne savait pas ce qui l’avait mise dans un tel état, mais elle semblait avoir besoin de cette étreinte. Il lui embrassa le dessus de la tête et la sentit le serrer encore plus fort. Pour la rassurer, il passa sa main dans son dos, dans un geste apaisant et cela sembla fonctionner.
Au bout de quelques minutes ainsi, même s’il aurait voulut rester ainsi plus longtemps, Jane se décala assez de Lisbon pour voir son visage. Elle avait les yeux brillants, mais un sourire radieux sur le visage. Jane lui passa une main sur la joue, heureux d’en avoir le droit.

-“ Où étais tu ?” Lui demanda-t-elle d’une petite voix, comme si sa question était déplacée.

-“ Je suis sorti un instant sur la terrasse” répondit-il. “ J’avais besoin de prendre un peu l’air”. Devant l’air surpris et un peu blessé de Teresa, il ajouta rapidement. “ Je ne suis plus habitué à tout ça.”

Inutile d’en rajouter, elle avait compris. Elle n’avait jamais voulu le mettre mal à l’aise, faire revenir des souvenirs douloureux. La seule chose qu’elle voulait était de le voir heureux. Et si cela venait d’elle, alors c’était encore mieux. Si seulement elle pouvait trouver le courage de lui parler, de lui faire comprendre. Mais elle ne l’avait pas.

Jane finit par s’écarter de Lisbon et se rendit dans le salon, la laissant seule dans la cuisine. Il se mit à faire les cents pas, à se passer une main dans les cheveux, comme s’il voulait dire quelque chose mais qu’il n’osait pas le faire. Lisbon s’approcha doucement de lui et posa une main sur son épaule, ce qui l’arrêta. Il se retourna vers elle.

-“ Quelque chose ne va pas ?” S’inquiéta-t-elle.

-“ Non, tout va bien” répondit-il. “ C’est juste que…”

-“ Que quoi ?”

-“ Et bien. Au sujet de ta maison.”

-“ Tu ne veux plus l’acheter ?” Demanda-t-elle. “ Tu n’es pas obligé tu sais. Je trouverai un autre acheteur.”

-“ Non, je veux toujours l’acheter” la rassura-t-il. “ Tu aimes ces deux maisons, et même si je ne les ai pas vues, je crois que je les aimerai aussi. Ce que je voulais dire, c’est que j’aimerais bien voir ta nouvelle maison, celle que tu veux acheter.”

-“ Vraiment ?” Sourit-elle. “ Et bien je pourrai t’y emmener demain.”

-“ Pourquoi pas ce soir ?” Proposa-t-il. “ Je suppose que tu as déjà les clés puisque tu as déjà signé les papiers.”

-“ Et bien oui j’ai les clés mais James ne devrait pas tarder à revenir et je ne voudrais pas qu’il se retrouve seul” mais devant le regard suppliant de Jane, elle accéda à sa demande. “ Très bien. Je lui laisse un mot pour l’avertir de nous attendre et nous pourrons y aller.”

-“ Chouette !” s’enthousiasma Jane en tapant dans ses mains comme un enfant. “ Je me prépare. Je suis impatient.”

Lisbon sourit un peu plus tout en notant à son frère qu’elle devait sortir mais qu’elle ne serait pas longue. Puis, elle prit sa veste et, suivie de Jane, quitta son appartement. Il semblait lui cacher quelque chose, il était bien plus transparent qu’avant. Mais elle jugea préférable de ne pas lui poser de question. Il finirait par lui parler tôt ou tard. Elle devait juste être patiente. S’il y avait bien quelque chose qu’elle avait apprit au cours des années, c’était qu’il valait mieux être patient avec Jane.

Ils montèrent en voiture et quittèrent le parking. De temps en temps, Lisbon laissait son regard se poser sur son ami. Il avait un grand sourire sur le visage, une mèche de cheveux lui retombant sur le front. Il semblait heureux et cela lui réchauffa le cœur. Elle reporta les yeux sur la route et roula jusqu’à sa nouvelle maison. Sa nouvelle maison, elle aimait cette phrase. Elle allait enfin avoir cette maison dont elle rêvait depuis qu’elle l’avait vue quelques mois plus tôt. Et grâce à elle, cette maison lui appartenait.

Lisbon n’avait jamais aimé qu’on lui fasse la charité. Ses frères lui avaient proposé de l’aider à l’acheter, de lui prêter un peu d’argent. Ils avaient prétexté qu’elle avait passé bien des années à prendre soin d’eux sans rien demander en retour et que c’était à eux de l’aider à présent. Elle trouvait que leur geste était touchant, mais elle ne pouvait pas le permettre. Ils avaient des choses bien plus importantes à payer, des familles qui comptaient sur eux. Alors elle avait toujours dit non.

Et aujourd’hui, Jane lui faisait ce cadeau sans qu’elle ne lui demande rien et sans rien vouloir en retour. Du moins c’est-ce qu’il avait dit, mais elle avait comme l’impression qu’il attendait quelque chose. Le problème, c’est qu’elle ne parvenait pas à savoir quoi. Avant, elle avait appris à reconnaître ces petites choses dans son regard, son attitude. Maintenant, elle était comme lui. Elle avait perdu tout ça par deux longues années de séparation. Alors elle attendait, il finirait par lui dire ce qu’il voulait et elle verrait à ce moment là ce qu’elle lui répondrait.

Rapidement, ils arrivèrent dans un quartier très calme et Lisbon continua jusqu’au bout de la rue. Là, cachée par les arbres se trouvait une maison. Ni trop grande ni trop petite. Elle se composait d’un petit jardin sur le devant, entouré d’une clôture blanche qui fit sourire Jane. Il imaginait déjà un chien courant dans le jardin. La maison avait un étage, et un grenier semblait-il. La voiture s’arrêta dans une petite allée, devant un garage.

Lisbon sortit de la voiture, immédiatement imitée par Jane qui la suivit jusqu’au portillon. Elle se tourna pour le voir lui sourire. Il semblait satisfait de ce qu’il voyait pour le moment et elle en fut heureuse. Même si ce qu’il pensait de la maison ne changerait rien à ses plans, elle aimait quand même savoir qu’il appréciait ses goûts en matière d’habitation. En se retournant vers sa maison, elle remarqua quelque chose qu’elle n’avait pas vu en arrivant.

-“ Qui a mis des décorations aux fenêtres ?” S’étonna-t-elle.

-“ Peut-être l’ancien propriétair,” suggéra Jane en haussant les épaules. “ Si nous allions à l’intérieur, il fait un peu frais dehors.”

-“ Oh oui, désolée” s’excusa Lisbon en poussant le portillon.

Ils avancèrent sur le petit chemin pavé qui conduisait à la porte d’entrée que Lisbon ouvrit de ses mains légèrement tremblantes. Elle était déjà venue, mais ça lui faisait quand même un drôle d’effet d’y entrer en tant que propriétaire cette fois. Une douce chaleur la submergea lorsqu’elle fit un pas à l’intérieur et elle ferma les yeux. Elle sentit Jane avancer et s’arrêter juste derrière elle. Elle frissonna.

Jane posa ses mains sur ses épaules et la pressa contre son torse. Bien que surprise, Lisbon savoura cette soudaine intimité qu’il instaurait entre eux. Elle aurait tant voulu qu’il se libère du passé et qu’il se donne le droit d’aimer, de l’aimer. Et s’il avait besoin de temps, elle lui en donnerait. Elle avait déjà attendu douze ans, elle pouvait attendre encore. Elle savait que son cœur lui appartenait et que personne d’autre ne pourrait jamais le prendre.

-“ Bien que l’entrée soit jolie, j’aimerais bien voir le reste de la maison” souffla-t-il à son oreille. “ Pourquoi pas le salon?”

-“ Euh… Oui, le salon” approuva-t-elle en avançant vers la droite.

Lisbon appuya sur l’interrupteur, alluma la pièce et resta sans voix face à ce qu’elle trouva. Devant la grande cheminée se trouvaient ses trois frères et Annie. Elle les regarda tour à tour, cherchant à savoir s’ils étaient bien là ou si elle était en train de rêver. Elle se tourna vers Jane dont le sourire lumineux la fit pleurer.

-“ Oh non Teresa !” s’exclama-t-il en s’approchant pour la prendre dans ses bras. “ Je ne voulais pas te faire pleurer, je suis désolé.”

-“ Tu as réunis ma famille pour Noël” souffla-t-elle contre son torse, serrant sa veste entre ses doigts. “ Tu as fais ça pour moi.”

-“ Tu le voulais tellement” répondit-il en resserrant ses bras autour de sa taille. “ Je voulais te voir heureuse pour Noël, je voulais que tu sois avec ceux que tu aimes.”

-“ Tu le savais ?” Demanda Lisbon en tournant la tête vers James. “ C’est pour ça que tu étais si distrait aujourd’hui ? C’est ça que tu manigançais avec Jane ?”

-“ Et bien oui” avoua James en se dandinant d’un pied sur l’autre. “ Je savais que tu le voulais depuis longtemps, mais qu’on avait jamais le temps de se réunir. Et Patrick et moi avons décidé de te faire ce cadeau.”

-“ En plus, on était tous libres” continua Tommy en s’approchant de sa sœur qui se détacha des bras de Jane pour prendre son frère contre elle. “ Ça fait si longtemps qu’on a pas eu l’occasion d’être tous ensemble.”

-“ Et j’étais jamais venu à Austin” sourit Annie. “ C’est mieux que la Californie, il y a de la neige pour Noël.”

Tout le monde éclata de rire à ce commentaire. Toute la petite famille se rassembla au milieu du salon et ils se prirent tous dans les bras. Jane resta à l’écart, les regardant avec un sourire à la fois heureux et triste. Il aurait voulut faire partit d’une famille lui aussi et plus encore de cette famille.

Lisbon se sépara du petit groupe pour s’approcher de Jane. Elle lui prit une main et posa l’autre sur sa joue. Elle plongea dans son regard océan et reconnut ces sentiments qui le bouleversaient. Elle n’aimait pas le voir triste, alors elle fit ce que son cœur lui dictait. Elle se mit sur la pointe des pieds et posa tendrement ses lèvres sur les siennes. Elle sentit Jane poser ses mains dans son dos, puis les remonter jusqu’à ses joues qu’il captura doucement. Il bougea les lèvres, les entrouvrant doucement pour lui caresser les lèvres de sa langue.

Lorsque Lisbon lui donna ce qu’il voulait, il retint difficilement un gémissement et Lisbon mit immédiatement fin au baiser. Elle rougit et s’écarta de Jane qui avait toujours les mains sur ses joues. Elle n’osa pas le regarder, n’osa pas croiser son regard. Mais alors qu’elle tentait de nouveau de s’écarter, il la força à lever la tête. Il avait les yeux brillants, un sourire encore plus lumineux étirait ses lèvres. Il se pencha vers elle pour effleurer ses lèvres une dernière fois avant de la laisser s’éloigner.

-“ Je crois qu’on dérange un peu” dit alors Daniel, le troisième des frères.

-“ On devrait peut-être leur laisser un moment pour parler” ajouta Tommy.

-“ On va dans la cuisine préparer un truc à manger” renchérit James.

Les trois frères s’éloignèrent, puis Tommy revint pour entraîner sa fille avec eux qui lança un regard encourageant à sa tante avant de tourner les talons. Une fois qu’ils furent seuls dans le salon, Lisbon se laissa tomber sur le canapé. Ce ne fut qu’à cet instant qu’elle réalisa que la maison était meublée. Elle leva les yeux vers Jane qui sourit un peu plus.

-“ Tu es derrière ça aussi je suppose” lui dit-elle et Jane perdit son sourire. Comprenant qu’elle semblait lui reprocher son action, elle se leva et se dirigea vers lui. “ Je ne te le reproche pas Jane, au contraire. Je trouve ça vraiment gentil de ta part.” Elle laissa son regard faire le tour de la pièce. “ En plus tu sais exactement ce que j’aime.”

-“ Je l’ai toujours su” acquiesça Jane.

Le silence retomba l’espace d’un instant. Lisbon n’osait pas aborder le sujet qui lui brûlait les lèvres. Elle ne savait pas si elle devait en parler maintenant, si c’était trop tôt même après ce baiser échangé. Jane la surpris en l’attrapant par les mains et en l’entraînant avec lui vers le canapé où ils s’installèrent tous les deux.
Il ne lâcha pas ses mains, pas plus que son regard. C’était maintenant ou jamais. Il avait la chance de lui dire ce qu’il ressentait, de la rendre heureuse et de l’être aussi. Il prit une profonde inspiration et se lança.

-“ Je t’aime Teresa” dit-il simplement au lieu du grand discours qu’il avait préparé depuis des années. “ Je sais que j’aurais du te le dire avant, mais…”

-“ Tu n’étais pas prêt, tu avais peur,” dit-elle à sa place. “ Tu avais besoin de temps pour comprendre ce que tu ressentais et il t’a fallu des années pour le savoir.”

-“ Je suis désolé” s’excusa Jane.

-“ Je ne l’étais pas non plus” le rassura-t-elle. “ Tu l’es maintenant et je le suis aussi. Mais si tu veux encore attendre…”

-“ Je ne veux plus attendre” répondit-il. “ Nous avons perdu assez de temps, je pense que sept ans c’est long.”

-“ Sept ans ?” S’étonna Lisbon.

-“ Quand Hardy a tenté de te tuer” avoua-t-il. “ Je ne pouvais pas le laisser faire, même si ça voulait dire perdre ma chance de découvrir l’identité de John le Rouge. Tu avais plus d’importance à ce moment là, mais encore plus maintenant.”

Lisbon ne su pas quoi dire à cette révélation. Il l’aimait depuis sept ans. Il avait tué un homme pour elle, pour la protéger. Sa vie avait de l’importance pour lui depuis sept ans et cela lui réchauffa le cœur.
Elle serra sa main un peu plus fort et remonta la seconde sur sa joue. Elle rapprocha son visage du sien, s’arrêtant à quelques millimètres de ses lèvres.

-“ Je t’aime aussi.”

Puis elle l’embrassa. Ils entendirent des applaudissements provenant de la cuisine et Jane sourit contre les lèvres de Lisbon. Ils ne se séparèrent pas pour autant, profitant simplement de cette seconde chance que la vie leur avait offerte.
Le reste du clan Lisbon revint dans le salon et Annie se laissa tomber sur le canapé à côté de sa tante, la forçant à se séparer de Jane. Teresa se tourna vers la jeune fille qu’elle entoura d’un bras.

-“ Il était temps tante Reese” s’exclama l’adolescente. “ J’ai bien cru que je serais mariée avant que tu ne te décides à parler.”

-“ Dis donc jeune fille...” protesta Teresa. “ Surveille un peu ce que tu dis.”

-“ Elle a raison Teresa” intervint Tommy. “ Je me souviens qu’il y a environ cinq ans, la première fois que je vous ai vu tous les deux, j’ai bien vu qu’il y avait quelque chose entre vous. Je me suis même demandé pourquoi vous n’aviez jamais rien tenté.”

-“ C’était compliqué” murmura-t-elle.

-“ Ne t’inquiètes pas, je m’en étais douté” la rassura-t-il. “ Mais ce qui compte c’est le présent. Vous êtes ensemble maintenant.”

Lisbon tourna la tête vers Jane qui lui sourit en lui serrant tendrement la main. Elle lui rendit son sourire avant de se tourner son frère.

“ Oui, on est ensemble” répondit-elle. “ Et je propose de fêter ça.”

Tous le monde approuva et se leva du canapé et des fauteuils. Jane retint Lisbon par le bras, laissant le reste de la famille se rendre dans la cuisine et la salle à manger. Teresa observa sa famille s’occuper de mettre le couvert. Elle crut se revoir plus de vingt ans plus tôt, lorsque sa famille était encore heureuse et unie. Maintenant, il ne lui restait plus que ses frères, sa nièce et Jane. C’était tout ce dont il avait besoin.

Jane l’attira dans ses bras, trop heureux d’avoir enfin le droit de faire ça. Il la plaqua contre son torse et savoura, l’espace de quelques minutes, leur toute nouvelle complicité et intimité. Il repensa aux mots de l’agent Abbott: “ Offrez-lui ce qu’elle attend depuis si longtemps. Faites lui comprendre que toutes ces années d’attentes valaient le coup. Rendez-la heureuse. Elle mérite d’être enfin heureuse après tout ce qu’elle a vécu pour vous.” Bien qu’il n’aime pas l’homme, il devait reconnaître qu’il avait raison.

Il posa un baiser sur la joue de la femme dans ses bras et sourit contre sa peau lorsqu’elle gémit doucement. Elle posa ses mains sur les siennes qui se trouvaient sur son ventre et entrelaça leurs doigts. Jane ressentit une douce chaleur envahir son corps et il enfouit son nez dans la chevelure de Lisbon, inspirant son parfum. Puis il s’approcha de son oreille.

-“ Aimes-tu ton cadeau ?” Demanda-t-il dans un murmure qui la fit frissonner.

-“ Je l’adore” répondit-elle. “ Et c’est à toi que je le dois.” Elle se tourna dans ses bras pour lui faire face. “ Ma famille entière se trouve ici, dans *ma* maison. J’ai tout ce dont j’ai toujours rêvé.”

-“ Peut-être qu’il manque quelque chose ?” Dit-il en s’approchant d’elle.

-“ Oh oui, je sais ce qu’il manque” s’exclama Lisbon en s’écartant en courant vers l’autre bout de la pièce. Elle se pencha derrière le sapin. Il s’illumina soudain, éclairant toute la pièce. Elle retourna ensuite vers Jane et ils se réinstallèrent sur le canapé, dans les bras l’un de l’autre. “ Voilà ce qu’il manquait.”

Ils en oublièrent complètement les autres qui les regardaient de la cuisine. Chacun avait un sourire sur le visage, un sourire heureux. De voir Teresa enfin heureuse était tout ce qu’ils avaient toujours voulut pour elle et maintenant elle l’était. Le reste pouvait attendre.

Tandis que Daniel et Tommy retournaient dans la cuisine, James continua de les observer. Il avait réussit, il avait offert à sa sœur le Noël de ses rêves. Le plan qu’il avait mis en place avec Jane avait fonctionné au-delà de ses espérances. Il savait depuis le début que Patrick avait des sentiments pour sa sœur, mais qu’il n’oserait jamais les dévoiler. Il savait aussi que Teresa soupçonnerait quelque chose et qu’elle le ferait parler. Il avait espéré qu’ils finissent par se parler, et ils l’avaient fait.

S’il avait sut lorsqu’il avait décidé de venir voir sa sœur qu’il trouverait le moyen de lui donner ce qu’elle voulait, il l’aurait fait bien avant. Il n’y avait simplement pas pensé. Il c’était passé tant de choses ces dernières années, surtout dans la vie de sa sœur. Elle avait perdu son travail, sa vie et l’homme qu’elle aimait. Et par chance, elle avait retrouvé tout ça. Il savait qu’elle ferait tout pour ne pas tout perdre de nouveau et il n’avait aucun doute que Patrick ne la décevrait jamais.
Il sourit une dernière fois avant de finalement rejoindre les autres.

Jane serra Teresa dans ses bras, lui embrassa le cou et souffla de contentement. Il n’avait jamais imaginé qu’un jour il aurait de nouveau la chance d’avoir une famille, encore moins que ce serait la famille de Teresa. Mais maintenant qu’il en faisait partie, il ne voulait plus jamais que ça change. Il voulait garder Teresa près de lui pour toujours, la rendre heureuse jusqu’à leur mort.

-“ Ça te dirait d’avoir un chien ?” Lui demanda-t-il alors, se demandant même pourquoi il pensait à ça.

-“ Un chien ?” S’étonna Teresa en tournant la tête vers lui. “ Tu crois vraiment qu’on aurait le temps de s’en occuper ?”

-“ On le trouverait” répondit-il en haussant les épaules. “ Et puis, tu as un grand jardin, et je viendrais t’aider à le sortir.”

-“ Tu n’auras pas à faire ça” dit-elle avec un sourire. “ Puisque tu seras déjà là” précisa-t-elle devant son air curieux. “ C’est notre maison à tous les deux. Et quand nous aurons des congés, nous l’emmènerons avec nous dans notre maison de campagne.”

-“ Cette idée me plaît beaucoup” sourit-il.

Il l’embrassa une dernière fois avant de se lever et de rejoindre le reste de la famille dans la cuisine. Teresa le suivit un grand sourire aux lèvres. Un chien était une bonne idée, ça rendait sa nouvelle vie parfaite. Ses frères, sa nièce, Patrick et un chien. Elle avait enfin son Noël parfait, son premier et meilleur Noël avec celui qu’elle aimait depuis si longtemps. Elle avait eut raison d’être patiente. Maintenant, elle n’avait plus qu’a profité de ce que la vie lui offrait.

Le soleil filtrait à travers les rideaux de la chambre, se rependant dans la pièce. La lumière dansait sur le visage de la femme qui dormait encore, une main sous l’oreiller, l’autre le long de son corps. Sa longue chevelure ébène était étalée autours de son visage, certaines boucles étant tombées sur sa joue.
L’homme avança doucement, cherchant à faire le moins de bruit possible. Il ne voulait pas la réveiller, elle dormait si bien. Elle avait tellement travaillé dernièrement, de très longue heures, de trop longues heures. Il lui avait pourtant dit de se reposer plus, mais elle était comme ça. Il l’aimait comme elle était, il ne la changerait pour rien au monde.

Il s’assit au bord du lit, prenant garde de ne pas la déranger. Il leva une main qu’il passa au dessus de son visage et ne résista pas plus longtemps à la tentation de la toucher. Il glissa ses doigts sur sa joue, souriant lorsqu’elle tenta de le repousser. Il recommença et cette fois elle grogna. Il sourit encore plus avant de se pencher et de lui embrasser le bout du nez. Il la sentit se retourner et se retrouva sur elle, ses bras autour de son cou.

-“ Bonjour toi” souffla-t-il contre ses lèvres.

-“ Salut” répondit-elle. “ Il est quelle heure ?”

-“ Bientôt onze heures.”

-“ Quoi ?” S’affola-t-elle en se redressant d’un coup, le faisant tomber du lit. “ Oh mince Patrick, ça va ?” S’inquiéta-t-elle en se penchant au bord du lit.

-“ Je crois que je suis un peu vieux pour ce genre de réveil” grimaça Jane en se relevant. “ Et il est inutile de t’affoler comme ça, nous sommes en week-end et tu avais besoin de repos.”

Il se réinstalla sur le bord du lit et Teresa lui entoura la taille par derrière, posant son menton sur son épaule. Elle l’embrassa doucement avant de remarquer le plateau sur le bureau.

-“ Tu m’as apporté le petit déjeuner ?” S’étonna Teresa. “ C’est gentil ça. Et c’est pour quelle occasion ?”

-“ Aucune, je voulais juste te faire plaisir.”

-“ Vraiment ? Qu’as-tu encore fait ?” Lui demanda-t-elle en l’obligeant à se retourner vers elle.

Pour toute réponse, Jane se leva du lit, alla prendre le plateau qu’il déposa sur la table de nuit. Il tendit à Lisbon son café qu’elle pris avec un sourire et lui sa tasse de thé. Ils burent leur boisson dans le silence, puis mangèrent les quelques pancakes que Jane avait préparé. Comme toujours, il avait ajouté quelques ingrédients secrets qu’il n’avait jamais voulu lui révéler.

Jane la regarda manger, admirant son visage encore un peu endormi, ses cheveux en batailles, son T-shirt révélant une épaule dénudée. Il aimait la voir ainsi le matin, totalement différente de celle qu’elle était le reste du temps. A ce moment là de la journée, elle était juste Teresa et non pas l’agent Lisbon. Il aimait les deux, mais il préférait Teresa.

Teresa sentit ses joues rougir face à son regard. Même après tout ce temps, il avait encore cet effet sur elle. Elle ne cherchait même plus à le cacher, elle savait qu’il aimait ça et elle aimait lui faire plaisir. Elle porta la tasse de café à ses lèvres, la vida entièrement et la reposa sur la table de nuit. Elle scruta le visage de Jane, y cherchant un indice qui lui révélerait si elle devait se méfier de lui aujourd’hui.

Il avait été calme toute la semaine, n’avait pas fait une seule remarque désobligeante, pas un seul faux pas. Abbott n’avait pas eu à lui reprocher quoi que ce soit, ce qui était bien nouveau. Elle se souvenait encore de leur retour après leurs congés de Noël. Il avait été sympathique envers eux, du moins les trois premiers jours. Puis Jane avait recommencé ses mauvais plans et l’humeur avait changé.

Lisbon avait tenté de calmer les choses entre eux, de faire entendre raison à Jane. Mais lorsqu’il avait une idée en tête, rien ne pouvait le faire abandonner. Pas même pour elle. Depuis qu’ils étaient en couple, tout se passait bien entre eux. Mais par moment il était insupportable. Bien des fois elle avait du lui crier dessus, lui rappeler ce qu’il risquait s’il continuait ainsi. Rien n’y avait fait et elle avait fini par abandonner.

Toutefois, ils se réconciliaient toujours. Jane ne se cherchait jamais d’excuse, il savait que c’était inutile. Il savait aussi que ça énervait Lisbon qu’il agisse ainsi, mais il ne pouvait s’en empêcher. Il avait toujours travaillé ainsi, c’est ainsi qu’il résolvait les différentes affaires sur lesquelles ils travaillaient. Tous le monde l’avait compris, même s’ils n’aimaient pas forcement sa façon de faire.

Leur dernière affaire avait été longue et pénible. Jane aurait bien voulu faire quelque chose pour aller plus vite, mais il n’avait pas osé. Il avait quelque chose de prévu, il ne pouvait pas prendre de risque. Abbott avait fini par lui accorder quelques jours de repos à la fin de l’affaire, mais à l’unique condition qu’il se tienne tranquille. Ce qu’il avait fait. Il savait que Lisbon trouvait ça louche, mais il n’avait rien révélé. Et maintenant, il était temps.

Jane se leva du lit, attrapa le plateau et se dirigea vers la porte. Lisbon le suivit et il s’arrêta un instant pour admirer sa tenue. Elle ne portait que son T-shirt et ça lui convenait parfaitement. Malgré les années, elle n’en restait pas moins magnifique. Si on lui avait dit un jour qu’il partagerait la vie de Teresa Lisbon, il aurait eu du mal à y croire. C’était pourtant le cas et il ne le regrettait pas.

-“ Dis-moi ce que tu as fait” demanda de nouveau Lisbon, sachant parfaitement qu’il lui cachait quelque chose.

-“ Viens avec moi dans le salon et tu le sauras” se contenta-t-il de répondre.

Encore plus intriguée, Lisbon passa devant lui et descendit les escaliers menant au salon. Elle s’arrêta à l’entrée, cherchant des yeux ce qu’il avait bien pu faire. Et elle le vit, là, dans le coin, juste à côté de la fenêtre. Un sapin ! Jane avait installé un sapin de Noël en plein mois de Juin. Elle leva les yeux au ciel, mais sourit tout de même. Il avait vraiment de drôles d’idées parfois, mais c’est-ce qu’elle aimait chez lui.

Elle avança doucement et remarqua un gros paquet sous le sapin. Intriguée, elle s’agenouilla et tenta de le soulever, mais fut surprise par son poids. Elle entendit ensuite des petits gémissements provenant de l’intérieur.

-“ Tu devrais peut-être l’ouvrir” suggéra Jane en s’agenouillant à côté d’elle.

-“ Qu’as-tu encore fait ?” Lui demanda-t-elle tout en ouvrant le paquet. “ Oh mon Dieu Patrick, elle est magnifique.”

-“ Il” rectifia Jane en caressant la tête du chiot. “ Je ne sais pas pourquoi il lui a mit un ruban rose alors que c’est un garçon.”

-“ Tu m’as acheté un chien" souffla-t-elle en se tournant vers lui, le petit chien contre son cœur. “ Tu m’as vraiment offert un chien.”

-“ Tu avais trouvé l’idée bonne la dernière fois qu’on en a parlé” rappela-t-il. “ Tu le penses toujours n’est-ce pas ?”

-“ Bien sûr que je trouve que c’est une bonne idée” le rassura-t-elle. “ Il est magnifique. Il a un nom ?”

-“ Pas encore, je voulais te laisser le choisir.”

Lisbon leva le chiot à hauteur de son visage, l’examina de près et lui embrassa le bout du nez. L’animal lui lécha la joue tout en remuant la queue. Lisbon se mit à rire et Jane en fit autant. Elle le reposa, lui retira son petit ruban rose et il partit en courant dans le salon.
Elle s’installa contre Jane qui avait le dos contre le canapé. Il lui entoura le corps de ses bras et posa sa tête contre la sienne, sur son épaule. Ils regardèrent l’animal renifler tout ce qu’il voyait. Il était curieux, et joueur. Lorsqu’il revint vers eux, il sauta sur les genoux de Lisbon qui le rattrapa de justesse avant qu’il ne tombe au sol. Il s’échappa bien vite, courut vers la bibliothèque et attrapa un livre.

-“ Oh non !,” cria Lisbon en se levant d’un bond pour attraper le chien, et le livre. Elle regarda la couverture avant de tourner les yeux vers Jane. “ J’ai trouvé son nom : Liam.”

-“ Et pour quelle raison ?” S’enquit Jane en la rejoignant. Elle lui tendit le livre qu’il prit et lut ce qui se trouvait sur la couverture. “ Oh ! notre cher ami a de très bons goûts littéraires : William Shakespeare.”

-“ Liam pour faire plus court” expliqua Lisbon.

Jane hocha la tête pour approuver son choix avant de reposer le livre. Lisbon laissa le chien courir dans la pièce et pris Jane dans ses bras. Elle l’embrassa tendrement, le remerciant à sa façon. Il lui rendit son baiser avec amour mais du se séparer d’elle lorsqu’une paire de mâchoires lui attrapa le pantalon.

-“ Je crois que Liam veut sortir” annonça Jane.

-“ Laisse-moi me changer et je viens avec toi.”

-“ Très bien, mais fait vite parce que je ne suis pas certain qu’il puisse tenir très longtemps.”

-“ Je me dépêche.”

A peine cinq minutes plus tard, Lisbon redescendait habillée et, ensemble, ils sortirent balader le chien dans les rues de Cannon River. Jane attrapa la main de Lisbon qu’il serra avec douceur pendant qu’il tenait la laisse de Liam dans l’autre. Voilà la vie dont il avait si longtemps rêvé, sa nouvelle chance d’être heureux. Leur vie n’était peut-être pas parfaite, mais c’était la leur. Ils avaient tout: un travail, une maison au Texas et une autre pour se détendre, un petit chien adorable. Et plus que tout, ils étaient ensemble. Que demander de Plus?