14 Fevrier....: Saint Valentin evidemment! ^

Les desserts à peine avalés, Jane avait brusquement entraîné Lisbon sur la piste de danse plongée dans l’obscurité. La jeune femme avait aimé sentir la main de son consultant contre sa taille et lui, avait aimé sentir le parfum qu’exhalaient les cheveux de sa patronne contre son visage. Par contre, ils avaient pris soin de masquer leur trouble en riant comme des gamins, s’amusant à débusquer parmi les couples évoluant autour d’eux les plus mal assortis qu’ils pouvaient trouver.
Une fois sorti du restaurant Lisbon avait remercié Jane pour ce dîner qu’il avait insisté pour lui offrir ; un peu rougissante elle lui aussi demandé de lui trouver des circonstances atténuantes pour son attitude durant la soirée, à savoir celle de gamine à tendance hystérique. Il lui avait assuré qu’il n’avait pas passé un aussi bon moment depuis très longtemps et qu’elle était très mignonne lorsqu’elle se comportait ainsi.
« Pour coller à l’ambiance », selon ses propres mots, le mentaliste lui avait offert une rose achetée à un vendeur à la sauvette venu faire étalage de sa marchandise entre les assiettes vides des couples en phase de digestion ; Lisbon leva la fleur jusqu’à son nez pour en humer le délicat parfum.

-Je sais pas si c’est une bonne idée la rose…,dit elle d’un air songeur.

-Pourquoi elle vous plait pas ? Vous auriez préféré un ours en peluche peut être ?,voulu-t-il plaisanter comme il voyait qu’elle gardait le silence, plongée dans des pensées qu’il ne parvenait pas à deviner.

Sortant de sa rêverie, la brunette lui rendit son sourire en lui tapant doucement l’épaule avec la rose.

-Non, c’est pas ça… mais...

Jane compris alors où elle voulait en venir,

-Vous n’avez qu’à dire que pour moi les fleurs sont un gage d’amitié….,remarqua-t-il en haussant les épaules.

-Oui. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai eu le droit tout un bouquet la dernière fois que Frye est venu au bureau...

Jane sourit et regarda le sol,

-Désolé...

-Arrêtez de vous excuser tout le temps. Si vous voulez remonter la pente, il va falloir assumer tout ce que vous avez fait. Même si c’était en effet pas toujours très classe ni à mon goût…,elle rajouta après quelques instants, d’un air embarrassé, C’étaient des roses blanches d’ailleurs. Et Van Pelt m’avait dit que dans le langage des fleurs ça veut dire « je vous aime en toute innocence ». Je vous dit pas ce que j'ai du inventer pour me défendre!… Alors la rose rouge… Non, là elle va croire quelque chose !

-C’est marrant que ça vous gêne toujours qu’on croit qu’il se passe quelque chose entre nous…

-C’est pas ça. Je me fiche bien que les gens peuvent penser. Mais c’est juste que voilà,: l’ambiguïté… Ben j’aime pas. Je sais pas, c’est pas bon pour vous… pour nous… En plus rien n'est possible entre nous, c'est le règlement du CBI qui veut ça!
-Je sais. Je disais ça pour vous provoquer. Vous avez remarqué que vous vous énervez beaucoup moins face à mes remarques?!

Lisbon lui lança un regard noir.

-Vous l’avez dit vous-même un jour. On a appris à se connaître, on s’est rapproché tous les deux… On va pas se sauter à la gorge toute notre vie. C’est pas concevable…

Elle était elle même étonné de ses paroles et rougit, sans regarder Jane, et préféra changer de sujet,

-Oh regardez le clair de lune !

Ils étaient arrivés dans une sorte de petite clairière et la lune ronde face à eux paraissait immense. Ils bifurquèrent et s’installèrent sur un banc : du fait de la fraîcheur de la nuit Jane ôta sa veste pour la poser sur les épaules de Lisbon qui le remercia d’un sourire en le regardant s’installer à ses cotés. Se sentant mutuellement apaisés par la présence de l’autre tout proche, ils goûtèrent longtemps au plaisir de ne rien dire, pour mieux profiter de la beauté de la nuit. Ce fut Jane qui rompit le silence.

-Ce que j’aime en vous c’est que vous au moins vous avez toujours eu l’honnêteté de me dire qu’entre nous il ne pourrait jamais rien se passer. Vous m’avez offert votre amitié et je me suis assis dessus comme un imbécile… Je sais pas si je mérite d’être votre ami en fait.
-Dites, vous, vous avez eu la version alcoolisée du Hot Love Cocktail, non ?

Il rigola et acquiesça avec une petite moue. Lisbon serra la veste autour d’elle et le regard perdu vers l’horizon.

-J'ai vraiment de la chance de travailler avec vous Lisbon, vous êtes formidable...

Elle se tourna vers lui et scrutant son visage, compris que le compliment était sincère. Malgré la veste, Lisbon frissonna et Jane s’en aperçu ; se levant il lui tendit la main et lui chuchota:

-Allez on rentre…

En saisissant la main du blondinet, Lisbon sentit son cœur marquer un hoquet. Jane l’observa un instant puis ils reprirent leur route.

A suivre...

*******

Alors qu’ils cheminaient en silence depuis plusieurs minutes, Jane sourit et demanda soudain d’une voix lointaine,

-Quand je repense à tout à l'heure... je ne sais pas si Hightower aurait apprécié de nous voir danser ainsi! Non?
-Je sais pas si on l’aurait convaincu de quoi que ce soit… Notre chorégraphie n’était pas très réglementaire !

C’était une remarque idiote que Lisbon avait formulée pour masquer son trouble. Elle avait justement pensé à ça un peu plus tôt dans la soirée, au moment où elle était dans ses bras en train de danser.
Elle l’entendit soupirer.

-C’est pas là-dessus qu’elle juge je crois bien… On formait un beau duo…

Il y avait une telle mélancolie dans la voix de Jane que Lisbon sentit instantanément monter en elle en écho, la même sorte d’amère nostalgie, d’étrange frustration qui lui avait serré le cœur à de multiples occasions ces derniers temps… A la différence notable, que cette fois elle ne parvint pas à s’en défaire.
La gorge nouée, elle ne répondit rien et ils continuèrent à déambuler sur un chemin, sous la lumière pâle des réverbères qui formait face à eux un chemin à la Billie Jean, luminescent par intermittence.
Le fait que le bras de Jane, qui marchait tout contre elle, de temps en temps, n’en vienne à frôler accidentellement le sien contribuait largement à accentuer cette sensation de planer qui donnait l’impression à Lisbon de souffrir de vertige.
Les cavalcades de frissons tout le long de sa peau devenaient à présent impossibles à juguler. Son esprit s’embrumait peu à peu et alors elle trébucha, vacilla dangereusement, perdit franchement l’équilibre et manqua tomber. Mais Jane avait d’excellents réflexes et elle se retrouva maintenue fermement, littéralement lovée dans ses bras, les yeux grand ouverts à quelques centimètres du ceux de mentaliste.

-Ça va Lisbon?, demanda-t-il inquiet.
-Très bien…, répondit-elle en se redressant, juste un peu de fatigue...

Le regard du mentaliste balayait son visage d’un air perdu comme s’il cherchait à trouver la réponse à une énigme.
Elle détourna la tête et ses yeux se posèrent sur le sol ; à ses pieds, la délicate rose tombée à terre, piétinée dans la précipitation, avait perdu de sa splendeur et ses pétales jonchant le sol formaient comme une tâche de sang. Cette vision l’affligea profondément ; Jane perçu son émotion.

-Je vous en offrirais une autre…des roses il y en a plein, chuchota il à son oreille en souriant.

Elle senti alors les doigts du consultant se poser délicatement sur son menton, lui intimant de tourner son visage vers le sien. Elle se laissa faire.

-Vous par contre vous êtes unique. Irremplaçable. Si vous m’aimez il ne sera sans doute jamais vraiment trop tard... Non ?

Lorsqu’il posa ses lèvres sur les siennes, elle n’eut aucune envie de le contredire, encore moins de le repousser ; Lisbon referma ses bras autour du cou de Jane pour mieux apprécier la saveur de leur premier baiser sous la lumière neigeuse du clair de lune.
Ils faisaient un rêve, un rêve merveilleux. Celui qu'ils avaient si souvent fait. Ils ne voulaient pas se réveiller. Le baiser s'approfondissait. Cela leurs semblait si réel, dieu qu'ils en avaient rêvé de ce baiser...
Leur baiser doux et délicat devint sauvage et enflammé. Lisbon commençait alors a retirer la veste de celui qui était à présent, son amant, mais celui-ci posa ses mains sur les siennes et la ralenti soudain.

A suivre....