Face à face (Jisbon/RJ) ^
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Et non, vous ne rêvez pas!
Je suis vraiment désolée d'avoir mis si longtemps à vous postez la suite, mais j'avais perdu l'inspiration, et j'ai donc patiemment attendue qu'elle veuille bien venir me rendre à nouveau visite pour enfin pouvoir reprendre l'écriture de cette fic.
En espérant que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, et que malgré la longue attente, vous prendrez plaisir à vous replonge dans mon histoire, je vous laisse à votre lecture.
Bonne lecture
[Chapitre 29 :
Chapitre 30
Je suis vraiment désolée d'avoir mis si longtemps à vous postez la suite, mais j'avais perdu l'inspiration, et j'ai donc patiemment attendue qu'elle veuille bien venir me rendre à nouveau visite pour enfin pouvoir reprendre l'écriture de cette fic.
En espérant que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, et que malgré la longue attente, vous prendrez plaisir à vous replonge dans mon histoire, je vous laisse à votre lecture.
Bonne lecture
[Chapitre 29 :
Le malaise qui s’était emparé de moi à mon réveil n’avait pas disparu. Au contraire, il n’avait fait que s’amplifier au gré des minutes qui s’écoulaient avec une lenteur affolante. Après le départ de Térésa pour le CBI, Molly et moi y avions conduits les filles pour leurs dépositions, puis Elora et moi avions raccompagnés Molly et Cameron chez elles. Les deux fillettes avaient pleurés d’être séparées, mais nous leur avions promis qu’elles se rêveraient très rapidement. Et j’espérais vraiment que nous pourrions respectés cette promesse. Et à présent, Elora s’amusait tranquillement dans le jardin, passant sans arrêt de la balançoire à la petite maison que je lui avais installé. Elle souriait tout le temps, mais parfois, je la surprenais à se retourner comme pour se lancer dans une discussion avec Cameron avant de soupirer en réalisant que son amie n’était plus là. J’avais été contre le départ de Molly, mais elle avait insisté sur le fait qu’elle ne pouvait pas rester ici éternellement, et puisque Caldwell était derrière les barreaux, sa fille et elle ne risquaient plus rien.
Je m’étais retenu de lui rappeler que RedJohn représentait une menace potentielle pour elles. J’attendais donc le retour de Teresa pour lui demander de placer la maison de Molly sous surveillance policière. Mais les heures passaient, et Teresa ne revenait toujours pas. Avait-elle eu de nouvelles informations concernant l’enquête ? Ce matin, j’avais eu l’impression qu’elle me cachait quelque chose d’important, mais j’avais mis ça sur le compte de mon comportement de la nuit dernière. Mais à présent, je commençais à me demander s’il n’y avait pas autre chose derrière son attitude distante. En soupirant, je préparais le repas d’Elora, et lorsque les spaghettis furent prêts, je l’appelais. Un sourire étira mes lèvres en la voyant débarqué, les couettes de travers et les joues rougies par ses jeux. Elle était adorable, et je ne comprenais pas comment sa mère avait pu se montrer aussi cruelle avec elle. En fait, je ne comprenais que trop bien ce qu’il s’était passé dans la tête de cette dernière, ce qui m’emplissait d’un puissant sentiment de rage.
La petite main d’Elora sur mon bras me tira de mes pensées, et je reportais toute mon attention sur elle, constatant qu’elle m’observait avec de grands yeux interrogateurs. Je lui souriais pour la rassurée, et délicatement, la soulevait pour l’installer sur un des tabourets avant de lui tendre une serviette qu’elle noua autour de son cou avant d’attendre patiemment que je dépose son assiette devant elle. Une lueur gourmande éclaira son regard à la vue de l’assiette de spaghetti à la bolognaise que je lui remis, et elle attrapa prestement sa fourchette en m’adressant un grand sourire lumineux qui me fit fondre. Mais alors qu’elle s’apprêtait à porter sa première bouchée à sa bouche, elle fronça les sourcils avant de reposer le couvert sans toucher à son contenu.
« Qu’y a-t-il Elora ? » m’enquis-je, surpris par son comportement.
« Où est Teresa ? » écrivit-elle sur son ardoise qu’elle me tendit avec de grands yeux inquiets.
« Au CBI… » répondis-je en dissimulant ma propre inquiétude « Nous irons lui apporter son repas après si tu veux » déclarais-je pris d’une subite inspiration.
« Une surprise ? » s’enthousiasma Elora avec un grand sourire alors que ses yeux se mettaient à pétiller d’excitation.
« Oui. Je suis sûr qu’elle sera contente que tu ais pensé à elle » approuvais-je en lui faisant un clin d’œil complice.
Elora acquiesça et se mit enfin à manger. Mais après deux ou trois cuillérées, elle s’arrêta de nouveau et pris son ardoise.
« Tu veux que l’on y ailles maintenant pour manger avec elle ? » déchiffrais-je en songeant que décidément cette petite fille était un ange.
Elora acquiesça en hochant vigoureusement la tête, et j’acquiesçais volontiers, impatient moi aussi de rejoindre Teresa et de découvrir ce qu’elle me cachait depuis le matin.
« D’accord, file te préparer pendant que j’emballe ce qu’il nous faut pour le repas ! » déclarais-je en l’aidant à sauter à bas du tabouret.
Mettant les pâtes et la viande dans deux Tupperware, j’attrapais assiettes et couverts et déposais le tout dans le panier que nous avions utilisé pour le pique-nique. J’ajoutais quelques serviettes en papier des gobelets et une bouteille d’eau et refermais le panier au moment où Elora réapparaissait, une brosse dans sa main et son manteau dans l’autre. Elle me tendit l’accessoire de coiffure et se retourna pour que je lui refasse ses couettes, ce que je m’appliquait à faire, me demandant comment Teresa s’y prenait pour dompter les mèches rebelles qui s’obstinaient à vouloir s’échapper de l’élastique. Elora s’impatientant, je lui attachais sommairement les cheveux, sachant que de toute façon, Teresa la recoifferait dès notre arrivée au CBI. La pensée me fit sourire. Plus le temps s’écoulait, plus nous avions tout d’une parfaite petite famille.
« Allez, allons-y ! » déclarais-je en aidant Elora à enfiler son manteau avant qu’elle ne glisse sa petite main dans la mienne.
Le trajet s’effectua en silence, Elora chantonnant les airs que diffusait la radio, et j’en profitais pour trouver une explication à l’attitude de Teresa. Mais j’avais beau chercher, je ne trouvais pas ce qu’elle pouvait bien me dissimuler. Une chose était sûre, ça devait être très important pour la faire culpabilisée. Un frisson d’appréhension me secoua, et c’est l’estomac noué que je me garais devant le CBI. Elora se rua dehors, mais elle s’immobilisa devant les portes de l’imposant bâtiment, attendant sagement que je la rejoigne avant de s’y engager. Dans l’ascenseur, Elora sautillait doucement, regardant les chiffres défilés avec impatience, et soupira lorsque l’ascenseur s’immobilisa à l’étage de la scientifique. Un des laborantins fit un pas en avant, un dossier à la main ainsi qu’une enveloppe dont le scellé n’était pas clos, avant de s’immobiliser en m’apercevant. Son regard passa de moi à ses mains à plusieurs reprises.
« Puis-je vous aidés ? » m’enquis-je en lui souriant amicalement.
« Ce dossier est pour l’agent Lisbon. Je dois le lui remettre, mais j’ai beaucoup de travail et je… » expliqua-t-il nerveusement.
« Je vais la rejoindre justement ! Donnez-le moi, je le lui remettrais » déclarais-je en tendant ma main libre vers lui.
« Merci » soupira-t-il avec soulagement avant d’ajouter « toutes nos conclusions se trouvent dans ce dossier. Dites-lui de ne pas hésiter à nous appeler si jamais elle ne comprenait pas quelque chose »
« Je le ferais » approuvais-je en posant l’enveloppe sur le panier.
Intrigué par celle-ci, je la fixais du regard, me demande ce qu’elle pouvait contenir. Au jugé, j’aurais dit un cadre, mais pourquoi Teresa ferait analyser un cadre et surtout de quel cadre s’agissait-il ? Un de ceux de chez elle ? C’était peut-être ce qu’elle me cachait. Elle ne voulait pas me dire que quelqu’un s’était introduit chez elle cette nuit pour ne pas m’inquiéter. Et si c’était le cas, il ne pouvait s’agir que d’une seule personne. RedJohn était venu la nuit dernière et pour une raison que je ne m’expliquais pas, il nous avait épargné. S’il n’était pas venu pour nous tuer, pourquoi avoir pris le risque d’être surpris ? Quel était le but de sa visite ? Reportant mon regard sur l’enveloppe, dédaignant le dossier que je glissais sous celle-ci, j’hésitais sur la conduite à tenir. Visiblement Teresa n’avait pas voulu que je vois ce cadre. C’était donc que RedJohn l’avait déposé pour moi. Mais que contenait-il pour que Teresa se soit donné tant de mal pour me le dissimuler ? Profitant de ce que les portes de les portes s’ouvraient et de ce qu’Elora se ruait dehors pour rejoindre Teresa, je basculais légèrement le panier, faisant glisser le cadre hors de l’enveloppe. Et je me figeais.
Sous mes yeux ébahis apparut le visage souriant de ma petite fille. Ma petite fille adolescente. Alors voilà ce que Teresa m’avait caché. Je comprenais son geste. Je le comprenais vraiment, mais une colère sourde s’éveilla en moi. Elle n’aurait pas du me dissimuler cette photo. Elle n’en avait pas le droit. Je savais qu’elle avait voulu me protéger, mais pour cela, elle m’avait menti. Et je me sentais trahi. Quittant difficilement cette photo qui me montrait un bonheur envolé à jamais, je rajustais le panier, et le cadre reprit sa place dans l’enveloppe. Comme un automate, je me dirigeais vers le bureau de Teresa, guidé par le rire d’Elora auquel répondait la voix douce et caressante de Teresa. Mais cette fois, cela ne suffit pas à m’apaiser. Seule la tête de RedJohn servit sur un plateau d’argent le pourrait. Avec cette photo, il avait fait renaître ma soif de vengeance, et je savais que c’était pour éviter cela que Teresa ne m’avait rien dit. Mais elle était la mieux placée pour savoir que ce genre de mensonge finissait toujours par remontés à la surface.
Et qu’en général, cela faisait pus de mal que si la vérité avait éclatée dès le départ. Mais en croisant le regard brillant de joie d’Elora, je me contenais pour ne pas exploser sur le champ. Je devais avant tout penser à cette petite fille qui ne méritait pas de souffrir plus que nécessaire. Sans répondre au sourire de Teresa, je me dirigeais vers son bureau sur lequel je déposais l’enveloppe et le dossier avant de me tourner vers elle. Je la vis pâlir dangereusement et fermés les yeux en prenant une profonde inspiration. Mon cœur se serra en voyant l’angoisse au fond de son regard. Je lui adressais un regard froid et vide de toutes émotions, et je vis l’éclat du sien se ternir alors que des larmes y faisaient leur apparition. Mais je refusais de me laisser attendrir. Indifférent à sa peine, je détournais le regard et sans un mot, la condamnant en silence, je m’approchais de la petite table pour y déposer notre repas. Je vis du coin de l’œil Teresa chasser d’un geste rageur l’unique larme qui s’était frayé un chemin sur sa joue avant de reprendre son masque de patronne. Teresa venait à nouveau de céder la place à Lisbon, et mon cœur se serra en songeant que je venais de faire ce que je voulais à tout prix évité. Mais il était trop tard pour reculer.
Encore une fois, RedJohn nous montrait que c’était lui qui était le maître du jeu, et que nous ne pouvions que subir en courbant l’échine. Et j’en avais assez. Aujourd’hui plus que jamais, je savais que le seul moyen de pouvoir vivre librement et en toute quiétude, c’était de faire disparaître RedJohn de la surface de la Terre. Et c’était à moi de le faire. à personne d’autre, et surtout pas à Teresa. Je ne voulais pas que son âme qui avait garder toute sa pureté soit entachée par le meurtre de cette abomination. Et pour qu’elle ne cherche pas à m’en dissuadée, j’allais devoir m’éloigner d’elle. Même si ça me déchirait le cœur. Je n’avais pas le choix si je voulais la protégée, la préservée de ce qui allait se produire. Je ne voulais pas qu’elle soit mêlée à ma vengeance. Et puis il y avait Elora. Je devais penser à elle aussi. Je devais la tenir éloignée de RedJohn. Et le seul moyen d’y parvenir, c’était de m’éloigner d’elles.
« Mangeons avant que ce soit froid » déclara Teresa en servant une assiette à Elora avant d’en faire de même pour nous.
Du coin de l’œil, je remarquais qu’elle remplissait à peine son assiette, mais je me retenais de tout commentaire. Dans un silence de mort, nous mangeâmes, et je sentis le regard inquiet de Teresa se poser régulièrement sur moi, même si je percevais peu à peu la colère faire place à l’inquiétude, ce qui était parfait. Je voulais la mettre en colère. Je voulais qu’elle soit suffisamment fâchée contre moi pour que mon départ la soulage et même pour que ce soit elle qui le provoque. Je continuais donc de l’ignorer, gardant obstinément le regard rivé sur mon assiette.
***********
Les mises en garde de l’agent Parker me trottaient dans la tête alors que je faisais les cent pas dans mon bureau, attendant les résultats des analyses que j’avais demandées sur le cadre trouvé dans mon salon. RedJohn se renseignait sur moi. Et ce la m’inquiétait. Pas pour moi, j’étais une grande fille et je savais me défendre, mais pour ma famille. Aussi décidais-je de prendre mon téléphone pour contacter mes frères afin de les mettre en garde, même si je savais qu’il y avait peu de chance pour qu’ils m’écoutent. Surtout Tommy. Il était aussi têtu et borné que Patrick, et ce n’était pas peu dire. Mais j’espérais que cette fois il me prendrait au sérieux, ne serait-ce que pour la sécurité de Rebecca. Enfin quand je voyais qu’il continuait de courir après les criminels en entraînant sa fille à sa suite, j’avais peu d’espoir. Aussi une fois que je leur eus laissé des messages, contactais-je la police locale pour leur demander d’assurer une surveillance discrète sur mes frères en leur expliquant la situation. Dès que j’eus prononcé le nom de RedJohn, je fus assurée de leur entière coopération.
Soulagée, je recommençais mes allers-retours en me demandant pour la millionième fois si j’avais pris la bonne décision en dissimulant l’existence de cette photo à Patrick. Mais j’avais beau retourné le problème dans ma tête, je ne trouvais pas de solutions convenables. Cette photo n’avait pas d’autre raison d’être que de faire souffrir Patrick, de le torturer avec le souvenir de ce que sa bravade avait coûter à sa famille. Et je savais que dès lors que Patrick poserait le regard sur le visage épanoui de sa précieuse petite fille, il n’aurait plus qu’une envie. Retrouver RedJohn et le tuer. Et je ne le voulais pas. A aucuns prix. Je ne voulais pas le perdre de cette façon. Pourtant j’avais conscience que s’il découvrait ce que je lui avais sciemment caché, je le perdrais. Cette trahison, même si elle servait de nobles objectifs, me coûterait la confiance de Patrick et par là-même notre histoire naissante. Mais si pour le garder en vie et en sécurité, je devais accepter de le voir s’éloigner de moi, alors c’était un prix que j’étais prête à payer.
L’arrivée en trombe d’Elora dans mon bureau me tira de mes sombres pensées, et je n’eus que le temps de me retourner qu’elle m’avait déjà sauter au cou. Instinctivement, je la serais dans mes bras, heureuse de sa présence. Relevant la tête, je fus surprise de ne pas voir apparaître Patrick dans l’encadrement de la porte, mais Elora l’avait sûrement distancé dans les couloirs. Amusée je constatais que ses couettes avaient été refaites de travers et que des boucles folles s’en échappaient. Dans une grimace, Elora attrapa son ardoise et m’apprit que Patrick cuisinait bien mais qu’il était nul pour attacher les cheveux. En riant, je récupérais la petite brosse que je gardais dans mon sac à main et entreprenais de recoiffer convenablement cette jeune demoiselle tout en lui racontant quelques anecdotes concernant Patrick qui devait avoir les oreilles qui sifflent à force. Mais ça avait le mérite de faire rire Elora. Sentant une présence dans mon dos, je relevais la tête et souriais en découvrant la présence de Patrick.
Mais mon sourire se fana lorsque Patrick m’adressa un regard glacial qui me fit froid dans le dos. Jamais encore il ne m’avait regardé comme ça. Surprise et blessée, je le suivais du regard et tressaillais en le voyant déposer une enveloppe et un dossier avec le logo de la scientifique. Et en éclair je comprenais qu’il avait tout découvert. Et sans surprise, il m’en voulait. J’avais beau m’être attendue à une telle réaction de sa part, cela n’en fit pas moins mal pour autant. J’avais voulu le protéger d’une nouvelle douleur inutile, mais bien sûr, monsieur ne le voyait pas comme ça. En soupirant, l’appétit coupé, je grignotais pour ne pas faire de peine à Elora tout en lançant de fréquents regards à Patrick qui s’obstinait à bouder et à fuir mon regard. Et je sentis une colère sourde montée en moi. S’il voulait faire sa tête de mule et se poser en victime, grand bien lui fasse, mais je ne m’aplatirais pas devant lui. Je ne m’excuserais pas de l’aimer au point de vouloir le préserver de lui-même.
Le repas terminé, je décidais d’emporter le dossier à la maison, me rappelant qu’Heightower ne voulait pas voir Elora traîner dans les bureaux. Et puis si Patrick et moi devions nous expliquer, autant que cela se fasse loin des oreilles indiscrètes des autres agents. Prenant une profonde inspiration et affichant un sourire de façade, j’annonçais donc à Elora que nous pouvions rentrer à la maison. Avec un grand sourire, elle sauta sur ses pieds et se rua dans les bureaux pour dire au revoir à l’équipe, nous laissant seuls Patrick et moi. Comme il continuait de se murer dans un silence boudeur, je décidais de l’ignorer à mon tour et sans lui prêter la moindre attention, rassemblait mes affaires, avant de me diriger vers la porte de mon bureau pour prévenir mon équipe de la suite des évènements.
« Bien, je vais étudier ces dossiers chez moi. Vous savez ce que vous avez à faire. Grace occupez-vous de l’ordinateur de Caldwell, et vous les gars, allez l’interrogez. Une nuit en cellule lui aura peut-être délier la langue » déclarais-je en espérant qu’ils ne remarqueraient pas mon trouble grandissant.
« Bien boss » acquiesça Grace en se mettant immédiatement à la tâche.
« Nous y allons de ce pas. Nous vous ferons parvenir le compte-rendu de l’interrogatoire » déclara Cho dont le regard perçant passa de Patrick à moi, comme s’il avait perçu la tension qui existait entre nous.
D’un hochement de tête approbateur, je faisais signe à Elora que nous pouvions y aller, et toujours en ignorant Patrick, la suivait jusqu’aux ascenseurs. La tension dans cet espace clos était tellement perceptible qu’elle émettait des vibrations négatives qui finirent par atteindre Elora. Fronçant les sourcils et perdant son sourire, elle leva la tête vers nous, cherchant à comprendre si elle avait fait quelque chose qui nous avait déplu. Percevant son malaise, et m’en voulant de l’inquiéter inutilement, je lui souriais tendrement afin de la rassurée. Indécise, elle regarda Patrick qui adopta la même attitude, et Elora se détendit, en concluant probablement que notre tension concernait des problèmes de grand et n’avait rien à voir avec elle. L’espace d’un instant, mon regard croisa celui de Patrick, et je frémis de nouveau devant la froideur qu’il affichait, et l’espace d’un instant j’eus l’impression de me retrouver bien des années plus tôt, devant le Patrick Jane que je ne supportais pas. Et ce constat me fit bien plus mal que n’importe quoi d’autre.
Je soupirais de soulagement lorsque je me retrouvais seule au volant de ma voiture. Ce répit me permettrait de mettre de l’ordre dans mes idées et surtout de me blindée contre la discussion à venir. Je connaissais suffisamment Patrick pour savoir qu’il n’hésiterait pas à se montrer odieux et blessant pour cacher sa propre douleur. Et puisqu’il ne pouvait s’en prendre directement à RedJohn pour le moment, c’était moi qui allait faire les frais de sa colère et de son impuissance. Et je savais que nous sortirions tout deux blessés de cette discussion. Mais il n’y avait rien que je puisse faire pour l’empêcher. Tout ce que je pouvais faire, c’était d’essayer de garder mon calme et de ne pas répondre aux provocations de Patrick. Ce qui serait sans nul doute plus facile à dire qu’à faire. En soupirant, je surveillais que Patrick ne suivait bien, mais la présence d’Elora dans sa voiture m’assurait qu’il ne me fausserait pas compagnie, ce qui d’une certaine manière aurait sûrement été la solution la moins blessante.
Le trajet jusque chez moi ne me parut jamais plus court qu’en ces instants, mais je me voyais mal faire un détour pour gagner du temps. Et puis je n’étais pas du genre à fuir devant les difficultés. Non, j’avais appris très jeune à les affrontées sans jamais baisser la tête. J’étais une combattante, et si Patrick n’en avait pas encore pleinement conscience, il allait l’apprendre à ses dépends. Me garant dans mon allée, je quittais ma voiture au moment où Patrick s’y engagea à son tour, et un sourire étira mes lèvres en voyant Elora en sortir comme une tornade, sans même attendre que la petite voiture soit garée convenablement. Arrivée devant la porte, elle se tourna vers moi, me faisant signe de me dépêchée, ce que je fis en étouffant un rire. Mais alors que je la rejoignais pour lui ouvrir la porte, un frisson semblable à celui de ce matin me traversa, et je retournais brutalement pour scruter la rue. J’aurais juré que quelqu’un nous épiait, mais j’eus beau observer attentivement les alentours, je ne décelais rien qui sorte de l’habituel.
« Un problème ? » m’interrogea Patrick en suivant mon regard.
Pour seule réponse, je secouais la tête négativement et entrais dans la maison, Patrick sur les talons.
**********
Patrick et Teresa avaient beau me sourire et agir comme si tout allait bien, je sentais que quelque chose avait changé entre eux. Durant tout le repas, j’avais senti un malaise grandir entre eux, et j’avais vu la colère envahir les yeux de Teresa, remplaçant la tristesse alors que ceux de Patrick se refroidissaient progressivement. Tout cela je l’avais déjà vécu avant la mort de papa. Sauf que Teresa était papa et que Patrick était maman. Mais la situation était la même et je savais comment ça allait se terminer. Dans les cris et les pleurs. Et je ne voulais pas. Je ne voulais pas que tout recommence. Finalement, maman avait raison. Tout était de ma faute. Patrick et Teresa étaient heureux avant mon arrivée. Et maintenant, ils se regardaient comme s’ils se détestaient. Comme s’il n’y avait plus d’amour entre eux. Juste du vide. Et je voulais qu’ils soient comme avant, comme quand je les surprenais à se faire des bisous d’amoureux. Mais comment faire ? J’avais essayé d’aider papa et maman et j’avais été punie.
Ça avait été la première fois que maman m’avait enfermée dans le placard de ma chambre. Papa s’était mis dans une colère noire, et nous étions partis loin. Mais il y avait eu l’accident. Et maman avait dit que tout était de ma faute. Que sans moi, papa serait encore là. Et maintenant, Patrick et Teresa se comportaient comme eux. Et je ne voulais pas que Patrick meurt. Ou que Teresa meurt. Alors dès qu’on arriva chez Teresa, je courus jusqu’à la porte et dès que Teresa m’eut ouvert, je me précipitais dans les escaliers, attrapais mon doudou sur le lit et courais m’enfermer dans le placard. Peut-être que si je restais cachée, ils ne seraient plus fâchés et se réconcilieraient. Peut-être qu’ils ne crieraient pas. Remontant mes genoux contre ma poitrine, je serrais mon doudou contre moi et me mettais à chantonner doucement pour oublier qu’il faisait noir, et que j’avais encore tout gâché. Pour oublier qu’en bas, Patrick et Teresa se disputaient. Pour oublier que la vie ça faisait mal, et que peut-être maman avait raison en disant que je n’aurais pas dû survivre à l’accident.
Des cris me firent sursauter, et je me mettais à trembler. Je me bouchais les oreilles pour ne plus les entendre, mais c’était peine perdue. La voix colérique de Patrick me parvenait comme s’il se trouvait à côté de moi, et celle de Teresa vibrait tellement de rage que je la reconnaissais à peine. Ils se hurlaient dessus, comme s’ils faisaient un concours de celui qui crierait le plus fort et dirait le plus de méchanceté. Et soudain, ce fut le silence. Tremblante, des larmes silencieuses coulant sur mes joues, je m’agenouillais dans ma cachette et tendais l’oreille, le cœur battant. Ce silence était encore plus angoissant que les cris. Le claquement d’une porte me fit violemment sursautée, et prise d’un mauvais pressentiment, je me ruais hors de ma cachette. Mais dans ma précipitation, je me prenais les pieds dans le tapis et m’écroulais au sol. Indifférente à la douleur qui irradiait de mes genoux et de mes paumes, je me relevais et courais à la fenêtre. Juste à temps pour voir Patrick monter dans sa voiture et partir loin de nous. Un cri inarticulé s’échappa de mes lèvres et je me laissais tomber par terre, pleurant de toutes mes forces.
« Patrick ! » criais-je en pleurant de plus belle, laissant ma tête cognée contre le sol.
Je me roulais en boule par terre, serrant mon doudou contre moi, laissant les larmes coulées sur mes joues. Maintenant que Patrick était parti, Teresa allait m’abandonner elle aussi. Pourquoi voudrait-elle encore de moi alors que par ma faute Patrick l’avait quitté ? Elle allait m’accusé comme maman avant elle. Un gémissement m’échappa, et je sursautais lorsque des bras m’entourèrent, me soulevant de terre. Prise de panique, je me débattais, frappant et griffant, mais les bras ne me lâchèrent pas. Tournant la tête, j’aperçus le visage de Teresa, et je constatais qu’elle avait les yeux rouges. Elle avait pleuré visiblement. Cessant de me débattre, je me laissais faire, attendant les reproches et les insultes. Mais rien ne vint. Au lieu de ça, Teresa m’allongea sur mon lit et s’adossa contre la tête avant de m’attirer à elle. Elle plaça une de ses mains dans mes cheveux qu’elle se mit à caresser, et elle commença à me chanter une chanson.
Courage Petite Sœur,
Fais un vœu chaque fois que tu pleures,
Redresses-toi au lieu d’avoir peur,
Quelqu’un t’attends là-bas….
Souris Petite Sœur,
Même quand tu as envie d’avoir peur,
Le bonheur est tout près, il existe,
Quelqu’un t’attends là-bas….
Garde toujours une prière dans ta poche,
Et tu y verras plus clair,
Ne t’en fais pas la nuit s’en va,
Ne vois pas le monde à l’envers….
Confiance Petite Sœur,
Tes espoirs seront réalité,
Il te faut du courage Petite Sœur,
Quelqu’un viendra pour t’aimer….
Les paroles de cette chanson tirées de Bernard et Bianca, et le doux son de la voix de Teresa m’apaisèrent, et je me laissais progressivement emporter par une douce et réconfortante torpeur. Blottie dans les bras de Teresa, je soupirais de soulagement en découvrant qu’elle ne semblait pas m’en vouloir. Et encore une fois, je m’en voulus de l’avoir comparée à maman. Teresa n’était pas comme elle. En fait, elles étaient aussi différentes que la nuit et le jour. Maman était grande, blonde et glaciale. Teresa était petite, brune et chaleureuse. Maman étai égoïste là où Teresa était généreuse. Oui, Teresa était différente, et je m’en voulais d’avoir fait d’elle le monstre de mes cauchemars. Elle ne le méritait pas alors qu’elle avait été si gentille avec moi. Comme pour me faire pardonner, je passais mes bras autour de son cou et me serrais fort contre elle, souriant lorsqu’elle me rendit mon étreinte. Si Teresa n’était pas fâchée contre moi, c’est que je n’avais rien fait de mal. Alors pourquoi s’était-elle disputée avec Patrick ? Et pourquoi était-il parti en nous laissant seule ? J’aurais aimé lui posé la question, mais je ne voulais pas lui faire plus de peine.
« Tu as faim ? » me demanda Teresa au bout d’un long moment de silence, et rouvrant les yeux, je constatais que le jour s’achevait déjà.
Je n’avais pas vu le temps passé tant mon chagrin avait été grand. Je secouais la tête négativement, ne voulant pas quitté ma chambre et les bras rassurants de Teresa.
« Non… moi non plus je n’ai pas faim… » souffla-t-elle en reprenant sa caresse dans mes cheveux.
Elle avait l’air si triste, et j’espérais que Patrick allait vite revenir et qu’il la consolerait. Il m’avait dit que les bras de Teresa étaient magiques, mais je savais que pour Teresa, c’était ceux de Patrick qui l’étaient, et que lui seul parviendrait à lui rendre le sourire.
Je m’étais retenu de lui rappeler que RedJohn représentait une menace potentielle pour elles. J’attendais donc le retour de Teresa pour lui demander de placer la maison de Molly sous surveillance policière. Mais les heures passaient, et Teresa ne revenait toujours pas. Avait-elle eu de nouvelles informations concernant l’enquête ? Ce matin, j’avais eu l’impression qu’elle me cachait quelque chose d’important, mais j’avais mis ça sur le compte de mon comportement de la nuit dernière. Mais à présent, je commençais à me demander s’il n’y avait pas autre chose derrière son attitude distante. En soupirant, je préparais le repas d’Elora, et lorsque les spaghettis furent prêts, je l’appelais. Un sourire étira mes lèvres en la voyant débarqué, les couettes de travers et les joues rougies par ses jeux. Elle était adorable, et je ne comprenais pas comment sa mère avait pu se montrer aussi cruelle avec elle. En fait, je ne comprenais que trop bien ce qu’il s’était passé dans la tête de cette dernière, ce qui m’emplissait d’un puissant sentiment de rage.
La petite main d’Elora sur mon bras me tira de mes pensées, et je reportais toute mon attention sur elle, constatant qu’elle m’observait avec de grands yeux interrogateurs. Je lui souriais pour la rassurée, et délicatement, la soulevait pour l’installer sur un des tabourets avant de lui tendre une serviette qu’elle noua autour de son cou avant d’attendre patiemment que je dépose son assiette devant elle. Une lueur gourmande éclaira son regard à la vue de l’assiette de spaghetti à la bolognaise que je lui remis, et elle attrapa prestement sa fourchette en m’adressant un grand sourire lumineux qui me fit fondre. Mais alors qu’elle s’apprêtait à porter sa première bouchée à sa bouche, elle fronça les sourcils avant de reposer le couvert sans toucher à son contenu.
« Qu’y a-t-il Elora ? » m’enquis-je, surpris par son comportement.
« Où est Teresa ? » écrivit-elle sur son ardoise qu’elle me tendit avec de grands yeux inquiets.
« Au CBI… » répondis-je en dissimulant ma propre inquiétude « Nous irons lui apporter son repas après si tu veux » déclarais-je pris d’une subite inspiration.
« Une surprise ? » s’enthousiasma Elora avec un grand sourire alors que ses yeux se mettaient à pétiller d’excitation.
« Oui. Je suis sûr qu’elle sera contente que tu ais pensé à elle » approuvais-je en lui faisant un clin d’œil complice.
Elora acquiesça et se mit enfin à manger. Mais après deux ou trois cuillérées, elle s’arrêta de nouveau et pris son ardoise.
« Tu veux que l’on y ailles maintenant pour manger avec elle ? » déchiffrais-je en songeant que décidément cette petite fille était un ange.
Elora acquiesça en hochant vigoureusement la tête, et j’acquiesçais volontiers, impatient moi aussi de rejoindre Teresa et de découvrir ce qu’elle me cachait depuis le matin.
« D’accord, file te préparer pendant que j’emballe ce qu’il nous faut pour le repas ! » déclarais-je en l’aidant à sauter à bas du tabouret.
Mettant les pâtes et la viande dans deux Tupperware, j’attrapais assiettes et couverts et déposais le tout dans le panier que nous avions utilisé pour le pique-nique. J’ajoutais quelques serviettes en papier des gobelets et une bouteille d’eau et refermais le panier au moment où Elora réapparaissait, une brosse dans sa main et son manteau dans l’autre. Elle me tendit l’accessoire de coiffure et se retourna pour que je lui refasse ses couettes, ce que je m’appliquait à faire, me demandant comment Teresa s’y prenait pour dompter les mèches rebelles qui s’obstinaient à vouloir s’échapper de l’élastique. Elora s’impatientant, je lui attachais sommairement les cheveux, sachant que de toute façon, Teresa la recoifferait dès notre arrivée au CBI. La pensée me fit sourire. Plus le temps s’écoulait, plus nous avions tout d’une parfaite petite famille.
« Allez, allons-y ! » déclarais-je en aidant Elora à enfiler son manteau avant qu’elle ne glisse sa petite main dans la mienne.
Le trajet s’effectua en silence, Elora chantonnant les airs que diffusait la radio, et j’en profitais pour trouver une explication à l’attitude de Teresa. Mais j’avais beau chercher, je ne trouvais pas ce qu’elle pouvait bien me dissimuler. Une chose était sûre, ça devait être très important pour la faire culpabilisée. Un frisson d’appréhension me secoua, et c’est l’estomac noué que je me garais devant le CBI. Elora se rua dehors, mais elle s’immobilisa devant les portes de l’imposant bâtiment, attendant sagement que je la rejoigne avant de s’y engager. Dans l’ascenseur, Elora sautillait doucement, regardant les chiffres défilés avec impatience, et soupira lorsque l’ascenseur s’immobilisa à l’étage de la scientifique. Un des laborantins fit un pas en avant, un dossier à la main ainsi qu’une enveloppe dont le scellé n’était pas clos, avant de s’immobiliser en m’apercevant. Son regard passa de moi à ses mains à plusieurs reprises.
« Puis-je vous aidés ? » m’enquis-je en lui souriant amicalement.
« Ce dossier est pour l’agent Lisbon. Je dois le lui remettre, mais j’ai beaucoup de travail et je… » expliqua-t-il nerveusement.
« Je vais la rejoindre justement ! Donnez-le moi, je le lui remettrais » déclarais-je en tendant ma main libre vers lui.
« Merci » soupira-t-il avec soulagement avant d’ajouter « toutes nos conclusions se trouvent dans ce dossier. Dites-lui de ne pas hésiter à nous appeler si jamais elle ne comprenait pas quelque chose »
« Je le ferais » approuvais-je en posant l’enveloppe sur le panier.
Intrigué par celle-ci, je la fixais du regard, me demande ce qu’elle pouvait contenir. Au jugé, j’aurais dit un cadre, mais pourquoi Teresa ferait analyser un cadre et surtout de quel cadre s’agissait-il ? Un de ceux de chez elle ? C’était peut-être ce qu’elle me cachait. Elle ne voulait pas me dire que quelqu’un s’était introduit chez elle cette nuit pour ne pas m’inquiéter. Et si c’était le cas, il ne pouvait s’agir que d’une seule personne. RedJohn était venu la nuit dernière et pour une raison que je ne m’expliquais pas, il nous avait épargné. S’il n’était pas venu pour nous tuer, pourquoi avoir pris le risque d’être surpris ? Quel était le but de sa visite ? Reportant mon regard sur l’enveloppe, dédaignant le dossier que je glissais sous celle-ci, j’hésitais sur la conduite à tenir. Visiblement Teresa n’avait pas voulu que je vois ce cadre. C’était donc que RedJohn l’avait déposé pour moi. Mais que contenait-il pour que Teresa se soit donné tant de mal pour me le dissimuler ? Profitant de ce que les portes de les portes s’ouvraient et de ce qu’Elora se ruait dehors pour rejoindre Teresa, je basculais légèrement le panier, faisant glisser le cadre hors de l’enveloppe. Et je me figeais.
Sous mes yeux ébahis apparut le visage souriant de ma petite fille. Ma petite fille adolescente. Alors voilà ce que Teresa m’avait caché. Je comprenais son geste. Je le comprenais vraiment, mais une colère sourde s’éveilla en moi. Elle n’aurait pas du me dissimuler cette photo. Elle n’en avait pas le droit. Je savais qu’elle avait voulu me protéger, mais pour cela, elle m’avait menti. Et je me sentais trahi. Quittant difficilement cette photo qui me montrait un bonheur envolé à jamais, je rajustais le panier, et le cadre reprit sa place dans l’enveloppe. Comme un automate, je me dirigeais vers le bureau de Teresa, guidé par le rire d’Elora auquel répondait la voix douce et caressante de Teresa. Mais cette fois, cela ne suffit pas à m’apaiser. Seule la tête de RedJohn servit sur un plateau d’argent le pourrait. Avec cette photo, il avait fait renaître ma soif de vengeance, et je savais que c’était pour éviter cela que Teresa ne m’avait rien dit. Mais elle était la mieux placée pour savoir que ce genre de mensonge finissait toujours par remontés à la surface.
Et qu’en général, cela faisait pus de mal que si la vérité avait éclatée dès le départ. Mais en croisant le regard brillant de joie d’Elora, je me contenais pour ne pas exploser sur le champ. Je devais avant tout penser à cette petite fille qui ne méritait pas de souffrir plus que nécessaire. Sans répondre au sourire de Teresa, je me dirigeais vers son bureau sur lequel je déposais l’enveloppe et le dossier avant de me tourner vers elle. Je la vis pâlir dangereusement et fermés les yeux en prenant une profonde inspiration. Mon cœur se serra en voyant l’angoisse au fond de son regard. Je lui adressais un regard froid et vide de toutes émotions, et je vis l’éclat du sien se ternir alors que des larmes y faisaient leur apparition. Mais je refusais de me laisser attendrir. Indifférent à sa peine, je détournais le regard et sans un mot, la condamnant en silence, je m’approchais de la petite table pour y déposer notre repas. Je vis du coin de l’œil Teresa chasser d’un geste rageur l’unique larme qui s’était frayé un chemin sur sa joue avant de reprendre son masque de patronne. Teresa venait à nouveau de céder la place à Lisbon, et mon cœur se serra en songeant que je venais de faire ce que je voulais à tout prix évité. Mais il était trop tard pour reculer.
Encore une fois, RedJohn nous montrait que c’était lui qui était le maître du jeu, et que nous ne pouvions que subir en courbant l’échine. Et j’en avais assez. Aujourd’hui plus que jamais, je savais que le seul moyen de pouvoir vivre librement et en toute quiétude, c’était de faire disparaître RedJohn de la surface de la Terre. Et c’était à moi de le faire. à personne d’autre, et surtout pas à Teresa. Je ne voulais pas que son âme qui avait garder toute sa pureté soit entachée par le meurtre de cette abomination. Et pour qu’elle ne cherche pas à m’en dissuadée, j’allais devoir m’éloigner d’elle. Même si ça me déchirait le cœur. Je n’avais pas le choix si je voulais la protégée, la préservée de ce qui allait se produire. Je ne voulais pas qu’elle soit mêlée à ma vengeance. Et puis il y avait Elora. Je devais penser à elle aussi. Je devais la tenir éloignée de RedJohn. Et le seul moyen d’y parvenir, c’était de m’éloigner d’elles.
« Mangeons avant que ce soit froid » déclara Teresa en servant une assiette à Elora avant d’en faire de même pour nous.
Du coin de l’œil, je remarquais qu’elle remplissait à peine son assiette, mais je me retenais de tout commentaire. Dans un silence de mort, nous mangeâmes, et je sentis le regard inquiet de Teresa se poser régulièrement sur moi, même si je percevais peu à peu la colère faire place à l’inquiétude, ce qui était parfait. Je voulais la mettre en colère. Je voulais qu’elle soit suffisamment fâchée contre moi pour que mon départ la soulage et même pour que ce soit elle qui le provoque. Je continuais donc de l’ignorer, gardant obstinément le regard rivé sur mon assiette.
***********
Les mises en garde de l’agent Parker me trottaient dans la tête alors que je faisais les cent pas dans mon bureau, attendant les résultats des analyses que j’avais demandées sur le cadre trouvé dans mon salon. RedJohn se renseignait sur moi. Et ce la m’inquiétait. Pas pour moi, j’étais une grande fille et je savais me défendre, mais pour ma famille. Aussi décidais-je de prendre mon téléphone pour contacter mes frères afin de les mettre en garde, même si je savais qu’il y avait peu de chance pour qu’ils m’écoutent. Surtout Tommy. Il était aussi têtu et borné que Patrick, et ce n’était pas peu dire. Mais j’espérais que cette fois il me prendrait au sérieux, ne serait-ce que pour la sécurité de Rebecca. Enfin quand je voyais qu’il continuait de courir après les criminels en entraînant sa fille à sa suite, j’avais peu d’espoir. Aussi une fois que je leur eus laissé des messages, contactais-je la police locale pour leur demander d’assurer une surveillance discrète sur mes frères en leur expliquant la situation. Dès que j’eus prononcé le nom de RedJohn, je fus assurée de leur entière coopération.
Soulagée, je recommençais mes allers-retours en me demandant pour la millionième fois si j’avais pris la bonne décision en dissimulant l’existence de cette photo à Patrick. Mais j’avais beau retourné le problème dans ma tête, je ne trouvais pas de solutions convenables. Cette photo n’avait pas d’autre raison d’être que de faire souffrir Patrick, de le torturer avec le souvenir de ce que sa bravade avait coûter à sa famille. Et je savais que dès lors que Patrick poserait le regard sur le visage épanoui de sa précieuse petite fille, il n’aurait plus qu’une envie. Retrouver RedJohn et le tuer. Et je ne le voulais pas. A aucuns prix. Je ne voulais pas le perdre de cette façon. Pourtant j’avais conscience que s’il découvrait ce que je lui avais sciemment caché, je le perdrais. Cette trahison, même si elle servait de nobles objectifs, me coûterait la confiance de Patrick et par là-même notre histoire naissante. Mais si pour le garder en vie et en sécurité, je devais accepter de le voir s’éloigner de moi, alors c’était un prix que j’étais prête à payer.
L’arrivée en trombe d’Elora dans mon bureau me tira de mes sombres pensées, et je n’eus que le temps de me retourner qu’elle m’avait déjà sauter au cou. Instinctivement, je la serais dans mes bras, heureuse de sa présence. Relevant la tête, je fus surprise de ne pas voir apparaître Patrick dans l’encadrement de la porte, mais Elora l’avait sûrement distancé dans les couloirs. Amusée je constatais que ses couettes avaient été refaites de travers et que des boucles folles s’en échappaient. Dans une grimace, Elora attrapa son ardoise et m’apprit que Patrick cuisinait bien mais qu’il était nul pour attacher les cheveux. En riant, je récupérais la petite brosse que je gardais dans mon sac à main et entreprenais de recoiffer convenablement cette jeune demoiselle tout en lui racontant quelques anecdotes concernant Patrick qui devait avoir les oreilles qui sifflent à force. Mais ça avait le mérite de faire rire Elora. Sentant une présence dans mon dos, je relevais la tête et souriais en découvrant la présence de Patrick.
Mais mon sourire se fana lorsque Patrick m’adressa un regard glacial qui me fit froid dans le dos. Jamais encore il ne m’avait regardé comme ça. Surprise et blessée, je le suivais du regard et tressaillais en le voyant déposer une enveloppe et un dossier avec le logo de la scientifique. Et en éclair je comprenais qu’il avait tout découvert. Et sans surprise, il m’en voulait. J’avais beau m’être attendue à une telle réaction de sa part, cela n’en fit pas moins mal pour autant. J’avais voulu le protéger d’une nouvelle douleur inutile, mais bien sûr, monsieur ne le voyait pas comme ça. En soupirant, l’appétit coupé, je grignotais pour ne pas faire de peine à Elora tout en lançant de fréquents regards à Patrick qui s’obstinait à bouder et à fuir mon regard. Et je sentis une colère sourde montée en moi. S’il voulait faire sa tête de mule et se poser en victime, grand bien lui fasse, mais je ne m’aplatirais pas devant lui. Je ne m’excuserais pas de l’aimer au point de vouloir le préserver de lui-même.
Le repas terminé, je décidais d’emporter le dossier à la maison, me rappelant qu’Heightower ne voulait pas voir Elora traîner dans les bureaux. Et puis si Patrick et moi devions nous expliquer, autant que cela se fasse loin des oreilles indiscrètes des autres agents. Prenant une profonde inspiration et affichant un sourire de façade, j’annonçais donc à Elora que nous pouvions rentrer à la maison. Avec un grand sourire, elle sauta sur ses pieds et se rua dans les bureaux pour dire au revoir à l’équipe, nous laissant seuls Patrick et moi. Comme il continuait de se murer dans un silence boudeur, je décidais de l’ignorer à mon tour et sans lui prêter la moindre attention, rassemblait mes affaires, avant de me diriger vers la porte de mon bureau pour prévenir mon équipe de la suite des évènements.
« Bien, je vais étudier ces dossiers chez moi. Vous savez ce que vous avez à faire. Grace occupez-vous de l’ordinateur de Caldwell, et vous les gars, allez l’interrogez. Une nuit en cellule lui aura peut-être délier la langue » déclarais-je en espérant qu’ils ne remarqueraient pas mon trouble grandissant.
« Bien boss » acquiesça Grace en se mettant immédiatement à la tâche.
« Nous y allons de ce pas. Nous vous ferons parvenir le compte-rendu de l’interrogatoire » déclara Cho dont le regard perçant passa de Patrick à moi, comme s’il avait perçu la tension qui existait entre nous.
D’un hochement de tête approbateur, je faisais signe à Elora que nous pouvions y aller, et toujours en ignorant Patrick, la suivait jusqu’aux ascenseurs. La tension dans cet espace clos était tellement perceptible qu’elle émettait des vibrations négatives qui finirent par atteindre Elora. Fronçant les sourcils et perdant son sourire, elle leva la tête vers nous, cherchant à comprendre si elle avait fait quelque chose qui nous avait déplu. Percevant son malaise, et m’en voulant de l’inquiéter inutilement, je lui souriais tendrement afin de la rassurée. Indécise, elle regarda Patrick qui adopta la même attitude, et Elora se détendit, en concluant probablement que notre tension concernait des problèmes de grand et n’avait rien à voir avec elle. L’espace d’un instant, mon regard croisa celui de Patrick, et je frémis de nouveau devant la froideur qu’il affichait, et l’espace d’un instant j’eus l’impression de me retrouver bien des années plus tôt, devant le Patrick Jane que je ne supportais pas. Et ce constat me fit bien plus mal que n’importe quoi d’autre.
Je soupirais de soulagement lorsque je me retrouvais seule au volant de ma voiture. Ce répit me permettrait de mettre de l’ordre dans mes idées et surtout de me blindée contre la discussion à venir. Je connaissais suffisamment Patrick pour savoir qu’il n’hésiterait pas à se montrer odieux et blessant pour cacher sa propre douleur. Et puisqu’il ne pouvait s’en prendre directement à RedJohn pour le moment, c’était moi qui allait faire les frais de sa colère et de son impuissance. Et je savais que nous sortirions tout deux blessés de cette discussion. Mais il n’y avait rien que je puisse faire pour l’empêcher. Tout ce que je pouvais faire, c’était d’essayer de garder mon calme et de ne pas répondre aux provocations de Patrick. Ce qui serait sans nul doute plus facile à dire qu’à faire. En soupirant, je surveillais que Patrick ne suivait bien, mais la présence d’Elora dans sa voiture m’assurait qu’il ne me fausserait pas compagnie, ce qui d’une certaine manière aurait sûrement été la solution la moins blessante.
Le trajet jusque chez moi ne me parut jamais plus court qu’en ces instants, mais je me voyais mal faire un détour pour gagner du temps. Et puis je n’étais pas du genre à fuir devant les difficultés. Non, j’avais appris très jeune à les affrontées sans jamais baisser la tête. J’étais une combattante, et si Patrick n’en avait pas encore pleinement conscience, il allait l’apprendre à ses dépends. Me garant dans mon allée, je quittais ma voiture au moment où Patrick s’y engagea à son tour, et un sourire étira mes lèvres en voyant Elora en sortir comme une tornade, sans même attendre que la petite voiture soit garée convenablement. Arrivée devant la porte, elle se tourna vers moi, me faisant signe de me dépêchée, ce que je fis en étouffant un rire. Mais alors que je la rejoignais pour lui ouvrir la porte, un frisson semblable à celui de ce matin me traversa, et je retournais brutalement pour scruter la rue. J’aurais juré que quelqu’un nous épiait, mais j’eus beau observer attentivement les alentours, je ne décelais rien qui sorte de l’habituel.
« Un problème ? » m’interrogea Patrick en suivant mon regard.
Pour seule réponse, je secouais la tête négativement et entrais dans la maison, Patrick sur les talons.
**********
Patrick et Teresa avaient beau me sourire et agir comme si tout allait bien, je sentais que quelque chose avait changé entre eux. Durant tout le repas, j’avais senti un malaise grandir entre eux, et j’avais vu la colère envahir les yeux de Teresa, remplaçant la tristesse alors que ceux de Patrick se refroidissaient progressivement. Tout cela je l’avais déjà vécu avant la mort de papa. Sauf que Teresa était papa et que Patrick était maman. Mais la situation était la même et je savais comment ça allait se terminer. Dans les cris et les pleurs. Et je ne voulais pas. Je ne voulais pas que tout recommence. Finalement, maman avait raison. Tout était de ma faute. Patrick et Teresa étaient heureux avant mon arrivée. Et maintenant, ils se regardaient comme s’ils se détestaient. Comme s’il n’y avait plus d’amour entre eux. Juste du vide. Et je voulais qu’ils soient comme avant, comme quand je les surprenais à se faire des bisous d’amoureux. Mais comment faire ? J’avais essayé d’aider papa et maman et j’avais été punie.
Ça avait été la première fois que maman m’avait enfermée dans le placard de ma chambre. Papa s’était mis dans une colère noire, et nous étions partis loin. Mais il y avait eu l’accident. Et maman avait dit que tout était de ma faute. Que sans moi, papa serait encore là. Et maintenant, Patrick et Teresa se comportaient comme eux. Et je ne voulais pas que Patrick meurt. Ou que Teresa meurt. Alors dès qu’on arriva chez Teresa, je courus jusqu’à la porte et dès que Teresa m’eut ouvert, je me précipitais dans les escaliers, attrapais mon doudou sur le lit et courais m’enfermer dans le placard. Peut-être que si je restais cachée, ils ne seraient plus fâchés et se réconcilieraient. Peut-être qu’ils ne crieraient pas. Remontant mes genoux contre ma poitrine, je serrais mon doudou contre moi et me mettais à chantonner doucement pour oublier qu’il faisait noir, et que j’avais encore tout gâché. Pour oublier qu’en bas, Patrick et Teresa se disputaient. Pour oublier que la vie ça faisait mal, et que peut-être maman avait raison en disant que je n’aurais pas dû survivre à l’accident.
Des cris me firent sursauter, et je me mettais à trembler. Je me bouchais les oreilles pour ne plus les entendre, mais c’était peine perdue. La voix colérique de Patrick me parvenait comme s’il se trouvait à côté de moi, et celle de Teresa vibrait tellement de rage que je la reconnaissais à peine. Ils se hurlaient dessus, comme s’ils faisaient un concours de celui qui crierait le plus fort et dirait le plus de méchanceté. Et soudain, ce fut le silence. Tremblante, des larmes silencieuses coulant sur mes joues, je m’agenouillais dans ma cachette et tendais l’oreille, le cœur battant. Ce silence était encore plus angoissant que les cris. Le claquement d’une porte me fit violemment sursautée, et prise d’un mauvais pressentiment, je me ruais hors de ma cachette. Mais dans ma précipitation, je me prenais les pieds dans le tapis et m’écroulais au sol. Indifférente à la douleur qui irradiait de mes genoux et de mes paumes, je me relevais et courais à la fenêtre. Juste à temps pour voir Patrick monter dans sa voiture et partir loin de nous. Un cri inarticulé s’échappa de mes lèvres et je me laissais tomber par terre, pleurant de toutes mes forces.
« Patrick ! » criais-je en pleurant de plus belle, laissant ma tête cognée contre le sol.
Je me roulais en boule par terre, serrant mon doudou contre moi, laissant les larmes coulées sur mes joues. Maintenant que Patrick était parti, Teresa allait m’abandonner elle aussi. Pourquoi voudrait-elle encore de moi alors que par ma faute Patrick l’avait quitté ? Elle allait m’accusé comme maman avant elle. Un gémissement m’échappa, et je sursautais lorsque des bras m’entourèrent, me soulevant de terre. Prise de panique, je me débattais, frappant et griffant, mais les bras ne me lâchèrent pas. Tournant la tête, j’aperçus le visage de Teresa, et je constatais qu’elle avait les yeux rouges. Elle avait pleuré visiblement. Cessant de me débattre, je me laissais faire, attendant les reproches et les insultes. Mais rien ne vint. Au lieu de ça, Teresa m’allongea sur mon lit et s’adossa contre la tête avant de m’attirer à elle. Elle plaça une de ses mains dans mes cheveux qu’elle se mit à caresser, et elle commença à me chanter une chanson.
Courage Petite Sœur,
Fais un vœu chaque fois que tu pleures,
Redresses-toi au lieu d’avoir peur,
Quelqu’un t’attends là-bas….
Souris Petite Sœur,
Même quand tu as envie d’avoir peur,
Le bonheur est tout près, il existe,
Quelqu’un t’attends là-bas….
Garde toujours une prière dans ta poche,
Et tu y verras plus clair,
Ne t’en fais pas la nuit s’en va,
Ne vois pas le monde à l’envers….
Confiance Petite Sœur,
Tes espoirs seront réalité,
Il te faut du courage Petite Sœur,
Quelqu’un viendra pour t’aimer….
Les paroles de cette chanson tirées de Bernard et Bianca, et le doux son de la voix de Teresa m’apaisèrent, et je me laissais progressivement emporter par une douce et réconfortante torpeur. Blottie dans les bras de Teresa, je soupirais de soulagement en découvrant qu’elle ne semblait pas m’en vouloir. Et encore une fois, je m’en voulus de l’avoir comparée à maman. Teresa n’était pas comme elle. En fait, elles étaient aussi différentes que la nuit et le jour. Maman était grande, blonde et glaciale. Teresa était petite, brune et chaleureuse. Maman étai égoïste là où Teresa était généreuse. Oui, Teresa était différente, et je m’en voulais d’avoir fait d’elle le monstre de mes cauchemars. Elle ne le méritait pas alors qu’elle avait été si gentille avec moi. Comme pour me faire pardonner, je passais mes bras autour de son cou et me serrais fort contre elle, souriant lorsqu’elle me rendit mon étreinte. Si Teresa n’était pas fâchée contre moi, c’est que je n’avais rien fait de mal. Alors pourquoi s’était-elle disputée avec Patrick ? Et pourquoi était-il parti en nous laissant seule ? J’aurais aimé lui posé la question, mais je ne voulais pas lui faire plus de peine.
« Tu as faim ? » me demanda Teresa au bout d’un long moment de silence, et rouvrant les yeux, je constatais que le jour s’achevait déjà.
Je n’avais pas vu le temps passé tant mon chagrin avait été grand. Je secouais la tête négativement, ne voulant pas quitté ma chambre et les bras rassurants de Teresa.
« Non… moi non plus je n’ai pas faim… » souffla-t-elle en reprenant sa caresse dans mes cheveux.
Elle avait l’air si triste, et j’espérais que Patrick allait vite revenir et qu’il la consolerait. Il m’avait dit que les bras de Teresa étaient magiques, mais je savais que pour Teresa, c’était ceux de Patrick qui l’étaient, et que lui seul parviendrait à lui rendre le sourire.
Chapitre 30
Dernière édition par iliana le Dim 19 Fév 2012 - 13:45, édité 2 fois
iliana- Distributeur de café
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
une suite...
Un petit miracle de fin d'année pour ce chapitre
Mes espoirs de voir un peu de calme dans le couple Jane/Lisbon sont partis en fumée
Mais quel passage
La tension est palpable dans chaque phrase...et au final on ne peut qu'approuver Jane. Il n'y aura pas de vie possible tant que sera vivant... Malheureusement la petite Elora subit les conséquences de cette traque infernale...
Une petite suite bientôt
Un petit miracle de fin d'année pour ce chapitre
Mes espoirs de voir un peu de calme dans le couple Jane/Lisbon sont partis en fumée
Mais quel passage
La tension est palpable dans chaque phrase...et au final on ne peut qu'approuver Jane. Il n'y aura pas de vie possible tant que sera vivant... Malheureusement la petite Elora subit les conséquences de cette traque infernale...
Une petite suite bientôt
Johel- In Jane we trust
- Personnage préféré : Jane et Cho
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Une suite !!! Trop bien !! Toujours aussi prenante ta fic, je dévore les chapitres sans les voir passer ! Les points de vue intérieurs sont toujours aussi bien menés ! Bravo !
Bien évidemment, tout se passait trop bien, il fallait qu'un grain de sable vienne enrayer le tout ! La faute à RJ encore ...
Bien évidemment, tout se passait trop bien, il fallait qu'un grain de sable vienne enrayer le tout ! La faute à RJ encore ...
Cdt63- Gardien du parking
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Non non, vous ne rêvez pas, c'est bien moi, et avec une suite en plus !
Merci à celles qui continuent de lire cette fic. J'essayerais de ne pas trop vous faire attendre pour la suite, mais je suis en période de partiels (d'ailleurs je devrais réviser au lieu de fofoter ), donc je l'écris dès que possible...
Sur ce, bonne lecture
Chapitre 30 :
Chapitre 31
Merci à celles qui continuent de lire cette fic. J'essayerais de ne pas trop vous faire attendre pour la suite, mais je suis en période de partiels (d'ailleurs je devrais réviser au lieu de fofoter ), donc je l'écris dès que possible...
Sur ce, bonne lecture
Chapitre 30 :
J’avais encore du mal à croire que je l’avais poussée à bout au point qu’elle me gifle. Et elle n’y était pas allé de main morte, c’était le moins que l’on puisse dire. Ma joue me brûlait, et j’étais sûr que si je m’observais dans une glace, je verrais l’empreinte de la main de Teresa incrustée sur ma joue. J’avais été odieux avec elle, et je réalisais alors que je roulais comme un fou sur la route qui me ramenait chez moi, que j’avais de la chance qu’elle se soit contentée de me gifler. Parce que j’avais un peu trop tendance à oublier un détail capital. Elle était armée et savait se servir de son arme. Et furieuse comme elle l’était, je n’aurais pas été surpris de la voir dégainer pour me descendre. Rageur, je frappais du poing mon volant, ignorant la douleur que j’en ressentis. Ce n’était rien comparé à celle que je venais d’infliger à Teresa. Après un tel comportement, je savais qu’elle ne voudrait plus entendre parler de moi. Et lorsque l’affaire RedJohn serait classée, je partirais, la laissant enfin tranquille. Un étau enserra mon cœur à l’idée de ne plus la voir, mais il était trop tard pour faire marche arrière.
J’avais laissé RedJohn faire ce que je m’étais juré d’éviter. S’immiscer dans ma relation avec Teresa. J’avais à nouveau laissé ma rage et ma haine envers lui prendre le dessus, occultant tout le reste. Et le couperet s’était abattu au-dessus de ma tête. J’avais perdu Teresa, et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. C’était moi qui m’étais laissé manipuler comme une de ses marionnettes. Je n’étais qu’un imbécile songeais-je en me garant devant chez moi. En traînant des pieds, je pénétrais dans cette demeure que je connaissais par cœur, mais qui en cet instant me paraissait étrangère, presque hostile. Ma maison se trouvait chez Teresa. Et je savais que plus jamais je n’aurais l’impression d’être chez moi. En soupirant, je faisais quelques pas dans le salon avant de me figer, les sens aux aguets. Quelqu’un était venu ici, chaque fibre de mon être me le criait. Prudemment, j’avançais dans la pièce, mais qui que soit la personne qui était venu me rendre une petite visite, elle n’était plus là. Tournant sur moi-même, je cherchais s’il manquait quoi que ce soit, mais ne remarquait rien d’inhabituel, si ce n’est peut-être quelques photos de famille déplacées.
Inutile d’être voyant pour deviner qui était la personne qui s’était introduit chez moi. Un grondement de rage m’échappa, et je frappais du poing dans le mur, grimaçant en entendant mes articulations craquées. Me passant une main lasse dans les cheveux, je grimpais les escaliers pour aller prendre une douche. J’y verrais peut-être plus clair après ça. Mais alors que j’atteignais l’étage, je me figeais, le pied en l’air, incapable d’esquisser le moindre mouvement. La porte de la chambre de Charlotte était ouverte, et de la musique s’en échappait, comme si ma fille s’y trouvait. Le cœur au bord des lèvres, je prenais une profonde inspiration et réussissais à reprendre le contrôle de mon corps. Alors voilà pourquoi RedJohn était venu ici. Pour enfoncer le clou et me mettre à terre. Parce qu’il ne faisait aucun doute dans mon esprit que ce que j’allais trouver derrière la porte entrouverte de la chambre de ma petite princesse allait me détruire. Déjà, de découvrir la sublime adolescente qu’elle aurait dû devenir m’avait brisé le cœur pour la seconde fois, je ne survivrais pas à un second rappel de ce qu’aurait dû être ma vie.
Pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’avancer, comme pousser par une force invisible qui m’entraînant vers la vision cauchemardesque qui m’attendait. Comme dans un rêve, je levais lentement la main et poussais contre le chêne de la porte, mes doigts frôlant les lettres du prénom de mon bébé. Et l’espace d’un instant, j’eus l’impression d’halluciner. Il y avait une adolescente dans cette chambre. Assise au bureau de Charlotte, elle semblait faire ses devoirs. Un nouvel air commença, et comme hypnotisé, j’avançais doucement dans la pièce avant de me figer en réalisant que cette jeune fille était trop immobile pour que sa position soit naturelle. Et je compris que qui qu’elle soit, elle était morte. Je devais sortir. Maintenant. Et je devais appeler les gars. Si je touchais à quoi que ce soit, je risquais d’effacer de précieux indices qui pourraient peut-être nous mener jusqu’à RedJohn. Sans quitter la chevelure bouclée et soyeuse de cette adolescente, je reculais pas à pas, mes pieds semblant lestés de plomb.
Comment alors que cette jeune fille était morte, cette pièce pouvait-elle respirer la sérénité ? RedJohn avait toujours été très doué pour la mise en scène, mais là il s’était donné beaucoup de mal, et le résultat était troublant de réalisme. Continuant de reculer, je me heurtais à la rembarre de l’escalier et parvenait enfin à détourner mes yeux de cette jeune fille qui aurait pu être la mienne. Et alors que je m’élançais vers les escaliers, mon cœur fit une embardée en constatant que la porte de cette chambre dont je n’avais plus franchis le seuil depuis très longtemps était entrouverte, et que s’en échappait des effluves parfumées que j’aurais reconnu au milieu d’une foule malodorante. Le parfum d’Angela. Les mains moites et les jambes flageolantes, j’oubliais l’idée de prévenir les gars pour me diriger vers cette chambre. J’aurais du penser que si RedJohn avait tuer une adolescente qui ressemblait étrangement à Charlotte, il avait dû trouver la copie conforme de ma défunte épouse. D’une main tremblante, je poussais la porte et me statufiais en découvrant une beauté blonde endormie dans mon lit. Angela.
Mais je me reprenais bien vite. Angela était morte. Tout comme cette jeune femme dont le seul crime était d’être le portrait craché de ma femme. Le cœur au bord des lèvres, je sentis mes jambes se dérobées sous le poids de mon corps, et je me laissais tomber à terre, terrassé par le poids de la douleur et de la culpabilité. C’était parce que j’avais été incapable de trouver la véritable identité de RedJohn et de le mettre hors d’état de nuire que ces deux femmes étaient mortes. C’était de ma faute. J’avais échoués, et elles l’avaient payé de leurs vies, tout comme ma famille avant elles. Dévasté, je restais là, à fixer le visage de cette jeune femme, serein dans la mort. Etrangement, il n’y avait aucune trace de sang nulle part. Et je n’avais pas encore aperçut le funeste smiley. Ce détail me fit réagir. Intrigué, je me redressais tant bien que mal et décidais de parcourir les autres pièces de ma maison afin de découvrir si RedJohn m’avait réservé d’autres surprises. Le connaissant, et au vue de ce qu’il m’avait déjà réservé, je m’attendais au pire.
Mais avant toutes choses, je devais prévenir les gars et leur dire de venir avec une équipe de la scientifique. Attendre plus longtemps ne ferait que permettre à RedJohn de prendre de l’avance et de commettre d’autres crimes. Me saisissant de mon cellulaire, je contactais donc Cho, priant pour que Rigsby et lui aient terminé d’interroger Caldwell. Le téléphone de Cho sonna si longtemps dans le vide que je crus qu’il ne décrocherait pas, mais alors que je m’apprêtais à mettre un terme à la communication pour appeler Van Pelt, la voix de Cho retentit à l’autre bout de la ligne.
« Cho » lança-t-il, et quelque chose dans sa voix m’alarma.
« Que se passe-t-il ? » m’enquérais-je en fronçant les sourcils.
« Caldwell est mort. Il a été abattu dans la salle d’interrogatoire avant que nous puissions reprendre » soupira-t-il d’un ton lugubre.
« Il était devenu gênant pour RedJohn » remarquais-je en me passant une main agacée sur le nuque.
« J’ai demandé les caméras de surveillance, mais je doute que nous y trouvions quoi que ce soit… » poursuivit l’asiatique.
« En parlant de RedJohn, il faudrait que vous veniez chez moi, il m’a laissé un souvenir de son passage… » déclarais-je en me rappelant le but de mon appel.
« Il est venu chez toi? » s’inquiéta immédiatement Cho, et je l’entendis appeler Rigsby et lui demander de réunir une équipe sur le champ.
« Oui, et il a fait deux nouvelles victimes… » déclarais-je d’un ton sombre.
« Nous arrivons, et surtout ne touches à rien ! » s’exclama Cho avant de raccrocher.
« Comme si j’avais besoin qu’on me le dise ! » grommelais-je en m’éloignant des chambres pour ne pas revoir les dernières victimes connues de RedJohn.
Redescendant les escaliers, je me dirigeais machinalement vers mon bureau, avant de me figer une nouvelle fois en constatant que la porte de ce dernier était entrouverte et que la lumière était allumée. Une sueur froide me remonta la colonne vertébrale en imaginant ce qui pouvait m’attendre derrière cette porte. Prenant une profonde inspiration, je poussais d’une main fébrile le battant, et mon cœur s’emballa devant la scène qui s’offrit à mon regard. Il y avait des photos de Teresa partout, et sur chacune d’elles, un smiley sanglant recouvrait son visage. Je sentis la nausée m’envahir en voyant que sur un mur, RedJohn avait écrit avec du sang frais un message qui me fit violemment frissonné.
« Ta femme et ta fille ne t’ont pas suffit. Pourras-tu survivre à sa mort ? Pourras-tu te pardonner de ne pas avoir été là ? »
Non pas ça. Tout mais pas ça. Paniqué à l’idée qu’il soit trop tard, je me ruais vers la sortie au moment où l’équipe arrivait toute sirène hurlante.
« Cho ! vite il va s’en prendre à Teresa ! » criais-je en me ruant vers eux.
Comprenant ce qu’il en était, Cho et Rigsby remontèrent aussitôt en voiture alors que la scientifique prenait d’assaut ma maison, et je m’empressais de monter au moment où Cho faisait demi-tour et prenait le chemin de chez Teresa à vive allure.
OoOoOoOoOoOoOo
Je me réveillais en sursaut, le cœur battant la chamade, et le corps secoué de tremblements. Le souffle haletant, je jetais un regard près de moi, et souriais en découvrant Elora profondément endormie, mais mon sourire se fana en voyant la trace de ses larmes sur ses joues pâles. Elle n’aurait jamais dû entendre la dispute qui nous avait opposés Patrick et moi. Ce souvenir accentua mes tremblements, et je me passais une main tremblante sur le visage pour tenter de m’éclaircir les idées. J’avais frappé Patrick. Moi qui m’étais promis de ne pas me laisser dominée par mes sentiments avais échoué lamentablement. Mais Patrick avait été tellement abjecte, que j’avais agit instinctivement, et la gifle avait claquée dans l’air avant que je prenne la pleine mesure de mon geste. Un silence de plomb avait suivit, et la condamnation que j’avais lu dans le regard de Patrick m’avait plus blessée que les paroles que nous avions échangées. Mon geste impulsif condamnait plus sûrement que quoique ce soit notre relation.
Inerte, brisée par la douleur, j’étais restée sans réaction alors qu’il était partit en claquant la porte. Figée dans ma souffrance, j’étais demeurée au milieu de mon salon, le regard braqué sur l’endroit qu’il avait occupé quelques instants plus tôt, je n’avais repris pied dans la réalité qu’au moment où un hurlement désespéré avait retentit à mes oreilles. Surprise, j’avais mis plusieurs minutes avant de réussir à identifier la source de ce son. Pâlissant dangereusement, je m’étais ruée à l’étage, le cœur serré par la culpabilité. Comment avions-nous pus nous laissés aller au point d’oublier jusqu’à la présence d’Elora ? Elora qui avait crié ! Elora qui avait parlé. Le spectacle que j’avais découvert m’avait brisé le cœur, et j’avais passé les heures suivantes à la réconfortée. Mais j’avais senti que tout comme moi, seul le retour de Patrick près de nous pourrait lui rendre le sourire. Finalement, aussi épuisées l’une que l’autre, nous avions toutes deux sombrées dans un sommeil tourmenté. Et je me réveillais avec la désagréable impression d’être observée, comme si une menace pesait sur nous. Tout les sens aux aguets, je me redressais sur le lit, veillant à ne pas réveiller Elora.
Tout me paraissait calme, mais mon instinct me soufflait que je devais rester sur mes gardes, que je n’étais pas en sécurité. Très loin dans le ciel, j’entendais le tonnerre grondé et se rapproché, signe que l’orage allait bientôt éclater. Mais la lourdeur de l’air n’était pas due à l’atmosphère électrique du dehors. Non, c’était chez moi que la tempête semblait prête à s’abattre, et chaque fibre de mon être me soufflait d’être prudente. Et soudain je l’entendis. Ce n’était qu’un son ténu, à peine un frôlement, mais il m’apprit qu’un intrus avait pénétrer chez moi. Et en un éclair je compris. Je compris que le plan de RedJohn avait fonctionné à la perfection. Il n’avait pas seulement voulu torturer Patrick. Il avait voulu l’éloigner d’ici. Quel meilleur moyen de remporter définitivement la partie qu’en nous tuant Elora et moi comme il avait tuer sa femme ? Jamais Patrick ne se pardonnerait de ne pas avoir été là pour nous protéger, pour empêcher RedJohn de nous faire du mal. Et RedJohn le savait parfaitement. Mais je n’étais pas Angela. Je ne me laisserais pas faire sans me battre.
Retournant vers le lit, je secouais doucement Elora et lorsqu’elle se réveilla enfin, je lui fis signe de ne pas faire de bruit. Immédiatement, l’inquiétude remplaça le sommeil sur son visage, et elle acquiesça gravement de la tête. Tenant fermement sa poupée d’une main et s’accrochant de l’autre à la mienne, elle se leva, et se laissa guidée vers la porte de sa chambre que j’entrebâillais doucement pour scruter l’obscurité du couloir. Mais il faisait trop sombre pour que j’y vois quoique ce soit, et allumer la lumière serait le meilleur moyen de nous faire repérer. RedJohn était encore au rez-de-chaussée, je l’entendais se déplacer aussi silencieusement que possible dans la maison, mais l’obscurité jouait contre lui, et même s’il était déjà venu ici, il ne connaissait pas cette maison comme moi. Je devais profiter de ce qu’il était encore en bas pour gagner la chambre d’amis. La fenêtre de celle-ci donnait sur le toit du garage. Je pourrais y mettre Elora en sécurité avant de venir régler son compte à RedJohn une bonne fois pour toute.
Je savais que l’affronter seule n’était pas forcément la meilleure idée du siècle, mais je ne pouvais pas prendre le risque qu’il trouve Elora, ou bien que lassé de nous chercher en vain, il disparaisse de nouveau dans la nature. Je devais profiter de ce qu’il était venu jusque chez moi pour l’arrêter et l’empêcher de nuire une bonne fois pour toute. Et peut-être que si je l’arrêtais, peut-être que si je le faisais sortir de nos vies à jamais, Patrick ne serait plus en colère et qu’il me reviendrait. Je savais que c’était idiot de penser à ça dans de pareilles circonstances, mais je ne pouvais pas m’en empêcher, et penser à Patrick me donnait la force dont j’avais besoin. Rapidement, j’entraînais Elora vers la chambre, de l’autre côté du couloir, et aussi silencieuses que deux chats, nous nous y faufilâmes. Elora me suivait sans protester, me faisant visiblement entièrement confiance pour la protégée. La porte soigneusement fermée, je l’entraînais vers la fenêtre que j’ouvris en grand avant de sauter souplement sur le toit, remerciant le tonnerre de gronde suffisamment fort pour étouffer les bruits que j’aurais pu faire.
Sans perdre de temps, je me retournais pour tendre les bras à Elora, qui avait compris ce que j’attendais d’elle et s’était déjà assise sur le rebord de la fenêtre. Vraiment intelligente cette petite, mais ça ne me surprenait pas qu’après tout ce qu’elle avait du traverser, elle soit plus mature et maligne que les autres petites filles de son âge. L’attrapant sous les aisselles, je la déposais à côté de moi avant de l’entraîner vers la lucarne du garage. Trop étroite pour que j’y passe, mais Elora n’aurait aucunes difficultés à s’y faufilée.
« Ecoutes-moi Elora. Tu vas prendre mon portable. Dès que tu es en bas, tu cours jusque la maison des Sanders en bas de la rue, et tu appelles Patrick » déclarais-je en lui confiant mon cellulaire.
« Non, viens avec moi… » protesta-t-elle d’une voix légèrement rauque.
Pas étonnant si l’on savait qu’elle n’avait pas parler depuis la mort de son père. J’aurais aimé la serrer dans mes bras au son de sa voix, mais ce n’était pas le moment. Nous fêterions ça dignement lorsque tout serait terminé. En attendant, elle devait faire ce que je lui avais dit.
« Je sais que tu as peur ma chérie, mais la lucarne est trop petite pour que je m’y faufile. Tu es la seule à pouvoir le faire » déclarais-je sans lui dire ce que je comptais faire.
« Mais… » protesta-t-elle en me lançant un regard incertain.
« Tu dois aller chercher du secours ma chérie. J’ai confiance en toi, tu y arriveras » la rassurais-je en lui caressant tendrement la joue.
Avec un soupir tremblant, Elora se jeta dans mes bras, me serrant de toute la force de ses petits bras avant de se faufiler agilement par la lucarne et sauter souplement sur le sol, et je songeais que faire poser ce faux plafond avait été une bonne idée finalement. Je suivais la progression d’Elora jusqu’à ce qu’elle s’engouffre dans l’escalier et que je ne la perde de vue. Rapidement, je me précipitais vers le bord du toit et scrutais l’allée jusqu’à ce que je la vois apparaître et courir jusqu’à la barrière sous laquelle elle passa. Rassurée sur son sort, retournais vers la maison au moment où les premières gouttes d’eau se mettaient à tombées. Repassant par la fenêtre, je m’immobilisais tentant de déterminé où se trouvait l’ennemi, mais l’orage se trouvant juste au-dessus de nos têtes, je ne percevais plus aucuns bruits venant de la maison. J’allais devoir redoubler de prudence. Prenant une profonde inspiration, je réfléchissais rapidement aux options qui s’offraient à moi. Mon arme se trouvait en bas, et je pouvais prendre le risque d’aller la cherchée, mais s’il nous avait espionné, il avait déjà anticiper, et je trouverais place vide.
Les armes à feu n’étaient pas son arme de prédilection, mais avec un tueur aussi imprévisible que RedJohn, il fallait que je reste sur mes gardes. Il pouvait bien décider de me tirer dessus pour m’immobiliser, ou juste pour jouer avec moi. Il était bien assez sadique pour ça. Une chose était sûre, je ne pouvais pas rester ici. C’était trop risqué pour Elora. Si jamais il comprenait ce que j’avais fait, il risquait de changer d’avis et de partir à sa recherche. Cette idée me fit avancer vers la porte que j’ouvrais prudemment. Une fois certaine que la voie était libre, je m’avançais vers les escaliers. Je ne comprenais mon erreur qu’au moment où j’entendis des pas derrière moi. Mais avait que je ne puisse réagir et m’échapper, je sentis un violent coup dans le bas de mon dos, et je vis avec horreur les marches de mon escaliers venir à ma rencontre. Je serrais les dents en sentant ma tête heurtée violemment le bois des escaliers avant de me sentir emporter par l’élan et de faire une roulade, mon épaule rencontrant dans un craquement douloureux le mur, et j’allais m’aplatir comme une crêpe sur le sol de l’entrée.
Sonnée, la vision trouble, je sentais le sol vibré contre mon visage et j’ouvrais difficilement les yeux pour voir une ombre menaçante s’approchée de moi. Mais mon corps refusait de m’obéir, et je ne pouvais rien faire d’autre que de rester là, me maudissant de ne pas avoir été plus méfiante. Je me sentais soulevé, avant d’être déposé sur ce que je pensais être mon canapé. Allait-il me tuer ici ? Me torturerait-il avant ? Ma seule consolation était qu’Elora était en sécurité et que Patrick ne tarderait pas à arriver. Trop tard pour me sauver, mais suffisamment tôt pour arrêter RedJohn. En plus, il aurait une excuse toute trouvée pour l’abattre.
« Où avez-vous cacher ce petit ange blond ? » s’enquérait RedJohn, et le timbre de sa voix me parut familier.
Ouvrant difficilement les yeux, je tentais de me concentrée sur lui, mais ma tête me tournait affreusement, et je ne parvenais qu’à voir une image déformée de lui.
« Je sens que je vais prendre grand plaisir à m’occuper de vous. Encore plus qu’avec cette douce et innocente Angela » ajoutait-il en exhibant un couteau que je reconnaissais comme étant un des miens.
J’avais laissé RedJohn faire ce que je m’étais juré d’éviter. S’immiscer dans ma relation avec Teresa. J’avais à nouveau laissé ma rage et ma haine envers lui prendre le dessus, occultant tout le reste. Et le couperet s’était abattu au-dessus de ma tête. J’avais perdu Teresa, et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. C’était moi qui m’étais laissé manipuler comme une de ses marionnettes. Je n’étais qu’un imbécile songeais-je en me garant devant chez moi. En traînant des pieds, je pénétrais dans cette demeure que je connaissais par cœur, mais qui en cet instant me paraissait étrangère, presque hostile. Ma maison se trouvait chez Teresa. Et je savais que plus jamais je n’aurais l’impression d’être chez moi. En soupirant, je faisais quelques pas dans le salon avant de me figer, les sens aux aguets. Quelqu’un était venu ici, chaque fibre de mon être me le criait. Prudemment, j’avançais dans la pièce, mais qui que soit la personne qui était venu me rendre une petite visite, elle n’était plus là. Tournant sur moi-même, je cherchais s’il manquait quoi que ce soit, mais ne remarquait rien d’inhabituel, si ce n’est peut-être quelques photos de famille déplacées.
Inutile d’être voyant pour deviner qui était la personne qui s’était introduit chez moi. Un grondement de rage m’échappa, et je frappais du poing dans le mur, grimaçant en entendant mes articulations craquées. Me passant une main lasse dans les cheveux, je grimpais les escaliers pour aller prendre une douche. J’y verrais peut-être plus clair après ça. Mais alors que j’atteignais l’étage, je me figeais, le pied en l’air, incapable d’esquisser le moindre mouvement. La porte de la chambre de Charlotte était ouverte, et de la musique s’en échappait, comme si ma fille s’y trouvait. Le cœur au bord des lèvres, je prenais une profonde inspiration et réussissais à reprendre le contrôle de mon corps. Alors voilà pourquoi RedJohn était venu ici. Pour enfoncer le clou et me mettre à terre. Parce qu’il ne faisait aucun doute dans mon esprit que ce que j’allais trouver derrière la porte entrouverte de la chambre de ma petite princesse allait me détruire. Déjà, de découvrir la sublime adolescente qu’elle aurait dû devenir m’avait brisé le cœur pour la seconde fois, je ne survivrais pas à un second rappel de ce qu’aurait dû être ma vie.
Pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’avancer, comme pousser par une force invisible qui m’entraînant vers la vision cauchemardesque qui m’attendait. Comme dans un rêve, je levais lentement la main et poussais contre le chêne de la porte, mes doigts frôlant les lettres du prénom de mon bébé. Et l’espace d’un instant, j’eus l’impression d’halluciner. Il y avait une adolescente dans cette chambre. Assise au bureau de Charlotte, elle semblait faire ses devoirs. Un nouvel air commença, et comme hypnotisé, j’avançais doucement dans la pièce avant de me figer en réalisant que cette jeune fille était trop immobile pour que sa position soit naturelle. Et je compris que qui qu’elle soit, elle était morte. Je devais sortir. Maintenant. Et je devais appeler les gars. Si je touchais à quoi que ce soit, je risquais d’effacer de précieux indices qui pourraient peut-être nous mener jusqu’à RedJohn. Sans quitter la chevelure bouclée et soyeuse de cette adolescente, je reculais pas à pas, mes pieds semblant lestés de plomb.
Comment alors que cette jeune fille était morte, cette pièce pouvait-elle respirer la sérénité ? RedJohn avait toujours été très doué pour la mise en scène, mais là il s’était donné beaucoup de mal, et le résultat était troublant de réalisme. Continuant de reculer, je me heurtais à la rembarre de l’escalier et parvenait enfin à détourner mes yeux de cette jeune fille qui aurait pu être la mienne. Et alors que je m’élançais vers les escaliers, mon cœur fit une embardée en constatant que la porte de cette chambre dont je n’avais plus franchis le seuil depuis très longtemps était entrouverte, et que s’en échappait des effluves parfumées que j’aurais reconnu au milieu d’une foule malodorante. Le parfum d’Angela. Les mains moites et les jambes flageolantes, j’oubliais l’idée de prévenir les gars pour me diriger vers cette chambre. J’aurais du penser que si RedJohn avait tuer une adolescente qui ressemblait étrangement à Charlotte, il avait dû trouver la copie conforme de ma défunte épouse. D’une main tremblante, je poussais la porte et me statufiais en découvrant une beauté blonde endormie dans mon lit. Angela.
Mais je me reprenais bien vite. Angela était morte. Tout comme cette jeune femme dont le seul crime était d’être le portrait craché de ma femme. Le cœur au bord des lèvres, je sentis mes jambes se dérobées sous le poids de mon corps, et je me laissais tomber à terre, terrassé par le poids de la douleur et de la culpabilité. C’était parce que j’avais été incapable de trouver la véritable identité de RedJohn et de le mettre hors d’état de nuire que ces deux femmes étaient mortes. C’était de ma faute. J’avais échoués, et elles l’avaient payé de leurs vies, tout comme ma famille avant elles. Dévasté, je restais là, à fixer le visage de cette jeune femme, serein dans la mort. Etrangement, il n’y avait aucune trace de sang nulle part. Et je n’avais pas encore aperçut le funeste smiley. Ce détail me fit réagir. Intrigué, je me redressais tant bien que mal et décidais de parcourir les autres pièces de ma maison afin de découvrir si RedJohn m’avait réservé d’autres surprises. Le connaissant, et au vue de ce qu’il m’avait déjà réservé, je m’attendais au pire.
Mais avant toutes choses, je devais prévenir les gars et leur dire de venir avec une équipe de la scientifique. Attendre plus longtemps ne ferait que permettre à RedJohn de prendre de l’avance et de commettre d’autres crimes. Me saisissant de mon cellulaire, je contactais donc Cho, priant pour que Rigsby et lui aient terminé d’interroger Caldwell. Le téléphone de Cho sonna si longtemps dans le vide que je crus qu’il ne décrocherait pas, mais alors que je m’apprêtais à mettre un terme à la communication pour appeler Van Pelt, la voix de Cho retentit à l’autre bout de la ligne.
« Cho » lança-t-il, et quelque chose dans sa voix m’alarma.
« Que se passe-t-il ? » m’enquérais-je en fronçant les sourcils.
« Caldwell est mort. Il a été abattu dans la salle d’interrogatoire avant que nous puissions reprendre » soupira-t-il d’un ton lugubre.
« Il était devenu gênant pour RedJohn » remarquais-je en me passant une main agacée sur le nuque.
« J’ai demandé les caméras de surveillance, mais je doute que nous y trouvions quoi que ce soit… » poursuivit l’asiatique.
« En parlant de RedJohn, il faudrait que vous veniez chez moi, il m’a laissé un souvenir de son passage… » déclarais-je en me rappelant le but de mon appel.
« Il est venu chez toi? » s’inquiéta immédiatement Cho, et je l’entendis appeler Rigsby et lui demander de réunir une équipe sur le champ.
« Oui, et il a fait deux nouvelles victimes… » déclarais-je d’un ton sombre.
« Nous arrivons, et surtout ne touches à rien ! » s’exclama Cho avant de raccrocher.
« Comme si j’avais besoin qu’on me le dise ! » grommelais-je en m’éloignant des chambres pour ne pas revoir les dernières victimes connues de RedJohn.
Redescendant les escaliers, je me dirigeais machinalement vers mon bureau, avant de me figer une nouvelle fois en constatant que la porte de ce dernier était entrouverte et que la lumière était allumée. Une sueur froide me remonta la colonne vertébrale en imaginant ce qui pouvait m’attendre derrière cette porte. Prenant une profonde inspiration, je poussais d’une main fébrile le battant, et mon cœur s’emballa devant la scène qui s’offrit à mon regard. Il y avait des photos de Teresa partout, et sur chacune d’elles, un smiley sanglant recouvrait son visage. Je sentis la nausée m’envahir en voyant que sur un mur, RedJohn avait écrit avec du sang frais un message qui me fit violemment frissonné.
« Ta femme et ta fille ne t’ont pas suffit. Pourras-tu survivre à sa mort ? Pourras-tu te pardonner de ne pas avoir été là ? »
Non pas ça. Tout mais pas ça. Paniqué à l’idée qu’il soit trop tard, je me ruais vers la sortie au moment où l’équipe arrivait toute sirène hurlante.
« Cho ! vite il va s’en prendre à Teresa ! » criais-je en me ruant vers eux.
Comprenant ce qu’il en était, Cho et Rigsby remontèrent aussitôt en voiture alors que la scientifique prenait d’assaut ma maison, et je m’empressais de monter au moment où Cho faisait demi-tour et prenait le chemin de chez Teresa à vive allure.
OoOoOoOoOoOoOo
Je me réveillais en sursaut, le cœur battant la chamade, et le corps secoué de tremblements. Le souffle haletant, je jetais un regard près de moi, et souriais en découvrant Elora profondément endormie, mais mon sourire se fana en voyant la trace de ses larmes sur ses joues pâles. Elle n’aurait jamais dû entendre la dispute qui nous avait opposés Patrick et moi. Ce souvenir accentua mes tremblements, et je me passais une main tremblante sur le visage pour tenter de m’éclaircir les idées. J’avais frappé Patrick. Moi qui m’étais promis de ne pas me laisser dominée par mes sentiments avais échoué lamentablement. Mais Patrick avait été tellement abjecte, que j’avais agit instinctivement, et la gifle avait claquée dans l’air avant que je prenne la pleine mesure de mon geste. Un silence de plomb avait suivit, et la condamnation que j’avais lu dans le regard de Patrick m’avait plus blessée que les paroles que nous avions échangées. Mon geste impulsif condamnait plus sûrement que quoique ce soit notre relation.
Inerte, brisée par la douleur, j’étais restée sans réaction alors qu’il était partit en claquant la porte. Figée dans ma souffrance, j’étais demeurée au milieu de mon salon, le regard braqué sur l’endroit qu’il avait occupé quelques instants plus tôt, je n’avais repris pied dans la réalité qu’au moment où un hurlement désespéré avait retentit à mes oreilles. Surprise, j’avais mis plusieurs minutes avant de réussir à identifier la source de ce son. Pâlissant dangereusement, je m’étais ruée à l’étage, le cœur serré par la culpabilité. Comment avions-nous pus nous laissés aller au point d’oublier jusqu’à la présence d’Elora ? Elora qui avait crié ! Elora qui avait parlé. Le spectacle que j’avais découvert m’avait brisé le cœur, et j’avais passé les heures suivantes à la réconfortée. Mais j’avais senti que tout comme moi, seul le retour de Patrick près de nous pourrait lui rendre le sourire. Finalement, aussi épuisées l’une que l’autre, nous avions toutes deux sombrées dans un sommeil tourmenté. Et je me réveillais avec la désagréable impression d’être observée, comme si une menace pesait sur nous. Tout les sens aux aguets, je me redressais sur le lit, veillant à ne pas réveiller Elora.
Tout me paraissait calme, mais mon instinct me soufflait que je devais rester sur mes gardes, que je n’étais pas en sécurité. Très loin dans le ciel, j’entendais le tonnerre grondé et se rapproché, signe que l’orage allait bientôt éclater. Mais la lourdeur de l’air n’était pas due à l’atmosphère électrique du dehors. Non, c’était chez moi que la tempête semblait prête à s’abattre, et chaque fibre de mon être me soufflait d’être prudente. Et soudain je l’entendis. Ce n’était qu’un son ténu, à peine un frôlement, mais il m’apprit qu’un intrus avait pénétrer chez moi. Et en un éclair je compris. Je compris que le plan de RedJohn avait fonctionné à la perfection. Il n’avait pas seulement voulu torturer Patrick. Il avait voulu l’éloigner d’ici. Quel meilleur moyen de remporter définitivement la partie qu’en nous tuant Elora et moi comme il avait tuer sa femme ? Jamais Patrick ne se pardonnerait de ne pas avoir été là pour nous protéger, pour empêcher RedJohn de nous faire du mal. Et RedJohn le savait parfaitement. Mais je n’étais pas Angela. Je ne me laisserais pas faire sans me battre.
Retournant vers le lit, je secouais doucement Elora et lorsqu’elle se réveilla enfin, je lui fis signe de ne pas faire de bruit. Immédiatement, l’inquiétude remplaça le sommeil sur son visage, et elle acquiesça gravement de la tête. Tenant fermement sa poupée d’une main et s’accrochant de l’autre à la mienne, elle se leva, et se laissa guidée vers la porte de sa chambre que j’entrebâillais doucement pour scruter l’obscurité du couloir. Mais il faisait trop sombre pour que j’y vois quoique ce soit, et allumer la lumière serait le meilleur moyen de nous faire repérer. RedJohn était encore au rez-de-chaussée, je l’entendais se déplacer aussi silencieusement que possible dans la maison, mais l’obscurité jouait contre lui, et même s’il était déjà venu ici, il ne connaissait pas cette maison comme moi. Je devais profiter de ce qu’il était encore en bas pour gagner la chambre d’amis. La fenêtre de celle-ci donnait sur le toit du garage. Je pourrais y mettre Elora en sécurité avant de venir régler son compte à RedJohn une bonne fois pour toute.
Je savais que l’affronter seule n’était pas forcément la meilleure idée du siècle, mais je ne pouvais pas prendre le risque qu’il trouve Elora, ou bien que lassé de nous chercher en vain, il disparaisse de nouveau dans la nature. Je devais profiter de ce qu’il était venu jusque chez moi pour l’arrêter et l’empêcher de nuire une bonne fois pour toute. Et peut-être que si je l’arrêtais, peut-être que si je le faisais sortir de nos vies à jamais, Patrick ne serait plus en colère et qu’il me reviendrait. Je savais que c’était idiot de penser à ça dans de pareilles circonstances, mais je ne pouvais pas m’en empêcher, et penser à Patrick me donnait la force dont j’avais besoin. Rapidement, j’entraînais Elora vers la chambre, de l’autre côté du couloir, et aussi silencieuses que deux chats, nous nous y faufilâmes. Elora me suivait sans protester, me faisant visiblement entièrement confiance pour la protégée. La porte soigneusement fermée, je l’entraînais vers la fenêtre que j’ouvris en grand avant de sauter souplement sur le toit, remerciant le tonnerre de gronde suffisamment fort pour étouffer les bruits que j’aurais pu faire.
Sans perdre de temps, je me retournais pour tendre les bras à Elora, qui avait compris ce que j’attendais d’elle et s’était déjà assise sur le rebord de la fenêtre. Vraiment intelligente cette petite, mais ça ne me surprenait pas qu’après tout ce qu’elle avait du traverser, elle soit plus mature et maligne que les autres petites filles de son âge. L’attrapant sous les aisselles, je la déposais à côté de moi avant de l’entraîner vers la lucarne du garage. Trop étroite pour que j’y passe, mais Elora n’aurait aucunes difficultés à s’y faufilée.
« Ecoutes-moi Elora. Tu vas prendre mon portable. Dès que tu es en bas, tu cours jusque la maison des Sanders en bas de la rue, et tu appelles Patrick » déclarais-je en lui confiant mon cellulaire.
« Non, viens avec moi… » protesta-t-elle d’une voix légèrement rauque.
Pas étonnant si l’on savait qu’elle n’avait pas parler depuis la mort de son père. J’aurais aimé la serrer dans mes bras au son de sa voix, mais ce n’était pas le moment. Nous fêterions ça dignement lorsque tout serait terminé. En attendant, elle devait faire ce que je lui avais dit.
« Je sais que tu as peur ma chérie, mais la lucarne est trop petite pour que je m’y faufile. Tu es la seule à pouvoir le faire » déclarais-je sans lui dire ce que je comptais faire.
« Mais… » protesta-t-elle en me lançant un regard incertain.
« Tu dois aller chercher du secours ma chérie. J’ai confiance en toi, tu y arriveras » la rassurais-je en lui caressant tendrement la joue.
Avec un soupir tremblant, Elora se jeta dans mes bras, me serrant de toute la force de ses petits bras avant de se faufiler agilement par la lucarne et sauter souplement sur le sol, et je songeais que faire poser ce faux plafond avait été une bonne idée finalement. Je suivais la progression d’Elora jusqu’à ce qu’elle s’engouffre dans l’escalier et que je ne la perde de vue. Rapidement, je me précipitais vers le bord du toit et scrutais l’allée jusqu’à ce que je la vois apparaître et courir jusqu’à la barrière sous laquelle elle passa. Rassurée sur son sort, retournais vers la maison au moment où les premières gouttes d’eau se mettaient à tombées. Repassant par la fenêtre, je m’immobilisais tentant de déterminé où se trouvait l’ennemi, mais l’orage se trouvant juste au-dessus de nos têtes, je ne percevais plus aucuns bruits venant de la maison. J’allais devoir redoubler de prudence. Prenant une profonde inspiration, je réfléchissais rapidement aux options qui s’offraient à moi. Mon arme se trouvait en bas, et je pouvais prendre le risque d’aller la cherchée, mais s’il nous avait espionné, il avait déjà anticiper, et je trouverais place vide.
Les armes à feu n’étaient pas son arme de prédilection, mais avec un tueur aussi imprévisible que RedJohn, il fallait que je reste sur mes gardes. Il pouvait bien décider de me tirer dessus pour m’immobiliser, ou juste pour jouer avec moi. Il était bien assez sadique pour ça. Une chose était sûre, je ne pouvais pas rester ici. C’était trop risqué pour Elora. Si jamais il comprenait ce que j’avais fait, il risquait de changer d’avis et de partir à sa recherche. Cette idée me fit avancer vers la porte que j’ouvrais prudemment. Une fois certaine que la voie était libre, je m’avançais vers les escaliers. Je ne comprenais mon erreur qu’au moment où j’entendis des pas derrière moi. Mais avait que je ne puisse réagir et m’échapper, je sentis un violent coup dans le bas de mon dos, et je vis avec horreur les marches de mon escaliers venir à ma rencontre. Je serrais les dents en sentant ma tête heurtée violemment le bois des escaliers avant de me sentir emporter par l’élan et de faire une roulade, mon épaule rencontrant dans un craquement douloureux le mur, et j’allais m’aplatir comme une crêpe sur le sol de l’entrée.
Sonnée, la vision trouble, je sentais le sol vibré contre mon visage et j’ouvrais difficilement les yeux pour voir une ombre menaçante s’approchée de moi. Mais mon corps refusait de m’obéir, et je ne pouvais rien faire d’autre que de rester là, me maudissant de ne pas avoir été plus méfiante. Je me sentais soulevé, avant d’être déposé sur ce que je pensais être mon canapé. Allait-il me tuer ici ? Me torturerait-il avant ? Ma seule consolation était qu’Elora était en sécurité et que Patrick ne tarderait pas à arriver. Trop tard pour me sauver, mais suffisamment tôt pour arrêter RedJohn. En plus, il aurait une excuse toute trouvée pour l’abattre.
« Où avez-vous cacher ce petit ange blond ? » s’enquérait RedJohn, et le timbre de sa voix me parut familier.
Ouvrant difficilement les yeux, je tentais de me concentrée sur lui, mais ma tête me tournait affreusement, et je ne parvenais qu’à voir une image déformée de lui.
« Je sens que je vais prendre grand plaisir à m’occuper de vous. Encore plus qu’avec cette douce et innocente Angela » ajoutait-il en exhibant un couteau que je reconnaissais comme étant un des miens.
Chapitre 31
Dernière édition par iliana le Dim 19 Fév 2012 - 13:48, édité 2 fois
iliana- Distributeur de café
- Personnage préféré : Jane
Loisirs : Lire, écouter de la musique, écrire, me balader et regarder les séries TV...
Localisation : derrière mon écran d'ordinateur
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Quand tu reviens pour une suite tu ne fais pas les choses à moitié
Jane qui découvre des sosies de sa famille avant de réaliser que Lisbon est en danger...
Lisbon qui se retrouve en mauvaise posture face à
Tu as tes partiels mais tu ne peux pas nous laisser comme ça
Sinon l'attente va nous rendre
pour ce chapitre haletant !!!
Johel- In Jane we trust
- Personnage préféré : Jane et Cho
Loisirs : Lecture, ciné, jeux vidéo et suuuurf !
Localisation : près de l'océan
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Oui, je sais que j'arrive tard mais je commentes quand même
J'a-do-re .
J'a-do-re .
MelissaJane- Agent de circulation
- Personnage préféré : Jane
Loisirs : Regarder des séries
Localisation : Nord de la France
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Bon alors. Je viens de lire ta fic en entier, et le moins que je puisse dire....WOW
On passe de la aux en passant par
Bref, j'aime énormément ta façon d'écrire, les sentiments que tu fais passer, et la véracité des propos que tu tiens.
Avec tous ces compliments suscités, tu penses bien que je ne veuille qu'une chose... LA SUITE !!! :bounce:
On passe de la aux en passant par
Bref, j'aime énormément ta façon d'écrire, les sentiments que tu fais passer, et la véracité des propos que tu tiens.
Avec tous ces compliments suscités, tu penses bien que je ne veuille qu'une chose... LA SUITE !!! :bounce:
mococoa- Inspecteur de police
- Personnage préféré : Jane, Lisbon, Cho
Loisirs : sport, lecture (des fics entre autres), The Mentalist
Localisation : Dans mes rêves
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Bonsoir la compagnie !
Alors tout d'abord BONNE ANNÉE à tous
Ensuite, désolée pour l'attente, mais j'ai longuement hésitée sur une question importante : Qui est RJ??????
J'ai finalement opté pour une solution qui me paraissait plosible, mais comme vous le savez maintenant, je suis très en retard dans le visionnage des épisodes de la série (j'en suis encore à la saison 1), donc je m'excuse d'avance si l'identité que j'ai retenue ne paraît pas réaliste....
Sur ce, bonne lecture, et je préviens que le prochain chapitre sera le dernier !
Bonne lecture
Chapitre 31 :
Chapitre 32
Alors tout d'abord BONNE ANNÉE à tous
Ensuite, désolée pour l'attente, mais j'ai longuement hésitée sur une question importante : Qui est RJ??????
J'ai finalement opté pour une solution qui me paraissait plosible, mais comme vous le savez maintenant, je suis très en retard dans le visionnage des épisodes de la série (j'en suis encore à la saison 1), donc je m'excuse d'avance si l'identité que j'ai retenue ne paraît pas réaliste....
Sur ce, bonne lecture, et je préviens que le prochain chapitre sera le dernier !
Bonne lecture
Chapitre 31 :
Plus nous approchions de chez Teresa, plus je sentais mon inquiétude croître. Et je ne pouvais m’empêcher de songer qu’il était trop tard, qu’encore une fois j’avais échoué à protéger ma famille. Je serais l’unique responsable si jamais il était arrivé malheur à Teresa et Elora. La sonnerie de mon téléphone me sortait de mes sombres pensées, et je sentais mon cœur faire un salto dans ma poitrine en découvrant que l’appel provenait de Teresa.
« Teresa ? Tout va bien ? Où es-tu ? Nous arrivons avec les gars ! » déclarais-je en décrochant précipitamment.
Mais mes espoirs s’écroulèrent en entendant des sanglots étouffés à l’autre bout de la ligne. Les sanglots d’une fillette.
« Elora ? C’est toi ma princesse ? Où es-tu ? » l’interrogeais-je avant de me baffer.
« Teresa m’a dit de sortir de la maison. IL est là Patrick, tu dois venir vite ! » me répondait-elle enfin entre deux sanglots.
« Oh mon Dieu ! Nous sommes presque là ma puce, tout va bien aller ! » soufflais-je en sentant ma joie d’entendre la voix d’Elora pour la première fois se mêlée à mon angoisse de savoir Teresa entre les mains de RedJohn.
« Que se passe-t-il Jane ? » s’enquérait Rigsby visiblement aussi inquiet que je l’étais.
« Teresa a réussi à faire sortir Elora, mais elle est entre les mains de ce monstre à présent » expliquais-je en posant ma main sur mon téléphone pour qu’Elora n’entende pas notre discussion.
Cho ne faisait aucun commentaire, mais je le voyais se raidir, et il accélérait un peu plus.
« Ecoutes moi Elora. Reste dans ta cachette. Nous t’appellerons quand tout sera fini » déclarais-je fermement en priant pour qu’elle m’obéisse.
« D’accord Patrick, mais viens vite me chercher ! » soufflait-elle d’une toute petite voix qui me sera le cœur.
« Je te le promets ma puce. Soit une courageuse petite fille. Pense à tout ce que nous ferons tout les trois quand nous viendrons te chercher. » la rassurais-je en me promettant que je ferais tout pour arranger les choses avec Teresa.
Je poussais un soupir de soulagement lorsque je vis Cho se garer en bas de la rue de Teresa. Sans perdre une minute, je sortais de la voiture, et sans tenir compte des appels de Cho, je m’élançais vers sa maison en passant par les jardins afin de ne pas me faire repérer. Je ne m’arrêtais que lorsque j’atteignais la cabane que j’avais construite à Elora et qui me servait de refuge providentiel.
« Je dois raccrocher maintenant ma chérie, mais je fais vite je te le promets » déclarais-je en me rappelant qu’Elora était toujours en ligne.
« D’accord… Je t’aime Patrick… » soufflait-elle d’un ton hésitant.
« Je t’aime aussi princesse » répondais-je la gorge nouée par l’émotion.
Maintenant que je savais qu’Elora était à l’abri, je devais me concentré sur Teresa. Mais n’était-ce pas déjà trop tard ? Je ne devais pas penser à ça. Et puis j’étais certain que je le saurais s’il lui était arrivé malheur, comme j’avais eu une mauvaise intuition le jour où ma vie avait basculée par la faute de ce monstre. Teresa était en vie, et elle le resterait. Prenant une profonde inspiration, je m’assurais que je ne pouvais pas être aperçut de la maison avant de m’élancer à toutes jambes vers la porte de la cuisine qui, comme je l’avais prévu, n’était pas fermée. Aussi silencieusement que possible, je pénétrais dans la maison, et m’immobilisais, cherchant à déterminer où se trouvait RedJohn, et surtout où était Teresa. Un bruit sourd attira mon attention, et je m’avançais prudemment vers le salon. Et mon cœur s’arrêta en découvrant l’horrible spectacle. De mon poste d’observation, je n’apercevais que la tête de Teresa. Elle était allongée sur le canapé, ses longs cheveux répandus autour de son visage maculé de sang.
Et au-dessus d’elle était penché un homme dont je n’apercevais pas le visage, mais dont je ne doutais pas une seconde de l’identité. Il tenait dans sa main le couteau à trancher de Teresa dont la lame rougeoyait doucement. De temps en temps, je voyais la lame plongée vers le corps de Teresa qui gémissait douloureusement à chaque assaut. Je devais agir, et vite parce qu’elle ne tiendrait pas longtemps à ce rythme-là. J’avais l’avantage de la surprise, et je devais conserver celui-ci. Alors me reculant doucement, je rebroussais chemin et me rendais dans le garage, priant pour que l’arme de secours de Teresa se trouve toujours dans le coffre de sa voiture. Je supposais que si elle ne s’était pas servie de son arme de service, c’était que RJ l’avait prise d’avance. En plus de son couteau, il était donc armer. Je devrais donc doublement me méfier de lui. Même si les glocks n’étaient pas son arme de prédilection, il pourrait bien décider de faire une exception pour moi s’il se sentait pris au piège.
Veillant à ne pas faire de bruit, je récupérais l’arme dans le coffre, et après m’être assuré qu’il était bien chargé, je rebroussais chemin vers le salon. Un éclair zébra le ciel, me faisant sursauter, et la pièce fut nimbée d’une lumière inquiétante. Hâtant le pas, craignant que RJ se soit lassé de jouer avec Teresa, je soupirais de soulagement en constatant qu’il avait arrêté son petit jeu. Le son de sa voix me glaça. Non, c’était impossible. Ca ne pouvait pas être lui. Il ne pouvait pas m’en vouloir au point de tuer sa propre petite-fille. Et pourtant cette voix. Je ne l’avais pas entendue depuis bien longtemps, mais je la reconnaîtrais entre mille. Mais si je regardais les choses en face, mon père avait toujours aimé me contrôler, et il n’avait pas apprécié que je parte pour épouser Angela. Et puis nous étions des gens du voyage, quel meilleur moyen de tuer sans attirer l’attention ? Tétanisé, je restais sans réaction.
« Jane n’aurait pas dû me défier. Il aurait du être mon successeur, mais au lieu de ça il a choisit de me trahir. D’abord en épousant cette sainte nitouche, puis en travaillant avec vous. Mais il est temps de mettre un terme à ce jeu et qu’il comprenne enfin que je suis le meilleur » déclara-t-il, et je comprenais que mon père était RedJohn.
Comment avais-je fait pour ne pas le comprendre plus tôt ? J’avais grandi à ses côtés, et je l’avais toujours vu manipuler les gens pour les ranger de son côté. Quant aux femmes il les séduisait lorsqu’elles pouvaient lui être d’une quelconque utilité avant de les jetées comme des kleenex usagés. C’est en le voyant lever son couteau, que je comprenais que je devais agir maintenant pour l’empêcher de tuer Teresa sous mes yeux.
« Lâche ce couteau ! » criais-je en me décalant pour qu’il me voit.
« Te voilà enfin mon fils … » souriait-il en baissant son bras avant de retirer son masque et de dévoiler son visage.
Son visage si semblable au mien. Même nos voix se ressemblaient. Et pourtant nous avions deux personnalités totalement opposées. Le Bien et le Mal.
« Ecartes-toi de Teresa » déclarais-je en continuant de le menacer de mon arme.
« Reviens à la raison mon fils, accepte ton héritage, et je te pardonnerais » répliquait mon père sans bouger d’un centimètre.
« Tu as tué mon bébé et ma femme. Et tu t’en prends aujourd’hui à celle que j’aime. Tu as raison, il est temps de mettre un terme à cette mascarade, mais ce ne sera pas de la façon que tu crois ! » répliquais-je avec mépris.
« Allons Patrick, nous savons tout deux que tu n’oseras pas me tuer, tu n’en as pas le cran… » ricana-t-il en levant de nouveau son couteau.
Paniqué, je quittais ma cible des yeux pour regarder Teresa, et un reflet sur le champ droit me fit relever les yeux. Et je compris mon erreur en voyant l’arme de Teresa dans la main de mon père. L’orage gronda, un éclair traversa le ciel, et une double détonation retentit dans le silence devenu lourd du salon. Une violente douleur me fit me plier en deux de douleur, et je lâchais mon arme qui glissa sur le parquet. Tombant à genoux, un gémissement de douleur s’échappant de mes lèvres, je levais les yeux pour constater que mon père avait lâché l’arme lui aussi, mais que contrairement à moi, il tenait encore sur ses jambes. Bien que blessé, il se redressa lentement, et un sourire victorieux et narquois naquit sur ses lèvres.
« J’avais raison. En plus d’être un lâche, tu es un piètre tireur ! » se moqua-t-il en me narguant de la pointe de son couteau avant de reprendre « Tu vas mourir, mais avant tu vas la regarder mourir en sachant que tu es responsable de sa mort ! »
OoOoOoOoOoOoOoOoOo
Je savais que j’aurais dû obéir à Teresa et qu’elle serait en colère en découvrant que je n’avais pas fait ce qu’elle voulait, mais j’avais eu trop peur. Et puis je me sentais à l’abri ici malgré l’orage qui grondait toujours plus fort. J’avais sursautée violemment en entendant quelqu’un dehors, mais le téléphone collé à l’oreille, j’avais compris que c’était Patrick, et j’avais été soulagée. Il arrangerait tout. Blottie dans l’angle de ma petite maison, je tentais d’entendre ce qu’il se passait dans la maison, mais l’orage m’en empêchais. Mais soudain, un bruit encore plus effrayant que le grondement du tonnerre me fit sursauter. Ce bruit le j’avais déjà entendu à la télé. C’était le son d’un coup de feu. Paniquée, je sautais sur mes pieds, et sans réfléchir, je courrais vers la maison comme j’avais vu Patrick le faire plus tôt et entrais dans la cuisine. La peur au ventre, je marchais doucement pour ne pas faire craquer les lattes du parquet, même si je doutais qu’avec le bruit que faisait l’orage dehors, qui que ce soit dns cette maison m’entendrait.
J’avais l’impression que le ciel déversait toute sa fureur sur nos têtes, comme s’il avait emmagasiné tellement de sentiments négatifs, qu’il ne pouvait plus faire autrement que d’explosé afin de se purifié et de laisser à nouveau la place au soleil. J’aimais bien l’orage d’habitude, mais pas celui-là. Peut-être parce que j’avais l’impression qu’une fois qu’il serait terminé, je constaterais que ma vie avait de nouveau été chamboulée. Et je ne voulais pas. Je voulais que les choses restent comme ça. Je voulais rester avec Teresa et Patrick, et ne jamais les quittés. Mais ça n’arriverait pas, pas si IL leur avait fait du mal. Continuant d’avancer, je remarquais un objet qui luisait faiblement au sol pour mieux voir ce dont il s’agissait, et réalisais que c’était une arme.
« Tu ne dis rien ? Tu n’essayes pas de me raisonner, d’échanger ta misérable existence contre la sienne ? » entendis-je une voix qui me rappela celle de Patrick, mais en beaucoup plus froide.
Terrifiée, j’attrapais l’arme et la serrais fermement entre mes mains. Peut-être que j’arriverais à la donnée à Patrick ou à Teresa ? Lentement, effrayée de ce que je découvrirais, je parcourais les derniers mètres qui me séparaient de cette voix digne d’un méchant de dessin animé. Et ce que j’apercevais faillit me faire hurler. Teresa était allongée sur son canapé, le corps couvert de blessures qui saignaient, et près de l’entrée, j’apercevais Patrick à genoux qui se tenait le ventre comme s’il était blessé lui aussi. Et il y avait un homme debout à côté de Teresa, un couteau dans une main. Il était de dos, mais je n’avais pas besoin de voir son visage pour savoir que c’était bien LUI. Je cherchais quoi faire. Je tentais de faire signe à Patrick pour qu’il me dise quoi faire, mais il semblait ne pas me voir. Quant à Teresa, elle avait l’air évanouie. Soudain, comme au ralenti, je le vis lever le bras, et je comprenais qu’il était sur le point de tuer Teresa. Je ne pouvais pas le laisser faire ça. Pas alors que je n’avais pas pu protéger Matthew. Ca ne devait pas recommencer.
Sans réfléchir, guidée par la peur de voir les évènements se reproduire, je levais les bras et appuyais sur la détente de toutes mes forces au moment où IL baissait le bras. La détonation raisonna à mes oreilles, me perçant les tympans, et je le vis se figé alors qu’une tâche rouge grandissait dans son dos. Il se retourna très lentement vers moi, et je retenais un cri d’étonnement. Il ressemblait tellement à Patrick que s’en était perturbant. Il était plus vieux, mais ils étaient identiques tout les deux. Il avança doucement vers moi, une expression incrédule sur le visage, et je me reculais jusqu’à buter contre le mur. Un sourire sadique aux lèvres, il continua sa lente avancée, son couteau toujours en mains. Ce n’est que lorsqu’il le leva dans ma direction que je pressais à nouveau sur la détente. Le choc provoqué par l’impact de la balle le fit reculé de quelques pas, et il s’arrêta enfin. Tremblante, je l’observais, l’arme toujours pointée vers lui, craignant qu’il ne revienne à l’attaque, mais il restait là, à me regarder comme s’il n’arrivait pas à croire ce qui venait d’arriver.
Le tintement sinistre du couteau sur le sol en bois me fit sursauter, et je vis RedJohn tomber à genoux, une main sur sa poitrine, comme pour stopper le flot de sang, puis il s’écroula au sol sans jamais me quitter des yeux. Incapable de détacher mon regard de lui, je vis la vie s’échapper de lui et son regard se ternir. Et ce n’est qu’en comprenant qu’il était mort, que je me laissais glisser contre le sol, sans lâcher l’arme de Teresa, comme si je n’étais pas certaine que tout danger soit écarté. Je restais là, les yeux fixés sur la tâche rouge qui grandissait toujours sur la chemise blanche de cet homme, tant et si bien qu’elle déborda sur le sol. Instinctivement, je me reculais, comme si cette tâche pouvait m’atteindre. Est-ce que le mal était contagieux ? Deviendrais-je aussi mauvaise que lui si son sang m’atteignait ? L’étais-je déjà comme le prétendait maman ? Après tout, je venais de tuer un homme, et je n’en éprouvais qu’un immense soulagement. Alors je devais forcément être une mauvais personne moi aussi.
Je ne réagissais pas lorsque la porte de la maison s’ouvrit avec fracas, et que des voix me parvinrent comme dans un brouillard, pas plus que lorsque quelqu’un m’enleva l’arme des mains.
« C’est la gamine qui a tiré… »
« Elle va être traumatisée à vie…. »
« Il faut les conduire à l’hôpital… »
« Ils ont perdus beaucoup de sang… »
« Il n’y a plus une minute à perdre…. »
« Les services sociaux vont venir récupérer la petite plus tard dans la soirée… »
J’écoutais toutes ces discussions sans vraiment en comprendre le sens. Tout s’embrouillait dans ma tête, et toujours ce bruit assourdissant qui raisonnait comme un écho en moi. Je me sentis soulevée, mais je n’avais pas la force de me débattre, et je me laissais faire, n’ayant aucune réaction. Je me sentais détachée de tout, enfermée dans mon monde intérieure, là où rien ni personne ne pouvait m’atteindre et me faire du mal, comme après la mort de papa. L’on m’allongea sur un brancard, et la dernière chose que je vis avant que les portes de l’ambulance ne se referment, ce fut Jane qui se relevait difficilement pour murmurer quelque chose à Teresa, allongée près de lui avant de retomber sur son brancard, inconscient.
« Teresa ? Tout va bien ? Où es-tu ? Nous arrivons avec les gars ! » déclarais-je en décrochant précipitamment.
Mais mes espoirs s’écroulèrent en entendant des sanglots étouffés à l’autre bout de la ligne. Les sanglots d’une fillette.
« Elora ? C’est toi ma princesse ? Où es-tu ? » l’interrogeais-je avant de me baffer.
« Teresa m’a dit de sortir de la maison. IL est là Patrick, tu dois venir vite ! » me répondait-elle enfin entre deux sanglots.
« Oh mon Dieu ! Nous sommes presque là ma puce, tout va bien aller ! » soufflais-je en sentant ma joie d’entendre la voix d’Elora pour la première fois se mêlée à mon angoisse de savoir Teresa entre les mains de RedJohn.
« Que se passe-t-il Jane ? » s’enquérait Rigsby visiblement aussi inquiet que je l’étais.
« Teresa a réussi à faire sortir Elora, mais elle est entre les mains de ce monstre à présent » expliquais-je en posant ma main sur mon téléphone pour qu’Elora n’entende pas notre discussion.
Cho ne faisait aucun commentaire, mais je le voyais se raidir, et il accélérait un peu plus.
« Ecoutes moi Elora. Reste dans ta cachette. Nous t’appellerons quand tout sera fini » déclarais-je fermement en priant pour qu’elle m’obéisse.
« D’accord Patrick, mais viens vite me chercher ! » soufflait-elle d’une toute petite voix qui me sera le cœur.
« Je te le promets ma puce. Soit une courageuse petite fille. Pense à tout ce que nous ferons tout les trois quand nous viendrons te chercher. » la rassurais-je en me promettant que je ferais tout pour arranger les choses avec Teresa.
Je poussais un soupir de soulagement lorsque je vis Cho se garer en bas de la rue de Teresa. Sans perdre une minute, je sortais de la voiture, et sans tenir compte des appels de Cho, je m’élançais vers sa maison en passant par les jardins afin de ne pas me faire repérer. Je ne m’arrêtais que lorsque j’atteignais la cabane que j’avais construite à Elora et qui me servait de refuge providentiel.
« Je dois raccrocher maintenant ma chérie, mais je fais vite je te le promets » déclarais-je en me rappelant qu’Elora était toujours en ligne.
« D’accord… Je t’aime Patrick… » soufflait-elle d’un ton hésitant.
« Je t’aime aussi princesse » répondais-je la gorge nouée par l’émotion.
Maintenant que je savais qu’Elora était à l’abri, je devais me concentré sur Teresa. Mais n’était-ce pas déjà trop tard ? Je ne devais pas penser à ça. Et puis j’étais certain que je le saurais s’il lui était arrivé malheur, comme j’avais eu une mauvaise intuition le jour où ma vie avait basculée par la faute de ce monstre. Teresa était en vie, et elle le resterait. Prenant une profonde inspiration, je m’assurais que je ne pouvais pas être aperçut de la maison avant de m’élancer à toutes jambes vers la porte de la cuisine qui, comme je l’avais prévu, n’était pas fermée. Aussi silencieusement que possible, je pénétrais dans la maison, et m’immobilisais, cherchant à déterminer où se trouvait RedJohn, et surtout où était Teresa. Un bruit sourd attira mon attention, et je m’avançais prudemment vers le salon. Et mon cœur s’arrêta en découvrant l’horrible spectacle. De mon poste d’observation, je n’apercevais que la tête de Teresa. Elle était allongée sur le canapé, ses longs cheveux répandus autour de son visage maculé de sang.
Et au-dessus d’elle était penché un homme dont je n’apercevais pas le visage, mais dont je ne doutais pas une seconde de l’identité. Il tenait dans sa main le couteau à trancher de Teresa dont la lame rougeoyait doucement. De temps en temps, je voyais la lame plongée vers le corps de Teresa qui gémissait douloureusement à chaque assaut. Je devais agir, et vite parce qu’elle ne tiendrait pas longtemps à ce rythme-là. J’avais l’avantage de la surprise, et je devais conserver celui-ci. Alors me reculant doucement, je rebroussais chemin et me rendais dans le garage, priant pour que l’arme de secours de Teresa se trouve toujours dans le coffre de sa voiture. Je supposais que si elle ne s’était pas servie de son arme de service, c’était que RJ l’avait prise d’avance. En plus de son couteau, il était donc armer. Je devrais donc doublement me méfier de lui. Même si les glocks n’étaient pas son arme de prédilection, il pourrait bien décider de faire une exception pour moi s’il se sentait pris au piège.
Veillant à ne pas faire de bruit, je récupérais l’arme dans le coffre, et après m’être assuré qu’il était bien chargé, je rebroussais chemin vers le salon. Un éclair zébra le ciel, me faisant sursauter, et la pièce fut nimbée d’une lumière inquiétante. Hâtant le pas, craignant que RJ se soit lassé de jouer avec Teresa, je soupirais de soulagement en constatant qu’il avait arrêté son petit jeu. Le son de sa voix me glaça. Non, c’était impossible. Ca ne pouvait pas être lui. Il ne pouvait pas m’en vouloir au point de tuer sa propre petite-fille. Et pourtant cette voix. Je ne l’avais pas entendue depuis bien longtemps, mais je la reconnaîtrais entre mille. Mais si je regardais les choses en face, mon père avait toujours aimé me contrôler, et il n’avait pas apprécié que je parte pour épouser Angela. Et puis nous étions des gens du voyage, quel meilleur moyen de tuer sans attirer l’attention ? Tétanisé, je restais sans réaction.
« Jane n’aurait pas dû me défier. Il aurait du être mon successeur, mais au lieu de ça il a choisit de me trahir. D’abord en épousant cette sainte nitouche, puis en travaillant avec vous. Mais il est temps de mettre un terme à ce jeu et qu’il comprenne enfin que je suis le meilleur » déclara-t-il, et je comprenais que mon père était RedJohn.
Comment avais-je fait pour ne pas le comprendre plus tôt ? J’avais grandi à ses côtés, et je l’avais toujours vu manipuler les gens pour les ranger de son côté. Quant aux femmes il les séduisait lorsqu’elles pouvaient lui être d’une quelconque utilité avant de les jetées comme des kleenex usagés. C’est en le voyant lever son couteau, que je comprenais que je devais agir maintenant pour l’empêcher de tuer Teresa sous mes yeux.
« Lâche ce couteau ! » criais-je en me décalant pour qu’il me voit.
« Te voilà enfin mon fils … » souriait-il en baissant son bras avant de retirer son masque et de dévoiler son visage.
Son visage si semblable au mien. Même nos voix se ressemblaient. Et pourtant nous avions deux personnalités totalement opposées. Le Bien et le Mal.
« Ecartes-toi de Teresa » déclarais-je en continuant de le menacer de mon arme.
« Reviens à la raison mon fils, accepte ton héritage, et je te pardonnerais » répliquait mon père sans bouger d’un centimètre.
« Tu as tué mon bébé et ma femme. Et tu t’en prends aujourd’hui à celle que j’aime. Tu as raison, il est temps de mettre un terme à cette mascarade, mais ce ne sera pas de la façon que tu crois ! » répliquais-je avec mépris.
« Allons Patrick, nous savons tout deux que tu n’oseras pas me tuer, tu n’en as pas le cran… » ricana-t-il en levant de nouveau son couteau.
Paniqué, je quittais ma cible des yeux pour regarder Teresa, et un reflet sur le champ droit me fit relever les yeux. Et je compris mon erreur en voyant l’arme de Teresa dans la main de mon père. L’orage gronda, un éclair traversa le ciel, et une double détonation retentit dans le silence devenu lourd du salon. Une violente douleur me fit me plier en deux de douleur, et je lâchais mon arme qui glissa sur le parquet. Tombant à genoux, un gémissement de douleur s’échappant de mes lèvres, je levais les yeux pour constater que mon père avait lâché l’arme lui aussi, mais que contrairement à moi, il tenait encore sur ses jambes. Bien que blessé, il se redressa lentement, et un sourire victorieux et narquois naquit sur ses lèvres.
« J’avais raison. En plus d’être un lâche, tu es un piètre tireur ! » se moqua-t-il en me narguant de la pointe de son couteau avant de reprendre « Tu vas mourir, mais avant tu vas la regarder mourir en sachant que tu es responsable de sa mort ! »
OoOoOoOoOoOoOoOoOo
Je savais que j’aurais dû obéir à Teresa et qu’elle serait en colère en découvrant que je n’avais pas fait ce qu’elle voulait, mais j’avais eu trop peur. Et puis je me sentais à l’abri ici malgré l’orage qui grondait toujours plus fort. J’avais sursautée violemment en entendant quelqu’un dehors, mais le téléphone collé à l’oreille, j’avais compris que c’était Patrick, et j’avais été soulagée. Il arrangerait tout. Blottie dans l’angle de ma petite maison, je tentais d’entendre ce qu’il se passait dans la maison, mais l’orage m’en empêchais. Mais soudain, un bruit encore plus effrayant que le grondement du tonnerre me fit sursauter. Ce bruit le j’avais déjà entendu à la télé. C’était le son d’un coup de feu. Paniquée, je sautais sur mes pieds, et sans réfléchir, je courrais vers la maison comme j’avais vu Patrick le faire plus tôt et entrais dans la cuisine. La peur au ventre, je marchais doucement pour ne pas faire craquer les lattes du parquet, même si je doutais qu’avec le bruit que faisait l’orage dehors, qui que ce soit dns cette maison m’entendrait.
J’avais l’impression que le ciel déversait toute sa fureur sur nos têtes, comme s’il avait emmagasiné tellement de sentiments négatifs, qu’il ne pouvait plus faire autrement que d’explosé afin de se purifié et de laisser à nouveau la place au soleil. J’aimais bien l’orage d’habitude, mais pas celui-là. Peut-être parce que j’avais l’impression qu’une fois qu’il serait terminé, je constaterais que ma vie avait de nouveau été chamboulée. Et je ne voulais pas. Je voulais que les choses restent comme ça. Je voulais rester avec Teresa et Patrick, et ne jamais les quittés. Mais ça n’arriverait pas, pas si IL leur avait fait du mal. Continuant d’avancer, je remarquais un objet qui luisait faiblement au sol pour mieux voir ce dont il s’agissait, et réalisais que c’était une arme.
« Tu ne dis rien ? Tu n’essayes pas de me raisonner, d’échanger ta misérable existence contre la sienne ? » entendis-je une voix qui me rappela celle de Patrick, mais en beaucoup plus froide.
Terrifiée, j’attrapais l’arme et la serrais fermement entre mes mains. Peut-être que j’arriverais à la donnée à Patrick ou à Teresa ? Lentement, effrayée de ce que je découvrirais, je parcourais les derniers mètres qui me séparaient de cette voix digne d’un méchant de dessin animé. Et ce que j’apercevais faillit me faire hurler. Teresa était allongée sur son canapé, le corps couvert de blessures qui saignaient, et près de l’entrée, j’apercevais Patrick à genoux qui se tenait le ventre comme s’il était blessé lui aussi. Et il y avait un homme debout à côté de Teresa, un couteau dans une main. Il était de dos, mais je n’avais pas besoin de voir son visage pour savoir que c’était bien LUI. Je cherchais quoi faire. Je tentais de faire signe à Patrick pour qu’il me dise quoi faire, mais il semblait ne pas me voir. Quant à Teresa, elle avait l’air évanouie. Soudain, comme au ralenti, je le vis lever le bras, et je comprenais qu’il était sur le point de tuer Teresa. Je ne pouvais pas le laisser faire ça. Pas alors que je n’avais pas pu protéger Matthew. Ca ne devait pas recommencer.
Sans réfléchir, guidée par la peur de voir les évènements se reproduire, je levais les bras et appuyais sur la détente de toutes mes forces au moment où IL baissait le bras. La détonation raisonna à mes oreilles, me perçant les tympans, et je le vis se figé alors qu’une tâche rouge grandissait dans son dos. Il se retourna très lentement vers moi, et je retenais un cri d’étonnement. Il ressemblait tellement à Patrick que s’en était perturbant. Il était plus vieux, mais ils étaient identiques tout les deux. Il avança doucement vers moi, une expression incrédule sur le visage, et je me reculais jusqu’à buter contre le mur. Un sourire sadique aux lèvres, il continua sa lente avancée, son couteau toujours en mains. Ce n’est que lorsqu’il le leva dans ma direction que je pressais à nouveau sur la détente. Le choc provoqué par l’impact de la balle le fit reculé de quelques pas, et il s’arrêta enfin. Tremblante, je l’observais, l’arme toujours pointée vers lui, craignant qu’il ne revienne à l’attaque, mais il restait là, à me regarder comme s’il n’arrivait pas à croire ce qui venait d’arriver.
Le tintement sinistre du couteau sur le sol en bois me fit sursauter, et je vis RedJohn tomber à genoux, une main sur sa poitrine, comme pour stopper le flot de sang, puis il s’écroula au sol sans jamais me quitter des yeux. Incapable de détacher mon regard de lui, je vis la vie s’échapper de lui et son regard se ternir. Et ce n’est qu’en comprenant qu’il était mort, que je me laissais glisser contre le sol, sans lâcher l’arme de Teresa, comme si je n’étais pas certaine que tout danger soit écarté. Je restais là, les yeux fixés sur la tâche rouge qui grandissait toujours sur la chemise blanche de cet homme, tant et si bien qu’elle déborda sur le sol. Instinctivement, je me reculais, comme si cette tâche pouvait m’atteindre. Est-ce que le mal était contagieux ? Deviendrais-je aussi mauvaise que lui si son sang m’atteignait ? L’étais-je déjà comme le prétendait maman ? Après tout, je venais de tuer un homme, et je n’en éprouvais qu’un immense soulagement. Alors je devais forcément être une mauvais personne moi aussi.
Je ne réagissais pas lorsque la porte de la maison s’ouvrit avec fracas, et que des voix me parvinrent comme dans un brouillard, pas plus que lorsque quelqu’un m’enleva l’arme des mains.
« C’est la gamine qui a tiré… »
« Elle va être traumatisée à vie…. »
« Il faut les conduire à l’hôpital… »
« Ils ont perdus beaucoup de sang… »
« Il n’y a plus une minute à perdre…. »
« Les services sociaux vont venir récupérer la petite plus tard dans la soirée… »
J’écoutais toutes ces discussions sans vraiment en comprendre le sens. Tout s’embrouillait dans ma tête, et toujours ce bruit assourdissant qui raisonnait comme un écho en moi. Je me sentis soulevée, mais je n’avais pas la force de me débattre, et je me laissais faire, n’ayant aucune réaction. Je me sentais détachée de tout, enfermée dans mon monde intérieure, là où rien ni personne ne pouvait m’atteindre et me faire du mal, comme après la mort de papa. L’on m’allongea sur un brancard, et la dernière chose que je vis avant que les portes de l’ambulance ne se referment, ce fut Jane qui se relevait difficilement pour murmurer quelque chose à Teresa, allongée près de lui avant de retomber sur son brancard, inconscient.
Chapitre 32
Dernière édition par iliana le Dim 19 Fév 2012 - 13:50, édité 2 fois
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Quelle suite ! j'ai souvent pensé au père de Jane pour
Il connait son fils mieux que quiconque et pourrait ainsi le manipuler à loisir, surtout s'il a les mêmes capacités que son fils...
Les pensées d'Elora, son geste c'est
Tu ne peux pas les faire mourir et les séparer de cette merveilleuse petite fille
pour cette histoire incroyable
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Johel a écrit:
Quelle suite ! j'ai souvent pensé au père de Jane pour
Il connait son fils mieux que quiconque et pourrait ainsi le manipuler à loisir, surtout s'il a les mêmes capacités que son fils...
je suis tout à fait d'accord avec Johel sur ce point. J'ai aussi souvent pensé au père de Jane en guise de RJ.
Cette histoire est magnifique, et le point de vue de Elora... hallucinant!
Enfin bravo, vraiment!
Mais une petite faveur, stp...évite de les faire encore souffrir hein?
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Bonsoir fidèles lecteurs !
Merci à tout ceux qui m'ont lus jusqu'au bout, et surtout merci à ceux qui ont pris le temps de me commenter.
J'espère que ce dernier chapitre vous plaira.
Bonne lecture !
Chapitre 32 :
Merci à tout ceux qui m'ont lus jusqu'au bout, et surtout merci à ceux qui ont pris le temps de me commenter.
J'espère que ce dernier chapitre vous plaira.
Bonne lecture !
Chapitre 32 :
Cela faisait maintenant un mois qu’Elora avait été placée dans une famille d’accueil, et la douleur que j’éprouvais de l’avoir perdue était toujours aussi intense. Qui aurait cru que je m’attacherais autant à elle en si peu de temps. Elle avait marqué nos vies à jamais, et je savais qu’elle tiendrait toujours une place spéciale dans mon cœur. En soupirant, je me levais et allais prendre ma douche. Patrick et moi nous étions encore disputés à cause d’une broutille et il était resté dormir au CBI, comme avant. Le départ d’Elora l’avait beaucoup touché également et il s’était renfermé comme une huitre, refusant de se confier à moi, et la situation était devenue tendue entre nous, encore plus qu’elle ne l’était avant ce face à face fatal. Plus que jamais, nos chemins semblaient prendre des routes différentes. Le cœur serré, je prenais ma douche, priant pour que notre couple survive à tout ça.
N’ayant pas d’appétit, et surtout déprimant à l’idée de me préparer un petit déjeuner pour moi seule alors que j’aurais préféré en préparer un pour trois personnes, je quittais la maison le ventre vide. En ouvrant la portière de ma voiture, je me frappais la jambe contre, et grimaçais de douleur. J’étais sortie de l’hôpital au bout de quelques jours, mais certaines de mes blessures n’étaient pas encore tout à fait cicatrisées et me faisaient encore souffrir. Tout le monde s’accordait à dire que j’avais de la chance de m’en sortir à si bon compte, et je savais qu’ils avaient raison. Et pourtant, j’avais beaucoup perdu dans cette affaire. Elora pour commencer, qu’une assistante sociale avait déclarée traumatisée par cette histoire, et nous déclarant donc Patrick et moi inaptes à nous en occuper. Nous n’avions même pas le droit de venir la voir.
Ignorant la douleur de mes blessures, je grimpais en voiture et me rendais au bureau. Bien sûr, je n’avais pas encore l’autorisation de me rendre sur le terrain, mais je me faisais un devoir d’aller au bureau tout les matins afin de mettre mes dossiers à jours. Mais j’y allais aussi pour voir Patrick. Depuis qu’Elora avait été placée dans un foyer en attendant qu’elle soit jugée apte à l’adoption, il ne venait plus dormir à la maison. Tant qu’Elora avait été avec nous, il était revenu, ayant fait une promesse à la fillette, mais dès qu’elle était partie, il avait repris ses quartiers dans le gourbi qui lui servait de chez lui occasionnel. Alors ceux qui disaient que je m’en étais bien sortie ne savait pas de quoi ils parlaient. Parce qu’à cause de RJ et de ses manipulations, j’avais perdu Patrick, et j’en souffrais chaque jours un peu plus. D’ailleurs, j’appréhendais le jour où il nous annoncerait son départ.
Depuis que RJ était mort, je m’attendais à ce qu’il nous le dise, ou tout simplement à m’ apercevoir un matin qu’il était parti. Découvrir que le père de Patrick et l’insaisissable RedJohn n’étaient qu’une seule et même personne nous avait fait un choc à tous, et certaines mauvaises langues avaient même été jusqu’à insinué que Patrick l’avait toujours su, et qu’il avait couvert son père, ce qui expliquait que ce dernier avait toujours eu une longueur d’avance sur les flics du pays. Cho, d’habitude impassible avait faillit en venir aux mains en surprenant un agent faire courir ce genre de rumeur, mais le mal était fait, et Patrick s’était plus que jamais renfermé sur lui-même pour mon plus grand désespoir. J’avis l’impression que notre nuit d’amour remontait à des décennies alors qu’elle n’avait eu lieu qu’à peine deux mois plus tôt.
En soupirant, je me garais sur ma place de parking, et restais un moment assise derrière le volant, vérifiant qu’aucuns de mes pansements n’étaient visibles. Je détestais la pitié qui apparaissait dans le regard des gens lorsqu’ils apercevaient les larges bandages. Les médecins m’avaient assurés que je ne devrais garder aucunes cicatrices, mais en attendant mon corps me faisait horreur. Je me sentais souillée, et il m’arrivait de m’éveillée la nuit en ayant l’impression de sentir la lame de ce couteau entaillée ma peau. Evidemment, je n’en parlais pas. Seul Patrick semblait savoir ce que je traversais, mais il ne m’en parlait pas. De toute façon, il m’évitait méthodiquement et descendait de moins en moins dans les bureaux, ou alors ne le faisait que lorsque j’étais enfermée dans mon bureau, et que nous ne risquions pas de nous croisés.
Au départ, j’avais tenté de renouer le contact, de rétablir le dialogue entre nous, mais comme chacune de mes tentatives s’étaient soldées par une dispute, j’avais fini par déclarer forfait. Je n’étais pas de celles qui s’accrochaient désespérément à un homme qui ne voulait plus d’elles. Même si ça me brisait le cœur, je n’allais pas me couvrir de ridicule en lui courant après. Tout ce que je pouvais faire, c’était lui faire savoir que j’étais là s’il avait besoin de parler et que je ne lui tenais pas rigueur pour ce qu’il s’était passé. Parce que je savais que plus que tout, c’était l’idée de n’avoir pas réussi à me protéger de RJ, de la même façon qu’il pensait avoir échoué à protéger sa famille, qui le minait et l’éloignait de moi. Il pensait me protéger en prenant ses distances, mais il ne faisait que me faire un peu plus souffrir.
D’un bref hochement de tête, je saluais mon équipe et me rendais directement dans mon bureau. Un soupir de lassitude m’échappa en m’asseyant sur mon fauteuil, et dans des gestes mécaniques, j’allumais mon ordinateur avant de trier mon courrier. Alors que je m’apprêtais à m’atteler à ma pile de dossier quotidienne, mon téléphone se mit à sonner. Mon regard se posa sur l’écran, mais je ne connaissais pas le numéro de l’appelant, et il s’agissait d’un appel extérieur.
« Agent Lisbon » déclarais-je en décrochant.
« Bonjour agent Lisbon, ici Madame Westfield, du service à l’enfance » se présenta mon interlocutrice d’une voix posée mais dans laquelle je discernais une légère nervosité qui me mit immédiatement sur mes gardes.
« Que puis-je pour vous madame Westfield ? » m’enquis-je froidement, ne digérant toujours pas qu’elle m’ait retiré la garde d’Elora.
Machinalement, je levais la tête, et mon souffle se coupa en croisant le regard de Patrick. Je m’attendais à ce qu’il détourne les yeux, mais il ne le fit pas. Prenant une profonde inspiration, je lui fis signe, et à ma grande surprise, il hocha positivement la tête et avança vers moi. La voix de l’assistante sociale me ramena sur Terre.
« Il s’agit d’Elora. Depuis qu’elle a été placée à la Ruche, elle se renferme sur elle-même, elle reste à l’écart des autres enfants et refuse même de s’alimenter à tel point que nous avons dû l’hospitalisée. Et comme elle ne parle pas… » m’expliquait cette femme, sa gêne de plus en plus perceptible.
Et elle avait de quoi l’être. Même si le fait d’avoir dû abattre RJ l’avait profondément perturbée, Patrick et moi avions réussi à lui faire comprendre qu’elle avait fait ce qu’il fallait, que cela ne faisait pas d’elle un monstre. Nous lui avions dit que sans elle, nous serions morts, et que nous lui devions la vie. Elle avait finalement admis que nous avions raison, et retrouvait peu à peu un équilibre dans sa vie, mais cette femme avait à nouveau chamboulé sa vie en l’emmenant loin de nous, et à présent elle s’étonnait de la rechute d’Elora. Mais ça n’avait rien d’étonnant. Je branchais le haut-parleur lorsque Patrick entrait dans la pièce, et il écouta silencieusement la discussion, sa mâchoire se serrant furieusement en entendant le discours de l’assistante sociale. Il avait l’air tout aussi furieux que moi, et à nouveau los regards se croisèrent.
« Que voulez-vous que nous y fassions ? Je vous rappel que, et je vous cite « pour le bien d’Elora, nous devions restés aussi éloignés d’elle que possible, parce que nous avions un effet néfaste sur son développement » déclarais-je toujours aussi froidement.
« Ecoutez, j’admets que je me suis probablement trompée en agissant ainsi, aussi ais-je donné des ordres pour que vous puissiez rendre visite à Elora. Elle se trouve à l’hôpital Saint-Andrews » soupira-t-elle avant de raccrocher.
Je raccrochais en soupirant bruyamment, me contrôlant difficilement pour ne pas aller trouver cette femme pour lui apprendre son métier. Fermant les yeux, je me laissais aller contre le dossier de mon fauteuil, me demandant ce que je devais faire Elle nous avait dit que nous pouvions aller voir Elora à l’hôpital, mais ne serait-ce pas pire pour elle lorsqu’elle en sortirait et comprendrait que nous n’avions toujours pas le droit de faire partie de sa vie ?
« Tu devrais appeler Molly et lui expliquer la situation. Elle nous avait dit que nous pourrions compter sur elle si nous voulions tenter quelque chose concernant la garde de Elora » entendis-je Patrick déclaré d’un ton posé alors que la luminosité baissait progressivement, me faisant rouvrir les yeux.
« Patrick, nous savons tout les deux que lorsqu’elle apprendra que nous ne sommes plus en couple, elle nous dira la même chose que cette madame Westfield ! » soupirais-je en me levant pour aller me poster devant la fenêtre de mon bureau.
« Donc pour toi notre relation est déjà de l’histoire ancienne ? » m’interrogea-t-il en venant se poster près de moi.
« Tu as un sacré culot Patrick Jane ! » m’exclamais-je en me tournant vers lui, furieuse « Je te rappel que c’est toi qui es parti, toi qui m’évite depuis que RJ est mort ! »
« Je sais et j’en suis désolé, mais j’avais besoin de faire le point, et je voulais être sûr de ma décision avant d’aller de l’avant » soupira-t-il en plongeant son regard dans le mien.
« Et qu’as-tu décidé ? » voulus-je savoir, le cœur battant furieusement.
« J’ai commis beaucoup d’erreur dans ma vie, et j’en ai payé le prix fort. Et savoir que mon père était derrière tout ça m’as pas mal démoli, mais ça m’a fait prendre conscience que je ne pouvais pas continuer à fuir mon passé sous peine de perdre mon avenir. Et tu es mon avenir Teresa » déclara-t-il en posant ses mains sur mes joues.
« Patrick, je ne… » commençais-je avant d’être interrompue par son doigt sur mes lèvres.
« Je sais que je t’ai fait souffrir, mais ce temps loin de toi m’était nécessaire pour comprendre que j’avais besoin de toi dans ma vie. Tu m’as rendu mon équilibre, l’espoir que RJ m’avait enlevé. Auprès de toi j’ai l’impression d’être à ma place, d’avoir le droit au bonheur malgré tout » poursuivit-il en se penchant pour poser son front contre le mien.
« Tu es sûr de toi Patrick, parce que je ne supporterais pas un autre rejet » soufflais-je en posant mes mains sur les siennes.
« Certain Teresa. Je ne veux rien d’autre que toi. Toi et Elora. Je veux que nous formions une famille, et qui sait peut-être qu’un jour notre famille s’agrandira… » murmura-t-il tout contre mes lèvres sans pour autant m’embrasser.
Le regard rivé au sien, je lisais en lui comme jamais encore, et ce que je découvrais au fond de ses incroyables yeux bleu me bouleversa profondément. Un sourire étira mes lèvres, et laissant une de mes mains glissés sur sa nuque, je l’invitais d’une pression à m’embrasser enfin. Un gémissement de bien-être m’échappa lorsque ses lèvres se posèrent sur les miennes, et je me pressais contre lui, avide de retrouver ce que je croyais avoir perdu pour toujours. Ses bras m’entourèrent, et je me sentis soulevée de terre.
« Patrick, nous sommes au CBI… » protestais-je faiblement alors qu’il mettait un terme à notre baiser pour partir à l’exploration de mon cou.
« Les stores sont baissés et la porte verrouillée… » marmonna-t-il en me plaquant contre le mur de mon bureau.
Un long gémissement m’échappa lorsque ses mains s’aventurèrent sous mon chemisier, et j’étais sur le point de me laisser aller lorsqu’une vive douleur me rappela à l’ordre. Immédiatement, je me tendais, et Patrick cessa instantanément ses caresses, pour mon plus grand désespoir.
« Je suis désolé » souffla-t-il légèrement haletant.
« Pas moi… » le rassurais-je en l’embrassant tendrement alors qu’il me reposait délicatement à terre.
« Nous poursuivrons ceci dans un endroit un peu plus approprié… » m’assura-t-il avec un sourire plein de promesses avant de reprendre « En attendant, allons récupérer notre fille »
« Notre fille ». Je souriais en l’entendant parler d’Elora comme ça, et je sus que nous parviendrons à la reprendre avec nous. Patrick ne laisserait personne nous la reprendre, même s’il devait pour cela hypnotisé une ou deux personnes. Et je ne m’y opposerais pas. Pas alors que le bonheur d’Elora était en jeu.
« J’appellerais Molly de la voiture. Allons à l’hôpital » approuvais-je en l’embrassant avant de me défaire de son étreinte.
Mais je me stoppais en le voyant grimacer et porter une main à sa hanche droite, et je compris que je n’étais pas la seule à souffrir encore de mes blessures.
« Je sens que nous allons devoir remettre à plus tard la célébration de nos retrouvailles » constatais-je piteusement.
« Ne t’inquiètes pas pour ça, je t’assure que nous fêterons dignement le début de notre avenir commun, et dès ce soir… » clama aussitôt Patrick dans un sourire éblouissant qui me fit rire aux éclats.
Ouvrant la porte de mon bureau, j’expliquais rapidement la situation à l’équipe, et sans tenir compte de leurs sourires ravis et soulagés, j’entraînais Patrick à ma suite. J’avais conscience que tout n’était pas arrangé, et que les prochaines semaines allaient être difficile émotionnellement, mais nous avions déjà tellement traversés d’épreuves, surmontés tant d’obstacles, que ce n’était pas un petit détail comme le système judiciaire qui allait nous empêcher d’être heureux. Et puis avec Patrick dans mon équipe, nos adversaires, quels qu’ils soient n’avaient aucune chance. Mon avenir ne serait pas rose bonbon, mais je savais aussi qu’il serait définitivement moins gris et triste que ce qu’il me paraissait être le matin même, et finalement, je n’en demandais pas plus. Je prendrais les choses comme elles se présenteraient, et Patrick et moi réglerions nos problèmes comme nous le faisions depuis le début de notre improbable partenariat. Ensemble.
N’ayant pas d’appétit, et surtout déprimant à l’idée de me préparer un petit déjeuner pour moi seule alors que j’aurais préféré en préparer un pour trois personnes, je quittais la maison le ventre vide. En ouvrant la portière de ma voiture, je me frappais la jambe contre, et grimaçais de douleur. J’étais sortie de l’hôpital au bout de quelques jours, mais certaines de mes blessures n’étaient pas encore tout à fait cicatrisées et me faisaient encore souffrir. Tout le monde s’accordait à dire que j’avais de la chance de m’en sortir à si bon compte, et je savais qu’ils avaient raison. Et pourtant, j’avais beaucoup perdu dans cette affaire. Elora pour commencer, qu’une assistante sociale avait déclarée traumatisée par cette histoire, et nous déclarant donc Patrick et moi inaptes à nous en occuper. Nous n’avions même pas le droit de venir la voir.
Ignorant la douleur de mes blessures, je grimpais en voiture et me rendais au bureau. Bien sûr, je n’avais pas encore l’autorisation de me rendre sur le terrain, mais je me faisais un devoir d’aller au bureau tout les matins afin de mettre mes dossiers à jours. Mais j’y allais aussi pour voir Patrick. Depuis qu’Elora avait été placée dans un foyer en attendant qu’elle soit jugée apte à l’adoption, il ne venait plus dormir à la maison. Tant qu’Elora avait été avec nous, il était revenu, ayant fait une promesse à la fillette, mais dès qu’elle était partie, il avait repris ses quartiers dans le gourbi qui lui servait de chez lui occasionnel. Alors ceux qui disaient que je m’en étais bien sortie ne savait pas de quoi ils parlaient. Parce qu’à cause de RJ et de ses manipulations, j’avais perdu Patrick, et j’en souffrais chaque jours un peu plus. D’ailleurs, j’appréhendais le jour où il nous annoncerait son départ.
Depuis que RJ était mort, je m’attendais à ce qu’il nous le dise, ou tout simplement à m’ apercevoir un matin qu’il était parti. Découvrir que le père de Patrick et l’insaisissable RedJohn n’étaient qu’une seule et même personne nous avait fait un choc à tous, et certaines mauvaises langues avaient même été jusqu’à insinué que Patrick l’avait toujours su, et qu’il avait couvert son père, ce qui expliquait que ce dernier avait toujours eu une longueur d’avance sur les flics du pays. Cho, d’habitude impassible avait faillit en venir aux mains en surprenant un agent faire courir ce genre de rumeur, mais le mal était fait, et Patrick s’était plus que jamais renfermé sur lui-même pour mon plus grand désespoir. J’avis l’impression que notre nuit d’amour remontait à des décennies alors qu’elle n’avait eu lieu qu’à peine deux mois plus tôt.
En soupirant, je me garais sur ma place de parking, et restais un moment assise derrière le volant, vérifiant qu’aucuns de mes pansements n’étaient visibles. Je détestais la pitié qui apparaissait dans le regard des gens lorsqu’ils apercevaient les larges bandages. Les médecins m’avaient assurés que je ne devrais garder aucunes cicatrices, mais en attendant mon corps me faisait horreur. Je me sentais souillée, et il m’arrivait de m’éveillée la nuit en ayant l’impression de sentir la lame de ce couteau entaillée ma peau. Evidemment, je n’en parlais pas. Seul Patrick semblait savoir ce que je traversais, mais il ne m’en parlait pas. De toute façon, il m’évitait méthodiquement et descendait de moins en moins dans les bureaux, ou alors ne le faisait que lorsque j’étais enfermée dans mon bureau, et que nous ne risquions pas de nous croisés.
Au départ, j’avais tenté de renouer le contact, de rétablir le dialogue entre nous, mais comme chacune de mes tentatives s’étaient soldées par une dispute, j’avais fini par déclarer forfait. Je n’étais pas de celles qui s’accrochaient désespérément à un homme qui ne voulait plus d’elles. Même si ça me brisait le cœur, je n’allais pas me couvrir de ridicule en lui courant après. Tout ce que je pouvais faire, c’était lui faire savoir que j’étais là s’il avait besoin de parler et que je ne lui tenais pas rigueur pour ce qu’il s’était passé. Parce que je savais que plus que tout, c’était l’idée de n’avoir pas réussi à me protéger de RJ, de la même façon qu’il pensait avoir échoué à protéger sa famille, qui le minait et l’éloignait de moi. Il pensait me protéger en prenant ses distances, mais il ne faisait que me faire un peu plus souffrir.
D’un bref hochement de tête, je saluais mon équipe et me rendais directement dans mon bureau. Un soupir de lassitude m’échappa en m’asseyant sur mon fauteuil, et dans des gestes mécaniques, j’allumais mon ordinateur avant de trier mon courrier. Alors que je m’apprêtais à m’atteler à ma pile de dossier quotidienne, mon téléphone se mit à sonner. Mon regard se posa sur l’écran, mais je ne connaissais pas le numéro de l’appelant, et il s’agissait d’un appel extérieur.
« Agent Lisbon » déclarais-je en décrochant.
« Bonjour agent Lisbon, ici Madame Westfield, du service à l’enfance » se présenta mon interlocutrice d’une voix posée mais dans laquelle je discernais une légère nervosité qui me mit immédiatement sur mes gardes.
« Que puis-je pour vous madame Westfield ? » m’enquis-je froidement, ne digérant toujours pas qu’elle m’ait retiré la garde d’Elora.
Machinalement, je levais la tête, et mon souffle se coupa en croisant le regard de Patrick. Je m’attendais à ce qu’il détourne les yeux, mais il ne le fit pas. Prenant une profonde inspiration, je lui fis signe, et à ma grande surprise, il hocha positivement la tête et avança vers moi. La voix de l’assistante sociale me ramena sur Terre.
« Il s’agit d’Elora. Depuis qu’elle a été placée à la Ruche, elle se renferme sur elle-même, elle reste à l’écart des autres enfants et refuse même de s’alimenter à tel point que nous avons dû l’hospitalisée. Et comme elle ne parle pas… » m’expliquait cette femme, sa gêne de plus en plus perceptible.
Et elle avait de quoi l’être. Même si le fait d’avoir dû abattre RJ l’avait profondément perturbée, Patrick et moi avions réussi à lui faire comprendre qu’elle avait fait ce qu’il fallait, que cela ne faisait pas d’elle un monstre. Nous lui avions dit que sans elle, nous serions morts, et que nous lui devions la vie. Elle avait finalement admis que nous avions raison, et retrouvait peu à peu un équilibre dans sa vie, mais cette femme avait à nouveau chamboulé sa vie en l’emmenant loin de nous, et à présent elle s’étonnait de la rechute d’Elora. Mais ça n’avait rien d’étonnant. Je branchais le haut-parleur lorsque Patrick entrait dans la pièce, et il écouta silencieusement la discussion, sa mâchoire se serrant furieusement en entendant le discours de l’assistante sociale. Il avait l’air tout aussi furieux que moi, et à nouveau los regards se croisèrent.
« Que voulez-vous que nous y fassions ? Je vous rappel que, et je vous cite « pour le bien d’Elora, nous devions restés aussi éloignés d’elle que possible, parce que nous avions un effet néfaste sur son développement » déclarais-je toujours aussi froidement.
« Ecoutez, j’admets que je me suis probablement trompée en agissant ainsi, aussi ais-je donné des ordres pour que vous puissiez rendre visite à Elora. Elle se trouve à l’hôpital Saint-Andrews » soupira-t-elle avant de raccrocher.
Je raccrochais en soupirant bruyamment, me contrôlant difficilement pour ne pas aller trouver cette femme pour lui apprendre son métier. Fermant les yeux, je me laissais aller contre le dossier de mon fauteuil, me demandant ce que je devais faire Elle nous avait dit que nous pouvions aller voir Elora à l’hôpital, mais ne serait-ce pas pire pour elle lorsqu’elle en sortirait et comprendrait que nous n’avions toujours pas le droit de faire partie de sa vie ?
« Tu devrais appeler Molly et lui expliquer la situation. Elle nous avait dit que nous pourrions compter sur elle si nous voulions tenter quelque chose concernant la garde de Elora » entendis-je Patrick déclaré d’un ton posé alors que la luminosité baissait progressivement, me faisant rouvrir les yeux.
« Patrick, nous savons tout les deux que lorsqu’elle apprendra que nous ne sommes plus en couple, elle nous dira la même chose que cette madame Westfield ! » soupirais-je en me levant pour aller me poster devant la fenêtre de mon bureau.
« Donc pour toi notre relation est déjà de l’histoire ancienne ? » m’interrogea-t-il en venant se poster près de moi.
« Tu as un sacré culot Patrick Jane ! » m’exclamais-je en me tournant vers lui, furieuse « Je te rappel que c’est toi qui es parti, toi qui m’évite depuis que RJ est mort ! »
« Je sais et j’en suis désolé, mais j’avais besoin de faire le point, et je voulais être sûr de ma décision avant d’aller de l’avant » soupira-t-il en plongeant son regard dans le mien.
« Et qu’as-tu décidé ? » voulus-je savoir, le cœur battant furieusement.
« J’ai commis beaucoup d’erreur dans ma vie, et j’en ai payé le prix fort. Et savoir que mon père était derrière tout ça m’as pas mal démoli, mais ça m’a fait prendre conscience que je ne pouvais pas continuer à fuir mon passé sous peine de perdre mon avenir. Et tu es mon avenir Teresa » déclara-t-il en posant ses mains sur mes joues.
« Patrick, je ne… » commençais-je avant d’être interrompue par son doigt sur mes lèvres.
« Je sais que je t’ai fait souffrir, mais ce temps loin de toi m’était nécessaire pour comprendre que j’avais besoin de toi dans ma vie. Tu m’as rendu mon équilibre, l’espoir que RJ m’avait enlevé. Auprès de toi j’ai l’impression d’être à ma place, d’avoir le droit au bonheur malgré tout » poursuivit-il en se penchant pour poser son front contre le mien.
« Tu es sûr de toi Patrick, parce que je ne supporterais pas un autre rejet » soufflais-je en posant mes mains sur les siennes.
« Certain Teresa. Je ne veux rien d’autre que toi. Toi et Elora. Je veux que nous formions une famille, et qui sait peut-être qu’un jour notre famille s’agrandira… » murmura-t-il tout contre mes lèvres sans pour autant m’embrasser.
Le regard rivé au sien, je lisais en lui comme jamais encore, et ce que je découvrais au fond de ses incroyables yeux bleu me bouleversa profondément. Un sourire étira mes lèvres, et laissant une de mes mains glissés sur sa nuque, je l’invitais d’une pression à m’embrasser enfin. Un gémissement de bien-être m’échappa lorsque ses lèvres se posèrent sur les miennes, et je me pressais contre lui, avide de retrouver ce que je croyais avoir perdu pour toujours. Ses bras m’entourèrent, et je me sentis soulevée de terre.
« Patrick, nous sommes au CBI… » protestais-je faiblement alors qu’il mettait un terme à notre baiser pour partir à l’exploration de mon cou.
« Les stores sont baissés et la porte verrouillée… » marmonna-t-il en me plaquant contre le mur de mon bureau.
Un long gémissement m’échappa lorsque ses mains s’aventurèrent sous mon chemisier, et j’étais sur le point de me laisser aller lorsqu’une vive douleur me rappela à l’ordre. Immédiatement, je me tendais, et Patrick cessa instantanément ses caresses, pour mon plus grand désespoir.
« Je suis désolé » souffla-t-il légèrement haletant.
« Pas moi… » le rassurais-je en l’embrassant tendrement alors qu’il me reposait délicatement à terre.
« Nous poursuivrons ceci dans un endroit un peu plus approprié… » m’assura-t-il avec un sourire plein de promesses avant de reprendre « En attendant, allons récupérer notre fille »
« Notre fille ». Je souriais en l’entendant parler d’Elora comme ça, et je sus que nous parviendrons à la reprendre avec nous. Patrick ne laisserait personne nous la reprendre, même s’il devait pour cela hypnotisé une ou deux personnes. Et je ne m’y opposerais pas. Pas alors que le bonheur d’Elora était en jeu.
« J’appellerais Molly de la voiture. Allons à l’hôpital » approuvais-je en l’embrassant avant de me défaire de son étreinte.
Mais je me stoppais en le voyant grimacer et porter une main à sa hanche droite, et je compris que je n’étais pas la seule à souffrir encore de mes blessures.
« Je sens que nous allons devoir remettre à plus tard la célébration de nos retrouvailles » constatais-je piteusement.
« Ne t’inquiètes pas pour ça, je t’assure que nous fêterons dignement le début de notre avenir commun, et dès ce soir… » clama aussitôt Patrick dans un sourire éblouissant qui me fit rire aux éclats.
Ouvrant la porte de mon bureau, j’expliquais rapidement la situation à l’équipe, et sans tenir compte de leurs sourires ravis et soulagés, j’entraînais Patrick à ma suite. J’avais conscience que tout n’était pas arrangé, et que les prochaines semaines allaient être difficile émotionnellement, mais nous avions déjà tellement traversés d’épreuves, surmontés tant d’obstacles, que ce n’était pas un petit détail comme le système judiciaire qui allait nous empêcher d’être heureux. Et puis avec Patrick dans mon équipe, nos adversaires, quels qu’ils soient n’avaient aucune chance. Mon avenir ne serait pas rose bonbon, mais je savais aussi qu’il serait définitivement moins gris et triste que ce qu’il me paraissait être le matin même, et finalement, je n’en demandais pas plus. Je prendrais les choses comme elles se présenteraient, et Patrick et moi réglerions nos problèmes comme nous le faisions depuis le début de notre improbable partenariat. Ensemble.
Dernière édition par iliana le Dim 19 Fév 2012 - 13:49, édité 1 fois
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Ils sont vivants...amochés (à tous les points de vue) mais vivants...tous les deux
Une fois encore ils se retrouvent grâce à la petite Elora
Mais que va t-il advenir de cette petite fille ?
C'est le dernier chapitre
Ou vas tu nous offrir les retrouvailles en épilogue ?
Dans tous les cas pour cette histoire que j'ai pris plaisir à lire.
Une fois encore ils se retrouvent grâce à la petite Elora
Mais que va t-il advenir de cette petite fille ?
C'est le dernier chapitre
Ou vas tu nous offrir les retrouvailles en épilogue ?
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