Vendetta ^

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La faiblesse comme une arme

Sanders et son équipe étaient dans l’avion personnel du criminel ne direction de Cork en Irlande. Il lui tardait de faire connaissance avec l’homme qui faisait partit de la vie de Teresa, cet homme qu’elle avait éloigné afin de le protéger. Il devait vraiment être important pour elle si elle l’avait envoyé si loin, dans un autre pays et il ne tarderait pas à le savoir.

Il jubilait à l’idée d’enfin rencontrer cet homme, celui qui avait fait échouer son plan de capturer Teresa quelques temps plus tôt. Il allait enfin pouvoir passer sa frustration sur lui, sans trop l’abimer quand même, il devait le garder en vie pour l’utiliser contre la jeune femme. Elle ne résisterait pas à l’envi de venir le sauver, elle le faisait toujours. Mettre sa vie entre parenthèses pour les gens important pour elle était une habitude qu’elle avait développé grâce à lui et à présent il allait lui montrer qu’elle ne pouvait pas vivre sans lui.
Sanders était cruel, il le savait et il aimait ça. Il n’avait pas eu une vie horrible comme il l’avait fait croire à Teresa au début de leur relation, il n’avait pas eu un père violent et alcoolique et une mère dépressive qui avait fini par mourir en le laissant seul avec son père et son petit frère. Non, tout ça n’était qu’un mensonge subtilement élaborait pour se rapprocher de la jeune femme. Et ça avait fonctionné. Sainte Teresa ne pouvait pas rester les bras croisés face à la douleur de ses proches, il fallait toujours qu’elle tente de les aider et cela jouait à présent contre elle.

Sanders sortit son portefeuille et contempla la photo qu’il conservait depuis tant d’années. C’Était une autre époque, c’était une partie de sa vie que personne ne connaissait et qui avait fait de lui l’homme qu’il était à présent. C’était son petit frère et lui souriant à pleines dents devant l’objectif. C’était la dernière photo qu’il avait prise avec Joshua, leur dernier moment ensemble avant le drame qui avait bousculé sa vie.
Il se souvenait encore de ce jour, comme si c’était hier.


Joshua courait dans le jardin après son ballon. Il aimait passer ses Samedis après-midi à jouer au foot avec son frère et aujourd’hui n’échappait pas à la règle. Les deux adolescents riaient à en perdre haleine, trop heureux de ces moments ensemble. Leur père était dans la cuisine et les observait tout en préparant le repas du soir. Depuis la maladie de sa femme, c’était lui qui avait prit l’éducation de ses deux garçons en mains et il était fier du résultat. Les adolescents étaient de braves gamins, toujours obéissants, de bons élèves au lycée qui n’avaient jamais reçu de plaintes de la part de leurs professeurs. Vraiment David Sanders avait de quoi être le père le plus fier du monde.

Jason courait lui aussi après le ballon et, lorsque Joshua l’attrapa, il le plaqua au sol par les jambes pour le lui prendre et s’élança dans le jardin pour aller marquer le point, sous le regard attendrit de leur père. Ce dernier les appela et les deux garçons accoururent dans la maison.

“_ Jason, pourrais-tu aller au supermarché acheter de quoi faire la sauce tomate s’il te plait, j’ai oublié d’en prendre.”
“_ Ok papa,” acquiesça le garçon avant de prendre les clés de la maison.
“_ Je peux aller avec lui?” supplia Joshua.

Face au regard suppliant de son second fils, David le lui accorda et les deux garçons partir ensemble pour le supermarché. Mais au cours de la route, il se passa une chose horrible qui laissa la petite famille détruite.
Un gang s’était donné rendez-vous un peu plus loin pour discuter dans un lieu neutre et les choses avaient vite virées au drame lorsque les deux groupes avaient sortit leurs armes et qu’une fusillade avait commencé. Les coups de feu fusaient un peu partout et une des balles touche le jeune Joshua, le tuant sur le coup.

Jason se souvenait encore d’avoir tenu son frère dans ses bras jusqu’à l’arrivée de la police, le suppliant de rester en vie, de ne pas l’abandonner, de rester avec lui. Mais il était trop tard.
Après ça, David avait sombré dans la dépression, buvant plus que de raison jusqu’à en mourir, laissant Jason seul face à la douleur de la perte de sa famille. Il avait ensuite lui-même rejoint un gang dans l’espoir d’un jour venger la mort de son frère, et celle indirecte de son père. Et il avait réussis, mais il était devenu cruel à force de fréquenter ces gens et il avait fini par devenir le chef du gang avant de le quitter pour monter sa propre affaire. Et c’est ainsi qu’il avait rencontré Teresa.

L’avion amorça sa descente et se posa dans un petit aéroport privé. Jason sortit le premier, allant directement à la rencontre d’un de ses hommes déjà sur place qui avait fait des recherches pour localiser le mentaliste.

“_ Il ne sera pas difficile à avoir,” expliqua l’homme, “il a ses petites habitudes et à cette heure-ci il doit se préparer pour aller en ville.”
“_ Bien, nous l’aurons en route alors, personne ne pourra rien faire pour lui,” jubila Jason.

Ils montèrent ensuite dans des voitures et roulèrent jusqu’au village où ils prirent un petit chemin de terre. Ils roulèrent plusieurs minutes avant d’arriver devant une petite maison isolée. Parfait, comme ça personne ne verrait ce qu’il allait se passer. Et les choses se passèrent très vite. Les hommes de Sanders investirent la maison, fouillant, cherchant le moindre indice. Dans la pièce en bas, d’autres hommes ainsi que Sanders s’occupaient de Peter et Sally, les interrogeant par la force. Mais comme le couple n’était pas coopératif, Sanders décida qu’ils n’étaient pas utiles.
Le petit groupe quitta ensuite la maison.

Ils remontèrent tous en voiture à la recherche du mentaliste. Ils roulèrent encore quelques minutes et une silhouette apparut non loin devant eux. Puis une autre plus petite.
Jason scruta les deux silhouettes à mesure qu’il approchait et son cœur fit un bon dans sa poitrine lorsqu’il reconnu la plus petite des deux.

“_ C’est pas possible,” souffla-t-il.

Il venait de la retrouver, elle était là, devant lui, vivante. Teresa allait le regretter, il allait lui montrer qu’on ne pouvait pas se jouer de lui impunément.
Les voitures approchèrent à une allure normale et, une fois à la hauteur de Jane, la porte de la première s’ouvrit et deux paires de bras attrapèrent le mentaliste et la petite fille qui hurla de peur.


Teresa était couchée dans son lit, fatiguée des recherches de la veille et d’avoir pleuré une bonne partit de la nuit. Le manque de Jane était de plus en plus fort, elle avait bien du mal à se passer de lui et cela l’étonnait encore. Elle avait pourtant bien souvent envi de le virer, de ne plus le voir, à cause de tout ce qu’il lui faisait vivre chaque jour. Mais maintenant qu’il n’était plus là, elle se rendait compte que ce n’était pas possible, il s’était trop bien installé dans sa vie, avait trouvé sa place et elle devait reconnaitre qu’il y était bien. Elle avait apprit à le connaitre au fil des années, à devenir son amie et bien plus.
Elle l’avait éloigné pour son bien, mais ça ne voulait pas dire qu’elle aimait cette situation. Elle ne cessait de penser à la nuit qu’elle avait passé dans ses bras, aux baisers qu’ils avaient échangés, à la douceur de ses mains sur elle, la chaleur de ses bras autours de son corps. Elle était devenue accroc à Patrick Jane comme une droguée à sa dose. Elle avait besoin de lui, bien plus qu’elle ne l’avait imaginé et elle pria pour retrouver Jason rapidement. Elle avait besoin de Jane avec elle, elle avait besoin de le voir, de le sentir, de le toucher. Il était tout pour elle, comme Sarah.
Elle avait deux raisons de se battre et de continuer, deux raisons de retrouver Jason. Deux personnes qu’elle aimait plus que sa propre vie.

Au bout de quelques minutes ainsi, Lisbon se releva et alla dans la salle de bain se passer de l’eau sur le visage, chassant par la même occasion les quelques larmes qui étaient restées sur ses joues. Elle en avait assez de pleurer chaque jour, mais son cœur souffrait de la séparation d’avec Jane, des souvenirs qui revenaient de plus en plus souvent alors qu’elle avait mit tant d’années à les enfouir au fond de sa mémoire. Elle avait effectué un travail de titan pour oublier, pour vivre normalement sans ne plus penser à cette époque de sa vie. Et voilà que Jason refaisait surface et venait tout briser. Il ne la laisserait jamais en paix, pas tant qu’elle ne l’aurait pas attrapé, pas tant qu’il ne serait pas de retour en prison, pour le reste de sa vie cette fois.

Au cours des derniers jours, Van Pelt avait pu amasser quelques informations et ils savaient à présent comment il avait réussis à quitter la prison. Il avait eu de l’aide grâce à un gardien et avait obtenu certains médicaments qui ralentissent le rythme cardiaque, le faisant ainsi passer pour mort. Il ne lui avait pas été difficile de sortir comme ça et le gardien l’avait aidé une fois dehors, pour finir dans un caniveau, deux balles dans la tête. Il était toujours aussi dangereux de fréquenter cet homme.

Il avait retrouvé ses amis qui n’attendaient que son retour pour recommencer comme avant. Mais avant il avait quelque chose à faire et elle savait quoi. C’est à ce moment-là que les visites et les coups de téléphones avaient commencé. Jason avait voulu lui faire comprendre qu’elle ne serait à l’abri nulle part, qu’il arriverait toujours à la retrouver. Il ne lui avait pas rendu visite directement, préférant lui envoyer ses hommes de mains. Mais après des semaines d’intimidations, il avait décidé de passer aux choses sérieuses et Lisbon regretta de ne pas être partit plus tôt, sachant ce qui l’attendait. Elle avait cru pouvoir se battre contre lui, pouvoir faire face à tout ça, mais elle n’y était pas arrivée. Elle était flic, mais elle était une femme avant tout, elle ne pouvait pas toujours être forte.

Lisbon sortit de la salle de bain et attrapa son portable. Elle avait besoin de parler à Jane, elle avait besoin d’entendre sa voix, elle avait besoin de lui parler. Elle savait qu’elle ne devait pas l’appeler trop souvent, que la séparation n’en serait que plus difficile, mais elle ne pouvait empêcher ce besoin qui lui serrer le cœur.

Elle appuya sur la touche un et entendit la sonnerie retentir dans le téléphone. Elle attendit encore quelques minutes mais il ne décrochait pas. Il devait être occupé en ce moment alors elle décida de le rappeler plus tard. Il se faisait une vie là-bas, en Irlande et elle était heureuse pour lui. Elle ne savait pas pour combien de temps encore ils en avaient et il valait mieux qu’il se fasse à cette idée, même si ça lui faisait mal au cœur de penser ça.

Lisbon se prépara enfin pour ensuite appeler ses collègues. Ils avaient encore quelques pistes à explorer, des pistes qui pourraient les mener à Jason.


La première chose que Jane vit en ouvrant les yeux fut le noir. Tout autour de lui était noir et froid. Il ne savait pas trop ce qu’il s’était passé, il se souvenait juste de bras qui lui encerclaient la taille et d’un tissu sur son nez et sa bouche. Il se souvenait aussi des hurlements de Sarah avant se sombrer dans l’inconscience.

“_ Sarah,” cria-t-il en se redressant vivement, faisant tourner sa tête au passage.

Il se laissa retomber contre le mur derrière lui et remarqua qu’il était en métal. Mais où était-il? Il chercha ensuite dans l’obscurité et remarqua une forme non loin de lui, petite, si petite. Ce ne pouvait être qu’elle. Alors il se redressa lentement, évitant les étourdissements et rampa jusqu’à la petite fille. Une fois à sa hauteur, il la retourna et observa son visage, paisiblement endormit. Il souffla de soulagement, il la croyait morte et savait que si ça avait été le cas, il ne s’en serait pas remit, il était bien trop attaché à l’enfant. Et Lisbon non plus ne s’en remettrait pas. Et des larmes affluèrent à ses yeux en pensant à la jeune femme et à ce qu’elle allait vivre lorsqu’elle apprendrait qu’ils avaient disparus. Il pensa aussi à Sally et Peter et à leur inquiétude. Il espérait qu’il ne leur était rien arrivé, il priait pour que les hommes qui les avaient enlevés, lui et Sarah, ne soient pas passés par la maison avant.
Le blond prit la petite fille dans ses bras et la serra contre son cœur, se laissant ensuite tomber dans le sommeil.

Lorsqu’il ouvrit de nouveau les yeux, ce fut pour tomber dans ceux émeraude de Sarah qui le fixait, inquiète, apeurée et triste. Il lui sourit pour la rassurer un peu et la fillette lui entoura le cou de ses petits bras, cachant son visage contre lui. Il l’entoura à son tour et lui susurra des mots réconfortant à l’oreille.

Mais alors que la petite commençait à se détendre dans ses bras, la porte en face d’eux s’ouvrit brusquement, laissant apparaitre un homme au sourire sadique. Jane l’observa un moment et remarqua quelques petits détails chez lui, des détails qui lui firent comprendre qui il était.

L’homme s’approcha de Jane et de Sarah, son sourire toujours bien ancrait sur son visage et fini par s’arrêter à seulement quelques centimètres d’eux.

“_ Bonjour Mr Jane, nous nous rencontrons enfin,” dit-il.
“_ Et à qui ais-je le déshonneur?” Questionna Jane, masquant sa peur sous un masque de mesquinerie.
“_ Pardonnez mon impolitesse, je me nomme Jason Sanders et je crois que nous avons une amie en commun.”

Tout devint clair dans la tête de Jane et la peur s’intensifia un peu plus en lui. Il avait en face de lui le pire cauchemar de Teresa et il ne pouvait rien faire. Il était prisonnier, lui et la petite Sarah, il ne savait pas ce qu’il allait advenir d’eux, mais il savait que rien de bon ne pourrait sortit de tout ça.
Il savait à présent pourquoi ils étaient là, il savait qu’ils serraient l’appât pour Lisbon.

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Révélation et conditions

Deux jours, cela faisait deux jours que Lisbon n’arrivait pas à joindre ni Jane, ni Sally, ni Peter. Elle avait tout essayé mais elle n’obtenait jamais aucunes réponses. La peur commandait à monter en elle depuis le premier appel sans réponse. Elle avait un mauvais pressentiment, comme s’il était arrivé quelque chose à ses amis, mais elle ne savait pas quoi. Elle savait que Peter travaillait beaucoup et qu’il n’était pas facilement joignable, mais Sally répondait toujours à son téléphone, ainsi que Jane depuis qu’il était en Irlande. Alors il n’y avait qu’une possibilité pour qu’il ne réponde pas, il était en danger.

La jeune femme raccrocha et composa un autre numéro puis elle attendit impatiemment que son interlocuteur décroche. Enfin elle entendit une voix et cessa de tourner en rond.

“_ Cho.”
“_ Cho, il y a un problème avec Jane,” dit-elle d’une voix affolée, “il ne répond pas à mes appels, ni mes amis, il devait s’être passé quelque chose.”
“_ Calmez-vous boss,” tenta Cho, mais il savait bien que ça ne servait à rien.
“_ Que je me calme? Jane ne répond pas, Sally non plus et vous voulez que je me calme?”
“_ J’arrive tout de suite boss, mais essayez de garder votre calme.”

Cho raccrocha et Lisbon se laissa tomber sur le lit, le téléphone dans les mains. Il était arrivé quelque chose à Jane, ce n’était pas possible autrement. Et si Jason avait réussis à le localiser? Et s’il était partit jusqu’en Irlande pour le retrouver?
Elle ne se pardonnerait jamais de l’avoir laissé seul alors qu’il était en danger, elle ne pourrait plus jamais se regarder dans un miroir en sachant qu’il lui était arrivé quelque chose par sa faute.

Les minutes passèrent et Lisbon était de plus en plus inquiète. Elle voulait qu’il aille bien, qu’il réponde au téléphone, qu’il s’excuse de ne pas avoir répondu plus tôt par une de ses excuses bidon, au moins elle serait rassurée.

Lisbon laissa son regard se perdre dans la chambre et tomber sur un cadre contenant une photo, celle de son consultant qu’elle avait prise un soir au bureau, sans qu’il ne le sache. Elle savait qu’il avait du faire la même chose et elle avait voulu garder un souvenir de lui, au cas où il déciderait de quitter le CBI pour partir à la chasse de John Le Rouge. Elle savait qu’il ne cesserait jamais de le poursuivre, c’était le but de sa vie depuis la mort de sa famille. Et même si elle n’aimait pas l’idée qu’il veuille se venger, elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle voulait elle-même se venger de Sanders, de ce qu’il lui avait fait au cours de sa vie, de l’enfer qu’il lui avait fait vivre, à elle et à sa famille.

Finalement, elle entendit des coups frappés à la porte et elle se leva pour aller ouvrir à ses trois collègues qui venaient d’arriver. Aussitôt, Grace lui entoura les épaules de ses bras et Lisbon se laissa aller contre la jeune femme, savourant l’étreinte qui se voulait rassurante.

“_ Ça va aller Lisbon, on va le retrouver,” la rassura Grace.
“_ Oui,” souffla Lisbon.

Cho prit le téléphone de Lisbon et tenta lui aussi de joindre Jane, sans aucun résultat. Il essaya plusieurs fois, mais jamais aucune réponse et il pouvait voir Lisbon se ronger les ongles d’anxiété. Il savait qu’elle était vraiment inquiète pour Jane, il savait qu’elle tenait beaucoup à lui, plus qu’elle n’oserait jamais le dire. La seule chose qu’il pouvait faire pour elle était de retrouver Jane, car pour lui aussi il s’était passé quelque chose, il se doutait bien que Jane ne resterait jamais silencieux aux appels de la jeune femme, lui aussi tenait à elle. Bien qu’il ne comprenne pas pourquoi ils ne se parlaient pas, il savait que ses deux amis avaient bien trop souffert dans leur vie pour prendre un nouveau risque. Mais aujourd’hui, Jane était en danger, Lisbon était anxieuse et lui ne voulait plus la voir ainsi, si triste, si seule, si perdue. Lisbon était sa meilleure amie, il ne resterait pas sans rien faire pendant qu’elle souffrait.

Rigsby s’était mis sur l’ordinateur à la place de Van Pelt qui tenait encore de calmer leur patronne. Il n’était pas le plus doué en informatique, mais il s’y connaissait un peu et il savait qu’il pouvait être utile. Il commença à chercher dans les dossiers qu’ils avaient trouvé sur Sanders, ceux sur ses anciens complices. Peut-être que ça leur viendrait en aide, il ne savait pas vraiment. La seule chose qu’il savait était qu’il devait absolument trouver quelque chose, un petit indice qui les aiderait à localiser Sanders, et Jane par la même occasion. Car pour lui il n’y avait aucun doute, Jane se trouvait avec Sanders, quelque part, même s’il ne savait pas encore où.

Le petit groupe passa des heures à chercher, fouillant dans le passé du criminel, priant pour trouver quelque chose, mais rien, il était bien trop malin. Il n’avait laissé aucune piste qui pourrait conduire les agents à le localiser, rien qui puisse les orienter.

Alors que tout le monde était concentré sur les diverses recherches, le téléphone de Lisbon sonna, faisant sursauter tout le monde. La jeune femme le prit dans les mains, tremblante alors qu’aucun nom n’apparaissait sur l’écran. Elle jeta un coup d’œil à Rigsby et ce dernier lui fit un signe de la tête. Ensuite, elle prit une profonde inspiration et décrocha.

“_ Lisbon,” répondit-elle.
“_ Teresa ma belle,” entendit-elle, “ça fait si longtemps que je n’ai pas entendu ta voix.”
“_ Jason, que veux-tu?”
“_ Mais tu sais très bien ce que je veux Teresa, toi. Ça fait si longtemps que je n’était pas certain que tu te souvienne de moi.”

Lisbon ferma les yeux et tenta de chasser de son esprit les images de Jason, les souvenirs de sa vie d’avant, celle avec cet homme qui lui avait fait vivre un enfer.

“_ Tu es toujours là Teresa?” interrogea Sanders.
“_ Je suis là Jason, dis moi ce que tu veux.”
“_ J’ai avec moi deux personnes qui meurent de peur, deux personnes que tu semble beaucoup aimer.”

Le cœur de Lisbon s’accéléra en même temps que ses yeux s’ouvrirent de peur. Alors il avait Jane, plus aucun doute. Mais Lisbon eu soudain bien plus peur. Jason avait dit deux personnes et elle savait exactement qui était cette deuxième personne.

“_ Alors Teresa, tu sais de qui il s’agit?”
“_ Où êtes-vous? Que lui as-tu fait?”
“_ Rien pour le moment, mais ça ne devrait pas tarder si tu ne fait pas ce que je dis.”
“_ Dis moi exactement ce que je dois faire Jason, mais s’il te plait, ne leur fait rien de mal.”

Lisbon tourna les yeux alors que Cho lui faisait un signe de tête négatif. Il savait ce que voulait Jason, il savait que Lisbon ferait tout ce que ce tordu lui demanderait. Il ne devait pas la laisser faire, il ne devait pas la laisser faire. Elle allait se mettre en danger si elle continuait dans ce sens et il ne pourrait pas lui venir en aide.
Mais Lisbon ne voulait pas l’écouter, il ne la laisserait pas faire, elle le savait, mais elle ne pouvait pas rester ici en sachant que Jane et Sarah, car il s’agissait bien de Sarah, étaient en danger.

“_ Dis moi ce que je dois faire Jason, mais ne les touche pas.”
“_ Je vois que tu deviens enfin raisonnable.”
“_ Je le ferais, mais laisse moi leur parler.”

La voix de Lisbon était suppliante et jamais ses collègues ne l’avaient vu dans cet état. La jeune femme n’avait plus rien à voir avec leur patronne, elle n’était plus à cet instant cette femme forte qu’ils côtoyaient tout les jours, elle était à présent cette femme faible qu’elle avait été des années plus tôt.

“_ S’il te plait Jason, laisse moi parler à Jane.”

Lisbon avait à présent en larme, tenant le téléphone d’une main et serrant la main de Van Pelt de l’autre. Elle avait besoin de soutien et la rousse était là pour elle.

“_ Très bien, mais tu n’as que deux minutes.”

Lisbon renifla et laissa un sourire naitre sur son visage. Elle savait qu’elle donnait une mauvaise image d’elle devant ses collègues, elle savait qu’elle se montrait faible devant eux, mais elle ne pouvait s’empêcher d’agir ainsi.

“_ Teresa?” Demanda la voix de Jane dans le téléphone.
“_ Patrick,” souffla Lisbon, “tu vas bien?”
“_ Ça va, ne t’inquiète pas.”
“_ Il… il t’a fait du mal?”
“_ Non, rien du tout.”

Mais Lisbon savait bien qu’il lui mentait, elle pouvait l’entendre dans sa voix. Mais elle savait aussi qu’il essayait de la détendre, de la soulager. Il avait souffert mais ne voulait pas qu’elle s’inquiète pour lui.

“_ Patrick, je vais vous sortir de là, je te le promets, je vais tout faire pour vous sortir de là.”
“_ Teresa, ne fais rien qui pourrait te mettre en danger, je t’en pris, ne viens pas.”
“_ Mais si je ne viens pas alors il s’en prendra à vous et je ne peux pas laisser ça arriver.”
“_ Teresa….”
“_ Non Patrick, je ne laisserais rien vous arriver si je peux l’empêcher.”

Dans la chambre, Cho, Rigsby et Van Pelt écoutaient leur patronne tenter de rassurer leur ami, ils entendaient la voix suppliante de Jane et ils savaient qu’ils ne pouvaient rien faire. Le seul moyen de sortir Jane et la petit Sarah de là était qu’elle se rende et ils le savaient bien. Mais ils ne voulaient pas perdre la jeune femme aussi, pas comme ils risquaient de perdre Jane.

“_ Teresa, je ne veux pas te perdre, je ne veux pas que tu risque ta vie pour moi.”
“_ Et tu pense à Sarah? Tu pense à ce qu’elle doit ressentir en ce moment? J’ai déjà faillit la perdre une fois, je ne veux pas la perdre encore une fois. Je ne veux pas me réveiller un jour et me rendre compte que je n’ai rien fait pour la sauver de cet homme. Tu peux comprendre ça Patrick, tu peux comprendre que je ne laisserais rien lui arriver, ni à toi.”

Les mots firent leur chemin dans les têtes des trois agents, ainsi que chez Jane. Et là, tous comprirent ce que Lisbon voulait dire.

“_ Teresa, tu veux dire que…”
“_ Sarah est… ma fille. Je ne laisserais rien arriver à ma fille si je peux la sauver. Je ne laisserais rien t’arriver si je peux l’empêcher. Je ne veux pas vivre dans le regret toute ma vie. Si donner ma vie peux vous sauver, alors je le ferais.”
“_ Teresa…”

Mais sa voix se brisa avant qu’il ne puisse parler. Il avait envi de lui dire, maintenant car il doutait d’en avoir jamais encore l’occasion. Lisbon savait exactement ce qu’il voulait lui dire, elle attendait ces mots depuis si longtemps, mais encore une fois, elle ne voulait pas les entendre, pas maintenant, pas comme ça, pas à travers ce téléphone alors que Jason pouvait les entendre.

“_ Ne dis rien maintenant Patrick, tu me le diras quand on se verra.”
“_ Je ne veux pas te perdre Teresa, pas comme… pas comme j’ai perdu ma famille. Tu es ma famille maintenant.”
“_ Tu es aussi la mienne et je ne te demande qu’une chose, reste en vie, prends soin de Sarah et reste en vie, j’arrive bientôt.”
“_ C’est fini,” hurla la voix de Sanders en arrachant le téléphone des mains de Jane. “Maintenant Teresa tu vas faire ce que je te dirais de faire et tout se passera bien pour ta petite famille.”
“_ Tout ce que tu voudras Jason, mais ne leur fait pas de mal.”
“_ Si tu m’obéis il ne leur arrivera rien. Je veux que tu viennes là où on s’est rencontré, seule sinon tu peux leur dire adieu.”
“_ Je serais là, dis moi quand.”
“_ Demain, à 9h.”

Puis il raccrocha et Lisbon laissa tomber le téléphone sur ses genoux. Elle savait que ses collègues ne la laisseraient pas faire, elle savait qu’ils feraient tout pour la retenir, mais elle le devait. Elle ne pouvait pas rester sans rien faire tandis que Jane et Sarah se faisaient sûrement torturer pour ce qu’elle avait fait des années plus tôt. C’était de sa faute si sa fille et Jane étaient en danger et c’était à elle de les sortir de là. Elle était la seule à pouvoir les sauver.

“_ Vous ne pouvez pas faire ça boss,” lui dit Van Pelt.
“_ Je ne peux pas rester ici et attendre qu’on les retrouve, je dois le faire.”
“_ Mais vous risquez de ne pas vous en sortir,” rajouta Rigsby.
“_ Peut-être, mais c’est son devoir envers sa famille.”

Tous se tournèrent vers Cho qui se tenait toujours près de la porte de la chambre. Van Pelt avait les larmes aux yeux, elle ne voulait pas perdre sa patronne et amie et ne comprenait pas Cho aille dans le même sens qu’elle.
Rigsby ne savait pas quoi dire, il savait qu’il n’y avait pas trente six solutions, il savait que Lisbon n’avait pas d’autres choix. Mais ça ne voulait pas dire qu’il était d’accord avec eux. Il savait que Lisbon devrait le faire et il savait aussi qu’il serait là, avec elle, quoi qu’il arrive.
Co avait raison, Lisbon devait le faire, elle devait se rendre au rendez-vous mais il ne la laisserait pas y aller seule. Sanders avait posé ses conditions, mais ça ne voulait pas dire qu’il devait lui aussi lui obéir. Lisbon irait au rendez-vous et son équipe serait là, cachée dans l’ombre, veillant à ce que tout se passe bien.

“_ Je sais que c’est dangereux, mais Lisbon doit le faire pour sauver sa fille et Jane,” dit-il.
“_ Même si elle risque de mourir?” S’énerva presque Rigsby. “Je sais qu’elle doit le faire, mais ça ne veut pas dire que je suis d’accord. Je ne veux pas que vous risquiez votre vie boss.”
“_ Je ne veux pas mourir, mais je ne veux pas que Jane ne meurt, ni Sarah.”
“_ Dans ce cas, nous serons là boss et on fera tout pour les sortir de là, ainsi que vous,” assura Grace.
“_ Merci,” souffla Lisbon, reconnaissante de l’aide de ses amis.

Ils se préparent donc à la rencontre qui aurait lieu le lendemain, cherchant tout ce qui pourrait les aider. Lisbon connaissait bien le lieu où elle devait rencontrer Sanders, elle s’y était cachée des années plus tôt alors qu’elle cherchait un endroit calme pour réfléchir. Ce lieu avait été un refuge, un endroit où elle s’était sentit bien, un endroit où elle avait été au calme alors que sa vie était un enfer. Et puis sa vie était devenue bien pire après sa rencontre avec Jason. Elle ne pourrait jamais oublier cet instant de faiblesse qui avait par la suite engendré tout ce qu’il se passait aujourd’hui.

Dans quelques heures, Lisbon allait mettre sa vie en danger pour sauver la vie de sa fille et celle de Jane. Elle savait qu’elle risquait de ne jamais en sortir vivante, mais elle aurait au moins fait quelque chose de bien, elle aurait débarrassé le monde d’un homme horrible.

Lorsque ses collègues partirent ce soir-là, la jeune femme se retrouva seule et se laissa aller aux larmes. Elle redoutait la rencontre avec Jason, mais elle redoutait encore plus ce qui pourrait arriver aux personnes qu’elle aimait si elle ne faisait rien. Il était de sa responsabilité de les sortir de cet enfer et qu’importe ce qui lui arriverait.

“_ Je vais vous sortir de là, je vous le promets,” souffla Lisbon, en regardant une photo de Patrick et Sarah, prise par Sally quelques jours plus tôt. “Je vous aime.”

Puis elle s’endormit, serrant contre son cœur cette seule et unique photo des deux amours de sa vie.

**********

Jalousie maladive

Jane se tenait toujours droit devant Sarah, empêchant les hommes de mains de Sanders de l’approcher. Plusieurs fois déjà les hommes avaient tenté de faire du mal à la fillette, malgré l’interdiction de leur chef de l’approcher. Mais ils étaient des criminels avant tout et la seule chose qu’ils voulaient à cet instant était de prendre soin de la fillette à leur façon, chose que Jane ne laisserait jamais arriver.
Alors il se tenait là, les poings serrés, faisant face à ces deux brutes armés. Il ne faisait pas le poids et il le savait, mais il avait promit à Lisbon de prendre soin de sa fille et il allait le faire. Il l’aurait fait de toute façon, même sans promesse, il ne supportait pas qu’on puisse faire du mal à un enfant.
Le mentaliste entendait les sanglots de la fillette derrière lui et il n’était lui-même pas loin des larmes. Sa conversation avec Teresa l’avait tout retourné et il avait eu envi de pleurer.

La porte s’ouvrit derrière les deux hommes et un autre approcha du groupe, faisant frissonner le consultant de peur mais sans jamais relâcher sa garde. L’homme se rapprocha des deux autres, leur glissa quelque chose à l’oreille et finalement ils s’éloignèrent, quittant la pièce.
Jane ne relâcha pas sa garde pour autant et attendit de savoir ce que voulait le nouvel arrivant.

“_ Mr Sanders veut vous voir Mr Jane,” dit-il à Jane.
“_ Je ne laisse pas Sarah toute seule,” se butta le mentaliste.
“_ Oh mais ne vous en faites pas, il veut vous voir tout les deux,” l’informa-t-il.

Jane se détendit un peu et il sentit une petite main se glisser dans la sienne. Il baissa la tête pour voir Sarah se coller contre lui, l’entourant de ses petits bras tremblant. Son cœur se serra de la voir ainsi, elle si jeune, si petite, si fragile. Elle avait besoin d’être protégée, elle n’avait rien à faire là, même si elle était la fille de Lisbon, même si Sanders en avait après la jeune femme. Sarah n’y était pour rien et rien ne justifiait qu’on s’en prenne à elle.

Le mentaliste se pencha vers la fillette et la prit dans ses bras, la serrant contre lui et elle lui entoura la nuque de ses bras, enfouissant sa tête dans son cou. Elle avait confiance en lui, elle comptait sur lui pour qu’il ne lui arrive rien, et Lisbon aussi. Il se jura qu’il la protégerait, au péril de sa vie s’il le fallait. Elle lui rappelait tellement sa fille, sauf qu’elle était brune et non pas blonde. Mais elle était aussi gentille que Charlotte, aussi douce qu’elle, aussi sage. C’était un petit ange.

Jane suivit l’homme dans le couloir, tenant toujours Sarah contre lui. Il faisait sombre, froid et humide. Il avait l’impression de se rendre auprès de la mort, et c’était presque ça en réalité. Sanders était la mort en personne et il allait la causer à Lisbon, il n’y avait pas de doute la dessus. Il fallait que Jane trouve un moyen de sortir de là avant que la jeune femme n’arrive.

Le groupe arriva devant une porte que l’homme ouvrit avant de s’en écarter pour que Jane entre avec la petite. Le mentaliste fit un pas dans la pièce et Sarah se serra un peu plus contre lui lorsque Sanders apparut devant eux. Elle tremblait dans ses bras, de peur et de froid. Jane l’enveloppa dans sa veste sans la lâcher et s’arrêta, attendant de savoir ce que leur voulait l’homme.

“_ Alors Patrick, comme ça vous et Teresa êtes ensemble?” demanda Sanders.
“_ Non, nous ne sommes pas ensemble, mais ça ne vous regarde pas.”
“_ Oh que si ça me regarde, Teresa est à moi et à personne d’autre,” s’énerva Sanders.
“_ Teresa n’appartient à personne, ce n’est pas un objet mais une personne.”
“_ Elle m’a volé quelque chose et je l’ai enfin retrouvé, mais elle va devoir payer pour ça.”

Jane écoutait l’homme parler et il comprit enfin quelque chose qui crevait pourtant les yeux. Sanders était le père de Sarah et Teresa l’avait caché pour la protéger. Elle s’était séparée de sa fille pour la mettre en sécurité, elle avait falsifié le certificat de naissance de la petite pour qu’elle ne soit pas retrouvée. Mais malgré out ses efforts, Sanders avait quand même réussit. Il ne tenait qu’à lui à présent de faire en sorte qu’il n’arrive rien à l’enfant, ni à Lisbon.

“_ Je vois bien qu’il y a quelque chose entre vous,” reprit Sanders. “Ça crève les yeux, vous l’aimez et elle aussi.”
“_ Et alors? Vous allez me tuer?”
“_ Non, pas pour le moment, mais si Teresa ne fait pas exactement ce que je lui ais demandé, ça pourrait bien arriver.”

Sanders se rapprocha de Jane et ce dernier recula jusqu’à se retrouver contre le mur. Le criminel ne s’arrêta que lorsque Jane ne pu plus reculer et il avança une main qu’il tenta de poser sur la joue de Sarah, mais la fillette le repoussa et Jane s’écarta de l’homme. Ce simple geste énerva Sanders qui attrapa Sarah par le bras, l’arrachant aux bras de Jane. Le blond tenta de l’en empêcher mais se retrouva avec une arme sur la tempe sans même savoir d’où elle arrivait.

“_ Patrick,” hurla la petite alors que Sanders l’emmenait hors de la pièce.
“_ Sarah,” hurla Jane en retour, tentant de se dégager de l’emprise de l’homme de main de Sanders.

L’homme plaqua le mentaliste au sol et lui donna un coup dans le ventre, l’obligeant à ne plus bouger. Jane serra les dents en se demandant pourquoi tant de brutalité alors qu’il n’avait rien fait? Il avait promit à Lisbon de faire attention, de ne pas se faire tuer, de veiller sur Sarah et il se retrouvait à présent dans l’incapacité de tenir sa promesse, la seule qu’il aurait eu envi de tenir. Lisbon allait lui en vouloir à mort si jamais il arrivait quoi que ce soit à sa fille et lui ne se le pardonnerait jamais. Il tenait beaucoup à cette enfant, elle était la fille de Lisbon et il serait prêt à tout pour la sortir de là et la ramener à sa mère.

L’homme s’acharna sur Jane pendant encore quelques minutes avant de le ramener dans sa cellule. Le consultant se laissa faire, incapable du moindre mouvement tant il avait mal partout. Il se laissa jeter au sol violement et serra les dents pour étouffer un gémissement, il ne leur donnerait pas la satisfaction de l’entendre souffrir. Puis la porte se referma et il se retrouva seul dans le noir, priant pour Sarah aille bien, pour que personne ne lui ait fait du mal.

Après ce qui lui sembla être une éternité, la porte se rouvrit et un petit corps vint se jeter sur lui en le serrant fort. Il grimaça mais ne dit rien, savourant juste la présence de la petite fille contre lui. La porte se referma derrière elle et Jane se redressa lentement pour faire face à la fillette. Sarah lui souriait entre ses larmes et il lui passa une main sur la joue pour la réconforter.

“_ Ça va Patrick?” S’enquit-elle.
“_ Mieux depuis que tu es là,” sourit-il en la serrant dans ses bras.
“_ Je suis désolée pour ce que le vilain monsieur t’a fait Patrick, j’ai pas réussis à te protéger.”
“_ Ce n’est pas à toi de me protéger mais à moi, c’est moi l’adulte ici, toi tu n’es qu’une enfant.”
“_ Mais j’ai promis à tante Teresa que je prendrais soin de toi quand elle a dit que tu venais habiter avec nous.”
“_ Et tu l’as fait à merveille, tu as été gentille avec moi, tu m’as redonné le sourire alors que je n’allais pas bien.”
“_ Peut-être, mais le monsieur t’as fait du mal et j’ai rien fait.”

Sarah se mit une fois de plus à pleurer en se serrant dans les bras de Jane. Le pauvre ne savait plus quoi faire pour la réconforter, il ne savait pas comment lui faire comprendre qu’elle n’y était pour rien dans tout ça, qu’elle n’avait que dix ans et qu’elle ne pouvait pas se mettre entre deux adultes. Mais elle était comme sa mère, elle voulait pouvoir sauver les gens, elle voulait prendre soin des autres, surtout de ceux qu’elle aimait. Ce qui faisait que Jane aimait encore plus la petite, elle lui rappelait tellement Teresa.

La petite fini par s’endormir dans ses bras et il s’installa aussi confortablement que possible sur le sol, enveloppant la fillette dans sa veste, car ils n’avaient rien pour se couvrir et que l’endroit était froid en journée mais encore plus glaciale durant la nuit.

L’heure à sa montre lui rappela que dans peu de temps il allait revoir Lisbon, elle allait mettre une fois de plus sa vie en danger pour lui, mais aussi pour sa fille. Il ne pouvait pas la laisser faire, il ne pouvait pas la laisser donner sa vie pour eux. Elle avait quelqu’un qui comptait sur elle. Lui n’avait rien, enfin il n’avait plus de famille. Il n’avait que ses collègues, Cho, Rigsby et Van Pelt, ainsi que Lisbon. Mais ce n’était pas la même chose. Si jamais il mourrait, ils seraient triste mais finiraient par l’oublier. Si jamais Lisbon mourrait, alors il ne s’en remettrait jamais, ni Sarah. La fillette ne savait pas encore qu’elle était sa mère, il n’avait pas osé le lui dire, il préférait que ce soit Lisbon qui le fasse. Si jamais elle mourrait, elle n’aurait jamais l’occasion de lui dire la vérité. Cette famille méritait d’être heureuse après tout ce qu’ils avaient vécu.

Alors qu’il allait s’endormir, une petite voix se fit entendre dans le silence de la cellule, le faisant un peu sursauter.

“_ Patrick?” Appela la petite voix de Sarah.
“_ Qu’est-ce qu’il y a ma puce?”
“_ Le monsieur m’a dit quelque chose tout à l’heure mais je sais pas si c’est vrai.”
“_ Il t’a dit quoi?”
“_ Il m’a dit que tante Teresa m’avait menti, qu’elle est pas ma tante mais ma… ma maman. Mais c’est pas vrai hein? Elle me mentirait pas à moi?”

Jane ne savait pas vraiment quoi faire, devait-il mentir à cette petite pour protéger le mensonge de Lisbon, ou alors devait-il lui dire la vérité au risque de briser ce petit cœur? Il était partagé, il ne voulait pas mentir, pas à elle. Alors il prit une profonde inspiration avant de lui répondre.

“_ Ma chérie, il faut que tu sache que ta tante Lisbon t’aime de tout son cœur.”
“_ Je sais ça, moi aussi je l’aime.”
“_ Je vais te dire quelque chose qui risque de te faire mal, mais sache que c’était pour ton bien, pour te protéger, ok?”
“_ Alors le monsieur à raison, tante Teresa c’est ma mère?”
“_ Oui mon ange, Teresa est ta maman.”

Le silence retomba dans la pièce et Jane espéra que Sarah n’en voudrait pas à Lisbon pour son mensonge et surtout que Lisbon ne lui en voudrait pas de lui avoir dit la vérité.
Sarah se redressa et fit face au mentaliste. Elle ressemblait tellement à Lisbon à cet instant, les mains sur les hanches, ce regard si droit et perçant.

“_ Alors elle m’a toujours mentit?”
“_ Elle ne t’a pas mentit quand elle disait qu’elle t’aimait.”
“_ Mais c’est elle ma mère et elle me l’a jamais dit, pourquoi? J’ai été méchante pour qu’elle ne veuille pas de moi?”
“_ Bien sure que non, ma chérie. Si elle ne t’a rien dit, si elle t’a envoyé chez des amis, c’était pour te protéger.”
“_ Du méchant monsieur qui t’a fait du mal? C’est pour ça qu’elle a mentit?”
“_ Oui c’est pour ça.”
“_ Quand on rentrera à la maison, je pourrais aller vivre avec elle? C’est ma maman et je… je voudrais vivre avec ma maman.”
“_ Je suis sure qu’elle en sera heureuse.”

Sarah se réinstalla dans les bras de Jane et se serra contre lui, heureuse. Lui aussi était heureux, il avait rendu le sourire à la fillette qui jusqu’alors était terrorisée. Mais Sarah se redressa une nouvelle fois.

“_ Quand j’irais vivre avec maman, tu viendras vivre avec nous?”

La question laissa Jane au dépourvu. Que répondre à ça? Bien sure qu’il voulait vivre avec Lisbon, qu’il voulait pouvoir se réveiller tout les matins en la serrant dans ses bras, qu’il voulait pouvoir l’embrasser, lui faire l’amour, la rendre heureuse. Mais il ne savait pas comment les choses allaient se passer le lendemain matin, il ne savait pas s’il sortirait de là en vie. Sanders en avait après lui, il était jaloux de ce que le mentaliste représentait pour Lisbon, chose que lui n’était plus depuis bien longtemps. Jane doutait que ce monstre le laisse s’en sortir vivant. Mais il ne pouvait pas répondre ça à Sarah, même si c’était lui mentir, il ne pouvait pas lui faire peur.

“_ Si ta maman veut bien de moi, alors je serais heureux de vivre avec vous.”
“_ Je suis sure qu’elle dira oui, elle t’aime beaucoup.”
“_ Et je l’aime aussi.”
“_ Ça je le savais.”

Finalement, Sarah se recoucha et fini par s’endormir, Jane ne tarda pas à la suivre. Mais ils furent réveillés peu de temps plus tard par la porte de la cellule qui s’ouvrit et Sanders qui s’approcha d’eux. Sarah se recroquevilla instinctivement contre Jane qui l’entoura de ses bras pour la protéger.
L’homme de main de Sanders se rapprocha d’eux et empoigna la petite avec force et celle-ci se mit à hurler et à se débattre. L’homme lui murmura quelque chose à l’oreille et miraculeusement, Sarah se calma et envoya un petit sourire à Jane. Il ne comprit pas vraiment mais n’eu pas le temps d’y réfléchir qu’un violent coup de pieds lui atterrit dans le visage, puis un autre dans le ventre, et encore un autre et encore un autre. Sanders ne s’arrêta que lorsqu’il en eu assez, environ dix minutes plus tard et laissa Jane presque ‘inconscient au sol, seul.

La porte de la cellule se rouvrit plus tard et l’homme qui avait emmené Sarah s’approcha du mentaliste. Jane tenta de se reculer contre le mur le plus possible, n’essayant même plus de cacher sa peur, mais c’était peine perdue. L’homme se pencha au dessus de lui et murmura quelques mots à son oreille, comme avec Sarah plus tôt.

“_ Sarah est en sécurité, elle ne risque rien pour le moment.”
“_ Qui êtes vous?” demanda faiblement Jane.
“_ Mark Mills, un ami de Teresa,” lui répondit-il. “Je ne peux hélas pas faire grand-chose pour vous aider, mais je ferais mon possible pour vous sortir de là lorsque Teresa arrivera.”
“_ Emmenez Sarah loin d’ici et empêchez Teresa de venir.”
“_ Je ne pourrais jamais l’empêcher de faire quelque chose qu’elle veut faire.”
“_ Ma vie ne mérite pas d’être sauvée, mais la sienne oui, ainsi que celle de sa fille.”
“_ Elle me tuera si je vous laisse mourir, elle vous aime trop.”
“_ Comment savez-vous tout ça?”

Mark se recula un peu, jeta un œil au dessus de son épaule pour s’assurer que personne ne l’écoutait puis se tourna de nouveau vers Jane.

“_ Ce que je vais vos dire doit rester entre nous c’est comprit?”
“_ Parfaitement.”
“_ Bon, je suis… un flic infiltré. J’ai été envoyé ici pour piger Sanders.”
“_ Alors pourquoi avoir laissé tout ça arriver? Pourquoi ne pas avoir fait arrêter Sanders avant qu’il ne fasse autant de mal?”
“_ Je ne pouvais pas, il faut que vous sachiez qu’il n’y a pas que Sanders, il y a une autre personne qui en veut à Teresa et que cet homme sera là demain pour l’échange. Nous devons attendre qu’il arrive avant d’agir.”
“_ Il n’arrivera rien à Teresa au moins? Vous allez la protéger n’est-ce pas? Ainsi que Sarah?”
“_ Je ne laisserais rien arriver à Teresa ni à sa fille, et ni à vous. Je tiens à Teresa, elle est comme ma sœur, j’ai toujours tout fait pour la protéger, pour l’aider.”
“_ Mais vous ne l’avez pas protégé de Sanders.”
“_ Malheureusement non, mais cette fois je ne reproduirais pas les erreurs du passé.”

Mark donna à boire à Jane, il l’aida un peu à nettoyer ses plaies puis le laissa. Il ne devait pas être vu seul avec lui, personne ne devait savoir qui il était sinon les choses vireraient au cauchemar pour tout le monde. Il le laissa donc seul pour la nuit en lui promettant qu’il prendrait soin de Sarah.

Jane se laissa envahir par le sommeil avec l’espoir que tout se passerait bien, que bientôt il reverrait Lisbon, Sarah et ses amis. Bientôt tout serait fini.


Lisbon se réveilla au petit matin avec un mauvais pressentiment. Quelque chose allait arriver, quelque chose de terrible et elle ne savait pas encore quoi mais ça avait un rapport avec le rendez-vous de ce matin. Elle avait peur que ça se passe mal, elle avait peur qu’il arrive quelque chose à Jane ou à Sarah, peut-être même les deux.

La jeune femme se leva, se prépara rapidement, bu vite fait un café et attendit l’arrivée de ses collègues. Ils avaient encore des choses à mettre en place avant de partir et Lisbon voulait que tout se passe bien, que tout soit prêt.

Un coup à la porte lui indiqua que les trois agents étaient là alors elle alla leur ouvrir et les salua d’un sourire forcé. Ils en firent de même, leur instinct de flics leur disant que tout ne se passerait peut-être pas aussi bien qu’ils le voulaient. Tout ne se passait pas toujours bien mais cette fois était différente des autres, les vies de Jane et de Sarah étaient en jeu. Lisbon ne s’en remettrait jamais si elle devait perdre l’un d’eux et son équipe le savait.

Van Pelt se rapprocha d’elle, la mine grave et Lisbon s’inquiéta immédiatement.

“_ Patron, j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer,” lui dit-elle.
“_ Que se passe-t-il?” demanda Lisbon.
“_ Nous avons appelé les autorités irlandaises pour qu’ils se renseignent sur vos amis. On se demandait comment Jane et Sarah avaient été enlevé sans que vos amis ne s’en rendent compte.”
“_ Sally et Peter n’ont rien à voir avec les enlèvements.”
“_ Non, ils n’y sont pour rien mais…ils sont morts, je suis désolé,” annonça sombrement Rigsby.
“_ Non,” souffla Lisbon en versant des larmes. “C’est pas possible.”

La jeune femme s’assit sur le lit et pleura dans les bras de Van Pelt tandis que les deux autres ne savaient pas quoi faire. Depuis qu’ils avaient retrouvé Lisbon ils l’avaient vu pleurer bien plus que depuis qu’ils travaillaient avec elle et cela leur faisait du mal de la voir comme ça.

“_ On va le retrouver boss et il payera pour ce qu’il a fait,” lui assura Cho.

Lisbon acquiesça, sécha ses larmes et fini de se préparer. Après une dernière mise en place des micros et autres objets de surveillance, tout le monde quitta le motel pour le lieu du rendez-vous. De retourner là-bas ne plaisait pas trop à Lisbon, cela lui rappelait qu’elle avait une fois de trop dans sa vie était faible, qu’elle avait causé du tort à beaucoup de gens sans même le savoir. Elle ne pourrait jamais réparer ce qu’elle avait fait, mais elle pourrait toujours empêcher d’autres mauvaises choses d’arriver.

Elle monta dans sa voiture, sachant parfaitement que les autres n’étaient pas loin, qu’ils veillaient sur elle, comme chaque équipe se devait de le faire lorsqu’un des leurs était en danger. Elle avait confiance en eux, elle leur confierait sa vie si hésitations et en ce moment sa vie, celle de sa fille et celle de Jane étaient entre leurs mains. Elle leur avait recommandé de veiller à ce qu’il n’arrive rien à la fillette, ni à Jane. Ils avaient acquiescés, mais se doutaient bien qu’elle risquait de faire quelque chose d’inconsidéré. Habituellement, Lisbon suivait toujours les règles, faisait toujours attention. Mais en ce moment elle n’était plus celle qu’elle avait été des jours plus tôt, elle n’était plus l’agent du CBI à forte tête. En ce moment elle était une femme et une mère apeurée de perdre sa famille, tout simplement et ça personne ne pourrait le lui reprocher.

Plus elle se rapprochait du rendez-vous et plus la peur montait en elle. Pourquoi ne pouvait-elle pas vivre comme tout le monde? Pourquoi avait-il fallut qu’elle tombe amoureuse de l’homme le plus dangereux qu’elle ait rencontré dans sa vie? Pourquoi avait-il fallut qu’elle ait un enfant de lui? Et pourquoi avait-il fallut que Jane se mêle de tout ça? Il ne pouvait pas s’occuper de ce qui le regardait lui?

Elle ne regrettait pas de l’avoir rencontré, elle ne le pourrait jamais. Il avait été là pour elle lorsqu’elle en avait besoin, il l’avait soutenu quand elle était triste. Cet homme était la meilleure chose qui lui soit arrivée depuis longtemps, depuis Sarah. Elle avait toujours tout fait pour ne pas succomber au charme de son consultant, tout fait pour ne pas tomber amoureuse. Mais il s’était accroché à elle, il avait fait de sa vie un enfer chaque jour, mais il savait aussi toujours se faire pardonner. Il avait toujours un mot pour lui redonner le sourire, toujours un geste réconfortant quand elle allait mal.

Jane avait beaucoup souffert au court de sa vie, tout comme elle. Il avait perdu sa famille et elle ne pensait pas qu’un jour il se sentirait assez bien pour reprendre sa vie en main et décider d’avancer. Elle en était heureuse pour lui mais elle n’aurait jamais pensé que ce serait avec elle. Pourquoi n’avait-il pas cherché ailleurs, avec une autre femme sans problèmes comme elle? Mais non, il semblait ne vouloir personne d’autre et elle devait bien admettre qu’il en était de même pour elle.
La nuit qu’elle avait passé dans ses bras avait été merveilleuse même s’ils n’avaient fait que dormir. Elle avait été heureuse pour la première fois depuis longtemps, vraiment heureuse. Elle s’était sentit en sécurité avec lui, elle avait aimé se réveiller contre lui, les baisers qu’ils avaient échangé.

Il fallait qu’elle le sorte de là pour pouvoir de nouveau se retrouver contre lui, pour pouvoir de nouveau l’embrasser. Il fallait qu’elle le sorte de là avec Sarah. Elle voulait pouvoir former une vraie famille. Ses amis Sally et Peter n’étaient plus de ce monde, ce qui voulait dire que la petite fille n’avait plus qu’elle pour prendre soin d’elle. Lisbon ne voulait plus se séparer de sa fille, elle l’avait fait pendant dix ans sous prétexte de vouloir la protéger, ce qui était vrai, en partie. Car en réalité, elle avait peur, elle doutait de ses capacité à élever un enfant, malgré qu’elle ait élevé ses petits frères. Elle n’avait pas un métier qui permettait de s’occuper d’un enfant à plein temps. Mais elle était prête à faire des sacrifices pour Sarah, et pour Jane.
Lorsqu’elle les sortirait de là, si elle était toujours en vie en fin de journée, alors elle dirait à Jane ces mots qui lui faisaient peur autant que la remplissaient de joie. Elle lui avouerait à quel point elle tenait à lui et peut-être qu’alors ils pourraient être heureux ensemble.
Elle pria pour que tout se passe bien et qu’ils puissent tous rentrer chez eux le soir.