Broken heart and New Chance ^

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Une piste

Jane était toujours au lit, Lisbon lui avait interdit de se lever, sous prétexte que cela pourrait faire empirer son mal de crane. Il avait bien tenté de se lever, mais il avait dut admettre qu’elle n’avait pas tort, sa douleur était bien plus intense à chaque mouvements qu’il faisait. Alors il restait là, allongé bien sagement en attendant d’aller mieux. Mais il s’ennuyait, il avait envie de bouger, de faire quelque chose au lieu de rester là à ne rien faire. Il avait besoin de s’occuper, et rester au lit ne l’aiderait pas.
Lisbon était sortie lui chercher à manger et se mélanger un peu au reste des patients de l’institut. Il ne fallait pas qu’ils perdent le peu d’avancée qu’ils avaient obtenu. Ils n’avaient pas grand-chose, ils ne savaient pas par où commencer. La seule chose qu’ils avaient, c’étaient ces autres meurtres. Il semblerait que le tueur sévissait depuis des années et que personne n’avait fait de rapprochements entre tous ces meurtres. Mais pourtant il y avait bien un lien, il y avait quelque chose et Jane voulait savoir quoi.

Le mentaliste n’aimait pas ne pas comprendre, ne pas savoir. Il était habitué à toujours tout savoir mais pas cette fois. Le problème, c’est que Teresa correspondait au profil des victimes, elle était brune aux yeux verts, et il ne voulait surtout pas qu’il lui arrive quoi que ce soit. Maintenant qu’ils s’étaient enfin avoué ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre, il ne voulait pas la perdre. En ce moment, il n’était pas en mesure de lui venir en aide, il était même incapable de prendre soin de lui-même. Il n’aimait pas se sentir diminué comme ça, même pas capable de se lever de son lit sans ressentir d’horribles douleurs dans la tête. Mais que pouvait-il y faire ?

Il voyait tout de même le bon côté des choses, au moins, la randonnée ne serait pas pour lui puisqu’il devait rester au lit le temps de se remettre totalement. Il envisageait même de feindre une rémission lente afin d’échapper également aux autres activités. Il ne voulait absolument pas y participer, il ne se sentait pas prêt pour ça et, connaissant Lisbon comme il la connaissait, elle ne l’était pas non plus. Ils pourraient en profiter pour passer un peu de temps ensemble et ils continueraient leur enquête lors des repas. Ce n’était peut-être pas la bonne manière de le faire, mais au moins ils n’éveilleraient pas les soupçons, ainsi, personne ne verrait qu’ils n’étaient pas mariés et n’avaient donc pas de problèmes de couple. Quoi que pour ça, ce n’était peut-être pas totalement vrai.

Les deux collègues agissaient comme un vieux couple depuis… si longtemps que Jane avait du mal à se souvenir de leur toute première dispute. Mais il avait apprit à les aimer, à les provoquer même, rien que pour voir la colère dans les yeux de la jeune femme, cette passion qu’elle mettait dans ses propos lorsqu’elle voulait lui faire comprendre quelque chose. C’était ça qui lui avait plut dès le départ, mais aussi sa gentillesse, sa compassion, sa douceur. Et sa beauté. Pendant longtemps il n’avait pas voulu le voir, mais Teresa Lisbon avait une beauté naturelle qui ne nécessitait pas des heures de préparations. Il se demandait maintenant pourquoi il s’était refusé le droit au bonheur et à l’amour durant toutes ces années alors qu’il aurait put l’avoir bien plus tôt.

La porte de la chambre s’ouvrit, le sortant de ses rêveries et il tourna la tête en souriant en voyant Teresa, les mains chargées de bonnes choses. Elle posa le tout sur la petite table devant le canapé, se redressa et sourit à son collègue. Elle fut étonnée de le trouver encore au lit, pour une fois qu’il obéissait aux ordres. Elle s’avança vers le lit, y posa un genou et se pencha pour venir à la rencontre de Jane. Elle déposa un baiser sur ses lèvres, fermant les yeux en sentant les lèvres de son consultant bouger sous les siennes. Elle sentit ensuite une main se poser dans sa nuque et elle se retrouva plaquée sur son torse. Elle lui entoura le cou de ses bras, approfondissant le baiser, passant une jambe de chaque coté du mentaliste. Elle s’étonnait elle-même de son audace, mais elle en avait tellement envie, tellement besoin. Après ce qui lui était arrivé, après avoir faillit le perdre, elle avait besoin de ce contact qui lui prouvait qu’il était bien là, vivant. Mais alors qu’elle se plaquait encore plus contre lui, elle l’entendit gémir et elle se redressa vivement.

-“ Patrick, ça va ?” S’inquiéta-t-elle.
-“ Ça va, juste un peu mal à la tête” répondit-il en posant une main sur son front.
-“ Je suis désolée” s’excusa-t-elle en se redressant.

Mais Jane la retint d’une main, l’obligeant à revenir sur lui. Il ne voulait pas qu’elle s’éloigne de lui, même s’il avait mal à la tête. Il avait besoin de son contact, de sentir son corps contre le sien. Il ne s’expliquait pas tout ce qu’il ressentait en ce moment, ce besoin de la sentir près de lui, de la sentir contre lui. Quelques jours plus tôt, si on lui avait dit qu’il apprécierait avoir la jeune femme contre lui, il en aurait rit. Mais aujourd’hui, c’était vital pour lui, avoir Lisbon dans sa vie, et plus encore, dans son cœur. Il avait fait un énorme pas en avant, un pas qu’il ne pensait pas faire un jour.

-“ Reste contre moi Teresa” souffla-t-il. “ J’ai besoin de toi.”
-“ Moi aussi Patrick, mais j’ai encore plus besoin de toi en bonne santé.”
-“ Ça va passer, ne t’inquiète pas.”
-“ Ok, je t’ai ramené à manger, pas grand-chose mais je suis certaine que ça va te plaire” dit-elle en tentant de se lever, mais Jane la retint encore. “ Patrick, si tu veux manger, il faut que tu me laisse me lever.”
-“ D’accord, mais tu reviens vite.”
-“ Je vais juste chercher ce que j’ai ramené, je ne pars pas à l’autre bout du monde.”
-“ Encore une chance pour moi.”

Lisbon lui sourit, se leva, rapporta le repas de son collègue et s’installa contre la tête du lit. Elle l’observa manger, prenant garde à ce qu’il mange bien tout, comme une mère. Une fois qu’il eut fini, il posa le tout sur la table de nuit et se tourna vers la jeune femme.

-“ L’avantage de mon état” commença-t-il, et ne manqua pas la grimace qu’elle fit à ces mots, “ c’est que nous allons manquer toutes les activités du centre.”
-“ Je suis persuadée que ça te fait vraiment plaisir” sourit-elle.

Lisbon connaissait assez bien Jane pour savoir qu’il n’était pas un fan des exercices. Dès le premier jour elle avait sut que la randonnée ne lui plairait pas, pas plus que de partir à la redécouverte de leur sexualité. Elle n’était pas plus fan de cette activité précise, mais ils devaient se fondre dans la masse afin de ne pas éveiller les soupçons.

-“ Tu as des idées sur l’enquête ?” demanda Lisbon pour oublier ses pensées.
-“ Je pense que le coupable est un homme, qu’il en a après les femmes, mais pas toutes. Ce que je ne comprends pas, c’est la diversité qu’il y a entre les victimes. Aucune n’avait les mêmes centres d’intérêts, elles ne travaillaient pas dans les mêmes branches. Certaines étaient brunes et d’autres blondes. Certaines avaient les yeux verts et d’autres bleus. Il n’y a qu’un point qui revient à chaque fois, elles ont toujours soit les yeux verts, soit les cheveux bruns, pas forcement ensemble.”
-“ Il en aurait après une femme, ou plusieurs, et se rabattrait sur d’autres, ne pouvant pas atteindre celles qu’il veut ?”
-“ Je ne sais pas, je suis un peu perdu. Ce que je ne comprends vraiment pas c’est pourquoi ici, et pourquoi faire passer ça pour des suicides ?”
-“ Pour ne pas éveiller les soupçons, c’est peut-être aussi pour ça qu’il n’agit pas souvent.”
-“ Tu es certain qu’il s’agit d’un patient de l’institut ? Ça ne pourrait pas être quelqu’un qui travail ici ?”
-“ Comment tu sais que je pensais à ça ?”
-“ Je te connais bien Patrick, je lis dans tes pensées.”
-“ Et je pense à quoi là ?”

Jane laissa ses doigts se balader sur le ventre de Lisbon, souriant en la sentant frissonner et remonta sa main vers sa poitrine. Il voulait lui montrer ce qu’il voulait, lui faire comprendre qu’il envisageait sérieusement d’aller plus loin avec elle. Lisbon ferma les yeux de bien être, consciente de ce qui se passait, bien que ce ne soit vraiment pas le bon moment. Elle lui attrapa la main au moment où il la plaquait sur un sein.

-“ Patrick” gémit-elle, “ ce n’est pas le bon moment, on pourra faire ça plus tard.”
-“ Comme tu voudras” il retira sa main, “ mais sache que je n’oublie pas.”
-“ Si jamais ça arrive, je te le rappellerais” et elle lui fit un clin d’œil.

Lisbon se releva du lit, prit son portable et composa le numéro de Van Pelt.


Grace Van Pelt tapait sur son ordinateur à la recherche de quelque chose pour faire avancer l’enquête. L’attaque contre Jane l’avait un peu chamboulée, de l’imaginer attaché dans une cave, sans personne pour lui venir en aide, sur le point d’être tué. Elle avait vraiment eut peur pour lui, mais pas autant que sa patronne, elle le savait. La jeune femme se concentra sur son travail et soudain, son regard s’illumina lorsqu’elle tomba sur quelque chose d’intéressant. A ce moment-là, son portable sonna et elle répondit en voyant le nom de l’appelant.

-“ Bonjour patron, je crois que j’ai trouvé quelque chose” sourit-elle, bien que Lisbon ne puisse pas la voir.
-“ Qu’avez-vous trouvé ?” S’enquit la jeune femme.
-“ J’ai fait des recherches dans le passé de tous les hommes patients du centre” expliqua-t-elle, “ et il y en a un de suspect…Jeff Peters.”
-“ Je vous écoute.”
-“ Il est représentant en cosmétique, je sais c’est étrange pour un homme, mais j’ai trouvé qu’il y avait eut des suicides de femmes dans chaque villes où il s’est rendu pour son travail. Là encore, la police n’a fait aucun rapprochement. En même temps, les villes étaient éloignées les unes des autres, les femmes ne se connaissaient pas.”
-“ Ok, dites à Cho de le faire venir pour l’interroger” recommanda Lisbon. “ Et voyez s’il y a une ou des femmes à qui il pourrait en vouloir dans son entourage proche. Il doit y avoir une raison pour qu’il s’en prenne aux femmes comme ça.”
-“ Je continue de chercher. Et de votre côté, comment ça va ?”
-“ Jane va bien, un peu fatigué et il a mal à la tête, mais au moins il reste en place.”
-“ Bonne chance patron.”

Puis, la rouquine raccrocha son portable et se remit au travail. Elle était rassurée, Jane allait bien, il allait encore casser les pieds à Lisbon pendant longtemps et cela lui convenait. Enfin, elle plaignait parfois sa patronne, la pauvre devait supporter le mentaliste chaque jour et Grace était heureuse que ce ne soit pas elle. Puis, elle se remit au travail et lança de nouvelles recherches sur l’entourage de Jeff Peters. Il était leur seul suspect pour le moment, et toutes ces morts autour de lui ne pouvaient que le rendre coupable aux yeux des agents du CBI.

Elle entendit Cho et Rigsby revenir de la cafétéria et leur fit signe de s’approcher. Les deux hommes s’installèrent sur leurs chaises qu’ils approchèrent du bureau de la jeune femme et attendirent ses explications.

-“ Nous avons un suspect potentiel” leur dit-elle en tournant son écran vers eux. “ Jeff Peters. Il y a eu cinq suicides dans son entourage, dans les villes où il s’est rendu pour son travail.”
-“ Le même nombre qu’à l’institut” remarqua Rigsby. “ Quelles années ?”
-“ A chaque fois ça s’est passé avec une année d’écart avec les morts de l’institut.”
-“ Donc, il a tué tout les ans, mais personne n’a jamais fait le lien” récapitula Cho. “ Autre chose ? Des femmes dans son proche entourage qui pourraient correspondre aux victimes ?”
-“ Je cherche encore. Je vous tiens au courant quand j’ai quelque chose, mais Lisbon veut que vous fassiez venir Peters pour un interrogatoire.”
-“ Ok, on s’en occupe.”

Les deux hommes s’éloignèrent et se mirent au travail tandis que la rouquine continuait de chercher. Peters devait avoir une, ou plusieurs femmes, dans son entourage qui pouvaient correspondre aux victimes. Peut-être qu’il en avait après l’une de ces femmes, ce qui expliquerait pourquoi il tuait. Il fallait qu’elle trouve quelque chose et au plus vite. L’idée de sa patronne et de Jane se faisant passer pour un couple ne lui plaisait pas beaucoup. Jane devait certainement rendre Lisbon dingue, ce qui voulait dire que lorsqu’elle reviendrait, ils allaient tous vivre un enfer.

Son ordinateur émit des bips et elle se repositionna face à l’écran pour voir apparaître des photos, des rapports de polices et tout un tas d’informations.

-“ Oh mon Dieu” souffla-t-elle avant d’imprimer le tout.

Elle venait enfin de trouver ce qu’elle cherchait, l’élément déclencheur chez Jeff Peters. Lisbon n’allait pas en revenir, elle-même avait un peu de mal à y croire, et pourtant elle avait le tout sous les yeux. Il fallait absolument que les autres voient ça.



Lisbon avait raccroché son téléphone et était revenue vers le lit. Jane l’invita à se réinstaller avec lui, mais elle déclina son offre, lui arrachant une petite moue désapprobatrice. Mais elle tint bon, enfin presque puisque finalement, son regard de chien battu eut raison d’elle et elle vint s’allonger contre lui. Comment aurait-elle put lui résister ? Il savait parfaitement comment s’y prendre avec elle, mais au lieu de lui en vouloir, elle se contenta d’apprécier de se trouver contre lui. La jeune femme avait du mal à se reconnaître, cela ne lui ressemblait pas de se laisser aller comme ça avec un homme. Elle n’avait pas eut l’habitude d’avoir des hommes dans sa vie, mais avec Jane tout était différent.

La jeune femme releva la tête vers le mentaliste pour le trouver endormi. Elle sourit, se redressa pour lui déposer un baiser sur les lèvres puis se leva et quitta la chambre. Elle allait profiter de son sommeil pour continuer sa petite enquête. En marchant dans le couloir, elle croisa l’un des hommes de l’institut qui lui lança un drôle de regard, mais elle n’y fit pas plus attention et se dirigea vers l’accueil. Elle voulait savoir à quoi ressemblait Jeff Peters, elle avait le nom mais pas le visage. Mais alors qu’elle allait tourner, elle sentit une main se poser sur sa bouche, une autre plaqua un couteau sous sa gorge.

-“ Pas un bruit” lui souffla la voix d’un homme. “ Tu vas me suivre sans histoire.”

Lisbon regarda autour d’elle dans l’espoir de voir arriver quelqu’un, mais il n’y avait personne. Tout le monde était parti en randonnée, elle était seule et Jane ne pouvait pas lui venir en aide. Elle se fit entraîner de force dans le couloir jusqu’à une porte qui menait vers l’extérieur et l’homme la poussa ensuite dans une camionnette. Avant de refermer la porte du véhicule, il lui donna un coup sur la tête et tout devint noir. Sa dernière pensée fut pour Jane.

*****

Plus de peur que de mal

La voiture roulait depuis déjà une bonne heure lorsque Lisbon se réveilla, ballotée à l’arrière comme un vulgaire sac de pommes de terre. Elle releva difficilement la tête, encore sonnée du coup qu’elle avait prit sur le crane. Elle regarda autour d’elle afin de tenter de se situer, mais ne vit rien d’autre à travers la fenêtre que des arbres, des tas et des tas d’arbres. La jeune femme se laissa retomber sur la banquette après avoir tenté d’ouvrir la porte sans succès. Que pouvait-elle faire si ce n’est attendre que Jeff Peters s’arrête enfin ? Rien.

Lisbon ferma les yeux et repensa à Patrick qui dormait lorsqu’elle était partie. Peut-être s’était-il réveillé entre temps, peut-être se demandait-il où elle était passée. Après tout ce qu’ils venaient de s’avouer, tout ce qui s’était passé entre eux, voilà qu’elle était la nouvelle victime du tueur de l’institut. Mais pourquoi fallait-il toujours que les plans de Jane se finissent ainsi ? Elle avait sut dès le départ que les choses iraient mal, mais elle n’avait pas pensé à ça. Prétendre être la femme de Jane était ce qui lui avait fait le plus peur, se connaissant, elle savait qu’elle n’aurait pas tenu longtemps sans dévoiler ses sentiments pour lui. Et elle ne s’était pas trompée, Jane savait à présent ce qu’elle ressentait pour lui, tout comme elle savait ce qu’il ressentait pour elle.

Jamais elle n’aurait imaginé qu’un jour Jane puisse aimer une autre femme, et encore moins elle. Mais c’était un fait, il l’aimait, autant qu’elle pouvait l’aimer et elle en était heureuse. Mais voilà, ils ne pouvaient pas être heureux ensemble, le destin en avait décidé autrement. Peut-être que ses collègues arriveraient à temps pour la sortir de là, peut-être étaient-ils même déjà en route. Elle l’espérait vraiment, elle n’avait pas envie de mourir maintenant, pas alors qu’elle avait enfin trouvé le courage d’avancer avec Jane. Elle savait qu’il ne se remettrait pas de sa perte, pas cette fois.

La voiture fini par s’arrêter et Lisbon se redressa vivement, inquiète de ce qui allait suivre. Elle vit Peters sortir pour faire le tour de la voiture et ouvrir sa porte. Elle se recula instinctivement le plus loin possible de l’homme, mais il sortit son arme et l’obligea à le suivre, ce qu’elle fit donc. Il la conduisit dans une sorte de cabane délabrée, sentant le moisi et dont le toit tenait par un miracle. A l’intérieur ne se trouvait qu’une table au centre avec une chaise, et plus loin, caché derrière un drap, un matelas à même le sol. Peters attrapa une corde qui trainait sur la table, attacha les mains de Lisbon et la poussa sur le matelas avant de ressortir de la cabane, n’oubliant pas de refermer à clé.

Lisbon entendit le moteur de la voiture puis plus rien. Il était partit et elle était seule. Au moins elle était encore en vie, pour combien de temps elle ne le savait pas, mais elle n’attendrait pas son retour pour savoir de quelle façon il allait la tuer. Elle se leva, fit le tour de la pièce, inspectant le moindre recoin à la recherche d’un moyen de sortir d’ici, mais cette cabane était comme celle dans laquelle elle avait trouvé Jane. Il n’y avait rien si ce n’est la porte verrouillée qui, au contraire du reste de l’habitation, était en très bon état. Et malgré leur aspect délabré, les planches constituant l’habitation ne voulurent pas céder à ses coups d’épaule. Il y avait bien une fenêtre et Lisbon tira la chaise pour la ramener en dessous, mais même avec ça, elle était toujours trop petite.

La jeune femme sauta sur la chaise pour tenter d’atteindre cette fichue fenêtre, mais elle ne réussi qu’à la briser et se retrouva au sol, se cognant la tête si durement qu’elle senti le sang couler de son crane. Mais elle sentit également quelque chose qui la gênait à l’arriere de son pantalon et réalisa qu’elle avait son téléphone.

-“ Mais que je suis bête” s’insulta-t-elle. “ Pourquoi j’ai pas appelé de l’aide avant.”

Teresa tenta de l’attraper, mais ses mains liées devant elle n’aidaient en rien dans cette opération. Il fallait qu’elle trouve un autre moyen de le sortir de là ou tout simplement un moyen de défaire ses liens. Elle chercha un objet coupant dans la pièce, mais il n’y avait rien, ni couteau, ni verre, rien. Elle se laissa donc tomber sur le matelas, elle n’avait qu’à attendre que ses collègues la trouvent. Mais soudain, elle vit briller quelque chose dans un angle de la pièce, s’en approcha et poussa un cri de joie en découvrant un clou dépassant d’une planche. Elle s’en rapprocha encore, se mit de dos et commença à faire passer la corde afin de la couper. Malheureusement, elle se coupa également les bras, sentant le sang couler sur ses doigts.

-“ Mais coupe toi stupide corde !” s’énerva-t-elle en forçant encore, “ j’ai pas beaucoup de temps, coupe-toi.”

Au bout d’encore quelques minutes, elle sentit la pression autour de ses poigner se faire moins forte et après encore deux ou trois passages, la corde tomba au sol, la libérant. Elle porta immédiatement ses mains contre elle, essuyant au mieux le sang. Mais elle ne perdit pas de temps et se leva rapidement, tira la table vers la fenêtre et grimpa dessus. Elle fini par l’atteindre, poussa dessus et à sa plus grande surprise, elle s’ouvrit, lui laissant un passage, petit, mais elle pouvait passer. Elle se faufila donc par l’ouverture, retomba de l’autre côté et s’éloigna le plus possible avant de sortir son téléphone de sa poche et de composer un numéro.

-“ Cho” entendit-elle au bout de deux sonneries.
-“ Cho c’est Lisbon” souffla-t-elle, heureuse d’entendre la voix de son collègue.
-“ Où êtes-vous boss ?” Demanda l’asiatique. “ Jane a appelé, inquiet de ne pas vous revoir au bout d’une heure.”
-“ Peters m’a enlevée mais j’ai réussis à m’échapper” expliqua-t-elle, “ je suis dans la forêt mais ne m’en demandez pas plus. Depuis combien de temps ai-je disparu ?”
-“ Au moins cinq heures, Peters est en salle d’interrogatoire en ce moment.”
-“ Parfait, peux-tu envoyer quelqu’un me chercher s’il te plait ?”
-“ Je m’occupe de ça.”
-“ Merci.”

Puis elle raccrocha et s’assit sur le sol en attendant ses collègues.



Jane faisait les cent pas dans la chambre, incapable de rester en place plus de trente seconde. Lorsque Cho l’avait appelé pour lui dire que Lisbon allait bien et qu’il envoyait quelqu’un la chercher, il avait voulu y aller aussi. Mais son collègue lui avait formellement interdit, prétextant que Lisbon le tuerait si elle le voyait en dehors de leur chambre après le coup qu’il avait reçu à la tête. Il se fichait pas mal de ça, tout ce qu’il voulait était voir la jeune femme, s’assurer de ses propres yeux qu’elle allait bien, qu’elle n’était pas blessée et la serrer dans ses bras.

Lorsqu’il s’était réveillé et ne l’avait pas trouvé dans la chambre, il avait d’abord pensé qu’elle était sortie mener sa petite enquête en le laissant se reposer. Il lui en avait été reconnaissant, encore un peu fatigué, il avait besoin de sommeil. Mais plus le temps passait et plus il avait sentit l’inquiétude monter en lui. Finalement, au bout d’une heure, n’y tenant plus, il était sortit pour la trouver, mais ne la voyant nulle part et personne ne pouvant lui répondre, il avait fini par prévenir Cho.

Maintenant, il voulait la voir plus que tout. Cho lui avait dit qu’elle allait bien, mais il ne voulait pas se calmer pour autant. Il ne pouvait s’empêcher de la voir là, étendue sur ce lit, couverte de sang à chaque fois qu’il fermait les yeux. Cela lui rappelait Angela et Charlotte, le soir où il les avait découvertes mortes dans sa chambre. Rien que de penser à ça lui donnait des frissons dans tout le corps. Il entendit alors la porte s’ouvrir et il se tourna. Il resta figé un moment en voyant Lisbon s’avancer vers lui, un mince sourire sur le visage, comme si elle avait fait une bêtise. Et, n’y tenant plus, il se précipita vers elle, la prit dans ses bras brusquement et la serra fort contre lui, laissant échapper un souffle de soulagement.

-“ Teresa” murmura-t-il alors qu’il enfouissait son nez dans ses cheveux.
-“ Je suis là Patrick” souffla-t-elle en retour, l’entourant de ses bras et calant son visage contre son épaule, “ je suis rentrée.”
-“ J’ai cru… j’ai cru que… si tu savais comme j’ai eu peur” parvint-il à dire.

Il resserra un peu plus son étreinte autour de Lisbon, voulant ne faire plus qu’un avec elle. Il avait eut bien plus peur qu’il ne l’aurait cru, autant que lorsqu’il avait découvert sa femme. Rien qu’à cette pensée, il revit une fois de plus le corps ensanglanté de Lisbon, ce qui le fit trembler de la tête aux pieds. La jeune femme releva les yeux vers lui pour voir des larmes sur ses joues. Il pleurait, Jane pleurait et elle se sentit coupable, c’était de sa faute après tout. Alors, pour tenter de le calmer, autant qu’elle, Teresa se décolla de lui, le tira jusqu’au lit où elle le fit s’assoir et s’installa à côté de lui. Elle leva ensuite une main vers son visage, chassa les larmes du pouce, mais aussitôt d’autres glissèrent de ses yeux. Il avait été touché bien plus qu’elle ne le pensait, ce qui ne voulait dire qu’une chose, il l’aimait vraiment. Pas qu’elle ne l’avait pas cru lorsqu’il lui avait avoué ses sentiments, mais elle en avait une autre preuve.

Jane baissa les yeux, honteux de pleurer ainsi, de montrer sa faiblesse à Lisbon. Il ne pouvait pas se laisser aller ainsi, elle avait besoin de lui après ce qu’elle venait de vivre. Ce n’était pas en pleurant qu’il y parviendrait. Mais il ne parvenait pas à empêcher les larmes de couler, même avec la plus grande volonté du monde, il n’y arrivait pas. Il releva la tête, tombant immédiatement dans les yeux de la jeune femme. Elle était inquiète pour lui, comme toujours.

-“ Patrick, parle-moi s’il te plait” murmura la jeune femme. “ Dis-moi pourquoi tu pleure comme ça.”
-“ Quand… quand j’ai compris que tu avais été enlevée, j’ai cru que j’allais mourir. Je ne peux pas te perdre Teresa, tu es bien trop importante pour moi.”
-“ Toi aussi tu es important pour moi Patrick.”
-“ Cho a emmené Peters pour l’interroger, mais il ne voulait pas parler, il ne voulait pas dire où il t’avait emmené. Et… j’ai eu des flashs, d’horribles flashs dans lesquels je… je te voyais… morte, couverte de sang. Comme Angela et Charlotte. J’ai cru que j’allais revivre ça encore une fois.”
-“ Oh Patrick, je suis désolée, je ne voulais pas te faire autant de peine.”
-“ Ce n’es pas toi Teresa, c’est lui, en t’enlevant à moi.”
-“ Mais je suis flic, j’aurais du faire quelque chose.”
-“ Il t’a eut par surprise, tu ne pouvais rien faire” dit-il. “ Mais après, Peters a parlé, il a commencé à dire ce qu’il voulait te faire, comment il voulait te faire souffrir avant de te tuer, mais pas seulement.”
-“ Comment sais-tu tout ça ?”
-“ Van Pelt, elle m’a fait écouter l’interrogatoire.”
-“ Elle n’aurait pas dû faire ça.”
-“ Je ne lui ai pas laissé le choix et ne t’en prends pas à elle pour l’avoir fait. Je voulais juste savoir ce qu’il avait dit afin de peut-être trouver où tu étais.”
-“ Et ça t’as aidé ?”
-“ Non, je… j’étais bien trop impliqué pour avoir un jugement objectif.”
-“ Mais tout est fini maintenant, je suis là, je suis vivante.”
-“ Et tu ne peux pas savoir comme j’en suis heureux.”

Le silence retomba dans la chambre, le couple n’osant plus rien dire. De toute façon, ils avaient déjà tout dit. Lisbon s’en voulait de ne pas avoir été capable d’empêcher ça, de s’être fait avoir ainsi comme une bleue. Mais tout s’était bien fini, elle était de retour et elle était avec Jane. Que pouvait-elle demander de plus ? Et le tueur avait été arrêté, leur enquête touchait à sa fin. Mais ce qu’elle ne savait toujours pas, c’était pourquoi il avait fait ça, pourquoi il avait tué toutes ces femmes. Mais elle finirait par le savoir, pour le moment, elle devait prendre soin de Jane, il avait vraiment besoin d’elle et elle savait ce qui pourrait fonctionner sur lui.

La jeune femme releva le visage de Jane de sa main, plongea son regard dans le sien et avança vers lui pour poser ses lèvres sur les siennes. Mais ce baiser qu’elle voulait simple et doux devint rapidement fougueux et enflammé. Jane passa ses mains dans le cou de la jeune femme, la rapprocha le plus possible de lui. Elle se laissa faire avec joie, lui entourant elle aussi le cou et se plaqua si fort contre lui qu’il en partit à la renverse, tombant en arrière sur le lit. La jeune femme se retrouva sur lui et elle laissa ses mains se balader sur son corps, le caressant, le touchant à des endroits qu’elle n’avait jamais touché.

Jane n’était pas en reste, ses propres mains partaient à la découverte de la jeune femme, passant sous sa chemise et il la sentit frissonner sous des doigts. Elle avait la peau douce, chaude. Il se sentait revivre, il se sentait de nouveau lui-même, l’homme heureux qu’il était avant, lorsqu’Angela était encore en vie. Sauf que là c’était Teresa, la femme qui lui avait redonné le gout de la vie, qui lui avait aussi réapprit à aimer. Il ne savait pas ce qu’il avait fait de bien pour avoir droit à ce nouveau bonheur, mais il voulait en profiter le plus possible.

-“ Patrick” gémit Teresa en sentant l’une des mains de son amant remonter vers sa poitrine, doucement, délicatement.
-“ Si tu savais comme j’ai envie de toi Teresa” lui répondit-il.
-“ Moi aussi Patrick” souffla-t-elle, “ mais nous avons encore du travail et… oh.”

Jane venait de poser sa main sur un sein, le pétrissant adroitement, trouvant sans difficulté ce qui plaisait le plus à la jeune femme. Il aurait voulu continuer, aller plus loin, mais elle avait raison, ils n’avaient pas fini leur enquête. Alors avec toutes les difficultés du monde, il relâcha le sein de la jeune femme, souriant en l’entendant protester, et la fit rouler sur le côté.

-“ Ce n’est que partie remise” murmura-t-il contre ses lèvres.
-“ Aussitôt que nous aurons fini” sourit-elle en retour.

Elle l’embrassa une nouvelle fois avant de tenter de se lever. Mais Jane la retint par la main, la forçant à revenir contre lui.

-“ Patrick, nous devons y aller” protesta-t-elle.
-“ Je sais, mais je crois que ça pourrait attendre demain, il est tard et tu as besoin de repos” expliqua-t-il.
-“ Je n’avais pas remarqué qu’il faisait déjà nuit. Ok, je crois que je vais aller à la salle de bain prendre une douche alors.”
-“ Reviens vite Teresa.”
-“ Promis.”

Lisbon fini par se lever et se dirigea vers la salle de bain. Elle jeta un dernier coup d’œil vers Jane qui se réinstallait sur le lit et entra dans la pièce. Elle avait vraiment besoin de se laver, elle se sentait sale sans savoir pourquoi. Elle revoyait encore les larmes de Jane sur son si beau visage, la peine dans ses yeux bleus. Elle ne voulait plus jamais voir ça, il avait déjà bien trop souffert dans sa vie. Elle se promit de tout faire pour ne voir que des sourires sur son visage, il le méritait.