Erreur fatale ^

Chapitre VII. La chute des héros.

Il était tard cette nuit là. Passé deux heures du matin, Patrick Jane était encore au volant de sa Citroën DS. A ses côtés, Lisbon, silencieuse, les yeux rivés vers sa fenêtre. Elle regardait le paysage défilé à toute vitesse. Il jetait de rapides coups d’oeil vers elle quand il vit les larmes coulées sur son doux visage meurtri par la fatigue et la peur. Il posa alors sa main sur la jambe de Lisbon.

- Ca va s’arranger, Lisbon.
- Non, ça ne s’arrangera pas. C’est de pire en pire Jane.
- Grace va s’en sortir.
- Qu’est-ce que vous en savez ? Vous êtes médecin ? De toute manière même les médecins n’y croient plus. Elle va mourir et ça sera entièrement de ma faute !

Elle fondit en larmes sous le regard rempli de tristesse de Jane.

24 heures plus tôt :

« Quand on me parle d’amour, j’ai l’impression d’entendre des menaces » Teresa Lisbon était recroquevillée dans son canapé à se répéter cette phrase dans sa tête sans arrêt. Il ne se rendait probablement pas compte du mal qu’il pouvait lui faire. Et le truc le plus dingue dans cette histoire, c’est que plus il l’a faisait souffrir, plus elle s’entêtait à l’aimer. Oui elle l’aimait. Et c’était bien ça son problème car avant de tomber amoureuse, elle était une femme intelligente, avant de tomber amoureuse…
Les conflits internes entre sa raison et son coeur furent interrompus par la sonnerie de son téléphone portable.

- Lisbon ?
- Patron, c’est Cho. On a un problème. Il s’est passé quelque chose...

Lisbon écouta attentivement les explications de Cho, puis elle s’effondra par terre après avoir raccroché.


Wayne Rigsby entra en trombe dans l’hôpital, Lisbon, Jane et Cho étaient déjà là.

- Dîtes moi que ce n’est qu’un cauchemar et que je vais me réveiller. Supplia Rigsby.

Lisbon ferma les yeux tellement la douleur de voir l’un de ses agents dans cet état désespéré était trop forte. Cho prit Rigsby par les épaules et le força à s’asseoir. Un médecin arriva au même moment.

- Mademoiselle Van Pelt n’a que de légères brûlures superficielles. Ce qui m’inquiète est sa commotion cérébrale. Une commotion cérébrale est un ébranlement du cerveau, consécutif à un choc. Il en résulte un mauvais fonctionnement des cellules cérébrales et des troubles transitoires des fonctions cérébrales. Il est possible que certaines cellules cérébrales soient détruites par l’impact. Ca ne signifie pas nécessairement que les séquelles seront irréversibles bien évidemment…
- Quand est-ce que nous serons fixés ? Demanda Lisbon.
- Les symptômes d'une commotion cérébrale durent moins de 24 heures et souvent moins de 6 heures. S'ils persistent, cela signifiera que la gravité de la lésion cérébrale est plus importante. Nous vous informerons si nous avons des nouvelles.
- Je peux la voir ? Demanda tristement Rigsby
- Il vaudrait mieux qu’elle se repose. Quand nous serons fixés sur son état, vous pourrez. Mais pour le moment, je préfère éviter.
- Merci docteur.

Le docteur partit.

- Qu’est ce qu’il s’est passé ? Pourquoi Grace était encore au bureau aussi tard ?! Demanda Rigsby en pleure.
- Elle m’avait dit qu’elle voulait finir un de ses rapports en retard. Lui répondit Cho, peiné.
- Quelqu’un a plus d’explications sur ce qu’il s’est passé ? Demanda Jane.
- Elle a été retrouvé face contre terre en face du bureau de Lisbon.
- L’explosion a été déclenchée par l’ouverture de la porte de votre bureau patron. Expliqua Cho.
- Comment est-ce possible ?
- Les experts ont retrouvés une bombe, équipée d’un détecteur de mouvements, placée dans votre bureau, face à la porte. La bombe a détecté l’entrée de Grace et a explosé et Grace a été poussé par la force de l’explosion sur le mur d’en face. D’où sa commotion cérébrale.
- Une bombe ? S’exclama Lisbon.

Ils se regardèrent tous inquiets par la tournure des événements. Ils ne géraient plus rien. Leurs vies à tous étaient entre les mains d’une seule et unique personne. Et cette seule et unique personne, il valait mieux l’éviter…


Lisbon était face à son bureau complétement calciné. Des experts travaillaient encore dedans. Elle n’était même plus capable de pleurer, elle avait vidé le contenu de ses larmes dans les bras de Jane, à l’hôpital. Jane arriva derrière elle et posa une main sur son épaule.

- Ca va ? Lui demanda-t-il tendrement.
- C’est de ma faute, Jane.
- Ah non Lisbon. Ne commencez pas. Arrêtez de porter sur vos épaules toutes les peines du monde.
- Non, vous ne comprenez pas. La bombe, elle m’était dédiée. Ca aurait du être moi qui ouvrirait cette porte. Pas Van Pelt. C’était mon bureau, c’était moi qui étais visée.
- Lisbon…
- Je sais que vous y avez déjà pensé. Je l’ai compris dans votre regard.
- Je ne voulais pas vous faire peur un peu plus…
- Au point où j’en suis de toute manière…Vous croyez que c’est John Le Rouge qui est derrière tout ça ?
- Oui.
- Ce n’est pas sa méthode pour tuer sa victime pourtant…
- Il n’avait pas pour but de vous tuer. La preuve, Van Pelt est toujours vivante. Il voulait juste vous prouver que même si Andrew Reed était derrière les barreaux, lui il était toujours dans la partie.
- J’en peux plus Jane… Je suis arrivée à saturation…

Elle se refugia dans ses bras et le serra le plus fort possible contre elle. Jane, d’abord surpris par son geste, l’a serra un peu plus contre lui.

- Je suis là, je serais toujours là Teresa. Il ne touchera pas à un seul de vos cheveux. Et quand on l’aura eu, je partirais loin d’ici, en France, j’ai toujours rêvé d’y aller. Et je vous emmènerai avec moi.

Toujours dans les bras l’un de l’autre, elle leva les yeux vers lui en souriant malgré ses yeux brillants de larmes. Il l’a regarda aussi et lui rendit son sourire puis son regard dévia sur les lèvres de Lisbon. Il avait terriblement envie de poser ses lèvres sur les siennes à cet instant précis.

- Ma vie n'aurait été qu'un terrible naufrage sans vous. Vous m’avez sauvé par tout l’amour que vous m’avez donné, par votre soutien, par votre sourire. Et votre simple présence me sauve encore chaque jour. Murmura doucement Jane.

Ils approchèrent leurs visages un peu plus, leurs lèvres n’étaient plus qu’à quelques millimètres. Il allait enfin se passer ce qu’ils attendaient tous les deux depuis tellement longtemps. Soudain, le téléphone de Lisbon retentit, Lisbon sursauta et Jane se recula d’elle précipitamment, les sortant tous les deux de leur bulle.

- C’est Cho.

Lisbon décrocha. Jane observait les réactions de Lisbon pour tenter de comprendre ce que Cho pouvait bien lui dire, et c’est quand il vit Lisbon fermait ses yeux en laissant couler une larme le long de sa joue qu’il comprit. C’était Van Pelt…

Chapitre VIII. Sacrifice.

Lisbon était allongée sur son lit, les yeux fixés au plafond à penser à ces dernières heures. L’état de Van Pelt s’était aggravé. La commotion cérébrale était finalement plus grave que les médecins avaient pensé et elle était tombée dans le coma durant la nuit. Lisbon repensait au visage de son agent, si joyeuse, si vivante, elle méritait tout sauf ça. Alors qu’elle continuait à se torturer intérieurement, elle entendit des pas dans le couloir, sa porte de chambre s’entrouvrit, Jane y passa sa tête.

- Je ne vous réveille pas ?
- Je n’arrive pas à dormir.
- Cho vient de m’appeler. Grace va passer un scanner pour voir si les lésions de son cerveau sont opérables.
- Et si ce n’est pas opérable ?

Jane ne répondit pas mais regarda la jeune femme, le regard rempli de sous entendu…

- Je vois…

Jane vit de la culpabilité et de la tristesse dans le regard de sa patronne, il se décida alors à entrer dans la chambre, il fit quelques pas jusqu’au lit et s’allongea à ses côtés. Lisbon le regardait avec de grands yeux surpris mais lui gardait les yeux fixés au plafond, elle se décida alors à l’imiter. Quelques secondes plus tard, elle sentit une main prendre la sienne.

- Jane… Par rapport a ce qu’il a faillit se passer tout à l’heure ...
- On était tous les deux préoccupés par ce qu’il venait de se passer, on était inquiets pour Van Pelt, on s’est laissé dépassé par les évènements.

Après avoir dit cela, Jane retira sa main de celle de Lisbon et se leva du lit.

- Je vous laisse dormir un peu.

Il sortit de la chambre d’un regard. Il fuyait encore. Lisbon ferma les yeux pour masquer sa déception. Elle aurait encore une fois mieux fait de sa taire.


Wayne Rigsby était au chevet de Grace Van Pelt. Celle qu’il continuait d’aimer malgré toutes les épreuves de la vie. Elle était là, les yeux clos, la peau extrêmement blanche et des machines tout autour d’elle qui l’a maintenait en vie. Un « bip-bip » incessant, qui pourtant, rassuré Rigsby. Le cœur de sa belle battait encore. Mais pour combien de temps ?

- Ne me laisse pas Grace… Tu n’as pas le droit…

Rigsby posa sa tête sur la poitrine de Grace en pleurant.


Dans le couloir, Cho est assis, silencieux et impassible. Jane arriva et s’assit à ses côtés.

- Jane ? Vous n’êtes pas avec Lisbon ?
- Il y a des flics postés devant chez elle, elle ne craint rien. Il faut que vous veniez avec moi.
- Ou ca ?
- En prison.

Cho regarda Jane sans comprendre mais se décida à le suivre.


Jane entra dans une des salles de visites de la prison. Andrew Reed qui était assis sur une des chaises lui fit un énorme sourire en le voyant arriver.

- Mon cher Patrick, je suis ravi que vous soyez revenu aussi vite me voir ! Où est ma Teresa ?
- Je veux le rencontrer.
- De qui parlez vous ?
- Ne faîte pas l’idiot Reed. Je veux que vous disiez à John Le Rouge que maintenant ça se joue entre lui & moi et personne d’autre. Ca a toujours été lui et moi, ne changeons pas les règles.
- Je suis en prison, je ne peux pas le contacter.
- Je ne sais par quel moyen vous allez lui dire ce que je vous ai dis mais je sais que vous y arriverait. Je suis même sur que vous avez déjà eu des nouvelles de lui. Ce n’est pas la prison qui arrête John Le Rouge n’est-ce pas ?
- En effet Patrick, en effet.

Jane s’apprêta à quitter la pièce quand Andrew l’interrompit.

- Vous allez mourir. Si vous le rencontrait, il vous tuera. Vous n’aurez aucune chance. Vous en êtes conscient ?
- J’en suis conscient.
- Vous l’aimez… Vous êtes prêt à donner votre vie pour elle.
- Teresa et les autres ne méritent pas d’être mêlé à ça après tout ce qu’ils ont fait pour moi.

Jane sortit. Cho l’attendait dehors. Ce dernier s’adressa alors aux gardes.

- Je veux un compte rendu de tous les contacts qu’Andrew Reed aura à partir de maintenant. Ordonna Cho
- Très bien. Répondit un des gardes.

Jane et Cho sortirent de la prison.

- Si Lisbon sait que je vous ai laissé faire ça, elle me tuera.
- Elle n’en saura rien, Cho. Car aucun de nous deux ne lui dira.
- Et quand il voudra vous rencontrer, que ferez vous ?
- J’irais.
- Vous n’aurez aucune chance de survie.
- Je sais mais il mourra aussi et c’est ça le plus important.

Jane et Cho montèrent dans la voiture sans un mot de plus.

Chapitre IX. In extremis.
Partie 1/2 :

Le soleil venait à peine de se lever sur Sacramento. Patrick Jane était accroupi devant une tombe, celle de sa femme et de sa fille. Il souriait, il se sentait apaisé prés d’elles. C’était ici qu’il puise la force de se battre, ne jamais abandonné. Il caressait avec l’une de ses mains le marbre froid qui recouvrait ses deux trésors. Le téléphone de Jane sonna. Il le sortit de sa poche et y répondit.

- Salut Cho. Du nouveau ?
- (…)

Jane fit un grand sourire et raccrocha.

- Je n’ai jamais été aussi proche de l’atteindre. Je vais enfin pouvoir respecter la promesse que je vous ai faite.

Il posa une dernière fois sa main sur la tombe, puis il se leva et rejoignit sa voiture en affichant un sourire serein.


Teresa Lisbon ouvrit difficilement les yeux, elle se leva de son lit, prit une douche et se prépara pour aller à l’hôpital. Arrivée au rez de chausser, elle remarqua qu’il n’y avait aucune trace de Jane, encore une fois, son instinct de flic ne présageait rien de bon. Prise de panique, elle courut dans la commode où était rangée son arme. Elle avait vu juste, son arme avait disparu, et Jane aussi. Elle ouvrit alors la porte d’entrée pour se retrouver face à deux policiers qui montait la garde pour sa sécurité.

- Excusez moi ?
- Oui agent Lisbon ?
- Vous avez vu Patrick Jane sortir ?
- Il est parti cette nuit, vers deux heures du matin.
- Il ne vous a pas dit où il allait par hasard ?
- Non, désolé madame !
- Merci quand même…

Lisbon monta dans sa voiture et partit en direction de l’hôpital.


Pendant ce temps, Jane était dans sa voiture, garé devant un immense terrain vague, une vieille bâtisse trônait au centre. Il souffla, descendit de sa voiture et s’avança vers le hangar avec toujours ce même regard serein depuis qu’il avait quitté le cimetière…


À l’hôpital, Cho dormait sur une des chaises quand il fut réveillé en sursaut par sa patronne.

- Vous n’avez pas vu Jane ? Demanda Lisbon, bredouille.
- Non je ne l’ai pas vu… Bafouilla-t-il.

Cho se sentit brusquement mal à l’aise. Il détestait mentir, et surtout à sa patronne. Elle ne le méritait pas. Mais elle ne méritait pas non plus de mourir. Laisser Jane faire ce qu’il voulait était donc la meilleure solution pour tout le monde à ses yeux, même si cela pouvait paraître égoïste aux yeux des autres.
Lisbon remarqua la bataille qui faisait rage dans les pensées de Cho, elle le fixa un long moment avec qu’il le remarque.

- Est-ce que, par le plus grand des hasards, se pourrait-il que vous me cachiez quelque chose agent Cho ?
- Moi ? Non pas du tout !
- Je vous ai connu meilleur menteur que ça !

Lisbon approcha son visage menaçant de celui de Cho.

- Vous savez où est Jane ?!
- Mais patron !
- Vous savez où est Jane !! Où est-il ?!
- Je ne peux pas vous le dire patron. Je suis désolé.
- Vous ne pouvez pas ou vous ne voulez pas ?!
- Il fait ça pour nous sauver la vie à tous.

Lisbon était bouche bée, il allait trouver John Le Rouge tout seul, il allait mourir.

- Cho je vous en prie… Dîtes moi ou il est ! Il n’aura aucune chance s’il y va seul !
- Vous n’en n’aurez pas plus que lui.
- C’est notre ami !

Cho sembla déboussolé devant la détresse de sa patronne. Il n’était pas dupe, il savait bien que Jane était bien plus qu’un ami pour elle.

- Jane a été rendre visite à Reed pour qu’il fasse passer un message à John Le Rouge.
- Quel était ce message ?
- Que ça devait se jouer uniquement entre eux. Reed a réussi à contacter John Le Rouge je ne sais comment. J’ai eu un appel d’un des gardiens de la prison, Reed avait une adresse à donner pour Jane. J’avais demandé aux gardiens de surveiller ses contacts pour avoir une chance d’attraper John Le Rouge mais Reed n’a jamais eu aucun contact avec l’extérieur depuis Jane.
- Quelqu’un d’autre est dans la prison pour établir le lien entre Reed et John Le Rouge.
- Sûrement.
- L’adresse, vous l’avez ?
- Patron…
- L’adresse Cho !

Cho soupira longuement, il prit un papier et un crayon qui traînaient dans sa poche, il gribouilla l’adresse et tendit le mot à Lisbon.

- Merci…

Lisbon se leva et partit en courant. Elle monta dans sa voiture et sursauta quand la porte côté passager s’ouvrit. C’était Cho.

- Si il vous arrivait quelque chose, je m’en voudrais toute ma vie. Allons-y.

Lisbon le remercia d’un signe de tête et démarra.


Pendant ce temps là, Jane entra dans le hangar. Il faisait incroyablement sombre. Quand ses yeux commencèrent à s’habituer à l’obscurité, il remarqua que la maison était vide, il n’y avait aucun meuble. Pourtant, au centre de la maison, quelque chose attira son attention, une enveloppe. Il s’en approcha, l’a prit dans ses mains et l’ouvrit. Dedans se trouvaient plusieurs photos. Des photos de Lisbon, prises à différents moments, qui prouvaient que John Le Rouge l’avait traqué sans relâche ces dernières semaines. Le cœur de Jane se serra dans sa poitrine, dans un élan de rage, il les arracha toutes une par une. Des applaudissements retentirent. Jane tenta de trouver d’où le son provenait mais les applaudissements se transformèrent en rire, un rire à vous glacer le sang. Le compte à rebours avait commencé. La vie de Jane ne tenait plus qu’à un fil.

Chapitre X. In extremis.
Partie 2/2

Lisbon roulait à toute allure sur une route perdue, Cho se cramponnait à son siège.

- Il n’y a pas très longtemps, vous et votre voiture avez finit dans l’eau, vous vous souvenez ? Vous ne voulez pas ralentir patron ?

Lisbon le fusilla du regard et appuya un peu plus sur l’accélérateur, Cho leva les yeux au ciel et se cramponna encore un peu plus. Sans aucun doute ferait-il mieux de se taire.


Dans la pénombre du hangar, un homme avançait calmement. Dans un premier temps, Jane ne put apercevoir que ses chaussures, des mocassins noirs. Au fur et à mesure que cet inconnu avançait, Jane découvrait un peu plus le corps du meurtrier de sa famille. Après les mocassins, il découvrit que l’homme portait un simple jean. Jane attendait impatiemment de pouvoir mettre enfin un visage sur John Le Rouge mais ce dernier se stoppa avant que le peu de luminosité de la pièce lui dévoile le haut du corps.

- Je vais vous avouer que votre requête auprès de mon cher Andrew m’a agréablement surpris, Patrick.
- Il était temps de se rencontrer non ?
- Je suis tout à fait d’accord, mais je n’étais pas certain que vous soyez prêt vous voyez ?
- Vous ne me connaissez pas.

John Le Rouge rit aux éclats.

- Vous et moi ne sommes qu’une seule et même personne Patrick.
- Je ne suis pas comme vous.
- En êtes-vous vraiment sur ? Comment s’appelait-il déjà ? Oh aidez-moi Jane, vous souvenez vous du nom de l’homme que vous avez tué froidement devant ces centaines de personnes au centre commercial ?
- Cet homme méritait amplement de mourir, il était sous vos ordres, tout comme Reed.
- Mais ce ne sont pas eux qui ont arraché la vie d’Angela et Charlotte.

Jane serra la mâchoire et les poings pour tenter de contenir sa rage et de ne pas sauter au cou de ce monstre sans cœur.

- Mais pourquoi êtes vous venu ici, Patrick ? Pour vous sacrifier afin de sauver la vie de la jolie flic qui vous a prit sous ses ailes et dont vous êtes tombé amoureux ? Et votre femme ? Que penserait-elle de vous voir batifoler avec notre chère Teresa ? Vous vous souvenez de ce que le prêtre vous a fait jurer lors de votre mariage « Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours et assistance en tout circonstance » on dirait bien qu’aucune de ses promesses faite à votre magnifique femme lors du plus beau jour de sa vie n’a été respecté…

John Le rouge avança d’un pas, son visage sortit enfin de la pénombre. Il avait les cheveux bien peignés, d’un noir éclatant, les yeux bleu océan. Il était plutôt beau et aurait même pu être désirable si ce n’était pas un tueur en série… Cela choqua Jane qui s’attendait à tous sauf à un homme d’apparence aussi « normal ».

- Vous savez mon cher Patrick, nous pouvons êtres grands ensemble. Nous pourrions réaliser de grandes choses.
- Je ne suis là que pour une seule et unique chose, vous offrir un aller sans retour en enfer.
- On s’y retrouvera dans tous les cas.

Jane sortit l’arme qu’il avait « emprunté » à Lisbon et la pointa sur son ennemi de toujours, John Le Rouge.

- Si vous me tuez, elle ne vous le pardonnera jamais vous savez ?
- Fermez là !
- Elle vous sortira de sa vie, à jamais. La case prison avait déjà eu tellement de mal à passer, croyez-vous vraiment qu’elle laissera passer ça ? Je vous ai déjà volé des années de votre vie, ne voulez-vous pas recommencer à vivre au lieu de simplement tenter de survivre ? Refaire votre vie avec Teresa. Tentant non ? Si vous tirez, vous pourrez lui dire adieu et vous le savez.

Des flashs de Lisbon, de son sourire, de ses lèvres qu’il aurait rêver d’embrasser au moins une fois, du corps qu’il aurait aimé découvrir, de la femme qu’il aurait voulu aimer. Rien qu’une fois... Jane sembla hésiter, ce que John Le Rouge ne manqua pas de remarquer. Tout se passa ensuite très vite, Jane n’eut pas le temps de voir son ennemi sortir une arme de sa poche qu’il le pointait déjà sur lui.


La voiture de Lisbon freina violemment à proximité de la voiture de Jane. Cho et elle y sortirent, armes à la main et se dirigèrent doucement mais sûrement vers le hangar. Alors qu’ils y étaient presque, un coup de feu retentit. Le cœur de Lisbon s’emballa, et si c’était le corps de Jane qu’elle découvrirait baignant dans son sang ? Soudain, une voiture sortit à tout allure du hangar, Cho poussa violemment sa patronne sur le côté pour l’empêcher de se faire faucher puis il tira toutes les balles chargées dans son arme sur la voiture sans jamais pouvoir l’arrêter. John Le Rouge avait filé.

- Patron vous allez bien ?

Cho regarda alors sa patronne pour voir si elle allait bien et vit qu’elle fixait l’intérieur du hangar, il suivit son regard et vit un corps allongé par terre, le corps de Jane. Lisbon se leva précipitamment et courut vers lui. Ses jambes lui paraissaient lourdes, elle avait l’impression d’avancer à reculons. Elle força encore un peu plus sur ses jambes tout en hurlant de désespoir. Elle s’écroula par manque de force prés du corps sans vie de Jane. Cho arriva quelques secondes après elle, il bascula le corps de Jane sur le ventre, commença un massage cardiaque et approcha son visage de celui du consultant quand une main le repoussa et le fit tomber sur les fesses. La main de Jane.

- Si vous me faîte du bouche à bouche, je vous tue. Articula faiblement Jane.
- Mon dieu Jane vous êtes vivant ?! Demanda Lisbon en pleurant.
- On dirait, oui.

Cho se leva et tendit sa main à Jane pour l’aider à se relever. Debout, Jane déboutonna sa chemise et montra aux deux agents devant lui son gilet par balles.

- Je vous l’ai piqué dans votre dressing en même temps que votre arme. Je me suis dis que ça pouvait m’être utile.

Lisbon se jeta dans les bras de celui pour qui son cœur battait. Il l’a serra contre elle et lui embrassa tendrement le haut de son crâne pour faire cesser ses larmes qui coulaient à cause de lui. Soudain, il l’a sentit se crisper, elle se dégagea de lui violemment, le fusilla du regard et le gifla de toutes ses forces. Puis elle sortit précipitamment du hangar tandis que Jane se massait la joue en grimaçant.

- Merci pour votre confidentialité agent Cho, je suis très touché ! Dit ironiquement Jane.

Jane court pour tenter de rattraper Lisbon. Cho soupira.

- Ils vont me rendre dingue ces deux-là …

Cho suivit Jane. Arrivés devant les voitures, Lisbon se retourna pour faire face aux deux hommes.

- Je ne veux plus jamais vous voir ni vous parler Jane !! Vous êtes le roi des abrutis !
- Lisbon calmez-vous… tenta Jane.
- Non je ne me calmerais pas ! Je vais même me mettre encore plus en colère !

Lisbon sortit son arme, Jane et Cho sursautèrent en même temps.

- Patron vous devriez vous calmer et ranger cette arme parce que…

Cho n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’un coup de feu retentit, Lisbon venait de tirer dans une des roues de la voiture de Jane. Les deux hommes regardaient Lisbon, bouche bée. Elle les fusilla du regard.

- Au moins, ça vous gardera assez longtemps loin de moi, le temps que mon envie de vous tuer disparaisse. Quoi que… Au fond, j’ai toujours voulu vous étrangler ! Vous êtes une bande d’abruti congénital !

Lisbon monte dans sa voiture et démarre en trombe laissant les deux hommes seuls sans voiture pour rentrer.

- Génial ! On a plus qu’à rentrer à pieds ! Soupira Cho en levant les bras au ciel.
- Elle a crevé mon pneu ! S’indigna Jane, encore choqué par tant de violence de la part de la jeune femme.

Teresa Lisbon était assise par terre, adossée à sa porte d’entrée, en pleure. Quand elle l’avait vu allongé, elle l’avait cru mort. Des millions de pensées morbides étaient passés dans sa tête, à un tel point qu’à un moment, elle s’était même dit qu’elle allait le rejoindre là-haut sans tarder. Elle avait voulu mourir pour lui. Elle se sentait faible et désarmée, il lui avait volé son cœur et il était dans un sale état de sa faute parce qu’il n'était pas capable d'en prendre soin. Elle devait lui reprendre, elle devait vraiment le sortir de sa vie. A cause de lui, elle avait enchainé les conneries, elle s'était mise à boire, elle avait eu un accident de voiture, et un tueur en série en avait après elle. Le côté ironique de l’histoire, c’est que John Le Rouge veut la tuer uniquement parce qu’elle tient à Jane. Finalement, il n’avait pas que des mauvaises idées ce satané tueur en série. Aujourd’hui, Jane ne l’avait pas prit en compte. Il ne s’était pas préoccupé du mal qu’il allait encore lui faire. Mais cette fois, c’était la fois de trop.
Elle ferma les yeux pour tenter d’apaiser son cœur qui l’a faisait atrocement souffrir quand on frappa à la porte. Elle regarda sa montre, cela faisait deux heures qu’elle avait laissé Cho et Jane seuls, sans voiture. Elle se doutait donc bien que c’était Jane qui se trouvait de l’autre côté de la porte. Elle l’ignora royalement et garda les yeux clos.

- Je sais que vous êtes là, Lisbon.
- Je n’ai jamais affirmé le contraire.
- Lisbon ouvrez, je vous en supplie. Qu’on puisse s’expliquer autrement qu’à travers une porte !
- Il n’y à rien à expliquer, dégager Jane !
- Moi j’ai des choses à vous expliquer !
- Oui, vous allez encore me raconter l’histoire à votre manière, pour que je vous pardonne, comme à chaque fois, comme à chaque erreur que vous faîtes et qui me blesse ! Mais cette fois non, c’est trop tard. Vous avez franchi la limite. Partez maintenant.

Jane porta une main dans ses cheveux ce qui montra son agacement.

- Je suis vraiment désolé de vous avoir fait peur, Lisbon ! Mais c’est pour vous que j’ai fais ça ! Pour vous sauver la vie !
- Comme a chaque fois n’est-ce pas ?
- Lisbon…
- Je me demande vraiment ce que j'ai fait pour mériter ça, parce que, je n'ai rien fais de mal ... A part peut-être vous avoir trop aimer !

Jane se surprit à sourire après ce que Lisbon venait de lui avouer. Elle l’aimait. Oui, il le savait déjà depuis un petit moment maintenant, mais l’entendre lui dire lui donna l’impression soudaine d’avoir reprit goût à la vie.

- On va faire un deal vous et moi, d’accord ?
- Quoi encore ?
- Essayez une minute de voir comment sera votre vie si je n’en faisais plus partie. Et si vous ne voyez pas de différences, alors je m’en irais.

Lisbon se leva, respira un bon coup et ouvrit doucement la porte. Jane fut touché de voir l’état dans lequel elle était de sa faute. Ses yeux étaient gonflés et rougis par ses larmes, sa très légère couche de mascara avait coulé le long de ses joues. Mais aux yeux de Jane, elle n’en était pas moins belle pour autant.

- Laissez moi croire que ça va changer. Laissez moi croire que vous aimer ne rime pas avec danger. Murmura Lisbon.
- Aujourd’hui, j’aurais donné ma vie pour sauver la votre sans la moindre hésitation. On m’a toujours dit que l’on sait que l’on est amoureux le jour où on prend conscience que l'autre à plus d'importance à nos yeux que notre propre vie. Répondit Jane en souriant.

Lisbon lui lança un regard d’incompréhension mélangé à un regard rempli d’espoir. Se pourrait-il qu’il soit en train de lui avouer qu’il l’aime aussi ?

- Oui. Répondit Jane comme si il venait de lire dans ses pensées.

Jane s’approcha de Lisbon pour ne plus être qu’à quelques millimètres d’elle. Il prit son magnifique visage entre ses mains, et approcha doucement le sien. Leurs regards se croisèrent, des regards remplis de désirs. Jane posa alors tendrement ses lèvres sur celles de Lisbon. Une décharge électrique passa dans tous son corps. Si un jour on lui avait dit qu’après la mort de sa femme, il aurait de nouveau ressentit cette agréable sensation, si un jour on lui avait dit qu’il retomberait amoureux quelqu’un, il ne l’aurait jamais cru. Et pourtant…
Jane mit fin au baiser et se recula légèrement pour voir la réaction de la jeune femme. Elle gardait les yeux clos, de peur que ce moment de bonheur disparaisse. Une nouvelle larme roula sur sa joue.

- Teresa ? Demanda Jane, inquiet.

Elle ouvrit les yeux et il l’a vit lui sourire tristement.

- Ca ne marchera pas. Parfois l’amour ça ne suffit pas. Trop de souffrance, trop de déceptions, trop de peur. Beaucoup trop de choses nous sépare… Dit-elle, un sanglot dans la voix.
- Mais…

Elle lui posa le doigt sur sa bouche pour le faire taire.

- Chut, ne dis rien.

Elle enroula ses bras autour de la nuque de Jane et lui donna un second baiser beaucoup plus long et tendre que le précédent. Puis elle se recula de lui.

- Même si mon coeur est brisé, tu resteras la meilleure erreur que j'ai faite Patrick.

Elle lui tourna le dos et referma la porte sans un mot, le laissant seul avec ses regrets.

A l’hôpital, Rigsby dormait sur une chaise inconfortable au chevet de Grace. Il fut soudainement réveillé par un son strident. Ce son provenait du monitoring qui surveillait l’activité cardiaque de Grace.
Trois infirmières entrèrent précipitamment dans la chambre, une des deux demanda à Rigsby de sortir de la chambre. Il eut juste le temps d’entendre une infirmière crier :

- Elle fait un arrêt… Code bleu ! Amenez le chariot de réa !

Deux cœurs venaient de se briser, un autre venait de s’arrêter.