La vengeance d'un homme ^

La vie avait reprit son court après toute cette affaire. Peyson et Zoé étaient suivies par un pédopsychiatre depuis leur retour à la maison. La petite Zoé faisait encore parfois des cauchemars, même après presque trois mois. Pour Peyson non plus ce n’était pas facile, mais elle semblait mieux s’en remettre. Elles avaient reprit les cours dans une nouvelle école en attendant la reconstruction de l’autre suite à l’incendie.
Peyson avait insisté pour voir l’agent Scanlon, elle se sentait coupable de ce qui lui était arrivé. La jeune femme avait été si heureuse de voir que la fillette allait bien qu’elle en avait pleuré en la prenant dans ses bras. Depuis, l’agent venait régulièrement rendre visite à la famille, pour la plus grande joie des fillettes.
Elle était à présent comme un membre de la famille, venant parfois dîner avec eux le Dimanche ou sortir au parc. Peyson s’était très attachée à elle suite à la mort de sa famille et cette seconde affaire n’avait fait que renforcer leurs liens.

Les garçons étaient encore plus protecteurs envers les deux filles qu’ils ne l’étaient avant. Michael accompagnait ses sœurs à l’école, puis s’assurait qu’elles y entraient bien. Puis il venait les chercher en fin d’après-midi. Lui qui était le grand frère parfait avant l’était encore plus. Marie était fière de son fils, il était l’enfant dont tous les parents pouvaient rêver. Les autres aussi s’occupaient pleinement des fillettes, en particulier Nick. Depuis qu’il avait trouvé Zoé devant chez eux, en pleurs, il était devenu comme son ombre. Il n’était plus l’adolescent perturbé qu’il était en arrivant chez les Hayes, il était devenu calme, attentif. Il prenait vraiment son rôle de grand frère très à cœur.
Les jumeaux n’avaient pas beaucoup changé, mais ils passaient moins de temps entre eux et plus avec les filles. Tous avaient peur que quelque chose d’autre leur arrive et pour que cela ne se produise plus, ils veillaient sur elles.
Les Hayes avaient finalement adopté officiellement Peyson et cette dernière s’appelait désormais Peyson Hayes. C’est elle qui avait fait ce choix, voulant faire partie intégrante de la famille, pour le plus grand bonheur de Marie.

Cela faisait aujourd’hui six mois que la famille de Peyson avait été tuée, ainsi que la famille de sa meilleure amie. Mais contrairement à ce que tous pensaient, la fillette n’était nullement triste. Enfin, elle l’était tout de même un peu, sa famille lui manquait énormément. Mais elle n’était pas seule. Thomas avait prit un jour de congé afin de la conduire au cimetière à sa demande, elle voulait aller voir ses parents.
La petite fille avait demandé à son ’père’ de l’accompagner, mais elle ne voulait pas qu’il reste avec elle, ce qu’il avait comprit. Il savait qu’elle ne serait pas seule de toute façon, Lisbon et Jane devaient la rejoindre au cimetière. Thomas connaissait l’attachement qu’il y avait entre Peyson, l’agent et le consultant et il était heureux pour sa fille.

L’homme monta dans la chambre des filles où il les trouva assises sur le sol, un tas de photos devant elles. Zoé semblait fascinée par ce qu’elle voyait, elle passait d’une photo à l’autre en demandant des détails que sa sœur lui donnait avec joie.

-“ Là c’est Ethan le soir de Noël” raconta Peyson. “ Il ne voulait pas aller se coucher, il voulait rester debout pour voir le père Noël. Il s’est mit devant la cheminé avec les mains sur les hanches et papa a prit la photo.”
-“ Il a l’air sérieux” commenta Zoé.
-“ C’est pour ça que papa à fait la photo” précisa Peyson.
-“ Et celle-là ?” Demanda la fillette en pointant une autre photo.
-“ Ça” elle fit une pause, prit une profonde inspiration et reprit. “ Ça c’est une photo prise pas longtemps avant que mon oncle… avant que ma famille…”

Thomas comprit de quoi il s’agissait et il s’apprêtait à aller la consoler lorsqu’il vit Zoé passer un bras autour de l’épaule de sa sœur et la serrer fort contre elle. Sa petite main passa sur la joue de Peyson et chassa ses larmes. Les deux fillettes restèrent ainsi un moment, en silence avant de finalement s’écarter l’une de l’autre et se lever. Zoé aida Peyson à ramasser les photos qu’elles rangèrent dans le carton avant de le mettre dans le placard. Lorsqu’elles se tournèrent, elles virent Thomas sur le pas de la porte.

-“ Tu es prête Peyson ?” demanda-t-il.
-“ Je prends ma veste et on peut y aller” répondit la fillette.
-“ Je t’attends en bas.”

Il s’éloigna dans le couloir pour laisser un peu de temps à ses filles. Elles étaient vraiment très proches, pour sa plus grande joie. Quand il avait décidé d’accueillir des enfants chez lui, il avait craint qu’ils ne s’entendent pas les uns avec les autres. Mais ça n’avait pas été le cas. Tout ses enfants s’entendaient à merveille et même Peyson, bien qu’elle ne soit pas arrivée depuis longtemps. Ils n’étaient peut-être pas ses enfants par le sang, mais ils les aimaient plus que tout.

Il vit Peyson arriver en bas de l’escalier, tenant la main de Zoé dans la sienne puis les fillettes se prirent dans les bras avant de se séparer. Peyson se tourna vers Thomas, attrapa la main qu’il lui tendait et le suivit jusqu’à la voiture. Elle s’installa sur la banquette arrière pendant que Thomas s’installait derrière le volant. Il jeta un regard à la petite fille à travers le rétroviseur. Elle avait une expression sérieuse sur le visage, les yeux perdus dans le vague. Il s’en voulait de ne pas pouvoir l’aider, mais il savait que ce n’était pas son rôle.

En tant que père, il aimait l’idée d’être là pour ses enfants lorsqu’ils avaient besoin de lui, pouvoir les consoler, les guider. Et c’était le cas, mais pas cette fois. Peyson avait vécut quelque chose de terrible et ce n’était pas à lui de l’aider. Elle avait tissé des liens spéciaux avec Patrick Jane et Teresa Lisbon, des liens si forts qu’eux seuls pouvaient le faire. Lorsqu’il avait prit Peyson chez lui, lorsqu’on lui avait dit ce qu’il s’était passé, il avait été étonné que l’agent et son consultant ne se soient pas proposés pour s’occuper d’elle. Ils semblaient si proches les uns des autres.

Mais il comprenait la position de l’agent Lisbon. Elle avait une vie difficile, et dangereuse. Il savait que si les choses avaient été différentes, elle l’aurait prise avec elle. Teresa aimait Peyson, comme si elle était de sa propre famille. Pour ce qui en était de Jane, il savait aussi que l’homme l’aimait comme si elle était sa fille. Il se doutait que si les choses avaient été différentes, il l’aurait prise avec lui. Seulement voilà, les choses étaient ce qu’elles étaient et Peyson vivait avec lui maintenant.
Il aimait Peyson autant qu’il aimait ses autres enfants, comme si elle était sa propre fille. Il était heureux qu’elle vive avec lui et sa famille. Il regrettait juste ce qu’elle avait vécu pour en être là.

Ils arrivèrent enfin devant le cimetière et Peyson se redressa sur son siège. Ses yeux partirent à la recherche des deux personnes qui la comprenaient le mieux. Un sourire illumina son visage en voyant le couple un peu plus loin devant une voiture. Jane la salua de la main et Peyson secoua la main. Elle était heureuse de les voir, Thomas le voyait bien, mais il pouvait aussi voir la tristesse dans son regard.
Il se gara derrière la voiture de l’agent et à sa grande surprise, Peyson attendit sagement qu’il vienne lui ouvrir la porte. Mais lorsqu’il le fit, elle sauta du véhicule et se précipita dans les bras de Lisbon qui la serra contre elle. Jane se joignit aux deux femmes de sa vie et Thomas sourit. Le lien entre ces trois-là était vraiment fort.

-“ Je ne la ramènerais pas trop tard” dit alors Lisbon en relâchant Peyson.
-“ Je ne m’inquiète pas, je sais qu’elle est entre de bonnes mains” sourit Thomas et tendant la veste de sa fille à Jane. “ Je serai à la maison ce soir, je ne travaille pas.”
-“ Nous voulions l’emmener dîner avant de la ramener” l'informa Jane, “ si cela n’est pas un problème.”
-“ Pas du tout” affirma Thomas. “ Et je suis certain que cela ferait plaisir à Peyson.”
-“ Oh oui alors” s’écria la fillette.
-“ Alors c’est réglé” sourit Thomas avant de se pencher vers Peyson. “ On se voit ce soir ma puce.”

Puis il s’éloigna vers sa voiture, laissant le trio.




Jane et Lisbon étaient debout derrière Peyson. La petite fille était à genoux devant les pierres tombales, un petit bouquet de fleurs entre les mains que Jane avait sortit de la voiture. Elle se pencha pour le déposer au sol sur la tombe de sa mère se trouvant entre celles de son père et se son frère. Elle avait quelques larmes sur les joues, mais elle s’en fichait. Qu’importe qu’elle se montre faible devant Patrick et Teresa, ils ne la jugeraient pas.
Elle savait qu’ils étaient aussi tristes qu’elle. Ils n’avaient pas connut ses parents, mais ils avaient du cœur. Elle savait qu’ils avaient tous les deux perdu des êtres chers, ils la comprenaient.

Elle porta sa main à ses lèvres avant de la poser sur chacune des tombes. Puis elle se leva, se tourna vers ses amis et Lisbon l’entoura de ses bras. Peyson se laissa aller contre l’agent, pleurant un peu plus fort. Elle finit par se calmer, sécha ses larmes et Jane l’entraîna vers la voiture tandis que Lisbon se tournait vers les tombes. Elle s’approcha puis porta sa main à la croix autour de son cou.

-“ Mr et Mme Tanner, je suis Teresa Lisbon” commença-t-elle. “ Je suis l’un des agents qui à permit l’arrestation de votre assassin et j’ai également participé à la protection de Peyson.” Elle s’arrêta, chassa une larme qui avait trouvé son chemin sur sa joue. “ Je voulais vous dire que j’aime votre fille, énormément. Je sais que je ne pourrai jamais vous remplacer dans son cœur et je ne le cherche pas. Je voulais juste que vous sachiez qu’elle ne sera jamais seule, je serais toujours là pour elle, ainsi que Patrick Jane, mon collègue qui est également très attaché à Peyson. Je sais que vous la regardez de là haut et que vous veillerez toujours sur elle. Et moi je le ferai d’ici.”

Lisbon tourna la tête vers la voiture pour voir que Peyson était assise sur la banquette arrière et que Jane était appuyé contre la porte. Elle savait que pour lui, parler aux morts était inutile, mais il respectait ses croyances. Elle se tourna de nouveau vers les tombes.

-“ Je dois partir maintenant, mais nous reviendrons vous voir.”

L’agent rejoignit la voiture et Jane l’encercla de ses bras. Elle lui rendit son étreinte puis ils se séparèrent et chacun s’installa dans la voiture. Lisbon ne démarra pas tout de suite. Elle se tourna vers Peyson pour voir que l’enfant avait le regard à l’extérieur de la voiture, des larmes sur les joues. Elle s’apprêtait à sortir de la voir voiture pour rejoindre Peyson derrière, mais la main de Jane se posa sur la sienne. Elle croisa son regard.

-“ Laisse-lui du temps” murmura-t-il. “ Elle à besoin de faire ça seule.”

Lisbon n’insista pas, s’installa convenablement devant le volant et démarra. Ils quittèrent le cimetière pour se rendre dans le centre ville. Jane voulait que Peyson passe une bonne journée, qu’elle s’amuse, qu’elle soit heureuse. Depuis son retour à la maison, la fillette n’avait cessé de l’appeler. Elle voulait les voir, passer du temps avec eux.
Ils avaient été pas mal occupés ces derniers mois et il s’en voulait de ne pas avoir été plus présent pour elle. Mais Lisbon aussi avait eut besoin de lui, plus que jamais.

Ça n’avait pas été facile pour la jeune femme après son retour à la maison. Physiquement elle allait bien, mais c’est psychologiquement que ça n’allait pas. Elle ne laissait rien voir comme toujours, même pas à lui. Elle se montrait forte, ne laissait pas voir qu’elle n’allait pas bien.
Chaque nuit elle faisait des cauchemars, se réveillait en sueur, la respiration haletante. Il était toujours là pour la rassurer, la prendre dans ses bras, lui murmurer des mots doux. Elle ne lui parlait jamais de ses cauchemars, mais elle n’en avait pas besoin. Il lui arrivait de parler dans son sommeil et il savait que ces rêves avaient un lien avec ce qu’il s’était passé entre elle et Anderson dans cette cave.

Jane avait mal pour elle. Il aurait aimé pouvoir l’aider plus que ça, empêcher tout ces cauchemars. Malheureusement, il ne pouvait rien faire, si ce n’est être là pour elle. Et c’est-ce qu’il faisait, jour après jour. Lisbon le lui reprochait parfois, ce qui entraînait des disputes qui se finissaient souvent par Lisbon le mettant dehors. Mais il attendait patiemment et revenait au bout de quelques heures pour la trouver assise dans son lit, attendant son retour.

Leur couple était comme leur relation de travail: chacun donnait son avis, Jane ne suivait pas toujours les recommandations de Lisbon. Ils se disputaient et se réconciliaient. Leur amitié avait toujours été plus ou moins tumultueuse et il en était de même pour leur couple. Il n’aurait rien changé pour tout l’or du monde. Il aimait Lisbon telle qu’elle était, avec ses qualités et ses défauts.

Il sortit de ses pensées lorsque la voiture s’arrêta devant le même fast-food que lors de leur premier repas ensemble. Jane aurait aimé l’emmener dans un endroit un peu mieux, mais il connaissait bien Peyson et Lisbon. Toutes les deux aimaient les hamburgers et il leur ferait ce plaisir.
Ils sortirent de la voiture et Peyson attrapa la main de Jane ainsi que celle de Lisbon, comme la première fois. Il sourit à ce souvenir. Ils avancèrent dans la file d’attente et Peyson passa son bras autour de la taille de Lisbon. Jane les regarda et sourit en voyant l’expression heureuse sur les visages de l’enfant et de l’agent. Et là il comprit quelque chose: c’est ensemble qu’elles pourraient se remettre de ce qu’elles avaient vécu.

Lorsque ce fut leur tour, Jane passa la commande pour tout le monde, sans grande surprise pour Lisbon, puis il lui indiqua d’aller s’installer pendant qu’il s’occupait du reste. Peyson en profita pour se rendre dans l’air de jeux avec les autres enfants, sous la surveillance de Lisbon, assise un peu plus loin à une table.
Jane revit l’image de sa femme et de sa fille lors d’une de leurs rares sorties en famille. Charlotte Anne avait insisté pour s’installer dehors afin de pouvoir jouer avec les autres enfants, sous le regard attendrie d’Angela. Ce jour là, Jane s’était promit d’être plus présent pour sa famille. Il voulait pouvoir profiter de l’enfance de sa fille, la voir s’amuser avec les autres, l’entendre rire. Mais voilà, la police avait fait appel à lui en tant que consultant et il avait accepté. Il ne savait pas à ce moment là qu’il commettait la plus grosse erreur de sa vie.

Le serveur lui tendit sa commande, il le remercia et alla rejoindre Lisbon. Il n’eut pas besoin d’appeler Peyson car la fillette arriva en courant et s’installa à côté de Lisbon. Ils mangèrent en silence, profitant simplement de la présence des autres.
Lisbon laissa ses pensées divaguer vers une autre époque, vers une autre vie. Bien des années plus tôt elle aurait put avoir une vie de famille, un mari et peut-être même des enfants. Mais elle n’avait pas profité de cette occasion, elle avait fuit et avait intégré le CBI plus tard. Elle avait à présent une bonne carrière et un homme dans sa vie.
Elle ne regrettait pas ses choix, elle aimait la vie qu’elle menait. Mais ces cauchemars, elle ne les supportait plus. Elle voulait avoir une vie normale, ce qui ne serait pas le cas avant longtemps. Toutefois, Jane était là, il le serait toujours. Elle craignait quand même qu’il s’éloigne le jour où ils se rapprocheraient de John LeRouge. Il lui avait dit qu’il ne le ferait pas, mais il poursuivait ce tueur depuis plus de dix ans, il n’abandonnerait pas comme ça.

-“ Teresa, tu fais des cauchemars ?” Demanda soudain Peyson, surprenant l’agent.

Lisbon croisa le regard de Jane, à la recherche de soutien. Il hocha la tête et elle se tourna complètement vers l’enfant.

-“ Oui Peyson” répondit-elle honnêtement. “ Je fais des cauchemars.”
-“ Moi aussi” murmura-t-elle. “ Mais j’ai peur de dormir, j’ai pas envie de faire des cauchemars, j’ai envie de faire des jolies rêves.”
-“ Je te comprends et j’aimerais pouvoir t’aider, mais je ne sais pas comment faire” avoua-t-elle. “ Mais si tu veux tu peux m’appeler, à n’importe quelle heure. Si tu fais un cauchemar, tu peux m’en parler.”
-“ Même au milieu de la nuit ?”
-“ Sans aucun problème. Je dors mal moi aussi et puis ça ne réveillera pas Patrick parce qu’il ne dort pas bien lui non plus.”

Peyson se tourna vers Jane qui confirma d’un hochement de tête. Elle se tourna de nouveau vers Lisbon et la prit dans ses bras.

-“ Merci Teresa” souffla-t-elle.
-“ De rien ma chérie, je serai toujours là pour toi.”

Peyson s’écarta doucement de Lisbon et, après avoir demandé l’autorisation, s’éloigna pour rejoindre les autres enfants. Jane vint s’asseoir à côté de Lisbon, passa un bras autour de son épaule et l’embrassa sur la tempe.

-“ Je suis fier de toi Lisbon” souffla-t-il contre sa peau.
-“ Pour quelle raison ?” S’enquit-elle, ne lâchant pas Peyson des yeux.
-“ Tu es une femme formidable, tu es toujours présente pour ceux qui ont besoin de toi, qu’importe ce que tu vis en ce moment” expliqua-t-il en la serrant un peu plus. “ Je suis fier de la femme que tu es et je suis heureux que tu ais accepté de partager ma vie.” Il fit une pause avant de reprendre. “ J’ai perdu ma famille à cause de mes mauvais choix et je m’en voudrais toujours. Mais aujourd’hui j’ai la chance d’avoir une famille et je compte en profiter. Je ne ferai rien qui pourrait compromettre notre bonheur.”
-“ Même s’il est question de John LeRouge ?” Osa-t-elle demander d’une petite voix, redoutant la réponse.
-“ En particulier s’il est question de lui” assura-t-il. “ Je veux que tu sois heureuse, et je veux l’être aussi. Je ne dis pas que je ne risque pas de faire une bêtise car j’en ferai certainement. Mais je sais que tu seras là pour me remettre sur le droit chemin.” Il laissa son regard se perdre sur les enfants un peu plus loin avant d’obliger Lisbon à se tourner vers lui. “ Mais il y a quelque chose dont je voudrais parler…”

Lisbon plongea dans les yeux de son compagnon, comprenant de quoi il voulait parler. Elle posa son regard sur Peyson puis le posa de nouveau sur Jane. Il avait cette petite étincelle caractéristique dans les yeux qui parlait d'elle-même.

-“ Tu veux vraiment aborder ce sujet ici ?” Demanda-t-elle.
-“ Je…”
-“ On en parlera à la maison ce soir.” Voyant le doute dans son regard, elle posa une main sur sa joue. “ Je ne rejette pas la conversation, je préfère juste en parler dans un endroit plus calme, plus intime.”

Ils se sourirent et, lorsque Peyson revint vers eux, Jane débarrassa la table et Lisbon attrapa la main de la fillette.

-“ On fait quoi maintenant ?” Demanda la petite.
-“ Un tour au magasin de jouets ça te tente ?” Proposa le blond.
-“ Chouette alors !” s’exclama-t-elle, avant de perdre son sourire. “ Mais je peux pas rentrer à la maison avec des jouets que pour moi.”
-“ Alors ça tombe bien, parce que tu vas pouvoir nous aider à choisir des cadeaux pour tes frères et sœurs.”
-“ Génial !”

Et ils partirent, main dans la main, en direction du centre commercial.




Lisbon était assise sur le canapé dans son salon, une tasse de thé à la main tandis que Jane se changeait dans la salle de bain. Ils avaient déposé Peyson quelques heures plus tôt et avait surprit toute la famille Hayes avec les cadeaux pour tous le monde. Marie leur avait reproché d’avoir fait des dépenses inutiles, mais Jane avait chassé ses mots d’un geste de la main. La femme avait sourit en voyant ses enfants déballer les différentes boites et rire ensemble.
L’agent avait été attendrie de les voir faire, même Michael s’était prêté au jeu, aidant ses petites sœurs à déballer les grosses boites contenant des poupées et aidant ses frères à monter le circuit de voitures de course. Thomas avait préféré laisser ses enfants faire, trop heureux de voir toute sa famille heureuse.

Elle avait été heureuse de leur faire plaisir, de voir les sourires sur leurs visages. Ces enfants étaient peu à peu devenus comme sa famille et elle les aimait tous autant. Elle était un peu comme une tante pour eux. Cela lui rappela qu'elle ne voyait que peu sa famille et elle le regrettait. Elle passait beaucoup trop de temps à travailler, à tel point qu'elle n'avait pas vu grandir ses neveux et nièces. La dernière fois qu'elle avait vu Annie, l'adolescente était âgée de quatorze ans, elle devait à présent avoir pas loin de dix sept ans. Elle devait être une magnifique jeune femme.
Lisbon regrettait parfois son choix de carrière. Pas qu'elle n'aimait pas son travail, loin de là, elle l'adorait. Mais cela l'éloignait de sa famille qui vivait de l'autre côté du pays. Elle ne profitait pas assez de la vie. Elle voulait vraiment pouvoir voir ses frères et leurs familles et décida que dès que possible, elle prendrait des congés pour faire le voyage. Ce serait même une parfaite occasion de présenter Jane à ses frères et cette simple pensée la fit sourire.

Elle entendit Jane arriver et tourna la tête pour le voir descendre l’escalier. Il portait un pyjama qui lui donnait toujours le sourire. La journée il portait toujours son costume trois pièces et la nuit il portait un pyjama à l’ancienne, qui rappelait étrangement ses costumes favoris. Elle s’en fichait, elle l’aimait comme il était, même avec ses drôles de pyjamas.
Il vint s’asseoir à côté d’elle, passa son bras autour de son épaule et la rapprocha de lui. Lisbon se serra contre son corps chaud, enfouissant son visage dans son épaule. Elle aimait ces petits moments le soir, assit sur le canapé, dans les bras l’un de l’autre. C’était si différent de la femme qu’elle était avant qu’ils se mettent en couple.

-“ Tu es prête à parler ?” Demanda Jane. Direct dans le vif.
-“ Oui, et je dois bien t’avouer que je redoute un peu cette conversation” confessa Lisbon. “ Mais nous devons en parler.”
-“ Je sais que depuis qu’on se connaît j’ai toujours dis que je ne voulais m’attacher à personne” commença-t-il. “ J’ai changé depuis et je suis content de l’avoir fait.”
-“ Moi aussi j’en suis heureuse” sourit-elle. “ Mais je sens qu’il y a un mais.”
-“ Pas vraiment, enfin si” il fit une petite pause avant de reprendre. “ Je me suis attaché à toi, plus que je ne l’aurais dû. Je t’aime Teresa et je ne regretterai jamais de t’aimer. Mais j’ai peur.”
-“ Je sais Jane, moi aussi j’ai peur de ce qui pourrait arriver, mais ensemble nous sommes forts” tenta-t-elle de le rassurer. “ Et il ne pourra rien contre nous.”
-“ C’est pour Peyson que je m’inquiète. Et s’il décidait de s’en prendre à elle ?”
-“ Nous serons là pour la protéger, comme nous l’avons été depuis plus de six mois” assura l’agent. “ Et puis il ne prendra pas le risque de s’en prendre à elle. Peyson n’est jamais seule, ses frères sont comme son ombre, ils ne la lâchent pas. Et lorsqu’elle n’est pas à l’école, elle est chez elle.”
-“ S’il le veut vraiment, il y arrivera” insista Jane. “ Je ne veux pas qu’il s’en prenne à elle. Je l’aime trop.”

Lisbon ne savait plus comment le rassurer. Elle comprenait parfaitement les craintes de Jane, elle en avait aussi. Mais John LeRouge ne prendrait pas le risque de s’en prendre à la fillette. Du moins, c’est-ce qu’elle voulait penser. Avec ce tueur, tout était possible. Elle aimait tellement Peyson qu’elle ne pouvait envisager de ne plus l’avoir dans sa vie.
Elle se tourna complètement vers Jane, posa une main sur sa joue et la caressa tendrement. Elle plongea son regard dans le sien, tentant de lui transmettre sa confiance. Elle voulait qu’il comprenne que ce n’était pas en s’inquiétant ainsi qu’il aiderait Peyson.

Jane ferma les yeux, savourant la douceur et la tendresse de Lisbon. Elle le comprenait si bien, sans même qu’il ait besoin de parler. Quand il disait ne pas regretter leur relation, il le pensait, au plus profond de son cœur. Mais sa peur était si grande qu’il ne parvenait pas à la contrôler.
La visite au cimetière lui avait rappelé sa famille perdue. Peyson avait elle aussi perdu sa famille, et elle avait eut la chance de s’en sortir grâce à Lisbon et lui. Ces derniers temps il avait des questions en tête. Il se demandait s’il s’en était sortit plus facilement, s’il n’aurait pas eut envie de venger la mort de sa famille s’il avait eut quelqu’un pour l’aider il y a dix ans. S’il avait connu Lisbon à cette époque, les choses auraient-elles étaient différentes ?

Il chassa toutes ces questions de son esprit pour se concentrer uniquement sur Lisbon. Elle était là, ici et maintenant. Il ne devait pas s’interroger sur ce qui aurait put être mais plutôt s’intéresser à l’avenir, avec Lisbon. Il savait qu’elle ne le quitterait jamais, tout comme lui. Ils avaient tous les deux souffert au cour de leurs vies et maintenant ils avaient l’autre. Tant qu’ils seraient ensemble, ils s’en sortiraient toujours.

-“ Si on allait se coucher” proposa-t-il tout à coup, préférant changer de sujet.
-“ Bonne idée, je suis assez fatiguée de cette longue journée” avoua Lisbon. “ Je ne savais pas que faire le tour des rayons d’un magasin de jouets pouvait autant fatiguer.”
-“ Tu n’as jamais fait les boutiques avec tes parents lorsque tu étais enfant ?” Interrogea Jane en marchant vers l’escalier, sa main dans le bras du dos de la brune.
-“ Oh si, bien souvent avant la mort de ma mère” sa voix ne laissait entendre que de la joie. Elle ne pensait qu’aux bons souvenirs, pas aux mauvais. “ Mais je n’étais jamais fatiguée. Par contre, je crois me souvenir que mon père était toujours éreinté à la fin de la journée alors que mes frères et moi jouions avec nos nouveaux jouets.”
-“ Laisse-moi deviner, tu demandais des petites voitures” proposa Jane taquin.
-“ Tu te trompes” rectifia Lisbon. “ Lorsque j’étais petite, j’aimais les poupées, comme toutes les petites filles. Ce n’est que bien plus tard, avec l’arrivée du dernier de mes frères que j’ai changé.”
-“ Aurais-tu par hasard des photos de toi jouant à la poupée ? J’aimerais bien en voir,” dit Jane, soulevant un sourcil.
-“ Oh non, tu n’en verras pas” assura Lisbon. “ J’ai une réputation à maintenir et te connaissant, tu mettrais tous le monde au courant.”  

Ils rirent ensemble en arrivant devant la porte de la chambre. C’est-ce qui était bien dans leur relation, qu’importe leur sujet de conversation, ils parvenaient toujours à retrouver le sourire. Et ça avait toujours été le cas, depuis leur rencontre. Même avant d’être un couple, avant même d’être amis. Jane avait toujours trouvé le moyen de redonner le sourire à Lisbon. Il prenait plaisir à la voir sourire, à l’entendre rire, à la voir heureuse. Aujourd’hui il en avait le droit plus qu’avant et il en était heureux.

Ils entrèrent dans la chambre et Lisbon alla dans la salle de bain pour se brosser les dents tandis que Jane s’installait dans le lit. Il enfouit son visage dans l’oreiller, inspirant profondément le parfum de sa compagne. Il aimait son parfum. Il se souvenait encore de la première fois où il avait vraiment fait attention à ça. Lorsqu’il avait perdu la vue, son sens de l’odorat s’était accru. Et il avait remarqué ce parfum qu’il avait apprit à aimer depuis.

Lorsque Lisbon revint, elle s’appuya contre le chambranle de la porte et laissa son regard se perdre sur Jane. Il avait les yeux clos, la tête sur l’oreiller et les mains en dessous. Il semblait à l’aise et chez lui, ce qui était le cas. Cet appartement était à présent le leur et elle aimait cette pensée. Des années à travailler avec lui, à le soutenir moralement, à être présente lorsqu’il en avait besoin. Ses sentiments pour lui avaient toujours été forts. Une amitié profonde les liait depuis le début.

Et cette affaire était arrivée. Peyson leur avait permit, sans le savoir, de se rapprocher. Ils ne s’en étaient pas vraiment rendu compte. Lisbon avait voulut s’assurer que Jane ne perde pas pieds, qu’il ne tente pas le pire pour cette petite fille qui avait tout perdu en une seule nuit. Elle avait fait en sorte qu’il ne reste jamais seul. Et Jane en avait fait autant pour elle. Ils s’étaient soutenus mutuellement et s’étaient rapprochés. Et maintenant, ils étaient ensemble et elle ne regrettait rien, si ce n’est qu’une petite fille ait à perdre sa famille.

-“ Tu viens te coucher ?” Entendit-elle la voix de Jane lui demander. “ Et arrête de me fixer comme ça c’est gênant.”
-“ Maintenant tu sais ce que je ressens quand tu me fixes au bureau” lança-t-elle en s’approchant du lit avant de se glisser sous la couverture que Jane soulevait pour elle. “ Et je dois bien avouer que j’aime te fixer.”
-“ Moi aussi j’aime te fixer” souffla-t-il contre sa joue en se plaçant derrière elle, l’entourant de ses bras. “ Tu es un délice pour les yeux.”

Jane parsema son cou de tendres effleurements de ses lèvres, la faisant frissonner. Il continua et Lisbon put le sentir sourire contre sa peau. Elle lui caressa les bras et finit par entrelacer leurs doigts contre son ventre. Elle ferma les yeux pour profiter pleinement de ce moment de tendresse. Elle aimait les câlins que Jane lui offrait chaque soir. C’était une chose à laquelle elle n’était pas habituée mais elle s’y habituerait sans difficultés.
Au bout de quelques minutes, Jane la fit tourner sur le dos, posa une main sur sa joue et passa l’autre dans ses cheveux. Il avait une drôle de lueur dans les yeux, ce qui l’intrigua un peu. Elle s’apprêtait à lui demander ce qu’il avait lorsqu’il plongea sur ses lèvres et l’embrassa avec passion. Elle lui rendit son baiser, passant ses mains dans les cheveux de Jane. Il y avait quelque chose de spécial dans ce baiser, comme s’il avait peur de la perdre, comme si elle risquait de disparaitre. Elle le comprenait et elle lui donna ce qu’il voulait.

Lorsqu’il se sépara d’elle, il posa son front contre le sien et lui caressa la joue. Elle avait toujours ses mains dans ses cheveux et lui massait tendrement le crane. Elle pouvait sentir sa respiration haletante contre son visage et les battements de son cœur contre sa poitrine. Elle fit glisser l’une de ses mains sur son visage pour chasser une larme qui avait coulé sur sa joue. Elle n’aimait pas le voir pleurer, cela lui faisait mal au cœur, surtout quand elle ne connaissait pas la raison de ses larmes. Il finit par rouler sur le lit à côté d’elle mais garda l’une de ses mains dans la sienne.

-“ Qu’est-ce qu’il y a Patrick ?” Demanda-t-elle doucement, et l’utilisation de son prénom fit comprendre à Jane qu’elle était vraiment inquiète.
-“ Rien” tenta-t-il, mais elle n’était pas dupe.
-“ Sois honnête, dis moi ce qui ne va pas” insista-t-elle.

Il hésita un moment. Que pouvait-il lui répondre ? Il ne savait pas lui-même ce qui n’allait pas. Il avait juste ressentit ce besoin de lui montrer son amour pour elle, à quel point elle était importante pour lui.

-“ Patrick ?”
-“ Tout va bien Teresa” la rassura-t-il. “ J’avais juste besoin de te sentir près de moi et de te faire savoir à quel point je t’aime.”
-“ Moi aussi je t’aime Patrick, même si je ne te le dis pas souvent” murmura-t-elle contre sa joue avant d’y poser ses lèvres. “ Maintenant dors.”

Jane ferma les yeux, pour faire plaisir à Lisbon, mais il ne parvint pas à trouver le sommeil. Il attendit qu’elle se soit endormie avant de se lever, le plus doucement possible afin de ne pas la réveiller. Elle avait vraiment besoin de repos et ses deux jours par semaines n’étaient pas suffisants. Elle avait besoin de bien plus pour se remettre vraiment et il eut une idée.
Il descendit au salon où se trouvait l’ordinateur et l’alluma. Il commença ses recherches et trouva rapidement ce qu’il voulait. L’anniversaire de Lisbon était le mois prochain et il envisageait de lui faire un cadeau qui lui plairait. Il fit la réservation tout de suite. Il verrait Bertram demain et lui demanderait des congés pour Lisbon et lui. Le patron savait pour leur relation, ce n’était pas un secret, et même s’il n’avait pas été ravi au début, il avait finit par accepter.

L’homme savait à quel point Lisbon travaillait dur, le nombre d’heures supplémentaires qu’elle faisait et le peu de temps libre qu’elle avait. Il avait bien vu la façon qu’elle avait de se donner à fond dans chacune de ses enquêtes. Il lui devait bien ça et Jane le lui rappellerait. Quand à lui, Bertram savait qu’aucun agent ne parviendrait à travailler avec lui, seule Lisbon en était capable. Il leur accorderait ces congés, il n’en doutait pas.

Une fois tout préparé, le blond éteignit l’ordinateur et remonta dans la chambre. Lisbon avait bougé dans le lit et se trouvait à présent la tête sur l’oreiller de Jane. Elle le tenait étroitement contre son visage et Jane sourit. Il avança doucement, se glissa dans le lit et immédiatement, Lisbon vint se coller contre lui. Il l’entoura de ses bras, lui embrassa le font et ferma les yeux. Cette fois, il n’eut aucun mal à s’endormir.

Deux mois s’étaient écoulés depuis leur discussion et Jane se demandait encore pourquoi il avait voulut attendre si longtemps. L’anniversaire de Lisbon, voilà pourquoi. Il avait voulut lui faire une surprise, l’emmener loin du CBI, loin de Sacramento, loin de tout ce qui pouvait lui rappeler le travail. Il voulait lui faire plaisir et profiter d’être tous les deux.
Malheureusement pour eux, tout ne s’était pas passé comme prévu et Jane se trouvait à présent à l’hôpital, faisant les cent pas dans la salle d’attente. Rigsby était un peu plus loin, dans le même état que lui. Les deux hommes attendaient impatiemment la venue d’un médecin pour leur donner des nouvelles de leurs collègues. Cho n’était pas avec eux, il avait été appelé par Bertram pour discuter de ce qu’il s’était passé.

Jane n’en pouvait plus, cela faisait plus d’une heure qu’ils attendaient, une trop longue attente qui le rendaient fou. Lisbon se trouvait de l’autre côté de la double porte, tout comme Van Pelt. Les deux femmes avaient été prises dans un accident de voiture alors qu’elles revenaient de leur pause déjeuner.
Ce n’était pas dans les habitudes de Lisbon de prendre des pauses en dehors du CBI, en général elle mangeait un sandwich dans son bureau. Mais pour une fois, elle avait décidé de changer ses habitudes et avait demandé à Grace si elle voulait bien l’accompagner.

Ça n’avait pas surprit le reste de l’équipe, ils avaient tous remarqué les changements dans le comportement de leur patronne ces derniers mois. Ça avait commencé après l’arrestation d’Anderson et le sauvetage de la petite Peyson. Mais surtout depuis le début de sa relation avec Jane. Elle restait moins tard au bureau, sortait pour déjeuner, passait certaines soirées avec le reste de l’équipe lorsqu’ils l’invitaient.
Alors quand les deux femmes étaient parties ensemble, les trois hommes avaient simplement sourit et étaient allés manger de leur côté. Ils étaient tous heureux de cette nouvelle complicité qui s’était instaurée dans l’équipe

Jane savait que Lisbon se reprocherait cet accident, mais plus encore les blessures de Grace. Personne ne la blâmait, elle ne pouvait pas savoir que quelqu’un grillerait un feu et passerait en même temps qu’elle. Le seul à blâmer dans cette histoire était cet homme qui s’en était sortit avec quelques égratignures alors que Van Pelt et Lisbon se retrouvaient à l’hôpital.
S’il n’avait pas été arrêté, Jane lui aurait fait comprendre ce qu’il advenait lorsqu’on faisait du mal à quelqu’un de cher à son cœur. Lisbon faisait partie de sa vie, pour toujours et il ne supporterait pas de la perdre comme il avait perdu sa famille. Et Grace, elle était plus qu’une amie, elle était sa nouvelle famille tout comme Rigsby et Cho. S’il devait perdre une autre famille, il n’y survivrait pas.

Jane se tourna vers son collègue pour le voir se lever brusquement de sa chaise et aller de nouveau voir les infirmières. Il avait besoin de savoir, il avait besoin de voir Grace. Il avait attendu trop longtemps pour être avec elle, ils avaient tellement souffert. Il ne pourrait pas vivre sans elle, il avait besoin d’elle dans sa vie. Jane ne pouvait que le comprendre et il ne chercha pas à l’arrêter. Il se contenta de l’observer.

-“ Des nouvelles des agents Van Pelt et Lisbon ?” Questionna Rigsby.
-“ Mr, je vous ais déjà dis que le médecin viendra vous voir lorsqu’il aura des nouvelles pour vous” l’informa encore une fois l’infirmière avec un sourire compatissant. “ Je vous promets de venir vous voir à la minute où je saurai quelque chose.”
-“ Mais ça fait si longtemps” se plaignit l’agent.
-“ Je sais Mr, mais il n’y a rien que je puisse faire pour le moment.”
-“ Merci quand même.”

L’agent s’éloigna de l’infirmière et rejoignit Jane qui se leva lorsqu’il s’approcha de lui. Les deux hommes se regardèrent avec le même regard inquiet, perdu. Ils se comprenaient parfaitement, ils avaient tous les deux quelqu’un d’important de l’autre côté, luttant pour la vie.
Finalement, au bout d’encore une heure, un médecin passa la double porte et vint directement vers eux. Les deux hommes se dressèrent d’un même mouvement et attendirent avec impatience que l’homme les approche.

-“ Vous êtes ici pour les agents Lisbon et Van Pelt ?” Demanda-t-il.
-“ Oui, comment vont-elles ?” Questionna Rigsby.
-“ Les agents Van Pelt et Lisbon vont bien. L’agent Lisbon s’est cogné la tête contre la porte de la voiture et est restée inconsciente longtemps. Nous lui avons fait passer un scanner et je vous rassure, elle n’a rien de grave. Elle risque juste d’avoir des maux de tête pendant un certain temps. L’agent Van Pelt a un bras cassé en plus de quelques ecchymoses, et elle devra prendre du repos pendant au moins un mois avant de reprendre le travail.”
-“ Merci mon Dieu” souffla Rigsby.
-“ Alors elles vont bien ? Il n’y a rien de grave ?” S’enquit de nouveau Jane, ne parvenant pas à croire que tout allait bien.
-“ Rien de grave” sourit le médecin.
-“ Quand pourrons nous les voir ?” Demanda Rigsby.
-“ L’agent Van Pelt peut sortir ce soir, à condition que quelqu’un veille sur elle” annonça le médecin.
-“ Je vais le faire” s’empressa de dire l’agent. “ Je veux dire, elle n’a pas de famille dans la région et… Je suis disponible.”

Jane sourit devant le bafouillage de son collègue. Il sauta aux yeux du médecin que les deux agents devaient être proches, vu la réaction de l’homme. Il sourit à son tour avant de reprendre la parole.

-“ Si vous voulez voir l’agent Lisbon, elle vient juste d’être conduite dans une chambre. Je vais vous conduire à elle.”
-“ Van Pelt n’est pas avec elle ?” S’inquiéta l’agent.
-“ Elle est dans une autre chambre et une infirmière s’occupe de lui faire signer les papiers de sortie. Je vous conduis à elle de suite” le médecin se tourna vers Jane, “ je vous conduirai auprès de l’agent Lisbon pendant que l‘infirmière conduit votre ami auprès de l‘agent Van Pelt.”

Les deux hommes sourirent et suivirent le médecin dans le couloir. Ils arrivèrent rapidement devant une chambre dans laquelle Rigsby entra sans hésitation. Jane l’observa prendre Van Pelt dans ses bras lorsque la jeune femme reposa les papiers sur le lit pour lui rendre son étreinte. Il le vit enfouir son visage dans les cheveux de la rouquine, la serrer fort contre lui.
Il sentit une impatience monter en lui et le médecin dut le sentir car il lui fit signe de le suivre au bout du couloir. Ils arrivèrent devant la chambre de Lisbon et, tout comme Rigsby, Jane n’hésita pas à entrer.

L’agent était allongée sur un lit, les cheveux tels une auréole autour de son visage. Elle avait une marque sur le front, ainsi que quelques coupures sur les avant bras. Il sentit son cœur se serrer de la voir ainsi.
Il avança lentement vers le lit, se retenant de courir vers elle. Il savait qu’elle n’aimait pas ce genre d’effusions de sentiments, surtout en public. Alors il marcha d’un pas lent, s’assit sur la chaise à côté du lit et lui attrapa la main.

Une fois que le médecin fut sortit, Lisbon daigna enfin ouvrir les yeux. Elle tourna doucement la tête vers son compagnon, rencontra un regard inquiet et son cœur se serra à l’idée d’en être responsable. Jamais elle n’avait voulut lui faire de peine, ou le rendre inquiet. Elle n‘avait jamais imaginé qu‘une pause déjeuner se finirait à l‘hôpital. Elle avait voulut changer ses habitudes, sortir un peu avec une amie. Malheureusement, elle s’était retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment.

Elle savait que Jane était très protecteur envers elle, qu’il voulait toujours la protéger, même si elle était capable de le faire elle-même. Mais elle ne pouvait rien y faire, il était ainsi et ne changerait pas. Depuis qu’ils se connaissaient, surtout depuis qu’ils étaient devenus amis, Jane avait toujours veillé à ce qu’il ne lui arrive rien. Elle n’avait pas toujours apprécié, jugeant ce comportement un peu trop macho. Puis elle avait apprit à mieux le connaître et avait comprit que c’était dans sa nature et qu’il voulait juste veiller sur ses proches.

Ils étaient en couple depuis presqu’un an maintenant. Jane était devenu bien plus protecteur envers elle et elle l’avait laissé faire, du moins à la maison. Au travail c‘était une toute autre histoire. Jane savait qu‘il y avait une limite à ne pas dépasser alors il se contentait de lui apporter son café ou une pâtisserie une fois de temps en temps. Il lui tenait la porte lorsqu’ils entraient ou sortaient d’une pièce, une main dans le bas de son dos. C’étaient les seules choses qu’elle lui autorisait et il s’en contentait.

Et aujourd’hui, en voyant son regard inquiet, en sentant sa main sur la sienne, elle s’en voulut. Elle serra les doigts de Jane, lui souriant doucement et il lui rendit son sourire, avec toutefois quelques larmes roulant sur ses joues. Elle leva sa main libre pour les chasser et Jane lui embrassa la paume en fermant les yeux.

-“ Je vais bien Patrick” lui dit-elle et Jane rouvrit rapidement les yeux, surprit.

Lisbon ne l’appelait jamais par son prénom, pas même dans l’intimité de leur appartement. Il était rare qu’elle utilise son prénom et il en était de même pour lui. Pendant des années ils s’étaient appelés Jane et Lisbon. Il était difficile de changer cette habitude. Mais lorsqu’elle utilisait son prénom, ça voulait tout dire. Elle se sentait coupable et elle voulait lui faire comprendre qu’elle était désolée, sans toutefois utiliser ces mots.

Jane secoua la tête avec un petit sourire. Elle se sentait coupable pour un simple accident dans lequel elle n’était pas coupable. Elle était ainsi et il ne pourrait pas la changer, mais il ne le voulait pas. Il l’aimait comme elle était.

Elle tenta de se redresser, mais Jane refusa de lui lâcher la main, la serrant encore plus fort. Il n’avait toujours pas dit un mot. Au lieu de ça il se leva et vint s’asseoir sur le bord du lit, permettant finalement à Lisbon de se redresser un peu. Et il l’enveloppa de ses bras, la serrant si fort qu’elle en eut mal, mais elle ne dit rien. Elle pouvait sentir sa peur irradier de son corps et elle sentit ses larmes lui mouiller les cheveux.
Elle lui rendit son étreinte, tentant de calmer ses larmes, de lui transmettre un peu de calme, de bien être. Elle sentit son cœur se serrer un peu plus pour lui.

-“ Ne refais plus jamais ça” souffla Jane en la serrant encore plus fort. “ Ne me refais plus jamais peur comme ça.”
-“ Ce n’était pas mon intention Jane, je te le promets. Je ne me doutais pas qu‘un imbécile ne s‘arrêterait pas au feu” se défendit-elle.
-“ Je sais Lisbon, mais je… Je ne supporterais pas de te perdre. Alors s’il te plait, fais plus attention la prochaine fois.”

Il s’écarta doucement de Lisbon et plongea son regard dans le sien. Il put voir à quel point elle s’en voulait de lui avoir causé tant de peine. Alors, pour chasser cette expression de tristesse de son regard, il se pencha vers elle et posa tendrement ses lèvres sur les siennes. Elle posa une main sur sa joue, la caressant doucement. Puis, ils s’écartèrent l’un de l’autre, avec regret.

-“ Je veux t’emmener quelque part” dit soudain Jane et Lisbon le regarda, surprise de sa déclaration. “ J’avais prévu de t’emmener en voyage et je m’attendais à devoir argumenter avec toi. Mais tu ne peux plus aujourd’hui. Tu as besoin de repos et je pense que ces vacances tombent vraiment bien. Alors, qu’en dis-tu ?”

Lisbon observa Jane sans dire un mot, se repassant ce qu’il venait de dire. Un voyage, rien qu’eux deux, loin de tous. Elle mentirait si elle disait ne jamais y avoir pensé, ne jamais s’être demandé ce que ça ferait de partir seule avec Jane loin de leur vie, de leur travail.
Il la regardait d’un regard suppliant et elle n’eut pas le cœur de lui dire non. Mais elle ne pouvait pas partir comme ça, elle avait certaines choses à régler avant de pouvoir partir. Elle savait que ça ne plairait pas à Jane, mais qu’importe. Après, elle serait toute à lui.

-“ C’est d’accord, je veux bien partir avec toi” répondit-elle finalement. “ Mais...” elle leva la main pour le faire taire. “ Je dois avant tout faire une déposition sur l’accident, je dois également en parler à Bertram et voir s’il accepte que je parte. Après tout, je n’ai rien de bien méchant.”
-“ Inutile, j’ai déjà posé tes congés et les miens depuis un moment” sourit-il.
-“ Tu as fais quoi ?” Jane entendit une pointe de colère dans sa voix et il allait devoir s’expliquer. “ De quel droit as-tu fais ça ?”
-“ Laisse-moi t’expliquer avant de t’énerver” et Lisbon croisa les bras sur sa poitrine en attendant qu’il lui donne une bonne raison. “ Après toute cette histoire avec Anderson, après avoir faillit te perdre dans cette maison en flammes, j’ai réalisé que tu te donnais beaucoup pour ton travail et les gens que tu aimes sans jamais penser à toi. Alors je me suis dis que s’éloigner un peu de la ville, rien que toi et moi ne nous ferait pas de mal.”

Lisbon le regarda avec des yeux attendris. C’était si gentil qu’elle ne savait pas quoi dire. Et puis, passer quelques jours avec lui loin de tous n’était pas une mauvaise idée. De plus, elle allait être obligée de se reposer suite à son accident, ça tombait donc vraiment bien.
Puis, quelque chose lui vint à l’esprit et elle fixa Jane d’un regard interrogatif.

-“ Tu sais que c’est bientôt mon anniversaire n’est-ce pas ?” Lui demanda-t-elle.
-“ C’est une des raisons de notre petite escapade” sourit-il.
-“ Tu es un amour.”

Et avec ça, Lisbon attrapa le visage de Jane entre ses mains et l’approcha d’elle. Ils se regardèrent dans les yeux pendant quelques secondes puis leurs lèvres se touchèrent. Jane posa sa main dans le cou de Lisbon pour la rapprocher de lui, ce qu’elle fit sans hésitation. Elle laissa dans ce baiser passer tout ce qu’elle ressentait pour lui, son amour, sa joie de l’avoir dans sa vie, tout. Elle l’aimait plus que tout, elle l’aimait comme elle n’avait jamais aimé qui que ce soit.
L’arrivée de Jane avait changé sa vie et aujourd’hui elle ne le regrettait plus. Au début elle le trouvait agaçant, fatiguant. Et maintenant, elle ne pouvait l’imaginer ailleurs qu’avec elle.
Un raclement de gorge les fit se séparer et ils tournèrent les yeux pour voir Thomas, Marie, Peyson et Zoé à la porte. Jane s’assit à côté de Lisbon, mais garda un bras autour de sa taille.

-“ Teresa, tu vas bien ?” Demanda timidement Peyson en s’approchant du lit.
-“ Je vais bien ma puce” la rassura Lisbon.
-“ Ne t’inquiète pas, il y a eu plus de peur que de mal” ajouta Jane en se penchant pour attraper la fillette et la poser sur le lit.

Zoé s’avança et Jane fit de même avec elle. Les fillettes s’installèrent de chaque côté de l’agent qui les entoura chacune d’un bras. Jane les regarda, attendrit puis se tourna vers Marie et Thomas qui s’étaient avancés et avaient posé une boite de chocolat sur la table de chevet.

-“ Votre collègue l’agent Cho nous a appelés” dit Marie pour expliquer leur présence ici. “ Et Peyson a tout de suite voulut venir, ainsi que Zoé.”
-“ On voulait te voir” se justifia Peyson. “ Quand maman a dit que tu étais à l’hôpital j’ai eu peur pour toi.”
-“ Ne t’inquiète pas je vais bien” affirma Lisbon en resserrant son bras autour de Peyson qui l’entoura à son tour. “ Et puis je vais avoir l’occasion de me reposer parce que Patrick va m’emmener en voyage.”
-“ C’est vrai ?” Peyson redressa la tête vers Lisbon avant de la tourner vers Jane. “ Tu emmènes Teresa en vacances ?”
-“ Elle a besoin de repos” justifia Jane.

Peyson se tourna de nouveau vers Lisbon et lui sourit.

-“ Tu as beaucoup de chance, Patrick est super” dit-elle d’une voix sérieuse en lui faisant un clin d’œil.

Les quatre adultes éclatèrent de rire aux paroles de l’enfant. Cette petite était vraiment étonnante et mûre pour son jeune âge. Peyson les regarda sans comprendre puis haussa les épaules avant de reposer sa tête contre Lisbon.

-“ Tu vas me manquer Teresa” souffla l’enfant.
-“ Je ne pars pas pour longtemps ma puce” dit Lisbon. “ Juste pour une semaine et ensuite je serai de retour.”
-“ Deux semaines” corrigea Jane et Lisbon leva vers lui un regard surprit et scandalisé.
-“ Quoi ? Non je ne peux pas prendre deux semaines.”
-“ Oh que si tu peux et de toute façon c’est déjà fait” expliqua-t-il. “ Bertram te les a déjà accordées de toute façon.”

Lisbon allait répliquer encore une fois, mais Peyson posa sa main sur la bouche de l’agent, ce qui lui fit baisser les yeux.

-“ Profites-en Teresa” lui dit-elle. “ Et puis tu nous ramèneras des souvenirs.”
-“ Oh oui, un souvenir” renchérit Zoé.
-“ Les filles, cessez donc de réclamer” les gronda Marie.
-“ Non elles ont raison” contredit Jane. “ Je serai ravi de leur ramener quelque chose de nos vacances.”

Lisbon observa l’échange entre Jane et les fillettes avec un petit sourire. Il semblait si heureux à l’idée de partir avec elle. Et puis deux semaines ce n’était pas si long, de plus elle avait vraiment besoin de repos. Qui sait, peut-être qu’elle ne voudrait même pas revenir mais plutôt rester avec Jane loin de la ville.
Elle remarqua alors qu’il avait posé les yeux sur elle, dans l’attente de sa décision finale. Allait-elle dire oui ou allait-elle refuser de prendre deux longues semaines loin du travail ?

-“ C’est d’accord” finit-elle par répondre. “ Mais seulement deux semaines, pas une de plus. Et je veux qu’on puisse être joignable.”
-“ Ce ne sera pas de vraies vacances si tu prends ton téléphone” se plaignit Jane.
-“ Peut-être, mais je veux pouvoir être joignable à chaque instant” argua-t-elle. “ On ne sait jamais, il se pourrait qu’on ait besoin de nous.”

Elle n’eut pas besoin de préciser sa pensée, Jane avait comprit. Il hocha la tête pour toute réponse.

-“ Très bien, tu peux prendre ton téléphone” céda-t-il. “ Mais tu laisse ton ordinateur à la maison.”
-“ Je peux vivre sans lui pendant deux semaines” sourit-elle. “ De plus, je pense que je serai bien trop occupée à chercher des cadeaux à ramener aux filles.”
-“ C’est vrai ? Tu vas vraiment nous ramener quelque chose ?” S’enquit Peyson avec un grand sourire sur les lèvres et Lisbon hocha la tête.

Le reste de la visite se fit dans la bonne humeur, chacun profitant du fait que Lisbon aille bien. Rigsby et Grace passèrent prendre des nouvelles de leur patronne, ainsi que Cho une fois que sa réunion avec Bertram fut finie.




Plus tard dans la journée, Jane ouvrit la porte de l’appartement et laissa passer Lisbon qui le remercia d’un sourire. Il l’aida à s’installer sur le canapé, refusant qu’elle fasse le moindre effort. Et même si elle s’en agaçait, l’agent aimait aussi beaucoup l’attention que lui prodiguait son compagnon. Contrairement à ce qu’elle avait toujours dit, laisser l’homme qu’on aime prendre soin de soi ne faisait pas de nous un être faible.

Lisbon attendit patiemment que Jane revienne de la cuisine où elle était certaine qu’il avait préparé du café. Elle avait sentit cette odeur caractéristique en entrant et se doutait que lorsqu’il l’avait laissé à l’hôpital pour passer ici prendre quelques affaires, il avait dut lancer le minuteur de la cafetière. Elle entendit également le sifflement de la bouilloire et sourit. Décidément, cet homme était si prévisible, du moins pour elle.

Il revint au bout de quelques minutes, deux tasses à la main et elle attrapa celle qu’il lui présentait. Il s’installa à ses côtés et ils burent en silence, se regardant dans les yeux. Jane avait encore du mal à croire qu’elle ait accepté deux semaines complètes de vacances avec lui, loin de son travail, de la ville, rien que lui et elle. Il pensait devoir plaider sa cause, ce qui n’avait pas été le cas, du moins pas totalement.
Ses yeux finirent par quitter ceux de la femme pour se poser sur chaque marque apparaissant sur son beau visage. Il posa sa tasse sur la petite table devant lui, prit celle des mains de Teresa et se tourna vers elle. Il leva une main qu’il posa délicatement sur sa joue. Il retraça les contours de son visage avec tendresse et elle ferma les yeux, savourant la douceur de sa main sur sa peau.

Elle le laissa faire encore un peu avant de lui prendre la main et de la porter à ses lèvres. Elle lui embrassa le dos de la main puis la relâcha. Elle se sentait si différente depuis qu’elle était avec Jane, plus sensible, plus ouverte. Elle aimait la femme qu’elle était devenue avec lui et ne voudrait pas redevenir celle qu’elle était avant. Elle aimait tellement plus celle qu’elle était à présent avec une vie sociale que celle qui ne vivait que pour son travail.

-“ Où veux-tu m’emmener Jane ?” Lui demanda-t-elle.
-“ Dans un endroit calme, loin de tout” répondit-il.
-“ Mais encore ?”
-“ Je nous ai réservé un petit chalet dans la montagne” expliqua-t-il. “ C’est un peu éloigné du village, environ deux kilomètres, mais le chemin pour nous y rendre est assez sympathique. Et puis l’endroit est si calme que je nous imagine bien faire des balades le soir avant d’aller au lit.”
-“ Dis-m’en plus. Le chalet est comment ?”
-“ Il n’est pas très grand, mais très accueillant” détailla-t-il. “ Il y a une cheminée dans la pièce principale. La cuisine est séparée du salon par un comptoir. Il y a aussi une jolie chambre avec un petit balcon qui nous donne une vue imprenable sur la vallée un peu plus bas.”
-“ Ça m’a l’air charmant” murmura-t-elle en s’installant contre Jane qui l’entoura de ses bras. “ Il me tarde d’y être.”
-“ Je suis content de l’entendre parce que nous partons dans deux jours. Pense à prendre des vêtements chauds, les nuits sont fraîches.”
-“ Je m’occuperai de mon sac demain, mais pour le moment je veux juste aller dormir, je suis fatiguée.”

Et pour accompagner ses mots, elle se mit à bailler. Jane se redressa, l’obligeant à en faire de même et l’entraîna à sa suite jusqu’à la chambre. Il l’aida à ôter ses vêtements, grimaçant à chaque nouvelle marque qu’il laissait apparaître. Il n’aimait pas voir son corps si beau si abîmé. Il espérait seulement qu’après ces deux semaines loin du travail elle lèverait un peu le pied.

Il se doutait bien qu’elle ne changerait pas toutes ses habitudes ainsi, mais il gardait tout de même l’espoir. Il savait aussi que le seul jour où elle accepterait de changer ses habitudes de travail serait le jour où ils attraperaient John Le Rouge. Et il se promit de le faire, pour elle et pour lui. Pour une vie meilleure, pour tout ce qu’il avait perdu et ce qu’il aurait.

Sa vie aujourd’hui était Teresa Lisbon. La femme qui lui avait permit de revivre et qui lui offrait chaque jour son amour sans rien demander en retour. Pour elle, il renoncerait à tuer son ennemi, pour elle, il n’irait pas en prison. Parce que sa vengeance signifierait la perte de cet amour qui lui permettait de tenir jour après jour.

La vengeance d’un homme ne valait rien face à l’amour d’une femme.
Et c’est avec cette pensée qu’il se coucha, serrant dans ses bras la femme qu’il aimait.

The End