Démons du passé^, Chapitre 7 en ligne

C’est alors que la porte s’ouvrit, révélant Charlie, une arme contre la tempe. Lisbon comprit qu’il ne pourrait rien pour leur venir en aide, qu’ils étaient seuls. Jack poussa Charlie qui tomba à côté du trio.

-“ Tu pensais vraiment que tu pourrais me rouler sans que je m’en aperçoive ?” S’énerva Jack. “ J’avais confiance en toi Charlie, tu m’as déçu. Mais ça ne fait rien, tu paieras avec les autres.”

Il se tourna vers l’un de ses hommes de mains qui comprit immédiatement ce qu’il avait à faire. Il sortit son arme qu’il pointa sur Charlie et tira.

-“ Non !” Cria Lisbon.

Jane s’était levé juste avant que l'homme ne tire et avait poussé Charlie sur le côté. Lisbon se précipita vers lui, mais fut retenue par un des hommes de Jack, le prénommé Hector. Elle tenta de le repousser, elle avait besoin de voir si Jane allait bien, s’il n’était pas blessé. Hector la poussa dans les bras de James qui la rattrapa et l’éloigna.

-“ Lâche-moi James !” cria Lisbon. “ Je dois voir Jane. Laisse-moi.”

-“ Je… Je vais bien” se fit entendre Jane en roulant sur le dos.

-“ Pour le moment” grogna Jack, puis il se tourna vers Lisbon. “ Profitez du peu de temps qu’il vous reste ensemble. Je reviendrai bientôt.” Il se pencha vers Charlie et l’aida à se relever. “ Occupe toi d’eux et rejoins-moi dans mon bureau.”

Puis il tourna les talons et sortit de la pièce, suivit de ses hommes. James relâcha alors sa sœur qui se précipita vers Jane. Elle tomba à genoux à côté de lui, posa une main sur son visage qu’elle caressa tendrement. Jane posa sa main sur celle de Lisbon, lui sourit et tenta de se lever, mais elle l’en empêcha.

-“ Reste allongé” ordonna-t-elle gentiment, de l’inquiétude dans la voix. Elle se tourna vers Charlie. “ Comment allez-vous ?”

-“ Ça va” la rassura Charlie en se penchant vers Jane pour voir comment il allait.

-“ Il ne vous a pas tué” s’exclama James, ne comprenant rien à ce qu’il se passait. “ Comment est-ce possible ?”

-“ C’était un test” expliqua Charlie et devant les regards surpris des trois autres, il continua. “ Jack a apprit qu’il y avait un flic parmi ses hommes. Je ne sais pas comment il l’a apprit, certainement un de ses indics.”

-“ Alors il a mit tout ça en place pour le démasquer. Il voulait faire semblant de vous tuer et nous ensuite pour que le flic se fasse connaître ?” Demanda Lisbon en aidant Jane à s’installer contre le mur, l’entourant de ses bras.

-“ C’est exact” acquiesça Charlie. “ Mais il ne pouvait rien faire puisque c’était moi.”

-“ Qu’est-ce qui vous fait croire qu’il n’y en a pas un autre ?” Demanda Jane.

-“ Je n’en sais rien mais c’est possible. La police de Chicago n’est pas la seule à enquêter sur Jack. Le FBI s’occupe également de lui.”

-“ Alors il pourrait y avoir un autre flic, mais vous n’avez aucune idée de son identité” résuma Lisbon. “ Vous prenez un gros risque en retournant avec lui.”

-“ Et j’en prendrais un plus grand si je ne le faisais pas” précisa-t-il. “ Je dois y retourner si je veux trouver un moyen de contacter vos amis et vous sortir de là. La prochaine fois ne sera pas un test.”

Lisbon ne pouvait qu’approuver. Il avait raison, ne pas retourner auprès de Jack pouvait le faire tuer, lui et sa famille. Ainsi que Jane et James. Elle se fichait de ce qui pouvait lui arriver, du moment que sa famille était en sécurité.

-“ Faites attention Charlie” lui dit-elle avant qu’il ne sorte.

-“ Je le ferai” assura Charlie.

Lorsqu’il referma la porte, Lisbon reporta son attention sur Jane. Lorsqu’elle l’avait vu se lever et se précipiter sur Charlie, elle avait cru que son cœur allait s’arrêter. Elle avait cru le perdre pour toujours et ne voulait plus jamais ressentir ça. Elle regrettait de ne pas lui avoir parlé plus tôt, de ne pas lui avoir dit ce qu’elle ressentait pour lui avant d’être agressée. Ils allaient peut-être mourir ici et ne pourraient jamais vivre ce qu’ils auraient dut.

Toutes ces années perdues à cause de la peur. Ce sentiment si fort qui nous empêche de vivre ce que nous voulons vraiment. La peur de souffrir, la peur de John Le Rouge, la peur du rejet. Mais maintenant, que restait-il ? Elle savait qu’elle mourrait ici, même si l’équipe les retrouvait. Jack avait un compte à régler avec elle et Lisbon savait qu’il ne la laisserait pas s’en sortir.

Elle s’était fait une raison au moment où elle avait vu Jack pour la première fois depuis longtemps. Il avait attendu toutes ces années et ne laisserait pas passer une telle occasion. Ce qui l’inquiétait était de savoir quand Cho allait les localiser et sortir Jane et James de là. Que Jack s’en prenne à elle n’avait que peu d’importance, mais elle ne laisserait rien arriver à sa famille, rien.

Lisbon caressa tendrement les cheveux de Jane qui avait posé sa tête contre son cœur. Elle baissa les yeux vers lui, enregistrant chaque trait de son visage. Elle voulait se souvenir de lui lorsque le moment viendrait de partir. Elle voulait avoir en mémoire son visage avant de rejoindre l’autre monde.
Jane lui dirait qu’elle devrait rester optimiste, que l’équipe les retrouverait avant qu’il ne soit trop tard. Mais qu’importe ce qu’il pouvait lui dire, elle ne parvenait pas à y croire. Elle connaissait bien trop Jack pour se faire des illusions.

-“ Ne pense pas à ça Lisbon” lui dit Jane, comme s’il avait lu dans ses pensées. “ Ils vont nous retrouver et quand nous serons rentrés, je t’emmènerai dîner en ville. Tu choisiras le restaurant, qu’importe s’il est coûteux ou non.”

-“ Tu ne sais pas si nous sortirons vraiment d’ici” le coupa Lisbon.

-“ Non, mais je veux y croire et je voudrais que tu y crois aussi.”

Jane leva les yeux vers Lisbon et lui sourit. Elle lui rendit son sourire, incapable de le retenir. Il voulait tellement y croire, elle ne pouvait pas lui refuser l’espoir qui le tenait en vie pour le moment. Du coin de l’œil, elle vit James s’installer contre le mur, remonter ses jambes contre son torse et poser sa tête sur ses genoux. Elle s’en voulut de l’avoir involontairement entraîné dans cette situation, bien qu’elle n’y soit pour rien en réalité.

Depuis leur enfance, elle ne pouvait s’empêcher de culpabiliser pour les erreurs de ses frères. A chaque fois que l’un d’eux faisait un mauvais choix, se retrouvait avec des problèmes, elle réglait tout. C’était dans ses habitudes, depuis que son père avait choisi la bouteille plutôt que ses enfants. Elle se croyait toujours responsable des erreurs de ses frères parce qu’elle était celle à les avoir élevé.

-“ Tu dois le croire Teresa” se fit alors entendre James. Il s’approcha de Jane et sa sœur. “ Je ne connais ton équipe que d’après ce que tu m’as dis et tu dois avoir confiance en eux.”

-“ J’ai confiance en eux” affirma Lisbon. “ C’est seulement en Jack que je n’ai pas confiance. Je le connais assez bien et je peux vous assurer qu’il ne me laissera pas partir comme ça.”

-“ On ne le laissera pas te faire du mal” assura James en lui prenant la main. “ On te protégera.”

Lisbon sourit à la dévotion de son frère. Un regard à Jane et elle comprit qu’il était du même avis. Elle serra la main de James et embrassa le front de Jane. Ces deux hommes étaient prêts à tout pour elle alors qu’elle était celle à pouvoir les défendre. Elle était fière d’eux et de les avoir avec elle. Elle se savait chanceuse d’avoir un frère comme James, ainsi que d’avoir Jane.
Patrick Jane n’était pas connu pour son courage. En général, lorsque le danger se présentait, il se cachait derrière elle. Il savait parfaitement qu’elle pourrait le défendre en cas de besoin et que lui ne le pouvait pas. Mais parfois, il lui arrivait de mettre ses peurs de côté pour lui venir en aide, tant qu’il n’avait pas à se battre.

Aujourd’hui, malgré l’état dans lequel il se trouvait, il voulait l’aider. Elle savait que maintenant qu’il lui avait enfin parlé de ses sentiments pour elle, il ferait tout pour ne pas la perdre. Il avait passé des années à les ignorer, à faire comme si elle n’était qu’une collègue de travail, une amie. Il avait toujours eu peur que John le Rouge n’apprenne ses sentiments et ne s’en prenne à elle.

Deux ans s’étaient écoulés depuis la mort du tueur, mais Jane n’avait pas eut le courage de parler, pas plus qu’elle. La peur de perdre son meilleur ami était toujours la plus grande et face à ça, les sentiments n’étaient pas les plus importants. Ils avaient réapprit à se connaître, vraiment se connaître. Lisbon avait aimé ces derniers mois de simple amitié. Voir Jane s’ouvrir au monde, le voir sourire, l’entendre rire. Elle avait aimé toutes ces soirées qu’ils partageaient à simplement parler, de tout et de rien. Ces soirées leur avaient permis de se détendre et d’avoir une vie en dehors du travail.

Elle aussi avait eu peur de changer leur relation. Leur amitié avait toujours eu de l’importance pour elle et de la pousser plus loin était un pari risqué. Mais ces dernières semaines, les choses avaient changé entre eux. Ils étaient devenus plus proches, s’étaient ouvert plus à l’autre. Et depuis le retour de Daniel dans sa vie, Jane s’était montré encore plus protecteur. Il avait voulu s’assurer qu’il n’était pas venu avec de mauvaises intentions.

Sa première agression lui avait fait comprendre que les soupçons de Jane étaient fondés, que Daniel avait de gros problèmes. Elle aurait du l’écouter, questionner son frère pour connaître la vraie raison de sa visite. Elle ne l’aurait pas renvoyé, il était son frère après tout. Elle ferait n’importe quoi pour lui, même donner sa vie. Mais maintenant, après avoir osé avancer dans leur relation, ils risquaient de se perdre et ni l’un ni l’autre ne pouvait rien y faire.

Des années à s’aimer en silence et le jour où ils prennent le risque de s’aimer ouvertement, tout s’écroulait avant même de pouvoir en profiter. La vie était injuste parfois, et encore plus envers Jane. Il avait déjà tant souffert qu’elle trouvait injuste de lui imposer ça, surtout maintenant qu’il se permettait enfin d’être heureux. Elle aurait tant voulu le rendre heureux comme il le méritait, comme il l’avait fait pour elle en restant au CBI et en étant le meilleur ami qu’elle ait eu de sa vie.

Lisbon sentit Jane se détendre complètement contre elle et elle baissa les yeux pour voir qu’il s’était endormi. Après tous les coups qu’il avait reçu, il devait être fatigué. Mais son inquiétude grandit soudain en réalisant qu’il avait peut-être plus de blessures qu’elle ne pouvait en voir. Une hémorragie interne, des côtes cassées. Elle ne savait pas et c’est-ce qui lui faisait peur.

-“ Il va s’en sortir Teresa” tenta de la rassurer James. “ Tes collègues vont nous trouver et il sera soigné.”

-“ J’aimerais y croire aussi” souffla Lisbon. “ Mais j’ai bien peur qu’ils arrivent trop tard. J’ai confiance en eux, mais je connais Jack et je sais qu’il nous a certainement conduit loin de Sacramento.”

-“ Daniel les aidera” tenta le jeune homme. “ Il connaît Jack lui aussi, il doit savoir où nous a conduit Jack. Enfin, je l‘espère.”

-“ Je l’espère aussi” murmura-t-elle en embrassant les cheveux de Jane. “ Jane a besoin de soins et je m’inquiète vraiment pour lui.”

Le frère et la sœur restèrent silencieux puis James finit par s’endormir. Lisbon elle, ne parvint pas à trouver le sommeil. Elle ne cessait de penser à ce qui risquait de lui arriver si jamais elle fermait les yeux. Elle devait rester éveillée, sur ses gardes. Elle devait les protéger, même si elle n’était pas à même de le faire.




Cho gara la voiture devant une maison de banlieue, de taille moyenne et assez charmante. Une petite fille jouait dans le jardin devant la maison, des poupées éparpillées autour d’elle. Un chien semblait monter la garde à côté du portillon. Cho remarqua une femme âgée assise sur un banc en bois devant la maison, un bébé dans les bras.

L’agent sortit de la voiture et avança vers la maison, suivi de Van Pelt. Ils arrivèrent devant le portillon et le chien se redressa, grogna en montrant les crocs. Van Pelt recula et se cacha derrière Cho.

-“ Patrouille, couché !” ordonna la vieille femme en se redressant. “ Qui êtes-vous ?” Leur demanda-t-elle en s’approchant.

-“ Agents Cho et Van Pelt du CBI madame” les présenta Cho. “ Nous voudrions voir Cathy.”

-“ Il n’y a pas de Cathy ici, vous vous êtes trompés de maison” répondit-elle d’une voix légèrement tendue.

-“ Vous permettez qu’on vérifie par nous-même ?” Demanda Van Pelt en rangeant sa plaque dans sa poche.

-“ Je dois coucher le bébé, ce n’est pas le bon moment. Abby, viens ici” appela-t-elle la petite fille qui alla tout de suite la rejoindre. “ Je suis désolée de ne pas pouvoir vous aider.”

Elle ramassa la petite couverture sur le banc et poussa la fillette devant elle, vers la porte de la maison.

-“ Elle pourrait nous aider à sauver nos amis” précisa Van Pelt avant qu’elle n’entre dans la maison. “ Patrick Jane, James et Teresa Lisbon.”

La femme s’arrêta soudainement puis se tourna vers eux.

-“ Lisbon vous dites ?” Demanda-t-elle. “ La famille de Daniel ?”

-“ Vous connaissez Daniel Lisbon ?” S’enquit Cho.

-“ Entrez” leur dit-elle. “ Il vaut mieux parler à l’intérieur. Oh, je suis Molly Wells.”

Cho ouvrit le portillon et avança sur le petit chemin menant à la maison. Van Pelt hésita en voyant le chien. Mais ce dernier s’écarta, comme s’il la laissait passer. Elle avança avec précaution jusqu’à la porte de la maison et entra. Les deux agents suivirent la femme dans le salon où elle déposa le bébé dans un lit avant de se tourner vers eux.

-“ Voulez-vous boire quelque chose ?” Proposa-t-elle.

-“ Non merci madame” refusa poliment Cho. “ Nous voudrions surtout savoir comment vous connaissez Daniel Lisbon?”

-“ C’est un adorable jeune homme qui fréquente les mauvaises personnes” expliqua-t-elle. “ Je l’ai connu à Chicago, dans le bus qui me ramenait chez moi après une visite à mon fils.” Elle posa les yeux sur la petite fille qui tournait les pages d’un livre. “ Il est en prison pour attaque à mains armée. J’ai la garde de la petite Abby.”

-“ Où est sa mère ?” Demanda Van Pelt.

-“ Elle est partit lorsqu’Abby n’était qu’un bébé et mon fils s’en occupait très bien, jusqu’à ce qu’il se mette à fréquenter les mauvaises personnes lui aussi.”

-“ C’est pour ça que vous avez décidé d’aider Daniel ?” Supposa Grace.

-“ Oui, il me rappelait mon fils et il semblait avoir besoin d’aide. Sa petite amie dormait à côté de lui et le pauvre garçon ne savait pas comment faire taire son bébé.”

-“ C’est le fils de Daniel Lisbon?” Demanda Cho en montrant l’enfant qui dormait dans le berceau.

-“ Oui, le petit Peter” sourit Molly. “ Je lui ai proposé de l’aider. Il ne semblait pas rassuré au début, mais quand le petit s’est mit à crier plus fort, il a fini par accepter.”

-“ Sa petite amie, c’était Cathy ?”

-“ Oui.”

-“ Où est-elle maintenant ?”

-“ A l’étage, elle se repose. Je sais ce que vous pensez, prendre avec moi quelqu’un que je ne connais pas c’est risqué, surtout avec une petite fille à la maison. Mais ils semblaient vraiment avoir besoin d’aide, ils avaient peur.”

-“ Vous ont-ils expliqué ce qui leur faisait peur ?”

-“ Le père de Cathy” répondit Molly. “ Daniel a dit qu’ils devaient se cacher pour que le père de Cathy ne les trouve pas. Je leur ai proposé de les aider parce qu’ils n’étaient pas vraiment des étrangers. Mon fils, Stéphane, connaissait Daniel. Nous vivions à Chicago lorsque mon fils était petit et il traînait souvent avec les garçons Lisbon. La petite Teresa était toujours là à les surveiller et je savais que je pouvais m’absenter sans craindre pour la sécurité de mon fils. Elle était très mure pour son âge cette petite.”

-“ Donc vous connaissez la famille Lisbon ” Résuma Cho. “ Depuis quand vivez-vous à Sacramento?”

-“ Je suis venue m’installer ici après l’arrestation de mon fils” dit-elle. “ Stéphane m’a demandé de partir avec la petite, il voulait qu’elle soit en sécurité, loin de Chicago. Il savait que la petite Teresa vivait ici, Tommy James Lisbon le lui avait dit. Il pensait qu’en vivant ici, je serais en sécurité.”

-“ Pour quelle raison ?” S’enquit Cho.

-“ Ça peut paraître stupide, mais Stéphane a toujours beaucoup aimé Teresa. Il disait qu’une ville où elle travaillait ne pouvait qu’être l’endroit le plus sécurisé pour élever Abby. Je sais bien que c’est bête, mais je voulais que mon fils soit rassuré pour sa fille alors je suis venue ici.”

-“ Ce n’est pas stupide madame, bien au contraire” la rassura Van Pelt. “ Vous vouliez que votre fils se rassure et vous avez réussi. Abby semble heureuse.”

-“ Elle l’est beaucoup et encore plus depuis que Cathy est ici” sourit Molly. “ Elle est un peu comme une grande sœur pour elle. Cathy peut paraître si jeune parfois, bien qu’elle ait déjà vingt ans.”

-“ Nous aurions besoin de lui parler madame” précisa Cho. “ C’est vraiment important et nous n’avons pas beaucoup de temps.”

-“ Oh oui, je vais la chercher.”

Molly se leva, sortit du salon et monta chercher Cathy. Les deux agents attendirent qu’elle revienne. Abby se lassa de son livre et s’approcha de Cho. Elle tira sur sa manche et l’agent baissa les yeux vers elle.

-“ Tu es venu chercher Cathy?” Demanda la fillette.

-“ Non” répondit Cho.

-“ Tu veux quoi alors ?”

-“ Lui parler.”

-“ De quoi ?” Insista l’enfant.

-“ Tu es trop jeune pour le savoir” coupa Cho. “ Retourne jouer.”

Van Pelt se retint de rire lorsqu’Abby grimpa sur les genoux de Cho. L’agent tenta de la faire descendre, mais la fillette ne se laissa pas faire et s’agrippa à lui. Elle semblait beaucoup l’apprécier et Grace aurait juré que Cho l’aimait bien aussi, bien qu’il ne l’admettrait jamais.
Molly revint avec une jeune femme d’une vingtaine d’années, les yeux encore un peu endormis. Lorsqu’elle vit les agents, elle se réveilla complètement et Van Pelt put lire de la peur dans son regard.

-“ Daniel va bien ?” S’inquiéta-t-elle en s’approchant.

-“ Il va bien, mais nous avons vraiment besoin de votre aide” expliqua Van Pelt. “ James et Teresa ont été enlevés, ainsi qu’un de nos collègues, Patrick Jane. Votre père les a emmené.”

-“ Mon père est là ?” S’affola Cathy en se levant, se précipitant vers le berceau. “ Il m’a retrouvé et il va me faire payer d’être partit. Il va me prendre mon fils.”

-“ Non il ne sait pas que vous êtes là” la rassura Van Pelt qui s’était rapprochée de la jeune femme. “ Il vous cherche et c’est pour ça qu’il a enlevé nos amis. Nous avons besoin de votre aide Cathy.”

-“ Je ne peux rien pour vous.”

-“ Si vous pouvez” dit Cho. “ Vous connaissez peut-être un endroit où il pourrait se cacher.”

-“ Je ne sais pas” répondit la jeune femme.

-“ Réfléchissez bien. Peut-être l’avez-vous un jour entendu parler, ou avez-vous entendu l’un de ses hommes parler d’un endroit où il pourrait être.”

-“ Mon père à beaucoup d’endroits où se cacher” dit Cathy. “ Il aime les endroit loin de tout.”

-“ Un entrepôt peut-être” suggéra Van Pelt.

-“ Non, mon père préfère les maisons” précisa Cathy. “ Il a acheté beaucoup de maisons un peu partout dans le pays. Il aime le confort lorsqu’il doit voir ses collègues en affaire.”

-“ En a-t-il en Californie ?” Demanda Cho.

-“ Il en a quatre et” elle fit une pause, comme si elle venait juste de réaliser quelque chose. “ Il a une maison à la sortie de la ville. Il m’y emmenait quand j’étais petite, avant la mort de ma mère. Mais après sa mort, il n’a plus voulut y aller.”

-“ Merci Cathy” remercia Van Pelt. “ Nous devons y aller maintenant.”

“ Tenez-moi au courant quand vous l’aurez arrêté” demanda-t-elle. “ Et je… Daniel va bien ? Mon père ne l’a pas…”

“ Non, votre père ne sait pas où il est pour le moment” la rassura de nouveau Van Pelt. “ Et nous vous tiendrons au courant lorsque tout sera fini.”

Les deux agents se dirigèrent vers la porte avant que Cho ne se tourne vers Cathy.

-“ Peter est le fils de Daniel” dit-il.

-“ Oui, et c’est-ce que mon père n’a pas supporté” avoua la jeune femme. “ Il a apprit pour ma grossesse, mais ne savait pas qui était le père. Lorsque je suis partit après la naissance de Peter avec Daniel, il a certainement comprit.”

-“ Je vous promets que vous serez bientôt réunis avec le père de votre fils” assura Van Pelt, bien qu’elle sache qu’il ne fallait jamais faire ce genre de promesse.

Puis, elle rejoignit Cho qui l’attendait déjà à la voiture. Ils avaient enfin une piste qui allait leur permettre de retrouver Jane et Lisbon ainsi que James. Lisbon avait besoin de soins, ses deux agressions lui avaient laissé des séquelles et le médecin avait bien précisé qu’elle devait se reposer. Ils ne savaient pas encore pour Jane, mais ne se faisaient pas d’illusions. Jack était un homme cruel et les agents se doutaient bien qu’il ne les avait pas laissé tranquilles jusqu’à ce qu’il obtienne ce qu’il voulait.

Maintenant, il fallait qu’ils fassent vite avant qu’il ne soit trop tard. Ils avaient une adresse, mais ils devaient encore préparer l’intervention, mettre en place un plan pour arrêter Jack et ses hommes sans pour autant que les otages ne soient blessés. C’était risqué, mais moins que de ne rien faire. Ils ne pouvaient se permettre d’attendre plus longtemps.

-“ On va les ramener à la maison” certifia Cho et Van Pelt cru entendre une pointe de peur dans sa voix. Il y croyait, autant qu’elle, mais il craignait de savoir comment ils allaient les retrouver.




Jack faisait les cent pas dans son bureau. Il commençait à perdre patience. Cela faisait déjà deux semaines qu’il la cherchait et il n’avait encore aucune piste. Il avait envoyé ses hommes retrouver Daniel Lisbon car il savait qu’elle était partit avec lui. Il savait qu’il n’aurait jamais du lui faire confiance, qu’il n’aurait pas du écouter Cathy lorsqu’elle lui avait demandé d’embaucher le jeune homme. Il aurait du savoir qu’il y avait quelque chose de louche.

Jamais Cathy ne s’était mêlée de ses affaires, c’est-ce qui aurait du lui mettre la puce à l’oreille. Mais il avait confiance en sa fille, il n’aurait jamais imaginé qu’elle puisse le trahir et encore moins avec ce moins que rien de Daniel. Il aurait du se méfier de ce jeune homme. Bien que plus âgé que Cathy, la jeune femme avait succombé à son charme.

Jack était persuadé qu’il était le père du bébé de sa fille, le père de Peter. Et bien qu’il déteste ce type, il aimait l’enfant qui était de son sang. Peter était son héritier et il voulait le retrouver. Si Cathy ne voulait pas revenir, il ne la forcerait pas. Il se contenterait de lui prendre son fils et il savait qu’elle ne le laisserait pas. C’est ainsi qu’il avait fait pour la mère de sa fille.

Amanda était une jeune femme de bonne famille qui avait succombé à son charme, comme Cathy avec Daniel. Il l’avait rencontré peu de temps après que Sharon soit partit. Enfin Teresa. Elle était rapidement tombée enceinte, ce qui l’avait rendu si heureuse. Mais lorsqu’elle avait apprit pour ses activités illégales, elle avait voulu partir. Il l’avait menacé de garder le bébé et lui avait promit qu’elle ne reverrait jamais sa fille. Amanda était donc restée, pendant un temps. Elle avait un jour tenté de fuir avec Cathy, mais il l’avait vite retrouvée. Elle avait trouvé la mort dans un accident de voiture deux ans après.

Jack avait espéré que Cathy ne serait pas comme sa mère, mais il n’avait pas eu cette chance. Elle était exactement comme Amanda et maintenant elle était partit. Amanda avait voulut lui prendre sa fille, mais Cathy ne lui prendrait pas son petit fils. Il ne le permettrait pas.

-“ Que eux-tu faire d’eux Jack ?” Demanda Charlie lorsqu’il entra dans le bureau avec deux cafés.

-“ Tu peux te débarrasser des deux hommes, mais je garde Teresa pour moi” répondit Jack en prenant une tasse. “ Je n’apprendrai rien d’elle, ni des autres. Ils ne savent rien, seul Daniel pourrait me répondre.”

-“ Il reste toujours introuvable” s’excusa Charlie.

-“ Je sais, mais il ne le sera pas éternellement. Je finirai par le trouver” jura-t-il. “ Mais pour Teresa, j’ai un compte à régler avec elle et je ne laisserai pas passer cette chance, pas après toutes ces années.”

Charlie frissonna intérieurement à l’idée de ce que Jack voulait faire à Teresa. Il lui avait expliqué ce qu’il s’était passé plus de vingt ans plus tôt, ce que Teresa, se faisant passer pour Sharon, avait fait. S’il avait pu la protéger, il l’aurait fait. Malheureusement, il ne pouvait plus rien pour elle. Jack voulait qu’il se débarrasse des deux hommes, mais il ne pourrait rien faire pour la jeune femme.

-“ Tu veux que je le fasse quand ?” S’enquit Charlie.

-“ Vas-y maintenant” ordonna Jack. “ Et fait conduire Teresa dans la chambre du haut. J’ai une surprise pour elle.”

-“ Je m’en occupe.”

Charlie sortit du bureau pour se rendre immédiatement à la chambre. Il croisa Hector qui lui fit un signe de tête qu’il lui rendit. En arrivant devant la chambre, Charlie s’assura qu’il n’y avait personne dans le couloir puis entra. Il trouva les trois otages endormis les uns contre les autres. Il eu mal au cœur de devoir les séparer, mais il n’avait pas le choix. Même s’il ne pouvait pas tous les sauver, il pourrait au moins sauver Patrick Jane et James Lisbon. Il espérait juste que quelqu’un arriverait pour sortir Teresa de là.

Lorsqu’il referma la porte derrière lui, Teresa leva les yeux vers lui. Leurs regards se croisèrent et elle comprit qu’il était temps qu’elle dise au revoir à son frère et à Jane, qu’elle les voyait pour la dernière fois. Instinctivement, elle resserra ses bras autour de Jane qui ouvrit les yeux. Il vit Charlie et comprit à son tour par la tension que dégageait le corps de Teresa. Il se redressa doucement jusqu’à se retrouver à hauteur de son visage.

-“ Teresa” commença-t-il, mais elle posa un doigt sur ses lèvres pour le faire taire.

-“ Ne dis rien Patrick” murmura-t-elle avant de remplacer son doigt par ses lèvres. Jane lui rendit son baiser et attrapa son visage dans ses mains. Ils ne firent même pas attention à James qui venait de se réveiller. Ils finirent par se séparer mais ne se lâchèrent pas. “ N’oublie jamais ce que je t’ai dis Patrick, vis ta vie, sois heureux.”

-“ Pas sans toi Teresa” s’obstina Jane qui refusait l’idée d’être séparé d’elle. “ Je refuse de continuer sans toi. Après Angela, j’ai cru que tout était fini pour moi, et tu es arrivée. Ne me demande pas maintenant de recommencer parce que je ne pourrais pas.”

-“ Alors vois le comme la requête du condamné à mort” et devant son air horrifié, elle continua. “ Mes frères vont avoir besoin que quelqu’un les aide à surmonter ça, surtout Daniel. Il va s’en vouloir, il va croire que tout est de sa faute alors qu’il n’y est pour rien. Je veux que tu l’aides à s’en remettre, que tu veilles sur lui.”

-“ Je… Je le ferai, pour toi” accepta-t-il, des larmes dans la voix.

-“ Je l’aiderai” assura James en s’approchant de sa sœur. Teresa le prit dans ses bras et le serra fort contre elle. “ Je t’aime Teresa.”

-“ Je t’aime aussi James” souffla-t-elle. “ Prends soin de Patrick pour moi s’il te plaît, aide le à surmonter cette épreuve.”

-“ Je le ferai.”

Charlie sentit une boule dans sa gorge face à ces déchirants adieux. Il s’en voulait tellement de causer autant de peine alors qu’il s’était toujours juré de ne jamais faire ça. Il s’approcha du groupe et aida James à se lever. Puis il se pencha vers Jane, mais ce dernier refusa de lâcher Teresa.

-“ Vas-y Patrick, avant qu’il ne soit trop tard” supplia Lisbon.

-“ Je ne peux pas te laisser” refusa-t-il en refermant ses bras autour de la jeune femme. “ Je ne peux pas te laisser là.”

-“ Tu vas mourir si tu restes” lui rappela-t-elle, tentant de lui faire comprendre qu’il devait partir maintenant. “ Je ne veux pas que tu meurs pour moi.”

-“ Je serai toujours là pour te sauver Lisbon, que tu le veuilles ou no,” cita-t-il et Lisbon ferma les yeux de douleur à ce souvenir. “ Si je ne fais rien, je ne tiendrai pas ma promesse et je refuse de briser une autre promesse.”

Lisbon le serra dans ses bras, tentant de lui transmettre du courage. Elle non plus ne voulait pas se séparer de lui, mais c’était le seul moyen pour qu’il reste en vie. Et s’ils ne faisaient pas vite, Charlie n’aurait peut-être pas le temps de les sortir de la maison avant que Jack arrive et se rende compte de ce qu’il se passait. Lisbon embrassa Jane sur le front avant de le forcer à se lever. James arriva pour l’aider et Jane se laissa faire. Les trois hommes se dirigèrent vers la porte, mais avant de sortir, Jane lança un dernier regard à Lisbon. Il lui donna son sourire le plus beau, celui qu’elle aimait tant et elle le lui rendit. Puis, ils sortirent et elle se retrouva seule.
Elle pria pour que Charlie parvienne à les sortir de là sans se faire attraper.




Charlie avançait dans le couloir, tenant Jane autour de la taille pour l’aider à marcher. Bien que réticent au départ, l’homme avait fini par comprendre qu’il devait partir en laissant la femme qu’il aimait derrière lui. Ce n’était pas une décision facile, mais c’était la seule à prendre. Peut-être qu’il pourrait la sortir de là plus tard, mais pour le moment la priorité était de sortir Jane et James de cette maison aussi vite que possible.

Par chance, les couloirs étaient vides. Mais ce calme inquiétait Charlie plus qu’il ne le rassurait. Pourquoi personne ne se trouvait dans ce couloir ? Où étaient-ils tous passés ? Qu’est-ce que Jack préparait ? Tout ça ne présageait rien de bon et Charlie accéléra. Jane tenta de suivre, mais il avait du mal. Il savait qu’il ne pouvait pas traîner, mais son corps le faisait tellement souffrir.

Ils descendirent un escalier, avec difficultés. James attrapa Jane pendant que Charlie passait devant pour s’assurer qu’il n’y avait personne. La voie était libre, mais elle ne le resterait pas longtemps. Ils devaient faire vite s’ils voulaient sortir de là avant que Jack ne se rende compte que Charlie l’avait trahi. Le flic savait qu’en faisant sortir les deux hommes, il se grillait auprès de Jack et qu’ainsi il foutait en l’air des années d’enquête. Mais au fond de lui, il savait qu’il ne pouvait pas faire autrement. Il ne pouvait pas, en son âme et conscience, laisser deux innocents se faire tuer, même pour son enquête. Il ne se le pardonnerait jamais.

Du bruit au bout du couloir les alerta et Charlie poussa la première porte qu’il trouva sans savoir ce qu’il allait trouver. Par chance, la chambre était vide et les trois hommes se cachèrent là. Ils entendirent des voix se rapprocher d’eux et chacun retint sa respiration lorsque quelqu’un s’arrêta juste à côté de la porte.

-“ Jack veut qu’on emmène la femme” dit l’un des hommes. “ Il veut lui parler en tête à tête dans un endroit plus intime.”

Jane tourna vers Charlie un regard horrifié à l’idée de ce qui allait arriver à Lisbon, à ce que Jack voulait lui faire. Il ne pouvait pas partir comme ça, il ne pouvait pas la laisser ici et prendre la fuite. Elle lui avait fait promettre d’être heureux et de prendre soin de ses frères. Mais pourrait-il le faire en sachant ce qui lui arriverait s’il ne faisait rien ? Il savait qu’il en serait incapable.

-“ On doit la sortir de là maintenant” murmura James à Charlie. “ Je ne peux pas laisser ma sœur avec ce type.”

-“ On ne peut rien faire pour elle” lui répondit Charlie. “ Je suis désolé.”

-“ Je refuse de la laisser” s’énerva James.

Charlie lui posa rapidement une main sur la bouche en tournant les yeux la porte. Les hommes à l’extérieur ne semblèrent pas les avoir entendus, mais il ne se sentirait rassuré que lorsqu’ils seraient sortis de cette maison. Ils attendirent encore un peu que les hommes s’éloignent puis sortirent de la pièce. Alors que Jane allait repartir vers la chambre où se trouvait Lisbon, Charlie vit du mouvement de l’autre côté du couloir et attrapa Jane qu’il tira en arrière. Mais il était trop tard, on les avait vu.

Jane tourna la tête vers les hommes qui s’approchaient pour voir qu’il s’agissait de l’unité d’assaut. On les avait retrouvés, Cho les avait retrouvés. Il sentit une vague d’espoir l’envahir, Teresa allait être sauvée, elle ne risquait plus rien. Mais une petite voix au fond de lui ne cessait de lui dire que ce ne serait pas si facile, que quelque chose allait arriver avant qu’il ne puisse la prendre de nouveau dans ses bras.

Cho apparut alors derrière les hommes et avança vers lui.

-“ Où est Lisbon ?” Demanda-t-il.

-“ Dans une chambre à l’étage” répondit Jane. “ Charlie voulait nous faire sortir de là et nous avons du laisser Lisbon. Cho, tu dois aller la chercher, Jack veut la faire emmener ailleurs.”

-“ On s’en occupe” assura l’agent. “ Nous avons déjà arrêté quatre de ses hommes. Tu sors de là et tu nous attends.”

-“ Sors-la de cette enfer Cho” supplia Jane. “ Elle connaît Jack et il veut lui faire payer quelque chose qu’elle aurait fait dans le passé.”

-“ Je m’en occupe, maintenant sortez tous les trois.”

Van Pelt, que Jane n’avait pas encore vu, arriva et accompagna les trois hommes dehors pendant que Cho montait les escaliers pour retrouver Lisbon. Il n’avait pas encore trouvé Jack, l’homme devait certainement se trouver dans une pièce à l’étage, ou bien il était déjà avec Lisbon. Il devait faire vite, elle avait déjà passé bien trop de temps ici. Jane avait dit qu’elle connaissait Jack et l’agent se demanda comment elle le connaissait. Cet homme était connu pour sa cruauté et Cho n’imaginait pas Lisbon fréquenter un homme comme lui.

Mais Jane avait également ajouté que Jack voulait se venger de quelque chose qu’elle aurait fait. Elle l’avait certainement connu lors d’une enquête. Elle ne lui avait jamais parlé de sa vie de flic à Chicago, bien qu’elle ait partagé avec lui beaucoup d’anecdotes de son temps à l’académie de police. Ils avaient souvent rit des blagues que les étudiants se faisaient entre eux, mais jamais elle ne lui avait parlé d’autre chose que ça.

Les agents arrivèrent au premier étage pour se trouver face à un long couloir. Des portes tapissaient les murs tout le long. Il fallait maintenant trouver la bonne, celle où se trouvait Lisbon. Ils n’eurent pas à chercher longtemps car soudain, une des portes s’ouvrit révélant Jack, tenant Lisbon par un bras. Lorsque l’homme les vit, il plaqua Lisbon contre son torse et sortit une arme.

-“ CBI, lâchez votre arme et laissez la partir” ordonna Cho.

-“ Hors de question que je la laisse” grogna Jack. “ Nous avons des choses à nous dire et du temps à rattraper.”

Jack passa sa main sur le ventre de Lisbon et la remonta jusqu’à sa poitrine. La jeune femme grimaça de douleur lorsqu’il appuya sur ses côtes cassées. Elle croisa le regard de Cho, lui ordonnant silencieusement de tirer sur Jack, qu’importe ce qui pouvait lui arriver. Les deux agents savaient parfaitement que Jack ne la laisserait pas partir et qu’il ne se rendrait pas. Ils devaient faire quelque chose et vite.

-“ Où sont Jane et mon frère ?” Demanda Lisbon, inquiète.

-“ En sécurité” la rassura Cho. “ Maintenant Jack, jetez votre arme.”

-“ Vous savez que je ne ferai jamais ça,” dit Jack en resserrant son bras autour de Lisbon. “ Maintenant, vous allez me laisser passer. Je vais sortir d’ici avec Teresa et vous ne tenterez rien contre moi, sinon elle est morte.”

Jack avança dans le couloir et les agents s’écartèrent pour le laisser passer. Lisbon croisa une fois de plus le regard de Cho, et pour la première fois de sa vie, il y vit de la peur. Elle savait ce qui l’attendait et elle avait peur. Cho se doutait également de ce qui attendait Lisbon et cela ne lui plaisait pas. Mais avait-il le choix ? Il devait laisser croire à Jack qu’il allait s’en sortir pendant que les hommes se préparaient à l’intercepter dehors. C’était leur seule chance.

Jack descendit l’escalier, ne relâchant jamais sa prise sur Lisbon qui suivait tant bien que mal. Elle sentait son cœur battre la chamade dans sa poitrine, l’adrénaline augmenter en elle. Bientôt, plus personne ne pourrait l’aider et elle savait que si elle ne faisait rien très vite, il serait trop tard. Elle seule pouvait se sortir de cette situation à présent et elle ne comptait pas se laisser faire comme ça. On ne lui avait pas apprit à se laisser faire sans rien dire. Son enfance difficile lui avait apprit à se battre et elle comptait bien le faire.

En arrivant en bas, réalisant que des dizaines de flics devaient se trouver de l’autre côté de la porte, elle vit sa chance. Lisbon trébucha volontairement sur la dernière marche, faisant perdre l’équilibre à Jack. Elle en profita pour le frapper au ventre, ce qui lui fit perdre complètement sa prise sur elle et Lisbon s’éloigna aussi vite que possible. Mais Jack avait toujours son arme qu’il pointa sur elle et tira. Elle tomba en avant sous le coup de la douleur et roula sur le sol, vers la porte. Elle entendit du bruit venant de l’étage, puis dans l’escalier et des coups de feu se firent entendre.

-“ LISBON !” Hurla Jane, hors de la maison.

Lisbon ne bougea pas. Elle sentit alors une main se poser dans son dos et elle tourna la tête en ouvrant les yeux. Elle rencontra le regard inquiet de Cho.

-“ Ça va patron ?” S’inquiéta-il.

-“ Il m’a eut ce pourri” grogna-t-elle en se tenant la cuisse.

-“ Laissez-moi voir” dit-il en poussant la main de sa collègue pour voir l’étendue des dégâts. “ Il vous faut des soins immédiats.”

-“ Et Jack ?” S’enquit-elle.

-“ Il est mort” répondit-il. “ Faite venir les secouristes” ordonna-t-il à l’un des hommes qui se trouvait à côté de lui.

Lisbon ferma les yeux sous la douleur intense mais les rouvrit lorsqu’elle entendit des bruits de pas précipités. Elle vit Jane arriver, avec l’aide de James et elle se sentit soulagée. Ils allaient bien, Jane et son frère allaient bien et Jack était mort. Tout était fini à présent.
James aida Jane à s’installer au sol à côté de Lisbon. Automatiquement, il attrapa sa main qu’il serra dans la sienne et posa l’autre sur sa joue.

-“ Ça va Lisbon ?” S’inquiéta-t-il en voyant sa jambe. “ Tu es blessée.”

-“ Encore une fois” sourit-elle malgré la douleur qui irradiait dans sa jambe. “ On fait la paire tous les deux.”

-“ Tu vas vite t’en remettre” assura-t-il. “ Et mon invitation au restaurant tient toujours, je compte bien te faire passer une agréable soirée et te faire oublier toute cette histoire.”

-“ Il faudra attendre un peu pour ça” rappela-t-elle en lui montrant son visage. “ Mais tu peux toujours venir à la maison comme avant.”

-“ J’y compte bien” sourit Jane.

Lisbon tourna ensuite la tête vers son frère qui n’avait toujours rien dit. Elle savait qu’il se sentait un peu mal à l’aise et elle savait pourquoi. Elle ne lui avait jamais donné l’habitude de la voir avec un homme. Lorsqu’ils étaient enfants, elle n’avait que peu de temps pour elle, bien trop occupée à élever ses frères. Mais maintenant, ils avaient grandit et les choses avaient changé.

-“ Tu vas bien James ?” Lui demanda-t-elle en prenant son bras, le faisant s’asseoir.

-“ Je vais bien, mais toi ça ne va pas” s’horrifia-t-il en posant les yeux sur sa jambe.

-“ Ce n’est rien de méchant” tenta-t-elle de le rassurer, mais n’y parvint pas. “ Les médecins vont arranger ça et après, j’aimerais bien passer une agréable soirée avec mes trois frères.”

“ J’aimerais bien aussi” sourit James. “ Vous serez là aussi Mr Jane ?”

-“ Je ne voudrais pas m’imposer” dit Jane, mais devant le regard insistant de Lisbon et de son frère, il accepta. “ C’est d’accord, je serai là. Je pourrai enfin rencontrer toute la famille Lisbon.”

Les secouristes arrivèrent et poussèrent les deux hommes pour s’occuper de Lisbon qui devenait de plus en plus blanche. Mais Jane resta à côté d’elle, un bras autour de ses épaules.

-“ Nous devons vite la conduire à l’hôpital” dit l’un des secouristes.

Le second aida Lisbon à se lever puis la porta jusqu’au brancard à l’extérieur de la maison tandis que le premier s’occupait de Jane. James les suivit, refusant de s’éloigner de sa sœur en un moment pareil.
Cho resta en retrait, observant sa patronne et amie être transportée jusque dans l’ambulance. Grace le rejoignit et lui posa une main sur l’épaule.

-“ Ils sont en sécurité maintenant” dit-elle. “ Et Jack est mort.”

-“ Oui, mais l’enquête n’est pas encore finie” répondit-il.

-“ Que veux-tu dire ?”

-“ L’enquête sur Jack n’est pas encore terminée” expliqua-t-il. “ Jack ne travaillait pas seul et je veux aider à arrêter ses complices.”

-“ On va tous aider” assura Grace.

Les deux agents regardèrent l’ambulance s’éloigner en se disant que, même si l’enquête n’était pas finie, leurs amis au moins étaient en sécurité.

Cela faisait maintenant deux heures que James se tenait dans la salle d’attente et il commençait à s’impatienter. Sa sœur se trouvait dans une salle d’examen, Patrick Jane dans une autre. Il n’avait pas encore eu de nouvelles, il ne savait pas comment ils allaient et cela n’aidait pas à soulager son inquiétude. Charlie avait tenté d’en apprendre plus, mais il n’avait rien obtenu. Ils devaient donc attendre que le médecin vienne les voir et c’était le plus difficile.

James n’était pas habitué à s’inquiéter pour sa sœur. En général c’était plutôt l’inverse. Il se souvenait encore que durant toute son enfance, Teresa s’était toujours inquiétée pour lui et ses frères. Il faut dire qu’il n’avait jamais été d’une nature calme, se créant des problèmes presque tous les jours. Il lui arrivait souvent de rentrer de l’école avec des vêtements déchirés et Teresa devait raccommoder tout avant que leur père ne voit quoi que ce soit.

Elle avait toujours été là pour les défendre, les protéger des autres enfants qui se moquaient d’eux parce qu’ils ne portaient pas de vêtements neufs comme les autres ou parce qu’ils n’avaient pas de parents pour venir les voir lors de concours ou projets scolaires. Les protéger de leur père, lorsqu’il buvait trop et se mettait en colère. Combien de fois l’avait-il entendu pleurer, seule dans sa chambre. Il savait pourquoi, mais ne pouvait rien faire pour lui venir en aide.

Il était si jeune à l’époque, un petit garçon qui venait de perdre sa mère et dont le père refusait de s’occuper. Mais Teresa était également une petite fille dans la même situation qui ne s’autorisait jamais d’être triste parce que ses frères avaient besoin d’elle. Elle avait toujours été si forte alors que ses frères et lui n’avaient rien à faire d’autres que d’aller à l’école.

Tommy et lui s’en étaient bien sortis. Ils avaient chacun trouvé un travail et Tommy avait même fondé une famille, bien que cela n’ait pas duré. Il avait tout de même une fille adorable que James aimait taquiner lorsqu’elle venait le voir. Lui-même avait une famille, une ex petite amie qui vivait dans un autre état avec leurs deux enfants: Joshua et Cassandra, des adorables jumeaux de dix ans.

James regrettait parfois que ça n’ait pas marché avec Lucy, mais ils s’entendaient toujours bien et c’est-ce qui comptait pour lui. Ses enfants étaient heureux, Lucy était heureuse et il était heureux. Il l’aurait été plus s’il les voyait plus souvent. Mais ils avaient leurs vies, leurs amis. Il ne pouvait pas leur enlever ça. Il voulait que ses enfants aient tout ce qui lui n’avait pas eu et c’est pour cette raison qu’il avait refusé de les faire venir un week-end sur deux chez lui. Il préférait qu’ils restent avec leur mère pour ainsi profiter des vacances scolaires.

Il sentit quelqu’un poser une main sur son épaule et il tourna la tête vers Charlie qui lui indiqua le couloir derrière eux. Daniel et Tommy arrivaient, suivit d’Annie et d’un agent qui ne les lâchait pas. Il se dirigea vers eux et Tommy le prit dans ses bras. Daniel n’osa pas avancer, mais James ne fit pas plus attention à lui.

-“ Tu vas bien James ?” Demanda Tommy en s’écartant un peu pour regarder son frère de bas en haut. “ Tu n’as rien ?”

-“ Je vais bien, mais Teresa va mal” murmura-t-il. “ Elle a tout fait pour me protéger ainsi que son ami, Patrick Jane.”

-“ Et Jane, comment va-t-il ?” Demanda Annie en arrivant derrière son père.

-“ Je ne sais pas” souffla James. “ Je n’ai pas encore eu de nouvelle et ça m’inquiète. Ça fait trop longtemps qu’ils sont là bas et j’ai peur pour eux.”

-“ Ils vont s’en sortir” assura Tommy.

James sourit à Tommy avant de se tourner vers Daniel qui n’osait toujours pas avancer. Il s’approcha doucement de lui, mais Daniel s’écarta brusquement, craignant les reproches de son frère. Alors James l’attrapa par les épaules et l’attira dans ses bras.

-“ Tu vas bien Daniel ?” S’enquit James.

-“ Je… Pourquoi tu t’inquiètes pour moi ?” Demanda Daniel, surprit.

-“ Tu es mon frère et ce Jack en avait après toi, c’est normal que je m’inquiète” répondit-il. “ Et avant que tu ne dises quoi que ce soit, tu n’y es absolument pour rien dans cette histoire.”

-“ C’est à cause de moi que Jack s’en est pris à Teresa” souffla le jeune homme.

-“ Non, enfin pas entièrement”.
Devant l’air curieux de son frère, il s’expliqua. “ Jack, d’après ce que j’ai compris, avait des affaires à régler à Sacramento. Il serait venu de toute façon. Et il connaît Teresa, depuis des années et voulait se venger d’elle. Ne me demande pas pourquoi, je n’en sais rien.”

-“ Qu’est-ce qu’il lui a fait ?” S’alarma Tommy qui s’était approché. “ Est-ce qu’il a…”

-“ Non” les rassura James. “ Mais il a fait du mal à Jane et j’ai vu à quel point ça faisait mal à Teresa. Elle à l’air de vraiment tenir à lui.”

-“ Elle l’aime” précisa alors Annie qui parlait pour la première fois et les trois hommes se tournèrent vers elle. “ Ça se voit. Ce n’est pas parce que je suis jeune que je ne vois pas ce genre de choses. Elle l’aime depuis des années, mais elle avait peur de lui parler.”

-“ Ils l’ont fait, enfin je crois” dit James. “ Elle était prête à tout pour le protéger et lui aussi. J’espère vraiment qu’ils vont bien.”

A ce moment là, un médecin s’approcha du petit groupe et les quatre Lisbon se tournèrent vers lui, anxieux.

-“ Vous êtes avec Teresa Lisbon ?” Demanda-t-il et ils acquiescèrent. “ Mlle Lisbon va bien, nous avons retiré la balle de sa cuisse et elle devra suivre des séances de rééducation d‘ici quelques semaines. Mais tout va bien.”

-“ Elle va s’en remettre alors ?” Demanda Tommy.

-“ Tout à fait” approuva le médecin.

-“ Et pour Patrick Jane ?” S’enquit James.

-“ Vous êtes de sa famille ?” Questionna le médecin, ne voulant pas donner d’informations sur un patient à n’importe qui.

-“ C’est mon oncle” répondit Annie face au silence de son père et ses oncles. “ C’est le compagnon de ma tante Teresa. Il va bien ?”

-“ Si on oublie qu’il est le patient le plus insupportable que j’ai eu, il va bien” sourit le médecin. “ Vous pouvez le voir si vous voulez.”

Le médecin entraîna la famille Lisbon le long du couloir pour arriver à une salle d’examen. Ils purent entendre les jérémiades de Jane de l’autre côté de la porte. Les trois frères sourirent. Il était exactement comme Teresa le leur avait dit et cela les rassura. S’il avait assez de force de rouspéter ainsi, alors c’est qu’il allait bien.
Le médecin ouvrit la porte et les laissa entrer. James pénétra dans la pièce le premier tandis que ses frères étaient un peu hésitants. Il se dirigea directement vers le lit et, lorsque Jane le vit, il cessa immédiatement de se plaindre.

-“ James !” s’exclama Jane. “ Des nouvelles de Teresa ?”

-“ Elle sort juste du bloc” l’informa James. “ Elle va s’en remettre mais elle va avoir besoin de beaucoup de repos.”

-“ Et pour sa jambe ?” S’enquit le blond. “ Elle va bien se remettre ?"

-“ Oui, avec des séances de kiné et ça risque de ne pas lui plaire. Mais elle n’aura pas le choix.”

-“ Je serai là pour la soutenir” assura Jane. “ Est-il possible de la voir ?”

-“ Je vais demander au médecin” répondit James en s’éloignant.

Le jeune homme sortit de la chambre, laissant ses frères avec Jane. Daniel n’osa pas approcher, préférant rester à l’écart. Jane pouvait dire qu’il se sentait coupable, qu’il culpabilisait pour ce qui était arrivé à sa sœur. Lui-même culpabilisait, même s’il savait qu’il n’y était pour rien.
Tommy et Annie, sentant la tension qui commençait à s’installer dans la chambre, décidèrent de faire quelque chose. La jeune fille s’approcha du lit où elle s’installa doucement. Jane tourna les yeux vers elle et elle lui offrit un radieux sourire.

-“ Alors, ma tante et vous ?” Sourit-elle.

-“ Nous…” hésita Jane. “ C’est à dire que…”

-“ Inutile de mentir” ajouta-t-elle. “ J’ai toujours su qu’il y avait quelque chose entre vous. Elle vous aime depuis longtemps, même si elle n’a jamais rien dit. Et vous ? Est-ce que vous l’aimez ?”

-“ Oui je l’aime” admit Jane. “ J’ai toujours eu peur de lui dire, je voulais la protéger de moi, et de mon passé.”

-“ Je crois qu’elle n’a pas besoin de ça” précisa Tommy en s’approchant. “ Elle a toujours été comme ça, depuis la mort de notre mère. Prendre soin des autres a toujours été sa priorité, même si ça veut dire prendre des risques. Elle le faisait avec notre père.”

-“ Je sais” souffla Jane difficilement. A la simple idée que quelqu’un ait pu s’en prendre à Teresa, lui faire du mal, il sentit la colère monter en lui. “ Elle pense aux autres mais pas à elle.”

-“ Elle est comme ça” ajouta Daniel qui osa enfin approcher. “ C’est pour ça que je suis venu chez elle. Je savais qu’elle ne me repousserait pas. Mais je ne pensais pas que Jack s’en prendrait à elle.”

-“ Tu aurais du y penser” siffla Annie. “ Tu la connais bien pourtant.”

-“ Le temps n’est pas aux reproches” les coupa Jane. “ Elle n’a pas besoin de nous voir nous déchirer, elle a besoin de nous savoir en sécurité et heureux. Et je refuse que vos disputes lui gâche ça.” Il fixa les trois Lisbon tour à tour. “ La seule chose que je veux, c’est la savoir heureuse et je pense que vous aussi.” Ils hochèrent tous la tête, parfaitement en accord avec lui. “ Alors on oublie tout ça.”

La porte de la chambre s’ouvrit sur James, suivit d’une infirmière poussant un fauteuil roulant.

-“ Nous pouvons aller voir Teresa” leur dit-il avec un sourire.

L’infirmière arrêta le fauteuil à côté du lit et s’apprêtait à aider Jane lorsque ce dernier l’arrêta.

-“ Hors de question que je me déplace avec ça” grogna-t-il.

-“ Ordre du médecin” précisa l’infirmière. “ Vous ne devez pas marcher. Alors si vous voulez voir votre amie, ce sera dans ce fauteuil.”

Elle le regarda droit dans les yeux, les mains sur les hanches. Elle ne tolérait aucun refus et les autres se retinrent de sourire devant le regard de Jane. Il ne voulait pas se promener dans l’hôpital en fauteuil roulant. Pas que le regard des autres le dérange, mais plutôt qu’il se sentait diminué de ne pouvoir marcher lui-même jusqu’à la chambre de Lisbon.
Mais il savait qu’il n’avait pas le choix, que c’était la seule solution s’il voulait la voir et il voulait la voir. Il était prêt à subir toutes les humiliations s’il pouvait voir Lisbon et s’assurer de ses propres yeux qu’elle allait bien.

-“ Très bien...” capitula-t-il en se glissant doucement du lit. L’infirmière l’aida à s’installer. “ Mais dans ce cas, j’exige d’avoir du thé digne de ce nom.”

L’infirmière leva les yeux au ciel. Ses collègues lui avaient parlé de Patrick Jane pour l’avoir eu comme patient par le passé. Il était insupportable envers le personnel médical et exigeait sans cesse de boire autre chose que le thé de l’hôpital.
L’infirmière ne pouvait pas vraiment lui en vouloir pour le thé, elle-même était une grande buveuse de thé et ne pouvait que reconnaître que celui servit dans cet hôpital était imbuvable.

-“ Vous aurez le thé que j’achète moi-mêm,” sourit-elle.

-“ Oh, ai-je à faire à une connaisseuse ?” Demanda Jane en levant les yeux vers la jeune femme. “ Je serai ravi de goûter à votre thé.”

-“ Un peu plus tard, pour le moment je voudrais voir Teresa,” dit-il en reprenant son sérieux. “ J’ai besoin de la voir.”

L’infirmière hocha la tête et poussa le fauteuil dans le couloir. Les frères Lisbon et Annie les suivirent sans un mot. Ils voulaient tous voir Teresa, voulaient tous s’assurer de son état. Elle était tellement importante pour chacun d’eux, avait tant fait pour eux au cours des années. Et cette fois encore, elle avait risqué sa vie pour protéger sa famille. Encore une fois, elle avait fait passer les autres avant elle.
Il serait peut-être temps que les choses changent, que quelqu’un prenne soin d’elle pour changer. Jane était prêt à le faire. Il était prêt à tout pour elle, surtout en ce moment. Elle avait pris le risque de mourir pour qu’il puisse s’en sortir, malgré toutes ses suppliques. C’était à lui maintenant de prendre soin d’elle.

Ils prirent l’ascenseur qui les conduisit au troisième étage. L’infirmière les entraîna ensuite dans un long couloir jusqu’à une porte. Elle s’arrêta devant et se tourna vers la petite famille. Elle put voir l’impatience sur chaque visage et s’en voulut de ce qu’elle allait leur dire. Mais c’était ainsi, les règles de l’hôpital.

-“ Je suis désolée mais vous ne pouvez y aller qu’un à la fois” leur dit-elle.

-“ Patrick, allez-y en premier” proposa James. “ Nous pouvons attendre. Mais je sais que Teresa souhaiterait vous voir.”

-“ Vous êtes certain ?” Voulut savoir Jane. “ Vous êtes de sa famille, pas moi.”

-“ Peut-être, mais vous l’aimez et elle vous aime” ajouta Tommy. “ C’est à vous d’y aller. Nous serons à la cafétéria en attendant.”

Jane laissa son regard passer sur chaque membre de la famille Lisbon pour voir qu’ils étaient tous du même avis. Il hocha la tête avant de se tourner vers la porte, toujours un peu hésitant. Il savait ce qui était arrivé à Lisbon, mais cela ne l’empêchait pas de redouter de la voir.
Il poussa finalement la porte et fit rouler le fauteuil jusqu’au lit. Elle dormait encore. Il s’arrêta à côté d’elle et l’observa. Même avec toutes ces marques sur ses bras nus et son visage, elle n’en restait pas moins belle. Il leva une main pour chasser une mèche de cheveux de son front. Elle fronça le nez mais ne se réveilla pas. Il resta là à simplement la regarder, s’imprégnant de sa beauté et de son calme.

Soudain, il vit ses yeux bouger sous ses paupières, elle agita la tête d’un côté et de l’autre. Il la vit serrer les poings et un petit gémissement s’échappa de ses lèvres. Il posa instinctivement une main sur son bras, tentant de la calmer par sa simple présence. Il lui caressa la main tendrement, attendant qu’elle se calme. Puis, lorsqu’elle cessa de bouger, il porta sa main à ses lèvres et posa ses lèvres sur sa peau douce.

Lorsqu’il reposa la main de Lisbon, elle ouvrit doucement les yeux. Elle regarda autour d’elle, cherchant à savoir où elle se trouvait. Puis, elle tourna la tête vers lui et sourit. Elle leva la main que Jane venait de poser et la posa sur la joue de l’homme. Il posa la sienne par-dessus et tourna la tête pour déposer un baiser dans sa paume.

-“ De l’eau s’il te plaît” lui demanda-t-elle et Jane lui servit un verre. Il l’aida à boire puis reposa le verre sur la table de chevet. “ Merci.” Elle laissa son regard se poser sur le visage de Jane et nota la pointe de culpabilité dans ses yeux. “ Tu te reproches encore ce qu’il s’est passé là bas. Je t’ai déjà dis que tu n’avais pas le choix, tu devais partir si tu ne voulais pas mourir.”

-“ Peut-être” admit-il. “ Mais ça ne m’empêchera pas de culpabiliser. Te voir te sacrifier et ne rien pouvoir faire pour t’aider… Je me sentais si impuissant. Je sais que je ne pouvais rien faire, que j’avais moi-même besoin de soins. C’est juste que… C’est difficile parfois de te voir te battre pour protéger les autres et de devoir rester sur la touche.” Il fit une pause et fixa Lisbon dans les yeux. “ J’aimerais parfois être celui qui prend soin de toi, qui te défend si nécessaire. Je sais que je ne suis pas le plus courageux des hommes, mais j’aimerais me sentir utile.”

-“ Mais tu es utile” assura Lisbon. “ Tes idées nous ont si souvent sortis de situations délicates. Ton intelligence et ton imagination sont importantes. Et pour ce qui est de prendre soin de moi, je dois bien avouer que je n’ai pas l’habitude de laisser les autres prendre soin de moi. J’ai toujours pris soin des autres et c’est étrange de penser que quelqu'un puisse le faire à son tour.” Elle serra la main de Jane dans la sienne. “ Mais je crois que je pourrais m’habituer à t’avoir près de moi, à te laisser prendre soin de moi.”

-“ Tu… Tu veux vraiment ?” S’étonna Jane. “ Je veux dire, nous ne sommes même pas un couple.”

-“ Je pense que c’est déjà le cas depuis des années” dit-elle. “ D’après Cho, nous nous disputons déjà comme un vieux couple. Nous nous connaissons depuis si longtemps, nous avons tourné autour de nos sentiments sans jamais rien dire et maintenant nous avons la chance d’aller de l’avant. Alors oui, je suis prête à te laisser prendre soin de moi et à prendre soin de toi.”

Jane resta silencieux, les yeux brillants. C’était la plus belle déclaration qu’il ait entendu de sa vie. Lisbon venait de dire ce qu’il savait depuis longtemps et il était heureux de savoir qu’elle pensait la même chose que lui. Maintenant, ils pouvaient avancer dans la vie sans se soucier du reste. Il était heureux, mais ne le serait pleinement que lorsqu’elle pourrait sortir d’ici et rentrer chez elle. Et si elle était d’accord, il s’installerait avec elle.

Il se doutait bien que les choses ne seraient pas faciles entre eux, elles ne l’avaient jamais été. Il y aurait toujours quelque chose qui les énerveraient chez l’autre. Un mot de trop, un regard de travers. Ils avaient tous les deux de fortes personnalités, savaient tous les deux ce qu’ils voulaient. Mais ensemble, ils y arriveraient. Ils avaient attendu trop longtemps pour laisser passer cette chance.

-“ Oh, j’ai oublié de te dire que tes frères sont dehors et qu’ils attendent leur tour pour venir te voir” dit soudain Jane. “ Je vais y aller.”

-“ Non, reste !” Dit-elle rapidement. “ Je… Je veux que tu restes encore un peu.”

-“ Tu n’as pas envie de voir ta famille ?” S’étonna-il.

-“ Si, mais j’aimerais que tu restes encore” répondit-elle. “ C’est juste que… Nous avons vécu quelque chose de difficile ensemble et nous avons faillit nous perdre l’un l’autre. Je voudrais juste profiter un peu de toi avant que mes frères ne viennent.”

-“ Comme tu voudras” accepta-t-il.

Lisbon se tourna difficilement dans son lit pour faire face à Jane.

-“ Tu pourrais… Tu voudrais t’installer dans le lit avec moi ?” Demanda-t-elle timidement. “ Enfin, si ça ne te dérange pas.”

Jane ne répondit pas mais se leva de son fauteuil, grimaçant sous l’effort et se glissa sous la couverture que soulevait Lisbon pour lui. Il s’installa sur le dos et Lisbon vint poser sa tête contre son torse, sans toutefois trop appuyer pour ne pas lui faire mal. Il l’entoura de ses bras, déposa un baiser sur son front et ferma les yeux. Il inspira ce parfum qu’il aimait tant : celui de Lisbon. Il n’avait besoin de rien d’autre dans la vie tant qu’elle restait avec lui et il ferait tout pour qu’elle le reste.



Cho arriva à l’hôpital où il rejoignit rapidement Charlie qui l’attendait. Le flic avait appelé l’agent juste après avoir appelé son supérieur. Bien que Jack soit mort, il restait encore ses associés à trouver et arrêter. Il ne pouvait pas laisser ces hommes continuer leurs trafics. Il avait juré qu’il irait jusqu’au bout et il comptait bien le faire.
Charlie vit Cho s’approcher de lui. Il ne fut pas surprit que l’agent l’ait trouvé sans avoir à l’appeler. Kimball Cho était un bon agent, l’un des meilleurs et Charlie savait qu’avec lui il viendrait à bout de cette mission.

-“ Agent Cho, ravi de vous voir” déclara-t-il en lui tendant la main que l’homme serra dans la sienne. “ Je suppose que vous voulez voir votre patronne.”

-“ Jane est avec elle” dit Cho simplement. “ Je la verrai plus tard.”

-“ Alors mettons-nous au travail.”

Les deux hommes s’éloignèrent de la famille Lisbon. Les trois frères et Annie s’étaient installés dans la salle d’attente et deux agents se trouvaient avec eux. Cho préférait jouer la carte de la sécurité. Après tout, même si Jack était mort, personne ne savait s’il n’avait pas fait en sorte de finir ce qu’il avait commencé. Il ne voulait prendre aucun risque.

Cho marchait dans le couloir d’un pas décidé. Charlie suivait sans un mot, ne sachant pas trop où ils se rendaient mais se doutant que ça avait de l’importance. Ils marchèrent encore quelques minutes jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent devant une porte. Cho la poussa et entra dans la chambre, toujours suivit de Charlie. Là les attendait Van Pet et Rigsby. Wayne se leva du fauteuil sur lequel il était assis et vint saluer le nouveau venu.

-“ Vous êtes celui qui a protégé mes amis” dit-il en serrant la main de l’homme. “ Ravi de faire votre connaissance.”

-“ J’ai fait de mon mieux” répondit Charlie. “ Si j’avais pu faire plus...”

-“ Vous leur avez évité la mort” précisa Van Pelt en s’approchant. “ C’est déjà pas si mal.”

-“ Avez-vous trouvé des informations sur les associés de Jack ?” Demanda Charlie, voulant changer de sujet.

-“ Pour le moment, nous n’avons pas grand-chose, si ce n’est une liste de nom de suspects potentiels” expliqua Van Pelt qui pianota sur son ordinateur portable. “ Il y en a cinq en tout.”

-“ Qui sont-ils ?”

“ Quatre ont déjà été arrêtés pour divers délits” continua Van Pelt. “ Le cinquième va vous surprendre. Il s’agit du secrétaire d’un juge.”

-“ Quel juge ?” Demanda Cho en s’approchant.

-“ Le juge Wilson de Sacramento” répondit-elle. “ Pour le moment je ne sais pas s’il est impliqué aussi, mais je continue de fouiller.”

-“ Quel est le nom du secrétaire” s’enquit Charlie.

-“ Andrew Marshal” répondit Rigsby. “ En fouillant dans son passé, j’ai découvert que son cousin, Tim Marshal, avait travaillé pour Jack il a quelques années. Peut-être a-t-il permit à Andrew de le rencontrer.”

-“ C’est une possibilité” admit Cho. “ Van Pelt, continue de chercher. Rigsby, fouille dans le passé des quatre autres hommes et vois si tu peux trouver quelque chose. Charlie, venez avec moi, j’ai des choses à vous dire.”

Les deux agents du CBI acquiescèrent tandis que les deux hommes quittaient la chambre. Une fois dans le couloir, Cho se tourna vers le flic.

-“ Vous saviez que Cathy avait prit la fuite avec Daniel Lisbon” dit-il sans accusation. “ Vous saviez depuis le début ce que Jack voulait mais vous avez préféré garder le secret pour la protéger, elle et son bébé.”

-“ Vous savez tout alors” confirma Charlie. Cho hocha la tête. “ Je ne pouvais pas dire quoi que ce soit sans mettre leurs vies en danger. Et je suis désolé de ce qui est arrivé à vos amis, mais je ne pouvais rien faire.”

-“ Je comprends parfaitement ce que vous voulez dire et je ne vous reproche rien” le rassura Cho. “ Jack est mort, mais je suis inquiet pour mes amis et la famille de ma patronne.”

-“ Je suis aussi inquiet que vous agent Cho” précisa Charlie. “ Je sais que lorsque Jack voulait quelque chose, il l’obtenait toujours. Il en avait après Daniel pour être partit avec sa fille et j’ai appris plus tard pour sa colère envers Teresa.” Il fit une pause, tentant de se calmer un peu avant de reprendre. “ Il m’avait parlé de cette femme qui l’avait trahi il y a des années. Il m’avait dit à quel point il lui en voulait et que si jamais il la revoyait il lui ferait payer. Je ne savais pas à cette époque qu’il s’agissait d’elle et je m’en veux de n’avoir rien pu faire avant.”

Charlie alla s’asseoir sur une chaise au milieu du couloir et Cho le suivit sans un mot. Il voyait à quel point le flic culpabilisait pour tout ce qui était arrivé : les morts de tout ces pauvres innocents, les enlèvements et tortures de Jane et Lisbon. Il s’était retrouvé au milieu de criminels de la pire espèce et n’avait rien pu faire pour empêcher tout ça. N’importe qui à sa place aurait ressenti la même chose.

L’agent du CBI s’installa à côté de Charlie. Il savait qu’ils ne pouvaient plus rien faire pour tout ces gens, mais ils pouvaient encore faire leur travail et arrêter tous les complices de Jack. Lisbon et les autres étaient en sécurité pour le moment, mais ne le seraient pas éternellement. Tant que tous les complices de Jack n’auraient pas été arrêtés, Cho ne voulait pas prendre le risque de mettre un terme à la sécurité qu’il avait fait mettre en place autour de la famille Lisbon.

-“ Nous allons trouver les complices de Jack et mettre un terme à tous ces meurtres” dit Cho. “ Ensuite, vous pourrez retrouver votre famille.”

-“ Il me tarde de revoir mes enfants” sourit Charlie. “ Ils doivent avoir changé depuis la dernière fois que je les ais vu.”

-“ Vous en avez combien ?” S’enquit Cho, se surprenant lui-même de l’intérêt qu’il portait à la famille du policier.

-“ J’ai trois enfants, deux fils et une fille” répondit Charlie. “ Ils vivent avec leur grand-mère pour le moment. Mais il est vrai que je m’inquiète toujours pour eux, à chaque heure du jour et de la nuit.”

-“ J’ai un collègue qui est exactement comme vous” le rassura Cho.

-“ L’agent Rigsby ?” Hasarda Charlie, Cho hocha la tête. “ Je m’en doutais. Il avait l’air inquiet tout à l’heure, et pas seulement pour l’enquête.”

-“ Il n’a pas vu son fils depuis plusieurs jours et lui-même est impatient de le revoir.”

-“ Je peux le comprendre. Et bien dans ce cas, mettons-nous au travail et il pourra le revoir plus vite.”

-“ Et vous vos enfants.”

Les deux hommes se sourirent avant de se lever et de rejoindre Van Pelt et Rigsby dans la chambre. Ensemble, les quatre se mirent au travail. Charlie contacta une fois de plus son supérieur et demanda des informations sur le second agent en immersion. Il voulait lui parler, peut-être l’homme savait-il quelque chose qui pourrait les aider à avancer dans cette affaire. Bien que réticent, son supérieur accepta de se renseigner sur l’autre agent. Comme il était d’une autre agence, ce ne serait pas facile, mais il promit de faire son possible.

Pendant ce temps, Cho était au téléphone avec son propre supérieur, tentant de lui faire comprendre qu’il était nécessaire de laisser la famille Lisbon sous protection. Bien que Jack soit mort, il avait l’intuition que les Lisbon étaient encore en danger. Bien entendu, une intuition n’était pas suffisante pour son supérieur qui voulait avant tout des faits. Mais Cho savait se montrer convaincant et, au bout de plusieurs minutes, il obtint l’autorisation dont il avait besoin.

Lorsqu’il raccrocha et que Charlie en ait fait autant, ils se tournèrent vers les deux autres qui pianotaient encore sur leurs ordinateurs. Ils semblaient tellement prit dans ce qu’ils faisaient que Cho décida d’aller rendre visite à Lisbon. Il se doutait que Jane était encore avec elle, mais il avait juste besoin de voir de ses propres yeux qu’elle allait bien.
Personne ne savait ce qu’il ressentait, il le cachait bien. Mais lorsqu’il avait vu Lisbon entre les mains de Jack, sur le point de disparaître, il avait eut peur. Il avait fait de son mieux pour lui venir en aide, pour s’assurer qu’elle s’en sorte. Elle avait quand même était blessée et il culpabilisait, tout comme Charlie. Il savait qu’il n’y était pour rien, mais le sentiment était tout de même là.

Il abandonna donc les autres et marcha dans les couloirs, se posant des questions sur ce que Jack pouvait reprocher à Lisbon. Elle ne lui avait jamais parlé de son passé, des missions qu’elle avait effectuées avant de rejoindre la police de San Francisco, puis le CBI. Il était tenté de lui demander, mais il ne le ferait pas. Il la respectait bien trop pour faire une chose pareille. Si Lisbon voulait un jour lui en parler, alors il serait là pour l’écouter. Toutefois, il se doutait qu’elle en parlerait à Jane avant d’en parler à qui que ce soit d’autre.

Il arriva devant la chambre de Lisbon et remarqua que sa famille se trouvait toujours dans la salle d’attente. Annie s’était endormie, la tête sur les genoux de son père. James et Daniel discutaient doucement un peu plus loin, chacun une tasse à la main. Lorsque James vit l’agent, Il hocha la tête en guise de bonjour et se tourna de nouveau vers son frère pour continuer leur conversation. Cho se tourna ensuite vers la porte, l’ouvrit doucement et jeta un œil à l’intérieur pour voir que Jane et Lisbon s’étaient endormis dans les bras l’un de l’autre dans le lit.

Il sourit en les voyants, heureux pour eux. Enfin, après tant d’années, ils s’étaient ouverts l’un à l’autre. Cho les avait observés toutes ces années et avait remarqué ces regards, ces gestes qu’ils avaient l’un envers l’autre. Il comprenait pourquoi Jane n’avait jamais voulu ouvrir son cœur à Lisbon, pourquoi il avait toujours été là pour elle en ami mais rien de plus.
Il comprenait aussi pourquoi Lisbon n’avait jamais osé faire le premier pas. Elle avait également beaucoup souffert au court de sa vie et refusait de souffrir encore. De plus, elle respectait bien trop son amitié avec Jane pour tenter quoi que ce soit qui aurait pu y nuire.
Maintenant, ils étaient ensemble, même si les circonstances n’avaient pas été de leur côté. Ils avaient été enlevé et auraient pu mourir. Cho trouvait ça triste qu’ils osent enfin se parler uniquement à cause de ça.

Il s’apprêtait à sortir lorsque Lisbon ouvrit les yeux et le vit. Elle lui fit signe de s’approcher et de l’aider à se lever sans réveiller Jane. Elle parvint à se désengager des bras de son compagnon qui grogna un peu mais ne se réveilla pas. Cho l’aida à marcher jusqu’au fauteuil roulant de Jane où elle s’installa, avec quelques difficultés dues à sa jambe. Ils sortirent ensuite de la chambre, laissant Jane dormir encore un peu. Cho poussa le fauteuil du côté opposé de la salle d’attente, ayant comprit que Lisbon voulait lui parler sans que sa famille n’entende.

-“ Je sais que tu te poses des questions Cho” commença Lisbon. “ A propos de Jack et de moi. Je n’en ai jamais parlé à personne, sauf à Jane. Mais je ne lui ai pas tout dit.”

-“ Vous n’êtes pas obligée de me dire quoi que ce soit” la coupa Cho.

-“ Je sais, mais j’en ai besoin” précisa-t-elle. “ J’ai rencontré Jack dans un bar un soir après mes cours à l’académie de police. Il était charmant, gentil. Mais lorsqu’il m’a demandé mon nom, je ne lui ai pas donné le vrai. Je ne voulais pas vraiment qu’il me connaisse, pour moi ce n’était rien de plus qu’une rencontre d’un soir” elle baissa la tête, un peu mal à l’aise d’avouer ce genre de chose à son second. “ Ce n’est que le lendemain que j’ai appris qui il était vraiment et qu’on m’a assigné cette mission.”

-“ Vous n’avez rien à vous reprocher Lisbon,” la rassura Cho, bien que ce ne soit pas dans ses habitudes. “ Vous ne pouviez pas savoir que c’était un criminel.”

-“ Non c’est vrai” approuva Lisbon. “ Quand ma mission a été finie, j’ai quitté Chicago pour m’installer à San Francisco. Je ne voulais plus jamais penser à cette période de ma vie, je voulais oublier.”

-“ Vous avez fait votre travail, vous pouvez être fière de vous.”

-“ Pas après tout ce que j’ai du faire” souffla-t-elle en baissant les yeux vers ses mains sur ses genoux. “ Et je ne veux pas que Jane l’apprenne.”

-“ Il ne vous jugera pas” la rassura Cho.

-“ Je sais, mais je préfère qu’il ne sache rien.”

Cho hocha la tête, indiquant ainsi qu’il garderait le silence. Mais il avait besoin d’en savoir plus sur Jack et ses éventuels complices.

-“ Lors de cette mission, avez-vous rencontré des proches de Jack, des personnes à qui il aurait pu se confier et qui pourrait maintenant chercher à venger sa mort ?” Demanda-t-il.

-“ Son meilleur ami, Wallace Brantford” répondit-elle. “ D’après ce que je sais, ils sont allés à l’école ensemble. Ils viennent du même quartier, ont eut les mêmes fréquentations. Je ne sais pas ce qu’il est devenu, mais s’il est encore en vie et s’il n’est pas en prison, alors il pourrait vouloir venger la mort de Jack.”

-“ Je vais chercher de ce côté. Vous devriez aller voir votre famille, ils s’inquiètent pour vous.”

Lisbon comprit ce que Cho voulait dire. Ils étaient encore en danger et il voulait qu’ils restent tous ensemble, sous protection. Elle connaissait Wallace, elle savait de quoi il était capable. Il était encore plus cruel que Jack et pouvait très bien chercher à venger son ami en s’en prenant à ses frères. Elle ne pouvait prendre ce risque.

Elle posa sa main sur celle de Cho et la serra doucement. Leurs regards se croisèrent avant que Lisbon fasse rouler le fauteuil jusqu’à la salle d’attente. James fut le premier à se lever pour aller aider sa sœur. Tommy réveilla Annie qui ouvrit doucement les yeux. Lorsqu’elle vit sa tante, elle se redressa rapidement pour la prendre dans ses bras.

Cho les observa de loin et se promit de faire en sorte que Lisbon et sa famille soit en sécurité le plus rapidement possible. Après tout ce qu’ils avaient traversé, ils méritaient un peu de bonheur. Lisbon l’avait bien formé, ainsi que le reste de l’équipe. Elle pouvait compter sur eux pour résoudre cette affaire. Il retourna dans la chambre de Rigsby avec sa nouvelle information. Bientôt, toute cette histoire serait finie.

Jane ouvrit les yeux doucement et avança la main pour attraper celle de Lisbon, mais il tomba sur du vide. Il se redressa rapidement, grognant à cause de ses blessures. Il chercha des yeux dans toute la chambre, mais Teresa n’était pas là. Il sentit immédiatement la peur l’envahir. Son cœur accéléra, sa respiration se fit plus difficile et la peur monta en lui. Quelqu’un était-il venu la chercher sans qu’il ne s’en rende compte ? Comment avait-il pu ne pas s’en rendre compte ? Il dormait avec ses bras autour du corps de la jeune femme. Il aurait du sentir quelque chose.

Il se leva avec difficultés et marcha jusqu’à la porte. Il avait mal aux côtes, mais qu’importe. Il devait retrouver Teresa, s’assurer que personne ne lui avait fait de mal. Il ne se le pardonnerait pas si c’était le cas. Il lui avait promit de prendre soin d’elle, de la protéger à n’importe quel prix. Il ne supporterait pas de la perdre, surtout après lui avoir avoué ses sentiments.

Il sortit de la chambre, avança avec précaution en s’aidant du mur jusqu’à la salle d’attente d’où provenaient des voix qu’il reconnu. Les frères de Teresa étaient encore là, ce qui le rassura un peu. Ils ne seraient pas ici s’il était arrivé quelque chose à Teresa. C’est alors qu’il entendit une voix qui fit bondir son cœur. Teresa. C’était sa voix, il la reconnaîtrait entre mille. Il avança un peu plus et c’est là qu’il la vit, assise dans le fauteuil roulant, parlant avec ses frères.

Jane souffla de soulagement, avant de se traîner jusqu’à la salle d’attente et de ce fait, vers Lisbon. Elle tourna la tête lorsqu’Annie leva les yeux vers lui. Elle le vit et s’écarta de sa nièce pour faire rouler le fauteuil jusqu’à Jane. Elle s’arrêta devant lui, leva ses yeux vers lui et enfin, lui sourit. Elle bloqua les freins du fauteuil puis tenta de se lever, oubliant sa jambe douloureuse. Elle se retrouva alors debout en face de Jane qui tendit un bras pour la stabiliser.

-“ Tu es réveillé depuis longtemps ?” S’enquit Lisbon.

-“ Pas longtemps” répondit-il. “ Mais j’ai eu peur en ne te trouvant pas dans la chambre.”

-“ Oh Jane, je suis désolée” s’excusa-t-elle en réalisant ce qu’elle avait fait. “ Je n’y ai même pas pensé. Je devais parler avec Cho et je ne voulais pas te réveiller.”

-“ Et tu voulais voir ta famille” finit-il avec un sourire. “ Tu vas bien ?” Demanda-t-il alors, soudain plus sérieux. “ Et je ne parle pas seulement de ta jambe.”

-“ Ça va” le rassura-t-elle.

Jane la regarda droit dans les yeux pour y voir toute sa sincérité. Mais bien qu’elle soit persuadée d’être en sécurité, il en doutait un peu. Il était certain que tout n’était pas fini, que quelqu’un s’en prendrait encore à elle, ou à sa famille pour la faire souffrir. Il connaissait bien ça et s’il avait raison, il serait sur la liste des victimes potentielles. Il se fichait de souffrir pour elle, ce qu’il ne voulait pas, c’est que quelqu’un s’en prenne aux frères de Lisbon, ou à sa nièce. Ils étaient innocents, tout l’inverse de lui.

Il avait commis des actes répréhensibles tout au long de sa vie sans jamais se soucier des conséquences. Il avait intégré le CBI pour venger la mort de sa famille. Mais à force de résoudre des affaires, il avait fini par apprécier. C’est pour ça qu’il avait continué, jusqu’à ce qu’il se rende compte de la vrai raison de sa présence dans l’équipe. Teresa Lisbon. C’est pour elle et ses sentiments pour elle qu’il était resté. Alors maintenant, si un tueur devait s’en prendre à quelqu’un, ce devait être lui, pas sa famille.

Il tourna les yeux vers les frères de Lisbon qui avaient décidé de s’éloigner pour leur laisser un peu d’intimité. Il leur en fut reconnaissant. Il avait besoin de parler à Lisbon seul à seul, de savoir de quoi elle avait parlé avec Cho. Elle lui cachait encore des choses, il en était certain. Il voulait juste savoir quoi, peut-être que cela l’aiderait à résoudre cette affaire pour de bon et ainsi s’assurer de la sécurité de Lisbon et celle de sa famille.

-“ Tu devrais t’asseoir” lui dit Lisbon en l’aidant à s’installer.

Jane la remercia d’un regard, prenant place sur la chaise derrière lui. Il devait bien admettre qu’il commençait vraiment à avoir mal et respirer devenait difficile. Lisbon passa une main sur son front, repoussant ses cheveux bouclés. Il était pâle et semblait encore fatigué. Mais elle savait qu’il refuserait de rester dans sa chambre. Elle ne le forcerait pas, elle le comprenait parfaitement.

Ils avaient passé moins d’une journée enfermés dans cette chambre, espérant que quelqu’un les sorte de cet enfer. Alors maintenant, se retrouver entre quatre murs devenait difficile, pour l’un comme pour l’autre. Ils se sentaient un peu claustrophobes à rester dans cette chambre d’hôpital et avaient besoin d’en sortir un peu. S’ils le pouvaient, ils sortiraient faire un tour. Mais c’était impossible pour le moment. Ils devaient donc se contenter des couloirs de l’hôpital.

Lisbon vit ses frères partir en direction de la cafétéria. Ils avaient la gentillesse de les laisser seuls pour discuter, même si se trouver dans le couloir était loin d’être intime. Se retrouver seule avec Jane faisait du bien à Lisbon. Elle détailla son visage, notant une marque sur sa joue gauche qu’elle n’avait pas vu avant. Elle fit glisser délicatement ses doigts sur la joue et Jane ferma les yeux. Puis, elle s’approcha et posa ses lèvres à la place de ses doigts.

Lisbon sentit la main de Jane se poser sur sa joue, puis une autre passer dans son dos. Elle ferma les yeux à son tour et savoura ce moment de complicité. Elle avait attendu si longtemps pour partager ça avec lui qu’elle avait encore l’impression de rêver. Si seulement ils ne se trouvaient pas à l’hôpital en ce moment, mais chez elle lors de l’une de leurs soirées. Elle aurait tellement aimé que les choses soient différentes, mais elle n’y pouvait rien. Elle se contentait donc de savourer le moment présent.

Jane ouvrit les yeux et observa le visage de Lisbon. Elle avait des marques qui lui faisait mal au cœur, mais elle allait bien. Ils étaient ensemble, c’est tout ce qui importait. Il avait eut tellement peur de ne jamais la revoir que maintenant, il se contentait de peu.

-“ Si on retournait dans la chambre” proposa Jane lorsque Lisbon ouvrit les yeux. “ J’ai besoin de te parler et je ne pense pas que le couloir soit le bon endroit pour ça.”

-“ D’accord. Tu peux m’aider à retourner au fauteuil ?”

-“ Sans problème.”

Jane se leva le premier, grimaçant le moins possible pour ne pas inquiéter Lisbon, puis tendit une main pour l’aider à se lever. Une fois tous les deux debout, ils marchèrent doucement jusqu’au fauteuil où Lisbon s’installa. Alors qu’il s’installait derrière pour la pousser, une infirmière arriva et se proposa de le faire pour lui. Il la remercia d’un regard et suivit aussi vite que ses douleurs le lui permettaient. L’infirmière marcha lentement, consciente de l’état de l’homme. Lisbon tendit une main que Jane attrapa dans la sienne et ils se retrouvèrent bien vite dans la chambre. Là, la jeune infirmière aida l’agent à s’installer dans le lit, puis tira une chaise pour Jane.

-“ Je préférerais qu’il s’installe avec moi” dit Lisbon.

-“ Etes-vous certaine ?” Demanda l’infirmière. “ Il serait mieux qu’il retourne dans sa chambre.”

-“ Je sais que je devrais retourner dans mon lit, mais j’aimerais rester encore un peu avec mon amie” expliqua Jane. “ Je vous promets de retourner dans ma chambre dans quelques minutes.”

L’infirmière regarda Jane dans les yeux et, face à ce regard suppliant, finit par accepter. Elle aida Jane à s’installer avec Lisbon puis quitta la chambre. L’agent posa sa tête contre le torse de son consultant, profitant une fois de plus de leur proximité et du calme avant de lui parler. Elle savait qu’elle ne pourrait pas lui cacher la vérité plus longtemps, que ce qu’elle lui avait déjà dit n’était pas assez. S’ils devaient avoir une relation amoureuse, elle voulait que ce soit basé sur la confiance.

Elle sentit les bras de Jane lui encercler la taille et ses mains s’étalèrent dans son dos. Ce geste était simple et si intense à la fois. Ils avaient été amis pendant des années, connaissaient presque tout l’un de l’autre. Bien entendu ils avaient tout de même des secrets. Mais ils savaient l’essentiel. Lisbon avait été là à la mort de John Le Rouge, l’aidant de son mieux à surmonter cette épreuve. Les soirées TV, les repas entre amis, tout ça lui avait été d’une grande aide.

Jane avait changé au cours de ces deux dernières années. Il s’était ouvert à elle, lui avait confié ses peurs, ses regrets, ses espoirs. Elle n’avait pas été capable de retenir ses larmes et au lieu d’être celle à réconforter elle avait été celle à être réconfortée. Jane lui avait permit de s’ouvrir également en parlant de son enfance, de ses souvenirs avec sa mère et son père avant la tragédie qui avait touché sa famille. Elle lui avait parlé des bêtises que ses frères et elle s’amusaient à faire et qui rendaient ses parents complètement fous.

Ils avaient rit bien des fois, pleuré aussi. Jane lui avait parlé de sa femme et de sa fille. Il lui avait avoué ne pas avoir été présent à la naissance de Charlotte et s’en être voulu. Il avait également manqué ses premiers pas, ses premiers mots. Tout ça à cause de son travail. Angela lui avait souvent demandé d’en changer, mais il avait toujours repoussé, préférant gagner suffisamment d’argent pour assurer leur avenir.

Maintenant, Jane avait de l’argent, mais plus de famille. Mais aujourd’hui, il avait la chance de changer ça. Ces quelques derniers jours avaient été difficiles, pour l’un comme pour l’autre. Le retour de Daniel n’avait pas été facile à gérer pour Lisbon et il avait été là pour elle. L’agression à son appartement, puis à l’hôpital lui avait ouvert les yeux. Il avait faillit la perdre trois fois au cours des deux derniers jours et il ne voulait plus prendre de risque.

-“ Tu sais que tu peux tout me dire Lisbon” dit soudain Jane. “ Même ce que tu crois être honteux.”

-“ J’ai fais mon travail, même si ça n’a pas toujours été facile” répondit-elle. “ Je n’ai pas honte de ce que j’ai fais, car je devais le faire.”

-“ Tu n’es pas obligée d’en parler si ça te met mal à l’aise.”

-“ Je veux que tu saches” précisa Lisbon. “ Tu dois savoir pourquoi tu as faillis mourir.”

-“ Ce n’était pas de ta faute Lisbon” tenta Jane. “ C’est Jack qui a voulut me tuer. Rien n’est de a faute, tout est de la sienne.”

-“ Je le sais bien, mais il a voulut se venger de ce que j’ai fais il y a si longtemps et il s’en est pris à toi pour ça” murmura Lisbon. “ Si seulement mon frère ne l’avait pas rencontré, tout ça ne serait jamais arrivé.”

-“ Tu ne peux pas lui en vouloir, il s’en veut déjà assez comme ça.”

-“ Je sais et j’aimerais qu’il le comprenne aussi. Il a voulu fuir sa vie pour en commencer une nouvelle ici avec moi. J’aurais du être plus attentive, l’écouter. Il avait besoin de parler et je n’étais pas là.”

-“ Tu as fais de ton mieux, tu lui a sauvé la vie. Tu es la sœur que tout le monde rêve d’avoir. Tu n’as rien à te reprocher.”

Lisbon resta silencieuse un moment, absorbant tout ce que Jane venait de lui dire. Il avait raison sur tout. Elle avait sauvé la vie de Daniel ce soir là, chez elle. Et avant ça, lorsqu’ils étaient enfants. Tous les mauvais choix qu’il avait fait, toutes ses mauvaises fréquentations. Elle avait toujours été là pour arranger les choses. Sans elle, il ne serait peut-être plus en vie aujourd’hui. Mais ça ne l’empêchait pas de culpabiliser pour tout ce qui était arrivé.

-“ Tu penses qu’il a vraiment changé ?” Questionna Lisbon. “ Je veux dire, je sais qu’il veut changer, qu’il ne veut plus vivre la même vie qu’avant. Mais je me demande s’il en aura vraiment le courage.”

-“ Avec le soutien de sa famille, il le trouvera” la rassura Jane. “ J’ai bien vu dans ses yeux à quel point toute cette histoire lui faisait mal. Et si j’ai bien compris, il a quelque chose qui va l’aider.”

Lisbon se redressa doucement pour le regarder dans les yeux, cherchant à comprendre de quoi il voulait parler.

-“ Il a une petite amie qu’il aime et un petit garçon” expliqua-t-il.

-“ Tu es sérieux ?” S’étonna Lisbon.

-“ Oui, c’est pour ça qu’il est parti. Cathy, la fille de Jack. C’est-ce que Jack voulait, c’est-ce qu’il cherchait.”

-“ Alors Daniel va changer” affirma Lisbon. “ Il va s’occuper de sa famille et devenir quelqu’un de bien. Et s’il a besoin d’aide, je serai là.”

-“ Et je t’aiderai de mon mieux” ajouta Jane. “ Ta famille est ma famille maintenant et je ferai tout pour que rien de mal n’arrive à aucun d’entre vous.”

Lisbon sourit en se réinstallant confortablement contre Jane. Les choses ne s’arrangeraient pas aussi vite, elle le savait. Mais elle savait aussi que tout irait bien. Avec l’aide de Jane, sa famille et elle irait bien.

-“ Tu voulais me parler” dit soudain Jane, sortant Lisbon de ses pensées. “ De quoi voulais-tu parler.”

-“ C’est au sujet de Jack” répondit Lisbon. “ Il est mort, mais tout n’est pas fini. Il avait un ami, un très bon ami. Je ne sais pas ce qu’il est devenu, mais j’ai bien peur qu’il ne cherche à venger la mort de son ami.”

-“ Tu crois qu’il va s’en prendre à toi ?” S’inquiéta Jane en resserrant les bras autour de Lisbon, comme pour la protéger.

-“ Non et c’est ça qui me fait peur” avoua-t-elle. “ Il ne s’en prendra pas à moi, mais à ceux que j’aime. Ma famille et… toi. Il va s’en prendre à toi.”

-“ Je ne risque rien” assura-t-il. “ Des agents veillent sur tes frères et ta nièce et je suis avec toi. Il ne tentera rien contre moi tant que je serai là.”

-“ Mais tu ne pourras pas toujours être avec moi. Je voudrais que Cho veille sur toi, juste au cas où il tenterait quelque chose. J’ai confiance en Cho, je sais que rien ne t’arrivera s’il est avec toi.”

-“ Et qui veillera sur toi ?” S’enquit Jane.

Lisbon resta silencieuse. Elle avait un plan, Jane ne l’aimerait pas. Elle n’avait pas le choix, elle devait le faire. S’assurer du bien être de sa famille et de Jane était sa priorité, elle ne devait penser qu’a ça. Elle sentit Jane desserrer son emprise sur elle et s’écarter doucement. Il avait comprit, il n’approuvait pas. Elle ne pouvait le lui reprocher, elle-même avait peur de ce à quoi elle s’exposait. Mais quel autre choix avait-elle ? Il fallait mettre un terme à tout ça. Elle devait s’assurer que sa famille ne risquerait plus rien.

Jane s’extirpa du lit, se traîna jusqu’au fauteuil et quitta la chambre. Lisbon se retrouva seule, mais ne lui en voulu pas. L’idée de se mettre en danger ne lui plaisait pas, mais elle le ferait quand même. Elle devait parler à Cho, le mettre au courant de ses projets et ainsi s’assurer qu’il reste avec Jane jusqu’à ce que toute cette histoire soit finie. D’ici peu, ils pourraient tous reprendre une vie normale. Elle voulait une vie normale avec Jane, une chance d’avoir ce qu’elle avait attendu depuis si longtemps. Elle remonta la couverture sur elle et ferma les yeux, laissant le sommeil l’envahir.




Jane, avec l’aide d’une infirmière, s’installa dans son lit. Il repensait à ce que Lisbon avait dit, ou plutôt gardé pour elle. Mais c’était la même chose. Il avait parfaitement comprit ce qu’elle voulait faire et il n’était pas d’accord avec elle. Si ce qu’elle avait dit était vrai, elle risquait gros pour le protéger. Il ne supporterait pas de la perdre et si elle s’obstinait dans cette idée, alors il la perdrait. Il devait trouver une autre solution.

Cho entra dans sa chambre et referma la porte derrière lui. Il avança jusqu’au lit, s’installa sur la chaise et attendit en silence. Jane ne dit rien, attendant que son collègue parle, lui dise quelque chose. Un simple regard et Jane comprit. Il avait parlé à Lisbon, il savait ce qu’elle voulait faire.

-“ Tu ne peux pas la laisser faire” dit Jane d’une voix sérieuse. “ Elle risque sa vie.”

-“ Elle le sait” répondit Cho.

-“ Et je te répète que tu ne peux pas la laisser faire. Il faut trouver une autre solution et je crois avoir la bonne.”

-“ Elle ne va pas aimer.”

-“ Je sais, mais c’est le seul moyen de la protéger, ainsi que sa famille.”

-“ Et toi ?”

-“ Qu’importe ce qui m’arrivera” souffla Jane. “ Je veux qu’elle s’en sorte vivante et ça n’arrivera pas si elle maintient son idée. Mais je refuse que tu lui dises quoi que ce soit, elle ne doit absolument rien savoir.”

Cho hocha la tête. Jane ne lui avait pas encore dit ce qu’il voulait faire, mais il avait une vague idée. Lisbon n’aimerait pas qu’il prenne des risques, mais Jane avait raison. Elle avait déjà subit deux agressions, plus la balle dans la jambe. Elle ne pourrait pas se défendre convenablement si jamais Wallace Brantford tentait quoi que ce soit contre elle maintenant. Et puisqu’il devait veiller à la sécurité de Jane, il serait là lorsque l’homme passerait à l’action.

-“ Très bien” accepta Cho. “ Mais il va falloir trouver un moyen de tenir Lisbon loin de tout ça sans qu’elle ne se doute de rien.”

-“ Ce sera facile. Il suffira de lui administrer un somnifère, avec l’accord de son médecin bien entendu. Je ne voudrais pas que cela lui pose le moindre problème, médicalement parlant.”

-“ Je m’occupe du médecin, toi tu restes là et tu te reposes.” Cho se leva, se dirigea vers la porte mais s’arrêta juste avant de sortir de la chambre. “ Tu sais qu’elle va t’en vouloir lorsqu’elle apprendra tout ça.”

-“ Je sais, mais je n’ai pas vraiment le choix. Cet homme veut la faire souffrir, il ne voudra certainement pas s’en prendre directement à elle. Il fera comme Jack, il s’en prendra à ses proches. Je suis le plus proche d’elle et donc la cible parfaite.”

-“ Il ne t’arrivera rien” assura Cho.

Puis, il quitta la chambre, laissant Jane seul. Il se doutait que Lisbon lui en voudrait à mort mais il faisait ça pour elle. Il parviendrait à lui faire comprendre la raison de sa décision et il espérait qu’elle comprendrait. Et si ce n’était pas le cas, alors tant pis. Il l’aimait assez pour prendre ce genre de risque pour elle. Il lui faudrait du temps pour tout comprendre, mais elle finirait par comprendre, il n’en doutait pas.

La porte de la chambre s’ouvrit, le faisant sursauter. Un homme de l’entretien entra dans la chambre et commença à nettoyer. Jane ne fit pas plus attention à lui, il avait autre chose bien plus important en tête. Il devait mettre en place un plan pour attraper Wallace Brantford avant qu’il ne décide de s’en prendre à lui ou directement à Lisbon.

Il avait dit à Cho qu’il serait probablement la cible de ce type, mais il n’était pas certain. Peut-être qu’il déciderait de s’en prendre directement à elle et c’est-ce que Jane voulait éviter à tout prix. L’homme passa son balai près du lit, ce qui attira l’attention de Jane.

Il était grand, les cheveux grisonnants. Il devait avoir dans les cinquante ans, peut-être soixante. Le mentaliste baissa les yeux au sol et remarqua les chaussures de l’homme. Des mocassins, rien à voir avec les chaussures d’un homme de l’entretien. Lorsque l’homme s’approcha du lit et attrapa sa perfusion, Jane réalisa alors qu‘il n‘était pas du tout là pour faire le ménage.

-“ Vous n’êtes pas un employé” dit Jane.

-“ Qu’importe qui je suis” répondit l’homme. “ Vous êtes mon contrat.”

-“ Vous êtes Wallace Brantford.”

-“ Teresa Lisbon va comprendre son erreur.”

-“ Et vous la votre.”

Jane se sentait mal. Sa tête commençait à tourner, sa respiration était de plus en plus difficile. Il ne savait pas ce que l’homme venait de lui injecter, mais ce n’était pas bon. Il ne lui restait pas beaucoup de temps et il n’y avait personne pour lui venir en aide. Cho était partit voir le médecin de Lisbon, il risquait d’en avoir pour encore un moment. Grace devait certainement se trouver avec Rigsby, elle s’inquiétait vraiment pour lui et Jane pouvait parfaitement la comprendre.

Il était seul face à la situation et dans l’incapacité de s’en sortir. Il repensa à Lisbon, seule dans sa chambre, s’imaginant qu’il lui reprochait sa décision de se mettre en danger pour protéger les autres. Elle avait tellement tort. Il ne lui reprochait rien, il voulait juste la protéger lui aussi. Il craignait de ne jamais avoir l’occasion de la revoir, mais au moins elle serait en vie.

Il sentit peu à peu ses forces l’abandonner, sa vision se fit de plus en plus flou. Il se remémora alors le visage de Lisbon, non Teresa, lorsqu’elle lui avait déclaré ses sentiments pour lui. Ses yeux brillants, son sourire lumineux, ses mains douces sur lui et sa voix alors qu’elle lui parlait. C’est la dernière image qu’il emporta avec lui avant que tout devienne noir.



BIP… BIP… BIP…

Ce son lui donnait mal à la tête.

-“ … Rigsby devient dingue à cause de Cho. Il dirige tous le monde d’une poigne de fer.”

Teresa, c’était la voix de Teresa.

-“ Daniel est un père formidable, il s’occupe très bien de Peter et Cathy a le temps de penser à elle. Annie est venue te voir hier et elle m’a dit qu’elle passerait demain.”

Lisbon fit une pause, passa une main sur le front de Jane.

-“ Je n’arrive pas à croire que tu ais voulu faire une chose pareille, mettre ta vie en danger comme ça. Tu te rends compte que si Cho n’était pas revenu à ce moment là, tu serais probablement mort.”

Lisbon serra la main de Jane qu’elle tenait dans sa seconde main.

-“ Tu me manques Patrick, j’ai besoin de toi plus que tu ne l’imagines. Ça fait deux semaines maintenant, je crois que tu as assez dormi. Il est temps que tu ouvres les yeux.”

Jane tenta d’ouvrir les yeux, mais il n’était pas assez fort pour ça. Il pouvait entendre la peine dans la voix de Teresa. Il voulait l’aider, il voulait chasser sa peine et sa peur. Mais malgré sa plus grande volonté, il ne parvenait pas à ouvrir les yeux. Peut-être pouvait-il tenter autre chose ? Il se concentra de toutes ses forces et serra la main de Lisbon.

-“ Patrick ?”

Sa main venait de bouger, elle aurait pu le jurer.

-“ Patrick, si tu m’entends, serre-moi la main.”

Jane serra de nouveau la main de Lisbon et la sentit trembler entre ses doigts.

-“ Je vais chercher le médecin.”

Elle se leva, mais avant de partir, elle se pencha vers lui et posa délicatement ses lèvres sur les siennes.

-“ Je t’aime Patrick.”

Jane entendit Lisbon s’éloigner, ouvrir la porte puis la refermer. Elle avait dit deux semaines. Que Cho était celui à qui il devait d’être en vie. Elle n’avait rien dit pour Wallace Brantford. Mais si Daniel avait retrouvé sa petite amie et son fils, cela voulait dire que tout allait bien. La famille de Teresa allait bien, ils étaient enfin en sécurité et c’est tout ce qui comptait pour lui à cet instant. Ça et le fait que Teresa soit là, avec lui.

Elle semblait fatiguée, comme si elle était restée à son chevet depuis deux semaines et cela ne l’étonnerait pas. Si ça avait été lui, il aurait fait la même chose. Il n’aurait pas supporté de la laisser seule. Maintenant, il fallait qu’il ouvre les yeux, pour revoir les beaux yeux émeraudes de Teresa. Il voulait revoir ses yeux, son visage, son sourire. Il voulait pouvoir la prendre dans ses bras et lui dire à quel point il l’aimait.

La porte de la chambre s’ouvrit et deux personnes entrèrent. Il reconnut le pas de Teresa et la sentit lui prendre la main. Une autre main se posa sur son front, mais cette fois ce n’était pas elle. Certainement le médecin.

-“ Mr Jane, si vous m’entendez je voudrais que vous me serriez la main.”

Il attrapa la main de Jane et ce dernier serra de toutes ses forces.

-“ C’est très bien. Maintenant, je voudrais que vous tentiez d’ouvrir le yeux.”

Il devait le faire, pour Teresa. Elle avait besoin de lui tout comme il avait besoin d’elle. Cela faisait deux semaines qu’elle espérait le voir se réveiller et il avait bien l’intention de lui faire ce plaisir. Jane se concentra et pensa très fort aux yeux de Teresa. Cela lui donna la force de faire ce qu’on attendait de lui. Il puisa sa force tout au fond de lui et ouvrit doucement les yeux.

La première chose qu’il vit fut une lumière éblouissante et il referma immédiatement les yeux. Il avait mal, ça le brûlait. Il tenta encore et cette fois, il vit une ombre à côté de lui. Teresa. Il cligna plusieurs fois des yeux pour améliorer sa vision et tourna complètement la tête vers elle. Elle souriait et avait les larmes aux yeux. Il leva une main qu’il posa sur sa joue et sentit les larmes passer sur sa peau.

-“ Mon Dieu Patrick, je suis si heureuse que tu sois enfin réveillé” souffla-t-elle, tournant la tête pour embrasser la paume de sa main.

Le médecin l’obligea gentiment à tourner la tête vers lui pour finir son examen et Jane le laissa faire. Il reçu une forte lumière dans les yeux qui l’obligea à fermer les paupières. Lisbon lui serra la main, comme pour lui donner du courage et il la remercia en serrant sa main en retour.

Au bout d’encore quelques minutes, le médecin cessa ses tortures, car pour Jane il s’agissait bien de tortures. Il le vit s’éloigner un peu avec Lisbon. Ils parlèrent un moment puis le médecin quitta la chambre. Lisbon se passa une main sur le visage comme pour chasser la fatigue avant de rejoindre Jane qui tendit une main vers elle.

-“ Comment vas-tu Teresa ?” Demanda-t-il d’une voix un peu rauque.

-“ Je suis fatiguée, mais ça va” répondit-elle en se réinstallant sur la chaise à côté du lit sans jamais lâcher sa main.

-“ Et ta jambe ?” S’enquit-il, inquiet.

-“ Douloureuse parfois, mais ça va. Le médecin dit que je me remets plus vite que ses patients habituels. Je dois tout de même me reposer et je commence mes séances de kiné la semaine prochaine.”

Ils firent une pause, se regardant dans les yeux, trop heureux d’être enfin réunis. Jane avait tant de choses à demander.

-“ Je dois ma vie à Cho” dit-il et Lisbon hocha la tête, son regard s’assombrissant. “ Que s’est-il passé ?”

-“ Il était allé voir mon médecin pour obtenir un accord. Tu voulais encore mettre ta vie en danger pour moi. Pourquoi ?”

-“ Tu voulais faire la même chose” rappela-t-il. “ Je ne pouvais pas te laisser faire ça.”

-“ Encore une chance que Cho soit revenu à temps. Wallace t’avait déjà injecté un produit. Ne me demande pas ce que c’était, je n’ai pas demandé. Tout ce qui m’importait c’était toi.” Elle fit une pause, prit une profonde inspiration et serra sa main un peu plus fort. “ Quand Cho est venu me voir, j’ai cru que tu étais mort. Il avait la mine si sombre, plus qu’à l’ordinaire. Il m’a dit ce qu’il s’était passé et m’a aussi dit que tout allait bien. Mais…”

-“ Mais ? Pourquoi ai-je été dans le coma pendant deux semaines alors ?”

-“ Tu as fait une réaction allergique à un produit qu’ils t’ont donné.”

-“ Tu es restée avec moi pendant deux semaines ?”

-“ Je ne voulais pas te laisser seul au cas où tu te réveillerais. J’étais sur le point de partir quand tu as enfin ouvert les yeux.” Elle se pencha vers lui, posant son front contre son épaule. “ Ne me refais plus jamais une peur pareille Patrick, je ne le supporterais pas.”

-“ Je te promets de faire plus attention à l’avenir,” souffla Jane.

Lisbon redressa la tête et déposa ses lèvres sur sa joue. Il était enfin réveillé, il allait bien. Ils étaient enfin tous en sécurité. Ils pouvaient maintenant penser à eux, à la vie qu’ils voulaient mener ensemble.




Six mois plus tard

Lisbon se tenait devant le miroir de sa chambre, fixant son reflet. Elle portait une magnifique robe blanche, légèrement décolletée. Elle se sentait néanmoins mal à l’aise. Pourquoi avait-elle accepté cette proposition ? Pourquoi avoir dit oui alors qu’elle ne se sentait pas à sa place ?
Deux bras lui encerclèrent la taille et elle sourit. Jane lui embrassa le cou, serra les bras autour de sa taille.

-“ Tu es prête ?” Demanda-t-il. “ Ils sont tous en bas, ils t’attendent.”

-“ Je sais, mais j’ai peur de ne pas être prête pour ça” avoua-t-elle.

-“ Ne t’inquiète pas, tu seras parfaite” tenta-t-il de la rassurer, mais cela ne fonctionnait pas. “ Je sais que tu as peur Teresa, mais je sais que tu es la personne parfaite pour ce rôle. Ton neveu ne peut pas rêver mieux comme marraine.”

-“ Tu crois vraiment que c’est une bonne idée ?” S’inquiéta-t-elle de nouveau en se tournant dans les bras de Jane pour lui faire face. “ C’est une lourde responsabilité et je pense vraiment pas être la bonne personne pour ça.”

-“ Ton frère pense que tu es la meilleure personne et il sait de quoi il parle. Tu l’as pratiquement élevé, ainsi que tes autres frères. Tu as toujours été là pour eux et maintenant, Daniel veut t’honorer en faisant de toi la troisième personne la plus importante dans la vie de son fils. Et je le comprends parfaitement car tu es la personne la plus importante dans la mienne.”

Lisbon sourit avant de se mettre sur la pointe des pieds pour l’embrasser tendrement. Il lui rendit son baiser avec plaisir, allant même jusqu’à remonter ses mains sur son visage, puis ses cheveux pour approfondir le baiser. Lisbon s’écarta à ce moment là.

-“ Désolée Patrick, mais je viens de passer au moins une heure à faire tenir mes cheveux et je ne voudrais pas devoir recommencer.”

-“ Oh les femmes” dit Jane en levant les yeux aux ciel, recevant une petite claque sur l’épaule de la part de Lisbon. Il se mit à rire avant de lui attraper les joues et de l’embrasser doucement sur le bout des lèvres. “ Je te laisse finir de te préparer. Mais fait vite, il ne faudrait pas être en retard.”

-“ On ne sera pas en retard” assura-t-elle en le poussant hors de la chambre.

Jane descendit dans la cuisine et se prépara un thé en attendant que Lisbon soit prête. Il ne l’avait jamais imaginé être une de ces femmes à passer des heures devant le miroir pour se coiffer, se maquiller. Elle ne l’était pas. Elle était juste inquiète de faire bonne impression pour le baptême de son neveu Peter. Elle voulait que tout soit parfait pour lui, qu’il puisse un jour regarder les photos de ce jour et voir à quel point tout était parfait.

S’il avait été croyant, il aurait certainement voulut la même chose. Il ne l’était pas, ce qui ne l’empêchait pas de vouloir que ce jour reste dans les mémoires. Il voulait que Teresa soit heureuse, et ce baptême était important pour elle. Alors qu’importait ses croyances, il ferait en sorte que tout soit parfait.

Teresa descendit l’escalier à peine quelques minutes plus tard, il n’eut même pas le temps de finir sa tasse de thé. Elle s’approcha de lui, prit la tasse qu’elle posa sur le comptoir de la cuisine et l’entraîna vers la porte. Jane l’aida à mettre sa veste avant de mettre la sienne.

Les choses avaient beaucoup changé au cour des six derniers mois. Jane s’était installé chez Lisbon environ deux semaines plus tôt, mais avait conservé son appartement. Daniel avait rejoint Cathy et, avec l’aide de Mme Wells, il avait trouvé un travail. Oh ce n’était pas le travail de ses rêves, mais il pouvait ainsi subvenir aux besoins de sa famille et aider Molly à s’occuper de Abby. Il était devenu un homme responsable et, après avoir économisé assez d’argent, il avait enfin posé une date pour le baptême de son fils.

Teresa avait été heureuse d’apprendre les intentions de son frère envers sa famille. Lorsqu’il lui avait demandé d’être la marraine de Peter, elle avait dit oui. Mais une fois qu’elle y avait bien réfléchi, elle avait eu peur de ne pas être la bonne personne pour ça. Jane lui avait bien fait comprendre qu’elle était la personne parfaite, mais elle avait quand même un peu peur. Jamais encore elle n’avait eu ce genre de responsabilités et elle craignait de ne pas être à la hauteur. Mais comme Jane le lui avait dit, elle avait presque élevé ses frères, il était donc logique que Daniel veuille d’elle pour prendre soin de son fils au cas où il lui arriverait quelque chose.

Teresa était heureuse. Toute sa famille était réunie aujourd’hui pour le baptême de Peter. Son rêve le plus cher s’était réalisé. Toute sa famille, ensemble et heureuse, et plus important encore, ils étaient plus soudés que jamais. Ce qui leur était arrivé six mois plus tôt les avait rapprochés. Elle avait toujours peur que quelque chose se passe, qu’un malheur arrive et lui vole ce bonheur. Mais Jane était toujours là pour la rassurer dans ces moments là.

-“ Allons rejoindre notre famille” lui souffla-t-il à l’oreille.

Lisbon sourit et prit la main de Jane. Ils quittèrent l’appartement pour rejoindre les autres qui les attendaient à l’église. Une nouvelle vie les attendait.

Jane et Lisbon se retrouvent enfin...le temps des confidences a sonné, celui de se rendre compte de l'importance qu'ils ont l'un pour l'autre. Tous deux seraient prêts à risquer leur vie pour la personne qu'ils aiment....

Heureusement Cho est là ! Lisbon est restée au chevet de Jane deux semaines durant....deux semaines d'inquiétude avant de laisser ces heures sombres derrière eux et profiter de ce bonheur....un bonheur à partager en famille, à l'occasion du baptême de Peter...Jane a raison : il n'y a pas de meilleure marraine que Lisbon.

Un épilogue haut en couleur : de l'émotion, de la détermination, de l'action....et encore plus de tendresse !

Et au final, la paix est revenue dans la famille Lisbon, une famille qui s'est enrichie d'un nouveau membre !