Rouge de gêne

Jane se mit à réfléchir. Il avait plusieurs idées en tête, suffisait de les démêler. Il est certain, selon lui, que ce n'est pas son propre sang, voilà une chose de réglée. Donc, il y a forte possibilité que ce soit celui d'un membre de sa famille, mais qui? Et puis, si c'est le cas, est-ce John le Rouge? Il chassa cette idée de sa tête. C'était trop horrible pour être vrai. C'est alors qu'il se mit à penser à...
«Un membre de ta famille, tu dis? dit Cho, ce qui sortit Patrick de sa réflexion. Tu crois que John le Rouge serait un membre de ta famille?»
«Pas nécessairement. John le Rouge a très bien pu prendre le sang de cette personne...»
"Cette personne", il avait une idée de qui il s'agissait. Il en était convaincu et trouvait très logique que ce soit le cas, mais surtout très accessible à John le Rouge.
«Jane. Je sais que ce n'est pas toi. Et Lisbon aussi le sait. Aucun de nous deux n'a pu en douter, c'est clair.»
«Alors, pourquoi Lisbon pleurait-elle?»
«C'est à toi de me le dire...»
Jane fronça les sourcils en pensant à Lisbon. Elle était dans un état triste à voir, mais ça n'avait aucun lien avec le fait qu'il ait été suspecté à cause de cette trace d'ADN. Alors qu'est-ce que c'était? Qu'avait-il fait? Était-ce vraiment de ça faute? L'esprit de Patrick était ailleurs, alors que Cho voyait devant lui une personne vide, pensive. Il avait le sentiment que Jane déplaçait son esprit pour revoir les souvenirs du passé et se remémorer des choses.
Il revint à lui lorsqu'il entendit une porte claquer. Il regarda en direction de la personne qui venait d'entrer. Vu l'expression triste du visage de Lisbon, on aurait jamais juré qu'elle arrivait avec une bonne nouvelle.
«Jane, bonne nouvelle, dit-elle timidement. Ce n'est pas votre ADN.»
«C'est celui de ma fille, répondit-il sinistrement. Il a récupéré de son sang lorsqu'il l'a tué.»
Jane ne bougea pas. Il repensait à sa femme et sa fille décédées qu'il aimait tant. Et maintenant, John le Rouge remuait le couteau dans la plaie. C'était inévitable: il torturerait l'ancien médium jusqu'à ce qu'il soit attrapé.
C'est celui de ma fille. Après ces quelques mots, Lisbon le regarda étrangement, perplexe. Elle se demandait qu'est-ce qui l'avait amené à cette conclusion.
«Eh bien... non, ce n'est pas celui de votre fille.»
Jane souleva son regard par cette phrase. Il était maintenant intrigué et toutes les autres possibilités se bousculaient dans sa tête. Il en était pourtant si certain!
«Ah non?» fit-il, très étonné.
«Non. On ignore de qui il s'agit, mais l'enquête est partie. Désolée pour tout à l'heure» répondit-elle, un peu froidement, mais surtout accablée.
Puis elle quitta rapidement la pièce. Cho se leva et s'apprêta à sortir de la pièce, alors que Jane restait immobile, encore en train de fixer la table.
«Jane, tu viens?»
«Oh, oui... pardon» dit-il en revenant de la lune.
Il se leva à son tour et se rendit péniblement vers son canapé sur lequel il s'assit une fois de plus, les bras sur les genoux, les mains jointes, les yeux fixant le sol. Il était déjà presque temps de partit, la journée, qui avait parue si longue, avait passé plus vite qu'il ne l'imaginait.

Rigsby et Van Pelt étaient partis. Lisbon, dans son bureau, terminait de compléter un rapport. Cho rangeait ses choses et se préparer à repartir. Jane, lui, était en train de réfléchir. Kimball s'approcha de lui avec des dossiers sous le bras droit.
«Jane...»
Il se rapprocha encore et s'assit à côté de lui.
«Je sais que c'est dur, mais tu dois décompresser un peu. Tu réfléchit trop, et ça mélange les choses dans ta tête, ça t'empêche de résoudre ce que tu veux. On est avec toi, mais aide-nous à t'aider...»
Jane fit un léger hochement de tête, puis Cho se le va lentement et partit.
Lisbon sortit de son bureau et, avant de partir, remarqua Patrick encore là. Elle hésita quelques secondes avant de lui parler, puis fit semblant de ne pas l'avoir vu. Elle s'apprêta à s'en aller à son tour.
«Lisbon, ne partez pas...»
Elle se retourna vers le consultant. Une larme lui vint à l’œil. Puis, elle marcha vers lui. Elle resta à une assez grande distance, ce qui désola Jane. Il avait envie qu'elle soit là, près de lui, à lui parler, le consoler... Il avait besoin de quelqu'un pour lui faire comprendre ce qui se passait.
«Vous êtes toujours là, Jane?»
Patrick se leva du divan, regarda Lisbon dans les yeux et s'approcha d'elle. Il déposa ses mains sur les épaules de la femme qu'il aimait.
«Lisbon. J'ai besoin de vous.»

Lisbon hésita quelques secondes et trembla légèrement. Elle était devenue rouge et tremblait légèrement. Jane respirait de façon saccadée. Il ramena lentement ses bras vers lui, craignant la réaction de sa patronne. Il avala sa salive, puis se tourna doucement. Lisbon ne réagit pas. Alors qu'il s'apprêtait à s'en aller, l'agente posa sa main sur l'épaule de son consultant, qui s'arrêta net. Les deux restèrent figés.
«Je... je dois y aller...» commença Lisbon, un peu énervée.
«Non, ne partez pas... j'ai.... j'ai vraiment besoin de vous...»
Lisbon commença à avoir chaud et à trembler de tous ses membres. Elle voyait devant elle un homme tendu et triste. Elle était habituée de voir Patrick confiant et souriant, et elle commença à stresser. Elle avait toujours eu une grande confiance en Patrick, mais elle avait peur de se retrouver avec la personne en face de lui. Elle avait peur que, s'ils seraient ensembles, Jane serait toujours si confiant. Elle chassa ces idées de sa tête.
«Venez par ici» dit-elle en le dirigeant vers le canapé.
Les deux s'assirent un à côté de l'autre, puis Teresa pris la main de Jane en le regardant dans les yeux.
«Ne perdez pas la seule chose qui est chère à vos yeux, elle vaut plus que n'importe quoi. Il est encore temps de trouver votre but.» dit-elle avec confiance.
Puis, elle se leva sans que Patrick ne réponde et elle quitta la pièce. Elle rentra chez elle pour dormir, sans trouver le sommeil. Patrick, lui resta là quelques minutes, puis rentra chez lui à son tour. Devant la maison, la main sur la poignée, il délibéra. Il resta sur place un peu, puis fit demi-tour. Il retourna au CBI s'allonger sur le divan et s'endormit tranquillement. Cette nuit là, il rêva. Non, il ne rêvait ni à sa femme ou à sa fille. Il ne rêvait pas au mal qu'il avait pu causer à certaines personnes lorsqu'il était médium. Il rêva à une vie qu'il n'avait jamais connue, mais qui serait peut-être sienne bientôt. Il rêvait à une petite maison de village, bien meublée et assez digne, d'un travail de consultant, rien de bien différent de ce qu'il faisait déjà. Il rêvait à des gens qui le remerciaient, et que lui, contrairement à d'habitude, se réjouissait de ces remerciements, parce qu'il était heureux de rendre des gens heureux. Mais surtout, il rêvait à Lisbon. Lisbon souriante, confiante et heureuse. Lisbon dans ses bras, dans son cœur. Il l'aimait, son inconscient le savait, mais son rationnel avait peur de l'admettre.

«Jane?»
Son rêve disparu. Il sentait une douce main de femme sur son épaule le secouer légèrement pour le réveiller. Il était à présent éveillé, mais toujours un peu endormis. Il gardait les yeux fermés.
«Lisbon...»
«...Jane!»
«Lisbon, j'ai rêvé à vous. Je vous aime Lisbon!»
Puis, conscient de ce qu'il venait de dire, il rouvrit les yeux rapidement. Il voyait d'abord un peu flou, puis aperçut devant lui une femme désorientée par ce qu'il venait de dire. Il cligna des yeux à plusieurs reprises afin de voir plus clair embêté, il regarda dans les yeux de la personne devant lui. De magnifiques cheveux longs et... roux?
«Oh... Van Pelt... pardon. Oubliez ce que j'ai dis, je rêvais encore.»
Van Pelt poussa un léger rire soulagé.
«Oh... euh... pas que je rêvais à Lisbon, mais...»
«Jane?»
«Lisbon?»
Le voilà qu'il était plus embarrassé que jamais. Lisbon, j'ai rêvé à vous. Je vous aime Lisbon! Avait-il vraiment dit ça en sa présence? Grace retourna à ses affaires tandis que Lisbon regarda en direction de Jane timidement. Elle avait pourtant aimé ce qu'il venait de dire, et était maintenant presque convaincue qu'il partageait ses sentiments. Mais comment l'aborderait-elle?
«Vous devriez rentrer vous changer...» dit Cho.
Au même moment, Jane réalisa que toutes l'équipe avait assisté à sa déclaration. Il ne dit pas un mot et rentra chez lui pour se changer et déjeuner (petit déjeuner).

Jane réalisa que toutes l'équipe avait assisté à sa déclaration. Il ne dit pas un mot et rentra chez lui pour se changer et déjeuner. Il était tellement embarrassé qu'il n'avait pas dit un mot de la journée aux autres, sauf ce qui concernait les enquêtes. Il essayait d'éviter ses collègues le plus possible, surtout Lisbon et Van Pelt...
La journée s'était simplement déroulée lentement, et avait été ennuyeuse et pénible pour tout le monde. Rigsby avait essayé de lui poser des questions du genre "c'est vrai que tu l'aimes?" à plusieurs reprises durant la journée, mais Patrick ne faisait qu'ignorer. Lisbon, elle, tentait aussi de l'éviter le plus possible et ne lui avait pas reparlé de ce qu'il avait dit le matin même. Van Pelt était un peu inquiète par rapport à cet événement. Elle se demandait si Lisbon en voudrait à Jane. Après tout, Grace sait à quel point le consultant a souvent été utile! Cho, quand à lui, n'avait pas reparlé de cette affaire avec Jane. Il a été bien normal toute la journée, comme si rien n'était arrivé, mais soupirait parfois lorsqu'il voyait que Lisbon, entrant dans la pièce où se trouvait Jane, repartait aussitôt, trop timide pour lui faire face.

Évidemment, ce ne pu durer éternellement... Jane avait sans le vouloir déclaré une chose si délicate, surtout pour deux personnes travaillant ensemble au CBI, mais il n'avait plus le choix. Il ne pouvait plus retourner en arrière. Lorsqu'ils eurent finit une enquête, alors que Cho, Rigsby et Van Pelt fêtaient autour d'une pizza, Lisbon était encore dans son bureau tandis que Jane, assez peu confiant, alla la rejoindre. Il ouvrit doucement la porte et regarda Lisbon dans les yeux.
«Je peux entrer?»
«Euh... ou...oui, oui...»
Il ouvrit plus grande la porte et entra en la fermant délicatement derrière lui. Il prit une grande respiration avant de s'approcher et de s'assoir face à sa patronne.
«J'ai quelque chose à vous dire.»
Lisbon ne répondit pas. Elle ne savait pas quoi dire, ni comment le dire.
«Vous savez, cette histoire avec John le Rouge... Enfin... je n'y ait pas repensé de la journée.»
Lisbon hésita puis ouvra la bouche.
«Et alors?»
«Eh bien... c'est parce que je pensais à vous.»
Lisbon ria nerveusement en laissant tomber une larme qu'elle essuya aussitôt.
«Ah... on se demande pourquoi...»
«Écoutez. Depuis 6 ans, je ne pensais qu'à elles. Mon seul but dans ma vie était d'attraper cet assassin, de le tuer et d'accomplir ma vengeance personnelle. Chaque jour, je ne pensais qu'à ça. Mais aujourd'hui, je n'y pensais plus. C'est comme si le fait de penser à vous me faisais oublier le reste.»
Voyant que Lisbon était partie pour pleurer et qu'elle ne répondait rien, Jane sortit du bureau au bout de quelques secondes. Il retourna avec ses autres collègues, qui le fixèrent tous, comme s'ils savaient ce que le mentaliste était allé faire, ce qui n'était d'ailleurs pas tout-à-fait faux.
«Alors?» demanda Cho.
«Euh... alors quoi?» dit Jane, hésitant.
Voyant cette hésitation dans le regard de Jane, Cho se leva d'un bond et se dirigea vers le bureau de Lisbon. Avant que celui-ci ne quitte la pièce, Patrick l'interpella.
«Tu peux bien aller voir, mais ce n'est pas ce que tu crois.»
Cho le regarda puis continua de se diriger vers le bureau de sa patronne. Il la trouva en larmes. Il s'approcha d'elle pour la consoler. Il pensait que Jane avait détruit les espoirs de Lisbon.
«Qu'est-ce qui s'est passé?»
«C'est rien. Ce n'est pas ce que tu crois...» dit-elle en s'essuyant les yeux.
«Oui, ça, on me l'a déjà dit...» répondit Kimball en roulant les yeux au ciel.
«Cho...»
«Oui madame?»
«Je crois... je crois que je suis amoureuse...»
Cho pris un air moins professionnel et plus amical. Il venait de se rendre compte que Teresa ne lui avait pas parlé en tant que patronne du CBI, mais en tant que quelqu'un qui avait besoin d'un ami pour l'aider à comprendre ce qui se passait. Il fut à la fois touché et confus de cette preuve d'amitié. Il fit ce que Lisbon n'aurait jamais pu imaginer, même en rêve: il lui fit un de ses plus magnifiques sourires!