Face à face (Jisbon/RJ) ^
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Un chapitre magnifique !
Je ne commente pas souvent
Mais j'ai relu 6 fois ta fiction en entier, parce qu'elle est magique. Certains passages ont même eu droit à une dizaine de relecture !
On ressent les émotions au centuple, tout est parfaitement orchestré !
La romance entre Jane et Lisbon colle, à mon avis, tout à fait aux caractères des personnages de la série !
La présence toujours subtile de RedJohn emmelée à leur vie de famille rend le tout effroyablement prenant. Le suspens me maintient en alerte tout le long de la lecture !
Du coup je piste tes nouveaux chapitres avec impatience, car ils sont toujours d'un niveau magnifique.
La fin de celui-ci est particulièrement prenant. Le retour a leur triste réalité risque d'être rude. Je dois aussi avoué que comme d'autres, j'ai été soulagé que RedJohn ne s'en prenne pas directement à Lisbon ou à Elora, même si je sens que cela ne va être qu'un moment de répit.
Le moment entre Jane/Lisbon est absolument féerique, tout en douceur et en poésie.
J'espère lire ton prochain chapitre rapidement. Mais si il faut attendre pour avoir un autre écrit de cette qualité, je suis prête à patienter ce qu'il faudra !
Alors VLS et merci encore pour ces moments de lecture et d'évasion !
Je ne commente pas souvent
Mais j'ai relu 6 fois ta fiction en entier, parce qu'elle est magique. Certains passages ont même eu droit à une dizaine de relecture !
On ressent les émotions au centuple, tout est parfaitement orchestré !
La romance entre Jane et Lisbon colle, à mon avis, tout à fait aux caractères des personnages de la série !
La présence toujours subtile de RedJohn emmelée à leur vie de famille rend le tout effroyablement prenant. Le suspens me maintient en alerte tout le long de la lecture !
Du coup je piste tes nouveaux chapitres avec impatience, car ils sont toujours d'un niveau magnifique.
La fin de celui-ci est particulièrement prenant. Le retour a leur triste réalité risque d'être rude. Je dois aussi avoué que comme d'autres, j'ai été soulagé que RedJohn ne s'en prenne pas directement à Lisbon ou à Elora, même si je sens que cela ne va être qu'un moment de répit.
Le moment entre Jane/Lisbon est absolument féerique, tout en douceur et en poésie.
J'espère lire ton prochain chapitre rapidement. Mais si il faut attendre pour avoir un autre écrit de cette qualité, je suis prête à patienter ce qu'il faudra !
Alors VLS et merci encore pour ces moments de lecture et d'évasion !
MadMouse- Livreur de Pizza
- Personnage préféré : Lisbon, Jane et Cho bien sur !
Localisation : Chut, c'est un secret !
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Merci à toutes pour vos commentaires qui m'ont fait chaud au cœur! Contente que ce chapitre vous ait plu, et j'espère qu'il en sera de même pour ce chapitre...
Comme toujours, merci à Karya pour la correction et pour son soutien sans failles
Je précise qu'il se déroule en même temps que le chapitre précédent...
Bonne lecture
Chapitre 25 :
Chapitre 26
Comme toujours, merci à Karya pour la correction et pour son soutien sans failles
Je précise qu'il se déroule en même temps que le chapitre précédent...
Bonne lecture
Chapitre 25 :
La photo à la main, j’attendais que mon ordinateur finisse de s’allumer. Impatiemment, je me relevais et faisais les cent pas dans la chambre, peaufinant mon plan. Et plus les détails se mettaient en place dans mon esprit, plus je jubilais. Patrick Jane allait regretter d’avoir un jour osé me défier. J’allais frapper si fort et si profondément qu’il ne s’en remettrait pas. Ni lui, ni celle qui avait commis l’imprudence de lier sa vie à la sienne. En tombant amoureuse de Jane et en lui rendant le sourire, Teresa Lisbon s’était elle-même condamnée à devenir l’objet de mon courroux. Mais avant de m’attaquer à elle, je devais déterrer son passé, en apprendre autant sur elle que j’en savais sur Jane, et alors seulement, je pourrais jouer avec ses nerfs comme je m’apprêtais à le faire avec Jane. Leur couple n’allait pas résister au traitement que je m’apprêtais à leur administrer.
Riant tout seul, je retournais m’asseoir sur mon lit en entendant mon ordinateur émettre un léger bip, signe qu’il avait fini d’installer les mises à jour dont je me serais bien passé ! Non mais c’est vrai, moi tout ce que je lui demandais, c’était de s’allumer, pas de me faire perdre un temps précieux en installant des logiciels dont je me moquais éperdument ! Je cliquais sur une icône, et en attendant que le programme charge, je reposais les yeux sur la photographie que je serrais précieusement dans ma main. Une photo de la petite Charlotte et de son père. Tout deux y affichaient le même sourire heureux, les yeux débordant de joie de vivre. Un grand sourire satisfait éclaira mon visage en songeant que j’avais fait disparaître toute trace de bonheur du visage de Jane, du moins jusqu’à ces derniers jours. Et je comptais bien recommencer.
Une fois le programme dont j’avais besoin chargé, j’attrapais mon scanner portable et attendis que la photo apparaisse à l’écran. Ensuite, j’entreprenais de vieillir le visage de l’adorable Charlotte d’une dizaine d’années. Ce petit bijou de technologie m’avait été offert par un de mes contacts dans la police. Progressivement, je vis le visage de l’angelot se métamorphoser en celui d’une magnifique adolescente. Cette fillette serait devenue une véritable beauté si je lui avais laissé la chance de grandir. Un sourire sadique se dessina sur mon visage en imaginant la tête de Jane lorsqu’il découvrirait cette photo. Il allait en faire une attaque. Dès que Charlotte eut l’apparence d’une adolescente de 15 ans, je stoppais le vieillissement, et replaçais son visage près de celui de son père. Satisfait de mon travail, je réfléchissais au format de la photo, et je décidais de l’imprimée en format 21x29,7.
Je voulais que ce soit la première chose que Jane verrait en se levant demain matin. Je voulais que le visage de sa fille chérie s’imprime dans son cerveau au fer rouge. Mais pour ça, je devais choisir l’endroit parfait où déposer mon petit cadeau. Pendant que la première partie de mon plan s’imprimait, je réfléchissais à la façon de faire parvenir ma photo souvenir à Jane. La lui envoyer par la poste ? La tête qu’il ferait en ouvrant l’enveloppe serait assez drôle pour que j’aie mal aux côtes pendant des semaines, mais ce n’était pas la solution la plus rapide. Par e-mail ? Là encore, sa tête vaudrait sûrement le coup d’œil au fur et à mesure que la page chargerait, mais je ne trouvais pas ça suffisamment sadique. Je voulais frapper un grand coup qui le laisserait vulnérable à mes prochaines attaques. Je voulais le clouer sur place, le vider de toute énergie, lui donner l’impression d’avoir été renversé par un semi-remorque. Et je sus ce que je devais faire.
Laissant la photo sécher, je sortais en coup de vent de ma chambre et me rendait dans un magasin ouvert non stop qui se trouvait à l’angle de la rue, et y achetait un joli cadre pour y glisser la photo. Je devais soigner les détails. De retour dans ma chambre, j’insérais le précieux cliché dans le cadre, et souriait en découvrant le résultat. C’était tout simplement parfait ! Refermant l’ordinateur, je m’emparais de mon petit cadeau, en veillant à ne pas laisser d’empreinte sur le cadre, et ressortait rapidement de ma chambre. Il était déjà tard, et avec un peu de chance, lorsque j’arriverais chez l’agent Lisbon, ils seraient tous endormis. Je ne voulais pas prendre le risque de me faire surprendre, déjà que tout à l’heure, j’avais bien cru que Jane m’avait aperçut. Lorsqu’il s’était brutalement tourné dans ma direction, scrutant attentivement les buissons derrière lesquels j’avais trouvé refuge, j’avais cru ma dernière heure venue, mais ce n’était qu’une fausse alerte.
Comme lors de ma première incursion en territoire ennemi, je me garais plusieurs pâtés de maison plus loin, et coupais à travers les jardins pour rejoindre plus rapidement ma cible, ce qui me permettait également de me fondre dans le paysage sans me faire repérer. En moins de dix minutes, je pénétrais dans le jardin de la maison de Teresa, et un sourire dément éclaira mon visage en apercevant les jouets d’enfant qui traînaient de-ci-delà. La gamine n’était avec eux que depuis moins d’une semaine, et ils donnaient déjà l’impression de former la famille parfaite. Et j’allais me faire un plaisir de faire exploser leur bulle de bonheur. Ce soir, même si résister à la tentation allait se révéler extrêmement difficile, je ne les toucherais pas. Mais ils sauraient. Ils sauraient que j’avais leur vie entre mes mains et qu’ils ne devaient d’être sains et saufs que par ma grande bonté d’âme. Rien que l’expression me fit doucement rigoler.
Prudemment, je restais de longues minutes dissimulé parmi les ombres de la nuit, scrutant la façade de la maison, guettant le moindre signe de vie. Mais toutes les lumières étaient éteintes, et seul le calme répondait à mes interrogations. Décidant finalement que le champ était libre, je m’avançais lentement, marquant de nombreuses pauses chaque fois que j’entendais un bruit suspect. Finalement, j’atteignis enfin la porte fenêtre du living, et actionnais la poignée, même si je me doutais bien que celle-ci devait être verrouillée. C’était la maison d’un flic après tout. Elle mieux que personne savait ce qu’il pouvait en coûter d’oublier de se barricader chez soi la nuit venue. Mais ce n’était qu’un léger contretemps pour moi. Une porte fermée ne m’avait jamais empêché de m’introduire chez qui que ce soit. Pas plus qu’un système d’alarme. En quelques gestes adroits, je forçais la serrure, et entrebâillais suffisamment la porte pour prendre possession des lieux. Doucement mais sûrement.
À nouveau, je m’immobilisais, et écoutais longuement les sons de la maison, mais rien qui puisse m’informer que ses occupants étaient éveillés. Avec un sourire satisfait, je me promenais tranquillement dans les différentes pièces, cherchant le meilleur emplacement où déposer mon cadeau. Voulais-je qu’il le découvre dès son réveil ou pas ? Ou bien désirais-je lui donner un faux sentiment de sécurité et de contrôle avant de lui porter le coup de grâce qui lui ferait réaliser qu’il ne contrôlait en réalité rien du tout ? Décidant que la seconde option était la plus à même de torturer ce cher Jane, je me rendais donc dans le salon, et plaçais la photo sur une petite table basse sur laquelle reposaient déjà quelques photos de famille de cette chère Teresa. Sur l’une d’elle, je reconnaissais Teresa adolescente, entourée de trois garçons plus jeunes qu’elle. Pas de parents. J’allais devoir creuser la vie de l’agent Lisbon.
Repoussant les photos de famille de la jeune femme, j’installais celle de Charlotte et de Jane et me reculais de quelques pas pour juger de l’effet. Satisfait, je me détournais et hésitais à quitter la maison avant que le vent ne tourne, puis me décidais à aller explorer l’étage. Une bonne connaissance des lieux pourrait s’avérer utile à l’avenir. Aussi silencieusement que possible, je grimpais l’escalier qui fort heureusement ne grinça pas, et débouchais sur un couloir qui donnait sur plusieurs pièces. Celle du fond était restée ouverte, et je pouvais voir qu’il s’agissait d’une salle de bain. Sans bruit, j’ouvris la première porte sur ma gauche et découvrais la chambre d’amis dans laquelle dormaient la jolie brunette et la petite fille inconnues, et j’en déduisais donc qu’il s’agissait d’une mère et sa fille. Continuant mon exploration, je constatais que la pièce d’à côté était un WC, sans le moindre intérêt, sauf peut-être pour la fenêtre qui donnait directement sur le jardin. Juste en face, se trouvait une porte entrouverte d’où s’échappait une lumière diffuse. Intrigué, et légèrement inquiet que quelqu’un soit finalement éveillé, je m’y faufilais pour découvrir une chambre d’enfant. Celle qu’occupait Elora.
À voir cette pièce, on avait l’impression que la fillette avait vécue toute sa vie dans cette maison. Jane et Lisbon n’avaient pas lésiné pour qu’elle se sente ici comme chez elle, pour qu’elle s’y sente en sécurité et aimée. Sereine, elle dormait paisiblement, une poupée serrée contre son cœur, et je ressentis la furieuse envie de lui faire regretter d’être venue au monde. Sans elle, je ne serais pas là, à me ronger les ongles en me demandant si elle m’avait vu ou pas. De toute façon, même si ce n’était pas le cas, elle devait mourir. Je ne laissais jamais de témoins en vie, et je n’allais pas commencer avec elle. Surtout pas en sachant à quel point elle comptait pour Jane. Non, cette petite peste allait mourir. Elle était simplement en sursis jusqu’à ce que je décide qu’elle avait assez vécue. Un gémissement me tira de mes pensées, et je me figeais en voyant la fillette s’agiter, comme si elle faisait un cauchemar. Ce qui était probablement le cas.
Sauf que si elle continuait comme ça, elle allait réveiller toute la maisonnée, et je serais découvert. Hors c’était trop tôt. Prenant rapidement ma décision, je m’approchais rapidement d’elle, et lui remettais sa poupée, tombée au sol dans son agitation, dans les bras avant de la border de nouveau. Le moindre geste tendre envers cette gamine me coûtait énormément, mais si ça pouvait éviter de voir débarquer Jane et sa moitié, je n’avais pas vraiment le choix. Malheureusement, ça ne semblait pas fonctionner. Comme si elle ressentait ma présence, elle s’agita de plus belle, et je me mis à scruter désespérément la pièce, espérant avoir une illumination. Soudain, mes yeux se posèrent sur un fauteuil en osier sur lequel était négligemment posé une étole. Sans vraiment savoir pourquoi, je m’approchais du vêtement et une douce odeur florale m’assaillit. Pas besoin d’être devin pour comprendre qui était la propriétaire de cet objet.
M’en emparant, je revenais près du lit où la gamine s’agitait de plus belle et je lui déposais le vêtement sur les épaules. Et le miracle s’accomplit. L’odeur de l’agent Lisbon la calma comme par magie. Voilà un élément qui pourrait s’avérer très utile. Une fois certain que le cauchemar était de l’histoire ancienne, je quittais la chambre et sur une impulsion, pénétrais dans la salle de bain cherchant les produits de beauté de la jeune agent. Dès que j’eus trouvé ce que je cherchais, je revenais sur mes pas et me dirigeais vers la dernière pièce que je n’avais pas encore explorée. La chambre de l’agent Lisbon. Jane n’étant nulle part ailleurs, j’en déduisais donc qu’il était à l’intérieur. Ce qui répondait à l’une de mes interrogations. L’agent Lisbon ne lui aurait pas ouvert son lit s’ils n’étaient pas, si ce n’est amants, au moins en couple. Je m’apprêtais à ouvrir la porte pour m’assurer que je ne faisais pas fausse route lorsqu’un gémissement me stoppa net. La gamine faisait-elle un nouveau cauchemar ?
Tendant l’oreille, j’écoutais attentivement, lorsqu’un autre gémissement retentit, suivit par des murmures rauques et des soupirs, et je compris ce qu’il en était. Derrière cette porte, Jane profitait d’un des meilleurs aspects de la vie de couple, et aux bruits qui me parvenaient à travers le bois de la porte, il en savourait chaque secondes. Faisant appel à ce qu’il me restait de sang-froid, je me retenais d’ouvrir la porte pour les interrompre et mettre immédiatement un terme à l’état d’euphorie dans lequel Jane se trouvait, mais je devais m’en tenir à mon plan. De toute façon, cette nuit serait la seule qu’ils partageraient, parce qu’une fois que j’en aurais fini avec eux, ils ne voudraient même plus se trouver dans la même pièce. Un cri d’extase féminin me fit grimacer de dégoût, et incapable d’en supporter davantage, je dévalais les escaliers et quittais cette maison.
Une fois dans le jardin, je contournais la demeure afin d’être aux premières loges pour voir la réaction de Jane en découvrant le cadeau que j’avais confectionné spécialement pour lui, y mettant toute ma haine. Je savais que rester dans ce jardin, si prêt de lui n’était pas très prudent, mais j’étais devenu particulièrement doué pour me fondre dans le paysage, et les gens ne me voyaient habituellement que lorsque je l’avais décidé. Cette fois encore, mes dons de caméléon me seraient très utiles. Et puis je voulais être là pour voir l’expression de Jane se figer son visage se décomposer. Je voulais me délecter de la souffrance que j’allais lui infliger et non pas me contenter de l’imaginer. Avisant un petit buisson de magnolia situé juste en face de la baie vitrée du salon, je m’installais aussi confortablement que possible, et attendais patiemment que le soleil se lève. Heureusement, j’avais agit assez tard dans la nuit, ce qui réduisait considérablement mon temps d’attente. Et en effet, les premières lueurs du jour apparurent à l’horizon.
Me calant contre la barrière, j’étirais mes jambes envahies par des centaines de fourmis, et scrutais avidement la fenêtre, espérant enfin voir quelqu’un surgir, mais plusieurs heures s’écoulèrent avant que la maisonnée ne s’éveille enfin. Je me doutais bien que la nuit agitée qu’ils avaient passée les avaient épuisés, mais ne devaient-ils pas aller travailler ? A croire que le meurtre sur lequel ils enquêtaient ne les intéressait pas plus que ça. S’en était presque vexant ! S’ils s’occupaient de chaque affaire comme de celle-là, pas étonnant qu’ils n’aient jamais réussi à me mettre la main dessus ! Enfin ça et mon incroyable génie criminel évidemment. Agacé par l’attente, je m’apprêtais à changer de position lorsqu’un mouvement dans les escaliers me fit stopper net. Le cœur battant d’anticipation, j’attendis de voir la personne entrer dans mon champ de vision, espérant que ce serait Jane. La déception m’envahit en découvrant que ce n’était que l’agent Lisbon. Intrigué, je la regardais scruter son environnement, comme si elle savait que je m’étais trouvé là.
Mais c’était tout bonnement impossible. Elle avait été bien trop occupée cette nuit pour m’entendre. Pourtant, elle semblait sur ses gardes, et avançait prudemment dans chaque pièce, cherchant la présence d’un intrus. Cette femme était impressionnante. Je comprenais pourquoi Jane s’était intéressé à elle. Jouer avec ses nerfs allait se révéler aussi plaisant qu’avec Jane. Je me tendais en la voyant entrer dans le salon. Elle allait tout gâcher, parce que nul doute que c’était elle qui allait découvrir la photo. Maudite bonne femme. Et ça ne rata pas. L’incrédulité, puis la tristesse et enfin la colère se succédèrent sur son visage, me faisant rire comme un adolescent après une bonne plaisanterie. Mais j’étouffais rapidement mon rire et continuais d’observer les émotions qui voilaient son si beau visage. Je pouvais presque voir les rouages de son cerveau se mettrent en marche, et soudain, elle pâlit dangereusement, à tel point que je crus qu’elle allait se sentir mal. Elle venait de comprendre ce que la présence de cette photo dans son salon impliquait.
Soudain, alors qu’elle s’approchait du cliché pour le retourner, ne supportant plus la vision du bonheur qu’il renvoyait, elle redressa brusquement la tête, et son regard se braqua dans ma direction. Immédiatement, je me tassais sur moi-même et passais en revue les options qui s’offraient à moi. Soit je restais là jusqu’à l’arrivée de Jane au risque de me faire prendre, soit je battais discrètement en retrait et passais à la phase 2 de mon plan. C’était le plus censé. J’aurais bien d’autres occasions de voir Jane souffrir. Inutile de tenter le diable, même si nous étions de vieux amis lui et moi. Amusé par cette idée, je m’éloignais lentement, le regard rivé sur l’agent Lisbon qui après un haussement d’épaules, avait reporté son attention sur le cliché et je jurais en la voyant l’emporter. Elle avait tout gâcher, et je me promis de me venger. Une fois à l’abri de ma voiture, je m’emparais de mon téléphone et m’emparais de mon cellulaire.
« Agent Parker » entendis-je à l’autre bout du fil.
« C’est moi » lançais-je d’un ton vibrant de colère.
Un long silence s’ensuivit, et je n’avais pas besoin de le voir pour savoir qu’il s’était redresser comme un ressort sur sa chaise, et qu’il s’était mis à transpirer à grosses goutes. Je le laissais mariner quelques minutes, histoire qu’il imagine le pire. J’adorais jouer ainsi avec mes marionnettes.
« Je voudrais que tu me trouves le plus d’informations possible sur l’agent Lisbon, et je les veux pour hier ! » déclarais-je avant de raccrocher sans lui laisser le temps de me répondre.
De toute façon, je savais qu’il ferait ce que je lui demandais. Il avait bien trop peur de ce que je lui ferais endurer s’il ne m’obéissait pas. Avec un sourire carnassier, je repris la direction de ma chambre d’hôtel et réfléchissait déjà à la seconde étape de mon plan.
Riant tout seul, je retournais m’asseoir sur mon lit en entendant mon ordinateur émettre un léger bip, signe qu’il avait fini d’installer les mises à jour dont je me serais bien passé ! Non mais c’est vrai, moi tout ce que je lui demandais, c’était de s’allumer, pas de me faire perdre un temps précieux en installant des logiciels dont je me moquais éperdument ! Je cliquais sur une icône, et en attendant que le programme charge, je reposais les yeux sur la photographie que je serrais précieusement dans ma main. Une photo de la petite Charlotte et de son père. Tout deux y affichaient le même sourire heureux, les yeux débordant de joie de vivre. Un grand sourire satisfait éclaira mon visage en songeant que j’avais fait disparaître toute trace de bonheur du visage de Jane, du moins jusqu’à ces derniers jours. Et je comptais bien recommencer.
Une fois le programme dont j’avais besoin chargé, j’attrapais mon scanner portable et attendis que la photo apparaisse à l’écran. Ensuite, j’entreprenais de vieillir le visage de l’adorable Charlotte d’une dizaine d’années. Ce petit bijou de technologie m’avait été offert par un de mes contacts dans la police. Progressivement, je vis le visage de l’angelot se métamorphoser en celui d’une magnifique adolescente. Cette fillette serait devenue une véritable beauté si je lui avais laissé la chance de grandir. Un sourire sadique se dessina sur mon visage en imaginant la tête de Jane lorsqu’il découvrirait cette photo. Il allait en faire une attaque. Dès que Charlotte eut l’apparence d’une adolescente de 15 ans, je stoppais le vieillissement, et replaçais son visage près de celui de son père. Satisfait de mon travail, je réfléchissais au format de la photo, et je décidais de l’imprimée en format 21x29,7.
Je voulais que ce soit la première chose que Jane verrait en se levant demain matin. Je voulais que le visage de sa fille chérie s’imprime dans son cerveau au fer rouge. Mais pour ça, je devais choisir l’endroit parfait où déposer mon petit cadeau. Pendant que la première partie de mon plan s’imprimait, je réfléchissais à la façon de faire parvenir ma photo souvenir à Jane. La lui envoyer par la poste ? La tête qu’il ferait en ouvrant l’enveloppe serait assez drôle pour que j’aie mal aux côtes pendant des semaines, mais ce n’était pas la solution la plus rapide. Par e-mail ? Là encore, sa tête vaudrait sûrement le coup d’œil au fur et à mesure que la page chargerait, mais je ne trouvais pas ça suffisamment sadique. Je voulais frapper un grand coup qui le laisserait vulnérable à mes prochaines attaques. Je voulais le clouer sur place, le vider de toute énergie, lui donner l’impression d’avoir été renversé par un semi-remorque. Et je sus ce que je devais faire.
Laissant la photo sécher, je sortais en coup de vent de ma chambre et me rendait dans un magasin ouvert non stop qui se trouvait à l’angle de la rue, et y achetait un joli cadre pour y glisser la photo. Je devais soigner les détails. De retour dans ma chambre, j’insérais le précieux cliché dans le cadre, et souriait en découvrant le résultat. C’était tout simplement parfait ! Refermant l’ordinateur, je m’emparais de mon petit cadeau, en veillant à ne pas laisser d’empreinte sur le cadre, et ressortait rapidement de ma chambre. Il était déjà tard, et avec un peu de chance, lorsque j’arriverais chez l’agent Lisbon, ils seraient tous endormis. Je ne voulais pas prendre le risque de me faire surprendre, déjà que tout à l’heure, j’avais bien cru que Jane m’avait aperçut. Lorsqu’il s’était brutalement tourné dans ma direction, scrutant attentivement les buissons derrière lesquels j’avais trouvé refuge, j’avais cru ma dernière heure venue, mais ce n’était qu’une fausse alerte.
Comme lors de ma première incursion en territoire ennemi, je me garais plusieurs pâtés de maison plus loin, et coupais à travers les jardins pour rejoindre plus rapidement ma cible, ce qui me permettait également de me fondre dans le paysage sans me faire repérer. En moins de dix minutes, je pénétrais dans le jardin de la maison de Teresa, et un sourire dément éclaira mon visage en apercevant les jouets d’enfant qui traînaient de-ci-delà. La gamine n’était avec eux que depuis moins d’une semaine, et ils donnaient déjà l’impression de former la famille parfaite. Et j’allais me faire un plaisir de faire exploser leur bulle de bonheur. Ce soir, même si résister à la tentation allait se révéler extrêmement difficile, je ne les toucherais pas. Mais ils sauraient. Ils sauraient que j’avais leur vie entre mes mains et qu’ils ne devaient d’être sains et saufs que par ma grande bonté d’âme. Rien que l’expression me fit doucement rigoler.
Prudemment, je restais de longues minutes dissimulé parmi les ombres de la nuit, scrutant la façade de la maison, guettant le moindre signe de vie. Mais toutes les lumières étaient éteintes, et seul le calme répondait à mes interrogations. Décidant finalement que le champ était libre, je m’avançais lentement, marquant de nombreuses pauses chaque fois que j’entendais un bruit suspect. Finalement, j’atteignis enfin la porte fenêtre du living, et actionnais la poignée, même si je me doutais bien que celle-ci devait être verrouillée. C’était la maison d’un flic après tout. Elle mieux que personne savait ce qu’il pouvait en coûter d’oublier de se barricader chez soi la nuit venue. Mais ce n’était qu’un léger contretemps pour moi. Une porte fermée ne m’avait jamais empêché de m’introduire chez qui que ce soit. Pas plus qu’un système d’alarme. En quelques gestes adroits, je forçais la serrure, et entrebâillais suffisamment la porte pour prendre possession des lieux. Doucement mais sûrement.
À nouveau, je m’immobilisais, et écoutais longuement les sons de la maison, mais rien qui puisse m’informer que ses occupants étaient éveillés. Avec un sourire satisfait, je me promenais tranquillement dans les différentes pièces, cherchant le meilleur emplacement où déposer mon cadeau. Voulais-je qu’il le découvre dès son réveil ou pas ? Ou bien désirais-je lui donner un faux sentiment de sécurité et de contrôle avant de lui porter le coup de grâce qui lui ferait réaliser qu’il ne contrôlait en réalité rien du tout ? Décidant que la seconde option était la plus à même de torturer ce cher Jane, je me rendais donc dans le salon, et plaçais la photo sur une petite table basse sur laquelle reposaient déjà quelques photos de famille de cette chère Teresa. Sur l’une d’elle, je reconnaissais Teresa adolescente, entourée de trois garçons plus jeunes qu’elle. Pas de parents. J’allais devoir creuser la vie de l’agent Lisbon.
Repoussant les photos de famille de la jeune femme, j’installais celle de Charlotte et de Jane et me reculais de quelques pas pour juger de l’effet. Satisfait, je me détournais et hésitais à quitter la maison avant que le vent ne tourne, puis me décidais à aller explorer l’étage. Une bonne connaissance des lieux pourrait s’avérer utile à l’avenir. Aussi silencieusement que possible, je grimpais l’escalier qui fort heureusement ne grinça pas, et débouchais sur un couloir qui donnait sur plusieurs pièces. Celle du fond était restée ouverte, et je pouvais voir qu’il s’agissait d’une salle de bain. Sans bruit, j’ouvris la première porte sur ma gauche et découvrais la chambre d’amis dans laquelle dormaient la jolie brunette et la petite fille inconnues, et j’en déduisais donc qu’il s’agissait d’une mère et sa fille. Continuant mon exploration, je constatais que la pièce d’à côté était un WC, sans le moindre intérêt, sauf peut-être pour la fenêtre qui donnait directement sur le jardin. Juste en face, se trouvait une porte entrouverte d’où s’échappait une lumière diffuse. Intrigué, et légèrement inquiet que quelqu’un soit finalement éveillé, je m’y faufilais pour découvrir une chambre d’enfant. Celle qu’occupait Elora.
À voir cette pièce, on avait l’impression que la fillette avait vécue toute sa vie dans cette maison. Jane et Lisbon n’avaient pas lésiné pour qu’elle se sente ici comme chez elle, pour qu’elle s’y sente en sécurité et aimée. Sereine, elle dormait paisiblement, une poupée serrée contre son cœur, et je ressentis la furieuse envie de lui faire regretter d’être venue au monde. Sans elle, je ne serais pas là, à me ronger les ongles en me demandant si elle m’avait vu ou pas. De toute façon, même si ce n’était pas le cas, elle devait mourir. Je ne laissais jamais de témoins en vie, et je n’allais pas commencer avec elle. Surtout pas en sachant à quel point elle comptait pour Jane. Non, cette petite peste allait mourir. Elle était simplement en sursis jusqu’à ce que je décide qu’elle avait assez vécue. Un gémissement me tira de mes pensées, et je me figeais en voyant la fillette s’agiter, comme si elle faisait un cauchemar. Ce qui était probablement le cas.
Sauf que si elle continuait comme ça, elle allait réveiller toute la maisonnée, et je serais découvert. Hors c’était trop tôt. Prenant rapidement ma décision, je m’approchais rapidement d’elle, et lui remettais sa poupée, tombée au sol dans son agitation, dans les bras avant de la border de nouveau. Le moindre geste tendre envers cette gamine me coûtait énormément, mais si ça pouvait éviter de voir débarquer Jane et sa moitié, je n’avais pas vraiment le choix. Malheureusement, ça ne semblait pas fonctionner. Comme si elle ressentait ma présence, elle s’agita de plus belle, et je me mis à scruter désespérément la pièce, espérant avoir une illumination. Soudain, mes yeux se posèrent sur un fauteuil en osier sur lequel était négligemment posé une étole. Sans vraiment savoir pourquoi, je m’approchais du vêtement et une douce odeur florale m’assaillit. Pas besoin d’être devin pour comprendre qui était la propriétaire de cet objet.
M’en emparant, je revenais près du lit où la gamine s’agitait de plus belle et je lui déposais le vêtement sur les épaules. Et le miracle s’accomplit. L’odeur de l’agent Lisbon la calma comme par magie. Voilà un élément qui pourrait s’avérer très utile. Une fois certain que le cauchemar était de l’histoire ancienne, je quittais la chambre et sur une impulsion, pénétrais dans la salle de bain cherchant les produits de beauté de la jeune agent. Dès que j’eus trouvé ce que je cherchais, je revenais sur mes pas et me dirigeais vers la dernière pièce que je n’avais pas encore explorée. La chambre de l’agent Lisbon. Jane n’étant nulle part ailleurs, j’en déduisais donc qu’il était à l’intérieur. Ce qui répondait à l’une de mes interrogations. L’agent Lisbon ne lui aurait pas ouvert son lit s’ils n’étaient pas, si ce n’est amants, au moins en couple. Je m’apprêtais à ouvrir la porte pour m’assurer que je ne faisais pas fausse route lorsqu’un gémissement me stoppa net. La gamine faisait-elle un nouveau cauchemar ?
Tendant l’oreille, j’écoutais attentivement, lorsqu’un autre gémissement retentit, suivit par des murmures rauques et des soupirs, et je compris ce qu’il en était. Derrière cette porte, Jane profitait d’un des meilleurs aspects de la vie de couple, et aux bruits qui me parvenaient à travers le bois de la porte, il en savourait chaque secondes. Faisant appel à ce qu’il me restait de sang-froid, je me retenais d’ouvrir la porte pour les interrompre et mettre immédiatement un terme à l’état d’euphorie dans lequel Jane se trouvait, mais je devais m’en tenir à mon plan. De toute façon, cette nuit serait la seule qu’ils partageraient, parce qu’une fois que j’en aurais fini avec eux, ils ne voudraient même plus se trouver dans la même pièce. Un cri d’extase féminin me fit grimacer de dégoût, et incapable d’en supporter davantage, je dévalais les escaliers et quittais cette maison.
Une fois dans le jardin, je contournais la demeure afin d’être aux premières loges pour voir la réaction de Jane en découvrant le cadeau que j’avais confectionné spécialement pour lui, y mettant toute ma haine. Je savais que rester dans ce jardin, si prêt de lui n’était pas très prudent, mais j’étais devenu particulièrement doué pour me fondre dans le paysage, et les gens ne me voyaient habituellement que lorsque je l’avais décidé. Cette fois encore, mes dons de caméléon me seraient très utiles. Et puis je voulais être là pour voir l’expression de Jane se figer son visage se décomposer. Je voulais me délecter de la souffrance que j’allais lui infliger et non pas me contenter de l’imaginer. Avisant un petit buisson de magnolia situé juste en face de la baie vitrée du salon, je m’installais aussi confortablement que possible, et attendais patiemment que le soleil se lève. Heureusement, j’avais agit assez tard dans la nuit, ce qui réduisait considérablement mon temps d’attente. Et en effet, les premières lueurs du jour apparurent à l’horizon.
Me calant contre la barrière, j’étirais mes jambes envahies par des centaines de fourmis, et scrutais avidement la fenêtre, espérant enfin voir quelqu’un surgir, mais plusieurs heures s’écoulèrent avant que la maisonnée ne s’éveille enfin. Je me doutais bien que la nuit agitée qu’ils avaient passée les avaient épuisés, mais ne devaient-ils pas aller travailler ? A croire que le meurtre sur lequel ils enquêtaient ne les intéressait pas plus que ça. S’en était presque vexant ! S’ils s’occupaient de chaque affaire comme de celle-là, pas étonnant qu’ils n’aient jamais réussi à me mettre la main dessus ! Enfin ça et mon incroyable génie criminel évidemment. Agacé par l’attente, je m’apprêtais à changer de position lorsqu’un mouvement dans les escaliers me fit stopper net. Le cœur battant d’anticipation, j’attendis de voir la personne entrer dans mon champ de vision, espérant que ce serait Jane. La déception m’envahit en découvrant que ce n’était que l’agent Lisbon. Intrigué, je la regardais scruter son environnement, comme si elle savait que je m’étais trouvé là.
Mais c’était tout bonnement impossible. Elle avait été bien trop occupée cette nuit pour m’entendre. Pourtant, elle semblait sur ses gardes, et avançait prudemment dans chaque pièce, cherchant la présence d’un intrus. Cette femme était impressionnante. Je comprenais pourquoi Jane s’était intéressé à elle. Jouer avec ses nerfs allait se révéler aussi plaisant qu’avec Jane. Je me tendais en la voyant entrer dans le salon. Elle allait tout gâcher, parce que nul doute que c’était elle qui allait découvrir la photo. Maudite bonne femme. Et ça ne rata pas. L’incrédulité, puis la tristesse et enfin la colère se succédèrent sur son visage, me faisant rire comme un adolescent après une bonne plaisanterie. Mais j’étouffais rapidement mon rire et continuais d’observer les émotions qui voilaient son si beau visage. Je pouvais presque voir les rouages de son cerveau se mettrent en marche, et soudain, elle pâlit dangereusement, à tel point que je crus qu’elle allait se sentir mal. Elle venait de comprendre ce que la présence de cette photo dans son salon impliquait.
Soudain, alors qu’elle s’approchait du cliché pour le retourner, ne supportant plus la vision du bonheur qu’il renvoyait, elle redressa brusquement la tête, et son regard se braqua dans ma direction. Immédiatement, je me tassais sur moi-même et passais en revue les options qui s’offraient à moi. Soit je restais là jusqu’à l’arrivée de Jane au risque de me faire prendre, soit je battais discrètement en retrait et passais à la phase 2 de mon plan. C’était le plus censé. J’aurais bien d’autres occasions de voir Jane souffrir. Inutile de tenter le diable, même si nous étions de vieux amis lui et moi. Amusé par cette idée, je m’éloignais lentement, le regard rivé sur l’agent Lisbon qui après un haussement d’épaules, avait reporté son attention sur le cliché et je jurais en la voyant l’emporter. Elle avait tout gâcher, et je me promis de me venger. Une fois à l’abri de ma voiture, je m’emparais de mon téléphone et m’emparais de mon cellulaire.
« Agent Parker » entendis-je à l’autre bout du fil.
« C’est moi » lançais-je d’un ton vibrant de colère.
Un long silence s’ensuivit, et je n’avais pas besoin de le voir pour savoir qu’il s’était redresser comme un ressort sur sa chaise, et qu’il s’était mis à transpirer à grosses goutes. Je le laissais mariner quelques minutes, histoire qu’il imagine le pire. J’adorais jouer ainsi avec mes marionnettes.
« Je voudrais que tu me trouves le plus d’informations possible sur l’agent Lisbon, et je les veux pour hier ! » déclarais-je avant de raccrocher sans lui laisser le temps de me répondre.
De toute façon, je savais qu’il ferait ce que je lui demandais. Il avait bien trop peur de ce que je lui ferais endurer s’il ne m’obéissait pas. Avec un sourire carnassier, je repris la direction de ma chambre d’hôtel et réfléchissait déjà à la seconde étape de mon plan.
Chapitre 26
Dernière édition par iliana le Ven 23 Sep 2011 - 21:34, édité 1 fois
iliana- Distributeur de café
- Personnage préféré : Jane
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Localisation : derrière mon écran d'ordinateur
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Absolument . . . Flippant !
La vision que tu nous offres de RedJohn est tout à fait effrayante, et est retranscrite avec talent !
J'avouerais cependant que le fait que cela paraisse tellement réaliste me perturbe un peu . . . On pourrait prendre cette fiction pour la vie réelle !
Il me tarde de voir comment Lisbon va annoncer sa découverte à Jane et la réaction de celui-ci ! Et vont-ils découvrir que RedJohn s'est aussi introduit dans la chambre d'Elora grâce à la couverture ?
Alors pour finir : VLS VLS ! :)
La vision que tu nous offres de RedJohn est tout à fait effrayante, et est retranscrite avec talent !
J'avouerais cependant que le fait que cela paraisse tellement réaliste me perturbe un peu . . . On pourrait prendre cette fiction pour la vie réelle !
Il me tarde de voir comment Lisbon va annoncer sa découverte à Jane et la réaction de celui-ci ! Et vont-ils découvrir que RedJohn s'est aussi introduit dans la chambre d'Elora grâce à la couverture ?
Alors pour finir : VLS VLS ! :)
MadMouse- Livreur de Pizza
- Personnage préféré : Lisbon, Jane et Cho bien sur !
Localisation : Chut, c'est un secret !
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
tu sais que tu es quand tu te mets dans la tête de
Encore un chapitre
Je suis restée scotchée du premier mot au dernier
Maintenant j'attends avec impatience la réaction de Jane
Encore un chapitre
Je suis restée scotchée du premier mot au dernier
Maintenant j'attends avec impatience la réaction de Jane
Johel- In Jane we trust
- Personnage préféré : Jane et Cho
Loisirs : Lecture, ciné, jeux vidéo et suuuurf !
Localisation : près de l'océan
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Oh ma iliana ! I love you !
Ce chapitre !
Bon voilà, je trouvais mes commentaires un peu répétitifs quand mêmes Alors je me suis lancé le sympathique défi de caser des smileys partout !
Tes descriptions J'avais presque l'impression d'être aux côtés de RedJohn, de savoir tout ce qu'il préparait dans son esprit malade, et malgré tout ne rien pouvoir y faire...
Etape par étape, le regarder préparer son plan machiavélique, réussissant à chaque fois à me surprendre par le sadisme de ses pensées . Je me suis sentie mal pour Lisbon, Jane et les autres alors qu'IL s'approchait de leur habitation, sans être remarqué, inquiété... mais le pire Iliana, le pire, c'est cet instant dans la chambre d'Elora. Il était si proche d'elle, il aurait pu la tuer, et faire à nouveau de la vie de Jane l'enfer dont il avait eu l'ambition de se sortir quelques instants. Et je n'arrive pas à comprendre pourquoi cet homme n'a pas saisi cette occasion. Parce que si cela veut dire que dans sa tête se prépare un plan plus horrible que ce qu'il aurait pu réaliser en tuant Elora, je m'inquiète VRAIMENT maintenant
Et ce final, qui comme d'habitude, et bien parti pour me faire me retourner la nuit. On sait qu'RJ possède des alliés aux CBI, mais ils prennent une toute autre dimension aujourd'hui, s'ils servent à faire du mal PERSONNELEMENT à Lisbon, ou Jane à travers elle ou...
Tes chapitres du point de vue de RJ ont les dons de me mettre dans un état entre la rage et l'appréhension, la tristesse et l’inquiétude...
Alors mon petit commentaire ? Bon défi pas trop réussi, faut croire que les smileys c'est pas TROP mon truc... Enfin on ne peut pas être parfaite en tout ...
Et ce n'est pas la première ni la dernière fois que je le dirais, mais respect à toi ma belle. Tu as un talent enviable et envié ! (du moins de moi)
Ce chapitre !
Bon voilà, je trouvais mes commentaires un peu répétitifs quand mêmes Alors je me suis lancé le sympathique défi de caser des smileys partout !
Tes descriptions J'avais presque l'impression d'être aux côtés de RedJohn, de savoir tout ce qu'il préparait dans son esprit malade, et malgré tout ne rien pouvoir y faire...
Etape par étape, le regarder préparer son plan machiavélique, réussissant à chaque fois à me surprendre par le sadisme de ses pensées . Je me suis sentie mal pour Lisbon, Jane et les autres alors qu'IL s'approchait de leur habitation, sans être remarqué, inquiété... mais le pire Iliana, le pire, c'est cet instant dans la chambre d'Elora. Il était si proche d'elle, il aurait pu la tuer, et faire à nouveau de la vie de Jane l'enfer dont il avait eu l'ambition de se sortir quelques instants. Et je n'arrive pas à comprendre pourquoi cet homme n'a pas saisi cette occasion. Parce que si cela veut dire que dans sa tête se prépare un plan plus horrible que ce qu'il aurait pu réaliser en tuant Elora, je m'inquiète VRAIMENT maintenant
Et ce final, qui comme d'habitude, et bien parti pour me faire me retourner la nuit. On sait qu'RJ possède des alliés aux CBI, mais ils prennent une toute autre dimension aujourd'hui, s'ils servent à faire du mal PERSONNELEMENT à Lisbon, ou Jane à travers elle ou...
Tes chapitres du point de vue de RJ ont les dons de me mettre dans un état entre la rage et l'appréhension, la tristesse et l’inquiétude...
Alors mon petit commentaire ? Bon défi pas trop réussi, faut croire que les smileys c'est pas TROP mon truc... Enfin on ne peut pas être parfaite en tout ...
Et ce n'est pas la première ni la dernière fois que je le dirais, mais respect à toi ma belle. Tu as un talent enviable et envié ! (du moins de moi)
Karya- Gardien du parking
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Voilà la suite! Merci à Karya pour son boulot de correctrice
Bonne lecture
Chapitre 26 :
Chapitre 27
Bonne lecture
Chapitre 26 :
La première chose que je perçus fut les gazouillis des oiseaux dans le jardin. Roulant sur le dos, je m’étirais lentement, et les yeux fermés, laissais les souvenirs de la nuit dernière m’envahir en vague successive. Même avec Angela que j’avais aimée plus que ma vie même, ça n’avait jamais été aussi intense et fusionnel. Teresa s’était révéler être une amante douce et passionnée, et m’avait comblé comme jamais. C’était comme si elle avait su ce que je voulais avant même que je n’y pense, exactement comme j’avais toujours une longueur d’avance sur ses désirs. Mais c’était normal, j’étais mentaliste après tout. Nous n’avions que très peu dormis durant la nuit, trop occupés à nous découvrir l’un l’autre, et pourtant je me sentais plus reposé que je ne me souvenais l’avoir été jusqu’à présent. Gardant obstinément les yeux fermés, comme pour mieux savourer les images qui défilaient derrière mes paupières, je tendis les bras, cherchant Teresa.
Mais je ne rencontrais qu’une place vide. Encore tiède, mais désespérément vide. Me redressant d’un bond, les yeux à présent grands ouverts, je scrutais la pièce dans laquelle la lumière matinale entrait à flot, mais ne détectais aucunes traces de Teresa. Où était-elle passée ? Je n’avais pourtant pas rêvé la nuit dernière ! Peut-être qu’Elora s’était réveillée et que Teresa était descendue pour lui préparer son petit déjeuner. J’espérais vraiment que c’était ça, parce que je me refusais à envisager tout autre scénario. Je ne voulais même pas y penser tant cela m’était odieux. Me rassurant en songeant que c’était Teresa qui avait fait le premier pas la nuit dernière, je m’empressais d’enfiler mon pantalon ainsi que ma chemise que dans ma précipitation je ne prenais pas le temps de boutonner. Mu par un sentiment d’urgence, je me précipitais dans les escaliers afin de retrouver Teresa. Un bruit en provenance de la cuisine attira mon attention, et je m’y dirigeais le cœur battant.
Je m’immobilisais sur le pas de la porte, scrutant Teresa qui me tournait le dos. Elle préparait le petit déjeuner, ce qui aurait dû me rassurer, mais plus je l’observais, plus je sentais que quelque chose n’allait pas. Elle agissait de façon mécanique, semblant à des milliers de miles des gestes domestiques qu’elle accomplissait, et mes inquiétudes revinrent au galop. Doucement, peu désireux de l’effrayer et de me retrouver à voler à travers la pièce, je m’approchais d’elle et dans des gestes délicats, l’entourait de mes bras avant de l’attirer contre moi. Mon souffle se bloqua dans ma gorge lorsque je la sentis se raidir, mais cela ne dura qu’une fraction de seconde, et elle se détendit brusquement, réalisant que ce n’était que moi. Recommençant à respirer, je déposais un baiser dans son cou avant de profiter de ce qu’elle tournait la tête pour l’embrasser comme j’en avais eu envie ce matin en me réveillant. A mon plus grand soulagement et plaisir, elle me rendit mon baiser avec fougue, se retournant dans mes bras pour passer les siens autour de mon cou.
Alors que notre baiser s’intensifiait, cette sensation que quelque chose ne tournait pas rond se propagea de nouveau en moi, et je remarquais que Teresa se pressait contre moi, m’embrassait comme si c’était la dernière fois, avec l’énergie du désespoir. Qu’est-ce qui l’avait mise dans un tel état ? Que s’était-il passé entre maintenant et son réveil pour qu’elle agisse ainsi ? Je tentais de m’écarter pour lui demander ce qui la perturbait, mais elle resserra l’emprise de ses bras autour de ma nuque et intensifia un peu plus notre baiser, me faisant perdre le fil de mes pensées. Comment prouvais-je réfléchir alors qu’elle se pressait ainsi contre moi, et les gémissements qui s’échappaient de ses lèvres délectables que je dévorais consciencieusement ne m’aidaient pas à garder la tête froide. Incapable de me contenir plus longtemps, j’oubliais tout ce qui n’était pas elle, et d’un mouvement fluide et assuré, je la pressais contre le réfrigérateur, me pressant avec envie contre elle.
Je n’avais plus qu’une seule envie, reprendre là où la fatigue nous avait interrompus cette nuit, et visiblement, Teresa était du même avis si j’en croyais ses mouvements plus que suggestifs contre moi. Passant mes bras sous ses cuisses, je la soulevais comme si elle n’avait pas pesé plus lourd qu’une plume, et je commençais à me diriger au jugé vers les escaliers, lorsque des bruits étouffés me tirèrent de ma bulle de passion. M’écartant légèrement de Teresa, je tournais la tête vers l’étage, et soupirais en comprenant que les filles étaient réveillées et qu’elles n’allaient pas tarder à débarquer pour réclamer leur petit déjeuner. Poussant un soupir à fendre l’âme, je rebroussais chemin sans pour autant lâcher Teresa qui tout aussi déçue que moi, avait posé sa tête sur mon épaule, et gardait un silence préoccupant. Et à nouveau, alors que mon désir d’elle s’amenuisait, laissant la place à mes interrogations, je recommençais à m’inquiéter.
Délicatement, elle se laissa glisser le long de mon corps, me faisant déglutir, et je tentais de croiser son regard, mais elle garda obstinément les yeux baissés et se détournant rapidement, recommença à préparer le petit déjeuner. Je m’apprêtais à la questionner sur les raisons de son étrange comportement lorsque deux petites tornades se ruèrent dans la pièce, remuant les mains dans tout les sens pour réclamer leur petit déjeuner. En soupirant, je me résignais à devoir remettre à plus tard l’heure des explications, et après avoir embrassé tendrement les deux fillettes, je quittais la cuisine, non sans lancer un dernier regard en direction de Teresa qui continuait consciencieusement d’éviter mon regard. Une boule d’inquiétude coincée dans la gorge, je me dirigeais machinalement vers le salon et me laissais lourdement tomber sur le canapé. Avais-je dit ou fait quelque chose qui l’avait contrariée ? Non, si ça avait été le cas, elle n’aurait pas laissé les choses aller aussi loin tout à l’heure. Et puis elle ne paraissait pas en colère, juste préoccupée et inquiète.
Avait-elle reçu de mauvaises nouvelles ? C’était sûrement le cas. Le tout était de savoir ce qu’il en était réellement. Perplexe, et légèrement agacé de ne pas savoir le fin mot de l’histoire, je laissais mon regard se promener dans la pièce, et arquais un sourcil en voyant que les photos de Teresa avaient été déplacées. Elles avaient été négligemment repoussées sur le côté du meuble, comme si une personne avait placé un cadre au milieu, mais l’espace libéré était vide. Étrange. Et encore plus que Teresa n’ait pas remis ces photos à leurs places. Les filles avaient-elles joués avec les photos ? Mais quand ? Je n’avais pas souvenir qu’elles aient joué ici la nuit dernière, et ce matin elles étaient venues directement dans la cuisine. Alors qui avait bougés ces clichés ? Je ne savais pas pourquoi, mais je commençais à croire que cet espace vide et le comportement inhabituel de Teresa étaient liés. Je devais juste attendre qu’elle se décide à me parler.
Avec un mauvais pressentiment au creux du ventre, je me relevais et regagnais la chambre afin de prendre ma douche et de m’habiller. L’eau chaude ne parvint pas à me détendre, et je ne cessais de m’interroger sur ce qui aurait pu mettre Teresa dans cet état, mais je ne parvenais à rien de bien concluant. C’était à elle de me le dire. Enfilant un jean et une chemise blanche, je quittais la chambre de Lisbon, souriant en passant devant le lit défait, témoin silencieux de la nuit mouvementée que nous avions partagée, et descendais les escaliers. Des éclats de rire m’accueillirent, et je fus presque surpris d’entendre le rire de Teresa. Peut-être m’étais-je inquiété pour rien songeais-je en pénétrant dans la pièce et en la découvrant installée à table près de Molly, riant et discutant gaiement avec elle. A mon entrée dans la pièce, Elora se précipita vers moi pour me faire un câlin avant de repartir tout aussi rapidement à sa place, pressée de finir son petit déjeuner.
Saluant la joyeuse tablée, je m’installais près de Teresa, et cherchais son regard. Et cette fois, elle ne se déroba pas. Au contraire, elle plongea dans le mien, et même si elle parut troublée, elle me sourit tendrement avant de spontanément se pencher vers moi pour m’embrasser sensuellement. Ce furent les gloussements de deux petites coquines qui nous obligèrent à nous séparer, et en me redressant, je constatais que Teresa souriait, amusée par les facéties des deux fillettes. Même si elle semblait de nouveau égale à elle-même, je me fis la promesse de lui demander ce qui la perturbait tant ce matin. Finalement, c’était peut-être quelque chose que j’avais dit ou fait cette nuit qui l’avait mise dans cet état. Rien à voir avec les photos déplacées. Avalant machinalement mon déjeuner, je me repassais en boucle les événements de la nuit, et soudain, je me figeais en songeant à ce moment où mes pensées s’étaient envolées vers Angela.
Je n’étais qu’un idiot. J’avais laissé ma culpabilité m’envahir, et les larmes que j’avais vu dans le regard de Teresa à cet instant m’avait démontrées mieux que des mots qu’elle avait eu conscience d’où mon esprit s’était égaré. Et même si j’avais vite repris le dessus et que j’avais refusé de laisser le passé m’empêcher d’avancer et de faire l’amour à la femme que j’aimais, je savais qu’une fois le désir refoulé et l’euphorie du moment passé, Teresa devait se poser des questions. Tout ce que j’espérais, c’est qu’elle n’en avait pas conclut que ce qui s’était passé n’avait été qu’un moment de faiblesse, une erreur à ne plus reproduire. Parce que ce n’était pas le cas. Les baisers et les caresses que nous avions échangés ce matin me laissaient à penser que ce n’était pas le cas, mais son étrange comportement me démontrait le contraire. Que devait-elle penser ? S’attendait-elle à ce que je ne lui dise que ce n’était qu’une aventure d’une nuit ? Il fallait vraiment que nous discutions et le plus vite possible. Je ne voulais pas courir le risque de la perdre alors que tout allait bien entre nous.
« Allez-les filles, au bain ! » clama soudain Molly avec entrain en entraînant les filles à sa suite.
Timing impeccable, à croire qu’elle avait senti que j’avais besoin d’être seul avec Teresa. Finissant distraitement mon assiette, j’attendis d’entendre le bruit des pas des filles au-dessus de ma tête avant de me tourner vers Teresa. Mais sa place était vide, et je vis qu’elle s’activait à débarrasser la table. Longuement, je la regardais faire et constatais qu’elle paraissait de nouveau préoccupée, comme si la bonne humeur et la sérénité qu’elle affichait tout à l’heure n’avaient été qu’un masque. Mes capacités de mentaliste ne m’étaient d’aucune aide en cet instant précis, et je n’aimais pas ça. Alors qu’elle s’apprêtait à faire la vaisselle, je décidais de l’interrompre, ne voulant pas que Molly et les filles reviennent avant que Teresa et moi ayons pu discuter.
« Teresa ? » l’appelais-je en venant me poster derrière elle.
Elle sursauta légèrement au son de ma voix, et le bol qu’elle tenait lui échappa des mains et retomba dans l’eau mousseuse en l’éclaboussant légèrement. Avec un soupir agacé, elle attrapa un torchon et commença à s’essuyer avant de se tourner vers moi, m’interrogeant du regard.
« Tout vas bien ? » m’enquis-je en la scrutant attentivement.
« Oui, ne t’inquiètes pas, c’est juste que… » Soupira-t-elle en se mordillant nerveusement la lèvre inférieure et en jouant distraitement avec son bracelet pour se donner une contenance.
« Je voudrais m’excuser » lançais-je soudain en la voyant s’empêtrer dans ses explications.
« De quoi ? » s’étonna-t-elle en relevant la tête vers moi.
« Pour t’avoir donné l’impression que tu devais t’inquiéter d’Angela. » déclarais-je en scrutant sa réaction.
Ses grands yeux s’écarquillèrent légèrement, et recula légèrement comme si je l’avais frappée. Elle ne s’était visiblement pas attendue à ce que j’aborde si franchement le sujet. Son regard se troubla, et je sus que j’avais vu juste. Ma réaction de la nuit dernière l’avait amené à douter de mes sentiments pour elle et de l’issue de cette nuit.
« Angela est morte, et même si elle tiendra toujours une place spéciale dans mon cœur, je sais qu’elle n’aurait pas voulu que je gâche ma vie à courir après RedJohn. Vous vous seriez bien entendues c’est certain. Mais elle est mon passé, et tu es mon présent, mon futur. Et si j’en doutais encore, ce qui s’est passé entre nous ces derniers jours m’a montré ce à côté de quoi j’étais passé durant toutes ces années à faire l’autruche, alors je ne compte pas faire marche arrière, et ce qui s’est passé cette nuit est la meilleure chose qui pouvait m’arriver, n’en doute jamais » déclarais-je d’une traite de peur qu’elle ne me coupe dans mon élan.
Un long silence suivit ma tirade, et j’attendais que Teresa réagisse, qu’elle dise quelque chose, n’importe quoi, mais elle restait là à m’observer. Sentant l’inquiétude m’envahir, je me dandinais légèrement, mal à l’aise sous la fixité de son regard. Je me sentais plus vulnérable que jamais après m’être ainsi livré, mais je savais que ça en valait la peine. Du moins l’espérais-je. Mais Teresa restait sans réaction face à moi, et je commençais à craindre qu’elle ne veuille plus de moi.
« Teresa, je… » Commençais-je, bien décider à plaider ma cause et à avoir gain de cause.
Mais avant que je ne puisse me lancer dans un autre monologue, elle battit des cils, semblant reprendre pieds dans la réalité, et elle se jeta à mon cou, enfouissant son visage contre mon torse. Surpris, je restais une fraction de secondes les bras ballants avant de me ressaisir et de refermer mes bras autour d’elle, la pressant fermement contre moi. Elle tremblait légèrement, et je resserrais mon emprise autour de son corps jusqu’à ce qu’elle se calme. J’étais déstabilisé. Je n’étais pas habitué à me trouver confronter à une Lisbon aussi émotive, et je me surprenais à aimer ça. J’aimais l’idée que d’avoir réussi à pulvériser sa carapace et qu’elle ne ressente plus le besoin de me cacher ses émotions. Un sentiment de fierté et de possessivité m’envahit, et je la serrais si fort contre moi qu’elle gémit légèrement, se tortillant pour que je la libère, ce que je faisais à regret, ne voulant pas qu’elle s’éloigne de moi.
« Chut… je sais…. Ne t’inquiète pas… » Souffla-t-elle en s’écartant légèrement pour pouvoir plonger son regard dans le mien.
Elle souriait, et son regard avait retrouvé toute sa luminosité. Pourtant, l’espace d’un instant, j’y vis une lueur de doute et de culpabilité, mais elle disparut si vite que je crus l’avoir rêvée. Et puis pourquoi se sentirait-elle coupable ? Ce n’était pas comme si être amants était répréhensible. Nous étions tout les deux célibataires, et rien ni personne ne nous empêchait de laisser libre court à nos sentiments, si ce n’était nous-mêmes. En souriant, je me penchais vers elle et m’emparait avidement de ses lèvres qu’elle m’abandonna volontier, entourant mon cou de ses bras. Ce furent les rires étouffés d’Elora qui nous tira à nouveau de notre échange passionné, et nous tournant vers l’entrée de la cuisine, nous découvrîmes la fillette qui nous observait avec malice, ses mains sur sa bouche pour étouffer ses rires nerveux.
« Qu’y a-t-il Elora ? » s’enquit Teresa d’une voix douce sans pour autant quitter l’étreinte de mes bras.
Les yeux pétillants de malice, elle écrivit quelque chose sur son carnet avant de nous le tendre et de repartir en courant dans les escaliers, riant à gorge déployée.
« Qu’a-t-elle écrit ? » demandais-je à Teresa avant de m’approcher d’elle pour lire par-dessus son épaule.
« Les baisers c’est beurk ! » déchiffrais-je avant d’éclater de rire imité par Teresa qui s’appuya contre mon torse en riant si fort qu’elle se tenait les côtes.
« Elle ne dira plus ça dans quelques années ! » souffla-t-elle en tentant de reprendre sa respiration.
« Je ne suis pas pressé d’en arriver là ! » lançais-je sans réfléchir.
Je sentis Teresa se raidir entre mes bras, et surpris par son brusque changement d’humeur, je baissais les yeux, et ce que je lus dans son regard me brisa le cœur. Elle paraissait si triste en cet instant que je me sentis impuissant face à son chagrin. J’avais encore perdu une occasion de me taire. J’avais oublié qu’Elora n’était pas notre fille, et qu’à moins d’un miracle, nous ne la verrions pas grandir et se transformer en adolescente. Nous ne serions pas là lors de son premier rendez-vous, et c’était ce qui rendait Teresa si malheureuse. Tout ce que je pouvais faire, c’était la serrer dans mes bras pour la consoler, lui montrer que j’étais là pour elle et que non seulement, je comprenais sa souffrance, mais que je la partageais, la ressentait avec la même acuité.
Mais je ne rencontrais qu’une place vide. Encore tiède, mais désespérément vide. Me redressant d’un bond, les yeux à présent grands ouverts, je scrutais la pièce dans laquelle la lumière matinale entrait à flot, mais ne détectais aucunes traces de Teresa. Où était-elle passée ? Je n’avais pourtant pas rêvé la nuit dernière ! Peut-être qu’Elora s’était réveillée et que Teresa était descendue pour lui préparer son petit déjeuner. J’espérais vraiment que c’était ça, parce que je me refusais à envisager tout autre scénario. Je ne voulais même pas y penser tant cela m’était odieux. Me rassurant en songeant que c’était Teresa qui avait fait le premier pas la nuit dernière, je m’empressais d’enfiler mon pantalon ainsi que ma chemise que dans ma précipitation je ne prenais pas le temps de boutonner. Mu par un sentiment d’urgence, je me précipitais dans les escaliers afin de retrouver Teresa. Un bruit en provenance de la cuisine attira mon attention, et je m’y dirigeais le cœur battant.
Je m’immobilisais sur le pas de la porte, scrutant Teresa qui me tournait le dos. Elle préparait le petit déjeuner, ce qui aurait dû me rassurer, mais plus je l’observais, plus je sentais que quelque chose n’allait pas. Elle agissait de façon mécanique, semblant à des milliers de miles des gestes domestiques qu’elle accomplissait, et mes inquiétudes revinrent au galop. Doucement, peu désireux de l’effrayer et de me retrouver à voler à travers la pièce, je m’approchais d’elle et dans des gestes délicats, l’entourait de mes bras avant de l’attirer contre moi. Mon souffle se bloqua dans ma gorge lorsque je la sentis se raidir, mais cela ne dura qu’une fraction de seconde, et elle se détendit brusquement, réalisant que ce n’était que moi. Recommençant à respirer, je déposais un baiser dans son cou avant de profiter de ce qu’elle tournait la tête pour l’embrasser comme j’en avais eu envie ce matin en me réveillant. A mon plus grand soulagement et plaisir, elle me rendit mon baiser avec fougue, se retournant dans mes bras pour passer les siens autour de mon cou.
Alors que notre baiser s’intensifiait, cette sensation que quelque chose ne tournait pas rond se propagea de nouveau en moi, et je remarquais que Teresa se pressait contre moi, m’embrassait comme si c’était la dernière fois, avec l’énergie du désespoir. Qu’est-ce qui l’avait mise dans un tel état ? Que s’était-il passé entre maintenant et son réveil pour qu’elle agisse ainsi ? Je tentais de m’écarter pour lui demander ce qui la perturbait, mais elle resserra l’emprise de ses bras autour de ma nuque et intensifia un peu plus notre baiser, me faisant perdre le fil de mes pensées. Comment prouvais-je réfléchir alors qu’elle se pressait ainsi contre moi, et les gémissements qui s’échappaient de ses lèvres délectables que je dévorais consciencieusement ne m’aidaient pas à garder la tête froide. Incapable de me contenir plus longtemps, j’oubliais tout ce qui n’était pas elle, et d’un mouvement fluide et assuré, je la pressais contre le réfrigérateur, me pressant avec envie contre elle.
Je n’avais plus qu’une seule envie, reprendre là où la fatigue nous avait interrompus cette nuit, et visiblement, Teresa était du même avis si j’en croyais ses mouvements plus que suggestifs contre moi. Passant mes bras sous ses cuisses, je la soulevais comme si elle n’avait pas pesé plus lourd qu’une plume, et je commençais à me diriger au jugé vers les escaliers, lorsque des bruits étouffés me tirèrent de ma bulle de passion. M’écartant légèrement de Teresa, je tournais la tête vers l’étage, et soupirais en comprenant que les filles étaient réveillées et qu’elles n’allaient pas tarder à débarquer pour réclamer leur petit déjeuner. Poussant un soupir à fendre l’âme, je rebroussais chemin sans pour autant lâcher Teresa qui tout aussi déçue que moi, avait posé sa tête sur mon épaule, et gardait un silence préoccupant. Et à nouveau, alors que mon désir d’elle s’amenuisait, laissant la place à mes interrogations, je recommençais à m’inquiéter.
Délicatement, elle se laissa glisser le long de mon corps, me faisant déglutir, et je tentais de croiser son regard, mais elle garda obstinément les yeux baissés et se détournant rapidement, recommença à préparer le petit déjeuner. Je m’apprêtais à la questionner sur les raisons de son étrange comportement lorsque deux petites tornades se ruèrent dans la pièce, remuant les mains dans tout les sens pour réclamer leur petit déjeuner. En soupirant, je me résignais à devoir remettre à plus tard l’heure des explications, et après avoir embrassé tendrement les deux fillettes, je quittais la cuisine, non sans lancer un dernier regard en direction de Teresa qui continuait consciencieusement d’éviter mon regard. Une boule d’inquiétude coincée dans la gorge, je me dirigeais machinalement vers le salon et me laissais lourdement tomber sur le canapé. Avais-je dit ou fait quelque chose qui l’avait contrariée ? Non, si ça avait été le cas, elle n’aurait pas laissé les choses aller aussi loin tout à l’heure. Et puis elle ne paraissait pas en colère, juste préoccupée et inquiète.
Avait-elle reçu de mauvaises nouvelles ? C’était sûrement le cas. Le tout était de savoir ce qu’il en était réellement. Perplexe, et légèrement agacé de ne pas savoir le fin mot de l’histoire, je laissais mon regard se promener dans la pièce, et arquais un sourcil en voyant que les photos de Teresa avaient été déplacées. Elles avaient été négligemment repoussées sur le côté du meuble, comme si une personne avait placé un cadre au milieu, mais l’espace libéré était vide. Étrange. Et encore plus que Teresa n’ait pas remis ces photos à leurs places. Les filles avaient-elles joués avec les photos ? Mais quand ? Je n’avais pas souvenir qu’elles aient joué ici la nuit dernière, et ce matin elles étaient venues directement dans la cuisine. Alors qui avait bougés ces clichés ? Je ne savais pas pourquoi, mais je commençais à croire que cet espace vide et le comportement inhabituel de Teresa étaient liés. Je devais juste attendre qu’elle se décide à me parler.
Avec un mauvais pressentiment au creux du ventre, je me relevais et regagnais la chambre afin de prendre ma douche et de m’habiller. L’eau chaude ne parvint pas à me détendre, et je ne cessais de m’interroger sur ce qui aurait pu mettre Teresa dans cet état, mais je ne parvenais à rien de bien concluant. C’était à elle de me le dire. Enfilant un jean et une chemise blanche, je quittais la chambre de Lisbon, souriant en passant devant le lit défait, témoin silencieux de la nuit mouvementée que nous avions partagée, et descendais les escaliers. Des éclats de rire m’accueillirent, et je fus presque surpris d’entendre le rire de Teresa. Peut-être m’étais-je inquiété pour rien songeais-je en pénétrant dans la pièce et en la découvrant installée à table près de Molly, riant et discutant gaiement avec elle. A mon entrée dans la pièce, Elora se précipita vers moi pour me faire un câlin avant de repartir tout aussi rapidement à sa place, pressée de finir son petit déjeuner.
Saluant la joyeuse tablée, je m’installais près de Teresa, et cherchais son regard. Et cette fois, elle ne se déroba pas. Au contraire, elle plongea dans le mien, et même si elle parut troublée, elle me sourit tendrement avant de spontanément se pencher vers moi pour m’embrasser sensuellement. Ce furent les gloussements de deux petites coquines qui nous obligèrent à nous séparer, et en me redressant, je constatais que Teresa souriait, amusée par les facéties des deux fillettes. Même si elle semblait de nouveau égale à elle-même, je me fis la promesse de lui demander ce qui la perturbait tant ce matin. Finalement, c’était peut-être quelque chose que j’avais dit ou fait cette nuit qui l’avait mise dans cet état. Rien à voir avec les photos déplacées. Avalant machinalement mon déjeuner, je me repassais en boucle les événements de la nuit, et soudain, je me figeais en songeant à ce moment où mes pensées s’étaient envolées vers Angela.
Je n’étais qu’un idiot. J’avais laissé ma culpabilité m’envahir, et les larmes que j’avais vu dans le regard de Teresa à cet instant m’avait démontrées mieux que des mots qu’elle avait eu conscience d’où mon esprit s’était égaré. Et même si j’avais vite repris le dessus et que j’avais refusé de laisser le passé m’empêcher d’avancer et de faire l’amour à la femme que j’aimais, je savais qu’une fois le désir refoulé et l’euphorie du moment passé, Teresa devait se poser des questions. Tout ce que j’espérais, c’est qu’elle n’en avait pas conclut que ce qui s’était passé n’avait été qu’un moment de faiblesse, une erreur à ne plus reproduire. Parce que ce n’était pas le cas. Les baisers et les caresses que nous avions échangés ce matin me laissaient à penser que ce n’était pas le cas, mais son étrange comportement me démontrait le contraire. Que devait-elle penser ? S’attendait-elle à ce que je ne lui dise que ce n’était qu’une aventure d’une nuit ? Il fallait vraiment que nous discutions et le plus vite possible. Je ne voulais pas courir le risque de la perdre alors que tout allait bien entre nous.
« Allez-les filles, au bain ! » clama soudain Molly avec entrain en entraînant les filles à sa suite.
Timing impeccable, à croire qu’elle avait senti que j’avais besoin d’être seul avec Teresa. Finissant distraitement mon assiette, j’attendis d’entendre le bruit des pas des filles au-dessus de ma tête avant de me tourner vers Teresa. Mais sa place était vide, et je vis qu’elle s’activait à débarrasser la table. Longuement, je la regardais faire et constatais qu’elle paraissait de nouveau préoccupée, comme si la bonne humeur et la sérénité qu’elle affichait tout à l’heure n’avaient été qu’un masque. Mes capacités de mentaliste ne m’étaient d’aucune aide en cet instant précis, et je n’aimais pas ça. Alors qu’elle s’apprêtait à faire la vaisselle, je décidais de l’interrompre, ne voulant pas que Molly et les filles reviennent avant que Teresa et moi ayons pu discuter.
« Teresa ? » l’appelais-je en venant me poster derrière elle.
Elle sursauta légèrement au son de ma voix, et le bol qu’elle tenait lui échappa des mains et retomba dans l’eau mousseuse en l’éclaboussant légèrement. Avec un soupir agacé, elle attrapa un torchon et commença à s’essuyer avant de se tourner vers moi, m’interrogeant du regard.
« Tout vas bien ? » m’enquis-je en la scrutant attentivement.
« Oui, ne t’inquiètes pas, c’est juste que… » Soupira-t-elle en se mordillant nerveusement la lèvre inférieure et en jouant distraitement avec son bracelet pour se donner une contenance.
« Je voudrais m’excuser » lançais-je soudain en la voyant s’empêtrer dans ses explications.
« De quoi ? » s’étonna-t-elle en relevant la tête vers moi.
« Pour t’avoir donné l’impression que tu devais t’inquiéter d’Angela. » déclarais-je en scrutant sa réaction.
Ses grands yeux s’écarquillèrent légèrement, et recula légèrement comme si je l’avais frappée. Elle ne s’était visiblement pas attendue à ce que j’aborde si franchement le sujet. Son regard se troubla, et je sus que j’avais vu juste. Ma réaction de la nuit dernière l’avait amené à douter de mes sentiments pour elle et de l’issue de cette nuit.
« Angela est morte, et même si elle tiendra toujours une place spéciale dans mon cœur, je sais qu’elle n’aurait pas voulu que je gâche ma vie à courir après RedJohn. Vous vous seriez bien entendues c’est certain. Mais elle est mon passé, et tu es mon présent, mon futur. Et si j’en doutais encore, ce qui s’est passé entre nous ces derniers jours m’a montré ce à côté de quoi j’étais passé durant toutes ces années à faire l’autruche, alors je ne compte pas faire marche arrière, et ce qui s’est passé cette nuit est la meilleure chose qui pouvait m’arriver, n’en doute jamais » déclarais-je d’une traite de peur qu’elle ne me coupe dans mon élan.
Un long silence suivit ma tirade, et j’attendais que Teresa réagisse, qu’elle dise quelque chose, n’importe quoi, mais elle restait là à m’observer. Sentant l’inquiétude m’envahir, je me dandinais légèrement, mal à l’aise sous la fixité de son regard. Je me sentais plus vulnérable que jamais après m’être ainsi livré, mais je savais que ça en valait la peine. Du moins l’espérais-je. Mais Teresa restait sans réaction face à moi, et je commençais à craindre qu’elle ne veuille plus de moi.
« Teresa, je… » Commençais-je, bien décider à plaider ma cause et à avoir gain de cause.
Mais avant que je ne puisse me lancer dans un autre monologue, elle battit des cils, semblant reprendre pieds dans la réalité, et elle se jeta à mon cou, enfouissant son visage contre mon torse. Surpris, je restais une fraction de secondes les bras ballants avant de me ressaisir et de refermer mes bras autour d’elle, la pressant fermement contre moi. Elle tremblait légèrement, et je resserrais mon emprise autour de son corps jusqu’à ce qu’elle se calme. J’étais déstabilisé. Je n’étais pas habitué à me trouver confronter à une Lisbon aussi émotive, et je me surprenais à aimer ça. J’aimais l’idée que d’avoir réussi à pulvériser sa carapace et qu’elle ne ressente plus le besoin de me cacher ses émotions. Un sentiment de fierté et de possessivité m’envahit, et je la serrais si fort contre moi qu’elle gémit légèrement, se tortillant pour que je la libère, ce que je faisais à regret, ne voulant pas qu’elle s’éloigne de moi.
« Chut… je sais…. Ne t’inquiète pas… » Souffla-t-elle en s’écartant légèrement pour pouvoir plonger son regard dans le mien.
Elle souriait, et son regard avait retrouvé toute sa luminosité. Pourtant, l’espace d’un instant, j’y vis une lueur de doute et de culpabilité, mais elle disparut si vite que je crus l’avoir rêvée. Et puis pourquoi se sentirait-elle coupable ? Ce n’était pas comme si être amants était répréhensible. Nous étions tout les deux célibataires, et rien ni personne ne nous empêchait de laisser libre court à nos sentiments, si ce n’était nous-mêmes. En souriant, je me penchais vers elle et m’emparait avidement de ses lèvres qu’elle m’abandonna volontier, entourant mon cou de ses bras. Ce furent les rires étouffés d’Elora qui nous tira à nouveau de notre échange passionné, et nous tournant vers l’entrée de la cuisine, nous découvrîmes la fillette qui nous observait avec malice, ses mains sur sa bouche pour étouffer ses rires nerveux.
« Qu’y a-t-il Elora ? » s’enquit Teresa d’une voix douce sans pour autant quitter l’étreinte de mes bras.
Les yeux pétillants de malice, elle écrivit quelque chose sur son carnet avant de nous le tendre et de repartir en courant dans les escaliers, riant à gorge déployée.
« Qu’a-t-elle écrit ? » demandais-je à Teresa avant de m’approcher d’elle pour lire par-dessus son épaule.
« Les baisers c’est beurk ! » déchiffrais-je avant d’éclater de rire imité par Teresa qui s’appuya contre mon torse en riant si fort qu’elle se tenait les côtes.
« Elle ne dira plus ça dans quelques années ! » souffla-t-elle en tentant de reprendre sa respiration.
« Je ne suis pas pressé d’en arriver là ! » lançais-je sans réfléchir.
Je sentis Teresa se raidir entre mes bras, et surpris par son brusque changement d’humeur, je baissais les yeux, et ce que je lus dans son regard me brisa le cœur. Elle paraissait si triste en cet instant que je me sentis impuissant face à son chagrin. J’avais encore perdu une occasion de me taire. J’avais oublié qu’Elora n’était pas notre fille, et qu’à moins d’un miracle, nous ne la verrions pas grandir et se transformer en adolescente. Nous ne serions pas là lors de son premier rendez-vous, et c’était ce qui rendait Teresa si malheureuse. Tout ce que je pouvais faire, c’était la serrer dans mes bras pour la consoler, lui montrer que j’étais là pour elle et que non seulement, je comprenais sa souffrance, mais que je la partageais, la ressentait avec la même acuité.
Chapitre 27
Dernière édition par iliana le Mer 28 Sep 2011 - 21:16, édité 1 fois
iliana- Distributeur de café
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
A la fin de chacun de tes chapitres il me faut un moment pour sortir du texte
Difficile de ne pas faire dans le redondant pour les commentaires tant la qualité est toujours au rendez-vous
C'est incroyable cette façon que tu as de nous immerger dans les pensées des persos, en l'occurrence celles de Jane
Difficile de ne pas faire dans le redondant pour les commentaires tant la qualité est toujours au rendez-vous
C'est incroyable cette façon que tu as de nous immerger dans les pensées des persos, en l'occurrence celles de Jane
Johel- In Jane we trust
- Personnage préféré : Jane et Cho
Loisirs : Lecture, ciné, jeux vidéo et suuuurf !
Localisation : près de l'océan
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Un magnifique chapitre !
Il me tardait la réaction de Jane, mais je vois que Lisbon n'est pas prête de le faire . . .
Lui en voudra-t-il ? Quand le découvrira-t-il ?
Un nouveau chapitre et un million de questions en plus, mais quel beau chapitre !
Il me tarde de connaitre la suite !
Alors VLS !!
Il me tardait la réaction de Jane, mais je vois que Lisbon n'est pas prête de le faire . . .
Lui en voudra-t-il ? Quand le découvrira-t-il ?
Un nouveau chapitre et un million de questions en plus, mais quel beau chapitre !
Il me tarde de connaitre la suite !
Alors VLS !!
MadMouse- Livreur de Pizza
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Johel a écrit:A la fin de chacun de tes chapitres il me faut un moment pour sortir du texte
Difficile de ne pas faire dans le redondant pour les commentaires tant la qualité est toujours au rendez-vous
C'est incroyable cette façon que tu as de nous immerger dans les pensées des persos, en l'occurrence celles de Jane
Que dire de plus ?? Un grand bravo à toi pour la qualité de ce que tu écrit et un grand merci surtout ! C'est toujours un bonheur de voir que t'as posté !
Cdt63- Gardien du parking
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Merci à celles qui prennent le temps de commenter, ça fait toujours plaisir...
Encore une fois, merci à Karya pour le temps précieux qu'elle m'accorde
Bonne lecture
Chapitre 27 :
Chapitre 28
Encore une fois, merci à Karya pour le temps précieux qu'elle m'accorde
Bonne lecture
Chapitre 27 :
Je ne lui avais rien dit. Je ne pouvais pas lui en parler. Je ne me sentais pas la force de le faire souffrir, d’être l’oiseau de mauvais augure qui briserait le fragile équilibre que sa vie connaissait en cet instant. Je m’y refusais même si chaque fibre de mon être me criait que c’était une erreur, qu’il ne me pardonnerait pas de lui avoir dissimulé une telle chose, qu’il se sentirait probablement trahi. Je refusais d’être celle qui briserait la bulle de bonheur dans laquelle il évoluait. J’avais donc profité de ce qu’il était monté se doucher et alors que Molly surveillait les filles, j’étais sortie et avait caché le cadre dans mon coffre de voiture. Je l’apporterais à la scientifique pour voir ce qu’ils pourraient en tirer. Cette photo ne saurait que le faire souffrir et rouvrir des cicatrices qu’il s’évertuait à fermer. Si j’en avais les moyens, j’empêcherais RedJohn de le faire souffrir, et peut m’importait qu’il m’en veuille.
Patrick avait bien assez souffert comme ça, inutile d’en rajouter une couche. De retour dans la cuisine, je m’installais à table, heureuse que Patrick ne soit pas redescendu et me mettais tout naturellement à rire et plaisanter avec Molly, soulagée d’un poids maintenant que cette photo n’était plus dans la maison à porter de l’esprit fouineur de Patrick. Je riais donc gaiement lorsqu’il revenait, et je me sentais même suffisamment en confiance pour ne pas fuir son regard, ce qui sembla le soulager, et je compris qu’il devait avoir mal interprété mon éloignement. J’allais avoir du mal à m’expliquer à ce sujet sans lui révéler la vérité. Je sursautais en entendant Molly sortir avec les filles, et pour gagner du temps, je m’empressais de débarrasser la table, sentant le regard de Patrick suivre chacun de mes mouvements. Un silence épais s’installa entre nous, et je ne faisais rien pour le briser, bien au contraire.
Je commençais la vaisselle lorsque je sentis la présence de Patrick derrière moi. Le son de sa voix me fit sursauter, et je laissais échapper le bol que je tenais, m’éclaboussant par la même occasion. Refusant de croiser le regard inquisiteur de Patrick, je me séchais sommairement avant qu’il ne m’oblige à lui faire face. Prenant une profonde inspiration, j’attendais qu’il m’interroge sur mon comportement, voir même qu’il se fâche, mais au lieu de ça, il s’excusa. Je m’attendais si peu à ça que j’écarquillais les yeux, le fixant d’un air ébahi. Il continua en m’affirmant que sa défunte femme n’était pas un obstacle entre nous. Le cœur battant, je l’écoutais me faire la plus belle des déclarations. Et à nouveau, je ressentis le besoin de le protéger de RedJohn. Patrick avait fait tant de progrès en quelques jours, que je refusais que les manigances de ce monstre ne le pousse de nouveau dans ses retranchements et qu’il retombe dans ses penchants morbides et destructeurs.
J’entendis Patrick m’appeler, et je compris qu’il attendait une réaction de ma part. Ne faisant pas confiance à ma voix, je ne trouvais rien de mieux que de me jeter à son cou, me pelotonnant contre lui. Avec satisfaction, je sentis ses bras se refermer autour de moi me serrant si fort contre lui que je finissais par avoir du mal à respirer. Non, je ne lui dirais pas, je n’en avais simplement pas le droit. J’allais m’occuper de Red John, et avec un peu de chance, Patrick n’entendrait jamais parler de cette photo et surtout, il ne saurait pas que nous étions passés à deux doigts de la mort. Avec un gémissement, je me laissais aller dans son étreinte alors que nous échangions un baiser renversant, un de ceux qui vous donnait l’impression que le monde tournait à l’envers, comme si brusquement, les lois de la gravité n’avaient plus lieu et que tout autour de vous devenait immatériel. Et alors que j’oubliais jusqu’à mon nom, les rires d’Elora nous rappelèrent une fois encore à l’ordre, et nous nous séparâmes suffisamment pour pouvoir observer la fillette qui se tenait sur le seuil de la porte, riant incontrôlablement. Avec amusement, je l’observais écrire quelque chose sur son ardoise magique qu’elle emmenait partout à présent, et riais aux éclats en déchiffrant ce qu’elle avait noté, la regardant s’enfuir à toutes jambes, ses rires s’entendant alors même qu’elle avait atteint l’étage.
« Elle ne dira plus ça dans quelques années ! » soufflais-je en tentant de reprendre ma respiration.
« Je ne suis pas pressé d’en arriver là ! » répliqua Patrick en secouant la tête d’amusement.
Instantanément, je me figeais, le cœur au bord des lèvres. Cette simple phrase parlait à la fois d’avenir et de passé. Sans Red John, Patrick serait déjà en train d’apprendre à composer avec une jeune fille en pleine crise d’adolescence. Au lieu de ça, il ne pouvait qu’imaginer ce que cela aurait été de voir Charlotte grandir et se transformer en femme. Quant à Elora, là encore il ne pouvait qu’imaginer, ayant tout deux parfaitement conscience qu’il y avait de fortes chances pour que nous ne fassions plus partie de sa vie lorsqu’elle en arriverait à ce stade de son existence. Me raidissant un peu plus, l’image des deux fillettes se superposa dans ma tête, se substituant rapidement à l’image d’une Charlotte adolescente dont je n’avais plus aucune difficulté à imaginer les traits, aux côtés d’Elora, toutes deux affichant le même sourire étincelant. Voilà ce que, dans un monde parfait, l’image aurait dû être, mais ce n’était pas le cas, ce ne serait jamais le cas. Et plus que jamais en cet instant, je comprenais et partageais la haine que Patrick éprouvait envers Red John, la faisant mienne.
La sonnerie de mon portable me tira de mes pensées, et je quittais les bras de Patrick qui me tenait toujours fermement contre lui comme s’il avait craint de me voir disparaître et je m’en emparais, écoutant attentivement mon interlocuteur. Avec un soupir et un froncement de sourcils, je réfléchissais rapidement à la meilleure option.
« Que se passe-t-il ? » me demanda Patrick en fronçant les sourcils face à mon silence prolongé.
« Les résultats d’analyse sont arrivés au bureau » expliquais-je avec réticence.
« Bien, alors allons-y ! » s’exclama Patrick ne comprenant pas pourquoi j’hésitais ainsi.
« Moi j’y vais. Molly et toi devez emmener les filles pour qu’elles racontent ce que Caldwell leur a fait » soupirais-je sachant que ça n’allait pas plaire à Patrick.
« Mais… » protesta-t-il en se crispant.
« Je sais, et je te dirais tout ce que l’équipe m’apprendra, mais Elora ne voudra jamais raconter ce qui s’est passé hier si l’un de nous n’est pas avec elle. Elle ne se sentira pas suffisamment en confiance pour ça… » insistais-je en priant pour qu’il se range à mes arguments.
« Je sais que tu as raison, mais je n’aime pas ça » gronda-t-il en secouant la tête de mécontentement.
« Je sais, moi non plus, mais nous n’avons pas le choix. Le bien-être d’Elora doit passer avant le reste » soupirais-je en baissant les yeux pour qu’il ne voie pas la culpabilité qui m’envahissait de nouveau.
« Excuses-moi, ce n’est pas juste envers toi, mais je n’aime pas être tenu à l’écart, pas quand on en vient à Red John » souffla-t-il en attrapant ma main, la serrant doucement dans la sienne.
Lui qui avait voulu me réconforter, c’était raté. Ses paroles n’avaient fait que me rappeler ce que je lui dissimulais, et de nouveau, le doute s’insinua en moi. Je savais que pour le moment, c’était la meilleure chose à faire, que cette photo ne ferait que le faire inutilement souffrir, mais d’un autre côté, je savais que lorsqu’il l’apprendrait, il ne verrait pas les choses de ce point de vue, du moins pas immédiatement, et qu’il ne me pardonnerait pas ce qu’il verrait comme une trahison. Lui parler maintenant serait la solution de facilité. Il serait fâché, mais pas contre moi, contre RedJohn. En lui dissimulant, il reporterait sa colère contre moi, ce qui aussi bizarre que cela puisse paraître serait plus sein pour lui. Je savais que je jouais avec le feu et que je risquais de le perdre dans la manœuvre, mais si ça signifiait le garder loin des ennuis et l’empêcher de se lancer à corps perdu dans sa quête de vengeance, je l’acceptais. Je pouvais vivre avec l’idée qu’il me haïssait, je ne le pourrais pas en sachant qu’il lui était arrivé quelque chose alors que j’aurais pu l’éviter.
« Veux-tu que je te rejoignes lorsque les filles auront fini leur déposition ? » s’enquit-il d’une voix contrite.
Le ton de sa voix m’indiqua que malgré mes efforts, il avait perçu mon sentiment de culpabilité, et qu’il devait s’imaginer que c’était à cause de sa réaction en apprenant qu’il ne serait pas là pour connaître les résultats d’analyse. J’aurais dû le détromper, mais je ne le faisais pas, sachant qu’il voudrait en connaître les raisons et que je ne pouvais pas les lui donner. Je détestais lui mentir, mais parfois la vie vous imposait des choix douloureux, que vous soyez d’accord avec ou pas.
« Non. Je préférerais que tu reviennes ici, et surtout veilles à ce que Molly et Cameron restent ici. Même si Caldwell est en prison, nous ignorons toujours s’il a eu le temps de prévenir RedJohn, et s’il l’a fait, alors Cameron est tout autant en danger qu’Elora » répliquais-je en frissonnant en songeant à ce qui aurait pu arriver cette nuit.
« Bon sang ! Ne serons nous donc jamais en paix ! » cracha Patrick, me faisant grimacer.
Je savais ce qu’il ressentait parce que j’éprouvais la même chose, et je me sentais tellement impuissante que ça commençais à me rendre dingue. Je ne supportais plus que RedJohn ait un tel pouvoir sur nous, qu’il puisse s’immiscer dans nos existences chaque fois qu’il lui en prenait l’envie. Et je me fis la promesse de réussir à l’empêcher de nuire une bonne fois pour toutes, même si c’était la dernière chose que je faisais sur cette Terre.
« Nous trouverons le moyen d’arrêter la folie meurtrière de Red John Patrick, je te le promets » déclarais-je en mettant toute la certitude dont j’étais capable dans ma voix.
Patrick plongea son regard dans le mien, et une conversation silencieuse s’engagea entre nous. Nos doutes, nos espoirs, nos craintes, nos certitudes, nos forces et nos faiblesses. Tous nos sentiments étaient mis à nus, partagés et compris par l’autre, et je sus alors que Patrick se détendait et me souriait, que je réussirais. Parce que l’échec n’était pas une option. Pas quand cela signifiait laisser Red John emporter cette partie d’échec qu’il avait commencé bien des années plus tôt. Il était temps que la partie se termine, et le cavalier noir ne l’emporterait pas. C’était une promesse que je faisais, non seulement à moi-même, mais également à Patrick et à Elora.
« Quand devons-nous être au CBI ? » s’enquit Patrick en m’attirant vers lui.
« Aussi rapidement que possible. Van Pelt ne m’a pas vraiment dit ce qu’il en était, mais au son de sa voix, j’en ais déduit que c’était important » déclarais-je en posant ma tête contre sa poitrine, écoutant les battements réguliers de son cœur.
« Ok. Je vais aller prévenir Molly et les filles » approuva-t-il avant de déposer un baiser sur mon front et de s’éloigner.
Songeuse, je l’observais grimper les escaliers d’une démarche raidie par l’inquiétude. Je savais qu’il devait se faire violence en cet instant pour ne pas laisser éclater sa frustration, mais c’était mieux comme ça. Je voulais avoir le temps de lire le dossier avant de lui en faire part. Je ne lui cacherait rien de ce que mon équipe m’apprendrait, mais je voulais être la mieux préparée possible pour faire face aux différentes possibilités qui s’ouvriraient à nous une fois ces analyses entre nos mains, et je ne voulais pas que Patrick laisse son impétuosité naturelle prendre le pas sur la réflexion et le conduire tout droit dans un piège. Je continuais de penser que toutes les erreurs commises par Red John après le meurtre de la famille Jackson était un piège, dont cette photo n’était qu’une des pièces. Hors de question que je le laisse manipuler Patrick. Profitant de ce que j’étais seule, je m’emparais de mon cellulaire.
« Agent Powell » entendis-je à l’autre bout du fil après seulement deux sonneries.
« Ici l’agent Lisbon, j’aurais besoin d’analyses de toutes urgences » déclarais-je les yeux rivés sur les escaliers afin de m’assurer que Patrick n’entendrait pas cette conversation.
« De quel ordre agent Lisbon ? » s’enquit le technicien.
« Recherches d’empruntes et d’ADN ainsi que de tout ce qui pourrait révéler la provenance géographique de l’objet » expliquais-je d’un ton ferme.
« Est-ce urgent ? » voulut-il savoir alors que j’entendais le cliquetis d’un clavier, signe qu’il était entrain d’entrer ma requête dans les fichiers.
« C’est même prioritaire. Cela concerne l’enquête sur Red john » affirmais-je d’un ton autoritaire.
« Compris agent Lisbon. Je m’occuperais personnellement de l’objet dès qu’il nous sera livré » m’assura-t-il en comprenant l’importance de la tâche.
« Je vous l’apporterais moi-même » déclarais-je avant de le saluer et de raccrocher en entendant des pas approcher.
Je poussais un soupir de soulagement en voyant Patrick redescendre en compagnie d’Elora qui ne put contenir un sourire amusé en m’apercevant, et je me demandais combien de temps ça allait lui prendre pour ne plus exploser de rire chaque fois qu’elle nous verrait ensemble Patrick et moi. Mais en même temps, la voir aussi gaie et malicieuse me faisait tellement plaisir que j’acceptais volontiers d’être l’objet de ses taquineries.
« Avec qui discutais-tu ? » s’enquit Patrick en me voyant ranger mon téléphone.
« Je voulais demander à Cho comment s’était passé l’interrogatoire de Caldwell, mais finalement je lui poserais la question en arrivant au CBI » répondis-je sans hésitation, avant de m’enquérir « On peut y aller ? »
« Oui. Molly finit de préparer Cameron et nous y allons » approuva-t-il en surveillant Elora qui était sortie jouer devant la maison.
« Ok » répondis-je distraitement, regardant moi aussi Elora s’amuser dehors.
« Il faudrait lui installer une balançoire tu ne penses pas ? » s’enquit Patrick en m’interrogeant du regard.
« L’arbre derrière la maison serait parfait pour ça » acquiesçais-je en souriant.
« En revenant tout à l’heure, je m’arrêterais pour en acheter une et je l’installerais pendant que les filles mangeront » s’exclama-t-il avec enthousiasme.
« Tu pourrais également prendre une de ces petites cabanes de jardin… Les filles vont rester un moment ici, autant qu’elles aient de quoi s’amuser durant ce temps… » réfléchis-je en me demandant si ce n’était pas un peu trop.
« Je sais qu’Elora est censée repartir dès que l’enquête sera bouclée, mais en attendant je veux qu’elle se sente comme chez elle ici, et c’est ce que je ferais pour ma fille » lança Patrick le regard teinté de nostalgie.
Je savais qu’à cet instant précis, ce n’était pas Elora qu’il voyait s’amuser, c’était Charlotte, et à nouveau je sentis mon cœur se serrer devant la douleur de son regard. Je savais que c’était une blessure dont il ne guérirait jamais totalement, mais je pouvais faire en sorte que cela ne l’empêche pas de se construire une nouvelle famille, et si je pouvais en faire partie, ce serait encore mieux. Mais chaque chose en son temps. D’abord, il me fallait découvrir la véritable identité de Red John et mettre un terme à ses agissements une bonne fois pour toute, et de préférence avant qu’il ne récidive. Il avait détruit assez de vies comme ça…
Patrick avait bien assez souffert comme ça, inutile d’en rajouter une couche. De retour dans la cuisine, je m’installais à table, heureuse que Patrick ne soit pas redescendu et me mettais tout naturellement à rire et plaisanter avec Molly, soulagée d’un poids maintenant que cette photo n’était plus dans la maison à porter de l’esprit fouineur de Patrick. Je riais donc gaiement lorsqu’il revenait, et je me sentais même suffisamment en confiance pour ne pas fuir son regard, ce qui sembla le soulager, et je compris qu’il devait avoir mal interprété mon éloignement. J’allais avoir du mal à m’expliquer à ce sujet sans lui révéler la vérité. Je sursautais en entendant Molly sortir avec les filles, et pour gagner du temps, je m’empressais de débarrasser la table, sentant le regard de Patrick suivre chacun de mes mouvements. Un silence épais s’installa entre nous, et je ne faisais rien pour le briser, bien au contraire.
Je commençais la vaisselle lorsque je sentis la présence de Patrick derrière moi. Le son de sa voix me fit sursauter, et je laissais échapper le bol que je tenais, m’éclaboussant par la même occasion. Refusant de croiser le regard inquisiteur de Patrick, je me séchais sommairement avant qu’il ne m’oblige à lui faire face. Prenant une profonde inspiration, j’attendais qu’il m’interroge sur mon comportement, voir même qu’il se fâche, mais au lieu de ça, il s’excusa. Je m’attendais si peu à ça que j’écarquillais les yeux, le fixant d’un air ébahi. Il continua en m’affirmant que sa défunte femme n’était pas un obstacle entre nous. Le cœur battant, je l’écoutais me faire la plus belle des déclarations. Et à nouveau, je ressentis le besoin de le protéger de RedJohn. Patrick avait fait tant de progrès en quelques jours, que je refusais que les manigances de ce monstre ne le pousse de nouveau dans ses retranchements et qu’il retombe dans ses penchants morbides et destructeurs.
J’entendis Patrick m’appeler, et je compris qu’il attendait une réaction de ma part. Ne faisant pas confiance à ma voix, je ne trouvais rien de mieux que de me jeter à son cou, me pelotonnant contre lui. Avec satisfaction, je sentis ses bras se refermer autour de moi me serrant si fort contre lui que je finissais par avoir du mal à respirer. Non, je ne lui dirais pas, je n’en avais simplement pas le droit. J’allais m’occuper de Red John, et avec un peu de chance, Patrick n’entendrait jamais parler de cette photo et surtout, il ne saurait pas que nous étions passés à deux doigts de la mort. Avec un gémissement, je me laissais aller dans son étreinte alors que nous échangions un baiser renversant, un de ceux qui vous donnait l’impression que le monde tournait à l’envers, comme si brusquement, les lois de la gravité n’avaient plus lieu et que tout autour de vous devenait immatériel. Et alors que j’oubliais jusqu’à mon nom, les rires d’Elora nous rappelèrent une fois encore à l’ordre, et nous nous séparâmes suffisamment pour pouvoir observer la fillette qui se tenait sur le seuil de la porte, riant incontrôlablement. Avec amusement, je l’observais écrire quelque chose sur son ardoise magique qu’elle emmenait partout à présent, et riais aux éclats en déchiffrant ce qu’elle avait noté, la regardant s’enfuir à toutes jambes, ses rires s’entendant alors même qu’elle avait atteint l’étage.
« Elle ne dira plus ça dans quelques années ! » soufflais-je en tentant de reprendre ma respiration.
« Je ne suis pas pressé d’en arriver là ! » répliqua Patrick en secouant la tête d’amusement.
Instantanément, je me figeais, le cœur au bord des lèvres. Cette simple phrase parlait à la fois d’avenir et de passé. Sans Red John, Patrick serait déjà en train d’apprendre à composer avec une jeune fille en pleine crise d’adolescence. Au lieu de ça, il ne pouvait qu’imaginer ce que cela aurait été de voir Charlotte grandir et se transformer en femme. Quant à Elora, là encore il ne pouvait qu’imaginer, ayant tout deux parfaitement conscience qu’il y avait de fortes chances pour que nous ne fassions plus partie de sa vie lorsqu’elle en arriverait à ce stade de son existence. Me raidissant un peu plus, l’image des deux fillettes se superposa dans ma tête, se substituant rapidement à l’image d’une Charlotte adolescente dont je n’avais plus aucune difficulté à imaginer les traits, aux côtés d’Elora, toutes deux affichant le même sourire étincelant. Voilà ce que, dans un monde parfait, l’image aurait dû être, mais ce n’était pas le cas, ce ne serait jamais le cas. Et plus que jamais en cet instant, je comprenais et partageais la haine que Patrick éprouvait envers Red John, la faisant mienne.
La sonnerie de mon portable me tira de mes pensées, et je quittais les bras de Patrick qui me tenait toujours fermement contre lui comme s’il avait craint de me voir disparaître et je m’en emparais, écoutant attentivement mon interlocuteur. Avec un soupir et un froncement de sourcils, je réfléchissais rapidement à la meilleure option.
« Que se passe-t-il ? » me demanda Patrick en fronçant les sourcils face à mon silence prolongé.
« Les résultats d’analyse sont arrivés au bureau » expliquais-je avec réticence.
« Bien, alors allons-y ! » s’exclama Patrick ne comprenant pas pourquoi j’hésitais ainsi.
« Moi j’y vais. Molly et toi devez emmener les filles pour qu’elles racontent ce que Caldwell leur a fait » soupirais-je sachant que ça n’allait pas plaire à Patrick.
« Mais… » protesta-t-il en se crispant.
« Je sais, et je te dirais tout ce que l’équipe m’apprendra, mais Elora ne voudra jamais raconter ce qui s’est passé hier si l’un de nous n’est pas avec elle. Elle ne se sentira pas suffisamment en confiance pour ça… » insistais-je en priant pour qu’il se range à mes arguments.
« Je sais que tu as raison, mais je n’aime pas ça » gronda-t-il en secouant la tête de mécontentement.
« Je sais, moi non plus, mais nous n’avons pas le choix. Le bien-être d’Elora doit passer avant le reste » soupirais-je en baissant les yeux pour qu’il ne voie pas la culpabilité qui m’envahissait de nouveau.
« Excuses-moi, ce n’est pas juste envers toi, mais je n’aime pas être tenu à l’écart, pas quand on en vient à Red John » souffla-t-il en attrapant ma main, la serrant doucement dans la sienne.
Lui qui avait voulu me réconforter, c’était raté. Ses paroles n’avaient fait que me rappeler ce que je lui dissimulais, et de nouveau, le doute s’insinua en moi. Je savais que pour le moment, c’était la meilleure chose à faire, que cette photo ne ferait que le faire inutilement souffrir, mais d’un autre côté, je savais que lorsqu’il l’apprendrait, il ne verrait pas les choses de ce point de vue, du moins pas immédiatement, et qu’il ne me pardonnerait pas ce qu’il verrait comme une trahison. Lui parler maintenant serait la solution de facilité. Il serait fâché, mais pas contre moi, contre RedJohn. En lui dissimulant, il reporterait sa colère contre moi, ce qui aussi bizarre que cela puisse paraître serait plus sein pour lui. Je savais que je jouais avec le feu et que je risquais de le perdre dans la manœuvre, mais si ça signifiait le garder loin des ennuis et l’empêcher de se lancer à corps perdu dans sa quête de vengeance, je l’acceptais. Je pouvais vivre avec l’idée qu’il me haïssait, je ne le pourrais pas en sachant qu’il lui était arrivé quelque chose alors que j’aurais pu l’éviter.
« Veux-tu que je te rejoignes lorsque les filles auront fini leur déposition ? » s’enquit-il d’une voix contrite.
Le ton de sa voix m’indiqua que malgré mes efforts, il avait perçu mon sentiment de culpabilité, et qu’il devait s’imaginer que c’était à cause de sa réaction en apprenant qu’il ne serait pas là pour connaître les résultats d’analyse. J’aurais dû le détromper, mais je ne le faisais pas, sachant qu’il voudrait en connaître les raisons et que je ne pouvais pas les lui donner. Je détestais lui mentir, mais parfois la vie vous imposait des choix douloureux, que vous soyez d’accord avec ou pas.
« Non. Je préférerais que tu reviennes ici, et surtout veilles à ce que Molly et Cameron restent ici. Même si Caldwell est en prison, nous ignorons toujours s’il a eu le temps de prévenir RedJohn, et s’il l’a fait, alors Cameron est tout autant en danger qu’Elora » répliquais-je en frissonnant en songeant à ce qui aurait pu arriver cette nuit.
« Bon sang ! Ne serons nous donc jamais en paix ! » cracha Patrick, me faisant grimacer.
Je savais ce qu’il ressentait parce que j’éprouvais la même chose, et je me sentais tellement impuissante que ça commençais à me rendre dingue. Je ne supportais plus que RedJohn ait un tel pouvoir sur nous, qu’il puisse s’immiscer dans nos existences chaque fois qu’il lui en prenait l’envie. Et je me fis la promesse de réussir à l’empêcher de nuire une bonne fois pour toutes, même si c’était la dernière chose que je faisais sur cette Terre.
« Nous trouverons le moyen d’arrêter la folie meurtrière de Red John Patrick, je te le promets » déclarais-je en mettant toute la certitude dont j’étais capable dans ma voix.
Patrick plongea son regard dans le mien, et une conversation silencieuse s’engagea entre nous. Nos doutes, nos espoirs, nos craintes, nos certitudes, nos forces et nos faiblesses. Tous nos sentiments étaient mis à nus, partagés et compris par l’autre, et je sus alors que Patrick se détendait et me souriait, que je réussirais. Parce que l’échec n’était pas une option. Pas quand cela signifiait laisser Red John emporter cette partie d’échec qu’il avait commencé bien des années plus tôt. Il était temps que la partie se termine, et le cavalier noir ne l’emporterait pas. C’était une promesse que je faisais, non seulement à moi-même, mais également à Patrick et à Elora.
« Quand devons-nous être au CBI ? » s’enquit Patrick en m’attirant vers lui.
« Aussi rapidement que possible. Van Pelt ne m’a pas vraiment dit ce qu’il en était, mais au son de sa voix, j’en ais déduit que c’était important » déclarais-je en posant ma tête contre sa poitrine, écoutant les battements réguliers de son cœur.
« Ok. Je vais aller prévenir Molly et les filles » approuva-t-il avant de déposer un baiser sur mon front et de s’éloigner.
Songeuse, je l’observais grimper les escaliers d’une démarche raidie par l’inquiétude. Je savais qu’il devait se faire violence en cet instant pour ne pas laisser éclater sa frustration, mais c’était mieux comme ça. Je voulais avoir le temps de lire le dossier avant de lui en faire part. Je ne lui cacherait rien de ce que mon équipe m’apprendrait, mais je voulais être la mieux préparée possible pour faire face aux différentes possibilités qui s’ouvriraient à nous une fois ces analyses entre nos mains, et je ne voulais pas que Patrick laisse son impétuosité naturelle prendre le pas sur la réflexion et le conduire tout droit dans un piège. Je continuais de penser que toutes les erreurs commises par Red John après le meurtre de la famille Jackson était un piège, dont cette photo n’était qu’une des pièces. Hors de question que je le laisse manipuler Patrick. Profitant de ce que j’étais seule, je m’emparais de mon cellulaire.
« Agent Powell » entendis-je à l’autre bout du fil après seulement deux sonneries.
« Ici l’agent Lisbon, j’aurais besoin d’analyses de toutes urgences » déclarais-je les yeux rivés sur les escaliers afin de m’assurer que Patrick n’entendrait pas cette conversation.
« De quel ordre agent Lisbon ? » s’enquit le technicien.
« Recherches d’empruntes et d’ADN ainsi que de tout ce qui pourrait révéler la provenance géographique de l’objet » expliquais-je d’un ton ferme.
« Est-ce urgent ? » voulut-il savoir alors que j’entendais le cliquetis d’un clavier, signe qu’il était entrain d’entrer ma requête dans les fichiers.
« C’est même prioritaire. Cela concerne l’enquête sur Red john » affirmais-je d’un ton autoritaire.
« Compris agent Lisbon. Je m’occuperais personnellement de l’objet dès qu’il nous sera livré » m’assura-t-il en comprenant l’importance de la tâche.
« Je vous l’apporterais moi-même » déclarais-je avant de le saluer et de raccrocher en entendant des pas approcher.
Je poussais un soupir de soulagement en voyant Patrick redescendre en compagnie d’Elora qui ne put contenir un sourire amusé en m’apercevant, et je me demandais combien de temps ça allait lui prendre pour ne plus exploser de rire chaque fois qu’elle nous verrait ensemble Patrick et moi. Mais en même temps, la voir aussi gaie et malicieuse me faisait tellement plaisir que j’acceptais volontiers d’être l’objet de ses taquineries.
« Avec qui discutais-tu ? » s’enquit Patrick en me voyant ranger mon téléphone.
« Je voulais demander à Cho comment s’était passé l’interrogatoire de Caldwell, mais finalement je lui poserais la question en arrivant au CBI » répondis-je sans hésitation, avant de m’enquérir « On peut y aller ? »
« Oui. Molly finit de préparer Cameron et nous y allons » approuva-t-il en surveillant Elora qui était sortie jouer devant la maison.
« Ok » répondis-je distraitement, regardant moi aussi Elora s’amuser dehors.
« Il faudrait lui installer une balançoire tu ne penses pas ? » s’enquit Patrick en m’interrogeant du regard.
« L’arbre derrière la maison serait parfait pour ça » acquiesçais-je en souriant.
« En revenant tout à l’heure, je m’arrêterais pour en acheter une et je l’installerais pendant que les filles mangeront » s’exclama-t-il avec enthousiasme.
« Tu pourrais également prendre une de ces petites cabanes de jardin… Les filles vont rester un moment ici, autant qu’elles aient de quoi s’amuser durant ce temps… » réfléchis-je en me demandant si ce n’était pas un peu trop.
« Je sais qu’Elora est censée repartir dès que l’enquête sera bouclée, mais en attendant je veux qu’elle se sente comme chez elle ici, et c’est ce que je ferais pour ma fille » lança Patrick le regard teinté de nostalgie.
Je savais qu’à cet instant précis, ce n’était pas Elora qu’il voyait s’amuser, c’était Charlotte, et à nouveau je sentis mon cœur se serrer devant la douleur de son regard. Je savais que c’était une blessure dont il ne guérirait jamais totalement, mais je pouvais faire en sorte que cela ne l’empêche pas de se construire une nouvelle famille, et si je pouvais en faire partie, ce serait encore mieux. Mais chaque chose en son temps. D’abord, il me fallait découvrir la véritable identité de Red John et mettre un terme à ses agissements une bonne fois pour toute, et de préférence avant qu’il ne récidive. Il avait détruit assez de vies comme ça…
Chapitre 28
Dernière édition par iliana le Dim 19 Fév 2012 - 13:40, édité 2 fois
iliana- Distributeur de café
- Personnage préféré : Jane
Loisirs : Lire, écouter de la musique, écrire, me balader et regarder les séries TV...
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Quel com peut on laisser après un tel chapitre
Lisbon qui rejoint Jane dans sa haine de RJ, son besoin de l'éliminer
Tu as un style prenant qui m'empêche de quitter ton texte ou de zapper une phrase. Chaque mot est à sa place et a son importance
Maintenant je croise les doigts pour que l'histoire ne se termine pas de façon tragique...mais j'ai du mal à voir une fin heureuse pour Jane...trop de culpabilité, de souffrances
Lisbon qui rejoint Jane dans sa haine de RJ, son besoin de l'éliminer
Nos doutes, nos espoirs, nos craintes, nos certitudes, nos forces et nos faiblesses. Tous nos sentiments étaient mis à nus, partagés et compris par l’autre, et je sus alors que Patrick se détendait et me souriait, que je réussirais. Parce que l’échec n’était pas une option. Pas quand cela signifiait laisser Red John emporter cette partie d’échec qu’il avait commencé bien des années plus tôt. Il était temps que la partie se termine, et le cavalier noir ne l’emporterait pas. C’était une promesse que je faisais, non seulement à moi-même, mais également à Patrick et à Elora.
Tu as un style prenant qui m'empêche de quitter ton texte ou de zapper une phrase. Chaque mot est à sa place et a son importance
Maintenant je croise les doigts pour que l'histoire ne se termine pas de façon tragique...mais j'ai du mal à voir une fin heureuse pour Jane...trop de culpabilité, de souffrances
Johel- In Jane we trust
- Personnage préféré : Jane et Cho
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Localisation : près de l'océan
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Magnifique, comme les précédents !
Malgré tout je m'inquiète de la réaction de Jane.
Lisbon ne joue pas seulement avec le feu, mais aussi sa relation avec son consultant,
Et ça mon côté Jisbonien ne le supporterait pas
Sinon j'ai adoré la façon dont tu as retranscrit les pensées de Lisbon, ses inquiétudes et ses choix !
Alors vivement la suite !
Malgré tout je m'inquiète de la réaction de Jane.
Lisbon ne joue pas seulement avec le feu, mais aussi sa relation avec son consultant,
Et ça mon côté Jisbonien ne le supporterait pas
Sinon j'ai adoré la façon dont tu as retranscrit les pensées de Lisbon, ses inquiétudes et ses choix !
Alors vivement la suite !
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
OUPS! désolée pour l'attente, j'avais oublié que j'avais encore un chapitre d'avance que Karya a pourtant corrigé!
En vous souhaitant une bonne lecture
Chapitre 28 :
Chapitre 29
En vous souhaitant une bonne lecture
Chapitre 28 :
J’avais été bien naïf de croire qu’il me laisserait tranquille après que je l’ai aidé sur cette affaire il y avait de cela deux ans. J’aurais du savoir qu’une fois qu’on pactisait avec le diable, il n’y avait plus de marche arrière possible. Et voilà qu’à présent il me demandait des renseignements sur l’agent Lisbon. Pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’en s’en prenant à elle, c’était Jane qu’il voulait atteindre. Leurs disputes étaient célèbres, mais tout le monde au CBI savait bien que Jane mourrait pour la protéger, et visiblement IL en était arrivé à la même conclusion. Je ne savais pas quoi faire. Je ne voulais pas lui fournir d’informations sur l’agent Lisbon. Elle était appréciée et respectée de tous ici, et la plupart des agents fantasmaient sur elle. Mais si je ne le faisais pas, je savais que ma vie ne vaudrait plus grand-chose. J’étais dans une impasse et je le savais.
Le souffle rauque, j’avais de plus en plus de mal à respirer et je transpirais à grosses gouttes, comme si quelqu’un s’était amusé à monter le thermostat. Desserrant ma cravate et m’épongeant le front avec un mouchoir, je tentais de me calmer. Paniquer ne m’aiderait pas à trouver une solution à mon problème bien au contraire. Je devais réfléchir. Peut-être que je n’étais pas obligé de tout lui apprendre sur elle ? Peut-être que ne lui livrer que quelques informations sur son passé et sa famille suffirait à le satisfaire. Je pouvais toujours essayer, et si jamais il n’était pas satisfait, je n’aurais qu’à prétendre avoir fait de mon mieux en un si court laps de temps, mais que s’il le désirait, je continuerais mes recherches. Satisfait et soulagé de mon idée, je me mettais directement au travail et accédais au dossier de l’agent Lisbon.
Du moins j’essayais, mais je ne parvenais pas à franchir les pare-feux. Van Pelt avait fait de l’excellent travail, et au bout de dix minutes, j’abandonnais. Rageusement, je cognais du point sur mon bureau. Comment allais-je faire si je ne pouvais pas accéder à son dossier ? Sentant de nouveau l’angoisse m’envahir, je me levais brusquement de ma chaise, si brusquement que je l’envoyais se cogner contre les étagères derrière moi, et me mettais à faire les cents pas dans mon bureau. Heureusement que les stores étaient baissés, parce que mes collègues n’auraient pas manqué de comprendre que quelque chose n’allait pas. Et qu’aurais-je répondu à leurs interrogations ? Que Red John voulait que je lui serve l’agent Lisbon sur un plateau ? En soupirant, je revenais lentement vers mon bureau, et mon regard se posa sur la photo de ma femme et de ma fille.
Elles étaient si belles, si pleine de vie et de joie de vivre. Et je savais que si je ne faisais pas ce qu’il me demandait, Red John s’en prendrait à elle. C’était d’ailleurs comme ça que tout avait commencé. Il les avait menacées. Je n’avais pas eu d’autres choix que de lui obéir. J’aurais pu prévenir mes supérieurs et conserver mon intégrité policière, mais ma famille en aurait payé le prix. Parce que personne ne pouvait arrêter Red John. Patrick Jane en avait cruellement fait l’expérience. Et je ne voulais pas que ma femme et ma précieuse petite fille subissent le même sort. Abattu, je laissais mes yeux se perdre sur mon bureau, et mon regard se posa sur un classeur métallique duquel dépassait un dossier que j’avais eu besoin de consulter avant l’appel de Red John. Machinalement, je me levais pour le remettre en place, et c’est en refermant le tiroir que j’eus une illumination.
Même si à présent tous les dossiers des membres du personnel étaient informatisés, je savais que par mesure de précaution, tous les dossiers étaient conservés dans les archives papiers. Le dossier de Lisbon devait forcément s’y trouver avec les autres. Ne me restait plus qu’à trouver une bonne excuse pour me rendre aux archives sans attirer l’attention. Me rasseyant sur mon fauteuil, je posais les yeux sur les dossiers que j’étais censé résoudre, et un sourire étira mes lèvres. L’affaire McCoy. Je l’avais mise de côté parce qu’il me manquait une des pièces à conviction que j’avais besoin de réexaminer. Je savais que je ne la trouverais pas aux archives, mais dans les locaux de la police scientifique, mais je pourrais toujours m’y rendre, prétextant avoir mal compris le message que le laborantin qui m’avait appelé ce matin m’avait laissé.
Satisfait, je m’emparais du dossier et me dirigeais à grand pas vers les ascenseurs. Les archives se trouvaient au sous-sol du bâtiment. C’était un endroit assez lugubre et je détestais m’y rendre presqu’autant qu’à la morgue, mais je n’avais pas vraiment le choix. Pas si je voulais sauver la vie de ma famille. Et si pour ça je devais sacrifier l’agent Lisbon, je le ferais. Rien ne comptait plus à mes yeux que maintenir ma famille en sécurité. Dans l’ascenseur, je me figeais en découvrant l’objet de mes recherches. Elle me salua d’un sourire, et je constatais qu’elle se rendait à l’étage de la scientifique. Elle devait aller voir si les analyses qu’elle avait demandées avaient données quelque chose. A nouveau, la culpabilité m’envahit. C’était sa vie contre celle de ma femme et de ma fille. Je supposais que c’était ce qu’on appelait un choix cornélien.
Bien sûr, Red John ne m’avait pas dit qu’il comptait la tuer, mais je ne me faisais pas d’illusions. Il ne m’avait pas demandé de fouiller dans le passé de l’agent Lisbon parce qu’il s’ennuyait et qu’il voulait de la lecture. Non, s’il voulait avoir des informations sur elle, c’était parce qu’il voulait connaître ses points faibles. Il allait sûrement soit chercher à en faire une de ses marionnettes, soit à la faire disparaître du tableau. Et connaissant l’intégrité de l’agent Lisbon, c’était plus que probable qu’il opte pour la seconde option. Baissant les yeux pour qu’elle ne puisse pas percevoir mon malaise et ma culpabilité, je constatais qu’elle tenait un cadre dans sa main gauche. Intrigué, je penchais la tête, et sursautais en découvrant la photo. La cruauté et l’imagination macabre de Red John n’avaient vraiment aucunes limites.
Je me demandais si Jane avait vu cette photo de sa fille disparue. Probablement pas. Lisbon avait du l’intercepter avant. Ce qui n’avait pas dû être du goût de Red John. Cela expliquait probablement son intérêt soudain pour la jeune femme. Il voulait certainement se venger de son intervention dans cette guerre des nerfs que Jane et lui se livrait. Lisbon venait sûrement d’interférer dans un des plans tordus de Red John pour torturer Jane en lui rappelant qu’il n’avait pas sû protéger sa famille, se plaçant ainsi dans la ligne de mire du tueur en série le plus insaisissable des Etats-Unis. Et je pesais mes mots. Mais ce n’était pourtant pas la première fois. Alors qu’est-ce qui avait changé ? L’agent Lisbon était-elle sur le point de l’acculer ? Avait-elle en main les moyens de découvrir qui se cachait derrière le masque de Red John ?
Une chose était sûre, il ne se renseignerait pas sur elle si elle n’était pas une menace pour lui. Elle devait être plus proche de lui qu’elle ne l’imaginait, et il cherchait à la ralentir en jouant avec elle. La question était de savoir si je comptais l’y aider ou au contraire permettre à Lisbon de l’arrêter. C’était dans mon intérêt. Ma famille serait en sécurité si l’agent Lisbon le mettait derrière les barreaux. Bien sûr, elle devrait également neutraliser chacune de ses marionnettes, mais j’en connaissais déjà quelques unes, et comme des dominos, chacune d’elles dénoncerait les autres pour sauver sa peau. Oui, je devais la prévenir du danger, mais je devais le faire discrètement pour que d’une part elle ne sache pas que j’étais moi-même complice de Red John, et de l’autre que ce dernier ne découvre pas que je l’avais trahi. Mais comment faire ? Comment la prévenir sans me faire repérer ?
Le soubresaut de l’ascenseur s’immobilisant à l’étage de la police scientifique me fit légèrement sursauter. Je devais lui dire maintenant ou je savais que je n’en aurais plus le courage. Et puis ici, dans cet ascenseur, nous étions à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes. C’était le lieu parfait pour lui révéler le danger qui pesait sur elle. Alors prenant mon courage à deux mains, j’appuyais sur le bouton d’arrêt d’ouverture des portes, m’attirant le regard interloqué de l’agent Lisbon.
« Un problème agent Parker ? » s’enquit-elle en portant machinalement la main à son holster.
Son geste me fit déglutir. Si je ne me mettais pas très rapidement à table, j’allais passer un sale quart d’heure et je devrais répondre de mon attitude devant mes supérieurs. Définitivement pas discret. Je pris une profonde inspiration et décidais de me jeter à l’eau.
« Désolé pour mes méthodes cavalières agent Lisbon, mais je dois vous parler… » soufflais-je nerveusement.
« Et vous ne pouvez pas le faire ailleurs qu’en me retenant dans cet ascenseur ? » me demanda-t-elle avec un froncement de sourcils.
« C’est-à-dire que ce que j’ai à vous dire est assez délicat, et je préfèrerais que cette conversation reste entre nous » expliquais-je d’une voix rendue rauque par l’inquiétude.
« Je vois… que se passe-t-il ? » m’interrogea-t-elle en posant un regard glacial sur moi.
« Ce matin j’ai constaté qu’il y avait eu une intrusion dans notre base de données. Celle-ci a été assez brève, et je ne sais pas qui a tenté d’accéder à nos dossiers mais… » m’empressais-je de dire en jetant un regard nerveux vers les portes comme si je redoutais à chaque instants qu’elles ne s’ouvrent sur Red John.
« Et en quoi cela me concerne-t-il ? » voulut-elle savoir en arquant un sourcil circonspect.
« Et bien j’ai essayé de découvrir ce que notre hacker cherchait, et j’ai constaté qu’il n’avait cherché à pirater qu’un seul dossier » balbutiais-je, de plus en plus mal à l’aise sous l’intensité de son regard.
« Lequel ? » demanda-t-elle, même si à la lueur qui venait de s’allumer dans son regard, je savais qu’elle venait de comprendre où je voulais en venir.
« Le votre madame » déclarais-je, soulagé d’en avoir fini.
« Pourquoi ne pas avoir signalé la faille dans la sécurité à la hiérarchie ? » m’interrogea-t-elle d’un air songeur.
« Parce que je voulais d’abord savoir si votre dossier avait été consulté aux archives. Il n’a pas eu le temps de passer les pare-feux de l’agent Van Pelt, donc je voulais savoir s’il avait eu plus de chance avec la version papier » expliquais-je en priant pour qu’elle ne s’interroge pas sur mes motivations.
« Je garderais cette conversation entre nous. Toutefois, j’aimerais que vous m’informiez si mon dossier personnel a été récemment consulté et par qui que je puisse agir en conséquence. » déclara-t-elle d’un ton déterminé.
« Oui madame. Je tacherais de trouver un moyen de vous prévenir sans que l’on sache que cette information vient de moi » approuvais-je avec soulagement.
Si mon insistance à vouloir garder l’anonymat l’intrigua, elle ne fit aucun commentaire. Probablement parce qu’elle savait qu’une seule personne avait pu chercher des renseignement sur elle, et qu’elle en avait certainement conclut que j’en connaissais l’identité, d’où ma volonté de rester loin de cette affaire, ce qu’elle ne semblait pas me reprocher.
« Merci agent Parker. Renseignez-vous simplement, ne prenez pas de risques inutiles » me recommanda-t-elle avant de me faire signe de relâcher le bouton de l’ascenseur, ce que je m’empressais de faire.
Acquiesçant d’un hochement de tête, je l’observais sortir, ignorant superbement les regards intrigués des agents qu’elle croisait, comme s’il était tout à fait normal de rester coincé dans un ascenseur pendant plus de cinq minutes.
« Un problème avec l’ascenseur ? » s’enquit un des laborantins avec un demi sourire.
« Impossible d’ouvrir les portes. L’agent Lisbon n’était pas très contente ! Je plains celui qui va s’attirer ses foudres ! » lançais-je avec une grimace explicite.
Amusé, je le vis déglutir et lancer un regard nerveux vers la pièce dans laquelle elle avait disparue avant de se hâter vers son propre bureau. En voilà un qui ne mentionnerait pas l’incident ! Laissant les portes se refermer, je me rendais donc vers les archives. Maintenant que j’avais prudemment mis l’agent Lisbon en garde, j’allais pouvoir accéder à son dossier. Mon nom y figurerait, mais elle n’y verrait pas à mal puisqu’elle savait que je le ferais. Quant à Red John, je n’aurais qu’à lui dire le stricte nécessaire. Pas la peine d’entrer dans les détails et de mettre la famille de l’agent Lisbon en danger. Signant le registre, j’accédais aux archives et gagnais la pièce où étaient conservés les dossiers du personnel. Facilement je trouvais celui qui m’intéressait. Le sortant, je jetais un œil sur la fiche et constatais que la dernière personne à l’avoir consulter était la directrice. Etait-elle une des marionnettes de Red John ? J’avais du mal à le croire, mais tout était possible…
Avec un haussement d’épaules, je classais l’information dans un coin de ma tête, et me concentrais sur la lecture du dossier de l’agent Lisbon. Mère : décédée. Père : décédé. Familles : trois frères. C’était pour le moins lapidaire. Il n’y avait même pas de détails sur ses frères. Dans les observations, on apprenait les conditions dans lesquelles ses parents étaient morts, et qu’elle avait en partie élevé ses frères, mais rien de plus. Par acquis de conscience, je tournais toutes les pages, et je tombais sur une annotation sur le dernier feuillet qui stipulait qu’un de ses frères, Tommy avait une fille de 12 ans. Refermant le dossier et le remettant en place, je rebroussais chemin en réfléchissant à ce que je pourrais révéler à Red John. Pas grand-chose, et je savais qu’il voudrait une information qui lui serait vraiment utile. Et la seule qui me venait à l’esprit, c’était l’existence de cette fillette. Mais pouvais-je réellement mettre la vie de cette enfant en danger ?
De retour à mon bureau, je m’emparais de ma veste et décidais de me rendre dans un cyber café. Je n’allais pas envoyer un mail à Red John de mon bureau au risque que ce dernier soit intercepté. J’allais lui parler de la petite. C’était la seule façon qu’il ne doute pas de ma loyauté. Et puis j’avais prévenu l’agent Lisbon. Elle veillerait sûrement à mettre sa famille en sécurité. Fort de cette certitude, je me déculpabilisais et m’acquittais de ma tâche avant de rejoindre ma femme et ma fille, désireux de les rejoindre et de m’assurer qu’elles allaient bien. Et puis comme ça j’aurais un alibi si jamais l’agent Lisbon avait des soupçons me concernant et qu’elle cherchait à retracer mon emploi du temps.
Le souffle rauque, j’avais de plus en plus de mal à respirer et je transpirais à grosses gouttes, comme si quelqu’un s’était amusé à monter le thermostat. Desserrant ma cravate et m’épongeant le front avec un mouchoir, je tentais de me calmer. Paniquer ne m’aiderait pas à trouver une solution à mon problème bien au contraire. Je devais réfléchir. Peut-être que je n’étais pas obligé de tout lui apprendre sur elle ? Peut-être que ne lui livrer que quelques informations sur son passé et sa famille suffirait à le satisfaire. Je pouvais toujours essayer, et si jamais il n’était pas satisfait, je n’aurais qu’à prétendre avoir fait de mon mieux en un si court laps de temps, mais que s’il le désirait, je continuerais mes recherches. Satisfait et soulagé de mon idée, je me mettais directement au travail et accédais au dossier de l’agent Lisbon.
Du moins j’essayais, mais je ne parvenais pas à franchir les pare-feux. Van Pelt avait fait de l’excellent travail, et au bout de dix minutes, j’abandonnais. Rageusement, je cognais du point sur mon bureau. Comment allais-je faire si je ne pouvais pas accéder à son dossier ? Sentant de nouveau l’angoisse m’envahir, je me levais brusquement de ma chaise, si brusquement que je l’envoyais se cogner contre les étagères derrière moi, et me mettais à faire les cents pas dans mon bureau. Heureusement que les stores étaient baissés, parce que mes collègues n’auraient pas manqué de comprendre que quelque chose n’allait pas. Et qu’aurais-je répondu à leurs interrogations ? Que Red John voulait que je lui serve l’agent Lisbon sur un plateau ? En soupirant, je revenais lentement vers mon bureau, et mon regard se posa sur la photo de ma femme et de ma fille.
Elles étaient si belles, si pleine de vie et de joie de vivre. Et je savais que si je ne faisais pas ce qu’il me demandait, Red John s’en prendrait à elle. C’était d’ailleurs comme ça que tout avait commencé. Il les avait menacées. Je n’avais pas eu d’autres choix que de lui obéir. J’aurais pu prévenir mes supérieurs et conserver mon intégrité policière, mais ma famille en aurait payé le prix. Parce que personne ne pouvait arrêter Red John. Patrick Jane en avait cruellement fait l’expérience. Et je ne voulais pas que ma femme et ma précieuse petite fille subissent le même sort. Abattu, je laissais mes yeux se perdre sur mon bureau, et mon regard se posa sur un classeur métallique duquel dépassait un dossier que j’avais eu besoin de consulter avant l’appel de Red John. Machinalement, je me levais pour le remettre en place, et c’est en refermant le tiroir que j’eus une illumination.
Même si à présent tous les dossiers des membres du personnel étaient informatisés, je savais que par mesure de précaution, tous les dossiers étaient conservés dans les archives papiers. Le dossier de Lisbon devait forcément s’y trouver avec les autres. Ne me restait plus qu’à trouver une bonne excuse pour me rendre aux archives sans attirer l’attention. Me rasseyant sur mon fauteuil, je posais les yeux sur les dossiers que j’étais censé résoudre, et un sourire étira mes lèvres. L’affaire McCoy. Je l’avais mise de côté parce qu’il me manquait une des pièces à conviction que j’avais besoin de réexaminer. Je savais que je ne la trouverais pas aux archives, mais dans les locaux de la police scientifique, mais je pourrais toujours m’y rendre, prétextant avoir mal compris le message que le laborantin qui m’avait appelé ce matin m’avait laissé.
Satisfait, je m’emparais du dossier et me dirigeais à grand pas vers les ascenseurs. Les archives se trouvaient au sous-sol du bâtiment. C’était un endroit assez lugubre et je détestais m’y rendre presqu’autant qu’à la morgue, mais je n’avais pas vraiment le choix. Pas si je voulais sauver la vie de ma famille. Et si pour ça je devais sacrifier l’agent Lisbon, je le ferais. Rien ne comptait plus à mes yeux que maintenir ma famille en sécurité. Dans l’ascenseur, je me figeais en découvrant l’objet de mes recherches. Elle me salua d’un sourire, et je constatais qu’elle se rendait à l’étage de la scientifique. Elle devait aller voir si les analyses qu’elle avait demandées avaient données quelque chose. A nouveau, la culpabilité m’envahit. C’était sa vie contre celle de ma femme et de ma fille. Je supposais que c’était ce qu’on appelait un choix cornélien.
Bien sûr, Red John ne m’avait pas dit qu’il comptait la tuer, mais je ne me faisais pas d’illusions. Il ne m’avait pas demandé de fouiller dans le passé de l’agent Lisbon parce qu’il s’ennuyait et qu’il voulait de la lecture. Non, s’il voulait avoir des informations sur elle, c’était parce qu’il voulait connaître ses points faibles. Il allait sûrement soit chercher à en faire une de ses marionnettes, soit à la faire disparaître du tableau. Et connaissant l’intégrité de l’agent Lisbon, c’était plus que probable qu’il opte pour la seconde option. Baissant les yeux pour qu’elle ne puisse pas percevoir mon malaise et ma culpabilité, je constatais qu’elle tenait un cadre dans sa main gauche. Intrigué, je penchais la tête, et sursautais en découvrant la photo. La cruauté et l’imagination macabre de Red John n’avaient vraiment aucunes limites.
Je me demandais si Jane avait vu cette photo de sa fille disparue. Probablement pas. Lisbon avait du l’intercepter avant. Ce qui n’avait pas dû être du goût de Red John. Cela expliquait probablement son intérêt soudain pour la jeune femme. Il voulait certainement se venger de son intervention dans cette guerre des nerfs que Jane et lui se livrait. Lisbon venait sûrement d’interférer dans un des plans tordus de Red John pour torturer Jane en lui rappelant qu’il n’avait pas sû protéger sa famille, se plaçant ainsi dans la ligne de mire du tueur en série le plus insaisissable des Etats-Unis. Et je pesais mes mots. Mais ce n’était pourtant pas la première fois. Alors qu’est-ce qui avait changé ? L’agent Lisbon était-elle sur le point de l’acculer ? Avait-elle en main les moyens de découvrir qui se cachait derrière le masque de Red John ?
Une chose était sûre, il ne se renseignerait pas sur elle si elle n’était pas une menace pour lui. Elle devait être plus proche de lui qu’elle ne l’imaginait, et il cherchait à la ralentir en jouant avec elle. La question était de savoir si je comptais l’y aider ou au contraire permettre à Lisbon de l’arrêter. C’était dans mon intérêt. Ma famille serait en sécurité si l’agent Lisbon le mettait derrière les barreaux. Bien sûr, elle devrait également neutraliser chacune de ses marionnettes, mais j’en connaissais déjà quelques unes, et comme des dominos, chacune d’elles dénoncerait les autres pour sauver sa peau. Oui, je devais la prévenir du danger, mais je devais le faire discrètement pour que d’une part elle ne sache pas que j’étais moi-même complice de Red John, et de l’autre que ce dernier ne découvre pas que je l’avais trahi. Mais comment faire ? Comment la prévenir sans me faire repérer ?
Le soubresaut de l’ascenseur s’immobilisant à l’étage de la police scientifique me fit légèrement sursauter. Je devais lui dire maintenant ou je savais que je n’en aurais plus le courage. Et puis ici, dans cet ascenseur, nous étions à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes. C’était le lieu parfait pour lui révéler le danger qui pesait sur elle. Alors prenant mon courage à deux mains, j’appuyais sur le bouton d’arrêt d’ouverture des portes, m’attirant le regard interloqué de l’agent Lisbon.
« Un problème agent Parker ? » s’enquit-elle en portant machinalement la main à son holster.
Son geste me fit déglutir. Si je ne me mettais pas très rapidement à table, j’allais passer un sale quart d’heure et je devrais répondre de mon attitude devant mes supérieurs. Définitivement pas discret. Je pris une profonde inspiration et décidais de me jeter à l’eau.
« Désolé pour mes méthodes cavalières agent Lisbon, mais je dois vous parler… » soufflais-je nerveusement.
« Et vous ne pouvez pas le faire ailleurs qu’en me retenant dans cet ascenseur ? » me demanda-t-elle avec un froncement de sourcils.
« C’est-à-dire que ce que j’ai à vous dire est assez délicat, et je préfèrerais que cette conversation reste entre nous » expliquais-je d’une voix rendue rauque par l’inquiétude.
« Je vois… que se passe-t-il ? » m’interrogea-t-elle en posant un regard glacial sur moi.
« Ce matin j’ai constaté qu’il y avait eu une intrusion dans notre base de données. Celle-ci a été assez brève, et je ne sais pas qui a tenté d’accéder à nos dossiers mais… » m’empressais-je de dire en jetant un regard nerveux vers les portes comme si je redoutais à chaque instants qu’elles ne s’ouvrent sur Red John.
« Et en quoi cela me concerne-t-il ? » voulut-elle savoir en arquant un sourcil circonspect.
« Et bien j’ai essayé de découvrir ce que notre hacker cherchait, et j’ai constaté qu’il n’avait cherché à pirater qu’un seul dossier » balbutiais-je, de plus en plus mal à l’aise sous l’intensité de son regard.
« Lequel ? » demanda-t-elle, même si à la lueur qui venait de s’allumer dans son regard, je savais qu’elle venait de comprendre où je voulais en venir.
« Le votre madame » déclarais-je, soulagé d’en avoir fini.
« Pourquoi ne pas avoir signalé la faille dans la sécurité à la hiérarchie ? » m’interrogea-t-elle d’un air songeur.
« Parce que je voulais d’abord savoir si votre dossier avait été consulté aux archives. Il n’a pas eu le temps de passer les pare-feux de l’agent Van Pelt, donc je voulais savoir s’il avait eu plus de chance avec la version papier » expliquais-je en priant pour qu’elle ne s’interroge pas sur mes motivations.
« Je garderais cette conversation entre nous. Toutefois, j’aimerais que vous m’informiez si mon dossier personnel a été récemment consulté et par qui que je puisse agir en conséquence. » déclara-t-elle d’un ton déterminé.
« Oui madame. Je tacherais de trouver un moyen de vous prévenir sans que l’on sache que cette information vient de moi » approuvais-je avec soulagement.
Si mon insistance à vouloir garder l’anonymat l’intrigua, elle ne fit aucun commentaire. Probablement parce qu’elle savait qu’une seule personne avait pu chercher des renseignement sur elle, et qu’elle en avait certainement conclut que j’en connaissais l’identité, d’où ma volonté de rester loin de cette affaire, ce qu’elle ne semblait pas me reprocher.
« Merci agent Parker. Renseignez-vous simplement, ne prenez pas de risques inutiles » me recommanda-t-elle avant de me faire signe de relâcher le bouton de l’ascenseur, ce que je m’empressais de faire.
Acquiesçant d’un hochement de tête, je l’observais sortir, ignorant superbement les regards intrigués des agents qu’elle croisait, comme s’il était tout à fait normal de rester coincé dans un ascenseur pendant plus de cinq minutes.
« Un problème avec l’ascenseur ? » s’enquit un des laborantins avec un demi sourire.
« Impossible d’ouvrir les portes. L’agent Lisbon n’était pas très contente ! Je plains celui qui va s’attirer ses foudres ! » lançais-je avec une grimace explicite.
Amusé, je le vis déglutir et lancer un regard nerveux vers la pièce dans laquelle elle avait disparue avant de se hâter vers son propre bureau. En voilà un qui ne mentionnerait pas l’incident ! Laissant les portes se refermer, je me rendais donc vers les archives. Maintenant que j’avais prudemment mis l’agent Lisbon en garde, j’allais pouvoir accéder à son dossier. Mon nom y figurerait, mais elle n’y verrait pas à mal puisqu’elle savait que je le ferais. Quant à Red John, je n’aurais qu’à lui dire le stricte nécessaire. Pas la peine d’entrer dans les détails et de mettre la famille de l’agent Lisbon en danger. Signant le registre, j’accédais aux archives et gagnais la pièce où étaient conservés les dossiers du personnel. Facilement je trouvais celui qui m’intéressait. Le sortant, je jetais un œil sur la fiche et constatais que la dernière personne à l’avoir consulter était la directrice. Etait-elle une des marionnettes de Red John ? J’avais du mal à le croire, mais tout était possible…
Avec un haussement d’épaules, je classais l’information dans un coin de ma tête, et me concentrais sur la lecture du dossier de l’agent Lisbon. Mère : décédée. Père : décédé. Familles : trois frères. C’était pour le moins lapidaire. Il n’y avait même pas de détails sur ses frères. Dans les observations, on apprenait les conditions dans lesquelles ses parents étaient morts, et qu’elle avait en partie élevé ses frères, mais rien de plus. Par acquis de conscience, je tournais toutes les pages, et je tombais sur une annotation sur le dernier feuillet qui stipulait qu’un de ses frères, Tommy avait une fille de 12 ans. Refermant le dossier et le remettant en place, je rebroussais chemin en réfléchissant à ce que je pourrais révéler à Red John. Pas grand-chose, et je savais qu’il voudrait une information qui lui serait vraiment utile. Et la seule qui me venait à l’esprit, c’était l’existence de cette fillette. Mais pouvais-je réellement mettre la vie de cette enfant en danger ?
De retour à mon bureau, je m’emparais de ma veste et décidais de me rendre dans un cyber café. Je n’allais pas envoyer un mail à Red John de mon bureau au risque que ce dernier soit intercepté. J’allais lui parler de la petite. C’était la seule façon qu’il ne doute pas de ma loyauté. Et puis j’avais prévenu l’agent Lisbon. Elle veillerait sûrement à mettre sa famille en sécurité. Fort de cette certitude, je me déculpabilisais et m’acquittais de ma tâche avant de rejoindre ma femme et ma fille, désireux de les rejoindre et de m’assurer qu’elles allaient bien. Et puis comme ça j’aurais un alibi si jamais l’agent Lisbon avait des soupçons me concernant et qu’elle cherchait à retracer mon emploi du temps.
Chapitre 29
Dernière édition par iliana le Dim 19 Fév 2012 - 13:43, édité 2 fois
iliana- Distributeur de café
- Personnage préféré : Jane
Loisirs : Lire, écouter de la musique, écrire, me balader et regarder les séries TV...
Localisation : derrière mon écran d'ordinateur
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
nous voilà projeté(e)s dans la tête d'une des taupes de RJ au CBI
C'est toujours aussi impressionnant de voir comment tu maitrises cette forme de récit...
A chaque fois je suis scotchée du début à la fin du chapitre...pas moyen de lâcher le texte.
Quand à l'histoire je crains que cela ne finisse par une rencontre sanglante...
J'espère simplement que tu épargneras notre couple...Même si ce n'était pas le cas...si cela sert ton histoire je ne pourrais qu'apprécier
pour cette fic !
C'est toujours aussi impressionnant de voir comment tu maitrises cette forme de récit...
A chaque fois je suis scotchée du début à la fin du chapitre...pas moyen de lâcher le texte.
Quand à l'histoire je crains que cela ne finisse par une rencontre sanglante...
J'espère simplement que tu épargneras notre couple...Même si ce n'était pas le cas...si cela sert ton histoire je ne pourrais qu'apprécier
pour cette fic !
Johel- In Jane we trust
- Personnage préféré : Jane et Cho
Loisirs : Lecture, ciné, jeux vidéo et suuuurf !
Localisation : près de l'océan
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Et non, vous ne rêvez pas!
Je suis vraiment désolée d'avoir mis si longtemps à vous postez la suite, mais j'avais perdu l'inspiration, et j'ai donc patiemment attendue qu'elle veuille bien venir me rendre à nouveau visite pour enfin pouvoir reprendre l'écriture de cette fic.
En espérant que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, et que malgré la longue attente, vous prendrez plaisir à vous replonge dans mon histoire, je vous laisse à votre lecture.
Bonne lecture
[Chapitre 29 :
Chapitre 30
Je suis vraiment désolée d'avoir mis si longtemps à vous postez la suite, mais j'avais perdu l'inspiration, et j'ai donc patiemment attendue qu'elle veuille bien venir me rendre à nouveau visite pour enfin pouvoir reprendre l'écriture de cette fic.
En espérant que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, et que malgré la longue attente, vous prendrez plaisir à vous replonge dans mon histoire, je vous laisse à votre lecture.
Bonne lecture
[Chapitre 29 :
Le malaise qui s’était emparé de moi à mon réveil n’avait pas disparu. Au contraire, il n’avait fait que s’amplifier au gré des minutes qui s’écoulaient avec une lenteur affolante. Après le départ de Térésa pour le CBI, Molly et moi y avions conduits les filles pour leurs dépositions, puis Elora et moi avions raccompagnés Molly et Cameron chez elles. Les deux fillettes avaient pleurés d’être séparées, mais nous leur avions promis qu’elles se rêveraient très rapidement. Et j’espérais vraiment que nous pourrions respectés cette promesse. Et à présent, Elora s’amusait tranquillement dans le jardin, passant sans arrêt de la balançoire à la petite maison que je lui avais installé. Elle souriait tout le temps, mais parfois, je la surprenais à se retourner comme pour se lancer dans une discussion avec Cameron avant de soupirer en réalisant que son amie n’était plus là. J’avais été contre le départ de Molly, mais elle avait insisté sur le fait qu’elle ne pouvait pas rester ici éternellement, et puisque Caldwell était derrière les barreaux, sa fille et elle ne risquaient plus rien.
Je m’étais retenu de lui rappeler que RedJohn représentait une menace potentielle pour elles. J’attendais donc le retour de Teresa pour lui demander de placer la maison de Molly sous surveillance policière. Mais les heures passaient, et Teresa ne revenait toujours pas. Avait-elle eu de nouvelles informations concernant l’enquête ? Ce matin, j’avais eu l’impression qu’elle me cachait quelque chose d’important, mais j’avais mis ça sur le compte de mon comportement de la nuit dernière. Mais à présent, je commençais à me demander s’il n’y avait pas autre chose derrière son attitude distante. En soupirant, je préparais le repas d’Elora, et lorsque les spaghettis furent prêts, je l’appelais. Un sourire étira mes lèvres en la voyant débarqué, les couettes de travers et les joues rougies par ses jeux. Elle était adorable, et je ne comprenais pas comment sa mère avait pu se montrer aussi cruelle avec elle. En fait, je ne comprenais que trop bien ce qu’il s’était passé dans la tête de cette dernière, ce qui m’emplissait d’un puissant sentiment de rage.
La petite main d’Elora sur mon bras me tira de mes pensées, et je reportais toute mon attention sur elle, constatant qu’elle m’observait avec de grands yeux interrogateurs. Je lui souriais pour la rassurée, et délicatement, la soulevait pour l’installer sur un des tabourets avant de lui tendre une serviette qu’elle noua autour de son cou avant d’attendre patiemment que je dépose son assiette devant elle. Une lueur gourmande éclaira son regard à la vue de l’assiette de spaghetti à la bolognaise que je lui remis, et elle attrapa prestement sa fourchette en m’adressant un grand sourire lumineux qui me fit fondre. Mais alors qu’elle s’apprêtait à porter sa première bouchée à sa bouche, elle fronça les sourcils avant de reposer le couvert sans toucher à son contenu.
« Qu’y a-t-il Elora ? » m’enquis-je, surpris par son comportement.
« Où est Teresa ? » écrivit-elle sur son ardoise qu’elle me tendit avec de grands yeux inquiets.
« Au CBI… » répondis-je en dissimulant ma propre inquiétude « Nous irons lui apporter son repas après si tu veux » déclarais-je pris d’une subite inspiration.
« Une surprise ? » s’enthousiasma Elora avec un grand sourire alors que ses yeux se mettaient à pétiller d’excitation.
« Oui. Je suis sûr qu’elle sera contente que tu ais pensé à elle » approuvais-je en lui faisant un clin d’œil complice.
Elora acquiesça et se mit enfin à manger. Mais après deux ou trois cuillérées, elle s’arrêta de nouveau et pris son ardoise.
« Tu veux que l’on y ailles maintenant pour manger avec elle ? » déchiffrais-je en songeant que décidément cette petite fille était un ange.
Elora acquiesça en hochant vigoureusement la tête, et j’acquiesçais volontiers, impatient moi aussi de rejoindre Teresa et de découvrir ce qu’elle me cachait depuis le matin.
« D’accord, file te préparer pendant que j’emballe ce qu’il nous faut pour le repas ! » déclarais-je en l’aidant à sauter à bas du tabouret.
Mettant les pâtes et la viande dans deux Tupperware, j’attrapais assiettes et couverts et déposais le tout dans le panier que nous avions utilisé pour le pique-nique. J’ajoutais quelques serviettes en papier des gobelets et une bouteille d’eau et refermais le panier au moment où Elora réapparaissait, une brosse dans sa main et son manteau dans l’autre. Elle me tendit l’accessoire de coiffure et se retourna pour que je lui refasse ses couettes, ce que je m’appliquait à faire, me demandant comment Teresa s’y prenait pour dompter les mèches rebelles qui s’obstinaient à vouloir s’échapper de l’élastique. Elora s’impatientant, je lui attachais sommairement les cheveux, sachant que de toute façon, Teresa la recoifferait dès notre arrivée au CBI. La pensée me fit sourire. Plus le temps s’écoulait, plus nous avions tout d’une parfaite petite famille.
« Allez, allons-y ! » déclarais-je en aidant Elora à enfiler son manteau avant qu’elle ne glisse sa petite main dans la mienne.
Le trajet s’effectua en silence, Elora chantonnant les airs que diffusait la radio, et j’en profitais pour trouver une explication à l’attitude de Teresa. Mais j’avais beau chercher, je ne trouvais pas ce qu’elle pouvait bien me dissimuler. Une chose était sûre, ça devait être très important pour la faire culpabilisée. Un frisson d’appréhension me secoua, et c’est l’estomac noué que je me garais devant le CBI. Elora se rua dehors, mais elle s’immobilisa devant les portes de l’imposant bâtiment, attendant sagement que je la rejoigne avant de s’y engager. Dans l’ascenseur, Elora sautillait doucement, regardant les chiffres défilés avec impatience, et soupira lorsque l’ascenseur s’immobilisa à l’étage de la scientifique. Un des laborantins fit un pas en avant, un dossier à la main ainsi qu’une enveloppe dont le scellé n’était pas clos, avant de s’immobiliser en m’apercevant. Son regard passa de moi à ses mains à plusieurs reprises.
« Puis-je vous aidés ? » m’enquis-je en lui souriant amicalement.
« Ce dossier est pour l’agent Lisbon. Je dois le lui remettre, mais j’ai beaucoup de travail et je… » expliqua-t-il nerveusement.
« Je vais la rejoindre justement ! Donnez-le moi, je le lui remettrais » déclarais-je en tendant ma main libre vers lui.
« Merci » soupira-t-il avec soulagement avant d’ajouter « toutes nos conclusions se trouvent dans ce dossier. Dites-lui de ne pas hésiter à nous appeler si jamais elle ne comprenait pas quelque chose »
« Je le ferais » approuvais-je en posant l’enveloppe sur le panier.
Intrigué par celle-ci, je la fixais du regard, me demande ce qu’elle pouvait contenir. Au jugé, j’aurais dit un cadre, mais pourquoi Teresa ferait analyser un cadre et surtout de quel cadre s’agissait-il ? Un de ceux de chez elle ? C’était peut-être ce qu’elle me cachait. Elle ne voulait pas me dire que quelqu’un s’était introduit chez elle cette nuit pour ne pas m’inquiéter. Et si c’était le cas, il ne pouvait s’agir que d’une seule personne. RedJohn était venu la nuit dernière et pour une raison que je ne m’expliquais pas, il nous avait épargné. S’il n’était pas venu pour nous tuer, pourquoi avoir pris le risque d’être surpris ? Quel était le but de sa visite ? Reportant mon regard sur l’enveloppe, dédaignant le dossier que je glissais sous celle-ci, j’hésitais sur la conduite à tenir. Visiblement Teresa n’avait pas voulu que je vois ce cadre. C’était donc que RedJohn l’avait déposé pour moi. Mais que contenait-il pour que Teresa se soit donné tant de mal pour me le dissimuler ? Profitant de ce que les portes de les portes s’ouvraient et de ce qu’Elora se ruait dehors pour rejoindre Teresa, je basculais légèrement le panier, faisant glisser le cadre hors de l’enveloppe. Et je me figeais.
Sous mes yeux ébahis apparut le visage souriant de ma petite fille. Ma petite fille adolescente. Alors voilà ce que Teresa m’avait caché. Je comprenais son geste. Je le comprenais vraiment, mais une colère sourde s’éveilla en moi. Elle n’aurait pas du me dissimuler cette photo. Elle n’en avait pas le droit. Je savais qu’elle avait voulu me protéger, mais pour cela, elle m’avait menti. Et je me sentais trahi. Quittant difficilement cette photo qui me montrait un bonheur envolé à jamais, je rajustais le panier, et le cadre reprit sa place dans l’enveloppe. Comme un automate, je me dirigeais vers le bureau de Teresa, guidé par le rire d’Elora auquel répondait la voix douce et caressante de Teresa. Mais cette fois, cela ne suffit pas à m’apaiser. Seule la tête de RedJohn servit sur un plateau d’argent le pourrait. Avec cette photo, il avait fait renaître ma soif de vengeance, et je savais que c’était pour éviter cela que Teresa ne m’avait rien dit. Mais elle était la mieux placée pour savoir que ce genre de mensonge finissait toujours par remontés à la surface.
Et qu’en général, cela faisait pus de mal que si la vérité avait éclatée dès le départ. Mais en croisant le regard brillant de joie d’Elora, je me contenais pour ne pas exploser sur le champ. Je devais avant tout penser à cette petite fille qui ne méritait pas de souffrir plus que nécessaire. Sans répondre au sourire de Teresa, je me dirigeais vers son bureau sur lequel je déposais l’enveloppe et le dossier avant de me tourner vers elle. Je la vis pâlir dangereusement et fermés les yeux en prenant une profonde inspiration. Mon cœur se serra en voyant l’angoisse au fond de son regard. Je lui adressais un regard froid et vide de toutes émotions, et je vis l’éclat du sien se ternir alors que des larmes y faisaient leur apparition. Mais je refusais de me laisser attendrir. Indifférent à sa peine, je détournais le regard et sans un mot, la condamnant en silence, je m’approchais de la petite table pour y déposer notre repas. Je vis du coin de l’œil Teresa chasser d’un geste rageur l’unique larme qui s’était frayé un chemin sur sa joue avant de reprendre son masque de patronne. Teresa venait à nouveau de céder la place à Lisbon, et mon cœur se serra en songeant que je venais de faire ce que je voulais à tout prix évité. Mais il était trop tard pour reculer.
Encore une fois, RedJohn nous montrait que c’était lui qui était le maître du jeu, et que nous ne pouvions que subir en courbant l’échine. Et j’en avais assez. Aujourd’hui plus que jamais, je savais que le seul moyen de pouvoir vivre librement et en toute quiétude, c’était de faire disparaître RedJohn de la surface de la Terre. Et c’était à moi de le faire. à personne d’autre, et surtout pas à Teresa. Je ne voulais pas que son âme qui avait garder toute sa pureté soit entachée par le meurtre de cette abomination. Et pour qu’elle ne cherche pas à m’en dissuadée, j’allais devoir m’éloigner d’elle. Même si ça me déchirait le cœur. Je n’avais pas le choix si je voulais la protégée, la préservée de ce qui allait se produire. Je ne voulais pas qu’elle soit mêlée à ma vengeance. Et puis il y avait Elora. Je devais penser à elle aussi. Je devais la tenir éloignée de RedJohn. Et le seul moyen d’y parvenir, c’était de m’éloigner d’elles.
« Mangeons avant que ce soit froid » déclara Teresa en servant une assiette à Elora avant d’en faire de même pour nous.
Du coin de l’œil, je remarquais qu’elle remplissait à peine son assiette, mais je me retenais de tout commentaire. Dans un silence de mort, nous mangeâmes, et je sentis le regard inquiet de Teresa se poser régulièrement sur moi, même si je percevais peu à peu la colère faire place à l’inquiétude, ce qui était parfait. Je voulais la mettre en colère. Je voulais qu’elle soit suffisamment fâchée contre moi pour que mon départ la soulage et même pour que ce soit elle qui le provoque. Je continuais donc de l’ignorer, gardant obstinément le regard rivé sur mon assiette.
***********
Les mises en garde de l’agent Parker me trottaient dans la tête alors que je faisais les cent pas dans mon bureau, attendant les résultats des analyses que j’avais demandées sur le cadre trouvé dans mon salon. RedJohn se renseignait sur moi. Et ce la m’inquiétait. Pas pour moi, j’étais une grande fille et je savais me défendre, mais pour ma famille. Aussi décidais-je de prendre mon téléphone pour contacter mes frères afin de les mettre en garde, même si je savais qu’il y avait peu de chance pour qu’ils m’écoutent. Surtout Tommy. Il était aussi têtu et borné que Patrick, et ce n’était pas peu dire. Mais j’espérais que cette fois il me prendrait au sérieux, ne serait-ce que pour la sécurité de Rebecca. Enfin quand je voyais qu’il continuait de courir après les criminels en entraînant sa fille à sa suite, j’avais peu d’espoir. Aussi une fois que je leur eus laissé des messages, contactais-je la police locale pour leur demander d’assurer une surveillance discrète sur mes frères en leur expliquant la situation. Dès que j’eus prononcé le nom de RedJohn, je fus assurée de leur entière coopération.
Soulagée, je recommençais mes allers-retours en me demandant pour la millionième fois si j’avais pris la bonne décision en dissimulant l’existence de cette photo à Patrick. Mais j’avais beau retourné le problème dans ma tête, je ne trouvais pas de solutions convenables. Cette photo n’avait pas d’autre raison d’être que de faire souffrir Patrick, de le torturer avec le souvenir de ce que sa bravade avait coûter à sa famille. Et je savais que dès lors que Patrick poserait le regard sur le visage épanoui de sa précieuse petite fille, il n’aurait plus qu’une envie. Retrouver RedJohn et le tuer. Et je ne le voulais pas. A aucuns prix. Je ne voulais pas le perdre de cette façon. Pourtant j’avais conscience que s’il découvrait ce que je lui avais sciemment caché, je le perdrais. Cette trahison, même si elle servait de nobles objectifs, me coûterait la confiance de Patrick et par là-même notre histoire naissante. Mais si pour le garder en vie et en sécurité, je devais accepter de le voir s’éloigner de moi, alors c’était un prix que j’étais prête à payer.
L’arrivée en trombe d’Elora dans mon bureau me tira de mes sombres pensées, et je n’eus que le temps de me retourner qu’elle m’avait déjà sauter au cou. Instinctivement, je la serais dans mes bras, heureuse de sa présence. Relevant la tête, je fus surprise de ne pas voir apparaître Patrick dans l’encadrement de la porte, mais Elora l’avait sûrement distancé dans les couloirs. Amusée je constatais que ses couettes avaient été refaites de travers et que des boucles folles s’en échappaient. Dans une grimace, Elora attrapa son ardoise et m’apprit que Patrick cuisinait bien mais qu’il était nul pour attacher les cheveux. En riant, je récupérais la petite brosse que je gardais dans mon sac à main et entreprenais de recoiffer convenablement cette jeune demoiselle tout en lui racontant quelques anecdotes concernant Patrick qui devait avoir les oreilles qui sifflent à force. Mais ça avait le mérite de faire rire Elora. Sentant une présence dans mon dos, je relevais la tête et souriais en découvrant la présence de Patrick.
Mais mon sourire se fana lorsque Patrick m’adressa un regard glacial qui me fit froid dans le dos. Jamais encore il ne m’avait regardé comme ça. Surprise et blessée, je le suivais du regard et tressaillais en le voyant déposer une enveloppe et un dossier avec le logo de la scientifique. Et en éclair je comprenais qu’il avait tout découvert. Et sans surprise, il m’en voulait. J’avais beau m’être attendue à une telle réaction de sa part, cela n’en fit pas moins mal pour autant. J’avais voulu le protéger d’une nouvelle douleur inutile, mais bien sûr, monsieur ne le voyait pas comme ça. En soupirant, l’appétit coupé, je grignotais pour ne pas faire de peine à Elora tout en lançant de fréquents regards à Patrick qui s’obstinait à bouder et à fuir mon regard. Et je sentis une colère sourde montée en moi. S’il voulait faire sa tête de mule et se poser en victime, grand bien lui fasse, mais je ne m’aplatirais pas devant lui. Je ne m’excuserais pas de l’aimer au point de vouloir le préserver de lui-même.
Le repas terminé, je décidais d’emporter le dossier à la maison, me rappelant qu’Heightower ne voulait pas voir Elora traîner dans les bureaux. Et puis si Patrick et moi devions nous expliquer, autant que cela se fasse loin des oreilles indiscrètes des autres agents. Prenant une profonde inspiration et affichant un sourire de façade, j’annonçais donc à Elora que nous pouvions rentrer à la maison. Avec un grand sourire, elle sauta sur ses pieds et se rua dans les bureaux pour dire au revoir à l’équipe, nous laissant seuls Patrick et moi. Comme il continuait de se murer dans un silence boudeur, je décidais de l’ignorer à mon tour et sans lui prêter la moindre attention, rassemblait mes affaires, avant de me diriger vers la porte de mon bureau pour prévenir mon équipe de la suite des évènements.
« Bien, je vais étudier ces dossiers chez moi. Vous savez ce que vous avez à faire. Grace occupez-vous de l’ordinateur de Caldwell, et vous les gars, allez l’interrogez. Une nuit en cellule lui aura peut-être délier la langue » déclarais-je en espérant qu’ils ne remarqueraient pas mon trouble grandissant.
« Bien boss » acquiesça Grace en se mettant immédiatement à la tâche.
« Nous y allons de ce pas. Nous vous ferons parvenir le compte-rendu de l’interrogatoire » déclara Cho dont le regard perçant passa de Patrick à moi, comme s’il avait perçu la tension qui existait entre nous.
D’un hochement de tête approbateur, je faisais signe à Elora que nous pouvions y aller, et toujours en ignorant Patrick, la suivait jusqu’aux ascenseurs. La tension dans cet espace clos était tellement perceptible qu’elle émettait des vibrations négatives qui finirent par atteindre Elora. Fronçant les sourcils et perdant son sourire, elle leva la tête vers nous, cherchant à comprendre si elle avait fait quelque chose qui nous avait déplu. Percevant son malaise, et m’en voulant de l’inquiéter inutilement, je lui souriais tendrement afin de la rassurée. Indécise, elle regarda Patrick qui adopta la même attitude, et Elora se détendit, en concluant probablement que notre tension concernait des problèmes de grand et n’avait rien à voir avec elle. L’espace d’un instant, mon regard croisa celui de Patrick, et je frémis de nouveau devant la froideur qu’il affichait, et l’espace d’un instant j’eus l’impression de me retrouver bien des années plus tôt, devant le Patrick Jane que je ne supportais pas. Et ce constat me fit bien plus mal que n’importe quoi d’autre.
Je soupirais de soulagement lorsque je me retrouvais seule au volant de ma voiture. Ce répit me permettrait de mettre de l’ordre dans mes idées et surtout de me blindée contre la discussion à venir. Je connaissais suffisamment Patrick pour savoir qu’il n’hésiterait pas à se montrer odieux et blessant pour cacher sa propre douleur. Et puisqu’il ne pouvait s’en prendre directement à RedJohn pour le moment, c’était moi qui allait faire les frais de sa colère et de son impuissance. Et je savais que nous sortirions tout deux blessés de cette discussion. Mais il n’y avait rien que je puisse faire pour l’empêcher. Tout ce que je pouvais faire, c’était d’essayer de garder mon calme et de ne pas répondre aux provocations de Patrick. Ce qui serait sans nul doute plus facile à dire qu’à faire. En soupirant, je surveillais que Patrick ne suivait bien, mais la présence d’Elora dans sa voiture m’assurait qu’il ne me fausserait pas compagnie, ce qui d’une certaine manière aurait sûrement été la solution la moins blessante.
Le trajet jusque chez moi ne me parut jamais plus court qu’en ces instants, mais je me voyais mal faire un détour pour gagner du temps. Et puis je n’étais pas du genre à fuir devant les difficultés. Non, j’avais appris très jeune à les affrontées sans jamais baisser la tête. J’étais une combattante, et si Patrick n’en avait pas encore pleinement conscience, il allait l’apprendre à ses dépends. Me garant dans mon allée, je quittais ma voiture au moment où Patrick s’y engagea à son tour, et un sourire étira mes lèvres en voyant Elora en sortir comme une tornade, sans même attendre que la petite voiture soit garée convenablement. Arrivée devant la porte, elle se tourna vers moi, me faisant signe de me dépêchée, ce que je fis en étouffant un rire. Mais alors que je la rejoignais pour lui ouvrir la porte, un frisson semblable à celui de ce matin me traversa, et je retournais brutalement pour scruter la rue. J’aurais juré que quelqu’un nous épiait, mais j’eus beau observer attentivement les alentours, je ne décelais rien qui sorte de l’habituel.
« Un problème ? » m’interrogea Patrick en suivant mon regard.
Pour seule réponse, je secouais la tête négativement et entrais dans la maison, Patrick sur les talons.
**********
Patrick et Teresa avaient beau me sourire et agir comme si tout allait bien, je sentais que quelque chose avait changé entre eux. Durant tout le repas, j’avais senti un malaise grandir entre eux, et j’avais vu la colère envahir les yeux de Teresa, remplaçant la tristesse alors que ceux de Patrick se refroidissaient progressivement. Tout cela je l’avais déjà vécu avant la mort de papa. Sauf que Teresa était papa et que Patrick était maman. Mais la situation était la même et je savais comment ça allait se terminer. Dans les cris et les pleurs. Et je ne voulais pas. Je ne voulais pas que tout recommence. Finalement, maman avait raison. Tout était de ma faute. Patrick et Teresa étaient heureux avant mon arrivée. Et maintenant, ils se regardaient comme s’ils se détestaient. Comme s’il n’y avait plus d’amour entre eux. Juste du vide. Et je voulais qu’ils soient comme avant, comme quand je les surprenais à se faire des bisous d’amoureux. Mais comment faire ? J’avais essayé d’aider papa et maman et j’avais été punie.
Ça avait été la première fois que maman m’avait enfermée dans le placard de ma chambre. Papa s’était mis dans une colère noire, et nous étions partis loin. Mais il y avait eu l’accident. Et maman avait dit que tout était de ma faute. Que sans moi, papa serait encore là. Et maintenant, Patrick et Teresa se comportaient comme eux. Et je ne voulais pas que Patrick meurt. Ou que Teresa meurt. Alors dès qu’on arriva chez Teresa, je courus jusqu’à la porte et dès que Teresa m’eut ouvert, je me précipitais dans les escaliers, attrapais mon doudou sur le lit et courais m’enfermer dans le placard. Peut-être que si je restais cachée, ils ne seraient plus fâchés et se réconcilieraient. Peut-être qu’ils ne crieraient pas. Remontant mes genoux contre ma poitrine, je serrais mon doudou contre moi et me mettais à chantonner doucement pour oublier qu’il faisait noir, et que j’avais encore tout gâché. Pour oublier qu’en bas, Patrick et Teresa se disputaient. Pour oublier que la vie ça faisait mal, et que peut-être maman avait raison en disant que je n’aurais pas dû survivre à l’accident.
Des cris me firent sursauter, et je me mettais à trembler. Je me bouchais les oreilles pour ne plus les entendre, mais c’était peine perdue. La voix colérique de Patrick me parvenait comme s’il se trouvait à côté de moi, et celle de Teresa vibrait tellement de rage que je la reconnaissais à peine. Ils se hurlaient dessus, comme s’ils faisaient un concours de celui qui crierait le plus fort et dirait le plus de méchanceté. Et soudain, ce fut le silence. Tremblante, des larmes silencieuses coulant sur mes joues, je m’agenouillais dans ma cachette et tendais l’oreille, le cœur battant. Ce silence était encore plus angoissant que les cris. Le claquement d’une porte me fit violemment sursautée, et prise d’un mauvais pressentiment, je me ruais hors de ma cachette. Mais dans ma précipitation, je me prenais les pieds dans le tapis et m’écroulais au sol. Indifférente à la douleur qui irradiait de mes genoux et de mes paumes, je me relevais et courais à la fenêtre. Juste à temps pour voir Patrick monter dans sa voiture et partir loin de nous. Un cri inarticulé s’échappa de mes lèvres et je me laissais tomber par terre, pleurant de toutes mes forces.
« Patrick ! » criais-je en pleurant de plus belle, laissant ma tête cognée contre le sol.
Je me roulais en boule par terre, serrant mon doudou contre moi, laissant les larmes coulées sur mes joues. Maintenant que Patrick était parti, Teresa allait m’abandonner elle aussi. Pourquoi voudrait-elle encore de moi alors que par ma faute Patrick l’avait quitté ? Elle allait m’accusé comme maman avant elle. Un gémissement m’échappa, et je sursautais lorsque des bras m’entourèrent, me soulevant de terre. Prise de panique, je me débattais, frappant et griffant, mais les bras ne me lâchèrent pas. Tournant la tête, j’aperçus le visage de Teresa, et je constatais qu’elle avait les yeux rouges. Elle avait pleuré visiblement. Cessant de me débattre, je me laissais faire, attendant les reproches et les insultes. Mais rien ne vint. Au lieu de ça, Teresa m’allongea sur mon lit et s’adossa contre la tête avant de m’attirer à elle. Elle plaça une de ses mains dans mes cheveux qu’elle se mit à caresser, et elle commença à me chanter une chanson.
Courage Petite Sœur,
Fais un vœu chaque fois que tu pleures,
Redresses-toi au lieu d’avoir peur,
Quelqu’un t’attends là-bas….
Souris Petite Sœur,
Même quand tu as envie d’avoir peur,
Le bonheur est tout près, il existe,
Quelqu’un t’attends là-bas….
Garde toujours une prière dans ta poche,
Et tu y verras plus clair,
Ne t’en fais pas la nuit s’en va,
Ne vois pas le monde à l’envers….
Confiance Petite Sœur,
Tes espoirs seront réalité,
Il te faut du courage Petite Sœur,
Quelqu’un viendra pour t’aimer….
Les paroles de cette chanson tirées de Bernard et Bianca, et le doux son de la voix de Teresa m’apaisèrent, et je me laissais progressivement emporter par une douce et réconfortante torpeur. Blottie dans les bras de Teresa, je soupirais de soulagement en découvrant qu’elle ne semblait pas m’en vouloir. Et encore une fois, je m’en voulus de l’avoir comparée à maman. Teresa n’était pas comme elle. En fait, elles étaient aussi différentes que la nuit et le jour. Maman était grande, blonde et glaciale. Teresa était petite, brune et chaleureuse. Maman étai égoïste là où Teresa était généreuse. Oui, Teresa était différente, et je m’en voulais d’avoir fait d’elle le monstre de mes cauchemars. Elle ne le méritait pas alors qu’elle avait été si gentille avec moi. Comme pour me faire pardonner, je passais mes bras autour de son cou et me serrais fort contre elle, souriant lorsqu’elle me rendit mon étreinte. Si Teresa n’était pas fâchée contre moi, c’est que je n’avais rien fait de mal. Alors pourquoi s’était-elle disputée avec Patrick ? Et pourquoi était-il parti en nous laissant seule ? J’aurais aimé lui posé la question, mais je ne voulais pas lui faire plus de peine.
« Tu as faim ? » me demanda Teresa au bout d’un long moment de silence, et rouvrant les yeux, je constatais que le jour s’achevait déjà.
Je n’avais pas vu le temps passé tant mon chagrin avait été grand. Je secouais la tête négativement, ne voulant pas quitté ma chambre et les bras rassurants de Teresa.
« Non… moi non plus je n’ai pas faim… » souffla-t-elle en reprenant sa caresse dans mes cheveux.
Elle avait l’air si triste, et j’espérais que Patrick allait vite revenir et qu’il la consolerait. Il m’avait dit que les bras de Teresa étaient magiques, mais je savais que pour Teresa, c’était ceux de Patrick qui l’étaient, et que lui seul parviendrait à lui rendre le sourire.
Je m’étais retenu de lui rappeler que RedJohn représentait une menace potentielle pour elles. J’attendais donc le retour de Teresa pour lui demander de placer la maison de Molly sous surveillance policière. Mais les heures passaient, et Teresa ne revenait toujours pas. Avait-elle eu de nouvelles informations concernant l’enquête ? Ce matin, j’avais eu l’impression qu’elle me cachait quelque chose d’important, mais j’avais mis ça sur le compte de mon comportement de la nuit dernière. Mais à présent, je commençais à me demander s’il n’y avait pas autre chose derrière son attitude distante. En soupirant, je préparais le repas d’Elora, et lorsque les spaghettis furent prêts, je l’appelais. Un sourire étira mes lèvres en la voyant débarqué, les couettes de travers et les joues rougies par ses jeux. Elle était adorable, et je ne comprenais pas comment sa mère avait pu se montrer aussi cruelle avec elle. En fait, je ne comprenais que trop bien ce qu’il s’était passé dans la tête de cette dernière, ce qui m’emplissait d’un puissant sentiment de rage.
La petite main d’Elora sur mon bras me tira de mes pensées, et je reportais toute mon attention sur elle, constatant qu’elle m’observait avec de grands yeux interrogateurs. Je lui souriais pour la rassurée, et délicatement, la soulevait pour l’installer sur un des tabourets avant de lui tendre une serviette qu’elle noua autour de son cou avant d’attendre patiemment que je dépose son assiette devant elle. Une lueur gourmande éclaira son regard à la vue de l’assiette de spaghetti à la bolognaise que je lui remis, et elle attrapa prestement sa fourchette en m’adressant un grand sourire lumineux qui me fit fondre. Mais alors qu’elle s’apprêtait à porter sa première bouchée à sa bouche, elle fronça les sourcils avant de reposer le couvert sans toucher à son contenu.
« Qu’y a-t-il Elora ? » m’enquis-je, surpris par son comportement.
« Où est Teresa ? » écrivit-elle sur son ardoise qu’elle me tendit avec de grands yeux inquiets.
« Au CBI… » répondis-je en dissimulant ma propre inquiétude « Nous irons lui apporter son repas après si tu veux » déclarais-je pris d’une subite inspiration.
« Une surprise ? » s’enthousiasma Elora avec un grand sourire alors que ses yeux se mettaient à pétiller d’excitation.
« Oui. Je suis sûr qu’elle sera contente que tu ais pensé à elle » approuvais-je en lui faisant un clin d’œil complice.
Elora acquiesça et se mit enfin à manger. Mais après deux ou trois cuillérées, elle s’arrêta de nouveau et pris son ardoise.
« Tu veux que l’on y ailles maintenant pour manger avec elle ? » déchiffrais-je en songeant que décidément cette petite fille était un ange.
Elora acquiesça en hochant vigoureusement la tête, et j’acquiesçais volontiers, impatient moi aussi de rejoindre Teresa et de découvrir ce qu’elle me cachait depuis le matin.
« D’accord, file te préparer pendant que j’emballe ce qu’il nous faut pour le repas ! » déclarais-je en l’aidant à sauter à bas du tabouret.
Mettant les pâtes et la viande dans deux Tupperware, j’attrapais assiettes et couverts et déposais le tout dans le panier que nous avions utilisé pour le pique-nique. J’ajoutais quelques serviettes en papier des gobelets et une bouteille d’eau et refermais le panier au moment où Elora réapparaissait, une brosse dans sa main et son manteau dans l’autre. Elle me tendit l’accessoire de coiffure et se retourna pour que je lui refasse ses couettes, ce que je m’appliquait à faire, me demandant comment Teresa s’y prenait pour dompter les mèches rebelles qui s’obstinaient à vouloir s’échapper de l’élastique. Elora s’impatientant, je lui attachais sommairement les cheveux, sachant que de toute façon, Teresa la recoifferait dès notre arrivée au CBI. La pensée me fit sourire. Plus le temps s’écoulait, plus nous avions tout d’une parfaite petite famille.
« Allez, allons-y ! » déclarais-je en aidant Elora à enfiler son manteau avant qu’elle ne glisse sa petite main dans la mienne.
Le trajet s’effectua en silence, Elora chantonnant les airs que diffusait la radio, et j’en profitais pour trouver une explication à l’attitude de Teresa. Mais j’avais beau chercher, je ne trouvais pas ce qu’elle pouvait bien me dissimuler. Une chose était sûre, ça devait être très important pour la faire culpabilisée. Un frisson d’appréhension me secoua, et c’est l’estomac noué que je me garais devant le CBI. Elora se rua dehors, mais elle s’immobilisa devant les portes de l’imposant bâtiment, attendant sagement que je la rejoigne avant de s’y engager. Dans l’ascenseur, Elora sautillait doucement, regardant les chiffres défilés avec impatience, et soupira lorsque l’ascenseur s’immobilisa à l’étage de la scientifique. Un des laborantins fit un pas en avant, un dossier à la main ainsi qu’une enveloppe dont le scellé n’était pas clos, avant de s’immobiliser en m’apercevant. Son regard passa de moi à ses mains à plusieurs reprises.
« Puis-je vous aidés ? » m’enquis-je en lui souriant amicalement.
« Ce dossier est pour l’agent Lisbon. Je dois le lui remettre, mais j’ai beaucoup de travail et je… » expliqua-t-il nerveusement.
« Je vais la rejoindre justement ! Donnez-le moi, je le lui remettrais » déclarais-je en tendant ma main libre vers lui.
« Merci » soupira-t-il avec soulagement avant d’ajouter « toutes nos conclusions se trouvent dans ce dossier. Dites-lui de ne pas hésiter à nous appeler si jamais elle ne comprenait pas quelque chose »
« Je le ferais » approuvais-je en posant l’enveloppe sur le panier.
Intrigué par celle-ci, je la fixais du regard, me demande ce qu’elle pouvait contenir. Au jugé, j’aurais dit un cadre, mais pourquoi Teresa ferait analyser un cadre et surtout de quel cadre s’agissait-il ? Un de ceux de chez elle ? C’était peut-être ce qu’elle me cachait. Elle ne voulait pas me dire que quelqu’un s’était introduit chez elle cette nuit pour ne pas m’inquiéter. Et si c’était le cas, il ne pouvait s’agir que d’une seule personne. RedJohn était venu la nuit dernière et pour une raison que je ne m’expliquais pas, il nous avait épargné. S’il n’était pas venu pour nous tuer, pourquoi avoir pris le risque d’être surpris ? Quel était le but de sa visite ? Reportant mon regard sur l’enveloppe, dédaignant le dossier que je glissais sous celle-ci, j’hésitais sur la conduite à tenir. Visiblement Teresa n’avait pas voulu que je vois ce cadre. C’était donc que RedJohn l’avait déposé pour moi. Mais que contenait-il pour que Teresa se soit donné tant de mal pour me le dissimuler ? Profitant de ce que les portes de les portes s’ouvraient et de ce qu’Elora se ruait dehors pour rejoindre Teresa, je basculais légèrement le panier, faisant glisser le cadre hors de l’enveloppe. Et je me figeais.
Sous mes yeux ébahis apparut le visage souriant de ma petite fille. Ma petite fille adolescente. Alors voilà ce que Teresa m’avait caché. Je comprenais son geste. Je le comprenais vraiment, mais une colère sourde s’éveilla en moi. Elle n’aurait pas du me dissimuler cette photo. Elle n’en avait pas le droit. Je savais qu’elle avait voulu me protéger, mais pour cela, elle m’avait menti. Et je me sentais trahi. Quittant difficilement cette photo qui me montrait un bonheur envolé à jamais, je rajustais le panier, et le cadre reprit sa place dans l’enveloppe. Comme un automate, je me dirigeais vers le bureau de Teresa, guidé par le rire d’Elora auquel répondait la voix douce et caressante de Teresa. Mais cette fois, cela ne suffit pas à m’apaiser. Seule la tête de RedJohn servit sur un plateau d’argent le pourrait. Avec cette photo, il avait fait renaître ma soif de vengeance, et je savais que c’était pour éviter cela que Teresa ne m’avait rien dit. Mais elle était la mieux placée pour savoir que ce genre de mensonge finissait toujours par remontés à la surface.
Et qu’en général, cela faisait pus de mal que si la vérité avait éclatée dès le départ. Mais en croisant le regard brillant de joie d’Elora, je me contenais pour ne pas exploser sur le champ. Je devais avant tout penser à cette petite fille qui ne méritait pas de souffrir plus que nécessaire. Sans répondre au sourire de Teresa, je me dirigeais vers son bureau sur lequel je déposais l’enveloppe et le dossier avant de me tourner vers elle. Je la vis pâlir dangereusement et fermés les yeux en prenant une profonde inspiration. Mon cœur se serra en voyant l’angoisse au fond de son regard. Je lui adressais un regard froid et vide de toutes émotions, et je vis l’éclat du sien se ternir alors que des larmes y faisaient leur apparition. Mais je refusais de me laisser attendrir. Indifférent à sa peine, je détournais le regard et sans un mot, la condamnant en silence, je m’approchais de la petite table pour y déposer notre repas. Je vis du coin de l’œil Teresa chasser d’un geste rageur l’unique larme qui s’était frayé un chemin sur sa joue avant de reprendre son masque de patronne. Teresa venait à nouveau de céder la place à Lisbon, et mon cœur se serra en songeant que je venais de faire ce que je voulais à tout prix évité. Mais il était trop tard pour reculer.
Encore une fois, RedJohn nous montrait que c’était lui qui était le maître du jeu, et que nous ne pouvions que subir en courbant l’échine. Et j’en avais assez. Aujourd’hui plus que jamais, je savais que le seul moyen de pouvoir vivre librement et en toute quiétude, c’était de faire disparaître RedJohn de la surface de la Terre. Et c’était à moi de le faire. à personne d’autre, et surtout pas à Teresa. Je ne voulais pas que son âme qui avait garder toute sa pureté soit entachée par le meurtre de cette abomination. Et pour qu’elle ne cherche pas à m’en dissuadée, j’allais devoir m’éloigner d’elle. Même si ça me déchirait le cœur. Je n’avais pas le choix si je voulais la protégée, la préservée de ce qui allait se produire. Je ne voulais pas qu’elle soit mêlée à ma vengeance. Et puis il y avait Elora. Je devais penser à elle aussi. Je devais la tenir éloignée de RedJohn. Et le seul moyen d’y parvenir, c’était de m’éloigner d’elles.
« Mangeons avant que ce soit froid » déclara Teresa en servant une assiette à Elora avant d’en faire de même pour nous.
Du coin de l’œil, je remarquais qu’elle remplissait à peine son assiette, mais je me retenais de tout commentaire. Dans un silence de mort, nous mangeâmes, et je sentis le regard inquiet de Teresa se poser régulièrement sur moi, même si je percevais peu à peu la colère faire place à l’inquiétude, ce qui était parfait. Je voulais la mettre en colère. Je voulais qu’elle soit suffisamment fâchée contre moi pour que mon départ la soulage et même pour que ce soit elle qui le provoque. Je continuais donc de l’ignorer, gardant obstinément le regard rivé sur mon assiette.
***********
Les mises en garde de l’agent Parker me trottaient dans la tête alors que je faisais les cent pas dans mon bureau, attendant les résultats des analyses que j’avais demandées sur le cadre trouvé dans mon salon. RedJohn se renseignait sur moi. Et ce la m’inquiétait. Pas pour moi, j’étais une grande fille et je savais me défendre, mais pour ma famille. Aussi décidais-je de prendre mon téléphone pour contacter mes frères afin de les mettre en garde, même si je savais qu’il y avait peu de chance pour qu’ils m’écoutent. Surtout Tommy. Il était aussi têtu et borné que Patrick, et ce n’était pas peu dire. Mais j’espérais que cette fois il me prendrait au sérieux, ne serait-ce que pour la sécurité de Rebecca. Enfin quand je voyais qu’il continuait de courir après les criminels en entraînant sa fille à sa suite, j’avais peu d’espoir. Aussi une fois que je leur eus laissé des messages, contactais-je la police locale pour leur demander d’assurer une surveillance discrète sur mes frères en leur expliquant la situation. Dès que j’eus prononcé le nom de RedJohn, je fus assurée de leur entière coopération.
Soulagée, je recommençais mes allers-retours en me demandant pour la millionième fois si j’avais pris la bonne décision en dissimulant l’existence de cette photo à Patrick. Mais j’avais beau retourné le problème dans ma tête, je ne trouvais pas de solutions convenables. Cette photo n’avait pas d’autre raison d’être que de faire souffrir Patrick, de le torturer avec le souvenir de ce que sa bravade avait coûter à sa famille. Et je savais que dès lors que Patrick poserait le regard sur le visage épanoui de sa précieuse petite fille, il n’aurait plus qu’une envie. Retrouver RedJohn et le tuer. Et je ne le voulais pas. A aucuns prix. Je ne voulais pas le perdre de cette façon. Pourtant j’avais conscience que s’il découvrait ce que je lui avais sciemment caché, je le perdrais. Cette trahison, même si elle servait de nobles objectifs, me coûterait la confiance de Patrick et par là-même notre histoire naissante. Mais si pour le garder en vie et en sécurité, je devais accepter de le voir s’éloigner de moi, alors c’était un prix que j’étais prête à payer.
L’arrivée en trombe d’Elora dans mon bureau me tira de mes sombres pensées, et je n’eus que le temps de me retourner qu’elle m’avait déjà sauter au cou. Instinctivement, je la serais dans mes bras, heureuse de sa présence. Relevant la tête, je fus surprise de ne pas voir apparaître Patrick dans l’encadrement de la porte, mais Elora l’avait sûrement distancé dans les couloirs. Amusée je constatais que ses couettes avaient été refaites de travers et que des boucles folles s’en échappaient. Dans une grimace, Elora attrapa son ardoise et m’apprit que Patrick cuisinait bien mais qu’il était nul pour attacher les cheveux. En riant, je récupérais la petite brosse que je gardais dans mon sac à main et entreprenais de recoiffer convenablement cette jeune demoiselle tout en lui racontant quelques anecdotes concernant Patrick qui devait avoir les oreilles qui sifflent à force. Mais ça avait le mérite de faire rire Elora. Sentant une présence dans mon dos, je relevais la tête et souriais en découvrant la présence de Patrick.
Mais mon sourire se fana lorsque Patrick m’adressa un regard glacial qui me fit froid dans le dos. Jamais encore il ne m’avait regardé comme ça. Surprise et blessée, je le suivais du regard et tressaillais en le voyant déposer une enveloppe et un dossier avec le logo de la scientifique. Et en éclair je comprenais qu’il avait tout découvert. Et sans surprise, il m’en voulait. J’avais beau m’être attendue à une telle réaction de sa part, cela n’en fit pas moins mal pour autant. J’avais voulu le protéger d’une nouvelle douleur inutile, mais bien sûr, monsieur ne le voyait pas comme ça. En soupirant, l’appétit coupé, je grignotais pour ne pas faire de peine à Elora tout en lançant de fréquents regards à Patrick qui s’obstinait à bouder et à fuir mon regard. Et je sentis une colère sourde montée en moi. S’il voulait faire sa tête de mule et se poser en victime, grand bien lui fasse, mais je ne m’aplatirais pas devant lui. Je ne m’excuserais pas de l’aimer au point de vouloir le préserver de lui-même.
Le repas terminé, je décidais d’emporter le dossier à la maison, me rappelant qu’Heightower ne voulait pas voir Elora traîner dans les bureaux. Et puis si Patrick et moi devions nous expliquer, autant que cela se fasse loin des oreilles indiscrètes des autres agents. Prenant une profonde inspiration et affichant un sourire de façade, j’annonçais donc à Elora que nous pouvions rentrer à la maison. Avec un grand sourire, elle sauta sur ses pieds et se rua dans les bureaux pour dire au revoir à l’équipe, nous laissant seuls Patrick et moi. Comme il continuait de se murer dans un silence boudeur, je décidais de l’ignorer à mon tour et sans lui prêter la moindre attention, rassemblait mes affaires, avant de me diriger vers la porte de mon bureau pour prévenir mon équipe de la suite des évènements.
« Bien, je vais étudier ces dossiers chez moi. Vous savez ce que vous avez à faire. Grace occupez-vous de l’ordinateur de Caldwell, et vous les gars, allez l’interrogez. Une nuit en cellule lui aura peut-être délier la langue » déclarais-je en espérant qu’ils ne remarqueraient pas mon trouble grandissant.
« Bien boss » acquiesça Grace en se mettant immédiatement à la tâche.
« Nous y allons de ce pas. Nous vous ferons parvenir le compte-rendu de l’interrogatoire » déclara Cho dont le regard perçant passa de Patrick à moi, comme s’il avait perçu la tension qui existait entre nous.
D’un hochement de tête approbateur, je faisais signe à Elora que nous pouvions y aller, et toujours en ignorant Patrick, la suivait jusqu’aux ascenseurs. La tension dans cet espace clos était tellement perceptible qu’elle émettait des vibrations négatives qui finirent par atteindre Elora. Fronçant les sourcils et perdant son sourire, elle leva la tête vers nous, cherchant à comprendre si elle avait fait quelque chose qui nous avait déplu. Percevant son malaise, et m’en voulant de l’inquiéter inutilement, je lui souriais tendrement afin de la rassurée. Indécise, elle regarda Patrick qui adopta la même attitude, et Elora se détendit, en concluant probablement que notre tension concernait des problèmes de grand et n’avait rien à voir avec elle. L’espace d’un instant, mon regard croisa celui de Patrick, et je frémis de nouveau devant la froideur qu’il affichait, et l’espace d’un instant j’eus l’impression de me retrouver bien des années plus tôt, devant le Patrick Jane que je ne supportais pas. Et ce constat me fit bien plus mal que n’importe quoi d’autre.
Je soupirais de soulagement lorsque je me retrouvais seule au volant de ma voiture. Ce répit me permettrait de mettre de l’ordre dans mes idées et surtout de me blindée contre la discussion à venir. Je connaissais suffisamment Patrick pour savoir qu’il n’hésiterait pas à se montrer odieux et blessant pour cacher sa propre douleur. Et puisqu’il ne pouvait s’en prendre directement à RedJohn pour le moment, c’était moi qui allait faire les frais de sa colère et de son impuissance. Et je savais que nous sortirions tout deux blessés de cette discussion. Mais il n’y avait rien que je puisse faire pour l’empêcher. Tout ce que je pouvais faire, c’était d’essayer de garder mon calme et de ne pas répondre aux provocations de Patrick. Ce qui serait sans nul doute plus facile à dire qu’à faire. En soupirant, je surveillais que Patrick ne suivait bien, mais la présence d’Elora dans sa voiture m’assurait qu’il ne me fausserait pas compagnie, ce qui d’une certaine manière aurait sûrement été la solution la moins blessante.
Le trajet jusque chez moi ne me parut jamais plus court qu’en ces instants, mais je me voyais mal faire un détour pour gagner du temps. Et puis je n’étais pas du genre à fuir devant les difficultés. Non, j’avais appris très jeune à les affrontées sans jamais baisser la tête. J’étais une combattante, et si Patrick n’en avait pas encore pleinement conscience, il allait l’apprendre à ses dépends. Me garant dans mon allée, je quittais ma voiture au moment où Patrick s’y engagea à son tour, et un sourire étira mes lèvres en voyant Elora en sortir comme une tornade, sans même attendre que la petite voiture soit garée convenablement. Arrivée devant la porte, elle se tourna vers moi, me faisant signe de me dépêchée, ce que je fis en étouffant un rire. Mais alors que je la rejoignais pour lui ouvrir la porte, un frisson semblable à celui de ce matin me traversa, et je retournais brutalement pour scruter la rue. J’aurais juré que quelqu’un nous épiait, mais j’eus beau observer attentivement les alentours, je ne décelais rien qui sorte de l’habituel.
« Un problème ? » m’interrogea Patrick en suivant mon regard.
Pour seule réponse, je secouais la tête négativement et entrais dans la maison, Patrick sur les talons.
**********
Patrick et Teresa avaient beau me sourire et agir comme si tout allait bien, je sentais que quelque chose avait changé entre eux. Durant tout le repas, j’avais senti un malaise grandir entre eux, et j’avais vu la colère envahir les yeux de Teresa, remplaçant la tristesse alors que ceux de Patrick se refroidissaient progressivement. Tout cela je l’avais déjà vécu avant la mort de papa. Sauf que Teresa était papa et que Patrick était maman. Mais la situation était la même et je savais comment ça allait se terminer. Dans les cris et les pleurs. Et je ne voulais pas. Je ne voulais pas que tout recommence. Finalement, maman avait raison. Tout était de ma faute. Patrick et Teresa étaient heureux avant mon arrivée. Et maintenant, ils se regardaient comme s’ils se détestaient. Comme s’il n’y avait plus d’amour entre eux. Juste du vide. Et je voulais qu’ils soient comme avant, comme quand je les surprenais à se faire des bisous d’amoureux. Mais comment faire ? J’avais essayé d’aider papa et maman et j’avais été punie.
Ça avait été la première fois que maman m’avait enfermée dans le placard de ma chambre. Papa s’était mis dans une colère noire, et nous étions partis loin. Mais il y avait eu l’accident. Et maman avait dit que tout était de ma faute. Que sans moi, papa serait encore là. Et maintenant, Patrick et Teresa se comportaient comme eux. Et je ne voulais pas que Patrick meurt. Ou que Teresa meurt. Alors dès qu’on arriva chez Teresa, je courus jusqu’à la porte et dès que Teresa m’eut ouvert, je me précipitais dans les escaliers, attrapais mon doudou sur le lit et courais m’enfermer dans le placard. Peut-être que si je restais cachée, ils ne seraient plus fâchés et se réconcilieraient. Peut-être qu’ils ne crieraient pas. Remontant mes genoux contre ma poitrine, je serrais mon doudou contre moi et me mettais à chantonner doucement pour oublier qu’il faisait noir, et que j’avais encore tout gâché. Pour oublier qu’en bas, Patrick et Teresa se disputaient. Pour oublier que la vie ça faisait mal, et que peut-être maman avait raison en disant que je n’aurais pas dû survivre à l’accident.
Des cris me firent sursauter, et je me mettais à trembler. Je me bouchais les oreilles pour ne plus les entendre, mais c’était peine perdue. La voix colérique de Patrick me parvenait comme s’il se trouvait à côté de moi, et celle de Teresa vibrait tellement de rage que je la reconnaissais à peine. Ils se hurlaient dessus, comme s’ils faisaient un concours de celui qui crierait le plus fort et dirait le plus de méchanceté. Et soudain, ce fut le silence. Tremblante, des larmes silencieuses coulant sur mes joues, je m’agenouillais dans ma cachette et tendais l’oreille, le cœur battant. Ce silence était encore plus angoissant que les cris. Le claquement d’une porte me fit violemment sursautée, et prise d’un mauvais pressentiment, je me ruais hors de ma cachette. Mais dans ma précipitation, je me prenais les pieds dans le tapis et m’écroulais au sol. Indifférente à la douleur qui irradiait de mes genoux et de mes paumes, je me relevais et courais à la fenêtre. Juste à temps pour voir Patrick monter dans sa voiture et partir loin de nous. Un cri inarticulé s’échappa de mes lèvres et je me laissais tomber par terre, pleurant de toutes mes forces.
« Patrick ! » criais-je en pleurant de plus belle, laissant ma tête cognée contre le sol.
Je me roulais en boule par terre, serrant mon doudou contre moi, laissant les larmes coulées sur mes joues. Maintenant que Patrick était parti, Teresa allait m’abandonner elle aussi. Pourquoi voudrait-elle encore de moi alors que par ma faute Patrick l’avait quitté ? Elle allait m’accusé comme maman avant elle. Un gémissement m’échappa, et je sursautais lorsque des bras m’entourèrent, me soulevant de terre. Prise de panique, je me débattais, frappant et griffant, mais les bras ne me lâchèrent pas. Tournant la tête, j’aperçus le visage de Teresa, et je constatais qu’elle avait les yeux rouges. Elle avait pleuré visiblement. Cessant de me débattre, je me laissais faire, attendant les reproches et les insultes. Mais rien ne vint. Au lieu de ça, Teresa m’allongea sur mon lit et s’adossa contre la tête avant de m’attirer à elle. Elle plaça une de ses mains dans mes cheveux qu’elle se mit à caresser, et elle commença à me chanter une chanson.
Courage Petite Sœur,
Fais un vœu chaque fois que tu pleures,
Redresses-toi au lieu d’avoir peur,
Quelqu’un t’attends là-bas….
Souris Petite Sœur,
Même quand tu as envie d’avoir peur,
Le bonheur est tout près, il existe,
Quelqu’un t’attends là-bas….
Garde toujours une prière dans ta poche,
Et tu y verras plus clair,
Ne t’en fais pas la nuit s’en va,
Ne vois pas le monde à l’envers….
Confiance Petite Sœur,
Tes espoirs seront réalité,
Il te faut du courage Petite Sœur,
Quelqu’un viendra pour t’aimer….
Les paroles de cette chanson tirées de Bernard et Bianca, et le doux son de la voix de Teresa m’apaisèrent, et je me laissais progressivement emporter par une douce et réconfortante torpeur. Blottie dans les bras de Teresa, je soupirais de soulagement en découvrant qu’elle ne semblait pas m’en vouloir. Et encore une fois, je m’en voulus de l’avoir comparée à maman. Teresa n’était pas comme elle. En fait, elles étaient aussi différentes que la nuit et le jour. Maman était grande, blonde et glaciale. Teresa était petite, brune et chaleureuse. Maman étai égoïste là où Teresa était généreuse. Oui, Teresa était différente, et je m’en voulais d’avoir fait d’elle le monstre de mes cauchemars. Elle ne le méritait pas alors qu’elle avait été si gentille avec moi. Comme pour me faire pardonner, je passais mes bras autour de son cou et me serrais fort contre elle, souriant lorsqu’elle me rendit mon étreinte. Si Teresa n’était pas fâchée contre moi, c’est que je n’avais rien fait de mal. Alors pourquoi s’était-elle disputée avec Patrick ? Et pourquoi était-il parti en nous laissant seule ? J’aurais aimé lui posé la question, mais je ne voulais pas lui faire plus de peine.
« Tu as faim ? » me demanda Teresa au bout d’un long moment de silence, et rouvrant les yeux, je constatais que le jour s’achevait déjà.
Je n’avais pas vu le temps passé tant mon chagrin avait été grand. Je secouais la tête négativement, ne voulant pas quitté ma chambre et les bras rassurants de Teresa.
« Non… moi non plus je n’ai pas faim… » souffla-t-elle en reprenant sa caresse dans mes cheveux.
Elle avait l’air si triste, et j’espérais que Patrick allait vite revenir et qu’il la consolerait. Il m’avait dit que les bras de Teresa étaient magiques, mais je savais que pour Teresa, c’était ceux de Patrick qui l’étaient, et que lui seul parviendrait à lui rendre le sourire.
Chapitre 30
Dernière édition par iliana le Dim 19 Fév 2012 - 13:45, édité 2 fois
iliana- Distributeur de café
- Personnage préféré : Jane
Loisirs : Lire, écouter de la musique, écrire, me balader et regarder les séries TV...
Localisation : derrière mon écran d'ordinateur
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
une suite...
Un petit miracle de fin d'année pour ce chapitre
Mes espoirs de voir un peu de calme dans le couple Jane/Lisbon sont partis en fumée
Mais quel passage
La tension est palpable dans chaque phrase...et au final on ne peut qu'approuver Jane. Il n'y aura pas de vie possible tant que sera vivant... Malheureusement la petite Elora subit les conséquences de cette traque infernale...
Une petite suite bientôt
Un petit miracle de fin d'année pour ce chapitre
Mes espoirs de voir un peu de calme dans le couple Jane/Lisbon sont partis en fumée
Mais quel passage
La tension est palpable dans chaque phrase...et au final on ne peut qu'approuver Jane. Il n'y aura pas de vie possible tant que sera vivant... Malheureusement la petite Elora subit les conséquences de cette traque infernale...
Une petite suite bientôt
Johel- In Jane we trust
- Personnage préféré : Jane et Cho
Loisirs : Lecture, ciné, jeux vidéo et suuuurf !
Localisation : près de l'océan
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Une suite !!! Trop bien !! Toujours aussi prenante ta fic, je dévore les chapitres sans les voir passer ! Les points de vue intérieurs sont toujours aussi bien menés ! Bravo !
Bien évidemment, tout se passait trop bien, il fallait qu'un grain de sable vienne enrayer le tout ! La faute à RJ encore ...
Bien évidemment, tout se passait trop bien, il fallait qu'un grain de sable vienne enrayer le tout ! La faute à RJ encore ...
Cdt63- Gardien du parking
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Non non, vous ne rêvez pas, c'est bien moi, et avec une suite en plus !
Merci à celles qui continuent de lire cette fic. J'essayerais de ne pas trop vous faire attendre pour la suite, mais je suis en période de partiels (d'ailleurs je devrais réviser au lieu de fofoter ), donc je l'écris dès que possible...
Sur ce, bonne lecture
Chapitre 30 :
Chapitre 31
Merci à celles qui continuent de lire cette fic. J'essayerais de ne pas trop vous faire attendre pour la suite, mais je suis en période de partiels (d'ailleurs je devrais réviser au lieu de fofoter ), donc je l'écris dès que possible...
Sur ce, bonne lecture
Chapitre 30 :
J’avais encore du mal à croire que je l’avais poussée à bout au point qu’elle me gifle. Et elle n’y était pas allé de main morte, c’était le moins que l’on puisse dire. Ma joue me brûlait, et j’étais sûr que si je m’observais dans une glace, je verrais l’empreinte de la main de Teresa incrustée sur ma joue. J’avais été odieux avec elle, et je réalisais alors que je roulais comme un fou sur la route qui me ramenait chez moi, que j’avais de la chance qu’elle se soit contentée de me gifler. Parce que j’avais un peu trop tendance à oublier un détail capital. Elle était armée et savait se servir de son arme. Et furieuse comme elle l’était, je n’aurais pas été surpris de la voir dégainer pour me descendre. Rageur, je frappais du poing mon volant, ignorant la douleur que j’en ressentis. Ce n’était rien comparé à celle que je venais d’infliger à Teresa. Après un tel comportement, je savais qu’elle ne voudrait plus entendre parler de moi. Et lorsque l’affaire RedJohn serait classée, je partirais, la laissant enfin tranquille. Un étau enserra mon cœur à l’idée de ne plus la voir, mais il était trop tard pour faire marche arrière.
J’avais laissé RedJohn faire ce que je m’étais juré d’éviter. S’immiscer dans ma relation avec Teresa. J’avais à nouveau laissé ma rage et ma haine envers lui prendre le dessus, occultant tout le reste. Et le couperet s’était abattu au-dessus de ma tête. J’avais perdu Teresa, et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. C’était moi qui m’étais laissé manipuler comme une de ses marionnettes. Je n’étais qu’un imbécile songeais-je en me garant devant chez moi. En traînant des pieds, je pénétrais dans cette demeure que je connaissais par cœur, mais qui en cet instant me paraissait étrangère, presque hostile. Ma maison se trouvait chez Teresa. Et je savais que plus jamais je n’aurais l’impression d’être chez moi. En soupirant, je faisais quelques pas dans le salon avant de me figer, les sens aux aguets. Quelqu’un était venu ici, chaque fibre de mon être me le criait. Prudemment, j’avançais dans la pièce, mais qui que soit la personne qui était venu me rendre une petite visite, elle n’était plus là. Tournant sur moi-même, je cherchais s’il manquait quoi que ce soit, mais ne remarquait rien d’inhabituel, si ce n’est peut-être quelques photos de famille déplacées.
Inutile d’être voyant pour deviner qui était la personne qui s’était introduit chez moi. Un grondement de rage m’échappa, et je frappais du poing dans le mur, grimaçant en entendant mes articulations craquées. Me passant une main lasse dans les cheveux, je grimpais les escaliers pour aller prendre une douche. J’y verrais peut-être plus clair après ça. Mais alors que j’atteignais l’étage, je me figeais, le pied en l’air, incapable d’esquisser le moindre mouvement. La porte de la chambre de Charlotte était ouverte, et de la musique s’en échappait, comme si ma fille s’y trouvait. Le cœur au bord des lèvres, je prenais une profonde inspiration et réussissais à reprendre le contrôle de mon corps. Alors voilà pourquoi RedJohn était venu ici. Pour enfoncer le clou et me mettre à terre. Parce qu’il ne faisait aucun doute dans mon esprit que ce que j’allais trouver derrière la porte entrouverte de la chambre de ma petite princesse allait me détruire. Déjà, de découvrir la sublime adolescente qu’elle aurait dû devenir m’avait brisé le cœur pour la seconde fois, je ne survivrais pas à un second rappel de ce qu’aurait dû être ma vie.
Pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’avancer, comme pousser par une force invisible qui m’entraînant vers la vision cauchemardesque qui m’attendait. Comme dans un rêve, je levais lentement la main et poussais contre le chêne de la porte, mes doigts frôlant les lettres du prénom de mon bébé. Et l’espace d’un instant, j’eus l’impression d’halluciner. Il y avait une adolescente dans cette chambre. Assise au bureau de Charlotte, elle semblait faire ses devoirs. Un nouvel air commença, et comme hypnotisé, j’avançais doucement dans la pièce avant de me figer en réalisant que cette jeune fille était trop immobile pour que sa position soit naturelle. Et je compris que qui qu’elle soit, elle était morte. Je devais sortir. Maintenant. Et je devais appeler les gars. Si je touchais à quoi que ce soit, je risquais d’effacer de précieux indices qui pourraient peut-être nous mener jusqu’à RedJohn. Sans quitter la chevelure bouclée et soyeuse de cette adolescente, je reculais pas à pas, mes pieds semblant lestés de plomb.
Comment alors que cette jeune fille était morte, cette pièce pouvait-elle respirer la sérénité ? RedJohn avait toujours été très doué pour la mise en scène, mais là il s’était donné beaucoup de mal, et le résultat était troublant de réalisme. Continuant de reculer, je me heurtais à la rembarre de l’escalier et parvenait enfin à détourner mes yeux de cette jeune fille qui aurait pu être la mienne. Et alors que je m’élançais vers les escaliers, mon cœur fit une embardée en constatant que la porte de cette chambre dont je n’avais plus franchis le seuil depuis très longtemps était entrouverte, et que s’en échappait des effluves parfumées que j’aurais reconnu au milieu d’une foule malodorante. Le parfum d’Angela. Les mains moites et les jambes flageolantes, j’oubliais l’idée de prévenir les gars pour me diriger vers cette chambre. J’aurais du penser que si RedJohn avait tuer une adolescente qui ressemblait étrangement à Charlotte, il avait dû trouver la copie conforme de ma défunte épouse. D’une main tremblante, je poussais la porte et me statufiais en découvrant une beauté blonde endormie dans mon lit. Angela.
Mais je me reprenais bien vite. Angela était morte. Tout comme cette jeune femme dont le seul crime était d’être le portrait craché de ma femme. Le cœur au bord des lèvres, je sentis mes jambes se dérobées sous le poids de mon corps, et je me laissais tomber à terre, terrassé par le poids de la douleur et de la culpabilité. C’était parce que j’avais été incapable de trouver la véritable identité de RedJohn et de le mettre hors d’état de nuire que ces deux femmes étaient mortes. C’était de ma faute. J’avais échoués, et elles l’avaient payé de leurs vies, tout comme ma famille avant elles. Dévasté, je restais là, à fixer le visage de cette jeune femme, serein dans la mort. Etrangement, il n’y avait aucune trace de sang nulle part. Et je n’avais pas encore aperçut le funeste smiley. Ce détail me fit réagir. Intrigué, je me redressais tant bien que mal et décidais de parcourir les autres pièces de ma maison afin de découvrir si RedJohn m’avait réservé d’autres surprises. Le connaissant, et au vue de ce qu’il m’avait déjà réservé, je m’attendais au pire.
Mais avant toutes choses, je devais prévenir les gars et leur dire de venir avec une équipe de la scientifique. Attendre plus longtemps ne ferait que permettre à RedJohn de prendre de l’avance et de commettre d’autres crimes. Me saisissant de mon cellulaire, je contactais donc Cho, priant pour que Rigsby et lui aient terminé d’interroger Caldwell. Le téléphone de Cho sonna si longtemps dans le vide que je crus qu’il ne décrocherait pas, mais alors que je m’apprêtais à mettre un terme à la communication pour appeler Van Pelt, la voix de Cho retentit à l’autre bout de la ligne.
« Cho » lança-t-il, et quelque chose dans sa voix m’alarma.
« Que se passe-t-il ? » m’enquérais-je en fronçant les sourcils.
« Caldwell est mort. Il a été abattu dans la salle d’interrogatoire avant que nous puissions reprendre » soupira-t-il d’un ton lugubre.
« Il était devenu gênant pour RedJohn » remarquais-je en me passant une main agacée sur le nuque.
« J’ai demandé les caméras de surveillance, mais je doute que nous y trouvions quoi que ce soit… » poursuivit l’asiatique.
« En parlant de RedJohn, il faudrait que vous veniez chez moi, il m’a laissé un souvenir de son passage… » déclarais-je en me rappelant le but de mon appel.
« Il est venu chez toi? » s’inquiéta immédiatement Cho, et je l’entendis appeler Rigsby et lui demander de réunir une équipe sur le champ.
« Oui, et il a fait deux nouvelles victimes… » déclarais-je d’un ton sombre.
« Nous arrivons, et surtout ne touches à rien ! » s’exclama Cho avant de raccrocher.
« Comme si j’avais besoin qu’on me le dise ! » grommelais-je en m’éloignant des chambres pour ne pas revoir les dernières victimes connues de RedJohn.
Redescendant les escaliers, je me dirigeais machinalement vers mon bureau, avant de me figer une nouvelle fois en constatant que la porte de ce dernier était entrouverte et que la lumière était allumée. Une sueur froide me remonta la colonne vertébrale en imaginant ce qui pouvait m’attendre derrière cette porte. Prenant une profonde inspiration, je poussais d’une main fébrile le battant, et mon cœur s’emballa devant la scène qui s’offrit à mon regard. Il y avait des photos de Teresa partout, et sur chacune d’elles, un smiley sanglant recouvrait son visage. Je sentis la nausée m’envahir en voyant que sur un mur, RedJohn avait écrit avec du sang frais un message qui me fit violemment frissonné.
« Ta femme et ta fille ne t’ont pas suffit. Pourras-tu survivre à sa mort ? Pourras-tu te pardonner de ne pas avoir été là ? »
Non pas ça. Tout mais pas ça. Paniqué à l’idée qu’il soit trop tard, je me ruais vers la sortie au moment où l’équipe arrivait toute sirène hurlante.
« Cho ! vite il va s’en prendre à Teresa ! » criais-je en me ruant vers eux.
Comprenant ce qu’il en était, Cho et Rigsby remontèrent aussitôt en voiture alors que la scientifique prenait d’assaut ma maison, et je m’empressais de monter au moment où Cho faisait demi-tour et prenait le chemin de chez Teresa à vive allure.
OoOoOoOoOoOoOo
Je me réveillais en sursaut, le cœur battant la chamade, et le corps secoué de tremblements. Le souffle haletant, je jetais un regard près de moi, et souriais en découvrant Elora profondément endormie, mais mon sourire se fana en voyant la trace de ses larmes sur ses joues pâles. Elle n’aurait jamais dû entendre la dispute qui nous avait opposés Patrick et moi. Ce souvenir accentua mes tremblements, et je me passais une main tremblante sur le visage pour tenter de m’éclaircir les idées. J’avais frappé Patrick. Moi qui m’étais promis de ne pas me laisser dominée par mes sentiments avais échoué lamentablement. Mais Patrick avait été tellement abjecte, que j’avais agit instinctivement, et la gifle avait claquée dans l’air avant que je prenne la pleine mesure de mon geste. Un silence de plomb avait suivit, et la condamnation que j’avais lu dans le regard de Patrick m’avait plus blessée que les paroles que nous avions échangées. Mon geste impulsif condamnait plus sûrement que quoique ce soit notre relation.
Inerte, brisée par la douleur, j’étais restée sans réaction alors qu’il était partit en claquant la porte. Figée dans ma souffrance, j’étais demeurée au milieu de mon salon, le regard braqué sur l’endroit qu’il avait occupé quelques instants plus tôt, je n’avais repris pied dans la réalité qu’au moment où un hurlement désespéré avait retentit à mes oreilles. Surprise, j’avais mis plusieurs minutes avant de réussir à identifier la source de ce son. Pâlissant dangereusement, je m’étais ruée à l’étage, le cœur serré par la culpabilité. Comment avions-nous pus nous laissés aller au point d’oublier jusqu’à la présence d’Elora ? Elora qui avait crié ! Elora qui avait parlé. Le spectacle que j’avais découvert m’avait brisé le cœur, et j’avais passé les heures suivantes à la réconfortée. Mais j’avais senti que tout comme moi, seul le retour de Patrick près de nous pourrait lui rendre le sourire. Finalement, aussi épuisées l’une que l’autre, nous avions toutes deux sombrées dans un sommeil tourmenté. Et je me réveillais avec la désagréable impression d’être observée, comme si une menace pesait sur nous. Tout les sens aux aguets, je me redressais sur le lit, veillant à ne pas réveiller Elora.
Tout me paraissait calme, mais mon instinct me soufflait que je devais rester sur mes gardes, que je n’étais pas en sécurité. Très loin dans le ciel, j’entendais le tonnerre grondé et se rapproché, signe que l’orage allait bientôt éclater. Mais la lourdeur de l’air n’était pas due à l’atmosphère électrique du dehors. Non, c’était chez moi que la tempête semblait prête à s’abattre, et chaque fibre de mon être me soufflait d’être prudente. Et soudain je l’entendis. Ce n’était qu’un son ténu, à peine un frôlement, mais il m’apprit qu’un intrus avait pénétrer chez moi. Et en un éclair je compris. Je compris que le plan de RedJohn avait fonctionné à la perfection. Il n’avait pas seulement voulu torturer Patrick. Il avait voulu l’éloigner d’ici. Quel meilleur moyen de remporter définitivement la partie qu’en nous tuant Elora et moi comme il avait tuer sa femme ? Jamais Patrick ne se pardonnerait de ne pas avoir été là pour nous protéger, pour empêcher RedJohn de nous faire du mal. Et RedJohn le savait parfaitement. Mais je n’étais pas Angela. Je ne me laisserais pas faire sans me battre.
Retournant vers le lit, je secouais doucement Elora et lorsqu’elle se réveilla enfin, je lui fis signe de ne pas faire de bruit. Immédiatement, l’inquiétude remplaça le sommeil sur son visage, et elle acquiesça gravement de la tête. Tenant fermement sa poupée d’une main et s’accrochant de l’autre à la mienne, elle se leva, et se laissa guidée vers la porte de sa chambre que j’entrebâillais doucement pour scruter l’obscurité du couloir. Mais il faisait trop sombre pour que j’y vois quoique ce soit, et allumer la lumière serait le meilleur moyen de nous faire repérer. RedJohn était encore au rez-de-chaussée, je l’entendais se déplacer aussi silencieusement que possible dans la maison, mais l’obscurité jouait contre lui, et même s’il était déjà venu ici, il ne connaissait pas cette maison comme moi. Je devais profiter de ce qu’il était encore en bas pour gagner la chambre d’amis. La fenêtre de celle-ci donnait sur le toit du garage. Je pourrais y mettre Elora en sécurité avant de venir régler son compte à RedJohn une bonne fois pour toute.
Je savais que l’affronter seule n’était pas forcément la meilleure idée du siècle, mais je ne pouvais pas prendre le risque qu’il trouve Elora, ou bien que lassé de nous chercher en vain, il disparaisse de nouveau dans la nature. Je devais profiter de ce qu’il était venu jusque chez moi pour l’arrêter et l’empêcher de nuire une bonne fois pour toute. Et peut-être que si je l’arrêtais, peut-être que si je le faisais sortir de nos vies à jamais, Patrick ne serait plus en colère et qu’il me reviendrait. Je savais que c’était idiot de penser à ça dans de pareilles circonstances, mais je ne pouvais pas m’en empêcher, et penser à Patrick me donnait la force dont j’avais besoin. Rapidement, j’entraînais Elora vers la chambre, de l’autre côté du couloir, et aussi silencieuses que deux chats, nous nous y faufilâmes. Elora me suivait sans protester, me faisant visiblement entièrement confiance pour la protégée. La porte soigneusement fermée, je l’entraînais vers la fenêtre que j’ouvris en grand avant de sauter souplement sur le toit, remerciant le tonnerre de gronde suffisamment fort pour étouffer les bruits que j’aurais pu faire.
Sans perdre de temps, je me retournais pour tendre les bras à Elora, qui avait compris ce que j’attendais d’elle et s’était déjà assise sur le rebord de la fenêtre. Vraiment intelligente cette petite, mais ça ne me surprenait pas qu’après tout ce qu’elle avait du traverser, elle soit plus mature et maligne que les autres petites filles de son âge. L’attrapant sous les aisselles, je la déposais à côté de moi avant de l’entraîner vers la lucarne du garage. Trop étroite pour que j’y passe, mais Elora n’aurait aucunes difficultés à s’y faufilée.
« Ecoutes-moi Elora. Tu vas prendre mon portable. Dès que tu es en bas, tu cours jusque la maison des Sanders en bas de la rue, et tu appelles Patrick » déclarais-je en lui confiant mon cellulaire.
« Non, viens avec moi… » protesta-t-elle d’une voix légèrement rauque.
Pas étonnant si l’on savait qu’elle n’avait pas parler depuis la mort de son père. J’aurais aimé la serrer dans mes bras au son de sa voix, mais ce n’était pas le moment. Nous fêterions ça dignement lorsque tout serait terminé. En attendant, elle devait faire ce que je lui avais dit.
« Je sais que tu as peur ma chérie, mais la lucarne est trop petite pour que je m’y faufile. Tu es la seule à pouvoir le faire » déclarais-je sans lui dire ce que je comptais faire.
« Mais… » protesta-t-elle en me lançant un regard incertain.
« Tu dois aller chercher du secours ma chérie. J’ai confiance en toi, tu y arriveras » la rassurais-je en lui caressant tendrement la joue.
Avec un soupir tremblant, Elora se jeta dans mes bras, me serrant de toute la force de ses petits bras avant de se faufiler agilement par la lucarne et sauter souplement sur le sol, et je songeais que faire poser ce faux plafond avait été une bonne idée finalement. Je suivais la progression d’Elora jusqu’à ce qu’elle s’engouffre dans l’escalier et que je ne la perde de vue. Rapidement, je me précipitais vers le bord du toit et scrutais l’allée jusqu’à ce que je la vois apparaître et courir jusqu’à la barrière sous laquelle elle passa. Rassurée sur son sort, retournais vers la maison au moment où les premières gouttes d’eau se mettaient à tombées. Repassant par la fenêtre, je m’immobilisais tentant de déterminé où se trouvait l’ennemi, mais l’orage se trouvant juste au-dessus de nos têtes, je ne percevais plus aucuns bruits venant de la maison. J’allais devoir redoubler de prudence. Prenant une profonde inspiration, je réfléchissais rapidement aux options qui s’offraient à moi. Mon arme se trouvait en bas, et je pouvais prendre le risque d’aller la cherchée, mais s’il nous avait espionné, il avait déjà anticiper, et je trouverais place vide.
Les armes à feu n’étaient pas son arme de prédilection, mais avec un tueur aussi imprévisible que RedJohn, il fallait que je reste sur mes gardes. Il pouvait bien décider de me tirer dessus pour m’immobiliser, ou juste pour jouer avec moi. Il était bien assez sadique pour ça. Une chose était sûre, je ne pouvais pas rester ici. C’était trop risqué pour Elora. Si jamais il comprenait ce que j’avais fait, il risquait de changer d’avis et de partir à sa recherche. Cette idée me fit avancer vers la porte que j’ouvrais prudemment. Une fois certaine que la voie était libre, je m’avançais vers les escaliers. Je ne comprenais mon erreur qu’au moment où j’entendis des pas derrière moi. Mais avait que je ne puisse réagir et m’échapper, je sentis un violent coup dans le bas de mon dos, et je vis avec horreur les marches de mon escaliers venir à ma rencontre. Je serrais les dents en sentant ma tête heurtée violemment le bois des escaliers avant de me sentir emporter par l’élan et de faire une roulade, mon épaule rencontrant dans un craquement douloureux le mur, et j’allais m’aplatir comme une crêpe sur le sol de l’entrée.
Sonnée, la vision trouble, je sentais le sol vibré contre mon visage et j’ouvrais difficilement les yeux pour voir une ombre menaçante s’approchée de moi. Mais mon corps refusait de m’obéir, et je ne pouvais rien faire d’autre que de rester là, me maudissant de ne pas avoir été plus méfiante. Je me sentais soulevé, avant d’être déposé sur ce que je pensais être mon canapé. Allait-il me tuer ici ? Me torturerait-il avant ? Ma seule consolation était qu’Elora était en sécurité et que Patrick ne tarderait pas à arriver. Trop tard pour me sauver, mais suffisamment tôt pour arrêter RedJohn. En plus, il aurait une excuse toute trouvée pour l’abattre.
« Où avez-vous cacher ce petit ange blond ? » s’enquérait RedJohn, et le timbre de sa voix me parut familier.
Ouvrant difficilement les yeux, je tentais de me concentrée sur lui, mais ma tête me tournait affreusement, et je ne parvenais qu’à voir une image déformée de lui.
« Je sens que je vais prendre grand plaisir à m’occuper de vous. Encore plus qu’avec cette douce et innocente Angela » ajoutait-il en exhibant un couteau que je reconnaissais comme étant un des miens.
J’avais laissé RedJohn faire ce que je m’étais juré d’éviter. S’immiscer dans ma relation avec Teresa. J’avais à nouveau laissé ma rage et ma haine envers lui prendre le dessus, occultant tout le reste. Et le couperet s’était abattu au-dessus de ma tête. J’avais perdu Teresa, et je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. C’était moi qui m’étais laissé manipuler comme une de ses marionnettes. Je n’étais qu’un imbécile songeais-je en me garant devant chez moi. En traînant des pieds, je pénétrais dans cette demeure que je connaissais par cœur, mais qui en cet instant me paraissait étrangère, presque hostile. Ma maison se trouvait chez Teresa. Et je savais que plus jamais je n’aurais l’impression d’être chez moi. En soupirant, je faisais quelques pas dans le salon avant de me figer, les sens aux aguets. Quelqu’un était venu ici, chaque fibre de mon être me le criait. Prudemment, j’avançais dans la pièce, mais qui que soit la personne qui était venu me rendre une petite visite, elle n’était plus là. Tournant sur moi-même, je cherchais s’il manquait quoi que ce soit, mais ne remarquait rien d’inhabituel, si ce n’est peut-être quelques photos de famille déplacées.
Inutile d’être voyant pour deviner qui était la personne qui s’était introduit chez moi. Un grondement de rage m’échappa, et je frappais du poing dans le mur, grimaçant en entendant mes articulations craquées. Me passant une main lasse dans les cheveux, je grimpais les escaliers pour aller prendre une douche. J’y verrais peut-être plus clair après ça. Mais alors que j’atteignais l’étage, je me figeais, le pied en l’air, incapable d’esquisser le moindre mouvement. La porte de la chambre de Charlotte était ouverte, et de la musique s’en échappait, comme si ma fille s’y trouvait. Le cœur au bord des lèvres, je prenais une profonde inspiration et réussissais à reprendre le contrôle de mon corps. Alors voilà pourquoi RedJohn était venu ici. Pour enfoncer le clou et me mettre à terre. Parce qu’il ne faisait aucun doute dans mon esprit que ce que j’allais trouver derrière la porte entrouverte de la chambre de ma petite princesse allait me détruire. Déjà, de découvrir la sublime adolescente qu’elle aurait dû devenir m’avait brisé le cœur pour la seconde fois, je ne survivrais pas à un second rappel de ce qu’aurait dû être ma vie.
Pourtant, je ne pouvais m’empêcher d’avancer, comme pousser par une force invisible qui m’entraînant vers la vision cauchemardesque qui m’attendait. Comme dans un rêve, je levais lentement la main et poussais contre le chêne de la porte, mes doigts frôlant les lettres du prénom de mon bébé. Et l’espace d’un instant, j’eus l’impression d’halluciner. Il y avait une adolescente dans cette chambre. Assise au bureau de Charlotte, elle semblait faire ses devoirs. Un nouvel air commença, et comme hypnotisé, j’avançais doucement dans la pièce avant de me figer en réalisant que cette jeune fille était trop immobile pour que sa position soit naturelle. Et je compris que qui qu’elle soit, elle était morte. Je devais sortir. Maintenant. Et je devais appeler les gars. Si je touchais à quoi que ce soit, je risquais d’effacer de précieux indices qui pourraient peut-être nous mener jusqu’à RedJohn. Sans quitter la chevelure bouclée et soyeuse de cette adolescente, je reculais pas à pas, mes pieds semblant lestés de plomb.
Comment alors que cette jeune fille était morte, cette pièce pouvait-elle respirer la sérénité ? RedJohn avait toujours été très doué pour la mise en scène, mais là il s’était donné beaucoup de mal, et le résultat était troublant de réalisme. Continuant de reculer, je me heurtais à la rembarre de l’escalier et parvenait enfin à détourner mes yeux de cette jeune fille qui aurait pu être la mienne. Et alors que je m’élançais vers les escaliers, mon cœur fit une embardée en constatant que la porte de cette chambre dont je n’avais plus franchis le seuil depuis très longtemps était entrouverte, et que s’en échappait des effluves parfumées que j’aurais reconnu au milieu d’une foule malodorante. Le parfum d’Angela. Les mains moites et les jambes flageolantes, j’oubliais l’idée de prévenir les gars pour me diriger vers cette chambre. J’aurais du penser que si RedJohn avait tuer une adolescente qui ressemblait étrangement à Charlotte, il avait dû trouver la copie conforme de ma défunte épouse. D’une main tremblante, je poussais la porte et me statufiais en découvrant une beauté blonde endormie dans mon lit. Angela.
Mais je me reprenais bien vite. Angela était morte. Tout comme cette jeune femme dont le seul crime était d’être le portrait craché de ma femme. Le cœur au bord des lèvres, je sentis mes jambes se dérobées sous le poids de mon corps, et je me laissais tomber à terre, terrassé par le poids de la douleur et de la culpabilité. C’était parce que j’avais été incapable de trouver la véritable identité de RedJohn et de le mettre hors d’état de nuire que ces deux femmes étaient mortes. C’était de ma faute. J’avais échoués, et elles l’avaient payé de leurs vies, tout comme ma famille avant elles. Dévasté, je restais là, à fixer le visage de cette jeune femme, serein dans la mort. Etrangement, il n’y avait aucune trace de sang nulle part. Et je n’avais pas encore aperçut le funeste smiley. Ce détail me fit réagir. Intrigué, je me redressais tant bien que mal et décidais de parcourir les autres pièces de ma maison afin de découvrir si RedJohn m’avait réservé d’autres surprises. Le connaissant, et au vue de ce qu’il m’avait déjà réservé, je m’attendais au pire.
Mais avant toutes choses, je devais prévenir les gars et leur dire de venir avec une équipe de la scientifique. Attendre plus longtemps ne ferait que permettre à RedJohn de prendre de l’avance et de commettre d’autres crimes. Me saisissant de mon cellulaire, je contactais donc Cho, priant pour que Rigsby et lui aient terminé d’interroger Caldwell. Le téléphone de Cho sonna si longtemps dans le vide que je crus qu’il ne décrocherait pas, mais alors que je m’apprêtais à mettre un terme à la communication pour appeler Van Pelt, la voix de Cho retentit à l’autre bout de la ligne.
« Cho » lança-t-il, et quelque chose dans sa voix m’alarma.
« Que se passe-t-il ? » m’enquérais-je en fronçant les sourcils.
« Caldwell est mort. Il a été abattu dans la salle d’interrogatoire avant que nous puissions reprendre » soupira-t-il d’un ton lugubre.
« Il était devenu gênant pour RedJohn » remarquais-je en me passant une main agacée sur le nuque.
« J’ai demandé les caméras de surveillance, mais je doute que nous y trouvions quoi que ce soit… » poursuivit l’asiatique.
« En parlant de RedJohn, il faudrait que vous veniez chez moi, il m’a laissé un souvenir de son passage… » déclarais-je en me rappelant le but de mon appel.
« Il est venu chez toi? » s’inquiéta immédiatement Cho, et je l’entendis appeler Rigsby et lui demander de réunir une équipe sur le champ.
« Oui, et il a fait deux nouvelles victimes… » déclarais-je d’un ton sombre.
« Nous arrivons, et surtout ne touches à rien ! » s’exclama Cho avant de raccrocher.
« Comme si j’avais besoin qu’on me le dise ! » grommelais-je en m’éloignant des chambres pour ne pas revoir les dernières victimes connues de RedJohn.
Redescendant les escaliers, je me dirigeais machinalement vers mon bureau, avant de me figer une nouvelle fois en constatant que la porte de ce dernier était entrouverte et que la lumière était allumée. Une sueur froide me remonta la colonne vertébrale en imaginant ce qui pouvait m’attendre derrière cette porte. Prenant une profonde inspiration, je poussais d’une main fébrile le battant, et mon cœur s’emballa devant la scène qui s’offrit à mon regard. Il y avait des photos de Teresa partout, et sur chacune d’elles, un smiley sanglant recouvrait son visage. Je sentis la nausée m’envahir en voyant que sur un mur, RedJohn avait écrit avec du sang frais un message qui me fit violemment frissonné.
« Ta femme et ta fille ne t’ont pas suffit. Pourras-tu survivre à sa mort ? Pourras-tu te pardonner de ne pas avoir été là ? »
Non pas ça. Tout mais pas ça. Paniqué à l’idée qu’il soit trop tard, je me ruais vers la sortie au moment où l’équipe arrivait toute sirène hurlante.
« Cho ! vite il va s’en prendre à Teresa ! » criais-je en me ruant vers eux.
Comprenant ce qu’il en était, Cho et Rigsby remontèrent aussitôt en voiture alors que la scientifique prenait d’assaut ma maison, et je m’empressais de monter au moment où Cho faisait demi-tour et prenait le chemin de chez Teresa à vive allure.
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Je me réveillais en sursaut, le cœur battant la chamade, et le corps secoué de tremblements. Le souffle haletant, je jetais un regard près de moi, et souriais en découvrant Elora profondément endormie, mais mon sourire se fana en voyant la trace de ses larmes sur ses joues pâles. Elle n’aurait jamais dû entendre la dispute qui nous avait opposés Patrick et moi. Ce souvenir accentua mes tremblements, et je me passais une main tremblante sur le visage pour tenter de m’éclaircir les idées. J’avais frappé Patrick. Moi qui m’étais promis de ne pas me laisser dominée par mes sentiments avais échoué lamentablement. Mais Patrick avait été tellement abjecte, que j’avais agit instinctivement, et la gifle avait claquée dans l’air avant que je prenne la pleine mesure de mon geste. Un silence de plomb avait suivit, et la condamnation que j’avais lu dans le regard de Patrick m’avait plus blessée que les paroles que nous avions échangées. Mon geste impulsif condamnait plus sûrement que quoique ce soit notre relation.
Inerte, brisée par la douleur, j’étais restée sans réaction alors qu’il était partit en claquant la porte. Figée dans ma souffrance, j’étais demeurée au milieu de mon salon, le regard braqué sur l’endroit qu’il avait occupé quelques instants plus tôt, je n’avais repris pied dans la réalité qu’au moment où un hurlement désespéré avait retentit à mes oreilles. Surprise, j’avais mis plusieurs minutes avant de réussir à identifier la source de ce son. Pâlissant dangereusement, je m’étais ruée à l’étage, le cœur serré par la culpabilité. Comment avions-nous pus nous laissés aller au point d’oublier jusqu’à la présence d’Elora ? Elora qui avait crié ! Elora qui avait parlé. Le spectacle que j’avais découvert m’avait brisé le cœur, et j’avais passé les heures suivantes à la réconfortée. Mais j’avais senti que tout comme moi, seul le retour de Patrick près de nous pourrait lui rendre le sourire. Finalement, aussi épuisées l’une que l’autre, nous avions toutes deux sombrées dans un sommeil tourmenté. Et je me réveillais avec la désagréable impression d’être observée, comme si une menace pesait sur nous. Tout les sens aux aguets, je me redressais sur le lit, veillant à ne pas réveiller Elora.
Tout me paraissait calme, mais mon instinct me soufflait que je devais rester sur mes gardes, que je n’étais pas en sécurité. Très loin dans le ciel, j’entendais le tonnerre grondé et se rapproché, signe que l’orage allait bientôt éclater. Mais la lourdeur de l’air n’était pas due à l’atmosphère électrique du dehors. Non, c’était chez moi que la tempête semblait prête à s’abattre, et chaque fibre de mon être me soufflait d’être prudente. Et soudain je l’entendis. Ce n’était qu’un son ténu, à peine un frôlement, mais il m’apprit qu’un intrus avait pénétrer chez moi. Et en un éclair je compris. Je compris que le plan de RedJohn avait fonctionné à la perfection. Il n’avait pas seulement voulu torturer Patrick. Il avait voulu l’éloigner d’ici. Quel meilleur moyen de remporter définitivement la partie qu’en nous tuant Elora et moi comme il avait tuer sa femme ? Jamais Patrick ne se pardonnerait de ne pas avoir été là pour nous protéger, pour empêcher RedJohn de nous faire du mal. Et RedJohn le savait parfaitement. Mais je n’étais pas Angela. Je ne me laisserais pas faire sans me battre.
Retournant vers le lit, je secouais doucement Elora et lorsqu’elle se réveilla enfin, je lui fis signe de ne pas faire de bruit. Immédiatement, l’inquiétude remplaça le sommeil sur son visage, et elle acquiesça gravement de la tête. Tenant fermement sa poupée d’une main et s’accrochant de l’autre à la mienne, elle se leva, et se laissa guidée vers la porte de sa chambre que j’entrebâillais doucement pour scruter l’obscurité du couloir. Mais il faisait trop sombre pour que j’y vois quoique ce soit, et allumer la lumière serait le meilleur moyen de nous faire repérer. RedJohn était encore au rez-de-chaussée, je l’entendais se déplacer aussi silencieusement que possible dans la maison, mais l’obscurité jouait contre lui, et même s’il était déjà venu ici, il ne connaissait pas cette maison comme moi. Je devais profiter de ce qu’il était encore en bas pour gagner la chambre d’amis. La fenêtre de celle-ci donnait sur le toit du garage. Je pourrais y mettre Elora en sécurité avant de venir régler son compte à RedJohn une bonne fois pour toute.
Je savais que l’affronter seule n’était pas forcément la meilleure idée du siècle, mais je ne pouvais pas prendre le risque qu’il trouve Elora, ou bien que lassé de nous chercher en vain, il disparaisse de nouveau dans la nature. Je devais profiter de ce qu’il était venu jusque chez moi pour l’arrêter et l’empêcher de nuire une bonne fois pour toute. Et peut-être que si je l’arrêtais, peut-être que si je le faisais sortir de nos vies à jamais, Patrick ne serait plus en colère et qu’il me reviendrait. Je savais que c’était idiot de penser à ça dans de pareilles circonstances, mais je ne pouvais pas m’en empêcher, et penser à Patrick me donnait la force dont j’avais besoin. Rapidement, j’entraînais Elora vers la chambre, de l’autre côté du couloir, et aussi silencieuses que deux chats, nous nous y faufilâmes. Elora me suivait sans protester, me faisant visiblement entièrement confiance pour la protégée. La porte soigneusement fermée, je l’entraînais vers la fenêtre que j’ouvris en grand avant de sauter souplement sur le toit, remerciant le tonnerre de gronde suffisamment fort pour étouffer les bruits que j’aurais pu faire.
Sans perdre de temps, je me retournais pour tendre les bras à Elora, qui avait compris ce que j’attendais d’elle et s’était déjà assise sur le rebord de la fenêtre. Vraiment intelligente cette petite, mais ça ne me surprenait pas qu’après tout ce qu’elle avait du traverser, elle soit plus mature et maligne que les autres petites filles de son âge. L’attrapant sous les aisselles, je la déposais à côté de moi avant de l’entraîner vers la lucarne du garage. Trop étroite pour que j’y passe, mais Elora n’aurait aucunes difficultés à s’y faufilée.
« Ecoutes-moi Elora. Tu vas prendre mon portable. Dès que tu es en bas, tu cours jusque la maison des Sanders en bas de la rue, et tu appelles Patrick » déclarais-je en lui confiant mon cellulaire.
« Non, viens avec moi… » protesta-t-elle d’une voix légèrement rauque.
Pas étonnant si l’on savait qu’elle n’avait pas parler depuis la mort de son père. J’aurais aimé la serrer dans mes bras au son de sa voix, mais ce n’était pas le moment. Nous fêterions ça dignement lorsque tout serait terminé. En attendant, elle devait faire ce que je lui avais dit.
« Je sais que tu as peur ma chérie, mais la lucarne est trop petite pour que je m’y faufile. Tu es la seule à pouvoir le faire » déclarais-je sans lui dire ce que je comptais faire.
« Mais… » protesta-t-elle en me lançant un regard incertain.
« Tu dois aller chercher du secours ma chérie. J’ai confiance en toi, tu y arriveras » la rassurais-je en lui caressant tendrement la joue.
Avec un soupir tremblant, Elora se jeta dans mes bras, me serrant de toute la force de ses petits bras avant de se faufiler agilement par la lucarne et sauter souplement sur le sol, et je songeais que faire poser ce faux plafond avait été une bonne idée finalement. Je suivais la progression d’Elora jusqu’à ce qu’elle s’engouffre dans l’escalier et que je ne la perde de vue. Rapidement, je me précipitais vers le bord du toit et scrutais l’allée jusqu’à ce que je la vois apparaître et courir jusqu’à la barrière sous laquelle elle passa. Rassurée sur son sort, retournais vers la maison au moment où les premières gouttes d’eau se mettaient à tombées. Repassant par la fenêtre, je m’immobilisais tentant de déterminé où se trouvait l’ennemi, mais l’orage se trouvant juste au-dessus de nos têtes, je ne percevais plus aucuns bruits venant de la maison. J’allais devoir redoubler de prudence. Prenant une profonde inspiration, je réfléchissais rapidement aux options qui s’offraient à moi. Mon arme se trouvait en bas, et je pouvais prendre le risque d’aller la cherchée, mais s’il nous avait espionné, il avait déjà anticiper, et je trouverais place vide.
Les armes à feu n’étaient pas son arme de prédilection, mais avec un tueur aussi imprévisible que RedJohn, il fallait que je reste sur mes gardes. Il pouvait bien décider de me tirer dessus pour m’immobiliser, ou juste pour jouer avec moi. Il était bien assez sadique pour ça. Une chose était sûre, je ne pouvais pas rester ici. C’était trop risqué pour Elora. Si jamais il comprenait ce que j’avais fait, il risquait de changer d’avis et de partir à sa recherche. Cette idée me fit avancer vers la porte que j’ouvrais prudemment. Une fois certaine que la voie était libre, je m’avançais vers les escaliers. Je ne comprenais mon erreur qu’au moment où j’entendis des pas derrière moi. Mais avait que je ne puisse réagir et m’échapper, je sentis un violent coup dans le bas de mon dos, et je vis avec horreur les marches de mon escaliers venir à ma rencontre. Je serrais les dents en sentant ma tête heurtée violemment le bois des escaliers avant de me sentir emporter par l’élan et de faire une roulade, mon épaule rencontrant dans un craquement douloureux le mur, et j’allais m’aplatir comme une crêpe sur le sol de l’entrée.
Sonnée, la vision trouble, je sentais le sol vibré contre mon visage et j’ouvrais difficilement les yeux pour voir une ombre menaçante s’approchée de moi. Mais mon corps refusait de m’obéir, et je ne pouvais rien faire d’autre que de rester là, me maudissant de ne pas avoir été plus méfiante. Je me sentais soulevé, avant d’être déposé sur ce que je pensais être mon canapé. Allait-il me tuer ici ? Me torturerait-il avant ? Ma seule consolation était qu’Elora était en sécurité et que Patrick ne tarderait pas à arriver. Trop tard pour me sauver, mais suffisamment tôt pour arrêter RedJohn. En plus, il aurait une excuse toute trouvée pour l’abattre.
« Où avez-vous cacher ce petit ange blond ? » s’enquérait RedJohn, et le timbre de sa voix me parut familier.
Ouvrant difficilement les yeux, je tentais de me concentrée sur lui, mais ma tête me tournait affreusement, et je ne parvenais qu’à voir une image déformée de lui.
« Je sens que je vais prendre grand plaisir à m’occuper de vous. Encore plus qu’avec cette douce et innocente Angela » ajoutait-il en exhibant un couteau que je reconnaissais comme étant un des miens.
Chapitre 31
Dernière édition par iliana le Dim 19 Fév 2012 - 13:48, édité 2 fois
iliana- Distributeur de café
- Personnage préféré : Jane
Loisirs : Lire, écouter de la musique, écrire, me balader et regarder les séries TV...
Localisation : derrière mon écran d'ordinateur
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Quand tu reviens pour une suite tu ne fais pas les choses à moitié
Jane qui découvre des sosies de sa famille avant de réaliser que Lisbon est en danger...
Lisbon qui se retrouve en mauvaise posture face à
Tu as tes partiels mais tu ne peux pas nous laisser comme ça
Sinon l'attente va nous rendre
pour ce chapitre haletant !!!
Johel- In Jane we trust
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Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Oui, je sais que j'arrive tard mais je commentes quand même
J'a-do-re .
J'a-do-re .
MelissaJane- Agent de circulation
- Personnage préféré : Jane
Loisirs : Regarder des séries
Localisation : Nord de la France
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Bon alors. Je viens de lire ta fic en entier, et le moins que je puisse dire....WOW
On passe de la aux en passant par
Bref, j'aime énormément ta façon d'écrire, les sentiments que tu fais passer, et la véracité des propos que tu tiens.
Avec tous ces compliments suscités, tu penses bien que je ne veuille qu'une chose... LA SUITE !!! :bounce:
On passe de la aux en passant par
Bref, j'aime énormément ta façon d'écrire, les sentiments que tu fais passer, et la véracité des propos que tu tiens.
Avec tous ces compliments suscités, tu penses bien que je ne veuille qu'une chose... LA SUITE !!! :bounce:
mococoa- Inspecteur de police
- Personnage préféré : Jane, Lisbon, Cho
Loisirs : sport, lecture (des fics entre autres), The Mentalist
Localisation : Dans mes rêves
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Bonsoir la compagnie !
Alors tout d'abord BONNE ANNÉE à tous
Ensuite, désolée pour l'attente, mais j'ai longuement hésitée sur une question importante : Qui est RJ??????
J'ai finalement opté pour une solution qui me paraissait plosible, mais comme vous le savez maintenant, je suis très en retard dans le visionnage des épisodes de la série (j'en suis encore à la saison 1), donc je m'excuse d'avance si l'identité que j'ai retenue ne paraît pas réaliste....
Sur ce, bonne lecture, et je préviens que le prochain chapitre sera le dernier !
Bonne lecture
Chapitre 31 :
Chapitre 32
Alors tout d'abord BONNE ANNÉE à tous
Ensuite, désolée pour l'attente, mais j'ai longuement hésitée sur une question importante : Qui est RJ??????
J'ai finalement opté pour une solution qui me paraissait plosible, mais comme vous le savez maintenant, je suis très en retard dans le visionnage des épisodes de la série (j'en suis encore à la saison 1), donc je m'excuse d'avance si l'identité que j'ai retenue ne paraît pas réaliste....
Sur ce, bonne lecture, et je préviens que le prochain chapitre sera le dernier !
Bonne lecture
Chapitre 31 :
Plus nous approchions de chez Teresa, plus je sentais mon inquiétude croître. Et je ne pouvais m’empêcher de songer qu’il était trop tard, qu’encore une fois j’avais échoué à protéger ma famille. Je serais l’unique responsable si jamais il était arrivé malheur à Teresa et Elora. La sonnerie de mon téléphone me sortait de mes sombres pensées, et je sentais mon cœur faire un salto dans ma poitrine en découvrant que l’appel provenait de Teresa.
« Teresa ? Tout va bien ? Où es-tu ? Nous arrivons avec les gars ! » déclarais-je en décrochant précipitamment.
Mais mes espoirs s’écroulèrent en entendant des sanglots étouffés à l’autre bout de la ligne. Les sanglots d’une fillette.
« Elora ? C’est toi ma princesse ? Où es-tu ? » l’interrogeais-je avant de me baffer.
« Teresa m’a dit de sortir de la maison. IL est là Patrick, tu dois venir vite ! » me répondait-elle enfin entre deux sanglots.
« Oh mon Dieu ! Nous sommes presque là ma puce, tout va bien aller ! » soufflais-je en sentant ma joie d’entendre la voix d’Elora pour la première fois se mêlée à mon angoisse de savoir Teresa entre les mains de RedJohn.
« Que se passe-t-il Jane ? » s’enquérait Rigsby visiblement aussi inquiet que je l’étais.
« Teresa a réussi à faire sortir Elora, mais elle est entre les mains de ce monstre à présent » expliquais-je en posant ma main sur mon téléphone pour qu’Elora n’entende pas notre discussion.
Cho ne faisait aucun commentaire, mais je le voyais se raidir, et il accélérait un peu plus.
« Ecoutes moi Elora. Reste dans ta cachette. Nous t’appellerons quand tout sera fini » déclarais-je fermement en priant pour qu’elle m’obéisse.
« D’accord Patrick, mais viens vite me chercher ! » soufflait-elle d’une toute petite voix qui me sera le cœur.
« Je te le promets ma puce. Soit une courageuse petite fille. Pense à tout ce que nous ferons tout les trois quand nous viendrons te chercher. » la rassurais-je en me promettant que je ferais tout pour arranger les choses avec Teresa.
Je poussais un soupir de soulagement lorsque je vis Cho se garer en bas de la rue de Teresa. Sans perdre une minute, je sortais de la voiture, et sans tenir compte des appels de Cho, je m’élançais vers sa maison en passant par les jardins afin de ne pas me faire repérer. Je ne m’arrêtais que lorsque j’atteignais la cabane que j’avais construite à Elora et qui me servait de refuge providentiel.
« Je dois raccrocher maintenant ma chérie, mais je fais vite je te le promets » déclarais-je en me rappelant qu’Elora était toujours en ligne.
« D’accord… Je t’aime Patrick… » soufflait-elle d’un ton hésitant.
« Je t’aime aussi princesse » répondais-je la gorge nouée par l’émotion.
Maintenant que je savais qu’Elora était à l’abri, je devais me concentré sur Teresa. Mais n’était-ce pas déjà trop tard ? Je ne devais pas penser à ça. Et puis j’étais certain que je le saurais s’il lui était arrivé malheur, comme j’avais eu une mauvaise intuition le jour où ma vie avait basculée par la faute de ce monstre. Teresa était en vie, et elle le resterait. Prenant une profonde inspiration, je m’assurais que je ne pouvais pas être aperçut de la maison avant de m’élancer à toutes jambes vers la porte de la cuisine qui, comme je l’avais prévu, n’était pas fermée. Aussi silencieusement que possible, je pénétrais dans la maison, et m’immobilisais, cherchant à déterminer où se trouvait RedJohn, et surtout où était Teresa. Un bruit sourd attira mon attention, et je m’avançais prudemment vers le salon. Et mon cœur s’arrêta en découvrant l’horrible spectacle. De mon poste d’observation, je n’apercevais que la tête de Teresa. Elle était allongée sur le canapé, ses longs cheveux répandus autour de son visage maculé de sang.
Et au-dessus d’elle était penché un homme dont je n’apercevais pas le visage, mais dont je ne doutais pas une seconde de l’identité. Il tenait dans sa main le couteau à trancher de Teresa dont la lame rougeoyait doucement. De temps en temps, je voyais la lame plongée vers le corps de Teresa qui gémissait douloureusement à chaque assaut. Je devais agir, et vite parce qu’elle ne tiendrait pas longtemps à ce rythme-là. J’avais l’avantage de la surprise, et je devais conserver celui-ci. Alors me reculant doucement, je rebroussais chemin et me rendais dans le garage, priant pour que l’arme de secours de Teresa se trouve toujours dans le coffre de sa voiture. Je supposais que si elle ne s’était pas servie de son arme de service, c’était que RJ l’avait prise d’avance. En plus de son couteau, il était donc armer. Je devrais donc doublement me méfier de lui. Même si les glocks n’étaient pas son arme de prédilection, il pourrait bien décider de faire une exception pour moi s’il se sentait pris au piège.
Veillant à ne pas faire de bruit, je récupérais l’arme dans le coffre, et après m’être assuré qu’il était bien chargé, je rebroussais chemin vers le salon. Un éclair zébra le ciel, me faisant sursauter, et la pièce fut nimbée d’une lumière inquiétante. Hâtant le pas, craignant que RJ se soit lassé de jouer avec Teresa, je soupirais de soulagement en constatant qu’il avait arrêté son petit jeu. Le son de sa voix me glaça. Non, c’était impossible. Ca ne pouvait pas être lui. Il ne pouvait pas m’en vouloir au point de tuer sa propre petite-fille. Et pourtant cette voix. Je ne l’avais pas entendue depuis bien longtemps, mais je la reconnaîtrais entre mille. Mais si je regardais les choses en face, mon père avait toujours aimé me contrôler, et il n’avait pas apprécié que je parte pour épouser Angela. Et puis nous étions des gens du voyage, quel meilleur moyen de tuer sans attirer l’attention ? Tétanisé, je restais sans réaction.
« Jane n’aurait pas dû me défier. Il aurait du être mon successeur, mais au lieu de ça il a choisit de me trahir. D’abord en épousant cette sainte nitouche, puis en travaillant avec vous. Mais il est temps de mettre un terme à ce jeu et qu’il comprenne enfin que je suis le meilleur » déclara-t-il, et je comprenais que mon père était RedJohn.
Comment avais-je fait pour ne pas le comprendre plus tôt ? J’avais grandi à ses côtés, et je l’avais toujours vu manipuler les gens pour les ranger de son côté. Quant aux femmes il les séduisait lorsqu’elles pouvaient lui être d’une quelconque utilité avant de les jetées comme des kleenex usagés. C’est en le voyant lever son couteau, que je comprenais que je devais agir maintenant pour l’empêcher de tuer Teresa sous mes yeux.
« Lâche ce couteau ! » criais-je en me décalant pour qu’il me voit.
« Te voilà enfin mon fils … » souriait-il en baissant son bras avant de retirer son masque et de dévoiler son visage.
Son visage si semblable au mien. Même nos voix se ressemblaient. Et pourtant nous avions deux personnalités totalement opposées. Le Bien et le Mal.
« Ecartes-toi de Teresa » déclarais-je en continuant de le menacer de mon arme.
« Reviens à la raison mon fils, accepte ton héritage, et je te pardonnerais » répliquait mon père sans bouger d’un centimètre.
« Tu as tué mon bébé et ma femme. Et tu t’en prends aujourd’hui à celle que j’aime. Tu as raison, il est temps de mettre un terme à cette mascarade, mais ce ne sera pas de la façon que tu crois ! » répliquais-je avec mépris.
« Allons Patrick, nous savons tout deux que tu n’oseras pas me tuer, tu n’en as pas le cran… » ricana-t-il en levant de nouveau son couteau.
Paniqué, je quittais ma cible des yeux pour regarder Teresa, et un reflet sur le champ droit me fit relever les yeux. Et je compris mon erreur en voyant l’arme de Teresa dans la main de mon père. L’orage gronda, un éclair traversa le ciel, et une double détonation retentit dans le silence devenu lourd du salon. Une violente douleur me fit me plier en deux de douleur, et je lâchais mon arme qui glissa sur le parquet. Tombant à genoux, un gémissement de douleur s’échappant de mes lèvres, je levais les yeux pour constater que mon père avait lâché l’arme lui aussi, mais que contrairement à moi, il tenait encore sur ses jambes. Bien que blessé, il se redressa lentement, et un sourire victorieux et narquois naquit sur ses lèvres.
« J’avais raison. En plus d’être un lâche, tu es un piètre tireur ! » se moqua-t-il en me narguant de la pointe de son couteau avant de reprendre « Tu vas mourir, mais avant tu vas la regarder mourir en sachant que tu es responsable de sa mort ! »
OoOoOoOoOoOoOoOoOo
Je savais que j’aurais dû obéir à Teresa et qu’elle serait en colère en découvrant que je n’avais pas fait ce qu’elle voulait, mais j’avais eu trop peur. Et puis je me sentais à l’abri ici malgré l’orage qui grondait toujours plus fort. J’avais sursautée violemment en entendant quelqu’un dehors, mais le téléphone collé à l’oreille, j’avais compris que c’était Patrick, et j’avais été soulagée. Il arrangerait tout. Blottie dans l’angle de ma petite maison, je tentais d’entendre ce qu’il se passait dans la maison, mais l’orage m’en empêchais. Mais soudain, un bruit encore plus effrayant que le grondement du tonnerre me fit sursauter. Ce bruit le j’avais déjà entendu à la télé. C’était le son d’un coup de feu. Paniquée, je sautais sur mes pieds, et sans réfléchir, je courrais vers la maison comme j’avais vu Patrick le faire plus tôt et entrais dans la cuisine. La peur au ventre, je marchais doucement pour ne pas faire craquer les lattes du parquet, même si je doutais qu’avec le bruit que faisait l’orage dehors, qui que ce soit dns cette maison m’entendrait.
J’avais l’impression que le ciel déversait toute sa fureur sur nos têtes, comme s’il avait emmagasiné tellement de sentiments négatifs, qu’il ne pouvait plus faire autrement que d’explosé afin de se purifié et de laisser à nouveau la place au soleil. J’aimais bien l’orage d’habitude, mais pas celui-là. Peut-être parce que j’avais l’impression qu’une fois qu’il serait terminé, je constaterais que ma vie avait de nouveau été chamboulée. Et je ne voulais pas. Je voulais que les choses restent comme ça. Je voulais rester avec Teresa et Patrick, et ne jamais les quittés. Mais ça n’arriverait pas, pas si IL leur avait fait du mal. Continuant d’avancer, je remarquais un objet qui luisait faiblement au sol pour mieux voir ce dont il s’agissait, et réalisais que c’était une arme.
« Tu ne dis rien ? Tu n’essayes pas de me raisonner, d’échanger ta misérable existence contre la sienne ? » entendis-je une voix qui me rappela celle de Patrick, mais en beaucoup plus froide.
Terrifiée, j’attrapais l’arme et la serrais fermement entre mes mains. Peut-être que j’arriverais à la donnée à Patrick ou à Teresa ? Lentement, effrayée de ce que je découvrirais, je parcourais les derniers mètres qui me séparaient de cette voix digne d’un méchant de dessin animé. Et ce que j’apercevais faillit me faire hurler. Teresa était allongée sur son canapé, le corps couvert de blessures qui saignaient, et près de l’entrée, j’apercevais Patrick à genoux qui se tenait le ventre comme s’il était blessé lui aussi. Et il y avait un homme debout à côté de Teresa, un couteau dans une main. Il était de dos, mais je n’avais pas besoin de voir son visage pour savoir que c’était bien LUI. Je cherchais quoi faire. Je tentais de faire signe à Patrick pour qu’il me dise quoi faire, mais il semblait ne pas me voir. Quant à Teresa, elle avait l’air évanouie. Soudain, comme au ralenti, je le vis lever le bras, et je comprenais qu’il était sur le point de tuer Teresa. Je ne pouvais pas le laisser faire ça. Pas alors que je n’avais pas pu protéger Matthew. Ca ne devait pas recommencer.
Sans réfléchir, guidée par la peur de voir les évènements se reproduire, je levais les bras et appuyais sur la détente de toutes mes forces au moment où IL baissait le bras. La détonation raisonna à mes oreilles, me perçant les tympans, et je le vis se figé alors qu’une tâche rouge grandissait dans son dos. Il se retourna très lentement vers moi, et je retenais un cri d’étonnement. Il ressemblait tellement à Patrick que s’en était perturbant. Il était plus vieux, mais ils étaient identiques tout les deux. Il avança doucement vers moi, une expression incrédule sur le visage, et je me reculais jusqu’à buter contre le mur. Un sourire sadique aux lèvres, il continua sa lente avancée, son couteau toujours en mains. Ce n’est que lorsqu’il le leva dans ma direction que je pressais à nouveau sur la détente. Le choc provoqué par l’impact de la balle le fit reculé de quelques pas, et il s’arrêta enfin. Tremblante, je l’observais, l’arme toujours pointée vers lui, craignant qu’il ne revienne à l’attaque, mais il restait là, à me regarder comme s’il n’arrivait pas à croire ce qui venait d’arriver.
Le tintement sinistre du couteau sur le sol en bois me fit sursauter, et je vis RedJohn tomber à genoux, une main sur sa poitrine, comme pour stopper le flot de sang, puis il s’écroula au sol sans jamais me quitter des yeux. Incapable de détacher mon regard de lui, je vis la vie s’échapper de lui et son regard se ternir. Et ce n’est qu’en comprenant qu’il était mort, que je me laissais glisser contre le sol, sans lâcher l’arme de Teresa, comme si je n’étais pas certaine que tout danger soit écarté. Je restais là, les yeux fixés sur la tâche rouge qui grandissait toujours sur la chemise blanche de cet homme, tant et si bien qu’elle déborda sur le sol. Instinctivement, je me reculais, comme si cette tâche pouvait m’atteindre. Est-ce que le mal était contagieux ? Deviendrais-je aussi mauvaise que lui si son sang m’atteignait ? L’étais-je déjà comme le prétendait maman ? Après tout, je venais de tuer un homme, et je n’en éprouvais qu’un immense soulagement. Alors je devais forcément être une mauvais personne moi aussi.
Je ne réagissais pas lorsque la porte de la maison s’ouvrit avec fracas, et que des voix me parvinrent comme dans un brouillard, pas plus que lorsque quelqu’un m’enleva l’arme des mains.
« C’est la gamine qui a tiré… »
« Elle va être traumatisée à vie…. »
« Il faut les conduire à l’hôpital… »
« Ils ont perdus beaucoup de sang… »
« Il n’y a plus une minute à perdre…. »
« Les services sociaux vont venir récupérer la petite plus tard dans la soirée… »
J’écoutais toutes ces discussions sans vraiment en comprendre le sens. Tout s’embrouillait dans ma tête, et toujours ce bruit assourdissant qui raisonnait comme un écho en moi. Je me sentis soulevée, mais je n’avais pas la force de me débattre, et je me laissais faire, n’ayant aucune réaction. Je me sentais détachée de tout, enfermée dans mon monde intérieure, là où rien ni personne ne pouvait m’atteindre et me faire du mal, comme après la mort de papa. L’on m’allongea sur un brancard, et la dernière chose que je vis avant que les portes de l’ambulance ne se referment, ce fut Jane qui se relevait difficilement pour murmurer quelque chose à Teresa, allongée près de lui avant de retomber sur son brancard, inconscient.
« Teresa ? Tout va bien ? Où es-tu ? Nous arrivons avec les gars ! » déclarais-je en décrochant précipitamment.
Mais mes espoirs s’écroulèrent en entendant des sanglots étouffés à l’autre bout de la ligne. Les sanglots d’une fillette.
« Elora ? C’est toi ma princesse ? Où es-tu ? » l’interrogeais-je avant de me baffer.
« Teresa m’a dit de sortir de la maison. IL est là Patrick, tu dois venir vite ! » me répondait-elle enfin entre deux sanglots.
« Oh mon Dieu ! Nous sommes presque là ma puce, tout va bien aller ! » soufflais-je en sentant ma joie d’entendre la voix d’Elora pour la première fois se mêlée à mon angoisse de savoir Teresa entre les mains de RedJohn.
« Que se passe-t-il Jane ? » s’enquérait Rigsby visiblement aussi inquiet que je l’étais.
« Teresa a réussi à faire sortir Elora, mais elle est entre les mains de ce monstre à présent » expliquais-je en posant ma main sur mon téléphone pour qu’Elora n’entende pas notre discussion.
Cho ne faisait aucun commentaire, mais je le voyais se raidir, et il accélérait un peu plus.
« Ecoutes moi Elora. Reste dans ta cachette. Nous t’appellerons quand tout sera fini » déclarais-je fermement en priant pour qu’elle m’obéisse.
« D’accord Patrick, mais viens vite me chercher ! » soufflait-elle d’une toute petite voix qui me sera le cœur.
« Je te le promets ma puce. Soit une courageuse petite fille. Pense à tout ce que nous ferons tout les trois quand nous viendrons te chercher. » la rassurais-je en me promettant que je ferais tout pour arranger les choses avec Teresa.
Je poussais un soupir de soulagement lorsque je vis Cho se garer en bas de la rue de Teresa. Sans perdre une minute, je sortais de la voiture, et sans tenir compte des appels de Cho, je m’élançais vers sa maison en passant par les jardins afin de ne pas me faire repérer. Je ne m’arrêtais que lorsque j’atteignais la cabane que j’avais construite à Elora et qui me servait de refuge providentiel.
« Je dois raccrocher maintenant ma chérie, mais je fais vite je te le promets » déclarais-je en me rappelant qu’Elora était toujours en ligne.
« D’accord… Je t’aime Patrick… » soufflait-elle d’un ton hésitant.
« Je t’aime aussi princesse » répondais-je la gorge nouée par l’émotion.
Maintenant que je savais qu’Elora était à l’abri, je devais me concentré sur Teresa. Mais n’était-ce pas déjà trop tard ? Je ne devais pas penser à ça. Et puis j’étais certain que je le saurais s’il lui était arrivé malheur, comme j’avais eu une mauvaise intuition le jour où ma vie avait basculée par la faute de ce monstre. Teresa était en vie, et elle le resterait. Prenant une profonde inspiration, je m’assurais que je ne pouvais pas être aperçut de la maison avant de m’élancer à toutes jambes vers la porte de la cuisine qui, comme je l’avais prévu, n’était pas fermée. Aussi silencieusement que possible, je pénétrais dans la maison, et m’immobilisais, cherchant à déterminer où se trouvait RedJohn, et surtout où était Teresa. Un bruit sourd attira mon attention, et je m’avançais prudemment vers le salon. Et mon cœur s’arrêta en découvrant l’horrible spectacle. De mon poste d’observation, je n’apercevais que la tête de Teresa. Elle était allongée sur le canapé, ses longs cheveux répandus autour de son visage maculé de sang.
Et au-dessus d’elle était penché un homme dont je n’apercevais pas le visage, mais dont je ne doutais pas une seconde de l’identité. Il tenait dans sa main le couteau à trancher de Teresa dont la lame rougeoyait doucement. De temps en temps, je voyais la lame plongée vers le corps de Teresa qui gémissait douloureusement à chaque assaut. Je devais agir, et vite parce qu’elle ne tiendrait pas longtemps à ce rythme-là. J’avais l’avantage de la surprise, et je devais conserver celui-ci. Alors me reculant doucement, je rebroussais chemin et me rendais dans le garage, priant pour que l’arme de secours de Teresa se trouve toujours dans le coffre de sa voiture. Je supposais que si elle ne s’était pas servie de son arme de service, c’était que RJ l’avait prise d’avance. En plus de son couteau, il était donc armer. Je devrais donc doublement me méfier de lui. Même si les glocks n’étaient pas son arme de prédilection, il pourrait bien décider de faire une exception pour moi s’il se sentait pris au piège.
Veillant à ne pas faire de bruit, je récupérais l’arme dans le coffre, et après m’être assuré qu’il était bien chargé, je rebroussais chemin vers le salon. Un éclair zébra le ciel, me faisant sursauter, et la pièce fut nimbée d’une lumière inquiétante. Hâtant le pas, craignant que RJ se soit lassé de jouer avec Teresa, je soupirais de soulagement en constatant qu’il avait arrêté son petit jeu. Le son de sa voix me glaça. Non, c’était impossible. Ca ne pouvait pas être lui. Il ne pouvait pas m’en vouloir au point de tuer sa propre petite-fille. Et pourtant cette voix. Je ne l’avais pas entendue depuis bien longtemps, mais je la reconnaîtrais entre mille. Mais si je regardais les choses en face, mon père avait toujours aimé me contrôler, et il n’avait pas apprécié que je parte pour épouser Angela. Et puis nous étions des gens du voyage, quel meilleur moyen de tuer sans attirer l’attention ? Tétanisé, je restais sans réaction.
« Jane n’aurait pas dû me défier. Il aurait du être mon successeur, mais au lieu de ça il a choisit de me trahir. D’abord en épousant cette sainte nitouche, puis en travaillant avec vous. Mais il est temps de mettre un terme à ce jeu et qu’il comprenne enfin que je suis le meilleur » déclara-t-il, et je comprenais que mon père était RedJohn.
Comment avais-je fait pour ne pas le comprendre plus tôt ? J’avais grandi à ses côtés, et je l’avais toujours vu manipuler les gens pour les ranger de son côté. Quant aux femmes il les séduisait lorsqu’elles pouvaient lui être d’une quelconque utilité avant de les jetées comme des kleenex usagés. C’est en le voyant lever son couteau, que je comprenais que je devais agir maintenant pour l’empêcher de tuer Teresa sous mes yeux.
« Lâche ce couteau ! » criais-je en me décalant pour qu’il me voit.
« Te voilà enfin mon fils … » souriait-il en baissant son bras avant de retirer son masque et de dévoiler son visage.
Son visage si semblable au mien. Même nos voix se ressemblaient. Et pourtant nous avions deux personnalités totalement opposées. Le Bien et le Mal.
« Ecartes-toi de Teresa » déclarais-je en continuant de le menacer de mon arme.
« Reviens à la raison mon fils, accepte ton héritage, et je te pardonnerais » répliquait mon père sans bouger d’un centimètre.
« Tu as tué mon bébé et ma femme. Et tu t’en prends aujourd’hui à celle que j’aime. Tu as raison, il est temps de mettre un terme à cette mascarade, mais ce ne sera pas de la façon que tu crois ! » répliquais-je avec mépris.
« Allons Patrick, nous savons tout deux que tu n’oseras pas me tuer, tu n’en as pas le cran… » ricana-t-il en levant de nouveau son couteau.
Paniqué, je quittais ma cible des yeux pour regarder Teresa, et un reflet sur le champ droit me fit relever les yeux. Et je compris mon erreur en voyant l’arme de Teresa dans la main de mon père. L’orage gronda, un éclair traversa le ciel, et une double détonation retentit dans le silence devenu lourd du salon. Une violente douleur me fit me plier en deux de douleur, et je lâchais mon arme qui glissa sur le parquet. Tombant à genoux, un gémissement de douleur s’échappant de mes lèvres, je levais les yeux pour constater que mon père avait lâché l’arme lui aussi, mais que contrairement à moi, il tenait encore sur ses jambes. Bien que blessé, il se redressa lentement, et un sourire victorieux et narquois naquit sur ses lèvres.
« J’avais raison. En plus d’être un lâche, tu es un piètre tireur ! » se moqua-t-il en me narguant de la pointe de son couteau avant de reprendre « Tu vas mourir, mais avant tu vas la regarder mourir en sachant que tu es responsable de sa mort ! »
OoOoOoOoOoOoOoOoOo
Je savais que j’aurais dû obéir à Teresa et qu’elle serait en colère en découvrant que je n’avais pas fait ce qu’elle voulait, mais j’avais eu trop peur. Et puis je me sentais à l’abri ici malgré l’orage qui grondait toujours plus fort. J’avais sursautée violemment en entendant quelqu’un dehors, mais le téléphone collé à l’oreille, j’avais compris que c’était Patrick, et j’avais été soulagée. Il arrangerait tout. Blottie dans l’angle de ma petite maison, je tentais d’entendre ce qu’il se passait dans la maison, mais l’orage m’en empêchais. Mais soudain, un bruit encore plus effrayant que le grondement du tonnerre me fit sursauter. Ce bruit le j’avais déjà entendu à la télé. C’était le son d’un coup de feu. Paniquée, je sautais sur mes pieds, et sans réfléchir, je courrais vers la maison comme j’avais vu Patrick le faire plus tôt et entrais dans la cuisine. La peur au ventre, je marchais doucement pour ne pas faire craquer les lattes du parquet, même si je doutais qu’avec le bruit que faisait l’orage dehors, qui que ce soit dns cette maison m’entendrait.
J’avais l’impression que le ciel déversait toute sa fureur sur nos têtes, comme s’il avait emmagasiné tellement de sentiments négatifs, qu’il ne pouvait plus faire autrement que d’explosé afin de se purifié et de laisser à nouveau la place au soleil. J’aimais bien l’orage d’habitude, mais pas celui-là. Peut-être parce que j’avais l’impression qu’une fois qu’il serait terminé, je constaterais que ma vie avait de nouveau été chamboulée. Et je ne voulais pas. Je voulais que les choses restent comme ça. Je voulais rester avec Teresa et Patrick, et ne jamais les quittés. Mais ça n’arriverait pas, pas si IL leur avait fait du mal. Continuant d’avancer, je remarquais un objet qui luisait faiblement au sol pour mieux voir ce dont il s’agissait, et réalisais que c’était une arme.
« Tu ne dis rien ? Tu n’essayes pas de me raisonner, d’échanger ta misérable existence contre la sienne ? » entendis-je une voix qui me rappela celle de Patrick, mais en beaucoup plus froide.
Terrifiée, j’attrapais l’arme et la serrais fermement entre mes mains. Peut-être que j’arriverais à la donnée à Patrick ou à Teresa ? Lentement, effrayée de ce que je découvrirais, je parcourais les derniers mètres qui me séparaient de cette voix digne d’un méchant de dessin animé. Et ce que j’apercevais faillit me faire hurler. Teresa était allongée sur son canapé, le corps couvert de blessures qui saignaient, et près de l’entrée, j’apercevais Patrick à genoux qui se tenait le ventre comme s’il était blessé lui aussi. Et il y avait un homme debout à côté de Teresa, un couteau dans une main. Il était de dos, mais je n’avais pas besoin de voir son visage pour savoir que c’était bien LUI. Je cherchais quoi faire. Je tentais de faire signe à Patrick pour qu’il me dise quoi faire, mais il semblait ne pas me voir. Quant à Teresa, elle avait l’air évanouie. Soudain, comme au ralenti, je le vis lever le bras, et je comprenais qu’il était sur le point de tuer Teresa. Je ne pouvais pas le laisser faire ça. Pas alors que je n’avais pas pu protéger Matthew. Ca ne devait pas recommencer.
Sans réfléchir, guidée par la peur de voir les évènements se reproduire, je levais les bras et appuyais sur la détente de toutes mes forces au moment où IL baissait le bras. La détonation raisonna à mes oreilles, me perçant les tympans, et je le vis se figé alors qu’une tâche rouge grandissait dans son dos. Il se retourna très lentement vers moi, et je retenais un cri d’étonnement. Il ressemblait tellement à Patrick que s’en était perturbant. Il était plus vieux, mais ils étaient identiques tout les deux. Il avança doucement vers moi, une expression incrédule sur le visage, et je me reculais jusqu’à buter contre le mur. Un sourire sadique aux lèvres, il continua sa lente avancée, son couteau toujours en mains. Ce n’est que lorsqu’il le leva dans ma direction que je pressais à nouveau sur la détente. Le choc provoqué par l’impact de la balle le fit reculé de quelques pas, et il s’arrêta enfin. Tremblante, je l’observais, l’arme toujours pointée vers lui, craignant qu’il ne revienne à l’attaque, mais il restait là, à me regarder comme s’il n’arrivait pas à croire ce qui venait d’arriver.
Le tintement sinistre du couteau sur le sol en bois me fit sursauter, et je vis RedJohn tomber à genoux, une main sur sa poitrine, comme pour stopper le flot de sang, puis il s’écroula au sol sans jamais me quitter des yeux. Incapable de détacher mon regard de lui, je vis la vie s’échapper de lui et son regard se ternir. Et ce n’est qu’en comprenant qu’il était mort, que je me laissais glisser contre le sol, sans lâcher l’arme de Teresa, comme si je n’étais pas certaine que tout danger soit écarté. Je restais là, les yeux fixés sur la tâche rouge qui grandissait toujours sur la chemise blanche de cet homme, tant et si bien qu’elle déborda sur le sol. Instinctivement, je me reculais, comme si cette tâche pouvait m’atteindre. Est-ce que le mal était contagieux ? Deviendrais-je aussi mauvaise que lui si son sang m’atteignait ? L’étais-je déjà comme le prétendait maman ? Après tout, je venais de tuer un homme, et je n’en éprouvais qu’un immense soulagement. Alors je devais forcément être une mauvais personne moi aussi.
Je ne réagissais pas lorsque la porte de la maison s’ouvrit avec fracas, et que des voix me parvinrent comme dans un brouillard, pas plus que lorsque quelqu’un m’enleva l’arme des mains.
« C’est la gamine qui a tiré… »
« Elle va être traumatisée à vie…. »
« Il faut les conduire à l’hôpital… »
« Ils ont perdus beaucoup de sang… »
« Il n’y a plus une minute à perdre…. »
« Les services sociaux vont venir récupérer la petite plus tard dans la soirée… »
J’écoutais toutes ces discussions sans vraiment en comprendre le sens. Tout s’embrouillait dans ma tête, et toujours ce bruit assourdissant qui raisonnait comme un écho en moi. Je me sentis soulevée, mais je n’avais pas la force de me débattre, et je me laissais faire, n’ayant aucune réaction. Je me sentais détachée de tout, enfermée dans mon monde intérieure, là où rien ni personne ne pouvait m’atteindre et me faire du mal, comme après la mort de papa. L’on m’allongea sur un brancard, et la dernière chose que je vis avant que les portes de l’ambulance ne se referment, ce fut Jane qui se relevait difficilement pour murmurer quelque chose à Teresa, allongée près de lui avant de retomber sur son brancard, inconscient.
Chapitre 32
Dernière édition par iliana le Dim 19 Fév 2012 - 13:50, édité 2 fois
iliana- Distributeur de café
- Personnage préféré : Jane
Loisirs : Lire, écouter de la musique, écrire, me balader et regarder les séries TV...
Localisation : derrière mon écran d'ordinateur
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Quelle suite ! j'ai souvent pensé au père de Jane pour
Il connait son fils mieux que quiconque et pourrait ainsi le manipuler à loisir, surtout s'il a les mêmes capacités que son fils...
Les pensées d'Elora, son geste c'est
Tu ne peux pas les faire mourir et les séparer de cette merveilleuse petite fille
pour cette histoire incroyable
Johel- In Jane we trust
- Personnage préféré : Jane et Cho
Loisirs : Lecture, ciné, jeux vidéo et suuuurf !
Localisation : près de l'océan
Re: Face à face (Jisbon/RJ) ^
Johel a écrit:
Quelle suite ! j'ai souvent pensé au père de Jane pour
Il connait son fils mieux que quiconque et pourrait ainsi le manipuler à loisir, surtout s'il a les mêmes capacités que son fils...
je suis tout à fait d'accord avec Johel sur ce point. J'ai aussi souvent pensé au père de Jane en guise de RJ.
Cette histoire est magnifique, et le point de vue de Elora... hallucinant!
Enfin bravo, vraiment!
Mais une petite faveur, stp...évite de les faire encore souffrir hein?
mococoa- Inspecteur de police
- Personnage préféré : Jane, Lisbon, Cho
Loisirs : sport, lecture (des fics entre autres), The Mentalist
Localisation : Dans mes rêves
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