L'étrange Noel de Mister Jane (Romance/Enquête) Ch 18 up ! ^

La suite :

Quand soudain, un homme, autant qu’elle put en juger dans sa position recroquevillée et aux travers de ses larmes, s’avança vers elle.

Il portait un long manteau noir, une capuche, et peut être masque.

Sa respiration se faisait suffocante, brouillait les maigres pensées qui tourbillonnaient en elle.

Elle allait mourir. Sans Jane dans les parages ; il ne viendrait pas tout de suite, elle en était certaine.
Elle déglutit péniblement avant de se mettre à tousser faiblement, son souffle devenait hiératique tandis que s’avançait vers elle l’image même de sa mort.

Il lui semblait qu’il fredonnait tranquillement une sorte de chanson… le sens lui en échappait mais elle arriva à comprendre un mot… et un sanglot jaillit étouffé par le bruit du vent et la litanie de celui qui était en face d’elle.

Elle aurait tellement voulu hurler, voulu appeler à l’aide, voulu que Jane soit là… Parce qu’elle l’aimait malgré tout. Elle voulait l’entendre la réconforter, lui dire que tout irait bien mais il n’était pas là…

Ces sanglots devenaient des pleurs déchirants dans la chambre noire. Il s’approchait d’elle.

Ces yeux n’exprimaient que de l’angoisse en même temps qu’une acceptation de ce qui allait probablement se passer. La vague de douleur refluait et affluait telle une vague s’échouant sur le sable, roulant et piétinant de sa force implacable la pauvre âme sur son passage.

Inexorablement il se rapprochait.

Inexorablement elle le sentait. Son odeur de musc, sa légère transpiration, son souffle chaud sur son visage, sa main gantée et chaude contre sa joue.

Un frisson la parcourut malgré elle tandis qu’elle contemplait son bourreau, incarnation parfaite de la faucheuse.

« Teresa, ne pleures pas. Ton heure n’est pas venue. Ce n’est qu’un avertissement. »

Incrédule et faible, Lisbon se contenta d’attendre la suite.

« Non ce n’est pas la fin. Je veux juste que tu dises à son cher ami Patrick Jane que je suis bel et bien là. Je veux qu’il comprenne que quoi qu’il fasse tu es en mon pouvoir, tout comme lui et toutes les personnes présentes. Et s’il ne te croit pas Teresa, répètes lui ceci : Charlotte Ann aimait les fraises et la crème fouettée. C’était son dernier dessert. C’est cette odeur qui m’a attiré. Elle en avait encore le gout quand je l’ai tué… »

Lisbon laissa échapper une ultime l’arme tendit qu’elle sentait la piqûre d’une aiguille s’insinuer sans sa chère, le produit lui brûlant les veines, faisant vriller de douleur sa tête.

La dernière chose qu’elle vit fut cette apparition soufflée la bougie.

Puis ses yeux se fermèrent.

Chalet de Heavencrest, début de soirée, salon

Jane s’inquiétait. Ils avaient parlé avec le shérif, ses adjoints jetant un coup à Kristina qui dormait paisiblement maintenant. Personne ne savait exactement ce qu’elle avait mais ce répit leur fit du bien à tous.

Ils avaient avancé. Tous les cadeaux avaient été déballées pour trouver d’éventuels indices que John Le Rouge aurait dissimulé. Cependant ils furent déçus de ne rien avoir trouvé d’autres.

Il semblerait encore une fois que ce monstre avait prévu le fait que Jane veuille ouvrir ce cadeau en premier en souvenir de sa fille. Encore une fois Jane avait été manipulé par ce psychopathe.

Il avait réussi à l’atteindre, à l’éloigner de Lisbon pendant quelques heures. Et maintenant Elle était partie. Depuis plusieurs heures.

Et enfin il comprit. La lumière se fit dans l’esprit de Jane. Il avait voulu lui rendre la pareille. Lui donner de la latitude. Et il l’avait laissé seul ici. Sans protection, sans amis, sans personne. Mais quel abruti il faisait.

« Shérif, on doit retrouver Lisbon. »

Le shérif en train de somnoler à moitié, contemplant d’un œil morne Kristina Frye, se sentait finalement en train pour un peu d’action.

« Ecoutes, après ce qu’il s’est passé, je suis pas sure que tu sois la meilleure personne pour être auprès d’elle non ? »

« Je ne dis pas ça pour ça mais je pense qu’elle est en danger. J’ai été trop stupide pour y voir clair depuis le début et je ne veux pas la perdre Ok ? »

Le shérif et ses hommes se sourirent légèrement :

« Allons-y. Bill tu restes avec Mme Frye et les autres, on va au premier étage, elle a du se réfugier dans une des chambres.

Les quatre hommes commencèrent à fouiller les chambres une par une, sans cependant trouver Lisbon.

Jane commençait à franchement paniquer, de même que le shérif et ses hommes. La dernière porte non ouverte était face à eux. C’était la chambre la plus reculée du chalet.

Chacun se regardait retenant son souffle, l’atmosphère pesante.

Jane ouvrit la porte, lentement, la main su la poignée tremblant légèrement.

La vision qu’il eut, il ne l’oublierait jamais.

Lisbon était par terre recroquevillée, et un immense smiley éclairé par de nombreuses bougies se dressait fièrement au dessus d’elle.

Ce fut à cette seconde qu’il tomba à genoux, pleurant comme un enfant qui vient de perdre ce qu’il avait de plus cher au monde.

L’horrible instant ou il voulait mourir, l’horrible instant ou tout s’arrêtait pour lui.

L’un des adjoints se pencha vers lui, pour l’aider mais il fut repousser instantanément.

Le shérif, quant à lui s’approcha d’elle et machinalement, pour s’en assurer, pris son pouls. La surprise et l’inquiétude firent place à la résignation.

« Joe, Vince, elle est en vie ! Venez m’aider, elle est glacée ! On doit la descendre. »

Jane était toujours effondré, hébété, ne réagissant plus vraiment.

Ce fut le shérif avec une gifle digne d’un boxeur que Jane reprit conscience du monde qui l’entourait.

« Elle… elle… »

« Oui Jane elle est en vie, alors tu te bouges et tu vas la voir en bas, car elle aura besoin de toi. »

Il se releva et descendit rapidement les escaliers encore sous le choc de ce qui venait d’arriver.

Le shérif resta seul un instant, contemplant la mise en scène du tueur.

Personne ne vit l’étrange sourire sur ses lèvres, tandis qu’il éteignait les bougies une par une, faisait un peu de nettoyage.

Il referma la porte tranquillement, comme il refermait un livre, repus et satisfait de la tournure que prenait l’histoire.

Chalet de Heavencrest, 21 décembre, chambre du rez de chaussée, 21 heures

Elle s’avançait dans un couloir obscur, humide et sombre. Elle ne savait pas ou elle allait atterrir, elle avait peur, froid.

Une sensation d’étouffement et de paralysie l’empêchait de se mouvoir comme elle l’aurait voulu. Elle aurait voulu crier mais il la rattrapait tellement vite.

Devant elle, Jane, se tenait au bout de ce couloir, à la lueur des bougies. Elle essayait de l’appeler mais rien de pouvait s’échapper de sa bouche.

Quelque chose attrapa son pied, elle chuta. Et Jane ne disait rien. Il ne faisait que sourire tandis que cette chose la ramenait vers cette noirceur. Ses ongles griffaient le plancher, ses doigts saignés, son corps n’était plus qu’une vivante supplique envers cet homme qui l’avait laissé tomber.

Puis elle se résigna. Ne fit plus rien. Ne se débattit plus. Il avait gagné. Alors qu’elle désespérait une main saisi la sienne dans cet ultime sursaut désespéré.

Elle la saisit et ouvrit les yeux.

Il était là, elle était sauvée.

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Puis elle se résigna. Ne fit plus rien. Ne se débattit plus. Il avait gagné. Alors qu’elle désespérait une main saisi la sienne dans cet ultime sursaut désespéré.

Elle la saisit et ouvrit les yeux.

Il était là, elle était sauvée.

« Jane ».

Ce fut plus un soupir de soulagement qu’un véritable mot qui sortit de sa bouche, mais ce que ça signifiait pour lui, c’était qu’elle était en vie.

La main toujours dans celle de Lisbon, il la contemplait, à genoux près du lit dans laquelle ils l’avaient installé, attendant impatiemment qu’elle se réveille.

Il tendit ensuite la main vers une carafe et un verre d’eau. Elle était tellement reconnaissante de pouvoir boire. Jane lui tenait doucement la tête tandis qu’elle buvait des rasades d’eau pour étancher la soif que le poison lui avait donnée.

Puis délicatement, il l’aida à se mettre dans une position assise, ainsi qu’elle lui fit vivement comprendre. Il s’assit sur le bord du lit après avoir tranquillement remis les oreillers pour qu’elle soit bien installée.

Aucune autre parole n’avait été échangée durant ce court et curieux laps de temps. Jane était visiblement contant et soulagé mais gêné de ne pas avoir été là quand elle avait besoin de lui.

Lisbon elle aussi blessée auparavant et consciente de ce qu’elle avait pensé, et de ce qu’elle avait vécu comprenait la situation.

Ils étaient au pied du mur. Encore une fois. Soit tout avouer et une fois pour toute se faire vraiment confiance ou continuer le jeu au combien passionnant mais dangereux du je t’aime moi aussi mais on ne dit rien c’est plus drôle comme ça…

Restait à savoir qui allait faire le premier pas. Lisbon commença à ouvrir la bouche mais elle vit quelque chose d’inattendu lorsque son regard se tourna vers Jane. Celui-ci de profil, la tête entre ses mains semblait débattre d’un quelconque problème qui lui prenait toute son attention.

Elle put enfin l’observer. Ce qu’elle vit dans sa posture ? De la rage, de la peur, du désespoir, du repentir, mais aussi ce qu’elle interpréta comme de l’amour…
En l’étudiant de plus près, elle vit aussi des larmes.

Et c’est cet instant que choisi Jane pour se retourner, le visage à nu pour la première fois depuis qu’elle le connaissait. L’intensité de leur regard, leur souffle court, leur corps tendu.

Sans en mesurer les conséquences, sans réfléchir et faisant fi de tout ce qui était leur réalité, Jane attrapa enfin le visage de Lisbon et l’embrassa comme si sa vie en dépendait mettant dans ce baiser la violence des émotions trop longtemps contenues.

Le baiser se fit passionner, puis tendre, délicat, humide des perles salées qui roulaient doucement sur les joues de Lisbon pour finir par une étreinte entre leur deux corps à bout de force.

Jane pleurait également dans le coup de Lisbon, tandis qu’elle s’accrochait désespérément à lui, comme on s’accroche à une bouée en plein naufrage. Elle entendit alors les mots de Jane, reflétant les siens, révélant l’harmonie de leur âme en conflit.

« Pardonnes-moi, Teresa. Je t’en supplie… J’ai eu tellement peur… j’ai cru que tu étais morte… »

« Chuuuuuut… »

Ce fut le seul mot qu’elle prononça se contentant simplement de profiter et de comprendre ce qui s’était passé. La peur revenant d’un coup, le souvenir de la douleur, la terreur qu’elle avait ressentie. Mais il était là au réveil. Il l’avait soutenu, et au dernier moment il l’avait rattrapé.

Finalement ils avaient joué tous les deux, et chacun avait perdu. C’était le moment de tout mettre à plat. De faire front ensemble.

Elle se détacha de l’exquise étreinte de leur corps et le força à la regarder droit dans ses yeux. Le vert émeraude contre le bleu de l’océan. Des regards hantés par des fantômes du passé, du présent mais aussi du futur.

Le cocon protecteur de la chambre n’était qu’une illusion mais pour le moment il suffisait à protéger la naissance fragile de leur sentiment enfin assumé. Il les protégeait de la tempête, du froid de la neige, du sang, du passé, des meurtres, des autres.

Lisbon mit ses mains sur le visage de son compagnon, et d’une voie douce, chargée d’émotions avec un pâle sourire, prit la parole :

« Jane, je veux que tu m’écoutes attentivement. Tu promets de ne pas m’interrompre d’accord ? »

Jane se contenta de hocher de la tête, une lueur d’espoir fou dans les yeux.

Cherchant ses mots, Lisbon s’éclaircit la voix et reprit le fil de la conversation avec Jane.

« Depuis que tu as rejoint l’équipe, il y a pratiquement trois ans, je vais te dire que tu m’en a fait voir de toutes les couleurs. Je ne voulais pas avoir sur le dos une espèce de médium, mais encore moins une personne se sentant coupable et réclament vengeance au sein de mon équipe. Alors j’étais à la fois en colère et en même temps je comprenais tout ça. Je me disais que j’arriverais peut être à te manipuler… (Jane eut un léger sourire ironique) le mot clé était « peut être » Jane. Enfin bref, tu m’as mis dans des positions plus embarrassantes les unes que les autres, et je dois t’avouer que dans ces moments là je te haïssais mais en même … tu pimentais ma vie. Je pestais sans arrêt … et c’est stupide mais tu faisais parti de la famille ensuite. Et j’ai appris malgré tout à t’apprécier. A me méfier de tes coups tordus que tu faisais et qui manquaient de nous couter la vie. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu donnais de l’espoir aux autres familles. De l’espoir. Je suis passée outre pour ça. Et en dépit de tout, bien que je ne le dise pas, j’ai tout de même une réputation à tenir, j’avais confiance en toi. S’il m’arrivait quelque chose, je sais que tu serais là. Tout comme je serais là. Alors cette fois, je vais jouer franc jeu. On ne se repousse plus. Plus de coups tordus. Plus de stupides actes de bravoures, plus de cachotterie. Parce que je ne le supporterais plus. Je suis passée beaucoup trop près de la mort pour ça. »

Elle reprit son souffle tandis qu’elle retenait les sanglots menaçant de se déchainer une fois de plus. Jane voulait parler mais d’un doigt délicatement sur ses lèvres elle le fit taire une nouvelle fois.

« Je n’ai pas fini Jane, (son ton autoritaire et sa confiance en elle malgré sa mésaventure revenant à grand pas) je ne dirais et ferais cette proposition une seule et unique fois. Je dois savoir et je veux une réponse honnête et sincère »

Elle prit une grande inspiration et se jeta à l’eau :

« Je veux que tu saches que je ne te pardonne pas ce qu’il s’est passé. »

Jane s’agitait bruyamment, presque brisé mais Lisbon d’un regard et d’une main ferme le força à se calmer. Elle aussi avait de la ressource après tout.

« Je ne te pardonne pas parce qu’il n’y a rien à pardonner. J’ai été aussi idiote que toi dans cette histoire. Je me suis retrouvée toute seule alors que je répétais qu’il ne fallait jamais l’être. J’aurais du aller te chercher. Tu aurais du le faire. Mais ça n’avance à rien maintenant de répéter le passé. Alors je me lance. Patrick Jane, tu es le pire des consultants que j’ai jamais eu, mais aussi la personne que j’aime le plus au monde ici et maintenant. Alors tu as deux options. Soit tu partages mes sentiments et on luttera jusqu’au bout pour rentrer et dire à l’équipe joyeux noël, soit tu te tais, on oublie tout et sitôt terminée de cette histoire on n’en parle plus jamais, et tu sors de ma vie pour toujours. »

Jane resta figé, cherchant la réponse sur le visage de Lisbon. Elle n’y était pas elle était en lui. Il s’éloigna légèrement d’elle et de son regard beaucoup trop clairvoyant et scrutateur.

Lisbon avait joué un coup de poker, elle le savait. Mais elle ne bluffait pas. Toutes les cartes étaient maintenant en possession de Jane. Il avait le choix entre accepter ou refuser ce qu’elle lui proposait. Maintenant ou jamais.

Il se leva du lit, prenant de la distance, fit quelque pas vers la fenêtre contemplant l’obscurité de la nuit, passant sa main dans ses cheveux.

Sa main qui portait toujours l’alliance. Son passé. Il l’avait ôté une fois et Lisbon lui avait conseillé de la garder à cause de Kristina. Mais avait-il encore besoin de la craindre s’il avait Lisbon…

Elle lui offrait le bonheur mais serait-il assez fou pour se laisser tenter et peut être encore une fois tout perdre.

Loin de ses méandres de pensées, Lisbon attendait. Sagement. Trop sagement. Les mains l’un par-dessus l’autre sur le couvre lit. La tête baissée, attendant tel un condamné le verdit ou le bourreau pouvait la rendre libre aussi bien que lui donner le coup de grâce.

Finalement, tandis qu’elle n’espérait plus, Jane se retourna.

Le verdict allait tomber.

Ici et maintenant les choses allaient changer. Mais dans quel sens ?

Sacramento, bureau du CBI, 21 décembre, 14h30

Chacun travaillait studieusement à ces dossiers bien que Lisbon ne soit pas là. La paperasserie reste toujours la même : ennuyeuse, nombreuse, et impossible à finir dans les temps.

Finalement, ce fut Van Pelt qui commença à s’inquiéter de ne pas entendre son téléphone sonner. Son boss l’appelait toujours régulièrement pour avoir un ou des renseignements à lui demander. Et là, depuis la fin de son enquête, rien. Pas un mot.

Ce silence inhabituel l’inquiétait, bien que le délai supplémentaire, si on incluait le facteur « Jane » pouvait facilement s’expliquer. Levant la tête de l’écran d’ordinateur, elle vit, Rigsby revenir avec ses achats de Noël. Il était littéralement couvert de paquets cadeau et elle ne put s’empêcher, de même que Cho d’approcher pour pouvoir le taquiner un peu.

« Alors, les petites courses se sont bien passés ? Il y a bien un paquet pour moi là-dedans ?»

« Ça dépend si tu m’aides avant que tout ne s’écroule par teeeeeeeerrrrrreeeee !!!!! »

Un bruit sourd et de verre brisé résonna dans l’open space du CBI et tout le monde put contempler Wayne Rigsby, par terre, avec sa maladresse légendaire, sur le sol, entouré de rubans multicolores sur le planché.

Cho se rapprocha et le contempla tandis que Van Pelt éclatait de rire en le voyant au sol.

« Il semblerait qu’il n’est malheureusement plus aucun cadeau … Tu ne connais pas la vente par correspondance ? Ils livrent avant les fêtes et tu n’as pas à parcourir les magasins…»

Au bout de cinq minutes de récupération des présents disséminés entre leurs bureaux, Van Pelt finit avec une légère hésitation à s’ouvrir à ses collègues tandis qu’il se servait un café et des gâteaux au gingembre et pain d’épices.

« Hum, les gars, vous ne trouvez pas étrange que Lisbon ne nous ait pas encore contacté ? Elle avait fini son enquête hier soir et elle devait prendre son de nuit qui ne durait qu’une heure. Vous ne pensez pas qu’on devrait l’appeler pour être sur qu’ils vont bien ? »

Cho en pragmatique et Rigsby en optimiste convergèrent tous les deux dans la direction suivante :

« Grace, tu sais que notre patron peut se débrouiller toute seule. Elle est grande alors arrête de te faire du souci. Bien que Jane puisse être son problème principal, je suis sure qu’avec son arme et l’entêtement de notre consultant préféré, elle ira bien donc stresses pas. »

« Pour une fois Rigsby a raison. Mais juste au cas où et pour te donner de vrais arguments, Saches qu’il y a une tempête là bas et je suppose qu’ils n’ont pas pu décoller. »

Grace eut un air contrit mais restait tout de même inquiète. Ses collègues, bien qu’au courant de la météo et de leur mot rassurant commençaient également à être préoccuper par l’absence de contact. Lisbon prévenait ou s’enquérait toujours de ce qui se passait.

Tandis qu’après leur pause, ils se redirigeaient en soupirant vers leurs bureaux et le poids de la bureaucratie, Cho, sous prétexte de mettre sa tasse au lave vaisselle et laver ses mains, s’écarta de leur groupe.

Saisissant son téléphone portable, il composa le numéro de Lisbon…et chose plus qu’inquiétante tomba sur sa messagerie. La seule fois ou s’était arrivé c’est quand elle avait été kidnappée sur l’affaire de l’enlèvement de Jane. Merde. Au bout du troisième essai, il s’avança vers Grace et Rigsby, qui pour une fois peu dupes, l’attendaient ; son air encore plus glacial leur fit véritablement froid dans le dos (NdA : Bon d’accord, elle était facile… glacial, froid dans le dos… OK je suis déjà sortie….)

« On fait quoi ? On téléphone au poste de police le plus proche ? La police du comté doit certainement être au courant non ? »

« Vas-y Grace, je contacte l’aéroport pour savoir s’ils ont pu attraper un vol ou s’ils ont une adresse ou les joindre. »

« Et toi Cho ? »

« Je file prévenir Hightower. Elle a peut être des nouvelles que nous n’avons pas et Lisbon lui a peut être téléphoné s’il y avait quoique se soit. »

Comme à chaque fois les rôles bien distribués et la dynamique de l’équipe instaurée par Lisbon fonctionnait. Mais serait elle assez bien huilé pour retrouver nos deux amis…

Sacramento, bureau du CBI, 21 décembre, 16h30

L’ambiance de noël, et les cris de « passez de bonnes fêtes » des collègues en vacances d’hiver ne parvenait plus à leur faire décrocher un sourire.

Rien.

C’était ce qu’il redoutait. Lisbon et Jane avait disparu dans la nature avec le shérif et ses adjoints. La secrétaire que Van Pelt avait eu téléphone était incapable de dire où ils étaient. Elle savait juste qu’un meurtre avait eu lieu et que le shérif avait demandé l’aide de Lisbon et Jane. Il les avait rejoint à l’aéroport avec ses hommes, étaient partis mais la tempête avait des répercutions sur le réseau de communication et de nombreuses routes étaient coupées.

Les portables ne passaient pas dans certains endroits un peu plus reculé et la compagnie avait confirmé que Jane et Lisbon n’avait pas pu prendre l’avion. Sur le listing des passagers, un nom avait cependant sauté aux yeux de Rigsby. Kristina Frye.

Ce fut ce moment que choisit Hightower pour les rejoindre.

« Quelque chose ? »

« Oui madame. Il semblerait qu’une nouvelle investigation requérant les services de Lisbon et Jane soit au cœur du mystère. Le shérif serait passé les prendre à l’aéroport à cause d’un meurtre mais nous ne savons pas où ni pourquoi et les conditions météo sont tellement mauvaises que nous n’avons aucune idée de ce qui se passe. »

« Autre chose ? »

Madeleine était sèche et se pinçait l’arrête du nez. Signe de la tempête qui couvait en elle. Les vacances ce soir avec ses enfants venaient de passer à la trappe.

Cho continua.

« Oui madame. Kristina Frye était sur la fiche de vol. Des témoins les ont vus partir avec elle et le shérif. »

« Frye ? La voyante disparue ? Qu’est ce que… Très bien je me fiche du comment, du combien et du temps que ça prendra mais vous annulez vos vacances et vous me les ramenez ici pour Noël. Vous y allez en voiture, en ski ou n’importe comment je m’en contrefoue mais vous vous arrangez pour les trouver avant Noël pour qu’on est une chance de le passer en famille. Des questions ? Non ? Que faites vous encore ici ?»

Tous les trois se mirent aussitôt à ramasser leurs affaires pour rejoindre la voiture et se mettre en route le plus vite possible.

L’inquiétude de Hightower était la leur. C’était la famille, et à cette période il était encore plus important qu’elle soit présente.

Elle claqua la porte en entendant encore l’un des inspecteurs lui crié joyeux noël…. Trop c’est trop.


Red Rocks’ Cafe, 20h30

Les trois collègues firent une pause sandwich avant de reprendre la route. Rigsby étant celui qui savait le mieux conduire sur les terrains glissants et dans la neige, ses deux compères le réservaient pour plus tard.

C’était le tour de Grace de conduire. Cho se reposait à coté d’elle, regardant le paysage par la fenêtre passager tandis que Rigsby engloutissait son deuxième sandwich. La nuit reprenait possession des alentours.

Au fur et à mesure qu’ils s’étaient éloigner de la « civilisation » comme le disait volontiers Rigsby, les montages leur apparaissaient blanches, grises, aiguisées devant eux. Comme une sorte de barrière infranchissable sur laquelle ils allaient s’écraser s’ils continuaient.

Grace, pour soulager tout le monde du silence pesant dans la voiture, tentait de mettre la radio. Le choix des stations était limité et plutôt réduit. De la country ou des chants de noël.

Après un énième soupir de Rigsby elle se résolut à l’éteindre définitivement. Le silence éclata comme une bombe assourdissant tout sur son passage.

Sauf une chose.

La peur.

Cette peur pernicieuse de perdre les gens auxquels vous tenez.

Finalement, mieux valaient une musique atroce à ce que personne ne pouvait supporter.

Elle ralluma la radio, se concentra sur sa conduite.

Et c’est au son de « destination unknown » qu’elle continua la route, un sourire amère et ironique dansant sur ses lèvres.