L'étrange Noel de Mister Jane (Romance/Enquête) Ch 18 up ! ^

Chalet de HavenCrest, 22 décembre, 04h00 du matin.

Sa respiration était bloquée dans sa gorge depuis très longtemps, trop longtemps. Les larmes roulaient sur ses joues sans s’arrêter, résultat des dernières vingt-quatre heures qu’elle venait de passer ici.

De nouveau seule, elle tentait de reprendre son sang froid légendaire, mais mourir empoisonné par le pire ennemi de celui qu’on aimait, voir une famille mourir, voir Kristina devenir folle et Jane joué au yoyo avec elle n’était pas ce que l’on peut appeler « un contexte profitable ».

Le noir de sa chambre, le vent fouettant le chalet, le surplus d’émotion venaient lui rappeler une fois de plus tout ce qui faisait sa vie. Et tout ce qu’elle perdrait si elle finissait ici.

Elle se pelotonna un peu plus dans sa couette. Le froid l’engourdissait. Les souvenirs affluaient. La chambre, la douleur… cette douleur si intense, voir la mort les yeux dans les yeux, son bourreau exécutant sa tache avec une fausse compassion… savoir si c’était vraiment John Le Rouge. Entendre son souffle, sentir sa nuque se hérisser…

Mais c’est surtout le sentiment d’impuissance. D’avoir agit comme une idiote et de ne pas s’être défendue. D’avoir renoncé à vivre pendant quelques secondes, d’avoir accepté l’idée même de mourir qui la hantait perpétuellement depuis cet instant.

Alors quand elle avait repris conscience, quand une main chaude et vivante avait pris la sienne, elle avait tout voulu éclaircir. Elle voulait voir la lune déchirée le ciel et lui laisser voir la vie.

Sa vie. La sienne. Voir son sourire. Voir son ironie. Voir son coté gamin, enfant terrible. Son coté protecteur, mais aussi sa façon de prononcer son nom, si particulière, sa façon d’être terriblement en train de flirter avec elle, sachant que même si elle était gênée elle finirait par sourire. Sa façon de lui redonner espoir.

En bref, juste le voir, le sentir. Elle se rappelait nettement cette pensée…

« J’aurais tellement voulu hurler, voulu appeler à l'aide, voulu que Jane soit là… Parce je l’aime malgré tout. Je voulais l'entendre me réconforter, me dire que tout irait bien mais il n'était pas là… »

Non Jane n’avait pas été là. Du moins pas physiquement. Mais dans ses pensées c’était comme si il lui avait donné le courage de continuer de se battre.

Son rêve. Sa main secourable. Jane.

Elle devrait lui dire les mots, les mots que John Le Rouge avait prononcés. Comment ? Quand ? Déjà la boite à musique… Tout était flou et se confondait en elle. Elle se demandait si elle n’allait pas devenir folle. Peu de personnes auraient pu échapper à la folie. Déjà vu son passé familial…
Et maintenant c’était une liaison destructrice avec son consultant qui aimait toujours sa femme et sa fille et qui dans sa quête de vengeance, l’entrainait au fond du gouffre. Et elle ne protestait même pas. Non rien.

Une chose est sure : les psys s’en donneraient à cœur joie sur son cas… elle se demandait même pourquoi on l’avait autorisé à travailler avec Jane… Probablement un complot du boss pour la mettre dehors… Ou du fait de son attachement aux règles, tout le monde pensait qu’elle serait capable de le raisonner.

Redoutable erreur. Mais il aurait été pire avec d’autres, selon lui bien sur. Donc j’étais finalement la bonne poire du CBI, celle qui pouvait se servir de Jane pour élucider des crimes. Le manipuler comme il le faisait avec nous.

Tordant. Le CBI se servait de la vengeance pour rendre justice… Une logique à la Jane sans nul doute…
Ou à la Shakespeare. Je te trahis, tu me trahis… Jeux de pouvoir systématique, amour avec une fin tragique. Roméo et Juliette…

Oui Roméo et Juliette des temps moderne. Ici la menace vient d’un serial killer. Leur amour ne peut être dit à la face de tous car le héros est empêtré dans un passé sans paix possible et la pauvre âme qui essaye d’arranger le tout c’est elle, mourant d’amour pour le héros sans que celui-ci ne se rende compte de rien.

Le dernier acte avait-il sonné ? Des rebondissements les attendaient-ils encore ? Une histoire fabuleuse dans lesquels les adjuvants leur faisaient cruellement défauts.

Qu’aurait elle fait pour entendre un commentaire sarcastique de Cho ? Voir Rigsby faire preuve une énième fois de maladresse ? Ou encore Grace lui demandé si elle allait bien ? Ou encore se faire hurler dessus par Hightower la convoquant dans son bureau à cause d’une autre frasque épique de Jane ?
Elle aurait voulu aller dans les grands magasins, boire un chocolat, regarder les familles heureuses, les enfants sur les genoux d’un faux père noël en lui déclamant la liste des cadeaux qu’ils voulaient. Entendre ses collègues se chamailler pour les cadeaux.

Alors ses larmes se tarirent en pensant à tout ce qu’elle aurait manqué. Un sourire, malgré l’ambiance lugubre se dessina sur son visage pâle.

Teresa Lisbon était de retour.

Chalet de HavenCrest, quelques heures plus tôt.

Jane tremblait à l’idée d’exprimer enfin ses sentiments clairement. Il prenait peur. Il se dirigea lentement vers la fenêtre pour échapper à l’ambiance pesante de ces dernières heures mais surtout des dernières minutes avec Lisbon.

Sa respiration se faisait saccader et courte. Il se mit à contempler la nuit derrière la fenêtre qui contenait avec peine les caprices du temps. Les mêmes que son cœur. Il avait l’impression d’être en terre inconnue. Il pouvait à tout instant chavirer.

Et pourtant le choix était simple. Le bonheur, avec les risques inhérents à celui-ci. La douleur de perdre un être cher. Ou l’abandon. Et garder juste assez de force pour maintenir son bouclier et se servir de sa soif de vengeance pour sa dernière mission.

Mourir ou vivre. Mais son choix n’impliquait pas que lui. Non il impliquait une jeune femme. Aussi têtue que lui. Aussi combative qui incarnait la vie. Il incarnait la mort. Ils se complèteraient parfaitement, combattraient ensemble. Vivraient ensemble.

Une douce chaleur s’insinuait en lui : l’espoir. Lui qui ne vivait que pour la vengeance sentait naitre en lui cette infime et pourtant si puissante sensation qui le réchauffait. Son esprit ne voulait pas la mettre en danger mais son cœur savait qu’ensemble tout serait d’une certaine manière plus simple. Elle avait accepté.

Il connaissait la réponse. Il l’avait enfin comprise.

Il se retourna vers Lisbon qui semblait sur le point de s’écrouler.

« Je t’aime Lisbon. »

Ces quatre petits mots déclenchèrent le plus beau des sourires sur son visage. Le soulagement, l’amour et peut être même une étincelle de bonheur furent la réponse à ces multiples questions qui tourbillonnaient.

Alors il se rapprocha d’elle, la prit dans ses bras, et oublia le reste. Pour un temps il chassa tout de son esprit se contentant de la garder dans ses bras et de lui chuchoter ces quelques mots d’amour

« Lisbon, Je… je suis un idiot. Tu le sais depuis longtemps. Et je suis particulièrement égoïste. Plus tôt je me suis dit que si on s’en sortait je partirais. Loin. Que je ne ferais plus partie de ta vie. Je ne te méritais pas. Mais … Je crois que je suis tellement lâche que je n’aurais pas pu. Et aujourd’hui, tu viens de me dire que tu m’aimes et que c’est la seule chance… Alors je vais être lâche encore une fois. Et te dire que sans toi je ne pourrais pas continuer. J’ai peur de te perdre mais dans toi je suis déjà perdu. J’ai cru devenir dingue tout à l’heure. Je te voyais allonger, morte et … Je suis tombé, comme mort. Et j’ai réalisé que sans toi je ne pourrais pas… je ne pourrais plus. Une partie de moi est morte avec ma femme et ma fille. Tu as fait revivre ce que je croyais mort. Alors je t’en prie… ne m’abandonnes pas. »

Lisbon pleurait de nouveau, de même que Jane. Leur baiser fut doux, chaud, léger.

« Tu ne me perdras jamais Jane. Je serais toujours là pour toi et je te forcerais à continuer. »

« Je sais. Merci Lisbon. »

Retour au présent

Elle sentit le bras de Jane se resserrer sur sa taille, son corps la protégeant et l’enveloppant de sa chaleur. Elle l’aimait tellement.

Ils lutteraient demain pour leur survie.

Pour le moment, la caresse de ses doigts sur ses cheveux, son odeur et sa présence était suffisante pour elle. Et pour lui. Ils se rendormirent en paix.

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Aucun d’eux, dans leur nouvelle félicité, ne vit le danger qui se profilait et qui les guettait à chaque pas. Il attendait tapis dans l’ombre, une lueur démoniaque dans le regard.

Il avait cru les avoir réduit à néant. Mais ils étaient là plus forts que jamais.

Il les écraserait. Lentement. A petit feu. Mais savourerait sa vengeance bientôt.

Chalet de HeavenCrest, 22 décembre, chambre du RDC, 7h30

Pour le moment, la caresse de ses doigts sur ses cheveux, son odeur et sa présence était suffisante pour elle. Et pour lui. Ils se rendormirent en paix.

Lisbon fut la première à émerger de son sommeil réparateur. Elle prit le temps de savourer la douce étreinte dans laquelle Jane la retenait prisonnière. Dieu qu’elle aimerait se réveiller comme ça tous les matins… un vœu pieu.

Elle commençait à se demander de quelle manière réveiller Jane ? Méthode douce ou torture ?

Finalement elle fit courir ses doigts sur son corps, son torse, son cou puis son visage… Tellement angélique quand il dort mais avec un brin d’effronterie tout de même. Elle allait prononcer son nom quand il l’attrapa, la fit basculer sous lui et l’embrassa à lui en couper le souffle.

Elle pensa, ou plus exactement elle ne réfléchissait plus. Leur étreinte se faisait passionnée, les caresses dérapant sérieusement…

Mais voila. Comment avoir de la tranquillité dans un chalet comme celui-ci ? et ce qui les coupa dans leur élan (Nda : Autre que l’auteur de cette fic qui est rated T et non M) se fut le cri perçant qui leur vrilla les oreilles.

Lisbon sortit immédiatement de son état second pour se précipiter vers ses vêtements rejetant le soupir de frustration qui lui était venu spontanément et finalement remplacés par quelques jurons bien sentis de Jane.

Lisbon sourit de toutes ses dents malgré sa frustration.

« Il semblerait que je déteigne vraiment sur ton flegme… Et que Kristina soit un peu notre empêcheur de tourner en rond … »

Quand ça ne veut pas … ça ne veut pas.

Jane avait sa moue des mauvais jours. On ne pouvait pas les laisser en paix ne serait-ce que quelques minutes ? Lentement il sortit du lit, d’une humeur massacrante. Bien qu’elle se fut quelque peu arrangée quand Lisbon lui fit un énorme sourire.

« Rappelles moi pourquoi nous avons emmené Kristina avec nous et pourquoi je ne vais pas de ce pas achevé ses souffrances tout de suite ? »

« Alors Jane tu n’es pas du matin ? Probablement parce que le shérif ne nous a pas laisser le choix, que tu n’as pas protesté à l’aéroport ou encore parce tu as un sens moral aigu qui ne te permets que de tuer John Le Rouge et pas une pauvre… Folle en l’occurrence. De plus, je devrais t’arrêter et bien que la perspective de te voir avec des menottes et à ma merci soit plaisante… »

« Agent Lisbon, je ne vous savais pas si … dévergondée… »

Lisbon et Jane dans une dernière embrassade et après s’être complètement habillés, sortirent de la chambre du rez-de-chaussée à laquelle le shérif allait frapper. Ce qui failli d’ailleurs couter un bon mal de tête Lisbon si Jane ne l’avait pas pris contre lui pour lui éviter la poigne du flic.

Il parut légèrement dubitatif sur le moment en les voyants et réprima un léger sourire pour ensuite passer à la partie moins drôle.

« On a un nouveau cadavre sur les bras. »

Quelques heures plus tôt, chalet de HeavenCrest, nuit du 21 au 22 décembre.

Je suis parmi eux. Et personne ne voit rien. Enfin sauf une autre personne. Bien sur. C’est très étrange comme sensation. Je ne sais pas vraiment ce qui s’est joué dans cette chambre bien que je m’en doute fortement.

Mais pourquoi il a joué avec elle au lieu de la tuer ? Ça je n’en sais rien. Ce n’était pas du tout prévu qu’il se rapproche autant. Le plan ne disait rien de tout ça. Et je dois exécuter ce plan. Je n’ai pas le choix, pas de latitude.

Alors pour les séparer, je dois faire quelque chose. Il me l’ordonne. Qu’importe que je le veuille je dois le faire. De toute façon je ne m’en souviendrai surement pas. Comme d’habitude, je supposerais.

Je ne sais même pas si c’est vraiment moi. Mais se retrouver ainsi, devant le fait accompli, à de quoi vous déconcerter.

Et pour une fois, je suis encore conscient de ces faits. Alors je vais vous dire ce qui, selon ma mémoire s’est passé.

Comme à chaque fois, il est venu vers moi. Et comme à chaque fois j’ai du l’écouter. Attentivement. Il me donnait ses directives. Je me fais figure d’être un disque dur auquel on entre un nouveau programme et qui doit l’exécuter. Et mon administrateur lui seul possède le mot de passe pouvant me délivrer. Mais comme toujours il n’en fera rien.

Bientôt il appuiera sur la touche « delete » et je ne saurais plus rien. Encore.

Cette fois il m’a programmé pour tuer une autre personne. Un adjoint qui avait trop fouiné. Bill quelque chose. Il était tombé sur le seul indice qu’il n’aurait pas du trouver.

Ça a été facile. Il se baladait seul dans les couloirs du chalet la nuit. Comme si personne n’avait trouvé la mort dans ces circonstances ces derniers temps. L’idiot. Il m’a vraiment facilité la tâche.

Tout le monde dormait au salon. Je me contentais de faire semblant, guettant le moindre mouvement, cherchant ma prochaine victime. La personne idéale. L’une d’elles se leva. Un des adjoints, le plus gradé je crois.

Tous les autres dormaient. Il se dirigeait vers le premier. Une salle d’eau et des toilettes se trouvaient en bas et le shérif avait bien spécifié de même que Lisbon la première soirée que personne ne devait aller seul se balader et encore moins au premier étage. Certains avaient apparemment un sérieux problème avec l’autorité.

Il serait donc ma victime désignée. Je me levais assez lourdement, le corps endolori d’être resté trop longtemps immobile. Je m’assurais de la coopération de toute la troupe avec du chloroforme. Oui, c’est une méthode ancienne et peu usitée aujourd’hui mais bon … On fait avec ce qu’on a.

Au bout de cinq minutes et d’une vérification sommaire de la chambre de Lisbon et Jane, je grimpais au premier étage. J’étais passé préalablement par la cuisine, où j’avais déniché un magnifique couteau. Sa lame étincelait à la lueur du feu.

De marche en marche, mon taux d’adrénaline montait. Je me voyais déjà lui planté le poignard en plein cœur ou lui trancher la gorge. Il aimait ce genre de mort. Mais honnêtement, cette fois le couteau, c’était plus pour le menacer. D’autres manières plus subtiles sont aussi appréciables.

Pensiez vous que si je reprenais ma place avec du sang partout sur moi et faisant comme si de rien n’était tout le monde continuerait à penser que je suis innocent ? Autant m’accrocher un panneau avec un beau smiley rouge qui fait la fête….

Je passais devant chaque porte, m’enfonçant dans la nuit, le bruit de la tempête couvrant les éventuels craquements du parquet. J’arrivais dans la fameuse chambre ou on avait retrouvé Lisbon. Et il était là.

Il semblait que quelque chose est attiré son attention. Il ne me voyait toujours pas. Seule une pauvre bougie éclairait la pièce. Sa concentration était elle qu’il ne remarqua même pas que je m’approchais de lui, qui était à genoux sur le sol.

Puis son souffle s’accéléra. Signe qu’il comprenait. Je relevais légèrement les yeux pour me retrouver confronté à ma propre image dans le miroir. Et à la sienne emplie de détermination et de surprise. Il voulait me combattre.

Une fraction de seconde plus tard, il se releva. Enfin il essaya. J’étais trop près de lui et le chloroforme m’aida à le calmer. Je ne l’endormais pas complètement. Je continuais à le menacer avec mon couteau sous la gorge.

Nous étions face au miroir, lui à genoux, à demi conscient une expression de terreur dans ses yeux et moi, derrière lui, collé à son dos, le couteau dans ma main, la fiole dans l’autre.

« Bois. Ce sera rapide. Crois moi c’est très clément de sa part. D’habitude tu souffres des heures. »

Son visage exprimait clairement sa désespérance ; je l’entendais prier et demander grâce. Puis d’un coup je lui faisais avaler de force le poison.

En quelques secondes, la paralysie se fit sentir. Il ne pouvait plus rien faire. Ses poumons ne répondaient plus. Dans une dernière tentative pour reprendre de l’air, il porta la main à sa gorge.

Ses yeux se révulsèrent. Il eut un dernier sursaut puis plus rien. Je ramassais mes affaires, préparaient la mise en scène voulut par ce que je considérais malgré moi comme mon maitre. Je collectais les indices qui restaient et qui auraient pu trahir le secret.

Une fois terminée, je redescendais dans le salon. Mon visage était impassible, mais dans le peu de conscience qui me restait, j’étais dévasté.

Je restais sur le sofa, dans ma position précédente et attendait. Ce fut le matin qu’il choisit. Les six coups retentissaient à l’horloge. Il me redressa. Me dit quelques mots.

Je le contemplais vaguement alors qu’il soufflait la bougie.

Je fermais les yeux.

Puis tout fut noir de nouveau.