Sans toi ^

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Conséquences d'une décision trop rapide

Ryan ouvrit les yeux, sa tête lui faisant horriblement mal, ses jambes repliées sous son menton. Il tourna les yeux vers le côté passager pour voir si Teresa allait bien et son cœur rata un battement. Elle était inconsciente, une plaie ouverte sur le front d’où s’échappait une quantité importante de sang. Il tenta de s’avancer vers elle pour voir si elle était toujours en vie, mais sa ceinture de sécurité l’empêchait de bouger et il avait beau tirer dessus, il ne parvenait pas à s’en défaire.

-“ A l’aide !” cria-t-il à plein poumons dans l’espoir que quelqu’un viendrait les sortir de là.
-“ J’arrive” entendit-il au loin.

L’homme se réinstalla comme il le put dans ces circonstances et attendit que l’aide arrive. Il avait mal partout, il se sentait courbaturé mais ce n’était rien en comparaison de la douleur qu’il ressentait au cœur en voyant dans quel état se trouvait Teresa. Il tenta de se remémorer ce qui avait bien pu se passer, comment ils avaient atterri dans cette situation et se souvint de l’accident, de la voiture folle qui les avait dépassés, du carambolage et puis le trou noir. Et dire qu’ils étaient partit pour retrouver Patrick Jane avant qu’il ne soit trop tard et à présent ils étaient tous les deux dans cette voiture, Lisbon luttant contre la mort. Ils n’arriveraient pas à temps pour rattraper Jane, s’ils parvenaient à sortir de là.

Il entendit du bruit sur le côté et, malgré l’obscurité du soir, il distingua une tête se pencher par sa fenêtre. Il vit un homme qui cherchait à ouvrir la porte sans y parvenir. Il tenta de l’aider, en vain, il n’y avait rien à faire d’autre que d’attendre les secours.

-“ J’ai appelé les pompiers et une ambulance” dit l’homme en lui tendant un tissu pour s’éponger le visage. “ Ils ne devraient pas tarder à arriver.”
-“ Merci bien” le remercia Ryan.
-“ Comment va votre amie ?” S’enquit de nouveau l’homme.
-“ Je ne sais pas, elle est inconsciente et je n’arrive pas à m’approcher d’elle. Vous pourriez faire le tour de la voiture s’il vous plait ?”
-“ J’y vais tout de suite.”

L’homme sortit sa tête de la voiture et fit le tour de la voiture, qui se trouvait vraiment dans un sale état. Il réapparut de l’autre côté et passa de nouveau sa tête dans le véhicule pour voir comment allait Lisbon. Mais à l’expression de son visage ce n’était pas bon. Il chercha un pouls et souffla de soulagement.

-“ Elle est toujours en vie mais… son pouls est faible.”
-“ Oh non, Teresa tiens le coup s’il te plait” supplia Ryan.

Ils entendirent au loin les sirènes des ambulances et l’homme sortit de la voiture pour aller à leur rencontre. Les pompiers suivirent de près et des hommes accoururent vers la voiture. Les pompiers firent une évaluation de la situation, regardèrent comment sortir les passagers sans les faire trop souffrir, mais ils n’avaient pas beaucoup d’espoir. Pour l’homme se serait plutôt facile, il suffisait de lui débloquer sa ceinture et de repousser le volant, et ainsi il serait libre. Mais pour la femme se serait plus compliqué. Elle avait eu moins de chance que son compagnon, en effet, son siège avait été repoussé en avant, la bloquant ainsi contre le tableau de bord. Ses jambes étaient coincées, la ceinture devrait être découpée car il était impossible d’atteindre le bouton, la portière avait également était enfoncée contre le corps de la passagère et un bout de métal avait trouvé sa place dans le flanc droit de la jeune femme. Il serait très difficile de la sortir de là sans lui faire mal, encore une chance qu’elle soit inconsciente.

Un secouriste s’approcha de la porte côté conducteur et se pencha vers Ryan qui attendait, anxieux ce qui allait se passer. Il savait que ce serait difficile de sortir Lisbon de là, mais il espérait malgré tout que tout se passerait bien. Le secouriste lui prit le bras pour prendre son pouls, puis il chercha des blessures apparentes qui pourraient poser un problème pour son extraction, mais ne trouva rien de grave.

-“ Bien monsieur, nous allons vous aider à sortir de là” lui dit-il. “ Vous risquez de souffrir un peu, mais nous n’avons pas le choix.”
-“ Ça ira, et pour Teresa ?” S’enquit Ryan.
-“ Ce sera plus difficile, ce sera long mais nous allons faire de notre mieux. Il faut juste espérer qu’elle va se réveiller vite pour nous dire où elle souffre.”
-“ Et vous pensez que ça prendra du temps ?” S’inquiéta-t-il.
-“ Je ne sais pas du tout mais je l’espère.”

Le secouriste retourna vers l’ambulance pour prendre de quoi soigner le conducteur tandis que les pompiers tentaient de dégager la voie afin de le sortir de là. Une fois que l’ambulancier eut fait ce qu’il pouvait pour Ryan, les pompiers utilisèrent des écarteurs afin d’ouvrir la porte. L’opération se passa rapidement, les pompiers coupèrent la ceinture de sécurité et aidèrent Ryan à sortir du véhicule. Ce dernier fut immédiatement pris en charge par les secouristes qui l’emmenèrent dans l’ambulance à l’aide d’un brancard. Là il reçu des soins tandis que les pompiers s’occupaient de Lisbon. Mais ce fut bien plus difficile car elle était coincée de telle façon qu’il fallait avant tout retirer le toit de la voiture pour pouvoir l’atteindre. Ryan ne pouvait pas voir grand-chose, il ne pouvait qu’entendre le bruit des scies à métaux et les ordres que se lançaient les hommes sur place. Mais soudain, un cri l’alerta.

-“ Elle fait une hémorragie !” hurla un des pompiers. “ Il faut la sortir de là tout de suite, vite.”
-“ Teresa!!!” cria Ryan, encore bien plus inquiet.

Il se sentit alors un peu dans le brouillard et commença à perdre connaissance. Il n’entendit pas ce qui se passa ensuite.




Lorsque Ryan ouvrit les yeux, il remarqua qu’il se trouvait dans une chambre d’hôpital. Il regarda autour de lui à la recherche d’une infirmière ou de quelqu’un qui pourrait le renseigner sur l’état de Teresa et tomba sur Wayne Rigsby, un des collègues de la jeune femme. L’homme était appuyé contre la fenêtre, il semblait en pleine réflexion. Vu sa position, l’affaissement de ses épaules, le dos légèrement courbé, le front contre la vitre, Ryan eut la réponse qu’il attendait.

-“ Wayne ?” Appela-t-il.
-“ Oh Ryan, vous êtes enfin réveillé” souffla l’agent en se rapprochant. “ Comment vous sentez-vous ?”
-“ Fatigué, j’ai mal partout et je voudrais des nouvelles de Teresa.”
-“ Oui, euh… et bien…”
-“ Que se passe-t-il ? Elle n’est pas…”
-“ Non” répondit rapidement Wayne. “ Ça n’a pas été facile de la sortir de là, elle a fait une hémorragie importante et… enfin. Elle est dans le coma.”
-“ Et… on sait quand elle va se réveiller ?”
-“ Les médecins ne veulent pas se prononcer pour le moment, ils pensent qu’avec l’étendue de ses blessures ça risque de prendre du temps. Elle n’est pas encore sortie d’affaire.”
-“ Comment avez-vous su pour l’accident ?”
-“ Les secouristes ont trouvé sa plaque dans les affaires de Lisbon et ont appelé au CBI. Le gardien m’a contacté et je suis venu.”

Le silence retomba ensuite dans la chambre tandis que Rigsby prenait place sur la chaise à côté du lit. L’agent ne savait pas quoi dire pour réconforter le petit ami de sa patronne, il n’avait jamais vraiment été doué pour ce genre de chose. Il aimait beaucoup Teresa Lisbon, elle était la meilleure patronne qu’il ait eut de toute sa carrière et il ne voulait pas la perdre. Il ne savait pas s’il pourrait s’en remettre et pire que tout, il ne savait pas si Jane se remettrait de la perte d’une autre personne chère à son cœur. Il savait que leur consultant et la jeune femme étaient proches, ils étaient les meilleurs amis et ce depuis de nombreuses années. Personne ne comprenait Lisbon comme Jane le faisait et il en était de même dans l’autre sens. Lisbon avait toujours été là pour lui, le soutenant, l’aidant de son mieux à sortir de ses ténèbres. Et Wayne savait que si jamais elle ne se réveillait pas, Jane ne pourrait jamais s’en remettre et qu’il trouverait un moyen de se le reprocher. L’agent n’avait jamais vraiment compris ce lien qui les unissait, il n’avait jamais su ce qui pouvait bien les rapprocher autant, mais c’était un fait et personne ne pouvait se mettre entre eux.

Ce qui étonnait le plus le brun c’était que Jane ait accepté si facilement l’arrivée de Ryan dans la vie de Lisbon, lui qui était si protecteur envers elle. Il ne savait pas trop pourquoi Jane avait été heureux de la voir avec un homme alors qu’il avait passé des années à tenter de la séduire. Car il fallait être aveugle pour ne pas avoir vu les regards que lançait Jane lorsqu’il voyait la jeune femme, la façon qu’il avait de mettre sa main dans le bas de son dos pour la guider à passer devant lui, le temps qu’il passait dans son bureau alors qu’elle aimait être tranquille pour travailler. Toutes ces petites choses qui prouvaient bien l’attachement du mentaliste envers la chef d’équipe. Mais il n’avait rien fait lorsqu’elle leur avait présenté Ryan, il avait même était charmant et poli, tout l’inverse de ce qu’il aurait fait en temps normal et Rigsby ne le comprenait pas. Il y avait toutefois cette tristesse dans son regard depuis ce fameux jour, une tristesse qu’il n’arrivait pas à cacher et qu’il ne tentait même pas de dissimuler derrière ce masque qu’il arborait chaque jour.

L’agent reposa son regard sur le compagnon de sa patronne qui s’était endormi. Il pria pour que la jeune femme se réveille vite. La porte de la chambre s’ouvrit et le médecin de Lisbon apparu, faisant signe à Rigsby de le rejoindre dans le couloir. Ce dernier obtempéra et le suivit, refermant doucement la porte afin de ne pas réveiller Ryan. Puis il fit face au médecin, anxieux de savoir ce qu’il voulait.

-“ J’ai une question à vous poser” commença le médecin. “ Voilà, dans les documents de votre amie, il est mentionné le nom d’un homme dans les personnes à prévenir en cas d’accident. Mais je n’arrive pas à le joindre.”
-“ Qui est cet homme ?
-“ Patrick Jane” lui répondit-il.
-“ J’ai moi aussi tenté de le joindre, mais n’y suis pas parvenu. Je vais aller chez lui pour le ramener. Doit-il prendre des décisions ?”
-“ En effet et je pense qu’il serait utile que vous le rameniez au plus vite.
-“ Je préviens mon ami et j’y vais.”
-“ Laissez, une infirmière s’en occupera lorsqu’il se réveillera. Mais il faut vite que vous rameniez monsieur Jane.”

Puis le médecin partit auprès de sa patiente tandis que Rigsby quittait l’hôpital pour se rendre chez Jane. Il était étonné qu’il ne réponde pas au téléphone, il répondait toujours au téléphone, sauf lorsqu’il préparait un de ces plans foireux. Mais aujourd’hui il n’avait aucune raison d’en faire un, alors il n’y avait aucune explication qui lui venait en tête.

L’agent roula aussi vite que possible jusqu’au motel de Jane. Le médecin lui avait dit qu’il avait besoin de lui au plus vite, alors Rigsby utilisa son gyrophare pour se faire de la place sur la route. Il craignait le pire pour Lisbon et seul Jane pouvait faire quelque chose pour elle, il savait qu’il n’hésiterait pas à la sauver. Mais en arrivant sur le parking du motel, il déchanta en remarquant que la DS du mentaliste ne s’y trouvait pas. Il descendit quand même de voiture pour se rendre à la réception, peut-être pourrait-on lui dire vers quelle heure il allait rentrer. Il entra dans le bâtiment et alla directement vers la jeune femme derrière le comptoir.

-“ Bonsoir madame, je suis l’agent Rigsby du CBI et je cherche mon collègue, Patrick Jane. Pourriez-vous me dire quand il va rentrer ?”
-“ Oh mais monsieur Jane est partit. Il nous a rendu sa clé et est partit, disant qu’il ne reviendrait pas.”
-“ Vous… vous êtes certaine ?” Faillit s’étouffer l’agent.
-“ Oui certaine. Mais je pensais qu’il vous avez prévenu. Il semblait vraiment proche de votre collègue, l’agent… Lisbon je crois.”
-“ Oui, c’est justement pour elle que je le cherche. Elle a eu un accident et nous avons besoin de Jane.”
-“ Je suis vraiment navrée de l’apprendre, mais il ne nous a laissé aucune adresse ni même de quoi le joindre. Je suis vraiment désolée agent Rigsby.”
-“ Merci quand même madame. Je vais continuer de le chercher alors.”

Rigsby s’éloigna du comptoir et posa la main sur la porte lorsque la jeune femme le rappela. Il se retourna et la vit s’approcher de lui, une lettre à la main qu’elle lui tendit.

-“ Je viens de me rappeler qu’il a laissé ceci pour vous, enfin je veux dire, pour votre équipe. Il savait que vous viendriez ici pour le chercher mais il pensait que ce ne serait pas avant demain.”
-“ Merci.”
-“ Au revoir et bonne chance.”

Rigsby retourna à sa voiture, la lettre à la main. Il ne savait pas trop quoi penser, il ne savait pas pourquoi Jane était partit mais Lisbon devait le savoir, ce qui expliquait pourquoi elle avait eut cet accident sur la route menant à Malibu, elle devait certainement être en route pour retenir le mentaliste. Lorsqu’il l’apprendrait, il s’en voudrait vraiment, s’il l’apprenait un jour.
L’agent appela ses collègues et leur donna rendez-vous à l’hôpital. Il ne voulait pas lire la lettre sans eux, elle leur était adressée à tout les trois. Puis il repartit pour l’hôpital, espérant que le médecin trouverait un autre moyen que Jane, une autre personne pour prendre les décisions.




Jane était installé sur le sable au bord de l’eau, le regard perdu vers l’immensité de l’océan. Il ne cessait de penser à Lisbon, à leur dernière conversation, aux mots qu’elle avait dit.

-“ Lisbon, si cet homme vous rend heureuse, alors vous ne devez pas hésite,” lui dit-il avec toute la sincérité qu’il avait.
-“ Mais je ne sais pas si c’est avec lui que je veux vivre le reste de ma vie” continua-t-elle. “Je ne suis pas certaine de l’aimer comme il m’aime.”
-“ Bien sûr que vous l’aimez, vous avez juste peur de l’inconnu, c’est tout” tenta-t-il de la rassurer.
-“ Et vous Jane ?” lui demanda-t-elle en relevant la tête vers lui.
-“ Quoi moi ?” Il ne comprenait pas trop ce qu’elle voulait dire.
-“ Ça ne vous fait pas peur tout ça ?” expliqua-t-elle. “Si je me marie nous nous verrons beaucoup moins, je ne serais plus aussi disponible. Je rentrerais plus tôt le soir, ne serais peut-être plus la première à arriver. Vous ne pourrez plus m’appeler au milieu de la nuit pour une raison ou pour une autre. Nos vies à tout les deux vont changer. Etes-vous prêt pour ça ? N’avez-vous pas peur ?”

[…]

-“ Je vous mentirais si je vous disais ne pas avoir peur” commença-t-il. “ Mais si vous êtes heureuse alors qu’importe ce que je peux ressentir.”
-“ Ça m’importe à moi.”
“ Lisbon, vous êtes ma meilleure amie et j’aurais toujours peur pour vous, mais je sais que Ryan est un homme bien, il est celui qu’il vous faut alors n’hésitez plus.”
-“ Et si ce n’était pas lui que je veux ?”
-“ Vous dites ça maintenant parce que vous avez peur, mais vous allez vous rendre compte que c’est le meilleur choix à faire.”


-“ Lisbon, vous avez envisagé de vous installer avec lui alors pourquoi avoir peur maintenant ? Pourquoi hésiter maintenant ?” demanda-t-il.
-“ Je voulais bien emménager avec lui oui, mais je ne pensais pas au mariage, je ne pensais pas à un engagement si… définitif” souffla Lisbon, les yeux brillants.
-“ Mais vous l’aimez et il vous aime, vous l’avez dit vous-même, il vous rend heureuse.”
-“ Oui, mais il n’est pas le seul à me rendre heureuse” avoua-t-elle en le regardant dans les yeux.

Plus il y pensait et plus il se disait qu’il avait eu tort de partir, qu’il aurait dû rester avec elle, lui dire que pour lui aussi c’était difficile de la voir partir avec un autre, de la voir faire sa vie sans lui, du moins pas comme il l’aurait voulu. Il n’avait jamais put oublier leur nuit, une simple nuit qui avait tout changé entre eux. Il se souvenait encore de son regard lorsqu’il l’avait embrassé, de la douceur de ses lèvres. Il pouvait encore entendre le son de sa voix lorsqu’elle murmurait son prénom, de façon si sensuelle, si envoûtante. Que n’aurait-il pas donné pour pouvoir l’entendre de nouveau. Mais elle n’avait pas voulu de lui et il en avait été blessé, même s’il n’arrivait pas vraiment à lui en vouloir. Il savait qu’il n’était pas le choix à faire, qu’elle méritait mieux que lui, mais il en souffrait quand même.

Il ressortit une nouvelle fois la photo de l’équipe, ses yeux se posant encore une fois sur le visage souriant de Lisbon, sur leurs mains liées. Il ne pourrait jamais l’oublier, même s’il s’en donnait la peine, même avec toute la volonté du monde. Car cette volonté il ne l’avait pas, elle était dans son cœur et, tout comme sa femme et sa fille, elle y resterait pour toujours.

Il rangea la photo dans sa poche et sentit le froid de son téléphone contre sa main. Il fut tenté un instant de le rallumer, d’appeler Lisbon et de lui dire de ne pas épouser Ryan, qu’il l’aimait et qu’il voulait passer le reste de sa vie avec elle. Mais il se ravisa, il ne pouvait pas lui faire ça, pas après être partit comme il l’avait fait, pas après avoir agit comme un lâche en ne lui laissant qu’un lettre et même pas un au revoir. Il n’en avait pas le droit, il n’en avait plus le droit. Il devait s’y faire, il avait mal agit et il ne pouvait plus revenir en arrière. Il devait affronter les conséquences de ses actes, seul.

Il se leva et retourna à sa voiture, bien décidé à oublier Teresa Lisbon, ne serait-ce que pour une nuit. Mais il ne put empêcher de nouvelles larmes de couler le long de ses joues.

TBC…

*****

******

Les raisons du coeur

Après sa visite au motel de Jane, Rigsby était allé dans tous les endroits où il pensait pouvoir trouver le mentaliste, mais il devait admettre qu’il ne le trouverait pas. Jane était partit et il devrait se faire une raison. Mais Lisbon avait besoin de lui, le médecin avait dit que Jane devait prendre une décision à son sujet et, même s’il ne savait pas de quoi il s’agissait, il se doutait que ce devait être important. Et que se passerait-il s’il ne le trouvait jamais ? Qui prendrait la décision à sa place ? Peut-être un de ses frères pourrait-il le faire pour lui ?

Résigné, l’agent retourna donc à l’hôpital où devait certainement l’attendre ses collègues, Van Pelt et Cho. Il leur avait demandé de venir sans leur parler au sujet de la lettre de Jane et il était impatient de connaitre les raisons de son départ. Il avait intérêt à avoir de sacrés bonnes raisons sinon il allait le regretter. Rigsby roula encore quelques minutes avant de voir l’ombre de l’hôpital sous les néons du parking. Il se gara et prit une longue respiration avant de rentrer dans le bâtiment.

Il remarqua ses collègues un peu plus loin et juste derrière eux le médecin. Il avança vers le praticien la tête basse et l’homme compris sans mots.

-“ Vous ne l’avez pas trouvé ?”
-“ Non, je suis désolé. Mais peut-être qu’un de ses frères pourrait prendre les décisions ?” proposa Rigsby.
-“ Si vous parvenez à en faire venir un rapidement alors je pense que ça ira. La famille est parfaitement en droit de prendre ce genre de décision.”
-“ J’appelle son frère au plus vite.”
-“ Bien, je dois vous laisser pour le moment. Tenez-moi au courant.”
-“ Ce sera fait.”

Le médecin s’éloigna dans le couloir, retournant à son travail et Rigsby rejoignit ses deux collègues qui attendaient toujours de savoir ce qu’il y avait de si grave, mis à part l’accident de Lisbon. Ils étaient tous les deux inquiets, mais avaient eu le temps de parler avec le médecin qui leur avait donné quelques explications sur son état. Il n’en restait pas moins inquiétant mais ils étaient un peu plus rassurés.

Rigsby arriva enfin et se plaça face aux deux autres. Il ne savait pas par où commencer, comment leur avouer que Jane était partit et il ne savait même pas pourquoi. Il fouilla dans sa poche et en sortit la lettre qu’avait laissé leur consultant. Il leur fit signe de le suivre à la cafeteria afin de prendre un café. Il voulait en réalité gagner du temps, il avait peur de se lancer. Une fois qu’ils furent tous installés, un café devant chacun, il prit une nouvelle inspiration et se lança.

-“ Voilà, Jane et partit” dit-il enfin.
-“ Partit ? Mais pourquoi ?” lui demanda Grace.
-“ Je ne sais pas mais il nous a laissé une lettre” et il la posa sur la table.
-“ Pourquoi le médecin avait-il besoin de le voir ?” S’enquit Cho.
-“ Il est la personne à prévenir en cas d’accident de Lisbon et… celui à prendre les décisions. Le médecin avait besoin de lui mais il est introuvable. La gérante du motel m’a donné cette lettre qu’il a laissé pour nous.”

Cho la pris dans ses mains et jeta un regard à ses collègues avant de l’ouvrir. Il en sortit une feuille qu’il déplia, la parcouru un peu avant de la lire aux deux autres.

“ Cher amis,

Je sais que vous allez certainement m’en vouloir de partir ainsi et que vous ne voudrez plus me voir en ami mais j’ai mes raisons. Je ne veux faire souffrir personne et je ne peux pas vous donner toutes mes raisons. Mais sachez que vous serez toujours dans mon cœur, où que je sois.

Pour faire simple, la vue de Lisbon avec Ryan me rend plus triste que je ne le pensais. Vous vous doutiez tous depuis longtemps que je tenais à elle mais en réalité, je crois que je tiens plus à elle que je ne pouvais l’imaginer. Elle est tout pour moi et de la savoir heureuse avec un autre me fait mal. Je ne veux que son bonheur et je sais qu’elle ne pourra jamais l’être totalement tant que je serais là.

Je suis partis tenter ma chance ailleurs, je ne peux pas vous dire où car je n’en ai aucune idée. J’irais là où me porteront mes pas mais je vous promets de vous donner des nouvelles un jour, lorsque je serais installé quelque part.

Je voudrais cependant vous demander un grand service. Prenez soin de Lisbon pour moi s’il vous plait. Faites en sorte qu’elle soit heureuse, je sais qu’elle le sera car Ryan lui a demandé de l’épouser. Surtout ne lui dites pas que je vous l’ai dit, elle ne serait pas contente. Mais veillez sur elle pour moi.

Voilà, je ne vais pas continuer cette lettre car je dois partir assez vite. Ce n’est pas la peine de chercher à me retrouver, vous n’y arriverez pas. Je penserais toujours à vous et je ne vous remercierais jamais assez de tout ce que vous avez fait pour moi. C’est bien plus que ma propre famille a fait.

Je prendrais contact dans quelques temps, juste le temps de m’installer quelque part.
Au revoir les amis.

Patrick Jane, votre horripilant consultant.”

Cho déposa la feuille devant lui, encore sous le choc. Jamais Jane ne reviendrait et à présent il savait pourquoi. Il ne supportait pas de voir partir Lisbon avec un autre, c’était à prévoir. Tous savaient que Jane avait un faible pour Lisbon et ils se demandaient tous pourquoi il n’avait pas agit plus tôt. Il avait perdu sa chance et n’arrivait pas à l’accepter, de ce fait il préférait la fuite plutôt que d’affronter la réalité.

-“ Alors c’est définitif, il ne reviendra pas” affirma l’asiatique avec une petite moue.
-“ Je crois que cette fois on ne le reverra pas” approuva Rigsby.
-“ Mais pourquoi il a attendu si longtemps ? Pourquoi ne pas lui avoir dit ce qu’il ressentait pour elle ? Pourquoi avoir attendu qu’il soit trop tard ?” Se lamenta la rousse.
-“ Il avait peur et il faut reconnaitre que Lisbon est un peu effrayante parfois” lui répondit Rigsby.
-“ Il s’est passé quelque chose entre eux” avoua Cho le plus calmement du monde.
-“ Quoi ? Mais de quoi tu parles ?”
-“ Ils ont eu une aventure il y a quelques mois et peu de temps après Ryan est apparu. Je pense que c’est Lisbon qui a eu peur. Jane a voulu se montrer fort, mais c’était trop dur pour lui de perdre une autre femme, alors il est partit.”
-“ Alors voilà l’histoire.”

Le silence retomba sur le petit groupe, personne ne sachant quoi dire, ne sachant quoi faire. Jane était partit et ils savaient qu’ils ne pourraient jamais le faire revenir. Il ne répondait même pas au téléphone, alors comment faire pour le joindre ? Ils ne savaient même pas où il était partit, personne ne lui connaissait d’amis en dehors de l’équipe et de Lisbon.

Mais Lisbon avait besoin de lui en ce moment, plus que jamais et ils ne savaient pas quoi faire. Seul Jane pouvait l’aider et, même si un des frères de Lisbon venait prendre les décisions, le jour où elle se réveillerait elle demanderait après lui. Que lui diraient-ils alors ? Qu’il avait préféré la fuite plutôt que d’affronter la vie ? Qu’il préférait fuir plutôt que de la voir heureuse ? Qu’il ne supportait pas de la voir sourire pour un autre ?

Mais ce qu’ils se demandaient surtout c’était qui de Jane ou de Lisbon avait décidé de ne pas poursuivre leur relation ? Ils se doutaient que c’était Lisbon, elle avait peur de l’engagement et encore plus de ce que donnerait une relation avec Jane. Il n’était pas ce qu’on pouvait appeler quelqu’un de stable, il avait tendance à s’attirer des ennuis mais elle avait pourtant toujours été là pour lui. Ces deux là étaient vraiment des gens spéciaux. Mais ils étaient tout l’un pour l’autre et si jamais ils étaient séparés, alors ce serait une catastrophe et les agents n’osaient même pas imaginer la réaction de Lisbon.

Mais pour le moment il fallait penser au présent. Ils se poseraient plus de questions plus tard, lorsque Lisbon ouvrirait de nouveau les yeux, et le plus tôt serait le mieux.
Les trois agents retournèrent donc voir leur patronne avec l’espoir qu’elle aille un peu mieux.



Jane arriva à son hôtel et alla directement se coucher sur le grand lit double au centre de la pièce. Il ne cessait pas de se demander s’il avait fait le bon choix, s’il avait eu raison de partir, de laisser Lisbon. Il était tenté de rentrer, de la voir et de s’excuser. Mais l’accepterait-elle ? Pourrait-elle lui pardonner son départ si rapide ? Surement pas et il ne voulait pas lui imposer de nouveau ce choix qu’elle avait du mal à prendre. Mais pourquoi la vie était-elle si difficile ? Pourquoi ne pouvait-il pas lui aussi être heureux avec la femme que son cœur avait choisi ?

Il se leva et se dirigea vers la salle de bain pour prendre une douche. L’eau chaude lui réchaufferait peut-être le cœur ? Mais il en doutait. Son pauvre cœur déjà si meurtri venait d’en prendre encore un peu plus et il ne guérirait certainement jamais de toutes les peines qu’il avait dû supporter durant sa vie. D’abord la mort de sa mère lorsqu’il n’était qu’un enfant, si jeune qu’il ne se rappelait même pas de son visage. Il n’avait pas eu le temps de vraiment la connaitre, et tout ce qu’il parvenait à se souvenir d’elle était sa voix, douce et apaisante lorsqu’il faisait des cauchemars.

Puis, la maltraitance de son père lorsqu’il avait grandit. L’homme ne l’avait jamais aimé comme il était, comme le fils qu’il avait. Il ne l’avait gardé avec lui que pour gagner de l’argent et rien de plus. Et il en avait eu, beaucoup, qu’il dépensait aussitôt en alcool et en jeu. Le pauvre Patrick n’avait pas eu la chance d’avoir un vrai père, un homme pour prendre soin de lui, pour lui expliquer les choses de la vie. La seule chose qu’il lui avait apprise était de le craindre et de lui obéir, à coup de ceinture s’il le fallait. L’adolescent qu’il était à l’époque avait eut un jour le courage de partir et de tenter sa chance ailleurs. Et il avait réussi.

Il avait rencontré Angela Ruskin, une jeune femme merveilleuse qui avait su voir en lui ce que son père n’avait jamais pris la peine de remarquer. Elle avait fait de lui un homme heureux en acceptant de l’épouser alors qu’il n’avait rien d’autre à lui offrir que son amour. Et avec ça ils avaient construit leur vie, simple au départ, mais bien vite les choses avaient changé et Jane était devenu celui qu’il détestait, il était devenu comme son père, avide d’argent, n’en n’ayant jamais assez. Il mentait et manipulait s’il le fallait afin d’en avoir toujours plus.

Angela lui avait ensuite fait le cadeau d’une petite fille, son petit ange, Charlotte. Cette enfant était toute sa vie, sa plus belle réussite et, pour elle, pour qu’elle ne manque jamais de rien, il avait continué son travail, s’investissant encore plus dans ce qu’il faisait. Mais voilà, tout cela n’avait pas apporté ce qu’il voulait et à cause de son arrogance il avait causé la mort de sa famille. Et il était devenu une ombre, un homme blessé, triste et seul. Il n’avait personne d’autre dans sa vie que sa femme et sa petite fille et il les avait perdues. Il s’était haï pour ça, il avait même tenté de mettre fin à ses jours, mais là encore il avait échoué.

Pour finir, il était entré au CBI dans le seul but d’attraper le monstre qui avait brisé sa vie, John Le Rouge. Il l’avait traqué durant des années, avec l’aide de Teresa Lisbon et de son équipe et il avait fini par l’avoir. Mais alors qu’il pensait qu’il serait enfin libre de sa culpabilité, il n’avait rien ressentit de plus que de la peine, car il savait que cela ne les ramènerait pas. Il s’était rendu compte qu’à présent il n’avait rien de plus qui le rattachait à la vie.

Et un jour il avait enfin remarqué ce qu’il n’avait pas vu pendant tout ce temps, Teresa Lisbon. Il n’avait pas su voir la beauté et la bonté de cette femme. Il n’avait pas su voir au delà de ce qu’il avait toujours voulu penser, c’est à dire un simple moyen d’attraper son pire ennemi. Et il avait enfin vu la femme qui se cachait derrière l’agent, il avait vu au delà de tout ça et il regrettait d’avoir mis autant de temps pour ça. Et il avait fallut qu’elle risque sa vie une fois de trop pour qu’il s’en rende compte, il avait fallut qu’il risque de la perdre pour réaliser à quel point il l’aimait.

Il avait passé avec elle une nuit merveilleuse, grâce à elle il avait redécouvert la douceur du corps d’une femme, il avait redécouvert les joies de l’amour. Il pensait qu’il pouvait enfin avoir un avenir, qu’il avait enfin quelque chose pour le rattacher à la vie. Mais elle avait eu peur, elle avait fuit et finalement il l’avait perdu elle aussi. Elle avait refait sa vie avec un autre et, même s’il était heureux pour elle, il ne pouvait pas rester pour voir ça, surtout après avoir vu la bague. Il avait aussi vu le doute dans son regard et avait cru avoir une nouvelle chance. Mais il ne pouvait pas lui offrir ce que pouvait lui donner Ryan alors il avait fait le choix de sortir de sa vie, pour son malheur à lui et son bonheur à elle, du moins c’était ce qu’il pensait.

En sortant de la douche, il se sentait encore plus mal qu’avant et son envie de rentrer se fit encore plus grande. Il s’habilla d’un simple pantalon de sport et d’un T-shirt avant de se réinstaller sur le lit. Il fallait qu’il trouve un autre moyen de se changer les idées avant de devenir fou.

Il décida d’allumer la télévision, histoire de se changer les idées en regardant un bon film. Il n’avait pas de préférence, n’importe lequel ferait l’affaire du moment que cela lui permettait de ne plus penser à la jeune femme et à la peine qu’il lui avait certainement fait en partant.

Il prit la télécommande et alluma le poste pour voir apparaitre à l’écran le journal de la nuit. Le journaliste se trouvait sur le bord de la voie rapide menant à Malibu et le mentaliste put voir derrière l’homme plusieurs voitures accidentées. Il y avait des ambulances de partout, des pompiers en plein travail, tentant de sortir les blessés des différents véhicules. Finalement, la télévision ne l’aiderait pas plus que la douche. Tout ces pauvres gens qui risquaient de mourir à cause d’un fou du volant, toutes ces familles qui allaient être brisées pour rien.

Le mentaliste observa les hommes en pleine action, saluant leur courage et leur détermination. Puis, il remarqua une voiture qui lui rappela celle de Lisbon et de nouveau, l’image de la jeune femme apparut devant ses yeux. Il vit les secouristes sortir un homme de la voiture et il reconnu Ryan, le petit ami et fiancé de la jeune femme et son cœur accéléra dans sa poitrine. Si Ryan était dans l’accident, Teresa y était-elle aussi ? Il pria pour que ce ne soit pas le cas, il pria pour qu’elle aille bien et qu’elle soit chez elle. Mais alors qu’il regardait de nouveau l’écran, il vit des pompiers sortir une jeune femme de la même voiture et il la reconnu, c’était elle, c’était Lisbon et il se leva d’un bond de son lit.

-“ Non, pas elle, pas Teresa.”

Il attrapa son téléphone qui se trouvait toujours dans la poche de sa veste et l’alluma enfin. Il vit alors un nombre incroyable d’appels manqués, ainsi que des messages vocaux. Il écouta les premiers, tous provenaient de Lisbon, elle le suppliait de revenir, de ne pas la laisser et il versa des larmes en entendant sa voix si triste. Il s’en voulu de lui avoir fait du mal, il s’en voulu de ne pas avoir fait le bon choix. Mais les derniers messages lui firent vraiment peur, c’était un médecin qui lui demandait de venir au plus vite au chevet de Lisbon, qu’il avait des décisions à prendre pour elle.

Il enfila alors une veste et sortit de sa chambre. Il couru sur le parking jusqu’à sa voiture et, alors qu’il allait ouvrir la porte, il sentit quelque chose dans son dos.

-“ Bouges pas ou t’es mort” lui dit une voix menaçante. “ Donnes moi les clés de ta voiture et ton porte feuille.”
-“ Je vous donnerais tout mon argent si vous voulez, mais j’ai besoin de ma voiture” répondit Jane.
-“ J’ai dis les clés de la voiture aussi.”
-“ Il faut que je me rende à l’hôpital et j’ai besoin de ma voiture.”
-“ Tu l’auras voulu.”

Il reçu un coup derrière la tête et tout devint noir. L’homme le dépouilla de tout ce qu’il avait, ne lui laissant que ses vêtements et, pris de panique, il tira le corps inconscient du mentaliste dans le coffre de la voiture dans l’idée de s’en débarrasser quelque part où on ne le retrouverait pas de sitôt. Il roula plusieurs minutes, sortit de la ville et s’arrêta près d’un petit bois. Il sortit de la voiture, ouvrit le coffre et en sortit le corps toujours inconscient de Jane. Il le jeta ensuite loin de la route et repartit au volant de la DS, laissant le pauvre homme blessé.
Personne ne le retrouverait ici, ou du moins pas avant longtemps et d’ici là il aurait prit la fuite depuis longtemps et personne ne pourrait plus rien contre lui.