Team Building ^

Jane regardait Lisbon dans les yeux, parfaitement conscient qu’elle allait lui faire une révélation difficile. Elle-même avait du mal à se lancer, le regard de Jane sur elle ne l’aidait pas beaucoup. Ce qu’elle allait dire changerait leurs vies à tous les deux et elle ne voulait pas perdre son amitié, même si elle avait comprit qu’il voulait plus que ça. Elle aussi voulait plus, depuis bien longtemps déjà, mais elle doutait d’être prête. Elle doutait même que Jane soit prêt à aller de l’avant.

-“ Lisbon ?” L’appela-t-il.
-“ Je… j’ai aussi des sentiments pour vous Jane” avoua-t-elle enfin. “ Mais, je ne veux pas perdre votre amitié à cause de ça.”
-“ Pourquoi perdriez-vous mon amitié ?” S’étonna-t-il.
-“ Je ne pense pas être prête, je ne pense pas que vous le soyez non plus et si jamais ça ne marchait pas entre nous, je ne veux pas que ça devienne tendu au travail.”

Jane comprenait ce qu’elle voulait dire, lui-même avait eut peur de l’avenir en réalisant qu’il avait aussi des sentiments pour elle, mais il avait bien réfléchit à tout ça. Tout ce qui s’étaient dit, les disputes, les cris, les pleurs. Il était responsable de tout ça, tout comme Lisbon. Mais aujourd’hui, c’était du passé. Le mal qu’il lui avait fait en la comparant à son père, il ne se le pardonnerait jamais. Elle lui avait pardonné toutefois, et il lui en serait toujours reconnaissant.

Lisbon avait finit par baisser les yeux ne l’entendant pas lui répondre. Il ne démentait pas ses propos, de ce fait pour elle il pensait la même chose. Elle s’en sentait soulagée et… déçue. Il ne cherchait même pas à se défendre, à donner une chance à quelque chose qu’ils pourraient avoir. En réalité, elle ne savait plus vraiment ce qu’elle voulait, elle était complètement perdue.

Pour Lisbon, ses plus gros problèmes avaient toujours été le travail et tout ce qui avait un lien avec ça. Sa priorité, depuis presque dix ans, était Jane. Elle avait toujours dut le surveiller, faire en sorte qu’il ne fasse pas enrager les mauvaises personnes. Et puis, avec le temps, c’était devenu plus que ça. Elle s’assurait qu’il dormait bien, qu’il ne soit pas seul trop souvent. Elle était devenue très protectrice envers lui et c’est-ce qui avait tout changé dans sa vie. A force de le surveiller, elle avait développé des sentiments pour lui et maintenant elle ne savait plus quoi faire.

Jane posa une main sur sa joue, la forçant ainsi à rencontrer son regard et ce qu’il vit dans ses yeux lui fit de la peine. Il pouvait voir de la déception et il savait en être la cause.

-“ Je crois que nous avons une chance Lisbon” lui dit-il avec douceur. “ Mais si vous préférez que nous restions amis, alors c’est-ce que nous serons.”

Elle prit une profonde inspiration avant de donner sa réponse.

-“ Oui, c’est-ce que je veux” répondit-elle avec fermeté.
-“ Alors nous serons des amis, les meilleurs amis” tenta-t-il dans un faible sourire.
-“ Meilleurs amis” répéta-t-elle.

Que ce soit pour l’un ou l’autre, la décision n’avait pas été facile. Jane voulait être plus que le meilleur ami de Lisbon, mais si c’est-ce qu’elle voulait, alors il respecterait son choix, même si ça lui faisait mal. Et pour Lisbon, le choix était plus difficile qu’elle ne le pensait. Avec le temps, elle s’y ferait, Jane aussi et peut-être que les choses iraient mieux entre eux.




Trois semaines plus tard

Après leur retour à Sacramento, l’équipe avait obtenu quelques jours de repos et ils en avaient tous profité. Lisbon était rentrée chez elle et avait passé ces quelques jours à se poser des questions. Avait-elle pris la bonne décision ? Jane et elle devaient-ils ne rester que de simples amis ? Elle avait encore des doutes, ses sentiments pour lui étaient bien trop forts, mais Jane semblait s’être assez bien adapté à la situation. Il agissait comme l’ami dont elle avait besoin et rien de plus. Elle pensait que ça serait plus facile, mais au contraire, ça rendait les choses plus difficiles.

Jane se comportait exactement comme elle le lui avait demandé. Il était là pour elle quand elle en avait besoin, il ne faisait plus autant de bêtises qu’avant. Il était devenu un consultant exemplaire, celui dont elle avait toujours rêvé. Tout le monde était satisfait de son travail et de son comportement, ça aurait dut lui suffire. Mais à chaque fois qu’elle le regardait, elle pouvait voir la tristesse dans son regard, bien qu’il tente de la cacher.

Ça ne pouvait pas continuer comme ça. Elle ne supportait plus de le voir ainsi et elle avait peur de le perdre pour de bon. La dernière affaire n’avait pas été facile, ni pour elle, ni pour les autres membres de l’équipe. Et pour Jane, c’était pire. Une petite fille avait été retrouvée morte, tuée à cause des paroles de son père contre un homme de mauvaise réputation, un homme qui n‘avait pas apprécié d'être contrarié. A tel point qu’il s’était vengé sur la famille, tuant la petite fille et blessant son petit frère ainsi que sa mère. Les deux se trouvaient encore dans le coma et l’homme ne cessait de se blâmer.

Jane s’était revu en lui, elle le savait, elle pouvait le voir dans son regard. Il se revoyait toutes ces années plus tôt, parlant d’un homme dont il ne savait rien et cela avait mené à l’enfer qu’était sa vie aujourd’hui. Elle le comprenait, mais elle n’y croyait pas. Il n’était pas responsable de ce que le tueur avait fait. Tout comme l’homme n’était pas responsable de la mort de sa fille et du coma de son fils et de sa femme. Mais elle savait qu’elle ne pourrait pas le faire changer d’idée, qu’il se sentirait toujours responsable.

Lisbon se leva et sortit de son bureau pour aller se faire un café, elle en avait vraiment besoin. Elle était là depuis tôt le matin, ainsi que le jour d’avant et celui d’avant. Elle savait qu’à ce rythme elle ne tiendrait pas longtemps et qu’elle allait devoir se reposer. Et maintenant que l’affaire était enfin résolue, elle pourrait profiter de son week-end pour rattraper un peu de sommeil et peut-être faire un peu de rangement chez elle. Cela l’aiderait peut-être aussi à oublier sa situation avec Jane.

En entrant dans la cuisine, elle vit que Jane s’y trouvait aussi. Elle le salua et se prépara son café, tentant d’oublier la tension qu’il y avait entre eux, mais c’était impossible. Elle devait faire quelque chose pour ça et vite. Son café fumant en main, elle se tourna vers son collègue, l’observa un moment avant de se lancer.

-“ Jane, ça vous dirait un verre ce soir ?” Proposa-t-elle gentiment.
-“ Je ne sais pas Lisbon, je pense que je vais plutôt rentrer chez moi” répondit-il sans lever les yeux vers elle.
-“ Vous êtes sûr ?” Tenta-t-elle de nouveau.
-“ Certain, mais merci Lisbon.” Puis il quitta la cuisine.
-“ De rien” souffla-t-elle, déçue.

Elle resta un moment là, le regardant s’installer sur son canapé. Il avait ce regard, celui qui ne l’avait pas quitté depuis le retour trois semaines plus tôt. Oh bien entendu, à chaque fois qu’il était avec elle il tentait de le dissimuler, mais elle le voyait à chaque fois qu’il pensait qu’elle ne le regardait pas. C’était de sa faute, elle le savait et elle était la seule à pouvoir changer ça.

Si ces quelques jours en forêt lui avait apprit quelque chose, c’est que Jane était important pour elle. Ses sentiments pour lui étaient bien trop importants pour tenter de les faire taire. Elle avait essayé, mais n’avait pas réussit et en regardant Jane, elle voyait bien que pour lui aussi c’était impossible, même s’il faisait de son mieux pour le faire croire. Même Cho l’avait remarqué, il lui en avait fait part quelques jours plus tôt, lui faisant remarquer que ça ne pouvait pas durer.

S’il ne voulait pas venir boire un verre avec elle tant pis, elle irait quand même le voir ce soir. Ils avaient besoin de parler et elle devait lui avouer qu’elle avait fait le mauvais choix. Leur duo fonctionnait bien, elle n’avait rien à redire la dessus, mais plus aussi bien qu’avant. Il manquait ce petit quelque chose qui les rendait si forts. Ce fut à ce moment-là qu’elle décida de retourner dans son bureau, finir son rapport afin de partir plus tôt pour parler à Jane.




Il était tôt lorsque Jane quitta le CBI pour retourner à son motel. Cette dernière affaire l’avait perturbé plus qu’il ne le pensait possible. Comment ne l’aurait-il pas été ? Le père de la petite victime avait juste voulut protéger sa famille en repoussant l’offre de Jacob Morrison, l’homme qui avait tué sa fille et envoyer dans le coma son fils et sa femme. Il n’avait pas à se sentir coupable, pas comme lui. Il était responsable de la mort de sa famille, pas ce pauvre homme.

Jane se laissa tomber sur son lit lorsqu’il entra dans sa chambre d’hôtel, ne prenant même pas la peine de retirer sa veste. Depuis que Lisbon et lui avaient eut cette discussion trois semaines plus tôt, il ne se sentait plus aussi bien. Ils s’étaient mis d’accord, ils resteraient amis. Ils l’avaient été pendant des années et tout c’était toujours bien passé. Alors pourquoi aujourd’hui les choses étaient-elles si différentes et si difficiles ? Il avait une idée sur la question.

Il avait comprit plusieurs mois plus tôt qu’il avait des sentiments pour sa collègue, qu’il ressentait bien plus que de l’amitié. Il avait tenté de les faire taire, de les ignorer, mais ça avait été impossible. Par la suite, il y avait eut cette affaire qui avait conduit à leur dispute. Il s’en voulait encore pour ça, mais que pouvait-il y faire. Lorsqu’il l’avait vu boire ainsi, il avait perdu son sang froid, chose qui ne lui arrivait jamais. Ensuite, il y avait eut cette excursion dans les bois, ces quelques jours qui les avaient éloignés puis rapprochés. Et maintenant, il n’y avait plus rien. Enfin non, ils étaient toujours amis, mais pour lui ça ne suffisait plus.

Il avait passé des années à fuir toute sorte de sentiments, à se renfermer. Il avait plutôt bien réussi, mais il avait aussi une assez bonne motivation. John LeRouge s’en prenait toujours à ceux qui comptaient pour lui, voilà pourquoi il ne s’attachait jamais à personne. Mais comment ne pouvait-il pas s’attacher à Lisbon ? Cette femme avait toujours été là pour lui, avait toujours été une oreille à l’écoute. Elle savait quand il avait besoin de compagnie ou quand il préférait être seul.

Le problème maintenant c’est qu’il s’était bien trop attaché à elle, qu’il lui avait dit et qu’ils avaient décidés de ne rester qu’amis. Comment arriverait-il à oublier ses sentiments ? Comment pourrait-il continuer à prétendre que tout allait bien alors que c’était loin d’être le cas ? Il voulait faire plaisir à Lisbon, il savait que c’était ce qu’elle voulait. Mais lui, le voulait-il vraiment ?

Jane se leva de son lit, retira sa veste qu’il laissa tomber sur le sol et se dirigea vers la salle de bain. Il lança l’eau de la douche pendant qu’il retirait ses vêtements un à un. Son esprit était encore plein de questions auxquelles il n’avait pas de réponses. Mais il trouverait bien, il trouvait toujours les solutions à ses problèmes. Et puis finalement, Lisbon avait peut-être raison. Ils étaient de très bons amis, ils se soutenaient l’un l’autre et il serait toujours là pour elle. Plus besoin de se poser de question. Il entra dans la cabine de douche, laissant l’eau chaude lui changer les idées.




Lisbon gara sa voiture devant le motel de Jane. Elle coupa le moteur, mais ne sortit pas de la voiture, pas certaine que ce soit une bonne idée finalement. Elle poussa un gros soupir en laissant sa tête retomber sur le volant. Mais que faisait-elle là. Ils avaient prit une décision, ils s’étaient mit d’accord, alors pourquoi en discuter encore ce soir ? Peut-être parce que cette décision n’était pas la bonne, pas celle dont elle voulait vraiment. Voilà, c’est pour ça qu’elle était venue. Elle ne voulait plus de cette situation difficile entre eux, elle voulait retrouver l’homme qu’elle avait rencontré des années plus tôt, l’homme dont elle était tombée amoureuse.

Elle se décida enfin à sortir de la voiture, monta l’escalier et s’arrêta devant la porte. Elle hésita encore un instant, prit une profonde inspiration et frappa à la porte. Elle attendit une réponse qui ne vint pas, ce qui l’inquiéta un peu. Jane n’allait pas bien avant de partir, alors elle imagina tout de suite le pire. Elle tourna la poignée et la porte s’ouvrit immédiatement, ce qui l’inquiéta encore plus. Elle entra doucement dans la chambre, remarqua la veste sur le sol et c’est à ce moment-là seulement qu’elle entendit le bruit de la douche.

Elle voulut partir, mais elle ne trouva pas la force de le faire. Elle avait fait tout le chemin jusqu’ici pour lui parler, alors c’est-ce qu’elle ferait. Elle l’entendit arrêter l’eau, elle entendit ensuite le froissement de tissus puis la porte s’ouvrit, révélant Jane, une serviette enroulée autour de la taille. Il s’essuyait le visage avec une autre serviette, de ce fait il ne la vit pas. Il avança doucement dans la pièce se croyant seul, et Lisbon ne parvint pas à dire quoi que ce soit pour lui signaler sa présence.

La brunette était sous le choc de ce qu’elle voyait. Elle n’avait jamais vu son collègue ainsi, si peu vêtu. A cet instant, elle sut qu’elle n’avait pas fait le bon choix trois semaines plus tôt, mais pas seulement pour son physique avantageux. Bon, il était inutile de mentir sur le fait qu’elle le trouvait terriblement sexy, car il l’était. Jamais elle n’avait imaginé qu’il puisse être musclé, il passait ses journées à faire la sieste sur son canapé. Il lui cachait des choses.

-“ Lisbon !”

La voix surprise de Jane la sortit de ses pensées et elle se redressa, rougissant d’embarras. Elle chercha ses mots, incapable d’arracher ses yeux du corps encore humide de son consultant. Pour la première fois de sa vie elle était incapable de dire quoi que ce soit.

-“ Que faites-vous là ?” Lui demanda Jane.
-“ Je… euh, je…” balbutia-t-elle.
-“ Vous vouliez certainement savoir si j’allais et bien” suggéra-t-il. “ Et je vous rassure, je vais très bien.”

Elle resta là, abasourdie par le ton qu’il venait d’employer. Il était plus froid que d’habitude, alors elle se dirigea vers la porte pour partir. Mais alors qu’elle allait l’ouvrir, une main la retint par le bras et Jane la retourna. Elle n’osa pas lever les yeux, mais elle ne pouvait pas non plus les laisser sur son torse, alors elle les ferma. Elle le sentit poser ses doigts sous son menton et lui relever le visage, elle garda néanmoins les yeux clos.

-“ Regardez-moi Lisbon” lui demanda-t-il doucement.

Ce fut la tendresse dans sa voix qui la fit ouvrir les yeux et elle croisa son regard. Les doigts de Jane quittèrent son menton pour venir glisser sur sa joue, puis dans son cou. Il la rapprocha doucement de lui, lui laissant le temps de s’éloigner si elle le voulait. Mais elle ne le voulait pas, elle voulait qu’il continu, elle voulait qu’il l’embrasse. Elle sentit la chaleur de son souffle contre son visage, et il s’arrêta juste avant ses lèvres.

-“ Je suis désolé” s’excusa-t-il en s’éloignant.
-“ Non Jane attendez” elle lui attrapa la main.
-“ Ce n’est pas une bonne idée” reprit-il.
-“ J’avais tort” avoua-t-elle.
-“ Tort ?” Il était perdu.

Elle n’avait plus le choix, elle devait lui dire, maintenant.

-“ J’ai fait une erreur, il y a trois semaines” continua-t-elle. “ Je ne veux pas qu’on reste simplement amis.”

Ce fut le tour de Jane de rester sans voix. Lisbon en profita pour tout expliquer.

-“ Je pensais que c’était la meilleure solution, qu’il valait mieux qu’on reste amis, mais j’avais tort.” Elle se passa une main dans les cheveux. “ J’ai… j’ai des sentiments pour vous. Je pensais pouvoir les oublier, je voulais les oublier. Mais je ne peux pas… Je ne veux pas” précisa-t-elle. “ Vous êtes trop important pour moi, et même si votre amitié est importante pour moi, mes sentiments le sont encore plus.”

Elle tourna la tête un moment, un peu mal à l’aise de cette révélation qu’elle venait de faire. Elle n’avait pas l’habitude de laisser parler son cœur ainsi, et elle se sentait libérée d’un poids. Lorsqu’elle tourna de nouveau le regard vers Jane, il avait les yeux brillants. Elle fit un pas hésitant vers lui, puis un autre et s’arrêta juste devant lui. Elle leva une main un peu tremblante qu’elle posa sur sa joue, il ferma les yeux pour savourer cette tendre caresse.

-“ Je ne rêve pas ?” Demanda la voix incertaine du mentaliste.
-“ Non, ce n’est pas un rêve” le rassura-t-elle avec un sourire.
-“ Et pour notre amitié, vous n’avez plus peur de la perdre ?” Voulut-il savoir.
-“ Je sais maintenant que c’est en ne faisant rien que je la perdrai,” avoua-t-elle. “ Je pensais que c’était mieux pour nous, mais c’était une erreur.” Elle l’entraîna avec elle vers le lit où ils s’assirent. “ J’ai vu au cours des trois dernières semaines à quel point je vous faisais du mal avec ce choix, et je m’en faisais aussi.”
-“ Non Lisbon…” tenta-t-il.
-“ C’est vrai Jane, je nous ai fait mal à tout les deux. Et je ne veux plus vivre ça. Nous sommes amis, nous avons des sentiments l'un pour l’autre et il est inutile de se faire croire le contraire. Nous verrons bien où ça nous mènera.”

Ils se sourirent, Jane attrapa les mains de Lisbon qu’il serra dans les siennes avant de se pencher vers elle. Mais il s’arrêta encore et une fois et Lisbon combla la distance entre eux en posant ses lèvres sur celles de l’homme. Ils s’embrassèrent doucement, avec amour. Jane monta une de ses mains sur la joue de la jeune femme puis la fit descendre dans son dos pour la rapprocher de lui. Ils mirent fin au baiser avant qu’il ne devienne plus enflammé et Lisbon allait se lever pour partir quand Jane l’a retint une fois de plus.

-“ Reste” supplia-t-il doucement.

Elle le regarda, incertaine de ce qu’elle devait faire. Elle savait qu’elle ne devrait pas rester, qu’il était encore trop tôt pour franchir cette étape. Mais d’un autre côté, elle avait tellement envie de passer la nuit dans ses bras.

-“ Il ne se passera rien” la rassura-t-il.

Alors elle reprit sa place sur le lit avec lui. Il l’entraîna un peu plus sur le lit où ils s’allongèrent et Jane l’entoura de ses bras lorsqu’elle posa sa tête sur son torse. Il posa un baiser dans ses cheveux.

-“ Bonne nuit Teresa” murmura-t-il.
-“ Bonne nuit Patrick” répondit-elle.

Et pour la première fois en trois semaines, ils trouvèrent facilement le sommeil. Finalement, ils s’étaient trouvés. Ils avaient mis leurs peurs de côté pour profiter l’un de l’autre. Dieu seul savait de quoi serait fait leur avenir, mais le plus important était l’instant présent.

Le soleil filtrait à travers les rideaux de la chambre, faisant briller les cheveux blonds de Jane. Pour la première fois depuis bien longtemps, il avait dormit toute la nuit sans même faire de cauchemar. Il ouvrit doucement les yeux, et les baissa sur la femme dans ses bras. Un sourire s’étira sur son visage lorsqu’il vit à quel point elle dormait bien, un léger sourire sur les lèvres. Il tendit une main vers la table de nuit afin de voir l’heure sur son portable et se tendit un peu en voyant qu’il ne restait qu’une heure avant de devoir partir travailler.

Il savait qu’il aurait dut la réveiller, elle serait de très mauvaise humeur si elle arrivait en retard. Mais elle était si belle ainsi, les cheveux entourant son visage sur l’oreiller, un bras entourant la taille de son compagnon de lit. Elle avait un air si paisible, si tranquille. Il redessina le contour de son visage à l’aide de son doigt, elle grimaça un peu mais ne bougea pas. Il glissa délicatement ses doigts dans ses cheveux, puis descendit dans son cou où il s’appliqua à la chatouiller doucement.

Lisbon tourna la tête dans l’espoir de pouvoir dormir encore un peu, ce qui fit rire un peu Jane. Mais ça ne l’arrêta pas. Il reprit ses caresses jusqu’à ce que finalement la brunette ouvre les yeux en grognant. Elle tourna la tête, se retrouvant le visage caché par sa masse de cheveux et d’une main faible les repoussa. Elle cligna plusieurs fois des yeux, les frotta doucement et sourit à Jane qui la regardait tendrement.

-“ Salut” souffla-t-il en se penchant vers elle pour poser un baiser sur son front.

Elle répondit en hochant un peu la tête, le rouge lui montant aux joues. Elle n’était pas habituée à se réveiller dans les bras d’un homme. En général, elle passait la nuit avec un homme et au matin elle était seule. Ça ne lui arrivait pas souvent, la dernière fois remontait à plusieurs années déjà. Et jamais elle ne les avait ramené chez elle, c’était toujours à l’hôtel. Elle ne voulait pas que quiconque sache où elle vivait, elle préférait préserver son intimité.

Mais se réveiller dans les bras de Jane était différent. Elle en avait rêvé depuis si longtemps qu’en se réveillant elle avait cru être dans un autre de ses rêves. Ses caresses, la sensation de ses lèvres sur son front, tout ça était bien réel. Elle tendit une main en avant qu’elle posa sur sa joue, il posa la sienne par-dessus.

-“ Ça va être l’heure de se lever” dit alors Jane en faisant mine de quitter le lit.
-“ Pas encore” dit-elle rapidement en le retenant.
-“ Je croyais que tu n’aimais pas être en retard” sourit-il.
-“ On ne le sera pas, mais reste encore un peu” insista-t-elle.
-“ Comme tu voudras.”

Il se réinstalla donc dans le lit avec elle, profitant de quelques minutes supplémentaires dans les bras de sa compagne. Il était bien là, lui non plus ne voulait pas aller travailler, mais il n’y échapperait pas. Le seul point positif était que maintenant les choses allaient mieux entre Lisbon et lui. Oh, il n’y avait pas eut de problèmes entre eux, mais il devait admettre que de tenter d’oublier ses sentiments pour elle n’avait pas été facile, voir impossible. Il n’avait put se résoudre à faire comme s’ils n’étaient qu’amis, c’était trop dur.

Et maintenant, ils étaient ensemble dans le même lit, dans les bras l’un de l’autre. Si on lui avait laissé le choix, il serait resté là pour le reste de la journée. Il ne pensait pas que ça lui arriverait un jour, après la perte de sa femme, il ne pensait pas pouvoir aimer une autre femme un jour. Et aujourd’hui, il était là, Lisbon dans ses bras. Il ne voulait plus se séparer d’elle, il ne voulait plus vivre ce qu’il avait vécu les trois dernières semaines.

Lisbon bougea dans ses bras, posa sa tête sur son épaule et leva les yeux vers lui. Il passa sa main dans le dos de la jeune femme, la massant doucement. Lorsqu’il baissa les yeux vers elle, il put voir l’inquiétude dans son regard et il savait pourquoi. Il l’embrassa sur le front pour la rassurer un peu, mais ça ne sembla pas fonctionner.

-“ Ça va aller Lisbon” tenta-t-il. “ Personne ne te jugera.”
-“ Tu en sais quoi ? Comment crois-tu que les gens le prendront quand ils vont apprendre pour nous deux ? La patronne qui se fait son consultant.”
-“ Lisbon arrête, personne ne dira quoi que ce soit.”
-“ Et les patrons ? Tu crois qu’ils ne diront rien ?”

C’était exactement ce qu’il craignait, elle s’inquiétait pour son travail et il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Elle était une femme, la plus jeune à arriver à ce poste. Elle craignait que les gens la jugent. Il savait que les relations entre collègues étaient interdites, mais on ne choisissait pas de qui on tombait amoureux.

-“ Ecoute-moi Lisbon, personne ne dira quoi que ce soit et si ça peut te rassurer, on ne le dira qu’a l’équipe. Personne n’a besoin de savoir.”

Lisbon leva un regard curieux vers lui.

-“ Je ferai tout pour te rendre heureuse et si ça te rends heureuse de garder le secret, alors je le ferai.”

Lisbon se redressa pour venir poser ses lèvres sur les siennes. Cet homme était parfait, le meilleur. Elle ne savait pas ce qu’elle avait fait pour qu’il s’intéresse à elle, mais elle comptait bien le garder. Les trois semaines passées avaient été plus que difficiles et elle ne voulait pas revivre ça. Par contre, elle préférait garder leur secret, ne serait-ce que quelques temps.

-“ Non” dit-elle alors. “ Je ne veux pas en parler maintenant. Même pas à l‘équipe”
-“ Tu en es sûre ?”
-“ J’en suis sûre. Ce serait malhonnête de ne rien dire à personne, mais je veux conserver notre petit secret encore un peu. Mais je ne voudrais pas que tu penses que j’ai honte de toi.”
-“ Jamais je ne pourrais penser ça” affirma-t-il avec un sourire. “ Mais c’est ton choix.”

Lisbon se rallongea, sa tête sur le torse de Jane. Elle savait qu’elle ne pouvait pas cacher sa relation avec lui et elle ne le voulait pas. Mais elle ne pouvait s’empêcher de craindre les réactions des autres. Bertram le prendrait mal, de ça elle n’en doutait pas. Tout ce qui concernait Jane, le patron le prenait mal. Cet homme n’avait jamais vraiment aimé le mentaliste, comme tout un tas d’autres personnes. Mais ce qui comptait n’était pas ce que les autres aimaient ou pas, ce qu’ils pensaient. Non, ce qui comptait c’est qu’elle était enfin avec l’homme qu’elle aimait. Elle en parlerait plus tard.

Un souvenir lui revint en mémoire, un souvenir de sa mère et elle, un soir alors que Teresa n’était qu’une petite fille. Elle se souvint de l’histoire que lui racontait sa mère pour s’endormir, une histoire de prince et de princesse. Elle sourit à ce souvenir. Lorsqu’elle était petite, elle rêvait de trouver son prince charmant, comme dans les histoires de sa mère. Et aujourd’hui ? Elle l’avait trouvé, sauf qu’il était plus la princesse en détresse et elle le prince en armure étincelante. Elle était celle qui tentait de le sauver. Dans la vraie vie tout était différent, les femmes savaient se défendre seules et parfois les hommes avaient besoin qu’on les aide.

Lisbon sentit Jane resserrer ses bras autour d’elle et elle soupira de satisfaction. Elle pourrait rester des heures ainsi, dans ses bras, mais le travail l’appelait. Elle se dégagea donc de son étreinte et se leva du lit, s’attirant un grognement de mécontentement qui la fit sourire. Elle se dirigea vers la salle de bain et sentit un bras venir lui encercler la taille et des lèvres se poser dans son cou.

-“ Jane” rouspéta-t-elle pour la forme. “ Si je ne veux pas être en retard il faut que je me dépêche. En plus je dois encore passer chez moi pour me changer.”
-“ Tu es parfaite comme ça” susurra-t-il en posant d’autres baisers dans son cou.
-“ Pour toi peut-être, mais je ne veux pas que tout le monde se pose des questions si j’arrive habillée comme hier.”

L’argument était valable et il la laissa donc aller se débarbouiller un peu avant de rentrer chez elle. Elle ressortit dix minutes plus tard, prit sa veste sur le sol, s’approcha de lui pour l’embrasser rapidement et lui souffla

-“ On se voit plus tard au bureau.”

Puis elle disparut derrière la porte, le laissant seul. Il se laissa tomber sur le lit avec un petit sourire, un sourire heureux et satisfait. Il resta ainsi pendant plusieurs minutes avant de se décider à se préparer.




Jane arriva au bureau avec pas moins d’une heure de retard, comme toujours. Lisbon était déjà dans son bureau, travaillant sur ses rapports en retard. Elle avait déjà pas mal avancé et pensait pouvoir finir dans la journée si aucune affaire n’arrivait. Il vit du coin de l’œil qu’elle le regardait arriver et il lui donna un sourire radieux. Il la vit baisser les yeux en rougissant, souriant elle aussi. Il s’installa ensuite sur son canapé.

-“ Tu vas te faire engueuler” dit Rigsby à l’intention de Jane.
-“ Ça ne changera pas de chaque jour” répondit Jane en s’installant confortablement.
-“ Tu m’as l’air bien heureux” sourit Grace en le regardant.
-“ Ah bon ?”
-“ Oui, plus détendu, plus souriant” énuméra-t-elle.
-“ Si tu le dis.”

Grace le regarda encore quelques minutes, puis regarda vers le bureau de Lisbon, puis de nouveau vers lui. La compréhension se lut sur son visage.

-“ Toi et Lisbon….” commença-t-elle.

Mais Jane garda les yeux clos et fit semblant de s’endormir, mettant fin à la discussion. Grace le regarda avec un sourire tendre sur le visage. Elle avait comprit, lui et la patronne étaient ensemble, mais ne semblaient pas vouloir en parler. Elle remarqua le regard perdu de Rigsby et sourit un peu plus. Il n’avait pas comprit et elle ne lui expliquerait pas. S’ils devaient savoir quelque chose, alors les concernés leur en parleraient. Un regard vers Cho lui apprit que lui avait comprit. Il s’approcha de Jane et s’arrêta devant le canapé, le poussant pour attirer son attention.

-“ Un problème Cho ?” Demanda Jane innocemment.
-“ Tu la fais souffrir et tu auras à faire à moi” dit-il simplement.
-“ Ça n’arrivera pas” assura-t-il.

Cela sembla suffire à l’asiatique qui s’éloigna et reprit sa place derrière son bureau. Rigsby le regardait, encore dans le flou. Décidément, il ne comprenait pas grand-chose aux sentiments celui-là.

Quelques minutes plus tard, Lisbon sortit de son bureau et vint se planter devant le canapé, poussant Jane de sa jambe pour qu’il ouvre les yeux. Il mit volontairement du temps à les ouvrir et sourit de son sourire publicitaire.

-“ Un problème Lisbon ?” Demanda-t-il.
-“ Dans mon bureau Jane, tout de suite” ordonna-t-elle.

Puis elle s’éloigna et Jane la suivit docilement. Les trois agents les regardèrent entrer dans le bureau dont les stores étaient clos. Cela attisa leur curiosité, mais personne ne dit rien.

-“ A quoi tu jouais là-bas ?” Demanda Lisbon une fois la porte close.
-“ Rien, je n’ai rien dis” assura Jane.
-“ Mais tu a faillis.”
-“ Je ne dirai rien tant que tu ne seras pas prête à leur dire” la rassura-t-il.

Il posa ses deux mains sur les épaules de la jeune femme et se pencha vers elle pour l’embrasser sur le front.

-“ Quand tu seras prête, pas avant” finit-il.

Puis il sortit du bureau, la laissant seule avec les joues rouges. Est-ce que ça lui passerait un jour ? Elle en doutait. Elle vit Jane s’apprêter à quitter le bureau et elle le retint par le bras.

-“ C’était quoi ça entre toi et Cho ?” Demanda-t-elle.
-“ Il me faisait juste la leçon” répondit-il évasivement.
-“ La leçon sur quoi ?” Voulut-elle savoir.
-“ Il a deviné, mais je n’ai rien dis” se défendit-il. “ Il veut juste te protéger.”
-“ Je sais me défendre” argua-t-elle.
-“ Je sais, il le sait, mais il est protecteur envers toi, c’est tout.”
-“ Okay, bon retourne sur ton canapé et surtout ne dis rien à personne tant que je n’aurais pas décidé du moment de le faire.” Elle le raccompagna à la porte. “ Bientôt c’est promit. Laisse-moi encore un peu de temps.”

Il lui sourit et quitta le bureau. Il savait qu’elle ne dirait rien avant un certain temps, qu’elle préférait garder ça pour eux encore un peu. Et il ne voyait pas à redire, lui aussi était satisfait de ce qu’ils avaient. Il ne doutait pas de leur couple, mais s’ils pouvaient vivre quelques temps juste lui et elle, sans se soucier du reste du monde, alors tant mieux.

En s’installant sur son canapé, il remarqua les regards de ses collègues. Ils savaient, même Rigsby qui avait finit par comprendre. C’étaient des bons flics et même si Lisbon ne voulait rien leur dire pour le moment, ils avaient deviné. Ils ne lui en voudraient pas, ils comprendraient sa décision. Ce qu’il savait par contre c’est qu’il allait passer par l’étape de l’intimidation de la part de ses collègues. Puis viendrait le tour des frères Lisbon et c’est ça qu’il craignait un peu plus.

Il ferma les yeux et les souvenirs de ces quelques jours en forêt lui revinrent en mémoire. Il se souvenait de ce qui les avait amenés là bas, de sa dispute avec Lisbon. Elle lui avait pardonné et il en était heureux. Mais d’autres souvenirs revinrent, et ceux la étaient plus difficiles. Il revoyait Lisbon allongée dans cette grotte, fiévreuse, malade. Il avait faillit la perdre à cause de ses bêtises et il ne voulait plus jamais prendre ce risque.

Il se jura de rendre Lisbon heureuse pour le reste de sa vie, de lui donner tout le bonheur qu’elle méritait. Il espérait même fonder une famille avec elle, si toutefois elle le voulait. Il se sentait prêt à devenir père de nouveau, parce que c’était avec elle. Lisbon était une belle femme, elle était celle qu’il aimait et il savait que secrètement elle rêvait d’être mère. Alors quand elle serait prête, il le serait aussi.

C’est avec un grand sourire sur le visage que le mentaliste s’endormit, des images de Lisbon plein la tête. Finalement, cette petite excursion en forêt avait fonctionné. L’équipe était plus soudée qu’avant. Et mieux encore, Lisbon et lui étaient enfin ensemble et leur dispute était oubliée. Que pourrait-il vouloir de plus?