Le prix de la vengeance [Spoiler Saison 4] ^

Après le repas, Lisbon était remontée dans sa chambre, laissant les autres autour de la table. Annie était montée peu après, prétextant être fatiguée. Mais son père savait parfaitement qu’elle voulait les laisser seuls pour qu’ils discutent. Tommy commença à débarrasser la table, nerveux quand à ce que Jane allait lui demander. Le mentaliste pouvait le voir dans son langage corporel, et il le comprenait parfaitement. Lui-même était nerveux de ce qu’il pourrait apprendre, mais il savait qu’il avait besoin de ces informations s’il voulait pouvoir aider Teresa.

Il décida de détendre l’atmosphère et se leva pour aider Tommy. Ensemble, ils nettoyèrent la cuisine, préparèrent café et thé et allèrent s’installer dans le salon. Ils gardèrent le silence encore quelques minutes, ne sachant pas comment entamer la conversation. Finalement, ce fut Jane qui rompit le silence.

-“ J’ai besoin de votre aide Tommy” dit-il. “ J’ai besoin de savoir ce que vous savez des cauchemars de Teresa.”
-“ Il n’y a pas grand-chose à dire” commença Tommy. “ Elle se réveille au milieu de la nuit en hurlant votre nom, en vous suppliant de l’aider. C’est tout. Lorsqu’elle se réveille, elle ne veut pas parler. J’ai essayé de la faire parler, mais elle garde le silence.”
-“ Et c’est comme ça toutes les nuits ?”
-“ Sans exception. Ça pourra vous aider ?”
-“ Je l’espère.”

Jane fini sa tasse de thé avant d’aller la poser dans la cuisine. Tommy fit de même avec son café et se décida à monter se coucher, laissant Jane seul dans le salon. Le mentaliste resta un moment sans savoir quoi faire, puis monta à l’étage. Il voulait s’assurer que Lisbon allait bien, il voulait être certain qu’elle dormait paisiblement, qu’elle ne faisait pas de cauchemar. Il savait que c’était des espoirs vains, mais il ne pouvait s’empêcher d’espérer quand même.

Il traversa le couloir et arriva rapidement devant la porte de la jeune femme. Il tendit l’oreille, pas un bruit. Mais alors qu’il allait s’éloigner pour rejoindre le canapé pour la nuit, il entendit des gémissements provenant de la chambre. Il fit demi tour, entra dans la pièce et se précipita vers le lit où la jeune femme s’agitait. Elle était en sueur, des petits gémissements sortaient de sa bouche entre-ouverte, ses cheveux lui collaient au visage. Elle avait des larmes sur les joues, d’autres continuaient de quitter ses yeux. Elle avait les poings serrés sur le drap, elle secouait la tête de droite à gauche et de gauche à droite.

Puis, les gémissements furent remplacés par des mots, des suppliques. Il s’approcha encore, tendit l’oreille pour savoir ce qu’elle disait. Son cœur se serra dans sa poitrine, elle l’appelait à l’aide, elle le suppliait de ne pas la laisser, de ne pas l’abandonner. Jamais il ne pourrait faire ça, jamais il pourrait l’abandonner, il l’aimait trop pour ça. Mais de l’entendre répéter ces mots, encore et encore lui fit mal. Ne voulant pas l’effrayer et sachant qu’elle avait besoin de repos, il posa sa main sur sa joue et la caressa tendrement.

-“ Ce n’est rien Teresa, tout va bien” murmura-t-il.

Lisbon gémit encore un peu, mais elle fini par se calmer. Lorsqu’il voulut retirer sa main et quitter la chambre, elle le retint en posant sa main sur la sienne. Elle le supplia encore une fois de rester, mais la différence cette fois était que ses yeux étaient ouverts, du moins à peine. Elle était encore légèrement endormie, mais elle ne voulait pas qu’il parte. Il la fixa un moment, ne sachant pas quoi faire, mais devant son air suppliant, il s’installa sur le lit et l’entoura de ses bras. La jeune femme vint se coller contre lui, posant sa tête sur son torse.

Jane se sentit mieux qu’il ne s’était sentit depuis plusieurs mois. Le simple fait d’avoir Lisbon dans ses bras, de pouvoir dormir avec elle contre lui, c’était comme s’il ne s’était rien passé, comme s’ils n’avaient jamais été séparés. Il savait que c’était loin d’être le cas, mais il ferait tout pour que ça se réalise. Lisbon bougea contre lui, soufflant de bien être et il sourit tendrement. Il posa un baiser sur le haut de sa tête.

-“ Dors bien ma douce, je t’aime” murmura-t-il avant de fermer les yeux.




Tommy, après être monté se coucher, n’avait pas réussit à trouver le sommeil. Il ne cessait de repenser à ce que sa sœur avait vécu, la souffrance qu’elle avait endurée. Elle avait déjà tant souffert au cour de sa vie, toujours voulant protéger les autres. Elle avait été battu dans leur jeunesse, par un père qui n’avait pas sut se remettre de la perte de sa femme et qui avait projeté sa peine et sa colère sur ses enfants innocents.

Teresa avait toujours été la plus forte des quatre, il était fier qu’elle soit sa sœur. Elle avait prit soin d’eux, ses frères et lui, elle avait toujours fait passer leur bien être avant le sien. Lorsqu’ils avaient été assez grands, ils étaient parti et elle avait enfin put penser à elle. Ce qu’elle avait fait en partant pour la Californie et en devenant flic. Elle avait réussi, elle était devenue quelqu’un d’important et il était encore plus fier d’elle.

Lorsqu’il avait apprit qu’elle était en charge du dossier John LeRouge, lorsqu’il avait comprit que cette affaire pourrait la détruire, il avait eut peur. Il savait qu’il ne pourrait pas la décider à donner cette affaire à quelqu’un d’autre, une autre équipe. Elle était comme ça, personne ne pourrait la changer. Mais lorsqu’elle avait été enlevé par le tueur, il avait sentit la colère monter en lui. Il en avait voulu à Patrick Jane, car dans son esprit l’homme était responsable de la situation de sa sœur. Il savait qu’il n’y était pour rien, il savait que pour lui aussi c’était difficile. Mais il n’y pouvait rien, c’était sa sœur et il avait peur pour elle.

Et enfin un jour elle était revenue et pour lui tout était de nouveau comme avant. Malheureusement, ce n’était pas le cas. Sa sœur avait perdu quelque chose qui faisait d’elle la femme forte qu’elle était devenue. Elle avait perdu une chose qu’il ne savait pas si elle pourrait retrouver un jour. Lorsqu’elle avait décidé de venir chez lui, il avait été heureux et avait accepté de la recevoir avec joie. Mais là encore, tout n’était pas comme il l’avait imaginé. Toutes les nuits il venait la consoler à cause de ses cauchemars et il savait qu’il ne pourrait pas l’aider. Il avait fait de son mieux jusqu’à présent mais c’était de Patrick Jane dont elle avait besoin.

Il savait que sa fille était en contact constant avec lui, qu’elle le tenait informé de tout ce qui se passait. Il savait que si sa sœur l’apprenait, elle deviendrait folle, mais c’était pour son bien. C’est pour ça que, lorsqu’il était rentré du travail et qu’il avait vu le consultant dans le salon, il c’était sentit soulagé. Lui pourrait l’aider, il était le mieux placé pour ça.

L’idée de replonger Teresa dans son pire cauchemar, de la pousser à se souvenir du pire moment de sa vie lui faisait peur. Si elle était si terrifiée rien que par des cauchemars, qu’en serait-il en se replongeant complètement dans des souvenirs qu’elle rejetait depuis plus d’un mois maintenant. Pourrait-elle se remettre de ça cette fois ? Il en doutait, mais avec Jane elle avait une chance. Il la comprenait mieux que quiconque.

Tommy se laissa tomber sur son lit, posant une main sur son visage. Demain Teresa aurait besoin de lui, plus qu’à n’importe quel moment de sa vie. Il allait devoir se montrer fort pour elle car en ce moment elle ne l’était pas. Elle allait encore souffrir et même si cette idée le rendait malade, il savait aussi que c’était le seul moyen. Il avait besoin de repos pour être en forme demain alors il se coucha et se laissa envahir par le sommeil.




Benoît se trouvait assit à son bureau, devant un livre de littérature. Il tentait de se concentrer sur son devoir pour le lendemain, mais son esprit se trouvait ailleurs, bien loin de ce qu’il avait l’habitude de penser. Son rendez-vous avec cet homme masqué ne cessait de tourner encore et encore dans sa tête, l’effrayant un peu plus à chaque instant passé. Il avait été fier d’être appelé par cet homme, fier d’avoir un rôle important dans ce groupe. Il avait été présenté par Stuart Perria, celui qui avait été comme un père pour lui depuis que le sien était partit sans un mot environ dix ans plus tôt. Stuart était le directeur du centre pour jeunes en difficultés de son quartier, il avait veillé sur lui depuis qu’il était tout jeune.

Lorsque Benoît avait eut des problèmes, Stuart avait été là pour l’aider, pour le guider du bon côté. Il avait toujours été là pour lui, et pour ce jeune homme un peu perdu, c’était une chance. Puis un jour, il était venu le voir en lui parlant d’un moyen de gagner de l’argent et qu’ainsi il pourrait venir en aide à sa famille. Il avait tout de suite sauté sur l’occasion et s’était vite retrouvé à jouer les messagers pour ce groupe.

Jusque là, tout c’était bien passé, il ne devait que porter des enveloppes aux différents membres du groupe, un travail pas bien reluisant mais qui lui permettait de ramener de l’argent à la maison. Pour sa mère, il faisait du ménage dans un fast-food. Elle ne lui avait jamais posé de questions, mais sa sœur oui. Penny était bien trop curieuse, elle voulait toujours savoir ce qu’il faisait, où il se trouvait. Lorsqu’ils étaient plus jeunes, ils étaient inséparables, toujours ensemble. En même temps, c’était normal pour des jumeaux. Mais en grandissant, ils s’étaient éloignés l’un de l’autre et c’était à cause de Benoît et de ses mauvaises fréquentations.

Penny voulait aider son frère, elle savait qu’il n’avait pas les bons amis, qu’ils auraient de gros problèmes s’il continuait à les voir. Mais que pouvait-elle faire? Rien. Il ne la laisserait pas chercher plus longtemps de ce côté là, il devait la protéger. Il tenait trop à sa sœur pour la laisser avoir des problèmes. Elle avait raison toutefois, il devait arrêter avant qu’il ne soit trop tard, mais il ne pouvait pas, il ne pouvait plus.

La femme de son contrat n’était pas n’importe qui, elle était même quelqu’un qu’il connaissait bien. Elle enseignait dans son établissement scolaire, elle était jeune et gentille. Il avait eut l’occasion de lui parler par le passé et parfois elle venait chez lui pour l’aider dans ses devoirs. C’est ainsi qu’elle s’était liée d’amitié avec sa mère et Benoît avait du mal à se faire à l’idée qu’il devrait l’éliminer. Mais ce groupe, cette organisation, en avait après elle et il devait faire ce pourquoi il était payé.

Il savait pourquoi il devait faire ça, il savait qu’elle avait énervé les mauvaises personnes et que maintenant elle devait payer. Il regrettait maintenant d’avoir écouté Stuart, d’avoir rejoint ce groupe. Il pensait que Stuart l’aiderait à avancer dans la vie, à aider sa famille. Mais maintenant il comprenait qu’en réalité, celui qui disait vouloir l’éloigner des problèmes n’avait fait que l’y enfoncer. Mais maintenant il ne pouvait plus en sortir, même s’il le voulait.

La porte de sa chambre s’ouvrit et Penny entra sans même y avoir été invitée. Elle vint s’asseoir sur le lit, prit un livre qu’elle commença à feuilleter et une photo tomba sur ses genoux. Elle la prit et releva un regard interrogatif vers son frère.

-“ Pourquoi tu as une photo de Mlle Benson ?” Demanda-t-elle.

Benoît se tourna vers Penny et tenta de lui arracher la photo des mains. Mais elle se leva, gardant la photo.

-“ Alors ?”
-“ Ça te regarde pas, rends moi ça” répondit-il.
-“ Réponds à ma question,” insista-t-elle.

Il regarda sa sœur, réfléchissant à ce qu’il devait faire. Penny le fixait avec un regard inquiet, elle voulait l’aider tout simplement. Peut-être qu’elle avait raison, peut-être qu’il devait lui parler. Elle pourrait peut-être lui venir en aide. Il se laissa tomber sur sa chaise et se prit le visage entre les mains.

-“ Benoît, dis-moi ce qu’il se passe” le supplia-t-elle.
-“ J’ai fait une bêtise Penny” souffla-t-il. “ Et maintenant je sais plus quoi faire.”
-“ Que vient faire Mlle Benson dans cette histoire ?”
-“ Penny, si je te parle, tu dois me jurer que tu ne diras rien à personne.”
-“ Peut-être que je pourrais t’aider, Benoît, tu dois tout me dire.”

La jeune fille tendit une main vers son frère qu’il prit et il vint s’asseoir sur le lit avec elle. Penny passa un bras autour de ses épaules, lui montrant ainsi qu’elle était là pour lui.

-“ Ce groupe, ils veulent que je fasse du mal à Mlle Benson” avoua-t-il.
-“ Pourquoi ? Mlle Benson est une femme bien, pourquoi quelqu’un voudrait lui faire du mal ?” Voulut-elle savoir.
-“ Elle… elle s’est un peu trop intéressée à ce groupe, elle à voulut faire sortir Darnell de là et elle à dit qu’elle pourrait l’aider.”
-“ Et comment tu es arrivé dans ce groupe ?”
-“ J’ai voulus gagner un peu d’argent pour aider maman et Stuart à dit qu’avec eux je pourrais gagner bien plus qu’en travaillant dans un fast-food.”
-“ Alors c’est Stuart qui t’a envoyé chez eux ? Je croyais qu’il aidait les jeunes, pas qu’il les envoyait dans des gangs.”
-“ C’est-ce que je pensais aussi, mais maintenant je fais partie de ce groupe et je sais pas comment en sortir.”
-“ On peut peut-être demander de l’aide à Mlle Lisbon, elle est flic, elle saura quoi faire” proposa Penny.
-“ Elle est pas là en ce moment et je pense pas qu’elle soit en mesure de m’aider.”
-“ Elle t’aime bien, elle est gentille et elle saura quoi faire.”
-“ Mais je ne pense pas qu’elle pourra nous aider en ce moment, n’oublies pas ce qui lui est arrivé y a pas longtemps.”

Le silence tomba sur la chambre, le frère et la sœur étaient perdus, ne sachant pas quoi faire. Penny avait raison, leur voisine pourrait peut-être les aider, mais en ce moment elle ne pouvait pas. Mlle Benson était vraiment une femme bien et Benoît regrettait qu’elle se soit un peu trop occupée de ce groupe. Maintenant, elle était leur cible numéro un et s’il ne faisait rien, quelqu’un d’autre le ferait. Il devait trouver un moyen de l’aider et tant qu’elle était en vacances, elle était en sécurité.

-“ Ecoutes Benoît, qu’importe ce que tu penses, dès que Mlle Lisbon revient, je lui demanderai de t’aider, elle saura quoi faire.”
-“ Je l’espère, j’ai pas envie de faire du mal à Mlle Benson et je ne veux pas que quelqu’un d’autre le fasse.”

Les deux jeunes restèrent ainsi silencieux, se soutenant mutuellement. Penny avait trouvé les bons mots pour aider son frère et finalement, Benoît ne regrettait pas qu’elle soit au courant de tout. Mlle Lisbon pourrait l’aider, du moins il l’espérait. Il devait juste attendre qu’elle revienne, le plus tôt possible car il ne savait pas s’il pourrait attendre trop longtemps. Il ne savait pas quand Mlle Benson rentrerait de son voyage et il priait pour que ce soit le plus tard possible.

Au bout de plusieurs minutes, Penny se leva pour sortir de la chambre, mais au dernier moment, elle se tourna vers son frère. D’après son regard Benoît pouvait dire qu’elle avait une autre idée en tête et il s’inquiétait de ce à quoi elle pouvait penser.

-“ Et si on allait directement au CBI, c’est là qu’elle travaille” proposa-t-elle.
-“ Et pour dire quoi ? Que j’ai ordre de faire du mal à l’une de mes profs et que c’est un gang dont je fais partie qui me l’a demandé ?”
-“ Pourquoi pas, c’est la vérité et puis tu n’as encore rien fait.”
-“ Je ne peux pas” souffla-t-il, honteux.
-“ Et moi je dis que c’est la meilleure chose à faire pour le moment, il nous suffira de dire qu’on connaît Mlle Lisbon et qu’on aimerait de l’aide.”

Elle ne laissa pas le temps à son frère de dire quoi que ce soit. Elle le traîna par le bras en dehors de la chambre, attrapa leurs vestes et ils sortirent de la maison. Leur mère était déjà au lit, elle était un peu malade en ce moment et se couchait toujours tôt. Elle ne se demanderait pas où ils étaient passés, ils rentreraient avant qu’elle ne se réveille. Penny prit le volant, son frère s’installant du côté passager. Ils roulèrent jusqu’au bâtiment du CBI où bien entendu ne se trouvait personne d’autre que l’agent de sécurité à l’entrée. Ils s’expliquèrent avec lui et Penny le supplia de faire venir quelqu’un, n’importe qui.




Cho était toujours dans les locaux du CBI, remplissant son rapport sur la dernière enquête. Depuis l’enlèvement de sa patronne, il avait prit sa place et gérait l’équipe, ce qui ne le dérangeait pas. Il espérait juste qu’elle revienne vite, il préférait être sous ses ordres qu’à sa place. Par chance, le directeur avait décidé de le laisser à ce poste jusqu’au retour de Lisbon et de ne pas chercher à la remplacer.

Son téléphone sonna, le faisant sortir de ses pensées. Il posa son stylo, décrocha, écouta son interlocuteur puis raccrocha. Il se leva, prit sa veste et descendit au parking rejoindre l’agent de sécurité qui attendait avec deux jeunes gens. Il s’approcha d’eux et la jeune fille s’avança vers lui.

-“ Vous faites partie de l’équipe de Teresa Lisbon ?” Demanda-t-elle.
-“ Qui êtes vous ?” Répondit-il.
-“ Je suis sa voisine Penny et là c’est mon frère Benoît” les présenta-t-elle. “ Nous avons besoin d’aide et comme Teresa n’est pas là, je me suis dis que vous pourriez nous aider.”
-“ Tout dépend de votre problème. Venez avec moi.”

Il remercia rapidement l’agent de sécurité et escorta les deux jeunes à l’intérieur du bâtiment. Il ne les connaissait pas, il ne savait rien de leur problème. Mais ils connaissaient Lisbon et pensaient qu’elle pouvait les aider. Ils devaient avoir de gros ennuis s’ils pensaient qu’un agent du CBI pouvait les aider, alors il le ferait pour elle. Ces jeunes semblaient craindre quelque chose, il ne savait pas encore quoi, mais il ferait de son mieux pour les aider. Et lorsque Lisbon rentrerait, elle pourrait prendre le relais. Tant qu’elle n’était pas là, c’était à lui de faire son travail et cela voulait aussi dire aider ses amis si nécessaire.

Lisbon ouvrit les yeux doucement lorsque le soleil vint se poser sur son visage. Elle voulut bouger, mais elle sentit un bras autour de sa taille. Elle sentit la panique prendre possession de son corps avant de réaliser qu’elle était dans les bras de Jane. Elle se gifla mentalement pour sa faiblesse. En temps normal, elle ne paniquait pas pour si peu, mais tout était anormal en ce moment.

Ne comprenant pas pourquoi Jane se trouvait dans le lit avec elle, Lisbon leva les yeux vers lui et sourit. Il n’était pas dans le lit mais sur le lit, en plus il avait encore ses vêtements et ses chaussures. Et là elle se souvint qu’elle avait fait un cauchemar et que Jane était venu la réconforter. Elle se souvint aussi du contenu de son cauchemar et avoir parlé durant son sommeil. Jane avait dut l’entendre et était venu pour la calmer. Elle ferma de nouveau les yeux et se laissa envahir par la sensation de bien être qui prit possession d’elle. Le fait de se trouver dans les bras de Jane, d’avoir ses bras autour de sa taille, c’était magique. C’était comme si rien n’avait changé dans sa vie et, même si elle savait que c’était loin d’être le cas, elle voulait en profiter le plus possible.

Elle reposa sa tête sur le torse de Jane et se serra un peu plus contre lui. Elle le sentit resserrer ses bras autour d’elle, ce qui la fit sourire. Elle se sentait si bien qu’elle ne voulait pas se lever et encore moins lorsqu’elle se souvint de ce qu’ils devaient faire aujourd’hui. Elle avait peur de se souvenirs, peur de ce qu’elle pourrait ressentir. Sans se souvenir de tout, elle avait des sentiments contradictoires envers Jane, alors qu’en serait-il une fois que tout ses souvenirs seraient revenus? C’était ça qui lui faisait le plus peur. Elle craignait de le repousser encore plus après ça et elle ne le voulait pas.

Jane était son meilleur ami et encore plus depuis quelques mois. Il était le seul à vraiment la comprendre, le seul avec qui elle se sentait bien. Elle pouvait lui faire confiance, elle pouvait lui parler de tout. Mais après son enlèvement, elle avait changé et elle ne savait pas si elle pourrait vraiment se remettre de ça. Elle releva la tête vers l’homme et sourit en voyant qu’il ne dormait plus. Il la fixait d’un regard tendre et aimant et elle le lui rendit. Instinctivement, elle se rapprocha de son visage et posa ses lèvres sur les siennes. Le baiser ne dura que quelques secondes, mais c’était suffisant pour elle pour l’instant. Lorsqu’elle s’écarta de lui, Jane avait les yeux clos, un sourire satisfait sur le visage.

-“ Bonjour” souffla-t-elle en posant sa tête à côté de la sienne.
-“ Salut, bien dormi?” Demanda-t-il en lui caressant le dos tendrement.
-“ Plus ou moins, merci d’être resté avec moi” lui dit-elle.
-“ Tu avais besoin de moi, je ne pouvais pas te laisser.”

Teresa ferma les yeux au souvenir de son cauchemar, la sensation d’inconfort reprenant le dessus en elle. Jane avait passé la nuit dans son lit, elle avait dormi dans ses bras et elle avait aimé ça. Mais encore une fois, elle avait envie de s’éloigner de lui, une envie incontrôlable. Elle n’en pouvait plus, elle ne supportait plus de le repousser alors qu’elle ne désirait qu’une chose, être avec lui.

Elle avait peur de ce dont elle pourrait se souvenir, mais elle avait encore plus peur de ce qu’elle deviendrait si elle ne le faisait pas. Elle ne voulait pas repousser Jane pour le reste de sa vie, elle voulait être avec lui. Elle savait que ce ne serait pas facile, pour elle comme pour Jane, mais c’était nécessaire. Elle posa sa main sur la joue de Jane, la caressa tendrement et lui sourit.

-“ Je suis prête à le faire Jane” murmura-t-elle. “ Ça ne sera pas facile, ni pour toi ni pour moi, mais je dois le faire et toi seul peux m’aider.”
-“ Je ferai de mon mieux pour ne pas te faire souffrir” promit-il.
-“ Je sais, je te fais confiance” sourit-elle.

Ils restèrent un moment ainsi, à se regarder dans les yeux, à se donner du courage pour ce qui allait suivre. Puis, ils se levèrent pour se préparer. Lisbon était nerveuse même si elle avait accepté, elle avait encore peur. Jane le devina et vint vers elle, l’entourant de ses bras. Il posa sa tête sur l’épaule de la jeune femme et elle posa ses mains sur celles de Jane, sur son ventre.

-“ Je sais que tu as encore peur Lisbon, mais tout se passera bien” tenta-t-il de la rassurer.
-“ J’ai confiance en toi Jane, mais j’ai peur que quand tout les souvenirs seront de retour… j’ai peur qu’après je te repousse et je ne le veux pas.”
-“ Je t’aiderais de mon mieux, tout se passera bien.”
-“ Et si je te repousse?”
-“ Je reviendrais, jamais je ne te laisserais seule Teresa, tu es bien trop importante pour moi. Je ne pourrais plus vivre sans toi.”
-“ Tu me le promets ?”
-“ Je te le promets.”

Lisbon se tourna dans les bras de Jane, se mit sur la pointe des pieds et vint poser un baiser sur ses lèvres pour sceller leur promesse. Lorsqu’ils se séparèrent, la jeune femme posa sa tête sur le torse de Jane et y resta. Elle serra ses bras autour de lui, comme si elle avait peur de le voir disparaître. Elle le sentit lui rendre son étreinte, la serrant aussi fort qu’elle contre lui. Elle pouvait sentir que lui aussi avait peur de ce qui allait suivre et elle ne pouvait lui en vouloir. Ça n’allait pas être facile pour eux deux, des secrets seraient révélés, ce que John LeRouge lui avait fait.

Elle ne se souvenait pas de grand-chose, mais elle savait qu’il ne lui avait pas fait de mal, du moins physiquement. Psychologiquement c’était une autre histoire et même si elle ne se souvenait de rien, elle savait que ça lui avait fait mal. Il lui avait dit des choses qui l’avaient touchée, des choses dont elle ne se souvenait pas vraiment mais qu’elle savait être difficile à entendre. Et c’est ça qui lui faisait peur. Elle se souvenait avoir cru certaines de ces choses et elle avait peur de la réaction de Jane lorsqu’il l’apprendrait. Sous hypnose, elle ne pourrait pas mentir, elle devrait automatiquement dire la vérité et elle ne voulait pas que Jane lui en veuille.

Le mentaliste s’écarta mais la garda à portée de bras. Il ancra ses yeux dans les siens comme pour lui faire comprendre qu’il ne la laisserait pas, qu’importe ce qu’il apprendrait. Il savait à quoi elle pensait, il savait qu’elle craignait que la vérité de ce qu’elle avait vécu éclate. Lui aussi avait peur de ce qu’il pourrait apprendre, John LeRouge savait parfaitement comment briser une personne sans même la toucher. Cet homme connaissait le cerveau humain, il était parfaitement capable de le manipuler comme bon lui semble. Jane craignait que le mal fait soit si grand qu’il ne pourrait pas l’aider, qu’elle reste à jamais brisée par cette expérience.

Il se pencha vers elle et posa ses lèvres sur son front. Il y resta un moment, fermant les yeux pour savourer l’instant avant de s’écarter. Il lui prit la main, la serrant une fois et l’entraîna avec lui hors de la chambre. Le moment tant redouté était arrivé, ils allaient devoir faire face à leurs peurs. Ils descendirent ensemble dans la cuisine où se trouvaient déjà Tommy et Annie. Le père et la fille s’étaient levés de bonne heure pour préparer le petit déjeuner, ils voulaient rendre les choses faciles pour Teresa en ce jour particulier. Ils savaient tous les deux que ce seraient difficile pour elle et ils voulaient l’aider de leur mieux.

Lisbon entra dans la cuisine, salua son frère et sa nièce avant de s’installer à la table. Jane alla lui servir une tasse de café qu’il posa ensuite devant elle avant de se servir une tasse de thé. Il s’installa à côté de Lisbon, lui lança un regard tendre qu’elle lui rendit et ils finirent leur boisson. Tommy apporta de quoi manger, mais sa sœur refusa toute nourriture.

-“ Il faut que tu manges Reese,” plaida-t-il.
-“ Je n’ai pas faim Tommy, mais c’est gentil” refusa-t-elle tout de même.
-“ Comme tu veux, mais prends au moins un biscuit, juste un".
-“ Okay, mais pas plus.”

Jane l’avait observée et continua de le faire tandis qu’elle mangeait. Il pouvait voir à quel point elle était tendue, nerveuse. Il l’était lui aussi, il ne pouvait le nier. Il savait qu’il allait apprendre des choses difficiles, que ce ne serait pas facile de continuer pour lui. Mais elle avait vraiment besoin de lui aujourd’hui, il ne la laisserait pas tomber. Plus il la regardait, plus il voyait la tension monter en elle. Il savait qu’il n’arriverait à rien tant qu’elle serait dans cet état, qu’il ne pourrait rien faire. De toute façon il savait comment parvenir à l’hypnotiser, il l’avait déjà fait par le passé. Il espérait seulement qu’elle ne comprendrait pas, sinon c’était foutu.

-“ Il est temps Jane” lui dit Lisbon, le tirant de ses pensées.
-“ Tu es prête ?” S’enquit-il tout de même.
-“ Pas vraiment, mais on ne peut pas tout repousser encore” admit-elle. “ C’est maintenant ou jamais. Et même si j’ai peur, il faut le faire.”
-“ On peut peut-être attendre encore un peu, si ça peut te rassurer” proposa-t-il.
-“ J’aurais toujours peur Jane et plus on attendra et pire ce sera. Mais ma famille est avec moi, tu es avec moi et je sais que c’est maintenant qu’il faut le faire. Je veux redevenir moi-même, je ne veux pas continuer à avoir peur.”

Tommy était fier de sa sœur, elle était prête à surmonter ses peurs et ses craintes, et tout ça pour pouvoir redevenir celle qu’elle avait toujours été. Elle voulait pouvoir reprendre son travail, pouvoir reprendre sa vie. Il aimait l’avoir ici avec lui et sa fille, mais il savait que ça ne pourrait pas durer toujours. Il était heureux de voir qu’elle se reprenait, qu’elle avait le courage de revivre la pire expérience de sa vie afin de redevenir l’agent Senior Teresa Lisbon des crimes majeurs. Sa sœur était vraiment exceptionnelle et il était fier d’être son petit frère.

Annie posa une main sur l’épaule de son père, un grand sourire sur le visage. Elle aussi était fière de sa tante. Elle rêvait d’un jour devenir comme elle, forte, courageuse. De la voir aussi mal ces dernières semaines avait été difficile, elle avait eut peur. Pas qu’elle puisse lui faire du mal, mais qu’elle ne puisse redevenir celle qu’elle avait toujours été. Sa tante était une femme forte dans un monde d’hommes, elle savait se faire respecter, et elle avait une place importante. Elle voulait pouvoir devenir comme elle lorsqu’elle serait adulte, lorsqu’elle aussi rentrerait dans la police.

Le père et la fille se sourirent avant de se lever pour ranger la cuisine. Ils laissèrent Jane et Lisbon parler tranquillement, ils en avaient besoin avant la séance. Jane leur lança un regard de gratitude avant de reporter son attention sur Lisbon. Il voulait s’assurer qu’elle soit vraiment prête, qu’elle ne se braque pas durant la séance d’hypnose. Même si Lisbon disait être prête, il pouvait sentir une légère réticence. Il voulait qu’elle se calme avant, qu’elle se vide l’esprit de ses craintes.

Après plusieurs minutes de discussions, le mentaliste dut admettre qu’il ne lui ferait pas changer d’avis. Elle retrouvait un peu de la force de caractère qu’elle possédait avant son enlèvement et il était heureux. Si elle continuait comme ça, ce ne serait peut-être pas si difficile qu’il le pensait. Bien entendu, elle souffrirait quand même, les souvenirs devaient être difficiles à supporter pour qu’elle les enfouisse si profondément. Mais si elle se montrait forte maintenant, ce serait plus facile.

Ils finirent par se lever et allèrent s’installer dans le salon. Lisbon prit place dans le fauteuil et Jane se plaça devant elle, à genoux. Annie et Tommy décidèrent de rester dans la cuisine, ils ne voulaient pas gêner le déroulement de la séance, mais ils restaient assez proches si jamais Teresa avait besoin d’eux.

Lisbon fixa son regard sur Jane, sa respiration se fit plus rapide, ses mains se mirent à trembler. La peur remonta en elle, même si elle ne voulait pas le montrer. Le problème était que son corps agissait seul, sans qu’elle ne puisse le contrôler. Jane posa ses mains sur les siennes, tentant de la calmer un peu. Il les serra une fois avant de les lâcher. La jeune femme les posa sur les bras du fauteuil, prit une profonde inspiration et releva le visage. Jane lui sourit.

-“ Tu es trop tendue Lisbon” commença-t-il. “ Tu dois avant tout te détendre en respirant doucement. Inspire-expire. Voilà, comme ça, doucement. Inspire-expire. Tout va bien se passer, tu ne crains rien ici. Inspire-expire. Tu vas sentir tes paupières se faire lourdes. Inspire-expire.”

Lisbon suivit les instructions de Jane qui lui rappelèrent la seule et unique fois où il l’avait hypnotisée, des années plus tôt. Elle fit exactement ce qu’il lui disait, elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. Elle se sentit peu à peu partir, tout en écoutant la douce voix de son ami.

-“ Tu es dans un endroit où tu te sens bien, un endroit où tu te sens libre, en sécurité” reprit-il. “ Personne ne peux te faire de mal ici. Et lorsque tes souvenirs reviendront, si à un seul moment tu as peur, tu retourneras là-bas.”

Elle se sentait légère, libre. Elle était dans cet endroit où elle allait enfant avec sa mère, leur petit coin secret, bien à elles. Personne ne pouvait l’atteindre ici, elle était en sécurité.

-“ Je vais maintenant te faire revenir quelques mois en arrière, mais tout ce que tu verras, tout ce que tu ressentiras ne sera pas vrai, ce ne sont que des souvenirs. Tu es prête?”
-“ Je suis prête” souffla-t-elle.
-“ Alors tu vas revenir au moment où tu te trouvais avec lui, avec John LeRouge. Où vous trouvez-vous ?”
-“ Dans un salon, il m’a fait sortir de ma chambre” répondit-elle. “ Il voulait boire le thé avec moi.”
-“ Il parle avec toi ?” Elle hoche la tête. “ Il te dit quoi ?”
-“ Qu’il doit m’avouer quelque chose, quelque chose qui va me faire mal” murmure-t-elle. “ Il dit qu’il n’a pas le choix, mais qu’il sera là pour me soutenir.”

Jane serra les poings, John LeRouge avait fait en sorte de se montrer amical envers Lisbon, d’être là pour elle lorsqu’il lui dirait ses mensonges.

-“ Depuis combien de temps étais-tu avec lui ?” Voulu-t-il savoir.
-“ Deux moi et demi” répondit-elle.
-“ T’avait-il parlé avant ? Fait des confidences ?”
-“ Juste que j’étais une femme étonnante, qu’il m’admirait. Il ne cessait de me dire qu’il ne me laisserait pas, jamais. Qu’il n’était pas comme toi.”
-“ Que veux-tu dire ?”
-“ Il disait que tu ne tenais pas vraiment à moi, sinon tu serais venu me chercher plus tôt. Que je n’étais rien pour toi.”

Jane avait envie de le retrouver maintenant et de lui faire payer tout ce qu’il avait dit à Lisbon. Comment pouvait-il lui faire croire qu’elle ne comptait pas pour lui, comment osait-il se faire passer pour le gentil alors qu’il était tout sauf ça.

-“ Je ne voulais pas le croire” reprit Lisbon d’un seul coup. “ Je ne voulais pas croire que tu ne viendrais pas pour moi et…” Son cœur s’accéléra, elle commença à s’agiter.
-“ Calme toi Lisbon, tout va bien” tenta de la calmer Jane.
-“ Il n’arrêtait pas de le répéter, encore et encore et…”
-“ Que s’est-il passé Lisbon, que t’a-t-il fait ?”
-“ Tu… tu es entré dans le salon” souffla-t-elle. “ Tu étais devant moi et… il s’est levé pour aller vers toi. Tu lui as serré la main et il t’a dit merci.”
-“ Que s’est-il passé ensuite ?” Demanda-t-il malgré la colère qui montait en lui.
-“ Tu es venu vers moi, tu t’es penché et tu…”

Lisbon s’agita encore plus, elle secouait la tête, elle refusait de continuer. Elle avait mal au cœur, des larmes coulaient sur ses joues. Jane avait du mal à y croire, comment pouvait-elle l’avoir vu là bas alors qu’il ne savait même pas où elle avait été retenue ? Il savait que ce n’était pas lui, alors qui ?

-“ Tu m’as abandonné avec lui” sanglota-t-elle. “ Tu es parti sans te soucier de moi.”
-“ Lisbon, retourne dans cet endroit spécial, là où personne ne peut te faire de mal” suggéra-t-il, dans l’espoir que ça la calmerait.
-“ Non, tu es parti.”

Comme ça ne fonctionnait pas, il décida de mettre fin à la séance. Il ne pouvait pas la laisser dans cet état, il ne pouvait pas la forcer à revivre encore ce mensonge. Il se pencha vers elle doucement, posant délicatement sa main droite sur la gauche de la jeune femme.

-“ Lisbon écoute moi, respire lentement. Inspire-expire. Je vais compter jusqu’à trois et tu te réveilleras, dans le salon de ton frère. Inspire-expire. Je commence maintenant, un… deux… trois.”

Lisbon ouvrit les yeux, un peu désorientée et lorsqu’elle tomba sur Jane, elle le repoussa avec force. L’homme tomba au sol, se releva et tenta de lui prendre la main, de la calmer, mais elle le repoussa encore.

-“ Non, ne me touches pas” hurla-t-elle. “ Tu m’as abandonnée Jane, tu m’as laissée là-bas avec lui. Tu as dis que je n’étais rien pour toi.”
-“ Ce n’était pas moi” tenta-t-il encore. “ Je n’y étais pas Lisbon. Jamais je ne t’ai abandonnée, j’ai continué de te chercher sans abandonner.”
-“ Non, c’était toi, je t’ai vu.”

Il ne savait plus quoi faire, il ne savait pas comment la convaincre que ce n’était pas lui, que jamais il ne ferait ça. Il vit Tommy arriver et se pencher vers la jeune femme. Lisbon leva les yeux vers lui et se jeta dans ses bras. Elle pleura durant plusieurs minutes dans les bras de son frère et lorsque Jane voulu la toucher au bras, elle se crispa et se détourna de lui. Cela lui fendit le cœur, il savait que ça risquait d’arriver, elle aussi. Il lui avait promit de ne pas la laisser tomber, de ne pas la laisser s’éloigner de lui.

Mais elle était épuisée, elle avait besoin de se reposer. Il laissa donc Tommy la conduire dans sa chambre à l’étage et il rejoignit Annie dans la cuisine. L’adolescente lui tendit la tasse de thé qu’elle venait de lui préparer et il la prit en lui souriant de gratitude. Ils s’installèrent autour de la table et le silence tomba. Jane repensait aux mots que lui avait dit Lisbon, à ce que le tueur lui avait fait croire. John LeRouge avait fait croire à Lisbon qu’il l’avait abandonnée à l’aide d’un de ses complices. Il devait absolument trouver un moyen de lui faire voir la vérité, s’il ne voulait pas la perdre à jamais.




Tommy venait de remonter la couverture sur le corps de sa sœur, mais lorsqu’il voulut s’en aller, elle le retint par la main. Alors il s’installa à côté d’elle, s’asseyant, le dos contre le montant du lit. Il lui caressa les cheveux doucement, de façon réconfortante. Elle ne pleurait plus, mais elle tremblait encore un peu. Cette séance d’hypnose avait été aussi difficile pour lui que pour elle, mais il savait que ça avait été pire pour elle. Il avait tout écouté et il avait été obligé de retenir ses larmes. Il devait se montrer fort pour elle, pour sa fille et pour Jane. Il savait que le pauvre homme devait s’en vouloir en bas et qu’il devait réfléchir à un moyen de faire voir la vérité à Teresa.

Au bout d’un moment, il la sentit se détendre et lorsqu’il baissa les yeux, il vit qu’elle dormait. Il se leva donc doucement afin de ne pas la réveiller, lui embrassa le font et quitta la chambre. Il ferma la porte avant de rejoindre les autres en bas. Il les trouva dans la cuisine et s’installa avec eux.

-“ Ce n’était pas moi” dit alors Jane comme pour se défendre. “ Je n’aurais jamais fait ça, jamais.”
-“ Je sais, je n’en doute pas” le rassura Tommy.
-“ Ça devait être un de ses complices. Après l’avoir droguée pendant des semaines elle était faible et il en a donc profité pour lui faire croire que cet homme était moi.”
-“ Elle n’avait aucune chance” souffla Annie. “ Il a détruit ma tante.”
-“ Non Annie” la coupa Jane. “ Elle n’est pas détruite, elle peut encore redevenir elle-même, avec notre aide.”
-“ Mais comment ?”
-“ Avec notre soutien et notre amour. Il ne faut pas la laisser tomber maintenant, il ne faut pas que nous perdions notre force maintenant.”
-“ Je ferais tout mon possible pour l’aider” promit Tommy. “ Ma sœur a toujours été là pour moi, elle a mit sa vie entre parenthèses pour s’occuper de mes frères et moi. Maintenant c’est à mon tour de lui venir en aide.”

Jane posa une main sur le bras de Tommy en lui souriant et ce dernier le lui rendit. Ils devraient se soutenir s’ils voulaient pouvoir aider Teresa, elle allait avoir besoin de tout le soutien possible et pour le moment elle n’avait qu’eux. Jane ne savait toujours pas comment faire comprendre à la jeune femme qu’il n’y était pour rien, que jamais il n’aurait put lui faire une chose pareille, mais il trouverait. Il ne la laisserait pas croire qu’il avait vraiment fait ça car c’était justement ce que John LeRouge voulait. Il avait trouvé le moyen de les détruire tout les deux, il ne pouvait pas le laisser gagner.

Il avait déjà perdu une femme et une fille, il avait cru perdre Lisbon des mois plus tôt. Cette fois, John LeRouge avait fait pire, car Lisbon était toujours en vie mais elle le repoussait. Même s’il savait que ça risquait d’arriver, il avait voulu croire qu’elle serait assez forte pour résister. Ce n’était pas le cas, elle avait vraiment cru à tous ces mensonges et il ne serait pas facile pour elle de parvenir à croire que tout ça n’était pas vrai. Il l’avait non seulement affaiblie physiquement mais aussi psychologiquement. Elle allait avoir besoin d’un peu de temps pour se remettre, mais il avait envie de la voir.

Alors, Jane se leva, s’excusa auprès des Lisbon et monta à l’étage. Il ne voulait rien faire d’autre que la voir, il voulait juste s’assurer qu’elle aille bien. Elle devait certainement dormir, et il ne la réveillerait pas. Il arriva devant la chambre, hésita un instant puis ouvrit la porte après avoir prit une grande inspiration. Il la trouva endormie dans le grand lit, sur le côté, les genoux relevés contre sa poitrine. Elle se protégeait inconsciemment, elle avait encore peur. Il reconnaissait cette position comme étant celle qu’il avait vue sur les photos que lui avait envoyé le tueur. Cela lui fit vraiment mal au cœur.

Il se rapprocha doucement et s’installa sur le sol juste à côté du lit. Il résista à l’envie de lui prendre la main ou de lui caresser la joue. Elle n’était pas encore prête à le voir, elle devait encore se faire à l’idée que tout ces souvenirs ne partiraient plus. Il savait qu’à chaque fois qu’elle le verrait, elle repenserait à cet homme qui s’était fait passer pour lui, qui lui avait fait croire qu’il l’avait abandonné. Il avait vu dans les yeux de Lisbon qu’elle avait mal, qu’elle s’en voulait. Elle n’avait rien à se reprocher, c’était ce qu’il devait lui faire comprendre en premier. Ensuite, il tenterait de lui faire comprendre que l’homme qu’elle avait vu n’était pas lui, que les drogues qui lui avaient été injectées l’avaient affaiblie et que John LeRouge en avait profité pour la manipuler.

Des mouvements attirèrent son attention et il releva les yeux vers la jeune femme pour la voir bouger dans son sommeil. Et là il ne résista pas, il lui attrapa la main et Lisbon se calma un peu. Mais pas totalement, car elle recommença à s’agiter et à murmurer. Il se rapprocha pour entendre ce qu’elle disait et il eut un peu plus mal encore. Elle pleurait son nom, elle le suppliait de ne pas la laisser. Elle était encore perdue dans tout ces souvenirs, elle le revoyait partir alors que ce n’était pas lui.

-“ Je suis là Lisbon” lui souffla-t-il doucement.
-“ Ne pars pas Jane, ne me laisse pas” supplia-t-elle. “ Ne m’abandonne pas.”
-“ Je ne pars pas, je suis là, avec toi” lui assura-t-il.

Lisbon ouvrit soudainement les yeux et tomba sur Jane. Elle eut un mouvement de recul au début, mais se ravisa lorsqu’elle vit la souffrance dans son regard. C’était exactement ce qui lui avait fait refuser au début, la raison pour laquelle elle ne voulait pas se souvenir. Elle savait qu’elle risquait de le repousser. Alors, prenant une profonde inspiration, elle posa sa main sur la sienne et la serra tendrement. Ses yeux ne lâchèrent ceux de Jane, comme pour lui demander de l’aide, pour lui faire comprendre qu’elle ne voulait pas qu’il la laisse s’éloigner ainsi de lui.

Jane pouvait voir la peur dans le regard de la jeune femme dans le lit devant lui, la peur de l’avenir, de ce qu’elle pourrait faire sans vraiment le vouloir. Ses propres yeux reflétaient la même crainte, car il savait que maintenant que la vérité était révélée, son envie de vengeance, son envie de tuer cet homme était plus forte encore. Il savait que c’était justement cette vengeance qui les avaient conduit à ce moment précis, mais son cœur lui hurlait de venger le mal qui avait été fait à Lisbon.

Comment pourrait-il se pardonner cette souffrance qu’elle avait vécu et qu’elle allait vivre pendant Dieu seul savait combien de temps? Cette femme qui avait toujours tout fait pour lui, qui avait été là pour lui, qui avait mit sa carrière en jeu pour lui. Et lui, qu’avait-il fait pour elle ? Rien. Il avait été lui-même depuis le début. Arrogant, égoïste, agaçant. Il agissait toujours selon ses propres envies sans se demander si c’était ce que voulait Lisbon. Et maintenant ils en étaient là, souffrant tous les deux des conséquences de ses actes.

Lisbon lâcha sa main mais ne s’éloigna pas de lui. Elle le fixait toujours intensément, ses beaux yeux émeraude brillants de larmes retenues. Il pouvait voir la peur dans ses yeux, celle de le perdre et il l’attira à lui pour la serrer dans ses bras. D’abord réticente, elle fini par lui rendre son étreinte en le serrant à son tour vraiment fort contre elle.

-“ Je suis désolé Lisbon” souffla Jane dans ses cheveux. “ Tellement désolé de ce qu’il t’a fait. Mais je te jure que ce n’était pas moi.”
-“ Je te crois, mais j’y ai tellement cru ce jour là, j’ai tellement cru que c’était toi dans cette pièce, toi qui me disais que je n’étais rien pour toi et que tu n’avais pas besoin de moi dans ta vie.”
-“ Jamais je n’aurais fait une chose pareille Lisbon” assura-t-il.
-“ Mais j’étais tellement affaiblie par les drogues que j’ai cru tout ce qu’il me disait. Je savais qu’il chercherait à me faire quelque chose pour te faire souffrir, mais jamais je n’avais imaginé qu’il ferait ça.”

Jane ne savait pas quoi dire, pas quoi faire. Il avait tellement envie de la venger, de retrouver cet homme et lui faire payer. Lisbon sembla comprendre ce à quoi il pensait, elle s’écarta de lui sans le lâcher.

-“ Ne fait pas ça Jane, ne te laisse pas envahir de nouveau par ce besoin de vengeance” le supplia-t-elle. “ Je ne veux pas que tu fasse ça.”
-“ Mais il t’a fait du mal à cause de moi, il doit payer” dit-il, les dents serrées.
-“ Et tu pourrais aller en prison si tu fais ça, y as-tu pensé ?” S’énerva-t-elle en le repoussant. “ As-tu envisagé ce qui m’arriverais si tu vas en prison ? Je serais seule.”

Lisbon se leva du lit et alla s’enfermer dans la salle de bain. Jane resta assit sur le lit, ne sachant pas quoi faire. Les mots de Lisbon tournaient dans sa tête, encore et encore. Elle avait raison, il n’avait pas envisagé ce qu’il adviendrait d’elle s’il allait en prison. Il était tellement obnubilé par sa vengeance qu’il ne pensait pas à elle. Lisbon avait besoin de lui, il ne pouvait pas la laisser tomber, pas encore. Il se leva donc et s’arrêta devant la porte de la salle de bain. Il frappa doucement.

-“ Ouvre moi s’il te plait” demanda-t-il.
-“ Laisse-moi tranquille” lui cria-t-elle.
-“ Ne te renferme pas Lisbon, s’il te plait” plaida-t-il.

Elle ouvrit brusquement la porte et le poussa, ses yeux envoyant des éclairs de colère.

-“ Que veux-tu de moi au juste Jane ? Que je t’attende quand tu auras tué John LeRouge ? Que je sois là lorsque tu sortiras de prison ? Parce que si c’est ça, tu rêves. Je ne t’attendrais pas.”
-“ Lisbon…”
-“ Non Jane. Je comprends que tu te sentes coupable de ce qu’il m’a fait, je comprends que tu sois en colère. Je le suis aussi figures toi. Je lui en veux de m’avoir utilisé pour te faire du mal, de m’avoir manipulée pour te repousser.” Elle fit une pause. “ Je ne suis plus moi-même, j’ai envie de m’éloigner de toi, mais j’ai aussi envie de rester avec toi. Je suis partagée entre deux sentiments contradictoires et je suis complètement perdue.”

Elle se calma soudainement, s’assit sur le lit et se prit la tête entre les mains.

-“ Je ne t’en veux pas Jane” souffla-t-elle. “ Je veux juste que tu comprennes ce que je ressens. Je ne veux pas te perdre à cause de lui, sinon il aura gagné.”
-“ Lisbon, je ne veux pas non plus te perdre” lui dit-il en prenant place à côté d’elle sur le lit.
-“ Je vais avoir besoin de toi Jane. Tu avais dis que tu m’aiderais, que tu ne me laisserais pas tomber.”
-“ Et je ne le ferais pas” assura-t-il. “ Je serais là pour toi, je t’aiderais à retrouver ta vie d’avant. Je serais là même lorsque tu me repousseras.”
-“ Et si je ne redeviens jamais celle que j’étais avant ? Et si je n’étais plus capable de faire mon travail, d’aider qui que ce soit ?”
-“ Tu le seras toujours, tu doutes juste de toi pour le moment.”
-“ Comment peux-tu savoir ça ?”
-“ Parce que je te connais, je sais que tu doutes pour le moment. Mais avec le temps, tu redeviendras toi-même, tu retrouveras ta vie et tu pourras de nouveau faire ton travail. Il y a encore tant de monde qui tu pourras aider.”

Lisbon releva les yeux vers lui, surprise de la confiance qu’il avait en elle. Pouvait-elle vraiment redevenir l’agent Teresa Lisbon ? Pouvait-elle vraiment encore venir en aide aux gens ? Elle l’espérait vraiment.

Ils entendirent alors du bruit dans le couloir et Tommy entra dans la chambre, mal à l’aise. Lisbon lui fit signe qu’il pouvait parler.

-“ Tu as reçu un appel de ton collègue, Cho. Il dit que c’est important” expliqua-t-il.
-“ Merci Tommy, je vais le rappeler tout de suite.”
-“ Okay.”

Tommy repartit et Jane sortit son portable qu’il tendit à Lisbon. Elle le prit et appela son collègue qui répondit tout de suite.

-“ Cho, mon frère m'a dit que tu avais appelé.”
-“ J’ai ici une certaine Penny et son frère Benoît. Ils disent vous connaître.”
-“ Ce sont mes voisins, ils ont des problèmes ?” S’inquiéta-t-elle.
-“ Oui et ils veulent mon aide. Je voulais juste m’assurer que vous les connaissiez vraiment.”
-“ Je les connais bien Cho, ce sont de bons gamins. S’ils disent avoir besoin d’aide, alors c’est vrai. Ecoute, je reviens aussi vite que possible.”
-“ Vous n’êtes pas obligée, je peux m’en occuper.”
-“ Je sais Cho, mais ils ont besoin de moi.”
-“ Bien, je m’occupe d’eux en attendant votre retour.”

Puis elle raccrocha. Elle rendit le téléphone à Jane et le vit sourire de toutes ses dents. Elle leva un sourcil interrogateur, ne comprenant pas ce qui le faisait sourire ainsi.

-“ Tu vois je te l’avais dis. Tu peux encore aider les gens.”

Lisbon lui rendit son sourire. Il avait raison, elle pouvait encore aider. Penny et Benoît avaient besoin d’elle aujourd’hui et peut-être, oui peut-être, que c’était là sa chance de faire un pas sur le chemin qui lui rendrait sa vie d’avant.

Lisbon et Jane venaient d’arriver à Sacramento et ils allèrent directement au CBI. Lisbon n’avait pas voulu passer par chez elle, préférant voir ses jeunes voisins au plus vite. Elle les connaissait bien, ils étaient de braves gosses et n’avaient jamais eut de problèmes. Ils n’avaient pas eut une vie facile, leur père n’était plus là pour les aider et leur mère faisait de son mieux. Elle travaillait autant que possible, était aussi présente qu’elle le pouvait pour ses enfants. Parfois, Lisbon allait les voir pour s’assurer qu’ils aillent bien. Elle les aimait beaucoup, ils étaient courageux et avaient besoin de quelqu’un pour veiller sur eux.

Leur mère faisait de son mieux, mais ça n’était pas toujours facile. Elle la comprenait parfaitement, son enfance n’ayant pas été la meilleure non plus. Prendre soin de sa famille, s’assurer qu’il y ait de quoi manger sur la table, que les factures soient payées. S’occuper d’une famille n’était pas de tout repos, faire en sorte que personne ne manque de rien encore moins. Lisbon admirait le travail de Mme Marsden avec ses enfants, Sandra travaillait dur mais ne demandait jamais d’aide à qui que ce soit. Il était temps que quelqu’un l’aide un peu.

Jane n’avait rien dit, il avait juste suivit le mouvement. Il connaissait assez bien Lisbon pour savoir que lorsqu’elle avait ce regard, il était inutile de discuter. Elle était déterminée, elle irait jusqu’au bout et il était fier d’elle. Il pensait qu’après ce qu’elle avait vécu, après le retour de ses souvenirs, il lui faudrait plus de temps pour se reprendre. Mais le fait que ces deux jeunes soient ses voisins, des gamins qu’elle connaissait depuis longtemps était un plus. Ils lui permettaient de redevenir celle qu’elle avait toujours été, cette femme forte et courageuse, cette flic au caractère fort qu’il avait connu presque dix ans plus tôt.

Il savait que ça ne serait pas facile, qu’elle ne redeviendrait pas elle-même comme ça, du jour au lendemain. Mais avec de l’aide, du soutien, elle y parviendrait. Il s’en voulait encore pour toute cette histoire, il se sentait responsable. Mais elle lui avait bien fait comprendre que la vengeance ne mènerait à rien, si ce n’est à les séparer. Elle lui avait bien dit que s’il se laissait aller à la colère, alors John LeRouge aurait gagné. Car c’était ça qu’il voulait, le détruire. Leur rapprochement avait été le déclencheur de la colère du tueur, savoir que Jane avait reprit sa vie en main, qu’il était de nouveau heureux.

Lisbon lui attrapa la main lorsqu’ils entrèrent dans l’ascenseur et la serra dans la sienne. Elle lui faisait ainsi comprendre qu’ils avaient une nouvelle chance et qu’elle ne la laisserait pas passer. Mais plus encore, elle lui faisait ainsi comprendre qu’elle avait besoin de lui à partir de maintenant, qu’elle n’y arriverait pas toute seule. Elle lui demandait silencieusement de l’aide et il ne pouvait pas refuser. Il avait autant besoin d’elle qu’elle de lui. Ils avaient besoin l’un de l’autre pour avancer. Lisbon avait besoin de lui pour se reconstruire, savoir qu’elle n’avait pas totalement perdu sa vie. Et Jane avait besoin d'elle pour ne pas sombrer de nouveau sur le chemin de la colère, de la vengeance. Il avait déjà payé un prix élevé, il ne pouvait pas continuer.

Ils arrivèrent enfin à l’étage des crimes majeurs et furent accueillit par Van Pelt qui vint serrer sa patronne dans ses bras, trop heureuse de la revoir. Bien qu’un peu mal à l’aise, Lisbon se laissa faire et alla même jusqu’à lui rendre son étreinte. Ce n’était pas vraiment habituel pour la jeune femme d’être si affectueuse avec ses collègues, mais Grace était plus qu’une collègue, elle était une amie et elle faisait partie de sa nouvelle famille, le CBI. Ça faisait maintenant plus d’un mois qu’elles ne s’étaient pas vues et Lisbon se surprenait à apprécier l’étreinte de la jeune femme.

Elles se séparèrent au bout de plusieurs secondes, souriant doucement et Lisbon sentit ses joues la brûler un peu. Elle découvrait une part d’elle qu’elle ne connaissait même pas, une part plus affectueuse. Elle se décala ensuite pour saluer Rigsby qui se leva, hésitant quant à la marche à suivre avant de lui aussi prendre sa patronne dans ses bras, juste quelques secondes. Il devint encore plus rouge qu’elle et cela fit sourire tous le monde. Cho se trouvait à l’entrée de son bureau et lui fit un signe de tête.

Elle s’excusa auprès des autres pour rejoindre son collègue et remercia silencieusement Jane de ne pas la suivre. Elle devait parler à son agent, seul à seul et Jane l’avait comprit. Il reprit sa place sur son canapé, comme il en avait si souvent l’habitude. Elle sourit en le voyant faire, c’était un peu de normalité qui revenait dans sa vie, ça lui avait manqué. Comme si rien n’avait changé, comme si elle n’avait jamais été enlevée et jamais manipulée. Bien entendu ce n’était pas vrai, mais elle aimait se laisser l’imaginer le temps de quelques instant.

Elle se tourna vers Cho qui l’attendait sans un mot, la laissant s’imprégner de l’instant de tranquillité. Il savait que ce qu’il avait à lui dire ne serait pas facile pour elle, parce qu’elle connaissait bien ces jeunes, qu’elle les voyait tout les jours et qu’elle ne s’était jamais douté qu’ils puissent avoir des problèmes. Mais une bonne chose, ils étaient venus le voir et il était encore temps d’arranger les choses, il n’était pas trop tard.

Lisbon s’installa derrière son bureau, une place qu’elle n’avait pas occupé depuis longtemps et cela lui fit un peu bizarre. Depuis plus de quatre mois elle n’était pas entrée ici, elle ne s’était pas installée derrière ce bureau où elle avait passé tant de temps au court des dernières années. Cet endroit qui était comme une deuxième maison pour elle mais qui aujourd’hui lui semblait étranger. Elle s’y réhabituerait, elle n’en doutait pas, il lui fallait juste un peu de temps. Elle leva les yeux vers Cho qui attendait toujours qu’elle soit prête et elle le remercia d’un regard.

-“ Dis-moi tout Cho” demanda-t-elle.
-“ Ils sont arrivés hier soir, j’étais le dernier sur place” commença-t-il. “ C’est Penny qui a parlé, son frère semblait avoir peur et être un peu trop timide.”

Cela fit sourire Lisbon. Benoît avait toujours été timide et Penny, disons qu’elle n’avait peur de rien et disait toujours ce qu’elle pensait, à tous le monde.

-“ Elle m’a expliqué que son frère avait été contacté pour exécuter un contrat. Il doit intimider une femme, une de ses profs qui a eut le malheur de se mêler d’une histoire de gang. Elle voulait aider un jeune à s‘éloigner de ce gang.”
-“ Un gang ? Mais que vient faire Benoît dans cette histoire, il n’est pas ce genre de gamin” s’exclama-t-elle, avant de réaliser ce qu’elle venait de dire. “ Oh Cho, je ne voulais pas dire…”
-“ Il n’y a pas de mal, ça peut arriver à tous le monde” précisa-t-il. “ Ils cherchent toujours les plus faible, ceux qui peuvent être facilement manipulés. Benoît en est un, qu’il le veuille ou non. Il m’a dit avoir été conduit vers ce groupe par un homme qui a toujours veillé sur lui.”
-“ L’homme du centre pour les jeunes ? Celui qui la prit sous son aile ? J’ai du mal à y croire, mais Benoît n’est pas un menteur.”
-“ La prof en question est en voyage pour le moment, elle ne doit pas revenir avant encore une semaine, ce qui est un avantage pour le moment.”
-“ Bien, je sais que je ne suis pas encore de retour, mais…”
-“ Vous voudriez que je vous tienne au courant de l’avancée de l’affaire” termina-t-il à sa place et elle hocha la tête. “ J’attendais votre avis avant d’aller voir Bertram, je ne sais pas encore s’il acceptera que je m’en occupe, mais je ne lui en laisserais pas le choix. Ces gosses ont besoin de quelqu’un qui les aide, les conseils s’ils veulent s’en sortir et je sais ce que c’est.”
-“ Merci Cho, merci de bien vouloir les aider et, de m’avoir contacté malgré…”
-“ C’est normal.”

Puis Cho se leva, laissant Lisbon seule dans son bureau. Elle lui en était reconnaissante, se retrouver seule dans cet endroit si particulier l’aidait beaucoup à se retrouver. Du moins en partie. Le chemin serait long, mais elle y parviendrait, elle le savait, elle n’en doutait pas. Elle n’était pas seule, ses collègues étaient là, ainsi que sa famille et… Jane. Depuis le début il avait été là pour elle, ne la laissant jamais seule et il le serait toujours, elle le savait.

Et aujourd’hui, ses amis avaient besoin qu’elle les aide. Elle qui pensait ne plus jamais pouvoir aider qui que ce soit, que la manipulation de son esprit par John LeRouge l’avait détruite à jamais. Elle avait aujourd’hui la chance de prouver au monde entier que ce n’était pas le cas, qu’elle était toujours l’agent Teresa Lisbon et qu’elle était parfaitement capable de faire ce qu’elle avait fait tout au long de sa vie: aider les gens et arrêter des criminels.

Un coup à la porte quelques minutes plus tard la sortie de ses pensées et avant qu’elle n’ait le temps d’autoriser son visiteur à entrer, la porte s’ouvrit et des boucles blondes apparurent. Elle sourit en voyant Jane avancer lentement, comme ayant peur de la déranger. Elle lui fit signe d’avancer et il prit place sur la chaise en face du bureau.

“ Alors ?” S’enquit-il.
“ Mes voisins ont vraiment de gros problèmes” lui répondit-elle. “ Benoît, tu te souviens de lui ?”

Il hocha la tête, il se souvenait de ce jeune, il l’avait parfois croisé dans les escaliers ou sur le parking. C’était un brave jeune un peu naïf, mais très gentil.

-“ Il s’est associé en quelques sortes à un gang et ils lui demandent de faire quelque chose, une chose grave.”
-“ Et que veulent-ils ?”
-“ Il doit intimider une de ses profs qui a voulu venir en aide à un autre jeune.”
-“ Mais il n’a encore rien fait, il a peur et n’a osé en parler à personne” devina le mentaliste. “ Je suppose que c’est Penny qui a eut l’idée de venir en parler au CBI, pensant qu’on pourrait l’aider.”
-“ Benoît croyait s’être fait des amis, il n’en a jamais eut beaucoup, il a toujours été un solitaire, aussi loin que je me souvienne. Penny est plus ouverte, elle n’a peur de rien cette petite.”
-“ Elle me rappelle quelqu’un que je connais” sourit Jane.

Lisbon lui rendit son sourire, elle aussi se reconnaissait un peu en la jeune fille. Elle était un peu comme elle lorsqu’elle était plus jeune, intrépide, sans peur, voulant venir en aide à tous ceux qui en avaient besoin et surtout, voulant protéger ses petits frères à n’importe quel prix. Oui, Penny était bien comme elle.

-“ Cho te tiendra au courant.” Assura-t-il.
-“ Oui, mais encore faut-il que Bertram accepte qu’il prenne l’affaire. Il n’y a eut aucun meurtre, ni prise d’otage, juste un contrat sur une prof.”
-“ Il le fera, je n’en doute pas.”
-“ Et je suppose que tu vas t’en assurer personnellement” devina-t-elle.
-“ Tu me connais si bien.”

Ils se sourirent une dernière fois avant que Jane ne se lève, tendant une main vers elle qu’elle prit avec joie. Elle jeta un dernier coup d’œil à son bureau avant de suivre Jane. Ils saluèrent leurs collègues et, ensemble, ils quittèrent les locaux du CBI pour rentrer à l’appartement de Lisbon.




Lisbon se trouvait dans sa chambre, assise sur son lit, repensant à tout ce qu’il s’était passé ces quelques derniers mois. Tout avait changé dans sa vie et elle avait encore du mal à s’y faire. Elle se souvenait encore des soirées qu’elle passait avec Jane sur le canapé du salon, écoutant de la musique, regardant des films ou simplement restant dans les bras l’un de l’autre. Une chose qu’elle n’aurait jamais crut possible, Jane étant insupportable, arrogant et indiscipliné. Mais plus encore, depuis la perte de sa famille, elle avait pensé qu’il resterait seul pour le reste de sa vie.

Leur rapprochement c’était fait en douceur, à tel point qu’elle se demandait encore quand c’était arrivé. Mais elle ne le regrettait pas, jamais elle ne le pourrait. Jane était un homme bon, tendre, doux et à l’écoute. Il avait toujours fait en sorte qu’elle se sente bien, qu’elle puisse se détendre une fois chez elle, laissant derrière tous les soucis du travail. Et il y était plutôt bien arrivé. A chaque fois qu’elle se sentait triste, il trouvait les bons mots, les bons gestes. En plus, il était un très bon cuisinier, elle qui ne cuisinait jamais.

Ce soir par contre, elle se sentait seule. Jane l’avait déposé mais était repartit en lui souhaitant une bonne nuit. Elle avait pensé qu’il resterait avec elle, mais il était partit et maintenant, elle priait presque pour qu’il revienne. Pour une raison inconnue, elle avait besoin de lui et de ses mots de réconfort. Elle n’avait jamais été ainsi, elle était habituée à être seule et avait toujours aimé ça. Mais depuis que Jane et elle étaient plus ou moins ensemble, elle ne voulait plus être seule.

Elle l’avait bien trop été au cour de sa vie, elle voulait que les choses changent de ce côté aussi. Parfois, elle enviait sa voisine, elle l’enviait d’avoir des enfants. Elle ne se faisait plus toute jeune et elle n’espérait même plus avoir des enfants à son tour. Elle voulait pouvoir fonder une famille, avoir un enfant bien à elle, un enfant à aimer. Mais seule, elle ne l’aurait jamais, cette famille qu’elle voulait tant. Finalement, sa crainte de devenir comme son père un jour n’avait plus lieu d’être, puisqu’elle n’aurait pas cette famille. Jane n’était pas là, peut-être ne rentrerait-il pas.

Ne sachant pas quoi faire, elle descendit à la cuisine se faire une tasse de café puis s’installa sur le canapé. Elle alluma la télévision et s’enroula dans une couverture. Il ne faisait pas froid, mais elle avait besoin d’un peu de chaleur. Elle se mit à craindre que toutes les révélations durant sa séance d’hypnose n’avaient fait que faire peur à Jane. Il lui avait promit de toujours rester avec elle, mais le fait qu’elle soit seule ce soir lui montrait qu’il lui avait mentit. Elle avait voulu croire qu’elle pouvait lui faire confiance, qu’il ne lui mentirait plus, mais la preuve était là.

Elle finit par s’endormir et n’entendit donc pas la porte s’ouvrir derrière elle, pas plus qu’elle ne vit la personne s’approcher d’elle. Elle bougea dans son sommeil, encore prise au piège dans un cauchemar. Une main se posa sur son épaule, la faisant s’éveiller en sursaut et elle cria.