Le prix de la vengeance [Spoiler Saison 4] ^

Elle finit par s’endormir et n’entendit donc pas la porte s’ouvrir derrière elle, pas plus qu’elle ne vit la personne s’approcher d’elle. Elle bougea dans son sommeil, encore prise au piège dans un cauchemar. Une main se posa sur son épaule, la faisant s’éveiller en sursaut et elle cria.

-“ Calmes-toi Lisbon, c’est moi” tenta de la rassurer Jane.
-“ Jane” s’énerva la jeune femme après avoir réalisé que c’était lui. “ Où étais-tu ? Pourquoi es-tu parti ? Pourquoi m’as-tu laissée après m’avoir promis de rester avec moi, après m’avoir promis de ne jamais m’abandonner…” elle fini sa phrase par un murmure, masquant difficilement ses sanglots.

Jane resta là, sans rien dire. Il n’avait jamais voulu la décevoir, il ne supportait pas de la voir pleurer, de la voir triste. Il préférait voir le sourire sur son visage, voir briller ses yeux de malice. Mais elle se tenait là, devant lui, les larmes aux yeux, les épaules secouées de sanglots qu’elle ne parvenait plus à masquer. Il ne l’avait pas abandonné, il ne pourrait jamais le faire.

Il fit un pas vers elle, tenta de lui prendre la main, mais elle se recula, s’entourant le corps de ses bras. Il pouvait voir la douleur dans ses yeux, la peine. Il devait lui expliquer ce qu’il avait fait, pourquoi il n’était pas resté avec elle aujourd’hui. Elle devait comprendre, il ne supporterait pas qu’elle le rejette, pas encore, pas maintenant qu’il venait de faire la paix avec une partie de lui.

Il se rapprocha donc encore et lui attrapa la main de force. Elle tenta de s’écarter, de le faire lâcher, mais il ne la laissa pas faire. Il l’entraîna jusqu’au canapé où il la fit asseoir. Il s’installa ensuite à genoux devant elle, sans jamais lâcher sa main. Elle le regardait durement, refusant de lui pardonner.

-“ Écoutes-moi Teresa” commença-t-il, la surprenant en utilisant son prénom. “ Je ne t’ai pas abandonnée, jamais je ne le ferais. Je tiens trop à toi pour ça.”
-“ Mais tu es parti” insista-t-elle.
-“ Oui je suis parti, mais j’avais quelque chose d’important à faire” continua-t-il.
-“ Plus important que moi ?” Son ton était blessé.
-“ Je suis allé au cimetière, je suis allé voir ma femme et ma fille. Je suis allé leur dire au revoir. J’ai fait la paix avec mon passé.”

Teresa était sans voix, elle ne savait pas quoi lui dire. Soudain, elle se sentit coupable. Pourquoi lui reprochait-elle sans savoir, pourquoi ne lui avait-elle pas laissé le bénéfice du doute ? Il ne l’avait pas abandonné, il avait tenu sa promesse d’être là pour elle, de ne jamais la laisser.

La jeune femme se leva, entraînant Jane avec elle et se jeta dans ses bras. Il lui rendit son étreinte, la serrant fort contre lui. Il pouvait comprendre sa peur, ses craintes. Il s’était douté qu’elle se ferait du souci, qu’elle douterait de lui, mais il devait le faire. Maintenant, elle savait et elle s’en voulait. Il ne voulait pas qu’elle culpabilise, elle s’en voulait déjà bien assez pour tout ce qui lui était arrivé, même si ce n’était pas de sa faute.

Il se décala légèrement d’elle, prenant son visage entre ses mains. Elle baissant les yeux, refusant de croiser son regard. Elle ne pourrait pas supporter de voir le ressentiment dans ses beaux yeux bleus. Il la força à relever le visage et elle fut obligée de le regarder dans les yeux. Ce qu’elle y vit lui coupa le souffle. De l’amour. Il n’y avait rien d’autre que de l’amour dans les yeux de Jane. Pas de ressentiment, pas de colère. Rien d’autre que tout l’amour qu’il avait pour elle et cela lui suffit. Elle posa sa main sur sa joue, se redressa sur la pointe des pieds et vint déposer un tendre et doux baiser sur ses lèvres.

Jane rapprocha le visage de Lisbon avec ses mains, refusant de quitter ses lèvres. Ce baiser éveilla des choses en Teresa, des sensations qu’elle ne pensait pas ressentir un jour de nouveau, encore moins avec Jane. Elle le connaissait, elle savait qu’il n’avait pas été avec une femme depuis Angela, si elle oubliait Lorelei. Mais la complice de John LeRouge ne comptait pas. Les mains de l’homme glissèrent du visage de Lisbon jusqu’à son cou, puis ses épaules et il les fit ensuite descendre le long de ses bras, obligeant Lisbon à retirer sa main de sa joue. Leurs doigts s’entrelacèrent avec amour.

Lisbon se colla à Jane, savourant la chaleur de son corps. C’était la première fois qu’elle se laissait aller à le toucher vraiment, à le laisser la toucher. Et elle aimait ça, plus encore, elle adorait ça. Elle se sentait prête à franchir le pas avec lui, à aller plus loin dans leur relation. Mais si elle l’était, lui l’était-il ? Il semblait apprécier ses caresses, ses baisers. Mais voudrait-il aller plus loin ? Elle ne le savait pas.

-“ Teresa” souffla-t-il en s’écartant un peu.

Elle leva les yeux vers lui et se sentit soudain honteuse. Elle était allée trop vite. Il n’était pas prêt et il avait peut-être raison de mettre un terme à leur étreinte. Ce n’était pas le bon moment, ils avaient des choses bien plus importantes à faire pour le moment.

-“ Je suis désolée, je suis allée trop vite” s’excusa-t-elle.

Elle s’éloigna dans le salon, mais il la retint par le bras. Il la retourna pour qu’elle soit face à lui, un grand sourire sur le visage.

-“ Tu ne vas pas trop vite Teresa” la rassura-t-il. “ J’en ai envie, autant que toi. Je t’aime Teresa, tu es la seule avec qui je veux franchir cette étape.”
-“ Mais je…”
-“ Mais rien Teresa. Je veux juste que tu le veuilles vraiment, que tu te sentes prête.”
-“ Je le suis, je t’assure que je le suis” sourit-elle à son tour. “ Mais je pense que nous devrions attendre encore un peu. Je crois que je me suis laissée emporter par mes sentiments.”
-“ Alors lorsque nous franchirons cette étape pour de bon, elle sera parfaite, tout sera parfait. Je ferais en sorte que tu ne regrettes pas d’être avec moi.”
-“ Jamais je ne pourrais le regretter.”

Ils se sourirent une fois de plus et, ensemble, ils montèrent se coucher. Mais Jane hésita une fois devant la porte de la chambre. Il ne savait pas s’il pouvait vraiment y entrer, s’il pouvait se permettre d’envahir son intimité ainsi. Les dernières semaines savaient été difficiles pour eux, Lisbon n’avait pas été elle-même et l’avait repoussé un grand nombre de fois. Aujourd’hui ça allait mieux entre eux, mais il avait encore des doutes. Ce n’est pas parce qu’elle était prête à franchir le pas avec lui qu’elle était totalement remise. Il ne voulait pas qu’elle se sente obligée de le faire dormir avec elle.
Mais Teresa le voyait autrement. Elle lui prit la main et l’entraîna avec elle dans sa chambre, lui souriant avec amour.

-“ Tu es certaine ?” Voulut-il savoir.
-“ Vraiment certaine” assura-t-elle. “ Je crois qu’il est temps de mettre le passé derrière nous et aller de l’avant. Je veux que tu reviennes dormir avec moi chaque nuit, me réveiller dans tes bras chaque matin. Vivre de nouveau comme avant et cette fois je ne veux plus me cacher.”
-“ Tu veux officialiser ?” Demanda-t-il surpris.
-“ Je veux que tout le monde sache à quel point je suis heureuse avec toi et avant que tu ne dises quoi que ce soit” ajouta-t-elle en le coupant alors qu’il allait dire quelque chose. “ Je me fiche que John LeRouge soit encore en liberté quelque part. Il sait déjà pour nous, sinon il ne m’aurait pas enlevé. Je veux être heureuse avec toi.”
-“ Si c’est-ce que tu veux, alors moi aussi.”

Et avec ça, il la suivit dans la chambre. Ensemble, ils se changèrent pour la nuit et se glissèrent dans le lit. Lisbon vint poser sa tête sur le torse de Jane, il lui entoura la taille et ils fermèrent les yeux. Ils s’endormirent ainsi, un sourire sur leurs visages.




Le matin arriva rapidement et Lisbon fut la première à ouvrir les yeux. Elle tourna la tête pour voir que Jane dormait encore, un fin sourire sur le visage. Elle réalisa ensuite qu’elle avait dormi toute la nuit, qu’elle n’avait pas fait de cauchemar. Elle en fut tellement heureuse et soulagée qu’elle reposa sa tête sur l’oreiller pour observer son homme dormir. Il était si beau ainsi, calme, la respiration lente. Elle dessina les traits de son visage de son index, savourant la douceur de sa peau.

Le mentaliste ouvrit doucement les yeux et fut accueillit par le sourire de Lisbon. Il le lui rendit, attrapa sa main et lui embrassa les doigts, un par un. Puis, il entreprit de lui embrasser le visage, doucement, la faisant sourire sous ses lèvres. Il réalisa alors à son tour que lui aussi avait dormi toute la nuit. Il regarda sa compagne qui lui sourit un peu plus. Elle hocha la tête et il captura ses lèvres pour un baiser plus passionné encore. Au bout de quelques minutes, ils se séparent à bout de souffle.

-“ Il faudrait peut-être se lever” murmura Lisbon.
-“ Oui, nous avons quelqu’un à voir” approuva-t-il.
-“ J’espère vraiment pouvoir l’aider” soupira-t-elle en sortant du lit. “ Il n’a pas eut une vie facile.”
-“ Tu feras de ton mieux” assura Jane. “ Je suis certain qu’il appréciera ton aide.”

Lisbon posa une dernière fois ses lèvres sur celles de Jane avant de se diriger vers la salle de bain.

-“ Prépare le petit déjeuner pendant que je prends ma douche s’il te plait” lui dit-elle en fermant la porte.
-“ Oui madame.”

Il sortit de la chambre avec le sourire, descendit, entra dans la cuisine et se mit au travail. Il trouva un saladier pour préparer la pâte à crêpe puis sortit une poêle. Il lança le café et fit bouillir de l’eau pour son thé. Il savait qu’il n’avait pas beaucoup de temps avant que Lisbon sorte de la douche, elle était toujours très rapide. Et ce matin ils avaient quelque chose à fêter, quelque chose d’important. La première nuit sans cauchemar, la première depuis son retour. Il savait qu’ils avaient encore un long chemin devant eux, mais ils s’en sortiraient. Ensemble ils y arriveraient.

Comme il l’avait prévu, Lisbon arriva quelques minutes plus tard, habillée d’une chemise blanche, un jean bleu et une paire de chaussures avec des petits talons. Elle avait laissé ses cheveux retomber sur ses épaules et avait même appliqué une légère couche de maquillage. Elle était magnifique, même s’il la préférait au naturel. Elle n’avait pas besoin de quoi que ce soit pour la rendre belle, mais il savait que c’était pour lui qu’elle avait fait ça, alors il apprécia le geste.

Elle vint lui donner un baiser avant de se tourner vers ce qu’il était en train de préparer. Elle huma la bonne odeur et sourit. Elle adorait les crêpes, encore plus lorsque c’était lui qui les préparait. Une autre odeur attira son attention, du café. Jane la fit s’installer au comptoir de la cuisine et lui apporta sa tasse. Il la connaissait bien, tant qu’elle n’avait pas eut son café elle avait des chances d’être un brin irritable. Et même si au réveil elle avait été câline, il ne voulait pas prendre de risques.

Il se fit ensuite son thé puis déposa deux assiettes pleines sur le comptoir. Il s’installa à côté d’elle et ils mangèrent en silence, s’envoyant parfois des coups d’œil joyeux et complices. C’était comme si rien ne s’était passé, comme s’ils étaient un couple normal partageant le petit déjeuner. Ils voulaient en profiter, ils savaient que les malheurs de la vie se feraient bien assez tôt connaître.

Une fois qu’ils eurent fini, Lisbon se chargea de nettoyer la cuisine pendant que Jane allait lui aussi se préparer. Encore une chance qu’il avait laissé sur place des affaires, il avait donc de quoi se changer. En entrant dans la salle de bain, en voyant tout le nécessaire de toilette de la jeune femme, il eut l’impression d’être revenu plus de trois mois en arrière, lorsqu’il vivait ici. Cela lui rappela le bon temps, les moments passés devant la télévision le soir, ou lisant chacun un livre, assit dans le lit, ou encore simplement allongés et savourant de se trouver dans les bras l’un de l’autre.

Il espérait qu’en venant en aide à ce jeune, Lisbon redeviendrait elle-même et qu’ils pourraient de nouveau vivre toutes ces choses qu’ils avaient vécues avant. Lisbon voulait officialiser leur couple, c’était déjà une bonne chose. Elle voulait être avec lui, comme avant. Elle ne le repoussait plus, elle voulait même aller plus loin dans leur relation, c’était un grand pas en avant. Il fallait qu’elle continue comme ça, qu’elle ne se renferme plus sur elle-même.

Une fois la douche finie, Jane redescendit pour trouver Teresa devant une étagère. Il vint se placer derrière elle, l’entoura par la taille et posa son menton sur son épaule. Ses yeux tombèrent sur un cadre dans lequel se trouvait une photo et pas n’importe laquelle. Il s’agissait d’une photo d’eux prise peu de temps avant l’enlèvement de Lisbon, un soir alors qu’ils discutaient tranquillement dans le salon. Jane avait sortit son téléphone et les avaient photographié, immortalisant un des moments les plus heureux qu’il ait vécu depuis la mort de sa famille. Moins d’une semaine plus tard, Teresa avait disparut et il avait cru mourir. Avec elle, il avait retrouvé le bonheur, le goût de vivre. La perdre avait été comme si on lui arrachait le cœur et il ne voulait plus jamais vivre ça.

-“ Je me souviens du jour où tu as pris cette photo” dit Lisbon, brisant le silence. “ Tu voulais immortaliser ce moment.”
-“ Et toi tu ne voulais pas” continua-t-il.
-“ Mais tu as réussi à me convaincre” termina-t-elle.

Elle se retourna dans ses bras et se retrouva la tête sur son torse. Elle lui entoura la taille, se serrant contre lui.

-“ Retrouvera-t-on un jour ces moments heureux” demanda-t-elle, sans vraiment le demander.

Elle craignait de ne plus jamais être la même, de ne plus jamais retrouver celle qu’elle avait été. Même si peu à peu elle retrouvait sa force, son courage, elle avait encore des doutes et elle savait qu’elle en aurait toujours.

-“ Je n’en doute pas” lui assura-t-il.
-“ Comment peux-tu le savoir ?”
-“ Parce que je te connais, pace que je sais que tu es forte et que tu feras tout pour obtenir ce que tu veux vraiment. Si c’est cette vie que tu veux, alors tu l’auras. Sache que je serais toujours là pour toi, que je ne t’abandonnerais jamais.”
-“ Et John LeRouge ?” Argua-t-elle encore. “ S’il découvre, et crois moi il doit déjà le savoir, que toi et moi sommes de nouveau ensemble, il tentera de nous séparer. Il n’aime pas perdre.”
-“ Je n’aime pas perdre non plus et encore moins lorsqu’il s’agit de toi. Je ne le laisserais plus s’en prendre à toi.”
-“ Il y est déjà parvenu” souffla-t-elle.
-“ Mais tu es là maintenant” insista-t-il.
-“ Parce qu’il la voulu, sinon je ne serais pas ici, avec toi.”
-“ Je t’aurais retrouvé, je t’aurais cherché jusqu’à ma mort s’il l’avait fallu.”

Jane semblait tellement sincère, tellement sûr de lui. Ça lui fit mal au cœur de devoir lui rappeler un point important, mais elle le devait.

-“ Et le jour où tu le retrouveras, il gagnera. Tu as toujours dis que le jour où vous serez enfin face à face, tu lui ferais subir la même chose qu’il a fait à ta famille.”
-“ Plus maintenant. Rappelles toi, j’ai fait la paix avec mon passé et maintenant, si un jour nous parvenons à attraper John LeRouge, je le laisserai à la justice. Je ne veux pas prendre le risque de te perdre à nouveau, tu comptes trop pour moi.”

Lorsque Lisbon regarda dans ses yeux pour savoir s’il mentait encore, comme il savait si souvent et si bien le faire, elle ne vit que de la sincérité et de l’amour. Il voulait vraiment refaire sa vie avec elle, il voulait vraiment abandonner sa quête de vengeance pour elle. Que pouvait-elle demander de plus ? Et si Jane parvenait à changer ainsi pour elle, alors elle pourrait elle aussi changer pour lui. Elle l’aimait vraiment et elle ferait tout pour redevenir la femme qu’elle avait toujours été.

-“ Très bien. Bon, nous devrions y aller, je voudrais voir Benoît et Penny avant qu’ils ne partent.”
-“ Allons-y.”

Ils sortirent de l’appartement, Lisbon verrouilla et ils se dirigèrent vers l’appartement des deux jeunes. Ils ne remarquèrent pas au loin l’homme caché à l’ombre d’un arbre, les observant. Ce dernier disparut au bout de quelques minutes, il avait la certitude maintenant que ces deux-la étaient de nouveau ensemble. Mais qu’importe, il trouverait un autre moyen de les détruire. Et il avait déjà une idée en tête. Il sourit à la simple pensée de détruire pour de bon cet homme qui avait osé se moquer de lui.




Lisbon frappa à la porte de l’appartement de Mme Marsden. Sandra vint ouvrir dans la minute et fut surprise et heureuse, à tel point qu’elle prit Lisbon dans ses bras. Elle la relâcha bien vite lorsqu’elle vit Jane qui attendait derrière, avec un sourire sur le visage.

-“ Teresa, comme ça me fait tellement plaisir de vous voir” dit-elle.
-“ Moi aussi Sandra, mais je ne suis pas ici pour une visite de courtoisie” répondit Lisbon. “ Je suis venue voir vos enfants.”
-“ Ils ont fait quelque chose de mal ?” S’inquiéta Sandra.
-“ Ils ne vous ont rien dit ?” S’étonna l’agent.
-“ Je crois qu’il vaut mieux que vous les appeliez.”
-“ Bien.”

Sandra s’écarta pour laisser entrer ses visiteurs et les dirigea vers le salon. Puis, elle partit vers l’escalier.

-“ Penny, Benoît, Teresa est ici, descendez” les appela-t-elle.

Du bruit se fit entendre à l’étage et bientôt les deux adolescents apparurent dans l’escalier. Ils descendirent, Penny la première, suivit de son frère. Ils arrivèrent dans le salon et Benoît baissa la tête en voyant Lisbon. Sandra se tourna vers eux, les mains sur les hanches.

-“ Alors, que m’avez-vous caché ?” Demanda-t-elle d’une voix sévère.
-“ Et bien…” tenta Benoît.
-“ Oui, Benoît a des problèmes” répondit Penny à sa place, s’attirant un regard noir de la part de ce dernier.
-“ Quel genre de problèmes ?” Insista leur mère.

Voyant le mal aise et la honte sur le visage du jeune homme, Jane se décida à intervenir.

-“ Vous devriez vous asseoir les enfants” proposa-t-il, et ils le firent. “ Sandra, Benoît a rejoint un gang et est maintenant dans une délicate situation.”
-“ Un gang ? Benoît, un gang ?” S’énerva Sandra. “ Mais qu’est-ce qui t’ait passé par la tête ? Je pensais qu’avec l’aide de Mr Perria ça n’arriverait jamais.”
-“ C’est justement lui qui l’a poussé vers ce gang” intervint Penny.
-“ Quoi ?” Sandra avait du mal à y croire.

Sandra se sentit soudain coupable pour la situation de son fils. C’était son idée de l’envoyer dans ce centre, elle avait voulu le protéger. Elle avait rencontré Stuart Perria et avait vu en lui une image paternelle pour son fils si difficile. Et maintenant, cet homme était celui qui avait utilisé son petit garçon, il était celui qui l’avait envoyé vers les gens dont elle voulait le protéger.

-“ Sandra” intervint Lisbon, “ Benoît n’y est pour rien. Ce genre de personne s’en prend à des jeunes faibles et manipulables. Benoît avait confiance en cet homme.”
-“ Benoît n’est qu’une victime dans cette histoire” continua Jane. “ Et maintenant il a besoin de notre aide pour sauver la vie de quelqu’un.”
-“ J’ai du mal à comprendre. De quelle vie parlez-vous ?” Demanda Sandra qui était vraiment perdue.
-“ Mlle Benson” précisa Penny.
-“ Ton professeur de littérature ? Mais pourquoi ?”
-“ Elle a voulu aider un type de ma classe à quitter le gang, elle nous a même expliqué pourquoi on devait éviter ces gens. Mais maintenant ils veulent lui faire peur pour qu’elle ne se mêle plus de ce qui ne la regarde pas” c’était la première fois que Benoît parlait autant depuis l’arrivée de Jane et Lisbon. “ C’est moi qui dois lui faire peur, mais j’ai pas envie de lui faire du mal. Elle a toujours été gentille avec moi, toujours.”

Sandra écouta son fils parler, elle le regarda bien et put voir de la colère et de la honte dans ses yeux. Son cœur se serra de le voir ainsi, de le savoir dans une telle situation. Elle se sentit aussi coupable de lui avoir crié dessus. Le pauvre avait fait confiance à la mauvaise personne et maintenant il avait besoin qu’on le sorte de là. Elle s’approcha de lui et l’entoura de ses bras, le serrant fort contre elle. Penny posa une main sur l’épaule de son frère pour le réconforter.

Jane et Lisbon regardait cette petite famille. Ils avaient de graves problèmes, Benoît avait fait les mauvais choix. Mais malgré tout, ils étaient ensemble, ils se soutenaient. Il attrapa la main de Lisbon et la serra dans la sienne. Ils savaient qu’il ne serait pas facile de sortir Benoît de cette situation, que cela risquait d’être dangereux et pour une fois, Jane voulait faire les choses selon les règles. Il ne risquerait pas la vie du jeune homme inutilement. De plus, ils avaient également Cho pour les aider. C’était un plus si on savait qu’il avait, étant plus jeune, fait partie d’un gang lui aussi. Il serait de très bons conseils et une aide précieuse.

Finalement, Sandra relâcha son fils pour se tourner vers ses voisins. Elle remarqua leurs mains l’une dans l’autre et sourit. Ça lui faisait plaisir de voir sa voisine être enfin heureuse et elle avait toujours sut que cet horrible consultant dont elle avait si souvent entendu parler était l’homme pour elle. La mère décida qu’elle parlerait plus tard avec Teresa, pour le moment, son fils avait besoin d’aide.

-“ Comment allez-vous faire pour aider Benoît ?” S’enquit-elle.
-“ Nous y travaillons pour le moment” répondit Lisbon. “ J’aurais besoin de poser des questions à Benoît afin d’en apprendre un peu plus sur ce gang.”
-“ Posez-lui toutes les questions que vous voulez et il y répondra.”
-“ Bien.”

Sandra les dirigea vers la salle à manger afin qu’ils puissent discuter tranquillement. Jane préféra rester dans le salon avec Sandra et Penny. Il aurait des questions à poser au jeune homme lui aussi, mais plus tard. Il savait que Lisbon avait besoin de faire ça seule, afin de se retrouver un peu, de reprendre doucement le chemin vers l’agent Teresa Lisbon. Ils se partageraient leurs informations plus tard. De plus, il voulait parler avec Penny, la jeune fille savait plus de chose qu’elle ne voulait bien le dire, il pouvait le sentir. Il pouvait voir une sorte de culpabilité dans ses yeux et il voulait savoir pourquoi.

Le mentaliste avait le sentiment que la vie reprenait son court normal, comme si tout redevenait comme avant et il aimait ça. Il était impatient de repartir sur le terrain avec Lisbon.

Lisbon était dans la cuisine avec Benoît. Ils s’étaient installés à la table et Lisbon attendant que Benoît soit prêt à parler, elle ne voulait pas le pousser. Elle le connaissait depuis assez longtemps pour savoir qu’il était assez réservé, qu’il ne parlait pas beaucoup et aimait être seul. Alors elle attendit. Il finit par lever les yeux vers elle.

-“ Je suis désolé de vous ennuyer avec ça Mme Lisbon” s’excusa-t-il.
-“ Tu n’as pas à t’excuser Benoît” le rassura-t-elle. “ Si je peux t’aider alors je le ferai. Mais pour ça il faut que tu me dises ce que tu sais.”
-“ Pas grand-chose en réalité” répondit-il. “ Au début, quand Mr Perria m’a proposé de venir avec lui voir certains jeunes qu’il avait aidé, enfin de ce qu’il m’a dit, je croyais que c’était des jeunes comme moi, peut-être un peu plus âgés.”
-“ Mais ?” L’aida-t-elle.
-“ Mais quand j’y suis allé, j’ai reconnu un des jeunes. C’était un type de mon lycée qui faisait peur à tout le monde. On savait tous qu’il était dans un gang et j’ai voulu partir. Mais Mr Perria m’a dit que je craignais rien avec eux, alors je suis resté.”
-“ Que s’est-il passé ensuite ?”
-“ Pas grand-chose, ils voulaient me parler, savoir qui j’étais, ce que je faisais. Ils étaient sympas, même le type qui me faisait peur avant. On est partit et plusieurs fois par semaine Mr Perria m’emmenait les voir.”
-“ Quand as-tu commencé à te méfier ?” Demanda-t-elle.
-“ trois semaines plus tard, un soir que j’étais avec Luis, c’est le meilleur ami de Penny, je l’ai ai vu un peu plus loin dans la rue. Ils étaient en train de tabasser un autre jeune de mon lycée. On y est allé avec Luis, on voulait l’aider, mais Luis m’a retenu. Quand ils sont partis, on est allé voir comment il allait. Le pauvre, il était couvert de sang, il avait du mal à respirer. Alors on l’a porté et on l’a laissé devant l’hôpital.”
-“ Vous n’êtes pas resté ?” S’étonna Lisbon.
-“ On voulait pas avoir de problèmes, je suis désolé” il baissa de nouveau la tête.

Lisbon posa une main sur son bras pour le rassurer. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, il aurait eut plus de problèmes s’il était resté. A sa place elle serait restée, mais elle n’était pas lui. Benoît était juste un jeune qui avait eut peur mais qui était venu en aide à quelqu’un. C’est tout ce qui comptait.

-“ Il va bien maintenant ?” Voulut-elle savoir.
-“ Ouais, ça va mais il pourra pas revenir en cours avant longtemps.”
-“ Bon, continues.”
-“ Deux soirs plus tard, Mr Perria m’a dit qu’ils voulaient me voir. Je voulais pas y aller, je voulais plus les voir, mais j’ai eu peur qu’il me fasse quelque chose alors j’y suis quand même allé.”
-“ Que s’est-il passé ? Pourquoi voulaient-ils te voir ?”
-“ Quand je suis arrivé au lieu habituel, on m’a mit une cagoule sur la tête, et on m'a emmené quelque part, je sais pas où. Un homme m’attendait, je ne l’ai pas vu. Il m’a expliqué qu’il voulait que je fasse quelque chose pour lui, il m’a dit que c’était très important. J’avais un peu peur mais d’un autre côté j’avais l’impression d’être moi aussi important. Alors j’ai dis oui. Je sais, j’aurais pas dû.”
-“ Au contraire, si ça avait été quelqu’un d’autre, il ne serait pas allé au CBI et je ne pourrais pas aider en ce moment. Tu as donc fait le bon choix.”

Et elle le pensait. Malgré sa peur et le danger, il avait continué et à présent il pouvait donner des informations, peu c’est certain, mais c’était mieux que rien. Elle ne savait pas qui était ce gang, ce qu’ils voulaient. Mais pour le moment ce n’est pas ce qui importait le plus. Ce qu’elle voulait savoir c’est à quel point ces gens étaient dangereux, ce à quoi elle s’exposerait on continuant.

-“ Benoît, connais-tu le nom de ce gang ?” Demanda-t-elle.
-“ Non, mais Mr Perria le connaît” répondit le jeune homme.
-“ On ira lui parler plus tard. Bon, et que voulait-il que tu fasses ?”
-“ Que je fasse peur à ma prof, Mlle Benson.”
-“ Alors c’est-ce jour la qu’ils t’ont envoyé les informations. Mais pourquoi ne pas être allé plus tôt au CBI ? Pourquoi ne pas m’avoir appelé tout de suite ?”
-“ Je ne voulais pas vous déranger, vous aviez besoin de repos” murmura-t-il.

Lisbon sentit une pointe de culpabilité dans sa poitrine. Benoît avait eut besoin d’elle depuis longtemps, mais elle était indisponible. Elle avait été tellement prise par ses peurs qu’elle en avait oublié qui elle était vraiment. Elle avait laissé Teresa prendre le pas sur l’agent Lisbon. Mais il n’était pas trop tard, elle pouvait encore redevenir l’agent Lisbon et aider Benoît, ainsi que sa sœur. Elle pourrait aider encore bien plus de personne que ses deux voisins.

Elle allait dire quelque chose de plus lorsqu’elle vit Sandra entrer dans la cuisine. Elle comprit que Jane avait certainement demandé un thé, comme toujours. Elle sourit, il ne changerait jamais. Mais la présence de Sandra lui disait aussi que sa discussion avec Benoît était terminée. Elle remercia donc le jeune homme et s’éloigna dans le couloir, sortit son téléphone et composa un numéro. Elle n’eut pas à attendre longtemps avant que la personne décroche.

-“ Cho, c’est Lisbon. Je voudrais que tu aille voir Mr Perria au centre pour jeunes en difficultés de mon quartier. Oui…. Je voudrais que tu l’interroges sur un gang… Non, fais-lui croire que tu as besoin de son aide mais surtout, ne lui laisse pas entendre qu’on sait qu’il en fait partie. Je voudrais que tu le suives, s’il est vraiment impliqué, ce dont je ne doute pas, il va certainement prendre contact avec quelqu’un et il ne le fera pas au centre. Merci, je te recontacte plus tard.”

Elle attendit encore quelques minutes avant de rejoindre les autres dans le salon. Elle vit Benoît passer et monter dans sa chambre, la tête basse. Il s’en voulait vraiment, le pauvre gosse. Il avait fait confiance à un homme qui l’avait manipulé pour obtenir ce qu’il voulait. Elle devait tout faire pour le sortir de là, pour l’aider à retrouver une vie normale. Et surtout, elle devait faire en sorte que personne d’autre ne soit envoyé pour s’en prendre à Mlle Benson.

Elle se doutait bien qu’elle ne pourrait rien faire seule, qu’elle allait avoir besoin d’aide. Elle n’avait plus ni son badge ni son arme. Elle ne se mettrait pas en danger ainsi, pas après tout ce qu’elle avait déjà vécu. De plus, elle ne voulait prendre aucun risque, elle ne voulait pas imposer une nouvelle douleur à Jane. Il avait déjà bien assez souffert lors de sa séquestration, elle savait qu’il n’en supporterait pas plus. Elle se décida enfin à rejoindre les autres dans le salon. Mais alors qu’elle allait entrer, elle sentit la main de Benoît sur son épaule. Elle lui sourit et c’est ensemble qu’ils entrèrent dans la pièce.




Pendant que Lisbon était partit parler à Benoît, Jane se trouvait encore dans le salon avec Penny et Sandra. Il pouvait voir dans le langage corporel de la jeune fille qu’il y avait quelque chose qu’elle voulait dire, mais il pouvait aussi voir dans ses yeux qu’elle ne voulait pas le faire devant sa mère. Le mentaliste se tourna donc vers Sandra avec un sourire.

-“ Pourrais-je avoir un thé s’il vous plait ?” Demanda-t-il.
-“ Oh mais bien entendu” répondit la femme en se levant “ je vous amène ça.”

Puis elle disparut à l’angle du couloir. Jane se tourna alors vers Penny, attendant qu’elle fasse le premier pas. Elle était mal à l’aise, il pouvait le voir et il savait que ce n’était pas en la poussant qu’il en apprendrait plus. Il attendit donc patiemment qu’elle se sente assez en confiance. Ce qui ne tarda pas.

-“ J’ai un aveu à vous faire Mr Jane” commença-t-elle en baissant les yeux.
-“ Tu peux m’appeler Patrick tu sais, ou Jane comme le fait Lisbon.”
-“ Je crois que je suis plus à l’aise avec Mr Jane, si ça ne vous dérange pas.”
-“ Pas du tout” la rassura-t-il. “ Alors, que veux-tu avouer ?”

Penny se mordit la lèvre inférieure. Hésitant encore un peu. Elle releva les yeux vers Jane qui attendait toujours. Puis elle se décida.

-“ Tout est de ma faute” murmura-t-elle.
-“ Qu’est-ce qui est de ta faute ?” L’encouragea-t-il.
-“ Et bien, Benoît n’est pas tout à fait en faute dans cette histoire” elle fit une autre pause. “ C’est moi qui ai parlé du gang à Mlle Benson.”
-“ Tu savais que ton frère faisait partie du gang ?” Voulut-il savoir.
-“ Non, mais mon meilleur ami oui. Je suis allée voir Mlle Benson en pensant qu’elle pourrait m’aider à le faire sortir de là. Mais je ne pensais pas qu’elle serait en danger à cause de ça et je ne savais même pas que Benoît en faisait aussi partie.”

Elle baissa encore la tête, honteuse et coupable. Jane ne savait pas trop quoi faire. Il savait qu’elle se sentait vraiment coupable de toute cette histoire et qu’elle attendait certainement qu’on la rassure. Mais il savait aussi que les mots ne seraient pas suffisants. Alors qu’il allait se lever pour se rapprocher d’elle, Sandra revint dans le salon avec une tasse fumante qu’elle tendit à Jane. Ce dernier la prit et remerciant la femme. Penny tourna les yeux vers sa mère avant de les baisser de nouveau. Sandra pouvait sentir que quelque chose n’allait pas, elle pouvait le voir à la façon dont sa fille baissait la tête. Bien que curieuse, elle décida de ne pas pousser le sujet. Si Penny voulait lui parler, elle le ferait, quand elle se sentirait prête.

Ne sachant pas trop quoi faire ou quoi dire, les deux femmes gardèrent le silence. Jane était lui aussi silencieux. Il attendait que Lisbon revienne, il avait des choses à lui dire. Il fallait qu’ils aillent voir le meilleur ami de Penny, peut-être pourrait-il leur donner des informations sur le gang. Il n’eut pas à attendre longtemps, il vit Lisbon entrer dans le salon avec Benoît, la tête basse, comme sa sœur.

-“ Bien, je crois que nous allons y aller” dit-elle en se tournant vers Sandra.
-“ Merci de venir en aide à mes enfants” la remercia la femme en venant la prendre dans ses bras. “ Heureusement que vous êtes là.”
-“ Je vais faire de mon mieux Sandra, mais je ne promets rien.”
-“ Je n’en demande pas plus.”

Jane se leva pour rejoindre Lisbon et ensemble, ils quittèrent l’appartement des Marsden.




Le couple retourna chez Lisbon et cette dernière alla directement à la cuisine. Elle se prépara un café ainsi qu’un thé pour Jane, même s’il venait d’en avoir un. Il fallait qu’elle s’occupe et préparer un thé était la seule occupation qu’elle avait trouvée pour le moment.

Elle sentit Jane venir derrière elle mais rester à une certaine distance. Elle savait qu’il mourrait d’envie de la prendre dans ses bras, de la serrer fort contre lui mais qu’il n’osait pas. Si elle était honnête avec elle-même, elle en avait aussi très envie. Depuis qu’ils étaient revenus de Chicago, ils avaient gardé une certaine distance, si on oubliait le réveil ce matin. Et tout cela lui manquait horriblement. Ils étaient si proches avant, n’avaient pas peur de laisser libre court à leurs envies. Mais tout avait changé.

Une fois les boissons finies, elle se tourna pour trouver Jane toujours au même endroit, immobile, la regardant. Elle ferma les yeux, prit une profonde inspiration avant de les rouvrir. Elle oublia les boissons et fit ce qu’elle avait envie de faire depuis longtemps. Elle se précipita dans les bras de son collègue et lui entoura la taille de ses bras, posant sa tête contre son torse.

Jane, bien qu’un peu surpris, lui rendit son étreinte avec joie. Il alla même jusqu’à poser sa tête sur celle de la jeune femme et ferma lui aussi les yeux. C’était comme si rien n’avait changé, comme si tout était comme avant. Il savait que ce n’était qu’une illusion, mais il voulait se l’imaginer l’espace d’un instant. Alors il serra un peu plus Lisbon contre lui et l’entendit souffler de bien être.

Au bout de quelques minutes, il la sentit se dégager doucement et, à contrecœur, il la relâcha. Elle garda toutefois les bras autour de sa taille et leva la tête pour croiser son regard. Elle pouvait voir tout un tas d’émotions dans ses beaux yeux bleus, ainsi que des questions. Elle les chassa en posant sa main gauche sur la joue droite de Jane. Elle lui sourit tendrement avant de venir, très délicatement, poser ses lèvres sur les siennes. Ils restèrent ainsi jusqu’à ce que le besoin d’air se fasse sentir.

Lorsqu’ils s’écartèrent l’un de l’autre, ils se regardèrent un moment avant que la jeune femme se tourne pour prendre les boissons et se dirige vers le salon. Jane la suivit, s’assit sur le canapé et prit la tasse qu’elle lui présentait. Il but une gorgée et la posa sur la table basse. Lisbon fit de même, puis se tourna en posant une jambe sur le canapé pour pouvoir regarder Jane.

-“ Pauvres gosses” dit-elle, le regard triste. “ Ils n’ont jamais eut de chance dans la vie, et maintenant ça.”
-“ On va les sortir de là” assura Jane.
-“ Comment peux-tu en être si sûr” lui demanda-t-elle en croisant son regard.
-“ Parce que je te connais et je sais que tu feras tout ce que tu peux pour les aider. Ils ont confiance en toi, tout comme moi.”
-“ Mais je ne suis plus aussi forte qu’avant, je ne sais même pas si je pourrais vraiment l’aider. Non, je pense que le mieux serait de laisser l’équipe s’en occuper.”
-“ Tu ne peux pas penser ça Lisbon.”
-“ J’aimerais vraiment pouvoir faire quelque chose, mais je n’ai même plus mon badge en ce moment. Et si jamais il se passait quelque chose ? Je ne serais même pas en mesure de te protéger.”
-“ Tout ce passera bien” tenta-t-il de la rassurer.
-“ Il pourrait se passer n’importe quoi, n’oublies pas qu’il s’agit d’un gang.”
-“ Je sais, mais je sais aussi que tout le monde est impressionné par toi, même ces gens-la. Il ne t’arrivera rien et puis tu n’iras pas seule.”
-“ Si tu penses que ta présence me rassurera, je dirais plutôt que je m’inquiéterais trop de ta sécurité.”
-“ Je ne pensais pas à moi mais à Cho. Tu ne pensais tout de même pas que je te laisserais y aller seule ? Je sais bien que je ne serais pas d’une grande aide pour toi, c’est pourquoi tu iras soit avec Cho, soit avec Rigsby. Ils sont armés, ils te protégeront.”

Elle garda le silence après ça. Oui, les choses avaient bien changé, pas de doute. Avant, Jane y serait allé seul sans rien dire à personne, il aurait prit des risques. Mais maintenant, il la laissait faire et exigeait même qu’elle y aille avec un des gars. Elle pouvait ainsi voir que son enlèvement l’avait beaucoup changé, comme si toute cette histoire l’avait fait grandir et mûrir un peu. Aujourd’hui il ne pensait plus de la même façon, aujourd’hui il prônait la prudence. Elle était fière de lui, même si elle se serait passée d’être enlevée pour ça.

Elle se rapprocha de lui et s’installa presque sur lui, ce qui le fit sourire. Elle aussi avait changé, Jane pouvait le voir. Avant elle n’était pas si affectueuse. Oh bien entendu elle avait toujours été la première à l’embrasser ou à le serrer dans ses bras le soir dans le lit, mais depuis quelques temps, elle était ainsi même dans la journée. Elle laissait ressortir le côté femme amoureuse qu’elle avait bien caché en elle, cette part qu’elle avait voulut enfouir mais qui aujourd’hui se montrait bien plus souvent. Et bien que Jane apprécie beaucoup ce côté plus féminin, il était aussi très impatient de retrouver l’agent Lisbon.

-“ Tu as raison, je ne pourrais pas rester à l’écart” avoua-t-elle. “ Je ne pourrais pas faire ça alors que Benoît à besoin de moi.”
-“ Voilà la Lisbon que je connais” sourit le mentaliste.
-“ Il va falloir t’y faire” sourit-elle en retour.
-“ Je crois que je pourrais m’y habituer.”
-“ Moi aussi” approuva-t-elle. “ J’aime être cette Lisbon, forte et sûre d’elle. Mais pour le moment, il n’y a rien qu’on puisse faire. Il faut attendre l’appel de Cho.”
-“ Alors que faisons-nous en attendant ?” Demanda-t-il.

Lisbon se redressa, un grand sourire sur le visage. Elle avait une idée en tête.

-“ J’aimerais aller au stand de tir.”
-“ Excellente idée.”

Ils se levèrent, prirent leurs vestes et quittèrent l’appartement, oubliant leurs boissons sur la table.




Cho et Rigsby venaient d’arriver au centre pour jeunes en difficultés. Ils avancèrent dans le bâtiment, croisèrent quelques jeunes qui riaient, discutaient ou jouaient à différents jeux mis à leur disposition dans la salle. Un peu plus loin, un homme parlait avec deux jeunes garçons qui semblaient être assez en colère.

“ Vous ne pouvez pas vous battre comme ça à la moindre occasion” les sermonnait-il. “ Vous devez apprendre à vous entendre.”
“ Ouais c’est ça” cracha l’un d’eux. “ Avec lui c’est pas possible.”
“ C’est toi le problème” s’énerva l’autre, “ t’avais pas à t’approcher de ma meuf.”
“ T’avais qu’a t’occuper plus d’elle” ricana-t-il.

Ils commencèrent à se pousser encore une fois, mais l’homme les sépara et les envoya chacun d’un côté de la pièce. C’est alors qu’il vit les deux agents et vint à leur rencontre.

-“ Je suis Mr Perria, je peux vous aider ?” Demanda-t-il.
-“ Agents Cho et Rigsby du CBI” répondit Cho.
-“ Le CBI ? Un de mes jeunes à des problèmes ?” S’inquiéta l’homme.
-“ En effet, Benoît Marsden est soupçonné d’avoir participé à une bagarre ayant envoyé Damien Porter à l’hôpital” mentit Cho de façon convaincante.
-“ Oh non, pas Benoît” se lamenta Perria. “ C’est un si gentil garçon.”
-“ Nous savons de source sûre qu’il fait partit d’un gang et nous voudrions que vous gardiez un œil sur les autres jeunes” ajouta Rigsby. “
-“ Je le ferai, vous pouvez compter sur moi” leur promit-il.
-“ Bien, si jamais autre chose vous vient à l’esprit, n’hésitez pas à nous contacter” dit Cho en tendant sa carte à l’homme.
-“ Je n’y manquerais pas.”

Les deux agents quittèrent le centre et montèrent en voiture. Ils s’éloignèrent un peu, mais restèrent afin de surveiller Perria. Ce dernier ne tarda pas à sortir du centre et de monter dans une voiture. Il partit aussitôt et ils le suivirent. Ils gardèrent une bonne distance afin de ne pas être vus. L’homme roula ainsi pendant encore dix minutes avant de tourner dans une petite ruelle. Cho se gara un peu plus loin, coupa le moteur et attendit. Peu de temps plus tard, une autre voiture arriva et cette fois, les deux agents sortirent de leur voiture et avancèrent en silence. Ils entendirent des voix, dont l’une qu’il ne connaissait pas.

-“ Je croyais qu’on pouvait avoir confiance en lui” cria-t-il. “ Tu m’avais dis qu’il ferait attention. Mais t’avais tort.”
-“ Je ne pouvais pas savoir qu’il se ferait prendre” s’excusa Perria. “ Mais pour le moment il n’est que suspect.”
-“ Et s’il se fait arrêter il parlera” s’énerva l’homme.
-“ Il ne sait rien, il n’a pas vu ton visage” tenta de le calmer Perria.
-“ Non, mais si les flics apprennent qu’il fait partit d’un gang, les autres se feront prendre aussi et eux parleront.”

Cho et Rigsby attendait un peu plus loin, écoutant ce qu’il se disait. Ils ne pouvaient pas voir l’homme, mais peu à peu, la voix leur devenait familière. Ils semblaient connaître cet homme. Il portait un costume de bonne qualité, il devait avoir un travail important.

-“ Si mon patron apprend ça, tu risques d’avoir des problèmes” affirma l’homme.
-“ Il ne l’apprendra pas. Je vais m’occuper de tout” tenta Perria.
-“ Je l’espère pour toi.”

Puis l’homme remonta dans sa voiture et les deux agents s’éloignèrent rapidement. Il reprit la route, laissant Perria seul dans la ruelle. Cho s’avança alors vers lui et l’homme sursauta.

-“ Mr Perria, vous devriez venir avec nous” dit Cho en s’approchant de l’homme.
-“ Agent Cho” s’étonna-t-il. “ Mais que faites vous là ?”
-“ Venez avec nous Mr Perria, nous devons parler.”

Voyant l’air sérieux de l’homme, il ne résista pas et le suivit jusqu’à la voiture. Ils montèrent et se rendirent au CBI. Pendant que Cho conduisait, Rigsby appela Lisbon pour lui faire part de leur avancée.




Lisbon avait posé son arme devant elle lorsque son téléphone avait sonné. Elle écouta ce que Rigsby lui disait, puis raccrocha. Elle se tourna vers Jane qui attendait de savoir et lui sourit.

-“ Perria est au CBI avec Cho et Rigsby, ils vont l’interroger” lui dit-elle. “ Il avait un rendez-vous avec un homme assez important et nous en saurons plus après.”
-“ Bien, je pense qu’en attendant on devrait rentrer” proposa-t-il.
-“ Je voudrais passer au CBI avant, j’aimerais être là lors de l’interrogatoire.”

Jane sourit encore une fois. Sa Lisbon était bel et bien de retour et il en était heureux. Il lui faudrait encore un peu de temps avant d’être de nouveau totalement elle-même, mais elle était sur la bonne voix. La séance de tir s’était bien passée, elle n’avait pas perdue ses capacités, pour son plus grand bonheur. Si tout continuait ainsi, bientôt elle pourrait reprendre sa place au CBI, chose qu’elle désirait de tout son cœur, il le savait.

Alors il ne la contredit pas lorsqu’elle voulut se rendre au CBI, elle en avait besoin. Ils quittèrent le stand, montèrent en voiture et se rendirent au CBI. Ils arrivèrent assez vite et, tandis qu’ils montaient, Jane sentit Lisbon se tendre un peu. Il lui attrapa discrètement la main pour la rassurer et elle lui sourit pour le remercier. Une fois au bon étage, Lisbon alla directement vers la salle d’interrogatoire mais n’y entra pas. Elle alla plutôt dans la salle attenante et écouta Cho interroger Perria.

-“ Mr Perria, vous devriez nous dire ce que vous savez si vous ne voulez pas avoir plus de problèmes que vous n’en avez déjà” dit Rigsby à l’homme.
-“ Je ne sais pas de quoi vous parlez” répondit-il.
-“ Ce rendez-vous dans cette ruelle, qui était l’homme ?” Demanda de nouveau Rigsby.
-“ Je vous dis que je ne sais pas” s’obstina-t-il.
-“ Comme vous voulez, mais sachez que nous avons tout ce qu’il nous faut pour vous mettre à l’ombre pour longtemps” fini Rigsby en faisant mine de se lever.

L’homme observa l’agent ramasser son dossier, lui jeter un dernier regard et se diriger vers la porte. De l’autre côté du miroir, Lisbon l’observait elle aussi. Elle le connaissait, très peu mais elle le connaissait. Elle avait eut l’occasion d’accompagner Sandra une fois ou deux lorsque cette dernière avait eut des soucis de voiture et qu’elle ne travaillait pas. Elle avait eut de la sympathie pour cette homme qui avait décidé de venir en aide aux jeunes. Mais aujourd’hui, elle ne ressentait que de la répulsion envers lui pour avoir utilisé la naïveté des jeunes du centre, surtout celle de Benoît.

Elle le vit avaler difficilement sa salive alors que Rigsby était presque à la porte, Cho, qui n’avait toujours rien dit mais qui n’en restait pas moins impressionnant, le suivant de près. Les deux agents étaient presque dehors lorsque Perria se redressa vivement.

-“ Attendez” les rappela-t-il.
-“ Vous avez quelque chose à dire ?” L’interrogea Cho.
-“ Je… si je vous parle, vous pourrez me protéger ?” Demanda-t-il.
-“ Tout dépend de ce que vous nous apprendrez.”

L’homme sembla réfléchir un instant à ce qui s’offrait à lui. Il pouvait garder le silence et ne pas passer pour une balance auprès du reste du gang, ou il pouvait parler maintenant et se protéger de ce qui lui arriverait à coup sûr s’il parlait. Il devait prendre sa décision et vite, les agents n’attendraient pas longtemps.

-“ D’accord, je vais tout vous dire” souffla Perria.
-“ On vous écoute.”
-“ Au début, quand j’ai monté ce centre, je voulais vraiment aider les jeunes, je le jure” tenta de se défendre l’homme. “ Mais les choses ont vite changé et j’ai pas eu d’autre choix.”
-“ Quel choix ?” Interrogea Cho.
-“ J’avais besoin d’argent pour le centre et il y avait cet homme qui proposait de m’aider. Je ne pouvais pas refuser, ou alors j’aurais dû fermer le centre.”
-“ Quel homme ?” Voulu savoir Rigsby.
-“ Il travail pour un puissant homme d‘affaire” répondit Perria. “ Il m’a proposé de me venir en aide, mais il avait besoin de la mienne en retour.”
-“ Que voulait-il ?”
-“ Il voulait acheter certains immeubles dans le quartier, mais personne ne voulait vendre. Alors il m’a demandé de faire de l’intimidation. Je voulais pas le faire, mais il a menacé de fermer le centre, alors j’ai dis oui.”
-“ Et le gang ?” Questionna Cho.
-“ En réalité ce n’est pas vraiment un gang” avoua Perria. “ Ces jeunes m’aident pour intimider les gens, mais parfois ils vont un peu trop loin. Je peux pas toujours les contrôler.”
-“ Et Mlle Benson, que vient-elle faire dans cette histoire ?” Demanda Rigsby.

C’était la partie qui intéressait le plus Lisbon. Elle voulait savoir pourquoi Benoît devait faire peur à cette femme. Elle sentit Jane se rapprocher d’elle et poser sa main dans le bas de son dos, comme il le faisait si souvent. Elle se laissa aller contre lui, après tout, il n’y avait personne avec eux pour les voir.

-“ Mlle Benson” reprit Perria. “ C’est une brave fille.”
-“ Alors pourquoi vouloir s’en prendre à elle ?” Insista l’asiatique.
-“ Je ne voulais pas l’impliquer la dedans, mais elle s’y est mise toute seule” répondit Perria. “ Quelqu’un lui a parlé et elle a commencé à s’intéresser au centre. Elle a commencé à poser des questions aux jeunes et elle a fini par comprendre qu’il se passait quelque chose. C’est pour ça qu’il fallait lui faire peur, pour qu’elle s’occupe de ses affaires.”
-“ Quel est le nom de cet homme d’affaire ?” Demanda Cho.
-“ C’est…” il hésita, mais devant le regard de l’agent, il fini par parler. “ C’est Mathieu Randolph.”

Teresa se tendit, elle connaissait cet homme. Jane la sentit et posa sur elle un regard interrogatif. Elle leva les siens vers lui.

-“ C’est mon propriétaire” avoua-t-elle.

Le mentaliste reporta son regard vers l’interrogatoire.

-“ Merci pour votre aide Mr Perria” dit Cho en se levant.
-“ Attendez” l’appela l’homme. “ Et pour moi ?”
-“ Vous serez transféré à la prison du comté, mais en attendant on va vous mettre en cellule.”

Puis les agents sortirent et un autre vint emmener Perria. Lisbon et Jane rejoignirent leurs collègues dans l’open space. Lorsque les deux hommes virent leur patronne, Rigsby afficha un sourire et Cho fit un léger signe de tête. Elle leur sourit en retour.

-“ Merci pour votre aide les gars” remercia Lisbon.
-“ C’est normal patron” répondit Rigsby.
-“ Tenez-moi au courant de ce que vous apprendrez” leur demanda-t-elle.
-“ Ce sera fait” affirma Cho.

Puis, elle et Jane quittèrent le CBI et rentrèrent chez la jeune femme. Ils avaient enfin un début de réponse. Le problème maintenant était qu’ils devaient faire attention et obtenir un maximum d’informations sur l’homme avant d’entreprendre quoi que ce soit. Il était influent, il était bien vu dans la société et ils ne pouvaient pas l’accuser comme ça. Lisbon se doutait que Jane allait encore mettre en place un de ces plans et pour une fois elle ne tenterait pas de l’en dissuader. Elle espérait juste qu’il ferait attention, elle ne voulait pas qui lui arrive quoi que ce soit. Cet homme était dangereux, il n’hésitait pas à s’en prendre à quiconque se mettait en travers de sa route, il n’aurait donc pas peur de s’en prendre à Jane.

Ils arrivèrent rapidement chez la jeune femme et elle alla dans la cuisine leur préparer quelque chose à boire. Ils s’installèrent sur le canapé, comme plus tôt dans la journée et gardèrent le silence un moment. Lisbon réfléchissait, elle voulait comprendre comment un homme comme Randolph, un homme à la réputation si grande pouvait faire ça. Elle avait déjà eut l’occasion de le rencontrer, il lui avait même proposé d’aller boire un verre avec lui, mais elle avait refusé. Elle eut alors une idée.

Elle se tourna vers Jane qui comprit qu’elle avait une idée en tête mais qu’il n’allait pas aimer. Il posa sa tasse sur la table de salon, reporta son attention sur elle et lui prit la main.

-“ Je ne pense pas que ce soit une bonne idée” dit-il.
-“ Tu ne sais même pas à quoi je pense” lui dit-elle.
-“ Mais je te connais. Je ne veux pas que tu prennes de risque.”

Cela arracha un sourire à Lisbon et Jane se demanda ce qui la faisait sourire ainsi. Il leva un sourcil interrogatif vers elle.

-“ Tu te rends compte que d’habitude c’est moi qui n’aime pas tes plans” expliqua-t-elle. “ Aujourd’hui c’est moi qui ai une idée et toi qui ne veux pas mettre mon plan en place. Nos rôles sont inversés.”
-“ C’est vrai” confirma-t-il en souriant lui aussi.

Ils se regardèrent un moment et décidèrent de laisser tomber le sujet pour la journée. Demain ils parleraient à Cho, mais pour le moment, Lisbon voulait manger. Elle se leva donc du canapé et alla préparer un petit quelque chose. Alors qu’elle faisait chauffer de l’eau, elle sentit Jane venir lui entourer la taille et la faire tourner dans ses bras. Il lui prit le visage de ses mains et des souvenirs affluèrent dans la mémoire de la jeune femme.

---------

Lisbon préparait à manger en attendant le retour de Jane. Depuis qu’il s’était installé chez elle, Lisbon avait apprit à aimer faire à manger pour deux. C’était une chose à laquelle elle n’était pas habituée, mais elle le pourrait. Elle entendit la porte de l’appartement s’ouvrir, mais ne se retourna pas. C’est alors qu’elle sentit Jane la tourner et elle se retrouva avec sa bouche plaquée sur la sienne. D’abord surprise, elle se laissa bien vite aller et répondit à ce baiser qu’elle attendait depuis si longtemps.

Jane fini par lâcher ses lèvres, mais garda son front contre le sien. Elle avait encore les yeux clos, elle avait du mal à reprendre son souffle. C’était la première fois qu’ils s’embrassaient et elle était impatiente de recommencer. Elle avait aimé sentir ses lèvres sur les siennes, la chaleur se répandre dans son corps. Elle ouvrit les yeux. Jane semblait heureux, à en juger le petit sourire sur son visage. Il avait encore les yeux clos.

-“ Jane” souffla Lisbon.
-“ Encore un moment” répondit-il sans ouvrir les yeux.

Elle attendit qu’il se sente prêt et, lorsqu’il ouvrit les yeux, elle y vit des étoiles. Il fini par lui lâcher le visage et s’éloigna dans la cuisine. Elle ne savait pas ce qu’il se passait, pourquoi il avait fait ça et elle finirait par le savoir. Elle laissa tomber ce qu’elle était en train de faire pour le rejoindre dans le salon. Il avait prit place sur le canapé et avait la tête dans ses mains. Elle eut mal au cœur de le voir ainsi et vint s’asseoir à côté de lui.

-“ Jane ?” L’appela-t-elle.
-“ Je suis désolé Lisbon” s’excusa-t-il.
-“ Non, je ne le suis pas moi” et il leva les yeux vers elle. “ Ça fait si longtemps que j’attendais ce moment.”
-“ Moi… moi aussi” avoua le blond. “ J’avais peur.”
-“ Dis-moi tout, pourquoi maintenant ?” Voulut-elle savoir.
-“ J’ai vu Lorelei aujourd’hui” avoua-t-il. “ Et j’ai réalisé que je perdais du temps pour rien. Tu m’as rendu meilleur Lisbon et je voulais te remercier.”

Lisbon lui sourit et lui attrapa la main qu’elle serra dans la sienne. Il la serra en retour, puis il se leva. Il garda la main de la jeune femme et ils retournèrent finir le repas.

--------

Jane sentit que Lisbon était perdue dans ses songes et il la ramena à la réalité en posant son front contre le sien. Elle releva les yeux vers lui et sourit.

-“ Je me souvenais de la première fois que tu m’as embrassé” avoua-t-elle.
-“ Moi aussi et je voudrais recommencer” sourit-il.

Alors elle se mit sur la pointe des pieds et lui donna ce qu’il voulait, autant qu’elle. Ils s’embrassèrent à en perdre haleine avant de se séparer. Ils se sourirent une dernière fois avant de se remettre au travail. L’estomac de la jeune femme n’attendrait pas plus longtemps.