Christmas Date ^

Elle s’allongea sur le lit et entraîna Jane avec elle. Elle le sentait hésitant, mais il finit par le faire. Et comme les deux nuits précédentes, elle posa sa tête sur son torse et Jane lui entoura la taille. Elle savait qu’elle allait à l’encontre de ce qu’elle avait dit, mais elle en avait besoin. Elle n’était pas encore prête à le laisser partir. Alors qu’elle commençait à s’endormir, elle le sentit se lever.

-“ Juste cette nuit” souffla-t-elle.
-“ Je croyais que…”
-“ On verra ça plus tard. Tu es fatigué toi aussi, alors dors.”

Il ne résista pas et se réinstalla dans le lit avec elle. Une nuit de plus, juste une et demain il rentrerait chez lui. Et puis, lui aussi en avait besoin, il n’était pas prêt à s’éloigner d’elle. Alors il ferma les yeux et s’endormit.




Au petit matin, Lisbon se réveilla avec une sensation de manque. Elle étendit la main sur le lit pour tomber sur du vide, ce qui la fit se redresser d’un bond. Jane n’était plus là et à en juger par le froid du drap, il devait être partit depuis longtemps. Elle se sentit déçue, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. C’était ce qu’elle voulait après tout, qu’ils prennent leur temps et n’aillent pas trop vite dans leur relation. Mais quand même, elle aurait aimé le trouver là à son réveil. Une autre fois.

Elle se recoucha sur le dos, se passa une main sur le visage pour chasser les dernières traces de sommeil et se décida à se lever. Elle passa par la salle de bain en premier, elle avait une envie pressante, vraiment pressante. Une fois soulagée, elle se planta devant le miroir, observant son reflet. Elle se demandait encore ce que Jane pouvait lui trouver, elle n’avait rien d’extra ordinaire pourtant. En tout cas, elle ne se trouvait pas aussi belle que les femmes qu’elle croisait dans la rue. Qu’importe, Jane la trouvait belle et c’est tout ce qui comptait pour elle.

Lisbon sortit de la salle de bain après avoir passé un pantalon et descendit à la cuisine. Elle avait besoin d’un café pour bien se réveiller et oublier que Jane était partit. Elle devait penser à autre chose, même si elle n’avait de cesse de revoir les quelques jours qu’elle avait passé avec lui. Elle avait aimé, bien plus qu’elle ne le pensait, ces quelques jours. Il avait été si charmant avec elle, si prévenant que cela n’avait que renforcé les sentiments qu’elle avait pour lui. Mais quelques temps loin de lui ne ferait pas de mal, ça lui permettrait de réfléchir à ce qu’elle voulait vraiment.

En arrivant en bas de l’escalier, une forte odeur de café la tira de ses pensées et cela l’intrigua. Quelqu’un se trouvait chez elle et elle remarqua à cet instant que du bruit provenait de la cuisine. Instinctivement, elle posa sa main sur sa hanche à la recherche de son arme et bien entendu elle ne rencontra que du vide. Alors, elle se colla contre le mur et avança doucement, tentant de voir qui se trouvait là. A sa plus grande surprise, elle vit qu’il s’agissait de Jane et qu’il était en train de préparer le petit déjeuner.

La jeune femme s’appuya contre le chambranle de la porte et le regarda faire. Il était adorable avec ce tablier qu’elle ne savait même pas où il l’avait trouvé. Un tablier rose avec des fleurs jaunes, certainement un oubli des précédents locataires, comme tout un tas de choses ici. Elle était tentée de le rejoindre, de passer ses bras autour de sa taille et de l’embrasser dans le dos. C’était si familier comme geste, mais elle avait très envie de le faire. Et comme s’il avait sut qu’elle était là, il se retourna avec un sourire sur les lèvres.

-“ Un café ?” Proposa-t-il en lui présentant une tasse.
-“ Avec plaisir” acquiesça-t-elle en la prenant.

Elle s’installa au comptoir pour boire tranquillement son café tout en observant Jane qui s’était de nouveau tourné. Elle resta un moment à le regarder, se demandant si elle pourrait le laisser partir. Mais surtout, elle se demanda pourquoi il était encore là. Lorsqu’elle s’était réveillée seule dans son lit, elle avait vraiment crut qu’il était partit, mais elle ne regrettait pas qu’il soit resté. Elle reposa sa tasse, ce qui attira l’attention de l’homme qui tourna la tête vers elle.

Jane la regarda, un sourcil levé. Il savait qu’elle voulait savoir quelque chose mais qu’elle n’osait pas poser de question. Il se doutait que ce matin en se réveillant, ne le trouvant pas dans le lit avec elle, elle avait pensé qu’il était partit. Et pour être honnête, il y avait pensé. Il voulait lui aussi réfléchir à leur nouvelle relation, mais pas comme elle. Pour lui, il n’y avait pas de doute, il tenait trop à elle pour attendre plus longtemps. Il savait qu’elle attendait de lui une bonne raison pour qu’ils s’installent et, en se réveillant ce matin dans ses bras, chez elle, lui avait fait réaliser qu’il ne pouvait pas attendre plus longtemps.

Il était prêt à lui dire ces mots, ceux qu’elle attendait mais qu’elle n’osait pas demander. Mais il ne le ferait pas aujourd’hui, il avait tout prévu pour ce jour qui allait changer leurs vies. Il voulait que tout soit parfait, qu’elle s’en souvienne pour le reste de sa vie. Alors il préférait attendre. Il savait que lorsque le moment viendrait, elle ne s’y attendrait pas du tout et il était impatient.

Jane fit le tour du comptoir et vint s’installer à côté de Lisbon qui leva la tête vers lui. Il lui offrit un radieux sourire, ce qui la fit fondre, comme à chaque fois qu’il souriait ainsi. C’était un sourire qu’il ne réservait qu’à elle et personne d’autre, elle le savait. Elle le sentit poser une main sur sa joue et elle ferma les yeux. C’était toujours la même chose lorsqu’il faisait ça, elle avait des papillons dans le ventre, une douce chaleur se rependait dans son corps et le rouge lui montait aux joues.

-“ Vas donc prendre ta douche pendant que je finis de ranger la cuisine” lui dit alors Jane avant de lui poser un baiser sur le front.
-“ Tu seras encore là quand je descendrais ?” Demanda-t-elle.
-“ Bien sûr, je ne partirais pas comme un voleur” la rassura-t-il.

Elle sourit à son tour, se leva, posa un baiser sur le bout de ses lèvres et quitta la cuisine. Elle voulait faire vite pour se préparer, elle voulait encore profiter de Jane avant qu’il ne parte. Ils s’étaient mis d’accord, ils passeraient les derniers jours avant de reprendre le travail seuls, histoire de bien réfléchir à tous les changements qui venaient de s’opérer entre eux. C’était à la fois une bonne et une mauvaise idée. Lisbon savait qu’elle ne devait pas s’habituer à ce que Jane soit là tout le temps, mais c’était déjà fait, pour son plus grand malheur.

Elle entra dans sa chambre, ferma la porte et retira ses vêtements à mesure qu’elle avançait vers la salle de bain. Jane pouvait entrer à tout moment, mais elle n’en avait que faire. Qu’il vienne s’il le voulait, ce n’était pas comme s’il ne l’avait jamais vu nue et ça ne la gênerait pas que ça arrive de nouveau. Bien au contraire, intérieurement elle espérait qu’il vienne la rejoindre pour la douche, comme ils avaient fait chez Veronica et Duncan. Mais ce serait aller trop vite, il valait donc mieux remettre ça à plus tard.

Elle entra dans la cabine de douche, alluma l’eau et la laissa couler le long de son corps. Elle revoyait parfaitement celle qu’elle avait prise avec Jane, ses mains sur son corps, son souffle contre son visage. Et ses mains à elle sur lui, la douceur de sa peau sous ses doigts. Elle était impatiente de pouvoir avancer dans leur relation, de pouvoir avoir le droit de le toucher quand elle le voulait. Elle voulait simplement une vraie relation avec lui, pas d’une relation où ils devaient se cacher, mentir sur leurs sentiments. Elle voulait la vivre au grand jour, comme tous les couples.

Mais Lisbon savait qu’il n’en serait ainsi que lorsque Jane l’aurait décidé, lorsqu’il serait prêt à aller de l’avant. Elle ne le forcerait pas, elle attendrait, mais pas trop longtemps quand même. Elle n’avait pas l’intention de l’abandonner, mais elle ne savait pas si elle pourrait continuer ainsi encore longtemps. Elle avait passé sa vie à penser à son travail, à sa carrière. Maintenant, elle voulait pensait à fonder une famille et elle le voulait avec lui.

Au bout de quelques minutes à rêver, la jeune femme se décida à sortir de la douche et à s’habiller. Elle n’allait tout de même pas y passer la journée, elle avait autre chose à faire. Elle s’habilla rapidement, une simple chemise et un jean, laissa ses cheveux humides lui retomber dans le dos et sortit de la chambre.




Jane avait finit de ranger la cuisine et, comme Lisbon était toujours à l’étage, il s’était installé sur le canapé et avait mit la télévision. Il n’y avait rien de bien intéressant à regarder, mais ça faisait passer le temps. Il aurait put fouiller dans les tiroirs, sur les étagères, trouver les petits secrets de Teresa Lisbon. Mais il n’en avait pas envie, plus maintenant. Il se rendait compte qu’en l’espace de quelques jours, il avait commencé à changer. Il n’était plus aussi gamin, il ne cherchait plus à rendre folle Lisbon. La seule chose qu’il voulait était de la voir sourire, la savoir heureuse.

Et il avait une excellente idée pour lui donner le sourire aujourd’hui, le cadeau qu’il avait voulut lui offrir pour Noël. Même si ce n’était plus le jour, le cadeau serait apprécié, il n’en doutait pas. Il sortit son téléphone, composa un numéro et attendit à peine deux sonneries avant que la personne décroche.

“ Eh Jane, pourquoi vous n’avez pas appelé plus tôt ?” Demanda l’homme.
“ Je suis désolé Tommy, mais nous avons eut un accident et nous avons été hébergé pendant quelques jours” répondit Jane. “ Mais rien de grave.”
“ Un accident ? Teresa va bien ?” S’inquiéta aussitôt le frère Lisbon.
“ Elle va très bien” le rassura le mentaliste. “ Voilà, si j’appelle c’est pour savoir si vos frères et vous êtes libres pour le nouvel an.”
“ Pour moi oui, je pense que James doit l’être aussi. Il faut que je demande à Daniel par contre parce que je n’en sais rien. Une autre surprise pour ma sœur ?”
“ Oui, elle ne sait rien pour la première surprise manquée. Nous travaillons le 31, mais nous avons le soir de libre, alors je me suis dis que ce serait bien si vous pouviez venir, histoire que vous passiez du temps ensemble.”
“ Super idée” approuva Tommy. “ Bon je contacte mes frères et je vous rappelle.”
“ Merci, mais envoyez plutôt un message écrit, je vais passer la journée avec Teresa et je ne voudrais pas qu’elle entende notre conversation.”
“ Oh, vous lui faites des cachotteries” sourit le jeune homme.
“ Au revoir Tommy” dit Jane en raccrochant.

Juste à ce moment là, il entendit l’eau de la douche s’arrêter et se redressa un peu en se doutant que bientôt Lisbon allait redescendre. Il savait qu’il serait temps de se dire au revoir pour les quelques jours avant de reprendre le travail et il trouvait ça bien dommage. C’était son idée à elle, mais la sienne était de passer la journée ensemble et il trouverait un moyen de lui faire dire oui.


Du bruit dans l’escalier lui fit relever les yeux pour voir arriver Lisbon, vêtue simplement, mais toujours aussi belle. Elle vint s’installer sur le canapé à côté de lui et il passa un bras autour de sa taille alors qu’elle posait sa tête sur son épaule. Non, il ne pouvait pas partir aujourd’hui, il ne pouvait pas mettre fin, même temporairement, à ces instants de pur bonheur.

Il se redressa, obligeant Lisbon à en faire autant et se tourna vers elle. La jeune femme le fixait, une étrange lueur dans les yeux et il comprit. Elle non plus ne voulait pas qu’il parte, elle non plus ne voulait pas mettre fin à ces instants ensemble. Il posa une main sur sa joue, la regarda droit dans les yeux et lui sourit. Sourire qu’elle lui rendit.

-“ J’ai pas envie de partir Teresa” murmura-t-il.
-“ Moi non plus” admit-elle. “ J’ai envie que tu restes avec moi.”
-“ Alors que penses-tu que je reste avec toi, juste ces quelques jours, et quand on reprendra le travail, je retournerais à mon motel.”

Lisbon sentit un pincement au cœur à l’idée qu’il reparte dans cet endroit sombre et impersonnel. Elle n’aimait pas le savoir là-bas, tout seul, triste. Elle préférait le savoir ici, avec elle, souriant et heureux. Mais tant qu’il ne serait pas certain de ses sentiments envers elle, tant qu’il ne serait pas prêt à vivre son bonheur au grand jour, il ne pourrait en être autrement.

-“ Je sais que tu doutes encore de mes sentiments Teresa” commença-t-il. “ Mais ils sont sincères. Ce n’est pas parce que je ne t’ai pas encore dit ces mots que je ne les pense pas. C’est juste que…”
-“ Tu n’es pas prêt” finit-elle pour lui, sans savoir à quel point elle avait tort. “ Je ne te force à rien, prends le temps qu’il te faudra” finit-elle en posant sa main sur celle de Jane, toujours sur sa joue.
-“ Ce ne sera plus très long” promit-il.

Cela sembla suffire à Lisbon car elle lui sourit et le prit dans ses bras. Il lui rendit son étreinte, déposant un baiser dans ses cheveux. Il aurait aimé que les jours passent plus vite pour pouvoir enfin lui dire qu’il l’aimait. Mais il devait attendre, le moment n’était pas encore là.

Il se recula d’elle, la gardant tout de même dans ses bras, mais juste assez pour pouvoir voir son visage. Elle souriait, il ne se passerait jamais de ce sourire qui réchauffait son cœur à chaque fois qu’il le voyait. Il était impatient de voir celui qu’elle aurait dans quelques jours.

-“ Et si nous sortions” proposa-t-il.
-“ Bonne idée, mais il faut encore que tu te prépares” lui fit-elle remarquer.
-“ Je vais prendre une douche.”

Il posa un baiser sur ses lèvres comme un peu plus tôt et monta à l’étage. Elle resta sur le canapé en attendant qu’il revienne. Elle s’imagina ce que sa vie pourrait être s’ils vivaient ensemble et cela la fit sourire. Il y aurait du bruit dans l’appartement avec leurs disputes, car ça il y en aurait. Ils passaient leur temps à se chamailler pour un oui ou pour un non, elle avait tendance à sortir de ses gonds dès que Jane faisait quelque chose sans l’en avertir avant. Mais secrètement, elle aimait leurs chamailleries.

Elle sortit de ses pensées lorsqu’elle le sentit arriver derrière elle et se pencher, faisant voler ses cheveux par son souffle. Elle frissonna et se retourna. Il était souriant, et elle était tentée de lui dire de rester pour toujours avec elle. Elle aimait tant le voir sourire qu’elle ferait tout pour qu’il ne quitte jamais son visage.

-“ On peut y aller” dit-il.

Elle se leva, prit sa veste et ensemble, ils sortirent de l’appartement. Ils n’avaient aucune destination précise, mais qu’importe. Tant qu’ils étaient ensemble, ça convenait parfaitement à Lisbon. Toutefois, elle savait qu’ils sortaient en tant qu’amis, qu’ils ne se prendraient pas la main, qu’ils ne s’embrasseraient pas. Elle ferait avec, peut-être que ça aiderait Jane à comprendre qu’il ne devait pas se priver du bonheur, qu’il ne devait pas avoir peur de tout.



Le couple avait fait une balade en ville, profitant du fait de ne pas travailler. Lisbon n’avait pas l’habitude de simplement se balader en ville, en général quand elle allait en ville c’était à cause d’une affaire, pour le travail. Heureusement pour elle, Jane était là pour lui rappeler ce qu’était la détente. Il l’avait emmené visiter ce qu’il restait du marché de Noël, certains forains n’étaient pas encore partis. Elle en avait bien profité et avait même partagé avec lui des souvenirs d’enfance, de l’époque où sa mère, son père, ses frères et elle allaient ensemble au marché de Noël.

Jane l’avait écouté, essayant d’imaginer à quoi pouvait ressembler une petite Teresa, courant un peu partout, voulant voir un maximum de choses. C’était un peu difficile lorsqu’on savait à quel point elle était sérieuse maintenant. Mais il y parvenait, il avait beaucoup d’imagination. Il partagea lui aussi quelques souvenirs de l’époque où il était un enfant, allant de ville en ville avec le cirque. Il n’avait jamais vraiment eut l’occasion de célébrer Noël comme les autres enfants, mais il avait beaucoup observé les autres.

Ils parlèrent longtemps tout en se promenant, et ils finirent par arriver près d’un salon de thé. Jane jeta un rapide coup d’œil vers la boutique et cela n’échappa pas à Lisbon qui sourit. Elle l’attrapa par la main pour l’entraîner vers le salon de thé, mais se rendit compte de ce qu’elle venait de faire et lui lâcha la main. Mais contre toute attente, Jane la reprit, s’attirant un regard curieux de la part de la jeune femme. Il lui sourit, la rassurant et ils allèrent s’installer.

Lisbon était un peu mal à l’aise, elle ne savait pas si elle devait être heureuse ou non de ce simple geste. Avait-il fait ça par réelle envie, ou simplement pour lui faire plaisir. Cela se reproduirait-il ou non. Tant de questions lui tournaient dans la tête et elle n’avait pas de réponses. Jane dut sentir qu’elle n’allait pas bien car il posa sa main sur la table, paume en avant, attendant qu’elle y pose la sienne. Ce qu’elle fit, non sans hésitation. Une fois que sa main fut dans la sienne, il referma ses doigts, l’emprisonnant. Il espérait qu’avec ça elle comprendrait, que sa peur n’était plus ce qui le guidait dans la vie.

Le serveur arriva, les coupant dans leur petit tête à tête et Lisbon retira instinctivement sa main de celle de Jane. Il fut un peu blessé, mais il ne dit rien. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise, il fallait y aller doucement.

-“ Avez-vous fait votre choix ?” Demanda le jeune homme.
-“ Et bien, ce sera un café pour madame et un thé Earl Grey pour moi” lui répondit Jane. “ Ainsi qu’un muffin à la myrtille et un autre au chocolat.”
-“ Bien monsieur.”

Le serveur s’éloigna et Jane reporta son regard sur Lisbon qui le fixait.

-“ Quoi ?” Demanda-t-il innocemment.
-“ Un muffin au chocolat ? Tu veux que je prenne du poids ou quoi ?”
-“ Disons qu’un peu plus de hanche ne me gênerait pas” sourit-il.

Lisbon fit mine de lui envoyer sa serviette et lui s’écarta plus par réflexe ce qui déclencha un fou rire des deux protagonistes. La tension venait de disparaître, ne laissant que la bonne humeur. Le serveur revint rapidement, déposant devant eux leurs boissons et muffins..

Jane attrapa le sien, le leva devant lui et incita Lisbon à en faire autant. Elle le regarda curieusement, puis levant les yeux au ciel, elle en fit autant. Ils trinquèrent avec leurs pâtisseries, s’attirant des regards curieux de la part des autres clients, mais ils n’y firent pas attention. Ils étaient bien avec leur différence, c’est-ce qui les rendaient si spéciaux.

Ils continuèrent de discuter tout en consommant leurs collations et, lorsqu’ils eurent finit, Jane insista pour payer et ils partirent ensuite. Le mentaliste eut l’idée d’une petite balade sur la plage, mais pour ça il fallait retrouver la voiture. Lisbon suivit sans un mot, encore un peu sous le choc du changement de comportement de son ami. Elle aimait beaucoup la façon dont il agissait, lui montrant son affection pour elle, lui montrant qu’il avait moins peur, mais gardant toujours un peu de distance afin de ne pas se mettre mutuellement mal à l’aise.

Lisbon lui en était reconnaissante, elle ne se sentait pas toujours à l’aise avec les démonstrations d’affection en public. Elle n’était pas contre qu’il lui prenne la main, qu’il la tienne par la taille ou qu’il l’embrasse. Elle préférait juste quand ça se passait chez elle, juste entre eux. Mais le fait qu’il ait osé le faire à la vue de tous le monde était une preuve pour elle que les sentiments qu’il avait étaient plus forts que sa peur de John LeRouge.

Rien que le fait de passer la journée en ville avec lui ainsi lui donnait envie d’accéder à sa demande de s’installer ensemble. Elle voyait à quel point dire ces mots était difficile pour lui, elle savait qu’il lui faudrait plus que quelques jours pour le faire. Et elle était prête à attendre, il avait déjà fait beaucoup plus que ce à quoi elle s’attendait.

Ils montèrent en voiture et Jane proposa même à Lisbon de prendre le volant, mais elle s’était habituée à ce que ce soit lui qui le fasse. Elle le faisait bien assez souvent au travail, mais ici ce n’était pas le travail. Alors elle s’installa du côté passager, laissant le soin à son ami de les conduire là où il voulait.




Le ciel était clair, les étoiles brillaient et une douce brise faisait voler les cheveux de Lisbon autour de son visage. Elle tenait la main de Jane qui était posée sur son épaule et son autre bras était enroulé autour de la taille de l’homme. Elle avait posé sa tête sur son épaule et par moment, il y posait un baiser. Elle se sentait si bien ainsi et le fait que la plage soit déserte la mettait encore plus à l’aise, tout comme Jane. Elle pouvait le toucher sans retenue, l’embrasser si elle le désirait.

Le problème, c’est que ça ne durerait pas, elle le savait. Pour le moment, personne ne pouvait les voir, Jane agissait donc plus ouvertement. Mais que ce passerait-il si jamais quelqu’un arrivait et les voyait ? S’écarterait-il d’elle ? Aucun moyen de le savoir pour le moment, mais elle avait besoin de le savoir.

Jane la serra un peu plus fort contre lui, déposant un autre baiser dans ses cheveux. Il savait ce qui lui faisait peur, il savait qu’elle avait encore des doutes quand à ses sentiments pour elle. Mais qu’importe qu’il lui prenne la main ou qu’il la serra dans ses bras, elle douterait toujours. Il n’y avait qu’un moyen pour elle d’oublier ses doutes, mais il ne voulait pas le faire maintenant. Il devait encore attendre un peu, malgré sa forte envie de le faire maintenant, à cet instant.
Il n’aimait pas la sentir tendue dans ses bras, sentir ses craintes. Il aimait quand elle se laissait totalement aller, profitant juste de l’instant avec lui. Comme chez Veronica, lorsqu’ils avaient chahuté dans la neige comme des enfants. Si seulement elle pouvait lui faire un peu confiance, juste un petit peu. Mais c’était Lisbon, et il l’aimait comme elle était, malgré ses doutes..

Jane décida qu’ils pouvaient profiter du coucher de soleil, il arrêta donc de marcher et incita Lisbon à faire de même. Ils s’installèrent dans le sable, Lisbon s’asseyant entre les jambes de Jane et ce dernier referma ses bras sur elle. Il fut envahit d’un sentiment nouveau, un bien être qui se répandit dans tout son corps. Il ressentit à cet instant bien plus d’amour pour elle qu’il n’en avait ressentit avant. Et toutes ses bonnes résolutions s’envolèrent.

-“ Je t’aime” lui souffla-t-il à l’oreille avant de poser son menton sur sa tête.

Lisbon se redressa soudainement, puis se retourna pour le fixer dans les yeux. Elle s’était attendue à tout, sauf à ça. Elle n’avait plus aucune raison de douter de lui, elle avait entendu les mots qu’elle rêvait d’entendre depuis si longtemps. Elle se retourna complètement, se mettant à genoux devant lui, posa sa main sur sa joue et se rapprocha de lui. Elle s’arrêta à quelques millimètres de ses lèvres, plongea son regard dans le siens.

-“ Je t’aime aussi” puis elle l’embrassa.

Les mains de Jane se posèrent sur les joues de Lisbon, la rapprochant encore plus de lui et ils basculèrent en arrière. La brunette se retrouva allongée sur son consultant, mais elle ne bougea pas. C’était bien plus intime que la première fois dans la neige et tellement plus confortable. Ils restèrent ainsi encore quelques minutes à s’embrasser avant de finalement se séparer. Mais Lisbon resta sur Jane, trop bien installée pour seulement y penser.

L’homme ne sembla pas s’en plaindre, bien au contraire. Il sourit quand elle posa sa tête sur son torse en fermant les yeux. Il était heureux de lui avoir dit, mais il regrettait un peu. Il aurait voulut faire ça bien, pas sur une plage devant un coucher de soleil, bien que la scène soit romantique. Lisbon redressa la tête, elle avait sentit que quelque chose n’allait pas.

-“ Tu regrettes ?” S’enquit-elle difficilement.

Jane la regarda, surprit de sa question.

-“ Non je ne regrette pas, enfin pas totalement.”

Cela ne rassura pas du tout Lisbon qui finit par se lever et s’éloigner sur la plage, s’entourant de ses bras. Mince, il n’avait pas utilisé les bons mots. Il se leva d’un bond et la rejoignit, mais quand il voulut lui prendre le bras, elle le repoussa.

-“ Teresa, tu as mal compris ce que je voulais dire” tenta-t-il.
-“ Je ne vois pas ce que ça peut vouloir dire d’autre” lança-t-elle sèchement.
-“ Ce que je voulais dire c’est que je voulais te le dire un autre soir” expliqua-t-il. “ J’avais tout prévu, mais je n’ai pas pus attendre.”
Cela la fit se retourner pour le voir la tête basse, les mains dans les poches. Il était mal à l’aise, il l’était toujours lorsqu’il s’agissait de sentiments, tout comme elle.

-“ Qu’avais-tu prévu ?” Voulut-elle savoir.
-“ Je… je voulais le faire le soir du nouvel an, je voulais t’offrir une agréable soirée, et te le dire au moment du décompte.”

Un grand sourire illumina le visage de la jeune femme qui s’approcha doucement de lui et l’obligea à lever les yeux vers elle. Lorsqu’il le fit, le sourire de Teresa le contamina et il lui rendit.

-“ Je trouve que c’est parfait comme ça” le rassura-t-elle. “ Et puis, rien ne t’empêche de m’offrir une agréable soirée et me le redire.”
-“ Tout ce que tu voudras” souffla-t-il en se penchant vers elle.
-“ Mais tu ne pourras pas m’embrasser” murmura-t-elle en se rapprochant aussi.
-“ Pourquoi ?”
-“ On sera au bureau” lui rappela-t-elle en posant sa main sur sa joue.
-“ Je fermerais les rideaux” plaida-t-il sa cause.
-“ Alors je te laisserais faire” finit-elle en posant enfin ses lèvres sur les siennes.

Ils s’embrassèrent avec passion, ne se séparant que par besoin d’air. Ils restèrent front contre front, les yeux dans les yeux. Finalement, comme Lisbon venait de le dire, c’était parfait. Il n’avait pas fait les choses comme il les avait prévues, mais c’était tout aussi bien. D’avoir enfin put avouer ses sentiments ne le plongea pas dans la culpabilité comme il l’avait pensé durant toutes ces années. Le fait d’être heureux, d’avoir dans ses bras Teresa Lisbon était plus qu’il ne pensait avoir le droit.

Pendant plus de dix ans, il s’était refusé ce droit, se jugeant responsable de la mort de sa famille. Il pensait qu’il devait se punir et pour ce faire, il ne devait plus jamais aimer personne et se faire aimer. Mais la vie en avait décidé autrement, une femme était apparue un jour, elle avait voulut lui venir en aide. Petit à petit, il avait reprit goût à la vie, il avait réapprit à tenir aux gens autour de lui. Mais plus encore, il avait réapprit à aimer. Cette femme dans ses bras lui avait réapprit à vivre et à aimer.

Maintenant, il ne voulait plus jamais perdre ce qu’il venait de retrouver. Il savait qu’il prenait des risques, que John LeRouge apprendrait bien vite qu’il refaisait sa vie. Mais il ne pouvait pas refuser ça à Lisbon, elle aussi avait le droit au bonheur. Sa vie n’avait pas été parfaite, elle avait aussi bien trop souffert. Aujourd’hui, ils réapprenaient à aimer ensemble.

Il lui prit la main et l’entraîna avec lui jusqu’à la voiture. Il se faisait tard, Lisbon était fatiguée et lui aussi. Ils n’avaient plus que deux jours avant de reprendre le travail et il ne voulait pas être responsable de sa fatigue le jour venu. Il valait mieux qu’elle se repose et lui aussi. Bien que la journée ait été agréable, il se sentait un peu fatigué et il était impatient de se retrouver au lit avec elle dans ses bras.

Ils arrivèrent chez la jeune femme qui sortit la première de la voiture. Jane la suivit, heureux de ce changement de situation. Finalement, ça n’avait pas été difficile de la faire changer d’avis, elle le voulait autant que lui. Et peut-être qu’après ces deux jours, elle changerait d’avis sur le reste. Il la laisserait aller à son rythme, et ça semblait plutôt bien fonctionner pour le moment.

Le couple monta se coucher et lorsque Jane se glissa dans le lit, il sentit Lisbon venir se coller instinctivement à lui. Il sourit en passant un bras autour de sa taille et elle en fit de même. Il ne parvint pas à trouver le sommeil immédiatement, préférant observer la femme dans ses bras. Elle s’était endormie tout suite, la fatigue des quelques jours qu’ils avaient passé ensemble. Mais ça ne le dérangeait pas, il aimait la regarder dormir. Elle avait toujours un sourire sur le visage lorsqu’elle était endormie, du moins il le pensait. Il avait passé peu de nuit avec elle, il ne savait donc pas pour les autres. Mais à chaque fois qu’elle était dans ses bras, ses lèvres s’étiraient dans un ravissant sourire, faisant ressortir ses fossettes. Il aimait passer sa main dans ses cheveux, ils étaient doux et soyeux. Il l’aimait avec les cheveux longs et bouclés. Il finit tout de même par fermer les yeux et s’endormir.



Jane se réveilla avec un mauvais pressentiment. Il se redressa dans son lit, chassa la sueur de son front et se leva. Il s’habilla rapidement, prit ses clés et sortit de la chambre. Il monta dans sa voiture et roula aussi vite que possible chez Lisbon. Quelque chose lui disait qu’elle avait besoin de lui, qu’elle était en danger. Il ne savait pas pourquoi, mais il le sentait. Il grilla plusieurs feux rouges, mais ça n’avait pas d’importance. Plus vite il serait arrivé, plus vite il serait rassuré.

Il se gara en travers derrière la voiture de Lisbon et sortit rapidement. Il frappa à la porte, pas de réponse. Il frappa de nouveau, mais toujours pas de réponse. Il sentit la peur monter en lui à la troisième fois sans réponse. N’y tenant plus, il ouvrit la porte pour se retrouver dans la pénombre de l’appartement. Il fit le tour de la pièce des yeux, mais rien ne sembla anormal.

Il se dirigea vers l’escalier et monta, deux marches à la fois. Il arriva rapidement à l’étage et s’arrêta devant la porte de la chambre. Il sentit son cœur battre de plus en plus vite et d’horribles souvenirs affluèrent. Il ferma les yeux, prit une profonde inspiration et ouvrit la porte. La première chose qu’il vit fut le smiley sur le mur au dessus du lit. Il sentit son sang se glacer dans les veines et ses yeux descendirent sur le lit où une masse de cheveux et de sang apparut.

Il courut vers le lit et tomba à genoux à côté de la jeune femme. Il passa une main tremblante dans ses cheveux couverts de sang et les larmes coulèrent sur ses joues. Il l’avait fait, il avait causé la mort de celle qu’il aimait. Il se pencha vers elle et posa un dernier baiser sur ses lèvres avant de pleurer à chaudes larmes.

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Jane sursauta dans le lit. Il était couvert de sueur, sa respiration était irrégulière et il avait encore des larmes sur les joues. Un cauchemar, ce n’était qu’un cauchemar. Il baissa les yeux pour voir Lisbon, toujours dans ses bras. Elle allait bien, elle était en vie. Il posa tout de même deux doigts dans son cou pour vérifier qu’elle respirait encore et souffla de soulagement.

-“ Patrick ?” Entendit-il Lisbon l’appeler.
-“ Rendors-toi, tout va bien” La rassura-t-il.
-“ Non attends, tu as fait un cauchemar c’est ça ?” Devina-t-elle.
-“ Oui” avoua Jane d’une petite voix.
-“ Tu… tu veux en parler ?”
-“ Je ne voudrais pas t’embêter.”
-“ Tu ne m’embêtes pas.”
-“ Je crois que… non, je préfère oublier.”
-“ Comme tu veux, mais sache que je suis là si tu as besoin d’en parler, quand tu seras prêt à le faire.”
-“ Merci.”

Il ferma les yeux pour tenter de retrouver le sommeil, mais le cauchemar était encore bien trop vivant dans son esprit. Lisbon le sentit trembler contre lui, alors elle se redressa et posa une main sur sa joue.

-“ J’ai cru… j’ai rêvé qu’il t’avait tué” murmura-t-il faiblement.
-“ Mais je suis là et je vais bien” le rassura-t-elle.
-“ Je sais.”
-“ Il ne m’arrivera rien Patrick” tenta-t-elle de nouveau. “ Mais si ça peut te rassurer, tu n’as qu’à rester ici, avec moi.”
-“ Tu… tu le veux vraiment ?”

Il croyait avoir rêvé, elle venait juste de lui demander de rester. Mais il ne savait pas s’il pouvait le faire, il ne savait pas s’il en avait le droit. Il le voulait, oh ça il le voulait, mais pas pour de mauvaises raisons. Il ne voulait pas rester parce qu’elle avait pitié de lui, il préférait qu’elle le veuille vraiment.

-“ Je le veux vraiment Patrick” lui assura-t-elle.
-“ C’est vrai ?”
-“ Oui c’est vrai. Maintenant dors.”

Il ne trouverait pas facilement le sommeil, il le savait, tout comme elle. Il ne voulait pas qu’elle manque de sommeil, mais elle ne semblait pas disposer à dormir tant qu’il ne le ferait pas lui-même. Il sentit la main de Lisbon passer dans ses cheveux et grâce à elle, il finit par s’endormir.




Le jour se leva sur le couple paisiblement endormit l’un contre l’autre. Jane avait sa tête sur le cœur de Lisbon et cette dernière avait une main dans ses cheveux. Le mentaliste n’avait pas refait de cauchemar, il avait dormit toute la nuit et il s’éveilla lentement. Il sourit en voyant que Lisbon dormait encore et, lorsqu’il voulut se lever, elle resserra son emprise sur lui, l’obligeant à rester. Il renonça donc à bouger, mais en profita pour passer sa main sur son corps. Il commença par son cou, puis il passa à côté de sa poitrine sans la toucher et il finit sur son ventre.

La jeune femme bougea dans son sommeil, frissonna lorsqu’elle sentit la main de Jane sur elle, ce qui la réveilla. Elle ouvrit un œil pour le voir fixer sa main qu’il venait de poser sur la sienne et le referma lorsqu’il leva la tête vers elle. Il délaissa sa main pour passer ses doigts sur les lèvres de Lisbon qui finit par ouvrir les yeux.

-“ Salut toi” souffla-t-il en se redressant pour l’embrasser.
-“ Salut, tu as bien dormi ?” Lui demanda-t-elle.
-“ Très bien, grâce à toi” sourit-il.

Ils restèrent un moment à se fixer avant que Lisbon ne se redresse, obligeant Jane à en faire autant. Elle alla à la salle de bain et ferma la porte derrière elle. Il ne lui avait pas répondu lorsqu’elle lui avait demandé de s’installer avec elle et cela l’étonnait un peu. Il avait été le premier à aborder le sujet et maintenant qu’elle le voulait, il ne semblait plus le vouloir. Elle ne savait plus quoi penser avec lui, mais elle lui en parlerait plus tard.

Lorsqu’elle revint dans la chambre, il se trouvait toujours dans le lit et il souleva la couverture pour qu’elle vienne s’y glisser avec lui, ce qu’elle fit sans hésitation. Il l’entoura de ses bras et Lisbon ne retint pas son sourire. Lui qui avant n’aimait pas être touché était bien câlin. Mais elle n’allait pas s’en plaindre, elle aussi s’était découvert une passion pour les câlins de Jane. Elle releva les yeux vers lui et il comprit ce qu’elle voulait savoir.

-“ Je ne veux pas que tu veuilles de moi par pitié” lui dit-il.
-“ Ce n’est pas de la pitié Patrick” se défendit-elle. “ Je le veux vraiment.”
-“ Et mon cauchemar de la nuit dernière n’a rien à voir avec ta décision ?”
-“ A vrai dire un peu, mais j’y ai repensé bien souvent depuis que tu me l’as demandé. Je t’ai dis non au début, mais je le voulais déjà. Et finalement, pourquoi attendre.”
-“ Tu ne le regretteras pas plus tard ?”
-“ Il ne tient qu’a toi de ne pas me le faire regretter.”

Pour lui répondre, il se pencha vers elle et l’embrassa tendrement. De ça non plus elle ne pourrait plus se passer. Quelques jours plus tôt, elle n’aurait pas imaginé qu’elle finirait la semaine dans son lit, avec Jane l’embrassant. Tout ça était si nouveau et pourtant si bon. Elle ne voulait plus qu’il parte, elle voulait qu’il reste avec elle et qu’il garde son sourire pour toujours. Il était tellement plus beau lorsqu’il souriait.

-“ Tu veux faire quoi aujourd’hui ?” S’enquit-il.
-“ Ce que tu voudras” répondit-elle.
-“ Vraiment!”

Il la fit basculer dans le lit et elle se retrouva sous lui. Il lui embrassa le front, les paupières, le bout du nez mais évita sciemment les lèvres. Il descendit dans son cou, derrière son oreille puis redescendit vers sa poitrine. Il posa un baiser à l’endroit de son cœur puis lui attrapa la main pour l’embrasser aussi.

Lisbon sourit, mais le laissa faire. Elle sentit de nouveau la chaleur monter en elle et s’il continuait ainsi, elle finirait par lui sauter dessus. Il était trop tôt pour ça, même si elle en mourrait d’envie. Ils devaient avant tout apprendre à vraiment se connaître, trois jours ensemble n’étaient pas suffisant. Elle redoutait un peu leur cohabitation, mais elle ne changerait pas d’avis. Maintenant qu’elle l’avait, elle le garderait. Elle le repoussa lorsqu’il reprit ses baisers qui se faisaient bien plus insistants.

-“ Allons prendre le petit déjeuner” proposa-t-elle.

Il acquiesça et ils quittèrent le lit pour se rendre à la cuisine. Ils préparèrent de quoi manger ensemble, s’adaptant à l’autre rapidement. Oui, tout irait bien, même si les disputes ne seraient jamais bien loin. Jane savait qu’il venait d’entamer une nouvelle vie avec Lisbon et qu’il ne le regretterait jamais. Et lorsqu’elle se tourna vers lui avec une tasse de thé, il se fit la promesse de la rendre heureuse pour le reste de sa vie.

Jane entendit du bruit venant du salon et, lorsqu’il tourna les yeux, il vit qu’il s’agissait de son téléphone. Il prétexta aller à la salle de bain et passa par le salon, prit discrètement son cellulaire et monta l’escalier. Une fois dans la chambre, il lut le message.


Il sourit. Ils allaient venir et Lisbon ne se doutait absolument de rien. Et s’ils arrivaient le lendemain, ça leur laisserait une journée ensemble avant que Teresa ne reprenne le travail. Finalement, même s’il avait dut attendre pour lui offrir son cadeau, elle l’aurait. Elle serait réunit avec sa famille avant le nouvel an et il était heureux que ce soit grâce à lui. Il rangea son téléphone dans la poche de sa veste et redescendit avant que Lisbon ne monte voir ce qui lui prenait si longtemps.

Il la rejoignit dans la cuisine et ils mangèrent le petit déjeuner, comme la veille. Le mentaliste l’occupa ensuite toute la journée sans qu’elle ne se doute de ce qu’il préparait.




Jane s’était levé en premier, voulant préparer la maison pour l’arrivée de la tribu Lisbon. Il ne savait pas vraiment combien de personnes seraient là, il savait juste qu’il y aurait les trois frères Lisbon ainsi que la jeune Annie. Il était impatient de revoir l’adolescente, il s’entendait bien avec elle et elle ressemblait tellement à sa tante. Par contre, il se posait le problème du logement. Il n’y avait qu’une seule chambre d’ami et il doutait que tout le monde puisse tenir dans cette pièce. Il faudrait qu’il trouve une solution, mais ils en parleraient une fois que tout le monde serait là.

Il lança le café, sachant parfaitement que c’était la première chose que Lisbon voulait le matin. Il eut à peine le temps de le verser dans la tasse qu’elle arriva, encore un peu endormie. Il la lui tendit et elle la prit avec un sourire de remerciement. Il se fit son thé et ils burent leur boisson en silence. Mais alors qu’il allait lui parler de la visite de sa famille, il entendit un coup à la porte.

-“ Qui ça peut être ?” Demanda Lisbon en se levant pour aller ouvrir.
-“ C’est…”

Mais elle ouvrit avant qu’il ne puisse lui dire et elle tomba nez à nez avec Tommy qui lui souriait de toutes ses dents.

-“ Tommy, mais qu’est-ce que…..” Commença-t-elle avant de voir les autres derrière lui. “ James, Daniel ?”
-“ Et moi” se fit connaître Annie en secouant les mains au dessus des épaules de son oncle Daniel. “ Je suis là aussi moi.”
-“ Tu nous laisses entrer ?” Demanda James.
-“ Euh… oui” et elle s’écarta pour les laisser passer.

Toute la tribu entra dans l’appartement et Jane les rejoignit dans le salon. Il croisa le regard de Lisbon qui ne comprenait toujours pas ce que sa famille faisait là, mais pour toute réponse il lui donna un grand sourire. Et elle comprit, c’était lui qui leur avait demandé de venir. Elle allait se diriger vers lui pour le remercier quand Annie lui attrapa le bras. Elle se tourna vers sa nièce qui lui lançait un drôle de regard.

-“ Alors tante Reese, tu es avec Jane ?” Demanda l’adolescente.
-“ Je…” Elle lança un regard à Jane qui acquiesça. “ Oui nous sommes ensemble.”
-“ Génial !” s’exclama-t-elle attirant ainsi l’attention des autres.
-“ Alors ça y est sœurette, tu as enfin franchis le pas” sourit Tommy.
-“ De quoi parlez-vous ?” Voulut savoir James, et Daniel s’approcha à son tour.
-“ Notre sœur est amoureuse les gars” leur répondit Tommy.

Les deux hommes sourirent et s’approchèrent de leur sœur pour la prendre dans leurs bras. Elle les serra contre elle, un peu mal à l’aise. Ça faisait si longtemps qu’elle ne les avait pas vu qu’elle n’était plus habituée aux étreintes de ses frères. Ils la relâchèrent pour se diriger vers Jane qui s’approcha d’eux en tendant une main.

-“ Je suis Patrick Jane” se présenta-t-il.
-“ James Lisbon, et c’est mon frère Daniel” répondit James. “ Et c’est vous le fameux consultant casse pieds.”
-“ Je crois que oui.”
-“ Oh que oui” renchérit Teresa.
-“ Et tu as enfin osé lui avouer tes sentiments Reese” sourit Daniel.
-“ Vous le saviez ?” S’étonna Jane.
-“ On ne se voit pas souvent, mais à chaque fois qu’on à la chance de se réunir, elle ne cesse de se plaindre de vous” expliqua James. “ On a finit par comprendre.”

Lisbon ne savait plus où se mettre. Entendre ses frères et Jane parler de ses sentiments pour lui était assez spécial, mais elle devrait s’y faire. Elle se rendit dans la cuisine préparer des boissons pour tout le monde et laissa son regard aller sur chaque personne présente. Toute sa famille était là, pour la première fois depuis des années, ils étaient tous réunis et elle était heureuse. Elle ne se rappelait pas la dernière fois où elle avait été si heureuse, ça remontait à si loin.

Jane parlait avec James, ils semblaient bien s’entendre. Tommy était assit sur le canapé, expliquant certaines choses à Daniel et Annie avait disparu quelque part dans l’appartement, mais Teresa ne s’en inquiéta pas. La jeune fille était d’une nature curieuse, mais cela ne la gênait pas. Elle reviendrait quand elle aurait vu tout ce qu’elle voulait et elle n’était pas curieuse au point de fouiller où il ne fallait pas.

La jeune femme versa du café dans les tasses, les posa sur un plateau et les porta à ses frères. Chacun en prit une et ils s’installèrent tous au salon. Annie arriva au bout d’un moment et prit place sur le sol devant sa tante.

-“ Alors, que veux-tu faire aujourd’hui ?” Demanda Tommy à sa sœur.
-“ Je ne sais pas, et vous ? Ça fait si longtemps que vous n’êtes pas venu à Sacramento.”
-“ Et bien, on pourrait commencer par trouver un endroit où loger pour les prochains jours, je ne pense pas qu’il y ait assez de place chez toi pour nous tous et puis… je pense que tu aimerais garder ton intimité avec un certain consultant.”

Lisbon rougit et ses frères éclatèrent de rire.

-“ Okay, je connais l’endroit parfait” répondit Jane.
-“ Chouette, on vous fait confiance” affirma Daniel.

Pour la plus grande joie de Lisbon, ses frères et Jane semblaient très bien s’entendre. Elle avait craint au début qu’il y ait des tensions entre eux, après tout, ses frères avaient toujours étaient un peu trop protecteurs envers elle et avaient tendance à faire peur à tout ceux qui s’approchaient d’elle. Mais rien ne s’était passé pour le moment et elle était persuadée que tout irait bien. Jane s’était bien intégré à la tribu Lisbon.

Finalement, ils ne s’étaient pas vus pour Noël, mais ce n’était pas plus mal. Ils allaient pouvoir passer le nouvel an ensemble et c’était peut-être mieux. Elle allait commencer la nouvelle année bien mieux qu’elle ne l’ait imaginé, elle avait toute sa famille avec elle, ainsi que Jane. L’avenir s’annonçait meilleur qu’elle ne l’espérait. Lorsque tout le monde se leva, elle en fit de même et suivit le mouvement. Elle retint Jane par la main alors qu’il allait quitter l’appartement.

-“ Merci Patrick” murmura-t-elle en l’embrassant sur la joue.
-“ De quoi ?” Demanda-t-il innocemment.
-“ D’avoir réuni ma famille” expliqua-t-elle.“ Ça me fait plaisir. J’ai toute ma famille avec moi, mes frères, ma nièce et toi. Que pourrais-je vouloir de plus” sourit-elle.

Ils rejoignirent les autres dehors. Jane regarda les frères Lisbon avec leur sœur et sourit. Il était heureux de la voir si souriante, et c’était grâce à lui. Oui, les choses ne pouvaient pas être meilleures pour cette fin d’année. Il était heureux d’avoir mit ses peurs de côté, heureux d’avoir enfin accepté de vivre sa vie sans craindre les conséquences. Et si John LeRouge tentait quoi que ce soit, il ne serait pas seul contre lui. Lisbon serait là, l’équipe aussi. Pour la nouvelle année, il allait commencer une nouvelle vie.

Veronica faisait les cent pas dans le salon, montrant de plus en plus d’impatience. Duncan ne cessait de lui dire de s’asseoir, qu’elle finirait par creuser une tranchée dans la pièce, mais il n’y avait rien à faire. Elle avait installé le sapin sous lequel se trouvaient déjà tout un tas de paquets cadeaux. Elle savait qu’ils plairaient, elle n’en doutait pas une seconde. Encore fallait-il que ses invités arrivent. Et c’est bien là que le doute commençait.

La nuit était tombée depuis presqu’une heure et ils n’étaient toujours pas arrivés. Elle se faisait beaucoup de soucis, même si elle savait que c’était inutile. Duncan avait vérifié la météo et il n’était pas prévu qu’il neige. Donc pas de problèmes de ce côté la. Il devait certainement y avoir du monde sur la route, ce qui expliquerait leur retard. Mais pour Veronica, il devait s’agir d’autre chose. Elle se faisait toujours trop de soucis pour rien, tout le monde le lui disait.

-“ Veronica assieds-toi” lui dit une fois de plus Duncan.
-“ Mais, et s’ils avaient eut un accident ?”
-“ Ils ont un peu de retard, ils vont arriver. Alors assieds-toi.”

Au moment où la femme allait enfin obéir à son mari, les lumières des phares d’une voiture apparurent au bout de l’allée et la vieille femme se précipita vers la porte. Duncan leva les yeux au ciel, mais ne put retenir le sourire qui étira ses lèvres. Chaque année c’était la même chose et il savait que ça ne changerait pas.

Une femme apparu à la porte, enveloppée dans une grosse veste, les cheveux un peu en bataille. Derrière elle, un homme suivait avec un gros tas de paquets dans les bras. Veronica vint à son aide, prenant une partie des paquets et le laissant s’occuper du reste. Elle les dirigea vers le salon et ils suivirent. Duncan s’occupa de faire chauffer de l’eau pour le café et le thé. Ses visiteurs allaient en avoir grandement besoin.

Une fois les bras libres, la femme se débarrassa de sa veste que Veronica prit pour la pendre dans le couloir. L’homme en fit de même, mais il pendit lui-même sa veste. Il revint ensuite dans le salon et passa ses bras autour de la taille de la femme qui posa ses mains sur les siennes. Veronica sourit, ils étaient si mignons tous les deux. Elle l’avait sut dès le premier jour et était heureuse de savoir qu’elle ne s’était pas trompée.

Duncan arriva avec un plateau sur lequel se trouvaient quatre tasses, trois de café et une de thé. Il le posa sur la petite table et tous le monde s’installa soit sur les fauteuils soit sur le canapé. Veronica et Duncan choisirent chacun un fauteuil et les deux autres le canapé.

-“ Alors Teresa, la route n’a pas été trop longue ?” Questionna Duncan.
-“ Un peu je dois bien l’admettre” répondit-elle en souriant. “ Et j’ai bien cru que Patrick allait me rendre dingue à chanter.”
-“ Mais je chante bien” se défendit se dernier.
-“ C’est toi qui le dit” elle leva les yeux au ciel. “ Quoi qu’il en soit, je suis bien heureuse d’être enfin arrivée. Je commençais à m’endormir.”
-“ Je veux bien te croire” sourit Duncan, aussi bien pour son état de fatigue que pour la voix de Patrick. “ Tiens, prenez donc un café, ça te fera du bien.”
-“ Je vais plutôt monter au toilette si ça ne vous dérange pas” opposa Teresa. “ Je n’en ai pas pour longtemps.”
-“ Vas-y Teresa, sinon tu vas te faire dessus” rigola Jane.

Lisbon lui donna une tape sur l’épaule puis se leva et s’éloigna dans le couloir. Jane avait toujours son sourire sur le visage lorsque Veronica se tourna vers lui, avec un regard curieux.

-“ Elle n’a pas cessé de se plaindre tout au long de la route. Mais je ne pouvais pas m’arrêter toutes les cinq minutes” répondit-il à la question muette.
-“ Et ça ne te parait pas suspect ?” Demanda la femme.
-“ Oh non, je sais pourquoi, mais j’attends qu’elle me l’annonce elle-même” Jane avait un grand sourire sur le visage. “ Je le sais depuis un moment déjà, mais je sais aussi qu’elle veut me le dire elle-même. Alors j’attends.”
-“ Tu es un homme bien mon garçon” Duncan se pencha pour lui donner une tape amicale sur l’épaule. “ Et comment vont les choses entre vous ?”
-“ Il y a des hauts et des bas, mais dans l’ensemble tout va bien.”
-“ Et pour… tu sais” osa à peine demander Veronica. “ Comment le prends-tu ?”
-“ Plutôt bien, pour la plus grande joie de Teresa. Elle avait peur de ma réaction, et je crois que si elle n’avait pas été là, je ne pense pas que je m’en serais aussi bien sorti” confessa l’homme. “ Et pour dire la vérité, je suis heureux que tout soit finit.”
-“ Je m’en doute” approuva Duncan.

Teresa revint, ce qui mit fin à la discussion. Elle reprit place sur le canapé et Jane passa son bras autour de sa taille pour la serrer contre lui. Elle rougit un peu, mais se laissa faire, trop heureuse qu’il ne la repousse pas. Tout à coup, les souvenirs de quelques mois plus tôt lui revinrent en mémoire.

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La nuit était noire, il n’y avait pas un bruit dans la maison et Lisbon sentait la sueur perler sur son front. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine et à chaque pas qu’elle faisait, elle sentait la peur monter en elle. Ce qui l’attendait, elle le savait, mais elle avait peur. Elle, l’agent du CBI depuis des années avait peur et elle n’avait pas honte de l’admettre.

Jane avait une fois de plus suivit une piste qui pourrait le conduire à son pire ennemi et comme toujours il était partit seul. Il n’avait rien dit à personne et elle lui en voulait, terriblement. S’il faisait une bêtise, il dormirait sur le canapé ce soir, si toutefois il était encore en vie. Cho la suivait de près, son arme à la main et Rigsby était dehors en renfort avec l’équipe d’intervention.

Van Pelt n’était pas là, pour la simple et bonne raison qu’elle avait été blessée dans une explosion quelques jours plus tôt. Rien de grave, quelques égratignures, mais le médecin voulait qu’elle se repose. Lisbon aussi avait été blessée dans cette même explosion, mais elle avait refusé de rester chez elle. Jane se sentait coupable de ça, après tout, c’était en le suivant dans l’un de ses plans que les deux femmes avaient été blessées. Mais contrairement à ce qu’il pensait, personne ne lui en voulait.

-“ Il y a de la lumière à l’étage” informa Cho.
-“ Il doit nous attendre” lui répondit Lisbon.
-“ Jane ou John LeRouge ?”
-“ Les deux.”

La jeune femme croisa le regard de son second et plus un mot ne fut échangé. Ils montèrent l’escalier le plus discrètement possible, mais pour Lisbon il n’y avait aucun doute que le tueur savait qu’ils étaient là. Il avait toujours eut un pas d’avance sur eux, cette fois ne serait pas différente, elle le savait. Elle espérait juste qu’aucun mal n’aurait été fait à Jane, elle ne le supporterait pas.

Elle avança dans le couloir jusque devant une porte d’où s’échappait de la lumière. Elle fit signe à Cho de s’arrêter, ce qu’il fit et elle allait ouvrir la porte quand celle-ci s’ouvrit subitement. Une main lui attrapa le bras et la porte se referma derrière elle sans qu’elle ne puisse rien faire. Cho se mit à frapper contre le bois, mais subitement, Lisbon entendit le bruit lourd d’un corps qui tombe. Elle sut à cet instant qu’il ne lui serait pas d’une grande aide, elle devrait se débrouiller seule.

Son regard parcourut la pièce tandis qu’un homme la maintenait par le bras. Elle voulut se retourner pour voir de qui il s’agissait, mais il ne la laissa pas faire et la poussa plus loin dans la chambre, car il s’agissait d’une chambre. Son regard tomba alors sur un dessin sur le mur du fond, puis elle baissa les yeux pour voir un corps allongé sur un matelas.

-“ Jane” appela-t-elle.

L’homme la jeta au sol, mais pas avant de lui avoir prit son arme et là encore, elle ne parvint pas à l’en empêcher. Elle savait de toute façon qu’il ne servait à rien de résister, elle devait rester en vie afin de pouvoir sortir Jane de là. Elle entendit l’homme la contourner et venir lui faire face. Il s’accroupit devant elle, mais elle ne put voir son visage car il portait un masque. Elle n’avait pas besoin de le voir pour savoir que c’était LUI, John LeRouge.

-“ Bienvenue agent Lisbon” lui dit-il alors. “ Patrick et moi avions peur que vous ne veniez pas.”
-“ Que lui avez-vous fait ?” Demanda-t-elle sèchement.
-“ Oh ne vous en faites pas, il dort pour le moment” la rassura-t-il. “ Il va se réveiller d’ici peu. Et ne vous inquiétez pas pour votre ami l’agent Cho, un ami s’occupe de lui.”

Alors qu’elle allait répondre, des gémissements attirèrent son attention et elle tourna la tête pour voir que Jane reprenait connaissance. Elle le vit se lever avec difficulté, se passant une main sur le visage. Il tourna la tête dans sa direction et leurs yeux se croisèrent. Elle vit la peur passer dans son regard, puis la colère lorsqu’il dirigea son regard vers l’homme. Il se leva d’un bond, tout comme le tueur qui entraîna la jeune femme avec lui, plaçant un couteau sur sa gorge.

-“ Un pas de plus et elle rejoindra votre femme Angela” souffla John LeRouge. “ Vous ne voulez pas perdre une autre femme n’est-ce pas ?”

Jane s’arrêta, mais ses yeux ne lâchèrent pas l’homme. Il serra les poings jusqu’à ce que le sang ne circule plus dans ses doigts. Il se retenait de lui sauter dessus et de le frapper. La vie de Lisbon était en jeu, il ne pouvait pas prendre de risque. Alors il resta là à fixer l’homme tenant entre ses mains la femme qu’il aimait, celle qui lui avait redonné le goût de vivre, celle qui lui avait réapprit à aimer. Il se sentit coupable, si elle était là c’était à cause de lui et pas seulement parce qu’il travaillait avec elle.

Il était venu dans cette maison parce qu’il avait reçu un appel lui disant que s’il voulait la revoir, il devait venir seul. Il avait d’abord tenté de la joindre, mais elle n’avait pas répondu, alors il avait fait ce qui lui avait été demandé. C’était un piège bien entendu, il aurait dut s’en douter. Mais lorsqu’il s’agissait de John LeRouge, il ne pensait plus normalement. Il s’était laissé guider par sa colère et sa soif de vengeance.

Et maintenant ils étaient là. Il avait enfin en face de lui l’homme responsable de la mort de sa famille, de la destruction de sa vie. A cet instant, il avait envie de le tuer, mais plus pour les raisons qui l’avaient guidé tout au long de ces dix ans. Non, aujourd’hui s’il voulait le tuer, c’était pour ce qu’il s’apprêtait à faire à Lisbon. Elle avait toujours été là pour lui et elle allait mourir à cause de lui.

Il croisa de nouveau son regard un bref instant et put y voir une silencieuse supplique. Elle lui demandait de ne rien faire, de ne pas prendre de risque. Elle tentait aussi de lui faire comprendre que tout se passerait bien, qu’ils s’en sortiraient. Il avait envie d’y croire, mais comment le pourrait-il alors qu’ils étaient seuls, sans armes et que l’autre risquait à tout instant de trancher la gorge de Teresa.

-“ Et bien Patrick, vous ne dites rien ?” Ricana l’homme. “ Pourtant, je pensais que vous seriez heureux de la voir.”
-“ Relâchez-la, elle n’a rien à voir la dedans” siffla Jane entre ses dents.
-“ Bien au contraire mon ami, elle a tout à voir avec ça” rectifia John.

Jane reporta son regard sur l’homme en face de lui.

-“ Si je me souviens bien, vous aviez envoyé Carter me dire que je devais abandonner ma quête de vengeance, trouver une femme et être heureux. Vous vouliez vous retirer. Qu’en est-il de cette décision ?”
-“ J’ai changé d’avis, à cause de vous mon ami” ajouta-t-il. “ Vous avez tenté de me rouler, je ne pouvais pas laisser passer ça.”

Lisbon put voir par l’expression de son visage qu’il culpabilisait encore plus à présent, qu’il regrettait même ce qu’il avait fait, son départ pour Vegas. Mais ce qui était fait était fait et il ne pourrait pas changer le passé. La pression du couteau contre sa gorge diminua un peu alors que le tueur se délectait de voir souffrir Jane. C’était sa chance, elle n’en aurait pas d’autre.

D’un mouvement rapide, Lisbon repoussa le bras de John LeRouge, mais il fut assez rapide pour l’envoyer en avant, faisant entrer la lame dans le ventre de la jeune femme. Elle se retint à lui par la taille avant de se laisser tomber au sol.

-“ NON!” Hurla Jane qui se jeta à genoux près d’elle, posant les mains sur la plaie. “ Accroche-toi Teresa, accroche-toi.”

Lisbon lui glissa quelque chose dans les mains qu’il reconnut comme étant son arme de service. Il comprit alors ce qu’elle avait fait, qu’elle venait de lui donner sa chance de les sortir de là, mais aussi de venger sa famille. Il serra les doigts contre l’arme, ne quittant pas la jeune femme des yeux.

-“ Je vois qu’une fois de plus, vous êtes responsable de la mort d’une autre femme que vous aimez” ricana John LeRouge. “ Quel dommage, c’était une si belle femme.”

Lisbon vit les mâchoires de Jane se serrer et une larme glisser sur sa joue. Elle se sentait de plus en plus faible, elle avait du mal à garder les yeux ouverts, mais elle se força, pour Jane. Il avait besoin d’elle, il n’y arriverait pas seul, elle le savait. Elle lui attrapa sa main libre et la serra doucement. Elle lui offrit un léger sourire qu’il lui rendit, puis elle ferma les yeux.

-“ Teresa, ne t’endors pas” supplia le mentaliste.
-“ Je suis là Jane” le rassura-t-elle. “ Je serais toujours là.”

Lisbon parvint à ouvrir légèrement les yeux pour voir John LeRouge qui, jusque là les avait observé en silence, approcher son couteau à la main. Elle puisa en elle toutes les forces qu’elle avait, attrapa l’arme de la main de Jane, le repoussa et pointa l’arme sur le tueur. Elle tira, une fois, avant de retomber mollement sur le sol. Elle garda cependant les yeux ouverts afin de pouvoir voir Jane. Il fixait le corps de son ennemi, le visage pâle. Sa vengeance était enfin accomplie, mais pas de ses mains. Elle savait qu’il lui en voudrait, mais au moins il était en vie.

Elle tenta d’attirer son attention, mais il semblait comme dans un autre monde. Ses forces la quittaient peu à peu, elle avait besoin de soins au plus vite. Soudain, la porte vola en éclat et Cho entra, son arme en avant. Il s’approcha du corps de John LeRouge, s’assura qu’il était bien mort, puis se dirigea vers ses amis. Il s’agenouilla près de Lisbon, s’assura qu’elle allait bien puis se tourna vers Jane.

-“ Jane, nous devons la sortir de là” lui dit-il.

Mais Jane ne réagit pas, il semblait hypnotisé par le corps de l’homme qui avait détruit sa vie.

-“ Lisbon va mourir” ajouta-t-il, et cela fonctionna.
-“ Teresa” souffla Jane en se penchant vers elle. “ Ça va aller Teresa, tu vas t’en sortir. Tu ne peux pas me laisser.”
-“ Je serais toujours là… Patrick” souffla Lisbon.

Il la prit dans ses bras, la serra contre lui et déposa un baiser sur son front. Aucun d’eux ne se soucia que Cho les voit, il n’y avait qu’eux qui comptaient.




Lisbon passa deux semaines à l’hôpital et durant tout ce temps, Jane resta avec elle. Il avait eut si peur de la perdre ce jour-là qu’il n’osait plus la quitter. Les médecins leur avaient assuré que tout allait bien, qu’elle se remettrait complètement. Ils n’avaient pas reparlé de ce jour, ils n’avaient plus prononcé le nom de John LeRouge.

Mais lorsqu’elle put enfin quitter l’hôpital et rentrer chez elle, tout changea. Jane la raccompagna, mais il ne resta pas. Il s’éloigna d’elle, ne lui disant pas où il allait ni quand il rentrerait. Elle ne dit rien, le laissa faire à son envie. Il avait enfin accompli sa vengeance, l’homme qui avait brisé sa vie était mort et il devait apprendre à vivre sans cette quête qui l’avait guidé pendant dix longues années.

Pendant un mois elle n’eut aucune nouvelle de lui, pas un appel, rien. Plus le temps passait, plus l’espoir de le revoir disparaissait. Chaque jour, lorsqu’elle ouvrait les yeux, elle avait l’espoir de le trouver chez elle, comme avant. Mais à chaque fois elle était seule. Elle avait reprit le travail, ce qui l’aidait à surmonter sa peine. Elle était devenue le plus célèbre agent du CBI, mais ça ne lui plaisait pas. A cause de ça, elle avait perdu sa seule chance de vivre une vie parfaite.

Mais elle était forte, elle l’avait toujours été et le serait toujours. Elle s’était battu toute sa vie pour devenir la femme qu’elle était et ce n’était pas un homme qui la briserait. Elle avait perdu un amour, mais ce n’était pas la fin du monde. Elle avait toujours son travail, son équipe et, plus important encore, sa vie.

Un matin toutefois, lorsqu’elle descendit préparer son café, quelqu’un frappa à la porte. Elle n’était pas de bonne humeur, sa dernière affaire lui avait coûté plusieurs nuits de sommeil. Elle alla ouvrir pour tomber sur lui, il était revenu. Jane se tenait là, devant elle, le regard implorant.

-“ Patrick” souffla-t-elle, n’en croyant pas ses yeux.

Il fit un pas hésitant vers elle et elle fit le reste. Elle se jeta à son cou, le serrant contre elle aussi fort que possible. Il était revenu, et elle ne le laisserait plus jamais partir.

--------

-“ Teresa” l’appela Veronica en lui secouant doucement le bras.

Lisbon redressa la tête pour voir la vieille femme qui se penchait vers elle, une expression inquiète sur le visage. Elle regarda autour d’elle, mais Jane et Duncan ne se trouvaient plus dans le salon. Elle tourna de nouveau les yeux vers la femme.

-“ Ils sont dans le jardin” répondit-elle à la question muette. “ Tu t’es endormie.”
-“ Oh, je suis désolée” s’excusa Lisbon en se redressant.
-“ Ne t’excuse pas, je vois bien que tu es fatiguée. Et quelque chose me dis que tu as un secret” Veronica lui fit un clin d’œil.
-“ Comment…”
-“ N’oublie pas que j’ai eu deux enfants.”

Lisbon sourit tout en posant les mains sur son ventre.

-“ Tu comptes lui dire quand ?”
-“ Ce soir, après manger.”
-“ C’est son cadeau de Noël si je comprends bien.”
-“ J’espère qu’il sera aussi heureux que je le suis.”
-“ Je n’en doute pas un instant.”

Avant que les deux femmes ne puissent dire autre chose, Duncan entra dans la pièce, suivit de près par Jane qui vint tout de suite s’asseoir sur le canapé à côté de Lisbon. Le sujet était clos pour le moment, mais la brunette était impatiente d’être le soir afin d’annoncer la grande nouvelle.




Veronica déposa un plateau sur la table basse et chacun prit une tasse. Ce soir, tout le monde buvait du thé, au plus grand bonheur de Jane. Le repas avait été excellent, comme toujours et Lisbon ne regrettait pas d’être venue, même si ses frères auraient préféré qu’elle passe le réveillon avec eux. Elle se souvenait encore de la dernière fois qu’ils étaient venus, la dernière fois où ils avaient étaient tous ensemble. C’était deux ans plus tôt, une surprise de Jane.

Ils avaient passé de bons moments ensemble, ses frères avaient tout de suite adopté le mentaliste. Mais depuis, ils n’avaient plus eut d’occasions de tous se réunir, chacun avait sa vie et son travail. Ça ne les empêchaient pas de se voir de temps en temps, mais jamais toute la famille. Cette année aurait put être la bonne, mais Jane et Lisbon passaient le réveillon avec Veronica et Duncan, c’était comme une tradition.

La jeune femme tourna la tête pour voir son compagnon en grande discussion avec le vieil homme et, lorsqu’elle tourna les yeux vers Veronica, cette dernière lui fit un signe de tête. C’était le bon moment, celui qu’elle attendait avec autant d’impatience que d’appréhension. Elle attrapa la main de Jane pour attirer son attention et lorsqu’il le fit, elle prit une profonde inspiration. Elle ne savait pas comment le lui dire, alors elle opta pour la plus simple des façons.

-“ Patrick, je suis enceinte” souffla-t-elle en le regardant dans les yeux.

Elle vit le regard de l’homme s’illuminer, mais pas comme elle s’y attendait.

-“ Tu le savais déjà” l’accusa-t-elle.
-“ Oui” avoua-t-il. “ Mais je voulais te laisser me l’annoncer.”
-“ Tu… tu es heureux ?” Osa-t-elle à peine demander.

Au lieu de lui répondre par des mots, Jane lui encadra le visage de ses mains et le rapprocha du sien pour lui offrir un baiser qui valait tous les oui du monde. Ils ne se soucièrent pas de leurs hôtes qui les regardaient avec le sourire, ils étaient bien trop heureux. Lorsqu’ils se séparèrent, Jane posa sa main sur le ventre de Lisbon, un immense sourire sur le visage.

-“ J’espère juste qu’il ne sera pas aussi agaçant que son père” dit alors Veronica.

Tout le monde éclata de rire, même Jane qui ne s’offusqua pas. Il laissa ses yeux passer sur chaque personne présente dans la pièce. Veronica et Duncan, un peu comme les parents qu’il aurait aimé avoir. Aimants, attentionnés, toujours là pour lui et Teresa comme s’ils étaient leurs enfants. Et Teresa, la femme qui l’avait aidé à se reconstruire et celle qui lui offrait une nouvelle vie, une nouvelle famille.

Il repensa à son invitation, deux ans plus tôt. Il n’avait pas imaginé alors que cela conduirait à ça, une famille. Et plus tard, lorsque ses enfants, car il envisageait d’en avoir plus d’un, lui demanderaient comment papa et maman c’étaient rencontrés et comment ils étaient devenus ce couple heureux, il leur raconterait comment il avait invité la plus belle femme à passer Noël avec lui.