Christmas Date ^

Lisbon bougea dans son sommeil et se serra un peu plus contre lui, enfouissant son visage contre son torse. Il resserra donc ses bras autour d’elle, déposa un baiser sur son front et ferma les yeux. Il ne parviendrait pas à trouver la solution tout de suite, alors autant dormir un peu. Et à sa plus grande surprise, il n’eut aucun mal à s’endormir.


La nuit avait été calme, aucun incident particulier. Jane n’avait eut aucun mal à s’endormir et il avait passé une merveilleuse nuit avec Lisbon dans ses bras. Lorsqu’il avait ouvert les yeux tôt le matin, le soleil était encore couché. Il avait sentit un poids sur lui et, lorsqu’il avait baissé les yeux, il avait vu une masse de cheveux bruns entourant le visage angélique de Teresa Lisbon. Il avait eut une soudaine envie de la toucher, lui retirer une mèche de cheveux se trouvant devant ses yeux. Mais il n’avait rien fait et avait simplement refermé les yeux, sombrant une fois de plus dans le sommeil, un large sourire sur le visage.

Un peu plus tard, ce fut à Lisbon d’ouvrir les yeux et de se retrouver sur le torse de son ami. Elle n’osa pas bouger, pétrifiée à l’idée qu’il la découvre ainsi. Elle se sentait bien, à sa place, comme si elle avait enfin trouvé ce qui manquait dans sa vie. Un peu de bonheur. Doucement, avec toute la délicatesse du monde, la jeune femme releva la tête vers Jane, mais à sa grande surprise, elle le trouva endormi. Lui qui ne dormait jamais. Elle en profita pour détailler son visage qu’elle voyait pour la première fois complètement détendu.

Doucement, elle remonta une main vers son visage et, du bout du doigt, elle glissa sur sa joue, puis son nez et enfin ses lèvres. Il avait la peau douce, lisse et chaude. Elle laissa sa tête reposer sur son torse, mais garda sa main sur sa joue, se rendormant par la même occasion. Dans son sommeil, elle se colla un peu plus à son compagnon de lit, enfouissant son visage dans le tissu de son pyjama.

La porte de la chambre s’ouvrit silencieusement et une tête passa par l’entrebâillement. Veronica sourit en voyant ses deux locataires dormir ainsi, l’un contre l’autre, la main de la jeune femme sur la joue de l’homme, et le bras de l’homme entourant la taille de la jeune femme. La veille ils avaient dit ne pas être un couple, que les choses étaient compliquées et qu’ils ne pouvaient être ensemble. Elle était venue les réveiller pour prendre le petit déjeuner, mais changea d’avis. Ils méritaient bien un peu de repos supplémentaire.

Elle referma la porte, laissant le couple dormir encore un peu. Elle reviendrait plus tard, il était encore tôt de toute façon. En attendant, elle avait de quoi s’occuper, ses amis devaient bientôt repartir, d’ici une heure ou deux il n’y aurait plus que ces deux personnes de Sacramento.




Jane rouvrit les yeux, mais cette fois il y avait quelque chose de différent. Non seulement il avait encore ce poids sur le torse, qui ne lui déplaisait pas, mais aussi quelque chose sur la joue, quelque chose de chaud. Il baissa les yeux sans bouger la tête pour voir la main de Lisbon sur son visage. Il resserra son étreinte autour de sa taille, soupirant de satisfaction. Il eut des souvenirs d’une autre époque, avec une autre femme. Et bien qu’il chérisse ces souvenirs, il ne voulait pas qu’ils viennent ternir le moment présent. Lisbon ne méritait pas d’être comparée à Angela. Les deux femmes étaient différentes et pourtant si semblables. Angela était grande, blonde et gracieuse. Teresa était petite, brune et, même si elle n’était pas la plus féminine des femmes, elle n’en restait pas moins séduisante.

Elles avaient toutes les deux un fort caractère, ne mâchaient pas leurs mots et savaient se faire obéir au doigt et à l’œil. Angela avait vécu avec lui dans le monde du cirque, avait travaillé dur chaque jour de l’année. Teresa avait grandit dans une famille aimante jusqu’à la mort de sa mère et avait ensuite dut remplacer sa mère en élevant ses frères. Elle n’avait pas eut la vie la plus facile, mais elle s’en était sortie.

Il revint à la réalité lorsqu’il sentit la jeune femme bouger. Il voulut se décaler, ne voulant pas la mettre mal à l’aise en se réveillant contre lui, mais opta pour ne rien faire. Elle bougea ses doigts contre sa joue, le chatouillant un peu, mais il ne fit pas un mouvement. Il baissa les yeux et croisa le regard de Lisbon qui lui souriait. La faible lumière passant à travers les rideaux faisait comme une auréole autour de son visage, la rendant encore plus belle à ses yeux.

-“ Bonjour” le salua-t-elle en lui caressant la joue.
-“ Bonjour” répondit-il en laissant ses doigts glisser dans son dos.

Il craint un instant d’aller trop loin, d’outre passer ses droits, mais Lisbon le laissa faire, fermant les yeux. Il se sentait si bien en ce moment, comme s’il vivait normalement. Se réveiller avec Lisbon dans ses bras, c’était comme dans les rêves qu’il lui arrivait de faire. Il aurait voulut que ce ne soient pas que des rêves, mais hélas sa vie était ainsi. Lisbon bougea ses doigts contre son visage, aplatissant sa main et lui caressant la joue. Cela l’obligea à sortir de ses pensées et il lui attrapa la main de la sienne.

Il la porta à ses lèvres et y déposa un baiser. Un léger son s’échappa des lèvres de Lisbon, une sorte de murmure de satisfaction. Il en profita donc et sa seconde main descendit dans le dos de la jeune femme tout en la rapprochant de lui. Elle le laissa encore faire et s’installa confortablement. Elle se sentait si bien, elle ne voulait pas se lever, pas rentrer chez elle. Tout ce qu’elle voulait était resté ici, dans ses bras et profiter de ces quelques instants de pure magie.

-“ Il va falloir se lever” dit la voix de Jane, brisant le silence.
-“ Je sais” murmura Lisbon d’une voix où sonnait une note de déception.
-“ Moi aussi j’aimerais rester ici” avoua-t-il.
-“ C’est vrai ?” S’étonna-t-elle en se redressant pour lui faire face.

Dans son mouvement, elle fit glisser la main de Jane un peu plus bas et leur peau entrèrent en contact. Jane fut surprit et s’apprêtait à la retirer, mais Lisbon ne lui en laissa pas le temps. Elle bougea d’elle-même, se laissant tomber sur le dos, bloquant ainsi la main de Jane sous elle. Il ferma les yeux, il était coincé, mais cela ne le gênait pas tant que ça. Il attendit la culpabilité qu’il savait venir, mais il ne ressentit rien. Seulement de la satisfaction. Lisbon avait le don de le faire se sentir bien, à chaque fois qu’il se trouvait en sa présence. Elle avait le don de l’apaiser et au début cela lui faisait peur, mais plus maintenant.

-“ Vous vous rendez compte que tout ceci ne durera pas toujours” souffla-t-elle.
-“ Je sais, mais autant en profiter le temps que ça dure.”
-“ Et… cela ne vous gêne-t-il pas ?” S’étonna-t-elle. “ Je veux dire, dormir avec… une femme.”

Jane comprenait ce qu’elle voulait dire, mais s’il était honnête, il ne voyait aucune gêne dans le fait de se réveiller avec une femme dans ses bras, surtout s’il s’agissait de Lisbon. Comme toujours, elle faisait passer son bien être avant le sien, cette femme était exceptionnelle, elle méritait tellement plus que ce qu’il pouvait lui offrir. Elle méritait tout le bonheur du monde, un homme pour prendre soin d’elle, même si elle était parfaitement capable de le faire elle-même. Mais elle avait besoin d’avoir une vie, d’avoir tout ce dont elle rêvait.

Si seulement il pouvait lui offrir tout ça, si seulement il pouvait être cet homme. Mais il ne l’était pas, il était juste son collègue, son ami. Il s’en contentait bien jusqu’à présent, alors il s’en contenterait encore. Il continuerait d’être son ami tant qu’elle le voudrait et même s’il y avait encore John LeRouge à trouver, il trouverait toujours du temps pour elle.

-“ Je… je crois que je ais allé me changer” dit-elle, interprétant mal son silence.

Alors qu’elle se levait, il lui attrapa le poignet et la força à se recoucher. Elle refusa de croiser son regard, de plus en plus mal à l’aise. Il la força néanmoins en lui attrapant le menton. Il laissa son pouce lui caresser la joue tendrement, savourant la douceur de sa peau et la chaleur de son visage.

-“ Teresa, me réveiller à vos côtés ne me gêne absolument pas, bien au contraire” avoua-t-il. “ J’aime me réveiller dans les bras d’une femme, mais plus que tout, j’ai aimé me réveiller avec vous dans mes bras.”
-“ C’est… c’est vrai ?” Voulut-elle savoir, encore incertaine.
-“ Oh que oui” assura-t-il. “ Et j’aimerais tellement que nos vies soient différentes, mais nous n’y pouvons rien.”
-“ Je sais et je vous promets que nous le retrouverons” lui dit-elle. “ Ainsi vous pourrez avoir la vie que vous voulez.”
-“ Le pensez-vous vraiment Teresa ? Je veux dire, vous espérez vraiment que je refasse ma vie ?”
-“ Oui, je ne veux que votre bonheur Patrick.”

Jane le savait ça, Lisbon voulait toujours son bonheur. Mais elle ne se doutait pas que son bonheur ne tenait qu’a elle. Sans elle dans sa vie, il ne savait pas ce qu’il deviendrait. Il vivait ainsi depuis si longtemps, elle était dans sa vie depuis si longtemps qu’il ne savait pas s’il pourrait s’habituer à ne plus l’avoir.

Le mentaliste se décala sur le côté, laissant ses yeux se perdre sur le visage de Lisbon. Il ne savait pas comment lui faire comprendre qu’il voulait avancer dans la vie, mais avec elle. Comment lui dire qu’il le voulait tellement, mais qu’il ne pouvait pas. Lisbon le regardait avec curiosité, comprenant qu’il était perdu dans ses pensées et qu’il tentait de prendre une décision difficile.

Finalement, elle se tourna aussi sur le côté et posa une main sur sa joue. Il posa la sienne par-dessus et la serra doucement. Elle ferma les yeux, encore peu habituée à ce genre de geste d’affection venant de lui. Elle pourrait s’y habituer, de ça elle n’en doutait pas. Mais le pourrait-il lui ? Elle aurait tellement voulut lui rendre la vie plus facile, plus simple.

Jane lâcha finalement la main de Lisbon et se leva, brisant ainsi l’intimité qui s’était installée entre eux. Il ne voulait pas la blesser, mais il ne voulait pas lui laisser croire qu’ils pourraient vivre quelque chose. Il ne devait pas la laisser trop s’attacher à lui, pas plus qu’elle ne l’était déjà. Il la ferait souffrir tôt ou tard, chose qu’il ne voulait pas. Elle avait déjà bien assez souffert à cause de lui durant les années à travailler ensemble, il ne pouvait pas lui en imposer plus.

Sans la regarder, il prit ses vêtements et alla s’enfermer dans la salle de bain. Il laissa les vêtements tomber au sol dans un soupir et croisa son regard dans le miroir en face de lui. Les cheveux en bataille, les yeux encore un peu endormis, mais un léger, très léger, sourire sur le visage. Et tout ça grâce à Lisbon. Il avait aimé dormir avec elle dans ses bras et s’éveiller encore avec elle dans ses bras. La sentir contre lui avait été si… parfait. Il aurait put s’y habituer, mais il ne le devait pas.

Lorsqu’il lui avait proposé de célébrer Noël avec lui, il n’avait jamais envisagé qu’il passerait la nuit dans le même lit qu’elle, la tenant dans ses bras. Il voulait juste lui offrir un peu de bonheur en ce soir de fête et il avait réussit, un peu trop même. Et maintenant ? Il ne savait plus quoi faire, il était perdu.

Il finit par se reprendre et retira son pyjama pour se laver. Il espérait que la voiture soit en état de fonctionnement et qu’ils pourraient ainsi rentrer à Sacramento. Il ne devait pas s’imposer encore plus longtemps la présence de Lisbon, elle parviendrait certainement à le faire changer d’avis et il ne pouvait pas le faire, pas maintenant. Il avait fait une promesse à sa femme, il ne devait pas faillir.




Lisbon ne bougea pas du lit, même lorsque Jane sortit de la salle de bain et l’informa qu’il allait en bas. Elle resta ainsi un moment, réfléchissant à tout ce qu’il venait de se passer. Elle avait passé la nuit dans les bras de Jane, elle avait dormir mieux qu’elle ne l’avait fait depuis bien longtemps. Elle avait enfin eut ce qu’elle voulait depuis si longtemps, du temps seule avec lui. Mais plus encore. Jane lui avait offert un Noël merveilleux, il avait fait en sorte qu’elle ne soit pas triste et il avait réussit.

Elle pensait que les choses commençaient à s’arranger, mais ce n’était qu’un pâle espoir. Jane ne changerait jamais, il ne serait jamais capable de refaire sa vie en oubliant John LeRouge. Le tueur avait eut une place importante dans sa vie depuis les dix dernières années, le mentaliste n’avait vécu que dans l’idée de le retrouver et de le tuer. Il n’avait jamais envisagé de refaire sa vie, même s’il lui avait dit qu’il avait aimé dormir avec elle et se réveiller avec elle dans ses bras. Il n’oublierait jamais Angela, bien qu’elle ne lui demanderait jamais de le faire.

Et puis elle réalisa qu’elle n’était peut-être elle-même pas prête à aller de l’avant. Elle avait un travail qui lui plaisait, une carrière satisfaisante. Que pouvait-elle vouloir de plus ? Un homme avec qui partager sa vie, vers qui rentrer le soir, retrouver pour la nuit. Toutes les femmes voulaient trouver un homme à aimer et elle l’avait trouvé. Malheureusement pour elle, il n’était pas du même avis et elle devrait s’y faire.

Elle consentit enfin à se lever et se préparer. Elle ne pouvait pas faire patienter Veronica et Duncan plus longtemps. Le couple avait été si gentil avec eux en les invitant à partager leur repas de Noël sans même les connaître, en leur prêtant des vêtements et en leur proposant une chambre. Ils étaient si gentils qu’elle ne pouvait se montrer impolie en arrivant trop tard.

Elle attrapa des vêtements au hasard et se rendit dans la salle de bain pour se laver. Une douche bien chaude, voilà ce qu’il lui fallait. Et rentrer chez elle, se retrouver seule, ça aussi elle en avait besoin. Elle ne voulait pas rester trop longtemps avec Jane, ça devenait trop difficile. La journée de la veille avait été merveilleuse et elle voulait garder ce souvenir. Elle ne voulait pas conserver le souvenir d’une journée de tension avec Jane.




Veronica était dans la cuisine à préparer du café pour Teresa, Patrick lui avait dit qu’elle était de mauvaise humeur tant qu’elle n’avait pas eut son café. Mais il avait dit ça en souriant. Malgré tout, elle avait put voir que quelque chose n’allait pas, qu’il n’était pas aussi souriant que la veille, que ce matin lorsqu’elle était passée et l’avait trouvé endormi avec la jeune femme dans ses bras. Elle ne savait pas ce qui avait changé, mais elle trouverait.

Le pauvre homme semblait perturbé par quelque chose, mais elle n’arrivait pas à savoir quoi. Elle entendit Teresa entrer dans la cuisine et elle se tourna vers elle avec un sourire, qu’elle perdit aussitôt qu’elle vit son air tourmenté. Elle non plus n’allait pas bien. Qu’avait-il bien put se passer entre eux ce matin ? Ils semblaient pourtant bien s’entendre la veille, être complices. Qu’est-ce qui avait changé ?

Veronica versa le café dans une tasse et la tendit à la jeune femme qui la prit en la remerciant. Elle s’installa sur une chaise, silencieuse, le regard dans le vague. La vieille femme eut mal au cœur de la voir ainsi et, n’y tenant plus, se décida à lui parler. Elle s’installa à côté d’elle, posa une main sur son bras pour attirer son attention, mais Teresa ne leva pas les yeux vers elle.

-“ Que se passe-t-il Teresa ?” Interrogea Veronica.
-“ Rien, tout va bien” répondit Teresa un peu trop vite.
-“ Je vous trouve bien silencieuse ce matin” continua la femme.

Mais Teresa garda le silence, confirmant ainsi qu’elle n’allait vraiment pas bien.

-“ Teresa, que se passe-t-il avec Patrick ?” Demanda-t-elle alors.

Et Lisbon releva brusquement la tête. Alors c’était bien ça, il y avait un problème avec Patrick. Veronica sentit que la jeune femme ne parlerait pas, pas plus que Patrick et qu’elle n’obtiendrait rien. Elle décida donc de la laisser tranquille, elle n’obtiendrait rien en la forçant à parler, elle s’en doutait.

Elle se leva donc et rejoignit les autres dans le salon. Patrick était toujours devant la fenêtre à regarder à l’extérieur, ne prêtant pas attention aux autres occupants de la pièce. Il était complètement absorbé dans ses pensées et rien ne l’en sortirait. Sauf que, lorsque Lisbon entra dans la pièce, il sembla tout à coup reprendre vie et s’excusa avant de sortir. Lisbon sembla blessée, mais n’en dit rien. Elle salua Duncan et entama la conversation.

-“ Chere Teresa, j’ai appelé Josh au sujet de votre voiture” annonça Veronica.
-“ Oh oui, j’avais presque oublié. Quand pourra-t-on partir ?” S’enquit-elle alors.
-“ Je crains que cela ne soit pas dans l’immédiat” lui répondit Duncan. “ La météo annonce une tempête de neige et il serait bien trop dangereux de faire de la route.”
-“ Mais, je ne voudrais pas m’impose,” s’excusa Lisbon.
-“ Vous ne vous imposez pas” la rassura Duncan. “ Et puis ça fait du bien d’avoir des jeunes dans cette maison.”
-“ Je ne suis plus si jeune vous savez.”
-“ Bien plus que moi” sourit l’homme.

Ils parlèrent encore un peu de tout et de rien avant que Jane réapparaisse. Il s’installa dans un fauteuil, un livre à la main et commença à lire. Veronica donna un coup de coude à son mari et celui-ci comprit. Il se leva, prétextant quelque chose à faire et sortit du salon, suivit de sa femme, laissant ainsi Jane et Lisbon seuls pour discuter.

Les minutes s’écoulèrent dans un silence pesant avant que Lisbon n’en puisse plus. Elle se tourna vers Jane, mais ce dernier ne leva pas les yeux vers elle. C’en était trop, elle ne pouvait plus supporter son silence. Il devait lui dire ce qui n’allait pas.

-“ Ça suffit Jane” soupira-t-elle en se levant. “ Dites moi ce qui ne va pas.”

Le mentaliste releva enfin les yeux en l’entendant l’appeler par son nom et non plus par son prénom. Elle devait vraiment lui en vouloir si elle reprenait ainsi de la distance en oubliant leur accord de s’appeler Patrick et Teresa tant qu’ils n’étaient pas au travail. Et elle avait raison de lui en vouloir, il le savait et ne l’en blâmait pas. Il posa donc son livre devant lui et la regarda faire les cent pas dans la pièce.

Il se leva à son tour et posa une main sur son épaule pour qu’elle s’arrête, mais cela sembla l’énerver un peu plus car elle le repoussa brusquement. Elle alla se placer devant la fenêtre, comme lui un peu plus tôt. Il pouvait voir qu’elle n’était pas vraiment énervée, mais seulement blessée et il ne pouvait s’en prendre qu’à lui. Tout allait si bien ce matin et maintenant… Il devait faire quelque chose, il n’aimait pas la voir ainsi.

-“ Teresa” il la vit se tendre à l’entente de son prénom, “ je suis désolé. Je ne voulais pas vous faire de peine.”
-“ Et bien c’est le cas” lui dit-elle sèchement.
-“ Je suis vraiment désolé” reprit-il. “ C’est juste que…”
-“ Que quoi ?” Demanda-t-elle en se retournant brusquement vers lui.

Elle avait les yeux rougis par les larmes qu’elle retenait vaillamment, refusant de montrer sa faiblesse. Il sentit son cœur se serrer de la voir ainsi et il s’en voulut encore plus. Il lui attrapa le bras et l’attira dans ses bras, refusant de la lâcher bien qu’elle se débatte. Il passa ses bras autour de sa taille et la serra contre lui, posant son menton sur sa tête. Il la sentit se détendre un peu et, finalement, elle passa aussi ses bras autour de lui, enfouissant son visage dans sa chemise.

Elle savait que les choses n’étaient pas réglées, qu’ils avaient encore beaucoup à se dire, mais pour le moment, elle se sentait bien. Elle aurait tant voulut que leurs vies soient différentes, qu’ils puissent être libre. Mais rien n’avait jamais été facile pour eux et il en serait toujours ainsi.

-“ Teresa, je sais que mon comportement vous a blessé, mais je ne le voulais pas.”
-“ Je sais” souffla-t-elle contre lui.
-“ C’est juste que… je ne peux pas vous offrir ce que vous méritez, je ne peux pas être l’homme qui vous rendra heureuse.”
-“ Je sais Patrick. Mais je n’aime pas quand vous vous éloignez de moi ainsi. Je n’aime pas avoir l’impression de vous gêner.”
-“ Vous ne me gênez pas” la rassura-t-il. “ Mais je fais du mal aux gens qui me tienne à cœur et je ne veux pas vous en faire aussi.”

Lisbon se décala de Jane pour le regarder dans les yeux. Elle pouvait voir à quel point il s’en voulait et à quel point il pensait ce qu’il disait. Elle porta donc une main à son visage et lui caressa tendrement la joue.

-“ Vous ne me ferez pas de mal, je vous connais.”
-“ Mais il pourrait s’en prendre à vous, ce que je ne veux pas.”
-“ Je pourrais me défendre” argua-t-elle.
-“ Pas contre lui.”

Sentant qu’elle ne gagnerait pas cette fois encore, Lisbon décida de changer de sujet. Elle ne voulait pas qu’ils se disputent, pas aujourd’hui, pas alors qu’elle commençait juste à lui pardonner son comportement.

-“ Parlons d’autre chose s’il vous plait” demanda-t-elle. “ C’est Noël, nous ne devons pas nous disputer.”
-“ Pardonnez-moi. De quoi voulez-vous parler ?” S’enquit-il.
-“ Je ne sais pas. Peut-être de ce que nous allons faire les jours à venir, puisque nous ne pouvons pas rentrer.”
-“ Et bien, je pense que nous pourrions aller faire une balade avant qu’il ne fasse trop froid et que la neige ne commence à trop tomber” proposa-t-il.
-“ En voilà une bonne idée” s’enthousiasma Lisbon.

Ils se séparèrent l’un de l’autre et se dirigèrent vers le couloir pour monter à la chambre prendre leur veste et, en passant, Jane vit une branche de gui au dessus de la porte. Il baissa les yeux vers Lisbon qui le regarda avec surprise et il se pencha vers elle, doucement, très doucement. Ils n’étaient plus qu’à quelques millimètres l’un d l’autre, ils pouvaient sentir le souffle chaud de l’autre sur leurs lèvres. Lisbon ferma les yeux d’anticipation, prête à recevoir ce baiser dont elle rêvait tant. Jane détailla son visage et était sur le point de l’embrasser lorsque Veronica arriva.

-“ Oh !” S’exclama-t-elle lorsqu’elle les vit se séparer rapidement. “ Je suis désolée.”
-“ Non, tout va bien” lui répondit Lisbon en passant à côté de Jane.
-“ Nous allions faire une petite balade avant qu’il y ait trop de neige” précisa Jane.
-“ Bonne idée” approuva Veronica. “ Mais ne vous éloignez pas trop.”

Puis, ils s’éclipsèrent dans le couloir, laissant la vieille femme souriante de toutes ses dents. Les choses s’arrangeaient un peu finalement et avec un peu de chance, le temps qu’ils passeraient ici serait suffisant pour qu’ils se rapprochent encore. Elle s’en voulait d’avoir interrompu quelque chose qu’ils semblaient attendre tous les deux depuis longtemps. C'est toute joyeuse qu’elle se rendit dans la cuisine pour préparer quelque chose de chaud pour le retour des tourtereaux.

Veronica regardait le jeune couple marcher dans la neige devant la maison, bras dessus, bras dessous. Ils avaient vraiment l’air de tenir l’un à l’autre, plus qu’ils ne voulaient bien se l’avouer. Elle avait mal pour eux, elle savait ce que c’était de ne pouvoir vivre librement son amour pour l’avoir vécu elle-même. Lorsqu’elle était jeune, vraiment jeune, elle avait aimé un homme de tout son cœur et cet homme l’aimait aussi. Ils se connaissaient depuis longtemps, ils avaient pour ainsi dire grandit ensemble.

Lui était d’une bonne famille, riche, importante. Elle, une fille de fermier. Son père travaillait dur pour subvenir aux besoins de sa famille et elle en était fière. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir honte de sa condition qui l’empêchait d’être avec l’homme que son cœur avait choisit. Et puis un jour, malgré les interdits, malgré la menace d’être déshérité, le jeune homme avait fuit sa famille pour vivre avec elle. Et aujourd’hui, elle vivait toujours avec lui, son Duncan, l’homme de sa vie.

Alors elle comprenait la situation de ses invités, du moins en partie. Elle ne savait pas ce qui les empêchait d’être ensemble, mais ce devait être vraiment important pour qu’ils se refusent le droit au bonheur. Elle devait trouver un moyen de les aider, elle ne supportait pas de les voir si tristes. Ça lui fendait le cœur de voir deux âmes ainsi tourmentées.

Des mains se posant sur son ventre et une tête se posant sur son épaule la sortirent de ses pensées. Elle tourna légèrement la tête pour voir Duncan lui sourire tendrement et elle le lui rendit. Il plaça un baiser sur sa joue avec amour et elle remercia le ciel de lui avoir donné un homme aussi merveilleux.

-“ A quoi penses-tu ?” Lui demanda-t-il.
-“ A eux” répondit-elle en indiquant le couple de la tête.
-“ Je vois, mais tu sais que tu ne peux pas toujours aider tout le monde” rappela-t-il.
-“ Je sais, mais j’ai tellement de peine pour eux” murmura-t-elle. “ Ils me font penser à nous quand nous étions jeunes.”
-“ Moi aussi.”

Duncan pouvait voir lui aussi que ces deux la s’aimaient, n’importe qui pouvait le voir. Il se doutait qu’eux aussi le savaient, qu’ils souffraient de ne pouvoir laisser parler leurs sentiments. Il aurait voulut pouvoir faire quelque chose pour eux, leur offrir ce que la vie lui avait offert, mais comment ? Il n’en avait pas la moindre idée. Sa femme trouverait bien, de ça il ne doutait pas. Elle faisait toujours de son mieux pour aider ceux qui en avaient besoin, et ces deux la en avait vraiment besoin.

-“ Que comptes-tu faire pour eux ?” Demanda-t-il alors.
-“ Je ne sais pas, mais je trouverais.”
-“ Je te fait confiance sur ce point.”

Le couple observa encore un moment les deux à l’extérieur avant de partir s’occuper du repas. Leurs invités allaient devoir rester encore un peu à cause de la tempête et ils allaient avoir besoin de manger. Veronica avait remarqué que Teresa était un peu trop mince, elle allait devoir se remplumer un peu et ici elle y arriverait.





Lisbon marchait dans le froid depuis plusieurs minutes tandis que Jane s’était éloigné sans lui dire où il se rendait. Elle savait qu’il n’était pas partit loin, qu’il la rejoindrait plus tard. Alors en attendant, elle marchait et profitait du calme et de la beauté des lieux. Tout était blanc, la neige était encore fraîche du matin, aucunes traces de pas, rien. Elle aimait lorsque c’était ainsi, que personne n’avait encore posé le pied dessus. Elle pouvait ainsi y laisser sa marque, la première. C’était un peu enfantin comme idée, mais elle aimait parfois être un peu moins adulte, comme Jane.

En parlant de Jane, elle commençait sérieusement à se demander où il était. Elle commença à le chercher, mais ne vit aucune trace de ses pas dans la neige. Elle se déplaça vers les arbres, cherchant une trace de son collègue lorsque quelque chose de froid vint atterrir dans sa nuque, la glaçant de la tête aux pieds. Elle sentit la neige couler dans ses vêtements et elle se mit à frissonner. Elle entendit alors un rire qu’elle reconnut sans peine et, lorsqu’elle se retourna, ses yeux tombèrent sur un Jane plié en deux, les larmes aux yeux à force de rire.

Elle se mit les mains sur les hanches et prit un air outré, en colère, mais les étincelles dans ses yeux la trahirent. Jane se redressa, une autre boule en mains et Lisbon comprit qu’il était loin d’en avoir fini avec elle. Alors elle se mit à courir pour se cacher derrière un arbre et en profita pour se faire des munitions. Elle prépara autant de boules de neige qu’elle le put avant d’en recevoir une nouvelle dans l’épaules. Elle prit une profonde respiration pour se préparer au combat, se leva et tira le plus fort possible.

Jane, n’ayant pas prévu ça, ou du moins pas aussi fort, en tomba au sol. Mais il ne s’avoua pas vaincu, il rampa pour se mettre à couvert avant de préparer une autre boule. Ce dont il ne se doutait pas, c’est que Lisbon, très discrètement, s’était rapprochée de lui et s’apprêtait à le bombarder. Elle l’observa un moment, rassemblant la neige avec ses mains, ses cheveux humides lui retombant sur le visage et dans le cou. Il était vraiment charmant ainsi et elle perdit l’envie de le frapper avec la neige.

Elle eut envie de rentrer avec lui, de s’installer au coin du feu, de se retrouver dans ses bras et de simplement profiter de la présence de l’autre. Leur discussion du matin sonnait encore à ses oreilles, sa peur de la faire souffrir, de la voir disparaître de sa vie. Cette peur ne la quittait jamais elle non plus, la peur de le voir accomplir sa vengeance, de tuer l’homme responsable de son malheur. Elle avait tout tenté pour le faire changer d’avis et elle savait que c’était une bataille perdue d’avance, alors elle n’insisterait pas plus. Elle voulait juste qu’il réfléchisse à sa vie, à ce qu’il voulait vraiment. Car elle savait ce qu’elle voulait, elle savait que c’était lui dans sa vie qu’elle voulait, depuis bien longtemps déjà.

Perdue dans ses pensées, elle en oublia qu’elle devait se battre contre lui, mais Jane, qui avait sentit sa présence, ne l’avait pas oubliée. Il se retourna d’un coup, la surprenant et elle partit en arrière. Il tenta de la rattraper en lui prenant les mains, mais il ne parvint qu’à tomber avec elle. Ils s’étalèrent tous les deux au sol, Jane sur Lisbon. La jeune femme sentait le froid monter en elle, la neige mouiller ses vêtements. Mais à cet instant précis, elle ne ressentait rien de tout ça. Elle avait toujours les mains tenant celles de Jane et ce dernier la fixait avec envie. Il avait cette lueur dans les yeux, ce feu qu’il tentait depuis longtemps de chasser mais qui ne le quittait jamais.

Les yeux de Lisbon ne quittaient pas Jane, passant de ses yeux à ses lèvres et elle eut soudain envie de les goûter. Ils étaient seuls, personne cette fois pour les interrompre et elle en avait vraiment envie. Elle sentit Jane lui lâcher la main et la porter à sa joue dans un geste tendre. Lui aussi en avait envie, même s’il savait qu’il ne devait pas. Mais elle était si belle ainsi, les cheveux s’étalant sous sa tête, le noir sur le blanc. Le nez et les joues rougis par le froid, les yeux brillants de désir. La tentation était trop grande et il ne pourrait pas y résister.

Il se pencha doucement vers elle, lui laissant le temps de s’écarter si elle le voulait, mais elle n’en fit rien. Au contraire, la jeune femme vint poser sa main libre sur la joue du mentaliste, la caressant doucement, tendrement, lui faisant ainsi comprendre qu’elle était d’accord avec ce qu’il s’apprêtait à faire. Il se rapprocha encore et encore, ils n’étaient plus qu’a quelques millimètres mais cette fois Teresa ne ferma pas les yeux. Elle voulait voir l’expression du visage de Jane lorsqu’il l’embrasserait, savoir s’il aimait vraiment ou si au contraire, ce ne serait qu’un unique baiser.

Le cœur de Jane battait à tout rompre dans sa poitrine, il était nerveux. Il allait embrasser Lisbon, il le voulait mais cela l’effrayait aussi. Ressentirait-il de la culpabilité en l’embrassant ou pas? Serait-il capable de le faire, de se laisser aller à ses envies pour une fois ? Le regretterait-il après ? Il ne voulait pas faire souffrir Lisbon, mais il avait peur. La jeune femme dut sentir sa crainte, car elle lui sourit tendrement et commença à se dégager de son étreinte. Mais avant qu’elle n’ait eut le temps de se lever, il lui attrapa le visage et plaqua ses lèvres sur les siennes.

Lisbon sentit un million d’étincelles se répandre dans son corps, partant de ses lèvres et finissant dans ses orteils. Instinctivement, elle posa ses mains sur les joues du blond et se plaqua à lui. Son corps était en contact complet avec celui de Jane, sa poitrine se plaqua contre son torse et elle sentit Jane les faire rouler pour qu’elle se retrouve sur lui, la protégeant ainsi du froid et de la neige. Il entre ouvrit les lèvres, laissant sa langue caresser la bouche de Lisbon qui l’ouvrit pour lui en laisser l’accès. Leurs langues se touchèrent pour la première fois, faisant monter la chaleur dans leurs corps.

Ils s’embrassèrent ainsi jusqu’à ce que le manque d’air les oblige à se séparer. Lorsque Lisbon ouvrit les yeux qu’elle ne se souvenait pas avoir fermés, elle observa avec tendresse le visage de son ami. Il avait les yeux clos, les joues rouges et un sourire sur le visage. Elle aussi souriait, elle était heureuse, vraiment heureuse. Elle pensait voir des regrets sur le visage de Jane, mais il n’en était rien et c’est-ce qui la rendait heureuse. Elle avait toutefois cette peur au fond d’elle, la peur qu’il s’éloigne de nouveau plus tard, lorsqu’ils rentreraient à Sacramento.

Mais pour le moment ils étaient là, loin de chez eux, bloqués dans une petite ville où personne ne les connaissait. Si tout ce qu’elle pouvait avoir avec Jane serait quelques baisers et caresses, alors elle s’en contenterait. Il ne serait pas facile de reprendre sa vie, de faire comme si rien ne s’était passé, mais elle le ferait. Et si Jane l’aimait vraiment, s’il voulait vivre quelque chose avec elle après, lorsque John LeRouge ne serait plus une menace, alors elle serait là, à l’attendre.

Jane finit par ouvrir les yeux, son sourire toujours en place. Sa main continua de bouger lentement sur la joue de Lisbon pendant que celle-ci lui souriait. Il avait envie de lui dire tant de choses, de lui faire savoir à quel point il tenait à elle. Mais comment lui faire comprendre qu’il ne pourrait rien y avoir entre eux pour le moment, que tant que John LeRouge serait là il ne pourrait pas prendre de risque. Il ne voulait pas la perdre, il ne pouvait pas la perdre. Il savait que s’ils tentaient quoi que ce soit, le tueur le saurait et s’en prendrait à elle. Lisbon était déjà dans sa ligne de mire, il ne voulait pas précipiter sa mort.

La jeune femme remonta sa main de sa joue à ses cheveux et elle laissa ses doigts se perdre dans ses boucles. Ses cheveux étaient humides mais ça ne la gêna pas. Elle aurait put rester des heures ainsi, sur lui, la main de Jane sur sa joue, leurs corps en contact. Mais elle commençait à avoir froid et même s’il ne disait rien, elle savait que Jane aussi. Il tremblait un peu, il était de plus en plus mouillé et s’il restait là, il risquait de tomber malade.

Alors, à contrecœur, Lisbon se redressa et tendit une main à Jane qui la prit pour se lever. Ils se firent face, les yeux dans les yeux. C’était nouveau pour eux, cette nouvelle intimité. Aussi bien Jane que Lisbon avait peur, mais d’un autre côté, ils étaient heureux. Ils avaient franchit ce pas qu’ils ne pensaient pas atteindre un jour et malheureusement, ils ne pourraient pas aller plus loin, ils le savaient tous les deux. Ils ne se faisaient pas d’illusions, s’ils pouvaient vivre quelque chose, ça se finirait en rentrant à Sacramento.

-“ On devrait rentrer avant de tomber malade” murmura Lisbon.
-“ Tu as raison” approuva Jane passant au tutoiement.

Lisbon le regarda sans surprise et lui sourit. Elle lui prit la main et ensemble, ils retournèrent vers la maison.




Veronica avait observé le couple dehors, avait vu leur bataille de boule de neige, les avait vu tomber au sol, leurs hésitations et enfin le baiser. Elle avait plaqué sa main sur sa bouche pour retenir un petit cri de joie mais son sourire était bien voyant, ses yeux brillaient de bonheur pour eux. Finalement, elle n’aurait rien à faire pour les aider, ils y étaient arrivés seuls. La vieille femme se remit rapidement à cuisiner lorsqu’elle les vit revenir vers la maison, main dans la main. Elle ne voulait pas qu’ils se rendent compte qu’elle les avait espionnés.

Elle les entendit entrer dans la maison mais ne tourna pas la tête. Ils vinrent vers elle, se tenant toujours la main, un sourire sur le visage. Elle leur sourit en retour.

-“ Vous êtes mouillés les jeunes” sourit-elle.
-“ Oui, on…” bégaya Teresa.
-“ On a fait une petite bataille” répondit Jane à sa place.
-“ Allez vous changer, le repas sera près dans une heure” précisa-t-elle.
-“ A plus tard.”

Puis, ils disparurent dans l’escalier, la laissant seule dans la cuisine.




Jane entra dans la chambre, suivit de Lisbon. Il commençait vraiment à avoir froid et il pouvait voir Lisbon trembler dans ses vêtements. Il s’approcha d’elle, posa les mains sur le haut de sa veste et, après un regard, il la lui enleva. Elle se laissa faire, sans un mot, toujours tremblante, mais cette fois pas de froid. Une fois la veste au sol, il attrapa le bas de son pull et le lui enleva aussi. Elle leva les bras pour l’aider dans la manœuvre et ses tremblements augmentèrent. Elle n’avait jamais été hésitante avec les hommes, mais cette fois c’était Jane.

Lisbon savait qu’il ne se passerait rien, même si elle en avait vraiment envie. Jane n’était pas prêt à aller aussi loin et elle ne prendrait pas le risque d’abîmer leur amitié en allant trop vite. Ils étaient plus proches que jamais, ça devrait lui suffire, bien que son cœur et son corps en réclame plus. Elle sentit ses mains se poser sur la boucle de sa ceinture, mais il s’arrêta. Elle posa ses mains sur les siennes, l’aidant à ouvrir la ceinture, puis le pantalon qu’ils firent glisser ensemble le long de ses jambes.

La jeune femme se retrouva en sous vêtements et T-shirt devant Jane, un peu comme la veille au matin lorsqu’il était venue la voir. Il n’y avait rien de nouveau à ça, mais elle se sentit rougir. Jane lui passa une main sur la joue, la forçant à relever la tête pour le regarder dans les yeux, ce qu’elle fit. Il lui sourit d’un sourire à la fois timide et heureux. Elle posa sa main sur celle de l’homme et entrelaça leurs doigts, rendant les choses plus intimes encore.

Puis, comme elle le sentait trembler, elle entreprit de le dévêtir comme il avait fait avec elle. Sa nervosité était grande, mais elle chassa ses craintes pour s’atteler à la tache. Elle devait oublier qu’elle était en train de retirer les vêtements de Jane, elle devait focaliser son esprit sur autre chose. S’il restait habillé il risquait d’être malade. Mais comme lui, une fois arrivée au pantalon, elle hésita. Et tout comme elle, il l’aida.

Ils étaient dans le même état, T-shirt et sous vêtements. Ils avaient encore froid, mais une douce chaleur se répandait en eux. Lisbon prit la main de Jane et l’entraîna avec elle vers la salle de bain. Il suivit sans un mot, lui laissant prendre les choses en mains. Elle alluma l’eau, s’assurant qu’elle ne soit ni trop chaude ni trop froide, puis, elle se tourna vers Jane qui la fixait toujours.

Elle attrapa son T-shirt, prit une profonde inspiration et l’enleva, puis elle fit de même avec son soutien gorge. Lorsqu’elle croisa de nouveau son regard, ses yeux avaient changés. Il y avait une nouvelle lueur, d’autres étincelles et elle put voir qu’il avait envie d’elle. Alors elle se rapprocha, attrapa son T-shirt pour l’aider à l’enlever et il se laissa faire sagement. Il leur restait encore les sous vêtements et ce fut la partie la plus difficile. Devaient-ils vraiment aller aussi loin ? Mais les claquements de dents de Lisbon donnèrent la réponse et la jeune femme se délesta de sa culotte, observant Jane faire de même avec son boxer.

Elle prit sa main, l’entraînant avec elle dans la cabine de douche et la douce chaleur de l’eau leur fit du bien. Lisbon ferma les yeux et laissa sa tête partir en arrière, savourant l’eau coulant sur son visage. Elle sentit alors Jane se rapprocher d’elle et elle redressa la tête tout en ouvrant les yeux. Il se pencha et elle put sentir son souffle sur son ventre, la faisant frissonner. Il se redressa avec du gel douche en main puis, il les posa sur son ventre, étalant le savon sur son corps.

Lisbon serra les lèvres pour retenir les gémissements qui venaient de sa gorge. Les mains de Jane étaient douces et chaudes contre sa peau, incroyablement tendre. Il s’appliquait à la laver et la réchauffer sans avoir de gestes déplacés et elle l’en remercia d’un regard. Il s’approcha doucement de ses jambes, lava ses cuisses, se mit à genoux pour lui laver les pieds et remonta doucement. Une fois face à elle, il ne put résister à l’envie de l’embrasser et c’est-ce qu’il fit. Il l’embrassa d’un baiser passionné et Lisbon lui répondit avec ferveur.

Jane passa une main dans le dos de Lisbon et la plaqua à lui, laissant les larmes couler sur ses joues, se mélangeant à l’eau de la douche. La jeune femme posa ses mains sur les joues de Jane, intensifiant encore plus le baiser, mais s’arrêta lorsqu’elle réalisa qu’il pleurait. Elle recula la tête, fixa son visage et glissa ses pouces sur ses joues.

-“ Ça va ?” S’inquiéta-t-elle.
-“ Très bien” répondit-il.
-“ Alors pourquoi tu pleures ?” Voulut-elle savoir.
-“ Je suis heureux” sourit-il en s’approchant.
-“ Vraiment ?”

Pour toute réponse, il se pencha et prit possession de ses lèvres dans un baiser tendre et lent. Il l’aimait, oh ça oui il l’aimait et ça lui faisait mal au cœur de ne pouvoir aller plus loin avec elle. Mais il avait deux raisons de ne pas le faire.

1) il ne se sentait pas encore prêt. Il voulait que leur première fois, si jamais première fois il y avait, soit parfaite et non pas dans une douche parce qu’ils avaient froid.

2) il ne voulait pas la blesser. Il savait qu’en rentrant à Sacramento, ils ne pourraient pas continuer. Ils étaient déjà allés bien trop loin et il savait qu’il ne serait pas facile de revenir à la réalité.

Il se recula au bout d’un moment et après avoir rincé Lisbon, il arrêta l’eau, attrapa une serviette et enroula sa compagne dedans avant de faire de même pour lui. Ils se séchèrent avant de retourner dans la chambre et de s’habiller. Lisbon osait à peine regarder Jane, encore un peu surprise de ce qu’il venait de se passer.

Elle avait prit une douche avec Jane, elle avait été nue devant Jane, nue dans les bras de Jane. Tout ça était à la fois excitant et effrayant. Comment pourrait-elle reprendre une vie normale après un moment pareil ? Ce ne serait pas facile, elle n’était même pas certaine d’y arriver. Elle jeta un coup d’œil à Jane pour voir qu’il était dans le même état qu’elle. Cela la rassura un peu et elle vint vers lui. Elle posa une main sur son épaule, attirant ainsi son attention et elle lui sourit.

-“ Patrick, je…” elle prit une profonde inspiration. “ Je suis désolée.”
-“ Pourquoi ?” S’inquiéta-t-il.
-“ Je t’ai un peu poussé à aller plus loin que tu ne voulais, je n’aurais pas du.”
-“ Je ne te reproche rien, je le voulais moi aussi.”

Ils s’assirent sur le lit, se tenant la main. Ils avaient des choses à se dire avant de descendre pour le repas.

-“ Teresa, je voudrais pouvoir aller plus loin avec toi, je voudrais pouvoir t’offrir tout ce que tu mérite, mais je ne peux pas.”
-“ Je ne te demande rien, c’est toi que je veux, rien de plus” le rassura-t-elle.
-“ Et c’est bien là le problème. Je ne peux me donner complètement à toi, je ne peux te promettre que je serais toujours là. Il est toujours dehors et, s’il apprend pour nous deux, il s’en prendra à toi et je ne le veux pas.”
-“ Je t’ai déjà dis que je pouvais prendre soin de moi” tenta-t-elle encore. “ Et tu sais que j’étais déjà une cible avant même que tu rejoignes le CBI. Que nous soyons ensemble ou non, ça ne changera rien.”
-“ Mais je ne peux pas te perdre toi aussi” souffla-t-il en baissant la tête.
-“ Patrick regarde moi” demanda-t-elle et, lorsqu’il leva les yeux vers elle, elle reprit. “ On l’attrapera, même si tu doutes qu’on y arrive. Et je ne veux pas que tu tentes quoi que ce soit contre lui, car si tu le fais, c’est là que tu me perdras.”

Jane n’avait pas dit un mot jusque là et maintenant qu’elle avait finit, il ne savait pas quoi dire. Elle avait raison, elle était déjà une cible, il ne pouvait plus la protéger de lui à présent. Il ferma les yeux un moment, tentant de réfléchir à tout ça. Il l’aimait et elle aussi. Ils avaient passé des moments merveilleux ensemble, des moments qu’il n’avait pas eut depuis de bien trop longues années. Il voulait pouvoir en vivre encore, avec elle.

Il rouvrit les yeux et se tourna vers Teresa, un grand sourire sur le visage. Il posa une main sur sa joue et posa ses lèvres sur les siennes. Il l’embrassa doucement puis s’écarta, plantant ses yeux dans les siens. Il venait de prendre sa décision, il allait leur donner une chance.

-“ A une condition” ajouta-t-il.
-“ Ce que tu voudras.”
-“ On fera très attention, on en parlera qu’à l’équipe.”
-“ Pas de problème.”
-“ Et je vais m’installer avec toi” finit-il.
-“ Quoi ?”

Lisbon avait écouté ses conditions et elle était entièrement d’accord avec lui. Ils devaient faire attention, ne pas prendre de risque. Elle allait s’inquiéter encore plus pour lui maintenant, mais elle s’y ferait. Par contre, l’idée qu’il s’installe avec elle, bien que tentante, l’effrayait un peu. Ça faisait si longtemps qu’elle vivait seule qu’elle ne savait pas si elle parviendrait à se faire à la vie à deux. Elle aimait Jane, plus que tout et ce depuis des années.

Pourrait-elle s’installer avec lui, le supporter tous les jours ? Elle avait déjà du mal à le supporter au travail, lui et tous ses mauvais plans. Il lui rendait la vie impossible, la rendait folle de rage au moins une fois dans l’heure et ce à chaque heure du jour. Elle posa ses yeux sur son visage, voyant dans ses yeux l’espoir diminuer peu à peu. Ça lui faisait mal de le voir comme ça, mais elle avait besoin d’y réfléchir. Elle ne pouvait pas donner une réponse comme ça, elle avait besoin de plus de temps. Il comprendrait, du moins elle l’espérait. Elle se redressa donc sur le lit et se lança, tant pis s’il le prenait mal.

-“ Ecoute, je ne peux pas te répondre comme ça” lui dit-elle calmement en lui prenant la main. “ J’ai besoin de temps pour y réfléchir mais je te donnerais une réponse avant de rentrer à Sacramento.”
-“ Je ne peux pas t’en vouloir” murmura-t-il en posant les yeux sur leurs mains liées. “ Je sais que c’est une décision importante.”
-“ Tu crois que ça changera quoi de vivre ensemble ?” Voulut-elle savoir.
-“ Rien” avoua-t-il honnêtement. “ Ça calmera juste mes nerfs.”
-“ Ça calmera tes nerfs ? Parce que tu crois que je ne m’inquiétais pas tous le temps quand je ne savais pas où tu étais, quand je ne savais pas si tu allais bien ou si tu avais des problèmes pendant ces six longs mois ?”
-“ Teresa…”
-“ Non, laisse-moi finir. J’étais inquiète pour toi, j’avais peur tous les jours, je priais tous les jours. Je t’ai appelé je ne sais combien de fois, mais tu n’as jamais répondu, jamais rappelé.” Elle fit une pause, puis reprit. “ Je ne peux pas te dire oui, et je ne peux pas te dire non. J’ai besoin de plus de temps.”

Elle ne voulait pas lui faire de peine, elle ne voulait pas lui faire mal. Mais il n’avait pas pensé au mal qu’il lui ferait en partant ainsi sans donner de nouvelles, il n’avait pas pensé à ce qu’elle ressentirait. Et maintenant, il voulait s’installer avec elle pour se rassurer ? Elle ne savait pas si elle devait en rire ou être en colère.

Elle se leva, fit quelques pas dans la chambre avant de s’arrêter devant la fenêtre. Elle avait peut-être été trop dure avec lui, elle aurait peut-être dut être plus diplomate. Mais quand il avait dit vouloir calmer ses nerfs, se sont les siens qui s’étaient réveillés. Elle n’osait plus lui faire face à présent, elle avait peur de voir la douleur dans ses yeux, celle qu’elle avait installée sans le vouloir.

Lisbon sentit Jane s’approcher d’elle plus qu’elle ne l’entendit, mais elle n’esquissa aucun mouvement. Il posa une main sur son épaule d’un geste hésitant, tremblant et cela lui fit rendre les armes. Elle se retourna brusquement et se jeta dans ses bras, lui entourant le cou, enfouissant son visage dans son épaule. Elle s’en voulait tellement.

-“ Je suis désolée” murmura-t-elle, encore et encore.
-“ Ça va Teresa, ça va” la rassura-t-il.
-“ Je ne voulais pas, c’est juste que…”
-“ C’est finit maintenant, je comprends et c’est moi qui suis désolé” la coupa-t-il. “ Je suis parti sans rien dire en pensant te protéger, mais je n’ai pas pensé à ce que tu pourrais ressentir. Maintenant je le comprends et je ne cesserais de m’en vouloir.”
-“ Tu as fait ce que tu pensais être juste.”
-“ Et ça ne l’était pas.”

Il y eut un moment de silence durant lequel Lisbon écouta les battements du cœur de Jane. Elle ne lui en voulait pas vraiment, du moins plus autant. Elle comprenait pourquoi il avait agit comme ça, même si ça lui faisait toujours mal d’y penser. Elle avait juste voulut lui faire comprendre que ça n’était pas une solution. Maintenant, ainsi dans ses bras, elle avait envie de dire oui à sa proposition, elle avait envie de pouvoir le prendre dans ses bras lorsqu’elle le désirait, s’endormir et se réveiller avec lui. Elle voulait pouvoir l’embrasser lorsque l’envie la prenait sans devoir se retenir.

Elle se recula juste assez pour pouvoir le regarder. Il semblait si coupable, elle voulut le faire penser à autre chose. Alors elle se mit sur la pointe des pieds et vint poser un baiser sur sa joue, le faisant sourire. Elle se recula, lui prit la main et l’entraîna avec elle vers la porte. Jane l’arrêta et elle se retourna pour le voir encore un peu mal à l’aise. Elle s’approcha donc de lui, posa une main sur sa joue et sourit.

-“ Tout ça est du passé Patrick” lui dit-elle. “ Aujourd’hui, nous repartons de zéro, nous recommençons tous. On efface le passé et on se créé un avenir.”
-“ En voilà une bonne idée” approuva-t-il.
-“ Et maintenant, allons manger. Je ne voudrais pas faire attendre nos hôtes.”

Ils sortirent donc de la chambre pour rejoindre la salle à manger. Des choses avaient été dites, d’autres le seraient encore, mais plus tard. Aujourd’hui, ils voulaient oublier le passé, ils voulaient apprécier le moment présent. Ils avaient la chance de vivre, ne serait-ce que pour quelques jours, loin de la ville, loin de chez eux. Ici, personne ne les connaissait, personne ne pouvait les voir. Ils pouvaient donc se concentrer sur eux-mêmes.




Veronica apporta le dessert, une bûche au chocolat qu’elle avait préparée, et le posa sur la table. Elle tendit le couteau à son mari qui se chargea de couper les parts et de les faire passer autour de la table. Jane regardait autour de lui, la joie sur les visages de tous, le sourire sur celui de Lisbon. Lorsqu’il regardait Veronica et Duncan, il les enviait. Ils semblaient si heureux, ils s’aimaient de tous leurs cœurs. Ils avaient des photos un peu partout dans la maison les montrant au cours de leur vie. Des photos du couple jeune, des photos de leurs enfants.

Jane se souvenait encore des moments passés avec sa femme et sa fille, des moments heureux. Ce qu’il regrettait était de ne pas avoir fait plus de photos de ses anges avant qu’il ne soit trop tard. Il en avait, quelques unes, mais pas assez. S’il avait une chance avec Lisbon, alors il ferait plus de photos, il voulait avoir plus de souvenirs à regarder lorsqu’il serait vieux.

Ces quelques jours loin de Sacramento lui donnaient la chance de goûter à une autre vie. Ici, avec ces gens qu’ils ne connaissaient pas, il avait l’impression de vivre une autre vie que la sienne. Lisbon était assise à côté de lui, souriant et parlant avec Veronica. De temps en temps, elle lui prenait la main sous la table lorsqu’elle sentait qu’il se perdait trop dans ses souvenirs douloureux. Cela lui donnait à réfléchir à ce qu’il voulait vraiment, et c’était elle qu’il voulait.

Lorsqu’il lui avait proposé de s’installer avec lui, c’était pour pouvoir avoir un œil sur elle, se rassurer chaque jour qu’elle allait bien. Il avait peur que John LeRouge tente de s’en prendre à elle s’il n’était pas là. Il savait qu’il ne pourrait pas grand-chose pour la défendre si cela arrivait, mais il ferait de son mieux. Il ne voulait pas la perdre, il ne voulait pas devoir faire le deuil d’une autre femme. Lisbon avait toujours été là pour lui au cours des années, toujours présente lorsqu’il allait mal. Elle savait quand il avait besoin de parler ou quand il avait juste besoin d’une présence à ses côtés.

Il posa ses yeux sur elle une nouvelle fois et il eut la soudaine envie de l’embrasser. Lorsqu’elle tourna les yeux vers lui, qu’elle vit le regard qu’il posait sur elle, la jeune femme comprit. Elle se rapprocha doucement, lui attrapa la main sous la table et posa ses lèvres délicatement sur les siennes. Ce fut un bref baiser, mais cela réchauffa le cœur du mentaliste, ainsi que le sien. Teresa croisa le regard de Veronica et cette dernière lui sourit affectueusement.

Le repas reprit dans la joie et la bonne humeur. Plus tard, ils se levèrent pour aller s’installer dans le salon pour le café, et le thé dans le cas de Jane. Le mentaliste s’installa sur un des canapés et Lisbon vint s’installer avec lui. Une fois encore, elle lui prit la main et ne la lâcha pas. Jane sourit, heureux comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. Il voulait voir ce sourire sur le visage de Lisbon plus souvent et il savait qu’une seule chose pourrait aider à ça. Il ne devait plus se cacher derrière sa peur du tueur, il ne devait pas lui imposer quoi que ce soit. Si elle voulait s’installer avec lui, ce serait son choix, il ne pouvait lui imposer ça. Il lui parlerait plus tard, lorsqu’ils seraient seuls.

Pour le moment, il passait un bon moment avec le vieux couple, il réapprenait à vivre les fêtes dans la joie. Depuis des années il n’avait pas célébré Noël, malgré les diverses invitations de Lisbon. Cette année, il ne regrettait pas de l’avoir invité, de lui avoir offert un Noël heureux car cela le rendait heureux lui aussi. Finalement, c’était une bonne chose qu’elle ne soit pas allée voir ses frères pour le réveillon, ils avaient ainsi put parler, se dire toutes ces choses qu’ils se reprochaient et qu’ils ressentaient l’un pour l’autre.

-“ Que comptez-vous faire cet après-midi ?” Demanda Duncan en se tournant vers Jane.
-“ Je pensais aller en ville” répondit-il. “ J’ai des achats à faire.”
-“ Et vous Teresa ?”
-“ Et bien, je pensais aller voir votre neveu et savoir dans quel état se trouve ma voiture. Je voudrais savoir si nous pourrons rentrer après le mauvais temps.”
-“ Bien, puis-je venir avec vous ?” Demanda Veronica.
-“ Mais bien sûr, avec joie.”
-“ Très bien, alors rangeons un peu et préparons-nous.”

Tout le monde se leva et ensemble ils mirent de l’ordre dans la pièce. Les femmes nettoyèrent la cuisine pendant que les hommes s’occupèrent de la salle à manger. Puis, ils prirent leurs vestes et partirent ensemble pour la ville en marchant dans la neige. Une chance pour eux, le temps était plus clément, mais la neige était haute, ralentissant leur avancée.

Veronica et Teresa étaient un peu plus en avant, discutant de tout et de rien pendant que les hommes marchaient en retrait. Duncan voulait parler avec Jane, bien qu’il ait dit à sa femme de ne pas s’occuper de leurs affaires. Il voyait que le mentaliste était encore un peu tendu et il voulait savoir pourquoi.

-“ Alors jeune homme” commença-t-il. “ Pourquoi ne pas vous lancer avec cette femme que vous semblez beaucoup aimer ?”
-“ C’est compliqué” répondit Jane.
-“ C’est-ce que j’ai cru comprendre. Mais si vous l’aimez, vous devriez le lui dire. Ne la laissez pas s’éloigner de vous et trouver un autre homme qui n’aura pas peur de ses sentiments, vous le regretteriez.”
-“ Elle le sait, même si je ne lui ai pas encore dit” assura-t-il. “ Mais nos vies sont si compliquées, j’ai peur de la perdre.”
-“ Comment pourriez vous la perdre ?” Interrogea l’homme.
-“ A cause de mon passé.”

Duncan comprit que la discussion était close, qu’il n’en apprendrait pas plus. Il changea donc de sujet.

-“ Que voulez-vous acheter en ville ?”
-“ Un cadeau pour Teresa puisque je ne peux lui offrir mon cadeau de départ.”
-“ Vous avez déjà une idée ?”
-“ Pas encore, mais je trouverais.”
-“ Je n’en doute pas. Nous devrions peut-être nous dépêcher ou les femmes vont nous semer” sourit Duncan.

Les deux hommes accélérèrent pour rattraper les deux femmes qui avaient prit pas mal d’avance sur eux. Chacun attrapa la main de la femme de son cœur et ils marchèrent ensemble jusqu’à la ville.