Christmas Date ^

Veronica regardait le jeune couple marcher dans la neige devant la maison, bras dessus, bras dessous. Ils avaient vraiment l’air de tenir l’un à l’autre, plus qu’ils ne voulaient bien se l’avouer. Elle avait mal pour eux, elle savait ce que c’était de ne pouvoir vivre librement son amour pour l’avoir vécu elle-même. Lorsqu’elle était jeune, vraiment jeune, elle avait aimé un homme de tout son cœur et cet homme l’aimait aussi. Ils se connaissaient depuis longtemps, ils avaient pour ainsi dire grandit ensemble.

Lui était d’une bonne famille, riche, importante. Elle, une fille de fermier. Son père travaillait dur pour subvenir aux besoins de sa famille et elle en était fière. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir honte de sa condition qui l’empêchait d’être avec l’homme que son cœur avait choisit. Et puis un jour, malgré les interdits, malgré la menace d’être déshérité, le jeune homme avait fuit sa famille pour vivre avec elle. Et aujourd’hui, elle vivait toujours avec lui, son Duncan, l’homme de sa vie.

Alors elle comprenait la situation de ses invités, du moins en partie. Elle ne savait pas ce qui les empêchait d’être ensemble, mais ce devait être vraiment important pour qu’ils se refusent le droit au bonheur. Elle devait trouver un moyen de les aider, elle ne supportait pas de les voir si tristes. Ça lui fendait le cœur de voir deux âmes ainsi tourmentées.

Des mains se posant sur son ventre et une tête se posant sur son épaule la sortirent de ses pensées. Elle tourna légèrement la tête pour voir Duncan lui sourire tendrement et elle le lui rendit. Il plaça un baiser sur sa joue avec amour et elle remercia le ciel de lui avoir donné un homme aussi merveilleux.

-“ A quoi penses-tu ?” Lui demanda-t-il.
-“ A eux” répondit-elle en indiquant le couple de la tête.
-“ Je vois, mais tu sais que tu ne peux pas toujours aider tout le monde” rappela-t-il.
-“ Je sais, mais j’ai tellement de peine pour eux” murmura-t-elle. “ Ils me font penser à nous quand nous étions jeunes.”
-“ Moi aussi.”

Duncan pouvait voir lui aussi que ces deux la s’aimaient, n’importe qui pouvait le voir. Il se doutait qu’eux aussi le savaient, qu’ils souffraient de ne pouvoir laisser parler leurs sentiments. Il aurait voulut pouvoir faire quelque chose pour eux, leur offrir ce que la vie lui avait offert, mais comment ? Il n’en avait pas la moindre idée. Sa femme trouverait bien, de ça il ne doutait pas. Elle faisait toujours de son mieux pour aider ceux qui en avaient besoin, et ces deux la en avait vraiment besoin.

-“ Que comptes-tu faire pour eux ?” Demanda-t-il alors.
-“ Je ne sais pas, mais je trouverais.”
-“ Je te fait confiance sur ce point.”

Le couple observa encore un moment les deux à l’extérieur avant de partir s’occuper du repas. Leurs invités allaient devoir rester encore un peu à cause de la tempête et ils allaient avoir besoin de manger. Veronica avait remarqué que Teresa était un peu trop mince, elle allait devoir se remplumer un peu et ici elle y arriverait.





Lisbon marchait dans le froid depuis plusieurs minutes tandis que Jane s’était éloigné sans lui dire où il se rendait. Elle savait qu’il n’était pas partit loin, qu’il la rejoindrait plus tard. Alors en attendant, elle marchait et profitait du calme et de la beauté des lieux. Tout était blanc, la neige était encore fraîche du matin, aucunes traces de pas, rien. Elle aimait lorsque c’était ainsi, que personne n’avait encore posé le pied dessus. Elle pouvait ainsi y laisser sa marque, la première. C’était un peu enfantin comme idée, mais elle aimait parfois être un peu moins adulte, comme Jane.

En parlant de Jane, elle commençait sérieusement à se demander où il était. Elle commença à le chercher, mais ne vit aucune trace de ses pas dans la neige. Elle se déplaça vers les arbres, cherchant une trace de son collègue lorsque quelque chose de froid vint atterrir dans sa nuque, la glaçant de la tête aux pieds. Elle sentit la neige couler dans ses vêtements et elle se mit à frissonner. Elle entendit alors un rire qu’elle reconnut sans peine et, lorsqu’elle se retourna, ses yeux tombèrent sur un Jane plié en deux, les larmes aux yeux à force de rire.

Elle se mit les mains sur les hanches et prit un air outré, en colère, mais les étincelles dans ses yeux la trahirent. Jane se redressa, une autre boule en mains et Lisbon comprit qu’il était loin d’en avoir fini avec elle. Alors elle se mit à courir pour se cacher derrière un arbre et en profita pour se faire des munitions. Elle prépara autant de boules de neige qu’elle le put avant d’en recevoir une nouvelle dans l’épaules. Elle prit une profonde respiration pour se préparer au combat, se leva et tira le plus fort possible.

Jane, n’ayant pas prévu ça, ou du moins pas aussi fort, en tomba au sol. Mais il ne s’avoua pas vaincu, il rampa pour se mettre à couvert avant de préparer une autre boule. Ce dont il ne se doutait pas, c’est que Lisbon, très discrètement, s’était rapprochée de lui et s’apprêtait à le bombarder. Elle l’observa un moment, rassemblant la neige avec ses mains, ses cheveux humides lui retombant sur le visage et dans le cou. Il était vraiment charmant ainsi et elle perdit l’envie de le frapper avec la neige.

Elle eut envie de rentrer avec lui, de s’installer au coin du feu, de se retrouver dans ses bras et de simplement profiter de la présence de l’autre. Leur discussion du matin sonnait encore à ses oreilles, sa peur de la faire souffrir, de la voir disparaître de sa vie. Cette peur ne la quittait jamais elle non plus, la peur de le voir accomplir sa vengeance, de tuer l’homme responsable de son malheur. Elle avait tout tenté pour le faire changer d’avis et elle savait que c’était une bataille perdue d’avance, alors elle n’insisterait pas plus. Elle voulait juste qu’il réfléchisse à sa vie, à ce qu’il voulait vraiment. Car elle savait ce qu’elle voulait, elle savait que c’était lui dans sa vie qu’elle voulait, depuis bien longtemps déjà.

Perdue dans ses pensées, elle en oublia qu’elle devait se battre contre lui, mais Jane, qui avait sentit sa présence, ne l’avait pas oubliée. Il se retourna d’un coup, la surprenant et elle partit en arrière. Il tenta de la rattraper en lui prenant les mains, mais il ne parvint qu’à tomber avec elle. Ils s’étalèrent tous les deux au sol, Jane sur Lisbon. La jeune femme sentait le froid monter en elle, la neige mouiller ses vêtements. Mais à cet instant précis, elle ne ressentait rien de tout ça. Elle avait toujours les mains tenant celles de Jane et ce dernier la fixait avec envie. Il avait cette lueur dans les yeux, ce feu qu’il tentait depuis longtemps de chasser mais qui ne le quittait jamais.

Les yeux de Lisbon ne quittaient pas Jane, passant de ses yeux à ses lèvres et elle eut soudain envie de les goûter. Ils étaient seuls, personne cette fois pour les interrompre et elle en avait vraiment envie. Elle sentit Jane lui lâcher la main et la porter à sa joue dans un geste tendre. Lui aussi en avait envie, même s’il savait qu’il ne devait pas. Mais elle était si belle ainsi, les cheveux s’étalant sous sa tête, le noir sur le blanc. Le nez et les joues rougis par le froid, les yeux brillants de désir. La tentation était trop grande et il ne pourrait pas y résister.

Il se pencha doucement vers elle, lui laissant le temps de s’écarter si elle le voulait, mais elle n’en fit rien. Au contraire, la jeune femme vint poser sa main libre sur la joue du mentaliste, la caressant doucement, tendrement, lui faisant ainsi comprendre qu’elle était d’accord avec ce qu’il s’apprêtait à faire. Il se rapprocha encore et encore, ils n’étaient plus qu’a quelques millimètres mais cette fois Teresa ne ferma pas les yeux. Elle voulait voir l’expression du visage de Jane lorsqu’il l’embrasserait, savoir s’il aimait vraiment ou si au contraire, ce ne serait qu’un unique baiser.

Le cœur de Jane battait à tout rompre dans sa poitrine, il était nerveux. Il allait embrasser Lisbon, il le voulait mais cela l’effrayait aussi. Ressentirait-il de la culpabilité en l’embrassant ou pas? Serait-il capable de le faire, de se laisser aller à ses envies pour une fois ? Le regretterait-il après ? Il ne voulait pas faire souffrir Lisbon, mais il avait peur. La jeune femme dut sentir sa crainte, car elle lui sourit tendrement et commença à se dégager de son étreinte. Mais avant qu’elle n’ait eut le temps de se lever, il lui attrapa le visage et plaqua ses lèvres sur les siennes.

Lisbon sentit un million d’étincelles se répandre dans son corps, partant de ses lèvres et finissant dans ses orteils. Instinctivement, elle posa ses mains sur les joues du blond et se plaqua à lui. Son corps était en contact complet avec celui de Jane, sa poitrine se plaqua contre son torse et elle sentit Jane les faire rouler pour qu’elle se retrouve sur lui, la protégeant ainsi du froid et de la neige. Il entre ouvrit les lèvres, laissant sa langue caresser la bouche de Lisbon qui l’ouvrit pour lui en laisser l’accès. Leurs langues se touchèrent pour la première fois, faisant monter la chaleur dans leurs corps.

Ils s’embrassèrent ainsi jusqu’à ce que le manque d’air les oblige à se séparer. Lorsque Lisbon ouvrit les yeux qu’elle ne se souvenait pas avoir fermés, elle observa avec tendresse le visage de son ami. Il avait les yeux clos, les joues rouges et un sourire sur le visage. Elle aussi souriait, elle était heureuse, vraiment heureuse. Elle pensait voir des regrets sur le visage de Jane, mais il n’en était rien et c’est-ce qui la rendait heureuse. Elle avait toutefois cette peur au fond d’elle, la peur qu’il s’éloigne de nouveau plus tard, lorsqu’ils rentreraient à Sacramento.

Mais pour le moment ils étaient là, loin de chez eux, bloqués dans une petite ville où personne ne les connaissait. Si tout ce qu’elle pouvait avoir avec Jane serait quelques baisers et caresses, alors elle s’en contenterait. Il ne serait pas facile de reprendre sa vie, de faire comme si rien ne s’était passé, mais elle le ferait. Et si Jane l’aimait vraiment, s’il voulait vivre quelque chose avec elle après, lorsque John LeRouge ne serait plus une menace, alors elle serait là, à l’attendre.

Jane finit par ouvrir les yeux, son sourire toujours en place. Sa main continua de bouger lentement sur la joue de Lisbon pendant que celle-ci lui souriait. Il avait envie de lui dire tant de choses, de lui faire savoir à quel point il tenait à elle. Mais comment lui faire comprendre qu’il ne pourrait rien y avoir entre eux pour le moment, que tant que John LeRouge serait là il ne pourrait pas prendre de risque. Il ne voulait pas la perdre, il ne pouvait pas la perdre. Il savait que s’ils tentaient quoi que ce soit, le tueur le saurait et s’en prendrait à elle. Lisbon était déjà dans sa ligne de mire, il ne voulait pas précipiter sa mort.

La jeune femme remonta sa main de sa joue à ses cheveux et elle laissa ses doigts se perdre dans ses boucles. Ses cheveux étaient humides mais ça ne la gêna pas. Elle aurait put rester des heures ainsi, sur lui, la main de Jane sur sa joue, leurs corps en contact. Mais elle commençait à avoir froid et même s’il ne disait rien, elle savait que Jane aussi. Il tremblait un peu, il était de plus en plus mouillé et s’il restait là, il risquait de tomber malade.

Alors, à contrecœur, Lisbon se redressa et tendit une main à Jane qui la prit pour se lever. Ils se firent face, les yeux dans les yeux. C’était nouveau pour eux, cette nouvelle intimité. Aussi bien Jane que Lisbon avait peur, mais d’un autre côté, ils étaient heureux. Ils avaient franchit ce pas qu’ils ne pensaient pas atteindre un jour et malheureusement, ils ne pourraient pas aller plus loin, ils le savaient tous les deux. Ils ne se faisaient pas d’illusions, s’ils pouvaient vivre quelque chose, ça se finirait en rentrant à Sacramento.

-“ On devrait rentrer avant de tomber malade” murmura Lisbon.
-“ Tu as raison” approuva Jane passant au tutoiement.

Lisbon le regarda sans surprise et lui sourit. Elle lui prit la main et ensemble, ils retournèrent vers la maison.




Veronica avait observé le couple dehors, avait vu leur bataille de boule de neige, les avait vu tomber au sol, leurs hésitations et enfin le baiser. Elle avait plaqué sa main sur sa bouche pour retenir un petit cri de joie mais son sourire était bien voyant, ses yeux brillaient de bonheur pour eux. Finalement, elle n’aurait rien à faire pour les aider, ils y étaient arrivés seuls. La vieille femme se remit rapidement à cuisiner lorsqu’elle les vit revenir vers la maison, main dans la main. Elle ne voulait pas qu’ils se rendent compte qu’elle les avait espionnés.

Elle les entendit entrer dans la maison mais ne tourna pas la tête. Ils vinrent vers elle, se tenant toujours la main, un sourire sur le visage. Elle leur sourit en retour.

-“ Vous êtes mouillés les jeunes” sourit-elle.
-“ Oui, on…” bégaya Teresa.
-“ On a fait une petite bataille” répondit Jane à sa place.
-“ Allez vous changer, le repas sera près dans une heure” précisa-t-elle.
-“ A plus tard.”

Puis, ils disparurent dans l’escalier, la laissant seule dans la cuisine.




Jane entra dans la chambre, suivit de Lisbon. Il commençait vraiment à avoir froid et il pouvait voir Lisbon trembler dans ses vêtements. Il s’approcha d’elle, posa les mains sur le haut de sa veste et, après un regard, il la lui enleva. Elle se laissa faire, sans un mot, toujours tremblante, mais cette fois pas de froid. Une fois la veste au sol, il attrapa le bas de son pull et le lui enleva aussi. Elle leva les bras pour l’aider dans la manœuvre et ses tremblements augmentèrent. Elle n’avait jamais été hésitante avec les hommes, mais cette fois c’était Jane.

Lisbon savait qu’il ne se passerait rien, même si elle en avait vraiment envie. Jane n’était pas prêt à aller aussi loin et elle ne prendrait pas le risque d’abîmer leur amitié en allant trop vite. Ils étaient plus proches que jamais, ça devrait lui suffire, bien que son cœur et son corps en réclame plus. Elle sentit ses mains se poser sur la boucle de sa ceinture, mais il s’arrêta. Elle posa ses mains sur les siennes, l’aidant à ouvrir la ceinture, puis le pantalon qu’ils firent glisser ensemble le long de ses jambes.

La jeune femme se retrouva en sous vêtements et T-shirt devant Jane, un peu comme la veille au matin lorsqu’il était venue la voir. Il n’y avait rien de nouveau à ça, mais elle se sentit rougir. Jane lui passa une main sur la joue, la forçant à relever la tête pour le regarder dans les yeux, ce qu’elle fit. Il lui sourit d’un sourire à la fois timide et heureux. Elle posa sa main sur celle de l’homme et entrelaça leurs doigts, rendant les choses plus intimes encore.

Puis, comme elle le sentait trembler, elle entreprit de le dévêtir comme il avait fait avec elle. Sa nervosité était grande, mais elle chassa ses craintes pour s’atteler à la tache. Elle devait oublier qu’elle était en train de retirer les vêtements de Jane, elle devait focaliser son esprit sur autre chose. S’il restait habillé il risquait d’être malade. Mais comme lui, une fois arrivée au pantalon, elle hésita. Et tout comme elle, il l’aida.

Ils étaient dans le même état, T-shirt et sous vêtements. Ils avaient encore froid, mais une douce chaleur se répandait en eux. Lisbon prit la main de Jane et l’entraîna avec elle vers la salle de bain. Il suivit sans un mot, lui laissant prendre les choses en mains. Elle alluma l’eau, s’assurant qu’elle ne soit ni trop chaude ni trop froide, puis, elle se tourna vers Jane qui la fixait toujours.

Elle attrapa son T-shirt, prit une profonde inspiration et l’enleva, puis elle fit de même avec son soutien gorge. Lorsqu’elle croisa de nouveau son regard, ses yeux avaient changés. Il y avait une nouvelle lueur, d’autres étincelles et elle put voir qu’il avait envie d’elle. Alors elle se rapprocha, attrapa son T-shirt pour l’aider à l’enlever et il se laissa faire sagement. Il leur restait encore les sous vêtements et ce fut la partie la plus difficile. Devaient-ils vraiment aller aussi loin ? Mais les claquements de dents de Lisbon donnèrent la réponse et la jeune femme se délesta de sa culotte, observant Jane faire de même avec son boxer.

Elle prit sa main, l’entraînant avec elle dans la cabine de douche et la douce chaleur de l’eau leur fit du bien. Lisbon ferma les yeux et laissa sa tête partir en arrière, savourant l’eau coulant sur son visage. Elle sentit alors Jane se rapprocher d’elle et elle redressa la tête tout en ouvrant les yeux. Il se pencha et elle put sentir son souffle sur son ventre, la faisant frissonner. Il se redressa avec du gel douche en main puis, il les posa sur son ventre, étalant le savon sur son corps.

Lisbon serra les lèvres pour retenir les gémissements qui venaient de sa gorge. Les mains de Jane étaient douces et chaudes contre sa peau, incroyablement tendre. Il s’appliquait à la laver et la réchauffer sans avoir de gestes déplacés et elle l’en remercia d’un regard. Il s’approcha doucement de ses jambes, lava ses cuisses, se mit à genoux pour lui laver les pieds et remonta doucement. Une fois face à elle, il ne put résister à l’envie de l’embrasser et c’est-ce qu’il fit. Il l’embrassa d’un baiser passionné et Lisbon lui répondit avec ferveur.

Jane passa une main dans le dos de Lisbon et la plaqua à lui, laissant les larmes couler sur ses joues, se mélangeant à l’eau de la douche. La jeune femme posa ses mains sur les joues de Jane, intensifiant encore plus le baiser, mais s’arrêta lorsqu’elle réalisa qu’il pleurait. Elle recula la tête, fixa son visage et glissa ses pouces sur ses joues.

-“ Ça va ?” S’inquiéta-t-elle.
-“ Très bien” répondit-il.
-“ Alors pourquoi tu pleures ?” Voulut-elle savoir.
-“ Je suis heureux” sourit-il en s’approchant.
-“ Vraiment ?”

Pour toute réponse, il se pencha et prit possession de ses lèvres dans un baiser tendre et lent. Il l’aimait, oh ça oui il l’aimait et ça lui faisait mal au cœur de ne pouvoir aller plus loin avec elle. Mais il avait deux raisons de ne pas le faire.

1) il ne se sentait pas encore prêt. Il voulait que leur première fois, si jamais première fois il y avait, soit parfaite et non pas dans une douche parce qu’ils avaient froid.

2) il ne voulait pas la blesser. Il savait qu’en rentrant à Sacramento, ils ne pourraient pas continuer. Ils étaient déjà allés bien trop loin et il savait qu’il ne serait pas facile de revenir à la réalité.

Il se recula au bout d’un moment et après avoir rincé Lisbon, il arrêta l’eau, attrapa une serviette et enroula sa compagne dedans avant de faire de même pour lui. Ils se séchèrent avant de retourner dans la chambre et de s’habiller. Lisbon osait à peine regarder Jane, encore un peu surprise de ce qu’il venait de se passer.

Elle avait prit une douche avec Jane, elle avait été nue devant Jane, nue dans les bras de Jane. Tout ça était à la fois excitant et effrayant. Comment pourrait-elle reprendre une vie normale après un moment pareil ? Ce ne serait pas facile, elle n’était même pas certaine d’y arriver. Elle jeta un coup d’œil à Jane pour voir qu’il était dans le même état qu’elle. Cela la rassura un peu et elle vint vers lui. Elle posa une main sur son épaule, attirant ainsi son attention et elle lui sourit.

-“ Patrick, je…” elle prit une profonde inspiration. “ Je suis désolée.”
-“ Pourquoi ?” S’inquiéta-t-il.
-“ Je t’ai un peu poussé à aller plus loin que tu ne voulais, je n’aurais pas du.”
-“ Je ne te reproche rien, je le voulais moi aussi.”

Ils s’assirent sur le lit, se tenant la main. Ils avaient des choses à se dire avant de descendre pour le repas.

-“ Teresa, je voudrais pouvoir aller plus loin avec toi, je voudrais pouvoir t’offrir tout ce que tu mérite, mais je ne peux pas.”
-“ Je ne te demande rien, c’est toi que je veux, rien de plus” le rassura-t-elle.
-“ Et c’est bien là le problème. Je ne peux me donner complètement à toi, je ne peux te promettre que je serais toujours là. Il est toujours dehors et, s’il apprend pour nous deux, il s’en prendra à toi et je ne le veux pas.”
-“ Je t’ai déjà dis que je pouvais prendre soin de moi” tenta-t-elle encore. “ Et tu sais que j’étais déjà une cible avant même que tu rejoignes le CBI. Que nous soyons ensemble ou non, ça ne changera rien.”
-“ Mais je ne peux pas te perdre toi aussi” souffla-t-il en baissant la tête.
-“ Patrick regarde moi” demanda-t-elle et, lorsqu’il leva les yeux vers elle, elle reprit. “ On l’attrapera, même si tu doutes qu’on y arrive. Et je ne veux pas que tu tentes quoi que ce soit contre lui, car si tu le fais, c’est là que tu me perdras.”

Jane n’avait pas dit un mot jusque là et maintenant qu’elle avait finit, il ne savait pas quoi dire. Elle avait raison, elle était déjà une cible, il ne pouvait plus la protéger de lui à présent. Il ferma les yeux un moment, tentant de réfléchir à tout ça. Il l’aimait et elle aussi. Ils avaient passé des moments merveilleux ensemble, des moments qu’il n’avait pas eut depuis de bien trop longues années. Il voulait pouvoir en vivre encore, avec elle.

Il rouvrit les yeux et se tourna vers Teresa, un grand sourire sur le visage. Il posa une main sur sa joue et posa ses lèvres sur les siennes. Il l’embrassa doucement puis s’écarta, plantant ses yeux dans les siens. Il venait de prendre sa décision, il allait leur donner une chance.

-“ A une condition” ajouta-t-il.
-“ Ce que tu voudras.”
-“ On fera très attention, on en parlera qu’à l’équipe.”
-“ Pas de problème.”
-“ Et je vais m’installer avec toi” finit-il.
-“ Quoi ?”

Lisbon avait écouté ses conditions et elle était entièrement d’accord avec lui. Ils devaient faire attention, ne pas prendre de risque. Elle allait s’inquiéter encore plus pour lui maintenant, mais elle s’y ferait. Par contre, l’idée qu’il s’installe avec elle, bien que tentante, l’effrayait un peu. Ça faisait si longtemps qu’elle vivait seule qu’elle ne savait pas si elle parviendrait à se faire à la vie à deux. Elle aimait Jane, plus que tout et ce depuis des années.

Pourrait-elle s’installer avec lui, le supporter tous les jours ? Elle avait déjà du mal à le supporter au travail, lui et tous ses mauvais plans. Il lui rendait la vie impossible, la rendait folle de rage au moins une fois dans l’heure et ce à chaque heure du jour. Elle posa ses yeux sur son visage, voyant dans ses yeux l’espoir diminuer peu à peu. Ça lui faisait mal de le voir comme ça, mais elle avait besoin d’y réfléchir. Elle ne pouvait pas donner une réponse comme ça, elle avait besoin de plus de temps. Il comprendrait, du moins elle l’espérait. Elle se redressa donc sur le lit et se lança, tant pis s’il le prenait mal.

-“ Ecoute, je ne peux pas te répondre comme ça” lui dit-elle calmement en lui prenant la main. “ J’ai besoin de temps pour y réfléchir mais je te donnerais une réponse avant de rentrer à Sacramento.”
-“ Je ne peux pas t’en vouloir” murmura-t-il en posant les yeux sur leurs mains liées. “ Je sais que c’est une décision importante.”
-“ Tu crois que ça changera quoi de vivre ensemble ?” Voulut-elle savoir.
-“ Rien” avoua-t-il honnêtement. “ Ça calmera juste mes nerfs.”
-“ Ça calmera tes nerfs ? Parce que tu crois que je ne m’inquiétais pas tous le temps quand je ne savais pas où tu étais, quand je ne savais pas si tu allais bien ou si tu avais des problèmes pendant ces six longs mois ?”
-“ Teresa…”
-“ Non, laisse-moi finir. J’étais inquiète pour toi, j’avais peur tous les jours, je priais tous les jours. Je t’ai appelé je ne sais combien de fois, mais tu n’as jamais répondu, jamais rappelé.” Elle fit une pause, puis reprit. “ Je ne peux pas te dire oui, et je ne peux pas te dire non. J’ai besoin de plus de temps.”

Elle ne voulait pas lui faire de peine, elle ne voulait pas lui faire mal. Mais il n’avait pas pensé au mal qu’il lui ferait en partant ainsi sans donner de nouvelles, il n’avait pas pensé à ce qu’elle ressentirait. Et maintenant, il voulait s’installer avec elle pour se rassurer ? Elle ne savait pas si elle devait en rire ou être en colère.

Elle se leva, fit quelques pas dans la chambre avant de s’arrêter devant la fenêtre. Elle avait peut-être été trop dure avec lui, elle aurait peut-être dut être plus diplomate. Mais quand il avait dit vouloir calmer ses nerfs, se sont les siens qui s’étaient réveillés. Elle n’osait plus lui faire face à présent, elle avait peur de voir la douleur dans ses yeux, celle qu’elle avait installée sans le vouloir.

Lisbon sentit Jane s’approcher d’elle plus qu’elle ne l’entendit, mais elle n’esquissa aucun mouvement. Il posa une main sur son épaule d’un geste hésitant, tremblant et cela lui fit rendre les armes. Elle se retourna brusquement et se jeta dans ses bras, lui entourant le cou, enfouissant son visage dans son épaule. Elle s’en voulait tellement.

-“ Je suis désolée” murmura-t-elle, encore et encore.
-“ Ça va Teresa, ça va” la rassura-t-il.
-“ Je ne voulais pas, c’est juste que…”
-“ C’est finit maintenant, je comprends et c’est moi qui suis désolé” la coupa-t-il. “ Je suis parti sans rien dire en pensant te protéger, mais je n’ai pas pensé à ce que tu pourrais ressentir. Maintenant je le comprends et je ne cesserais de m’en vouloir.”
-“ Tu as fait ce que tu pensais être juste.”
-“ Et ça ne l’était pas.”

Il y eut un moment de silence durant lequel Lisbon écouta les battements du cœur de Jane. Elle ne lui en voulait pas vraiment, du moins plus autant. Elle comprenait pourquoi il avait agit comme ça, même si ça lui faisait toujours mal d’y penser. Elle avait juste voulut lui faire comprendre que ça n’était pas une solution. Maintenant, ainsi dans ses bras, elle avait envie de dire oui à sa proposition, elle avait envie de pouvoir le prendre dans ses bras lorsqu’elle le désirait, s’endormir et se réveiller avec lui. Elle voulait pouvoir l’embrasser lorsque l’envie la prenait sans devoir se retenir.

Elle se recula juste assez pour pouvoir le regarder. Il semblait si coupable, elle voulut le faire penser à autre chose. Alors elle se mit sur la pointe des pieds et vint poser un baiser sur sa joue, le faisant sourire. Elle se recula, lui prit la main et l’entraîna avec elle vers la porte. Jane l’arrêta et elle se retourna pour le voir encore un peu mal à l’aise. Elle s’approcha donc de lui, posa une main sur sa joue et sourit.

-“ Tout ça est du passé Patrick” lui dit-elle. “ Aujourd’hui, nous repartons de zéro, nous recommençons tous. On efface le passé et on se créé un avenir.”
-“ En voilà une bonne idée” approuva-t-il.
-“ Et maintenant, allons manger. Je ne voudrais pas faire attendre nos hôtes.”

Ils sortirent donc de la chambre pour rejoindre la salle à manger. Des choses avaient été dites, d’autres le seraient encore, mais plus tard. Aujourd’hui, ils voulaient oublier le passé, ils voulaient apprécier le moment présent. Ils avaient la chance de vivre, ne serait-ce que pour quelques jours, loin de la ville, loin de chez eux. Ici, personne ne les connaissait, personne ne pouvait les voir. Ils pouvaient donc se concentrer sur eux-mêmes.




Veronica apporta le dessert, une bûche au chocolat qu’elle avait préparée, et le posa sur la table. Elle tendit le couteau à son mari qui se chargea de couper les parts et de les faire passer autour de la table. Jane regardait autour de lui, la joie sur les visages de tous, le sourire sur celui de Lisbon. Lorsqu’il regardait Veronica et Duncan, il les enviait. Ils semblaient si heureux, ils s’aimaient de tous leurs cœurs. Ils avaient des photos un peu partout dans la maison les montrant au cours de leur vie. Des photos du couple jeune, des photos de leurs enfants.

Jane se souvenait encore des moments passés avec sa femme et sa fille, des moments heureux. Ce qu’il regrettait était de ne pas avoir fait plus de photos de ses anges avant qu’il ne soit trop tard. Il en avait, quelques unes, mais pas assez. S’il avait une chance avec Lisbon, alors il ferait plus de photos, il voulait avoir plus de souvenirs à regarder lorsqu’il serait vieux.

Ces quelques jours loin de Sacramento lui donnaient la chance de goûter à une autre vie. Ici, avec ces gens qu’ils ne connaissaient pas, il avait l’impression de vivre une autre vie que la sienne. Lisbon était assise à côté de lui, souriant et parlant avec Veronica. De temps en temps, elle lui prenait la main sous la table lorsqu’elle sentait qu’il se perdait trop dans ses souvenirs douloureux. Cela lui donnait à réfléchir à ce qu’il voulait vraiment, et c’était elle qu’il voulait.

Lorsqu’il lui avait proposé de s’installer avec lui, c’était pour pouvoir avoir un œil sur elle, se rassurer chaque jour qu’elle allait bien. Il avait peur que John LeRouge tente de s’en prendre à elle s’il n’était pas là. Il savait qu’il ne pourrait pas grand-chose pour la défendre si cela arrivait, mais il ferait de son mieux. Il ne voulait pas la perdre, il ne voulait pas devoir faire le deuil d’une autre femme. Lisbon avait toujours été là pour lui au cours des années, toujours présente lorsqu’il allait mal. Elle savait quand il avait besoin de parler ou quand il avait juste besoin d’une présence à ses côtés.

Il posa ses yeux sur elle une nouvelle fois et il eut la soudaine envie de l’embrasser. Lorsqu’elle tourna les yeux vers lui, qu’elle vit le regard qu’il posait sur elle, la jeune femme comprit. Elle se rapprocha doucement, lui attrapa la main sous la table et posa ses lèvres délicatement sur les siennes. Ce fut un bref baiser, mais cela réchauffa le cœur du mentaliste, ainsi que le sien. Teresa croisa le regard de Veronica et cette dernière lui sourit affectueusement.

Le repas reprit dans la joie et la bonne humeur. Plus tard, ils se levèrent pour aller s’installer dans le salon pour le café, et le thé dans le cas de Jane. Le mentaliste s’installa sur un des canapés et Lisbon vint s’installer avec lui. Une fois encore, elle lui prit la main et ne la lâcha pas. Jane sourit, heureux comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. Il voulait voir ce sourire sur le visage de Lisbon plus souvent et il savait qu’une seule chose pourrait aider à ça. Il ne devait plus se cacher derrière sa peur du tueur, il ne devait pas lui imposer quoi que ce soit. Si elle voulait s’installer avec lui, ce serait son choix, il ne pouvait lui imposer ça. Il lui parlerait plus tard, lorsqu’ils seraient seuls.

Pour le moment, il passait un bon moment avec le vieux couple, il réapprenait à vivre les fêtes dans la joie. Depuis des années il n’avait pas célébré Noël, malgré les diverses invitations de Lisbon. Cette année, il ne regrettait pas de l’avoir invité, de lui avoir offert un Noël heureux car cela le rendait heureux lui aussi. Finalement, c’était une bonne chose qu’elle ne soit pas allée voir ses frères pour le réveillon, ils avaient ainsi put parler, se dire toutes ces choses qu’ils se reprochaient et qu’ils ressentaient l’un pour l’autre.

-“ Que comptez-vous faire cet après-midi ?” Demanda Duncan en se tournant vers Jane.
-“ Je pensais aller en ville” répondit-il. “ J’ai des achats à faire.”
-“ Et vous Teresa ?”
-“ Et bien, je pensais aller voir votre neveu et savoir dans quel état se trouve ma voiture. Je voudrais savoir si nous pourrons rentrer après le mauvais temps.”
-“ Bien, puis-je venir avec vous ?” Demanda Veronica.
-“ Mais bien sûr, avec joie.”
-“ Très bien, alors rangeons un peu et préparons-nous.”

Tout le monde se leva et ensemble ils mirent de l’ordre dans la pièce. Les femmes nettoyèrent la cuisine pendant que les hommes s’occupèrent de la salle à manger. Puis, ils prirent leurs vestes et partirent ensemble pour la ville en marchant dans la neige. Une chance pour eux, le temps était plus clément, mais la neige était haute, ralentissant leur avancée.

Veronica et Teresa étaient un peu plus en avant, discutant de tout et de rien pendant que les hommes marchaient en retrait. Duncan voulait parler avec Jane, bien qu’il ait dit à sa femme de ne pas s’occuper de leurs affaires. Il voyait que le mentaliste était encore un peu tendu et il voulait savoir pourquoi.

-“ Alors jeune homme” commença-t-il. “ Pourquoi ne pas vous lancer avec cette femme que vous semblez beaucoup aimer ?”
-“ C’est compliqué” répondit Jane.
-“ C’est-ce que j’ai cru comprendre. Mais si vous l’aimez, vous devriez le lui dire. Ne la laissez pas s’éloigner de vous et trouver un autre homme qui n’aura pas peur de ses sentiments, vous le regretteriez.”
-“ Elle le sait, même si je ne lui ai pas encore dit” assura-t-il. “ Mais nos vies sont si compliquées, j’ai peur de la perdre.”
-“ Comment pourriez vous la perdre ?” Interrogea l’homme.
-“ A cause de mon passé.”

Duncan comprit que la discussion était close, qu’il n’en apprendrait pas plus. Il changea donc de sujet.

-“ Que voulez-vous acheter en ville ?”
-“ Un cadeau pour Teresa puisque je ne peux lui offrir mon cadeau de départ.”
-“ Vous avez déjà une idée ?”
-“ Pas encore, mais je trouverais.”
-“ Je n’en doute pas. Nous devrions peut-être nous dépêcher ou les femmes vont nous semer” sourit Duncan.

Les deux hommes accélérèrent pour rattraper les deux femmes qui avaient prit pas mal d’avance sur eux. Chacun attrapa la main de la femme de son cœur et ils marchèrent ensemble jusqu’à la ville.

La ville était calme, peu de gens étaient de sortie, vu la température c’était tout à fait normal de rester chez soi. Les quatre courageux arrivèrent devant la petite boutique de souvenirs de la ville et s’arrêtèrent. Duncan lança un regard à sa femme et celle-ci comprit sans un mot ce qu’elle avait à faire. Elle attrapa Teresa part le bras et l’entraîna avec elle.

-“ Mais où m’emmenez-vous ?” Demanda la brunette en la suivant.
-“ J’ai une autre boutique à vous faire découvrir” répondit-elle.
-“ Quel genre de boutique ?” Voulut savoir Teresa.
-“ Une boutique de vêtements, un endroit où les hommes n’aiment pas vraiment se rendre” et elle lui fit un clin d’œil.

Lisbon sourit, elle avait comprit. Elle suivit donc Veronica sans discuter, laissant les deux hommes tranquilles dans l’autre boutique. Jane avait semblé un peu nerveux, il l’était de plus en plus ces derniers temps, depuis la vielle en réalité. Elle savait que cette période de l’année n’était pas facile pour lui et qu’il avait fait des efforts pour elle. Son réveillon avait été parfait, enfin si on oublie l’accident et le fait qu’ils se retrouvent bloqués dans une ville loin de chez eux.

Lorsqu’il était venu la voir pour l’inviter, Lisbon avait tout de suite imaginé le pire. Mais à peine deux jours en sa compagnie et elle ne savait plus si elle pourrait reprendre une vie normale. Jane et elle avaient parlé, enfin un peu. Il lui avait avoué vouloir vivre avec elle, chose qu’elle ne pensait pas possible venant de lui. Il était un homme solitaire, d’aussi loin qu’elle se souvienne. Elle ne pensait pas qu’il pourrait envisager refaire sa vie, encore moins avec elle.

Jane n’en faisait toujours qu’a sa tête, n’obéissait pas aux règles. Elle était flic, elle suivait toujours les règles. Ils étaient totalement différents l’un de l’autre et pourtant ils s’entendaient bien, plus que bien même. Au début ce n’était pas du tout ça, elle avait du mal à supporter ses blagues et ses mauvais plans. Et finalement, c’était à cause de ça qu’ils s’étaient rapprochés. Elle le couvrait et il aidait à résoudre les enquêtes. C’était une bonne combinaison de leurs talents.

En marchant dans la rue, Lisbon vit la boutique du photographe et une idée lui vint en tête. Elle venait de trouver ce qu’elle offrirait à Jane pour Noël, c’était simple, mais elle était certaine que ça lui plairait. Elle tira sur le bras de Veronica qui tourna les yeux vers elle.

-“ Pouvons-nous passer chez le photographe, j’ai une idée de cadeau pour Patrick” annonça-t-elle.
-“ Je crois savoir à quoi vous pensez” sourit Veronica.
-“ Et surtout, ne lui dites rien.”
-“ Aucune chance que je dise quoi que ce soit” certifia-t-elle.

Les deux femmes se sourirent et entrèrent dans la boutique. Veronica alla voir le vendeur tandis que Teresa sortait son téléphone et cherchait la bonne photo. Elle la trouva tout de suite, tendit son téléphone au vendeur et celui-ci se mit au travail. Il fut assez rapide et il montra la photo à la jeune femme qui sourit.

-“ Je pourrais la mettre dans un cadre” proposa l’homme.
-“ Vous en avez ?” S’enquit Lisbon.
-“ Quelque uns, je vous laisse faire votre choix.”

L’homme sortit un carton et laissa Lisbon choisir le cadre qui correspondrait le mieux. Elle en prit un tout simple qui lui plaisait beaucoup et le donna à l’homme qui s’occupa d’y mettre la photo. Il emballa même le tout dans un joli papier cadeau avant de le rendre à Lisbon. Veronica paya, malgré les protestations de Lisbon. L’homme sourit lorsqu’elles sortirent et se remit au travail.

Elles partirent ensuite pour l’autre boutique. Lisbon marchait avec le paquet dans les mains, se rappelant du jour où la photo avait été prise.

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Lisbon travaillait depuis plusieurs heures, elle n’avait pas quitté son bureau depuis son arrivée le matin. Ils n’avaient pas d’enquête, ce qui lui laissait du temps pour rattraper la paperasse en retard. Elle se sentait un peu fatiguée, elle avait très envie d’un café, mais elle avait tellement de travail qu’elle ne pouvait se permettre de s’arrêter maintenant. Un coup à la porte lui fit lever la tête et elle vit Jane entrer dans la pièce.

L’homme vint s’asseoir sur le divan, gardant le silence. Elle avait l’habitude, il faisait toujours ça. Elle ne savait pas pourquoi, mais il aimait passer du temps dans le bureau avec elle et ça ne la dérangeait pas autant qu’elle voulait le faire croire. Elle baissa donc les yeux sur ce qu’elle avait à faire, les rapports ne se rempliraient pas tous seuls.

Au bout d’un moment, Jane se leva et s’approcha du bureau. Elle l’ignora, continuant de travailler. Mais lorsqu’elle vit sa main entrer dans son champ de vision, elle leva les yeux. Il prit le stylo qu’elle avait en main et le lui prit. Il le posa sur le bureau, lui attrapa le bras et la força à se lever.


-“ Jane, j’ai du travail” protesta-t-elle.
-“ Je pense qu’une pause ne vous ferait pas de mal” lui dit-il simplement.
-“ Mais les rapports…”
-“ Peuvent attendre.”

Elle ne dit rien et le suivit. Il n’avait pas tort, une pause ne lui ferait pas de mal. Et puis elle avait vraiment envie d’un café et ça lui changerait les idées. Ils se rendirent dans la cuisine et Jane lui tendit une tasse contenant du café chaud. Elle leva un sourcil interrogatif, mais il se contenta de s’asseoir et elle fit de même.

Lisbon leva les yeux vers Jane, il souriait en buvant son thé. Elle ne savait pas pourquoi, mais se trouver là avec lui sans qu’il ne fasse rien de mal et sans qu’il ne dise quoi que ce soit pour se moquer était agréable. Il pouvait être charmant parfois, et gentil. Elle ne comprenait pas pourquoi il se montrait si enfantin parfois, elle préférait lorsqu’il agissait ainsi. Finalement, la pause n’était vraiment pas une mauvaise idée.

Ils restèrent ici plusieurs minutes, discutant de tout et de rien jusqu’à ce que Lisbon décide qu’il était temps de retourner travailler. Jane lava les tasses et la raccompagna dans son bureau. Mais il ne sortit pas, au contraire il s’installa sur le divan, s’allongea et ferma les yeux. Elle le laissa donc dormir et se remit au travail.

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-“ Teresa, on est arrivées” l’appela Veronica en lui tirant le bras.
-“ Oh, oui pardon” s’excusa la jeune femme en entrant dans la boutique.

Les deux femmes avancèrent dans le magasin et Lisbon se sentit un peu mal à l’aise. Oui, c’était bien un endroit où les hommes n’étaient pas nombreux à aimer venir. Tout autour d’elle il y avait des sous-vêtements et autres tenues féminines qu’elle ne se voyait pas porter. Elle s’approcha d’un rayon, attrapa délicatement un ensemble qu’elle reposa immédiatement lorsque des images peu catholiques envahirent son esprit. Ce n’était pas vraiment le bon moment de penser à ça,

Elle sentit une main se poser sur son épaule et tourna la tête pour voir Veronica lui sourire. Elle le lui rendit et reprit ses recherches. Elle avait vraiment besoin de sous-vêtements, et elle était au bon endroit pour ça. Alors elle continua, se baladant dans le magasin jusqu’à ce que son regard tombe sur quelque chose. Elle s’approcha, laissa le tissu glisser entre ses doigts et prit sa décision. Elle prit le vêtement et continua de chercher ce pour quoi elle était venue.

Lisbon rejoignit Veronica un peu plus loin qui avait elle aussi prit des vêtements pour elle. Les deux femmes allèrent payer leurs achats et quittèrent le magasin. Lisbon proposa de passer au garage pour voir où en était sa voiture. Pas qu’elle était vraiment impatiente de partir, mais elle devait quand même le faire. Elle avait un travail qui l’attendait à Sacramento.



Pendant ce temps dans l’autre boutique, Jane aussi faisait le tour des rayons. Il cherchait quelque chose à offrir à Lisbon, mais quoi, il n’en avait aucune idée. Un bijou ? Non, elle portait déjà sa croix, elle n’avait besoin de rien de plus. Un livre ? Elle travaillait bien trop pour avoir le temps de lire, alors non. Il ne savait vraiment pas quoi lui offrir, sa première idée avait été la seule et malheureusement pour lui, ça n’avait put se faire.

Il tournait et tournait dans la boutique, mais rien ne lui attirait l’œil. Il commençait à se dire que ce n’était pas pour aujourd’hui, qu’il rentrerait sans cadeau pour elle. Cette pensée ne l’enchantait guère, il voulait absolument lui offrir quelque chose. Il savait qu’elle ne lui en voudrait pas s’il n’avait rien, que pour elle ça n’avait pas d’importance, mais pour lui ça en avait. Il devait chercher encore, il finirait par trouver.

Il passa devant une étagère sur laquelle se trouvaient des cadres, de différentes tailles, différentes formes. Et soudain, il sut ce qu’il allait lui offrir. C’était tout simple en réalité et il se demanda pourquoi il n’y avait pas pensé plus tôt. Il se dirigea rapidement vers les caisses et paya son achat. Il lui manquait encore quelque chose, mais il savait comment remédier à ça. C’est donc avec le sourire qu’il rejoignit Duncan qui l’attendait un peu plus loin.

L’homme se leva lorsqu’il vit le blond venir vers lui, un petit paquet à la main. Il s’étonna qu’il ne soit pas emballé mais il comprit juste en regardant les étincelles dans ses yeux. Jane lui expliqua qu’il avait encore une chose à faire avant de rejoindre les femmes. L’homme acquiesça, ils se rendirent donc chez le photographe et Jane fit développer la photo qu’il avait choisit.

-“ C’est une très belle photo Patrick” sourit Duncan.
-“ Oui, elle ne sait pas que je l’ai” lui répondit Jane. “ Elle travaille toujours beaucoup et j’ai réussis à lui faire prendre une pause. Grace, une collègue, a prit cette photo alors que nous étions en train de discuter. Elle me l’a ensuite envoyée sur mon téléphone, mais j’avoue ne pas savoir comment on développe ça.”
-“ Je vous comprends, tout ces trucs modernes, c’est pas pour moi” rigola Duncan. “ Et vous comptez lui parler en lui offrant ce cadeau ?”
-“ Je ne pense pas que ce soit le bon moment.”
-“ Alors quand le moment sera-t-il bon ? Ecoutez, je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais le temps passe vite.”
-“ Je sais” souffla Jane.
-“ Qu’est-ce qui vous fait peur comme ça ?”

Jane regarda l’homme puis tourna la tête. Il ne pouvait pas lui dire qu’il était responsable de la mort de sa famille et que l’homme qui l'avait tuée pourrait s’en prendre également à Teresa. Jane savait que Lisbon n’accepterait pas sa proposition qu’il s’installe chez elle, pas sans une autre raison que celle de vouloir se rassurer. Il lui fallait quelque chose d’autre mais il ne pensait pas être prêt à lui dire ces mots. C’était trop tôt, pour lui du moins.

Duncan posa une main sur son bras dans un geste de compréhension et ne posa pas plus de question. S’il ne pouvait pas lui répondre, c’est qu’il avait une bonne raison. L’homme avait bien vu dans le regard de son nouvel ami qu’il avait vécu quelque chose dont il se sentait coupable. Il avait aussi vu à quel point il tenait à Teresa et qu’il ne voulait pas la perdre. Le problème, c’est que s’il attendait trop longtemps, il risquait de laisser passer sa chance. Teresa tenait beaucoup à lui, de ça aussi il était certain et qu’elle ne partirait pas comme ça. Mais pourrait-elle attendre ainsi longtemps ? Il ne la connaissait pas, il ne savait donc pas, il ne pouvait que l’espérer.

Le photographe les appela avec le cadre contenant la photo et Jane se leva d’un bond pour le prendre. Il l’admira un moment, un petit sourire sur le visage avant de l’envelopper dans le papier d’emballage. Il trouverait du papier cadeau à la maison. Maintenant il fallait rejoindre les femmes qui devaient avoir fini. Les deux hommes quittèrent donc le magasin et trouvèrent Teresa et Veronica de l’autre côté de la rue, des sacs en mains.




Lisbon vit Jane sortir de chez le photographe avec Duncan et venir à leur rencontre. Elle se demandait ce qu’il pouvait bien faire dans ce magasin, mais décida de ne pas poser de questions. Lorsqu’il vint vers elle, instinctivement, elle lui prit la main et la serra dans la sienne. Il fut surprit par un tel geste en public et il ne put s’empêcher de regarder autour de lui, un air inquiet sur le visage. Elle comprit ce qu’il avait et retira sa main de la sienne pour la poser sur sa joue.

-“ Il n’est pas là Patrick” le rassura-t-elle. “ Il ne peut rien contre nous ici.”
-“ Je sais, désolé” dit-il en lui souriant. “ Je vois que tu as fait quelques emplettes.”
-“ Il me fallait certaines choses” avoua-t-elle.
-“ Tu es bien une femme” sourit-il.

Elle prit un air faussement offusqué et lui donna une tape sur l’épaule, mais elle ne lui en voulait pas. Jane prit un des sacs pour l’aider et ils reprirent tous la route vers la maison.

-“ Je suis passé au garage” dit soudain Lisbon. “ La voiture est en bon état et nous pourrons rentrer quand les routes seront dégagées.”
-“ En voilà une bonne nouvelle” répondit Jane, mais le cœur n’y était pas.
-“ Oui, une bonne nouvelle” Lisbon non plus ne semblait pas heureuse.

Veronica et Duncan pouvaient voir que leurs amis ne semblaient pas si enthousiastes à l’idée de rentrer chez eux. La vieille femme savait pourquoi et elle ne pouvait leur en vouloir. Elle aussi était un peu triste de savoir que bientôt ils partiraient, mais ils le devaient. Ils ne pouvaient pas rester ici pour toujours, ils avaient une vie qui les attendait. Et puis, les routes ne pourraient être dégagées le lendemain seulement, ils avaient donc encore une soirée ensemble. Alors Veronica décida d’en profiter et de faire en sorte que ces deux là se parlent pour de bon.




Lisbon se trouvait dans la chambre alors que Jane était dans le salon à parler avec Duncan. Elle prit l’un des sacs, le posa sur le lit et en sortit un costume qu’elle avait acheté pour Jane. Elle se moquait souvent de lui et de ses costumes, mais lorsqu’elle avait vu celui-ci, elle n’avait put s’empêcher de l’acheter. Elle s’imaginait déjà le voir le porter et elle était impatiente. Elle sortit ensuite le petit paquet qu’elle posa sur le costume. Ce n’était pas vraiment un cadeau de Noël, c’était vraiment simple. Elle ferait mieux l’année prochaine, si toutefois il acceptait de passer le prochain réveillon avec elle. Ils s’étaient rapprochés, beaucoup rapproché et elle en était heureuse.

Mais ce qui la gênait un peu était ce qu’il lui avait demandé. Il semblait vraiment vouloir s’installer avec elle, et même si l’idée lui plaisait, elle ne pouvait pas lui dire oui. Ses raisons n’étaient pas les bonnes, enfin pas pour elle. Il lui avait donné sa raison et elle savait que ce n’était pas la seule. Il en avait une autre, la bonne, la vraie mais il semblait avoir peur de la lui donner. Elle voulait simplement qu’il lui dise, qu’il soit totalement honnête. S’il avait le courage de lui parler, alors elle pourrait bien dire oui, car elle en avait envie autant que lui.

La jeune femme s’assit sur le lit en soufflant. Comment arriverait-elle à le convaincre de lui parler ? Et puis elle réalisa quelque chose. Elle n’avait pas non plus été entièrement honnête avec lui, elle ne lui avait pas dit ce qu’elle ressentait pour lui. Il le savait, de ça elle ne doutait pas, mais ça ne suffisait pas. Il fallait qu’elle lui dise, peut-être que ça l’aiderait à s’ouvrir plus à elle.

Sur cette bonne résolution, la brunette se leva et se rendit dans la salle de bain pour se changer. Elle lui parlerait plus tard, lorsqu’ils seraient seuls dans la chambre avant de dormir. Ce serait le moment idéal pour parler et peut-être que ça lui donnerait le courage de s’ouvrir.




Lorsque Jane vit Lisbon entrer dans le salon, il sut que quelque chose n’allait pas. Elle semblait un peu perdue dans ses pensées, mais il ne lui dit rien. Il lui tendit la main pour qu’elle s’installe sur le canapé avec lui, ce qu’elle fit. Il sentit qu’elle était un peu tendue et il s’en inquiéta. Qu’avait-elle ? Comment pouvait-il l’aider ? Un regard vers Duncan et il sut ce qu’il devait faire. Il se leva du canapé, l’entraînant avec lui et ensemble, ils sortirent de la pièce.

Jane les fit entrer dans la bibliothèque, toujours silencieux et il s’éloigna d’elle lorsque la porte fut fermée. Lisbon le regarda faire, se demandant ce qu’il avait. Il semblait en proie à un dilemme, il semblait vouloir lui dire quelque chose mais n’osait pas le faire. Elle se douta du sujet, mais ne le força à rien. Il devait faire lui-même ce pas vers elle et elle devait être patiente.

Finalement, au bout de plusieurs minutes de silence, il se tourna vers elle. Il avait dans les mains un petit paquet qu’il avait sortit de sa poche et il s’approcha d’elle doucement. Il le lui tendit, elle le prit et releva les yeux vers lui.

-“ C’est pas grand-chose” s’excusa-t-il.
-“ Merci” remercia-t-elle en ouvrant doucement le paquet.

Jane la regarda ouvrir son cadeau, impatient de voir sa réaction. Il espérait vraiment qu’elle aimerait et peut-être qu’avec ça, elle comprendrait pourquoi il voulait s’installer avec elle. Il savait qu’il devait lui dire, mais il ne se sentait pas encore prêt à dire ces mots qui avaient tant d’importance. Il le serait peut-être un jour, mais ce n’était pas pour aujourd’hui.

Lisbon ouvrit délicatement le paquet que venait de lui donner Jane et découvrit un cadre avec une photo. Elle sourit en voyant la photo, c’était exactement la même qu’elle avait fait encadrer. Elle le posa sur le meuble à côté d’elle et vint serrer Jane dans ses bras. Elle avait comprit ce qu’il voulait dire avec cette photo et qu’importe s’il ne l’avait pas dit de vive voix. Il n’était pas encore prêt, mais elle ne l’était pas non plus. Ils se comprenaient, c’est tout ce qui important pour le moment.

Elle s’écarta doucement de lui et posa un baiser sur sa joue. Elle lui attrapa ensuite la main et l’entraîna avec elle dans le couloir, puis dans l’escalier. Jane la suivit, curieux mais ne dit rien. Elle avait aimé son cadeau et c’est tout ce qui importait pour lui. Ils arrivèrent dans leur chambre et Lisbon lâcha sa main pour aller prendre quelque chose dans la commode. Elle en sortit deux paquets qu’elle lui donna.

-“ Ce n’est pas grand-chose, mais… Joyeux Noël” murmura-t-elle.

Jane posa le petit paquet sur le lit et ouvrit le grand. Il avait comme l’impression que le plus petit était le plus important et il voulait le garder pour la fin. Lorsqu’il ouvrit le papier, il sourit en voyant un costume.

-“ Je croyais que tu n’aimais pas me voir en costume” dit-il en levant les yeux vers elle.
-“ C’est vrai, mais j’aime celui-ci et j’aimerais bien te voir le porter” répondit-elle.
-“ Je le ferais, quand on rentrera à la maison.”

Il posa le costume sur le lit et prit le petit paquet qu’il ouvrit délicatement. A sa plus grande surprise, il découvrit un cadre contenant la même photo qu’il lui avait offert. Il sourit, elle avait eut la même idée que lui. Par cette photo, elle voulait lui faire comprendre à quel point il comptait pour elle, tout comme lui avec son cadeau. Il posa le cadre sur le lit et la prit dans ses bras.

-“ Merci Teresa” souffla-t-il à son oreille.
-“ De rien, je suis contente que ça te plaise” répondit-elle.

Ils restèrent un moment dans les bras l’un de l’autre avant de se séparer et de descendre rejoindre les autres pour le repas. Si tout se passait bien, ils rentreraient chez eux demain et ils voulaient profiter du peu de temps qu’ils avaient avec Duncan et Veronica. Ces gens avaient été si gentils avec eux sans même les connaître, ils allaient leur manquer.

-“ On reviendra” promit Jane.
-“ Je sais.”

Puis, le couple descendit, main dans la main, un sourire sur le visage.




Le soir était arrivé et Jane et Lisbon se trouvaient dans la chambre. Veronica avait interdit à Lisbon de l’aider à ranger et Duncan avait envoyé Jane au lit, comme un enfant. Ils avaient apprit que les routes seraient dégagées le lendemain et qu’ils pourraient rentrer à Sacramento. Le vieil homme leur avait dit de se reposer, qu’ils avaient une longue route à faire. Les deux citadins n’avaient donc rien dit et étaient montés.

Lisbon sortit de la salle de bain et alla se glisser dans le lit où se trouvait déjà Jane. Elle hésita un moment, puis vint poser sa tête contre son épaule. Elle le sentit passer un bras autour de sa taille et elle ferma les yeux de bien être. Elle s’habituerait facilement à dormir avec lui, son bras autour d’elle. C’était nouveau mais pourtant si agréable. Lisbon ne voulait pas que les choses changent, elle voulait pouvoir dormir avec lui toutes les nuits, le sentir contre elle et se réveiller avec lui.

Elle sentit Jane bouger sous elle et elle redressa la tête. Il lui souriait et elle lui rendit son sourire. Il se pencha vers elle pour poser un baiser sur ses lèvres. Elle ferma les yeux et se laissa aller à ses sentiments. Elle roula sur le dos, Jane venant se placer sur elle et ils approfondirent le baiser. Ses mains se glissèrent dans les boucles blondes de l’homme, chose qu’elle avait envie de faire depuis si longtemps. Elle se sentait si bien ainsi, elle eut soudain envie de rester ici et de ne jamais rentrer chez eux.

Mais bien vite, Jane mit fin au baiser au posa son front contre le sien. Il plongea son regard dans le sien, lui caressa la joue et lui embrassa le bout du nez. Lui non plus ne voulait pas partir, il ne voulait pas retrouver sa vie solitaire. Si seulement Lisbon acceptait qu’il s’installe chez elle, mais il savait qu’elle ne le ferait pas, pas tant qu’il ne serait pas honnête avec elle.

Il se redressa et s’écarta de Lisbon pour se recoucher sur le lit. Il sentait que c’était le moment pour lui dire, qu’il ne pouvait pas attendre plus longtemps. Il aimait trop dormir avec elle, la tenir dans ses bras, l’embrasser. Il retrouvait ce qu’il avait perdu tant d’années plus tôt et il ne voulait pas laisser passer sa chance. Il se tourna sur le côté, invitant Lisbon à en faire autant et lui prit la main.

-“ Teresa, je sais que je n’ai pas été très honnête” commença-t-il. “ Je sais que tu ne diras pas oui pour que je m’installe chez toi et je ne te forcerais pas.”
-“ Patrick…”
-“ Non, laisse-moi finir” la coupa-t-il d’un doigt sur les lèvres. “ Je… tiens à toi, je ne veux pas te perdre. Si je veux m’installer avec toi c’est pour ça. Je sais que j’ai dis que ça me calmerait, mais en réalité, il n’y a pas que ça.”
-“ Alors qu’elle est l’autre raison ?” Demanda-t-elle.
-“ Je… je ne suis pas encore prêt à le dire, je suis désolé.”
-“ Je ne te force à rien” le rassura-t-elle.
-“ Mais j’ai tellement envie que tu comprennes ce que je ressens.”
-“ Je sais ce que tu ressens, inutile de me le dire.”
-“ Mais je sais que tu aimerais l’entendre, le problème c’est que je ne sais pas quand je serais prêt à te le dire. Tu es si importante pour moi.”
-“ Patrick, je ne te demande rien. Je sais ce que tu ressens pour moi et tu sais ce que je ressens pour toi. Si je n’ai pas dis oui à ta proposition, ce n’est pas parce que je ne veux pas, car je le veux moi aussi.”
-“ Alors pourquoi ?”
-“ Parce que… j’ai peur” avoua-t-elle. “ J’ai peur que ça ne marche pas entre nous, qu’on arrive pas à se supporter et que je perde tout.”
-“ Tu ne crois pas en nous ?”
-“ Ce n’est pas ça, c’est juste que… Je n’ai jamais eu de chance avec les hommes. Toutes mes relations se sont toujours finit mal et je ne veux pas que ce soit la même chose pour nous.”
-“ Ça n’arrivera pas” tenta-t-il de la rassurer.
-“ Je sais, mais ce sera le cas si on va trop vite” continua-t-elle. “ Je veux qu’on prenne notre temps, je veux qu’on apprenne à mieux se connaître. Je sais qu’on se connaît déjà, mais en tant que collègues et amis. Je veux qu’on apprenne à se connaître en tant que couple.” Elle fit une pause avant de reprendre. “ Ce sera l’occasion de voir si ça peut marcher entre nous.”

Jane la regarda tendrement, comprenant ce qu’elle voulait dire. Elle n’avait pas tort, loin de là. Il avait tellement peur de la perdre qu’il n’avait pas pensé un seul instant à ce qu’il se passerait s’ils allaient trop vite. Il l’aimait et elle l’aimait aussi. Ils avaient confiance en l’autre. Ils ne devaient pas aller trop vite, elle avait raison. Ils devaient prendre le temps de se connaître vraiment, de se découvrir en tant que couple. Alors il se pencha pour l’embrasser encore une fois avant de se recoucher, la tirant à lui.

-“ Ça te dirait que je t’emmène diner en rentrant ?” Proposa-t-il.
-“ Uniquement si ce n’est pas dans un grand restaurant” répondit-elle.
-“ Bien entendu, je sais que ce n’est pas ton truc” sourit Jane. “ Et une balade le soir après le travail ?”
-“ Ça pourrait se faire” approuva-t-elle en le serrant contre elle. “ Et on pourrait aussi se raconter des choses sur nous-mêmes, partager nos souvenirs.”

Jane ne répondit pas cette fois et Lisbon comprit que le partage des souvenirs n’était pas une bonne idée.

-“ Je suis désolée, ce n’était peut-être pas une bonne idée.”
-“ Non” la coupa-t-il. “ C’est une bonne idée, c’est juste que je n’ai pas beaucoup de souvenirs de mon enfance, j’en ai surtout de ma vie avec Angela et Charlotte.”
-“ Tu n’es pas obligé de m’en parler si tu ne veux pas, c’était juste une idée comme ça. On pourra parler d’autre chose.”
-“ Non, parler de ma famille me fera certainement un peu mal, mais j’ai tant de bons souvenirs avec elles, j’ai envie de les partager avec toi.”

Ils se sourirent une fois de plus, Jane embrassa Lisbon sur le front et ils fermèrent les yeux pour dormir. Ce fut un peu plus difficile pour le mentaliste, mais avoir Lisbon dans ses bras lui fit du bien et il finit par trouver le sommeil.




C’était le moment de partir, le neveu de Veronica avait amené la voiture chez sa tante et avait affirmé que les routes étaient praticables. Il était donc temps de partir et de rentrer à Sacramento. Ni Jane ni Lisbon ne voulaient vraiment rentrer, mais ils n’avaient pas vraiment le choix. Bien sûr, ils n’allaient pas reprendre le travail avant encore deux jours avant de reprendre, ils auraient put rester, mais il fallait quand même rentrer.

Veronica leur avait préparé quelques sandwichs pour la route à la plus grande joie de Jane. La vieille femme était elle aussi un peu triste de leur départ, comme elle l’avait été lorsque ses enfants étaient partis. Mais c’est la vie et puis ses nouveaux amis avaient une vie qui les attendait à Sacramento. Mais elle était heureuse d’une chose, ils s’étaient parlé et les choses semblaient aller mieux entre eux, bien mieux que lorsqu’ils étaient arrivés.

Duncan s’approcha de Jane et lui posa une main sur l’épaule. Le mentaliste se tourna vers lui, un sourire sur le visage.

-“ Ça va mieux entre vous ?” Demanda-t-il.
-“ Bien mieux” lui assura Jane. “ Nous avons parlé.”
-“ Vous lui avez dit ?” S’enquit l’homme.
-“ Pas vraiment, mais elle le sait.”
-“ Bien, vous lui parlerez quand vous serez prêt.”

Jane tourna les yeux vers Lisbon qui se tenait un peu plus loin, discutant avec Veronica. Oui, les choses allaient bien mieux entre eux et iraient encore mieux avec le temps. Il avait déjà une idée en tête et il était impatient de pouvoir montrer à Lisbon qu’il pouvait être plus qu’un consultant casse pieds. Et peut-être qu’avec le temps, il parviendrait à lui parler, à lui dire ce qu’il ressentait pour elle.

Lisbon se tourna vers lui et rougit un peu. Malgré leur rapprochement, elle ne pouvait s’empêcher de rougir à chaque fois qu’il la regardait ainsi. Ce regard tendre, amoureux. Elle s’y habituerait, elle n’en doutait pas, mais ses rougissements ne passeraient pas comme ça. Et puis à quoi bon tenter de les faire disparaître, Jane disait souvent qu’il aimait la voir rougir, et il trouvait toujours un moyen pour colorer ses joues. Rien que pour lui faire plaisir, elle ne tenterait pas de les calmer.

Veronica sourit en les voyant faire ainsi. Ils étaient tels deux adolescents face à leur premier amour, c’était si amusant de les voir faire. Ils s’aimaient vraiment et ils avaient finit par se parler. Tout n’avait pas été dit, mais ils avaient encore besoin de temps. Ça avait été le cas pour elle lorsqu’elle était plus jeune, lorsque ses sentiments pour Duncan s’étaient développés. Elle aussi ne pouvait s’empêcher de rougir à l’époque, à chaque fois qu’il posait les yeux sur elle. Maintenant encore elle rougissait, malgré toutes les années de vie commune. La vieille femme fit un clin d’œil à son mari qui lui sourit en retour.

Veronica se revoyait en Teresa, le même caractère, la même force. Tout comme elle, Teresa savait ce qu’elle voulait et faisait tout ce qu’elle pouvait pour l’obtenir. Tout comme elle, Teresa aimait un homme et avait peur de lui avouer ses sentiments. Mais tout comme elle, elle parviendrait à le faire, le temps l’aiderait à trouver le courage de le faire. Elle se tourna de nouveau vers Teresa.

-“ Vous reviendrez nous voir n’est-ce pas ?” Voulut savoir Veronica.
-“ Bien sûr que nous reviendrons” lui assura Lisbon. “ Vous avez été si bons avec nous, et puis vous êtes nos amis.”
-“ Quand vous aurez le temps, prévenez-moi et je vous préparerais la chambre.”
-“ Merci Veronica.”
-“ De rien Teresa.”

Les deux femmes marchèrent jusqu’à la voiture et Veronica prit la jeune femme dans ses bras, la serrant fort contre elle. Même si elles ne se connaissaient pas bien, elles étaient devenues amies. Malgré les kilomètres, rien ne les empêcheraient de rester en contact. Un raclement de gorge les obligea à se séparer et Jane vint passer un bras autour de la taille de Lisbon et elle rougit de nouveau. Cette toute nouvelle intimité était encore nouvelle pour eux, mais ils s’y habituaient vite.

Lisbon aimait quand Jane se montrait affectueux envers elle, quand il la prenait dans ses bras ou tout simplement lorsqu’il lui prenait la main. Elle savait qu’une fois de retour à Sacramento, les choses ne seraient plus si faciles. Alors elle voulait profiter de tous ces petits moments qu’ils pouvaient encore avoir ensemble sans avoir peur qu’on les surprenne. Ici les choses étaient si simples, là-bas, ce serait plus compliqué. Jane n’oserait pas se montrer si intime avec elle, il n’oserait lui prendre la main, la prendre dans ses bras. Elle voulait tellement qu’il puisse se sentir aussi libre qu’ici, mais elle en doutait.

Jane sentit que Teresa n’allait pas bien, il sentait qu’elle avait peur de rentrer. Il savait pourquoi, il savait que c’était à cause de lui. Ici il pouvait lui montrer librement qu’il tenait à elle, il pouvait lui prendre la main s’il le désirait, la prendre dans ses bras. Mais à Sacramento, il ne savait pas s’il aurait le courage de le faire, du moins pas en public. Mais il savait qu’il ferait de son mieux pour vaincre sa peur et montrer à Lisbon qu’elle était plus importante pour lui que John LeRouge.

Ces deux jours ici, le temps passé avec Lisbon lui avait montré la vie qu’il pourrait avoir s’il le voulait vraiment. Il se rendit compte à cet instant qu’il avait perdu des années de vie à traquer un tueur quiavait toujours de l’avance sur lui, un homme si malin qu’il pourrait ne jamais être attrapé. Tandis que là, dans ses bras, se trouvait la promesse d’une vie meilleure s’il y mettait du sien.

Teresa méritait qu’il se consacre entièrement à elle, qu’il aille vraiment de l’avant. Elle avait passé des années à veiller sur lui, c’était maintenant à lui de veiller sur elle. Bien entendu, elle lui dirait qu’elle pouvait prendre soin d’elle seule, mais il voulait pouvoir le faire. Les dix dernières années avaient été difficiles pour lui et il s’en était sorti grâce à elle. Si elle n’avait pas été là, il n’en serait pas là aujourd’hui. Il avait eut une vie, bien qu’incomplète. Et sans qu’il ne s’en rende compte, il avait développé des sentiments pour elle et maintenant il voulait laisser parler son cœur.

Lisbon se dégagea de ses bras pour aller dire au revoir à Duncan et Veronica, puis elle revint vers lui. Il en fit autant, promettant de revenir dès qu’il le pourrait avant de rejoindre Lisbon. Ils montèrent en voiture et prirent la route qui les ramènerait chez eux. Ils firent un dernier signe de la main au couple devant la maison avant de s’éloigner.

Au bout d’un moment, le silence dans la voiture devint un peu trop lourd. Lisbon décida de le rompre en mettant de la musique, comme elle l’avait fait à l’aller. Mais ça ne lui suffit pas et elle se tourna vers Jane qui conduisait. Il était concentré sur la route et elle ne voulait pas le distraire, mais elle avait besoin de lui parler.

-“ Patrick, je sais que tu ne veux pas vraiment rentrer.”
-“ Non, c’est vrai” admit-il.
-“ Mais rien ne changera entre nous une fois à Sacramento” lui dit-elle.
-“ Je sais” murmura-t-il. “ Et je te promets que je ne me renfermerais pas une fois rentré.”
-“ Qu’est-ce que tu veux dire ?”
-“ Que si tu veux sortir et marcher dans la rue main dans la main, alors c’est-ce que nous ferons” sourit-il. “ Je sais que tu n’es pas ce genre de femme, que tu es plus indépendante et je ferais tout pour que ça marche vraiment entre nous.”
-“ Mais pas à abandonner ta vengeance” murmura-t-elle.

Jane eut mal au cœur de l’entendre dire ça, mais il comprenait parfaitement qu’elle puisse penser ça. Il l’aimait, de ça il en était sûr. Mais son amour pour elle était-il assez fort pour qu’il renonce à ce qui l’avait fait tenir pendant si longtemps ? Il ne voulait plus vivre dans la douleur, il voulait vivre dans l’amour. Il devait encore réfléchir à tout ça, mais il ne perdrait plus son temps. Lisbon méritait bien plus qu’un homme au lourd passé ne vivant que dans la haine.

-“ Teresa, je sais que je ne parviendrais pas à oublier John LeRouge, qu’il sera toujours dans ma tête. Mais tu es dans mon cœur et tu passeras toujours avant lui.”
-“ En es-tu sûr ?”
-“ Je ferais tout pour. Je tiens trop à toi pour gâcher la chance que la vie m’a offert” certifia-t-il. “ Et je te le prouverais.”

La conversation s’arrêta là et Lisbon se laissa bercer par la musique. Elle savait qu’elle lui en demandait beaucoup, peut-être même trop. Mais elle avait peur qu’à la prochaine affaire concernant John LeRouge, elle le perde de nouveau. C’était ce qui la terrifiait depuis qu’elle avait admit les sentiments qu’elle avait pour lui et c’était encore plus vrai maintenant qu’ils envisageaient quelque chose ensemble. Mais elle devait lui faire confiance. S’il disait qu’elle était plus importante, alors elle devait y croire.

Au bout de quelques minutes, elle ferma les yeux et finit par s’endormir. Et comme à l’aller, Jane posa la couverture sur elle pour lui tenir chaud. Il savait qu’elle avait peur de ce qui arriverait une fois à la maison et il ne pouvait l’en blâmer. Il ferait tout pour qu’elle soit heureuse, il s’en fit la promesse.




Lisbon sentit que quelqu’un la secouait et elle finit par ouvrir les yeux pour voir Jane penché sur elle. Il la regardait tendrement et sa main vint caresser sa joue. Elle lui sourit en posant sa main sur la sienne.

-“ Nous sommes arrivés” lui dit-il.
-“ Quoi ?” Demanda-t-elle encore un peu endormie.
-“ Nous sommes chez toi” précisa-t-il.

Lisbon se redressa et tourna la tête pour voir qu’ils étaient garés devant son appartement. Elle se passa une main sur le visage avant d’ouvrir la porte. Elle sortit, frissonna un peu et avança vers la porte. Jane la suivait avec son sac et il entra avec elle. Il se sentit un peu mal à l’aise de se trouver ici avec elle, mais il savait que ça lui passerait. Il regarda la jeune femme se rendre dans la cuisine préparer des boissons chaudes et il la suivit.

Elle était encore fatiguée par la longue route, malgré la sieste qu’elle avait faite dans la voiture. Elle agissait par automatisme, préparant les boissons sans faire attention à ce qu’il se passait autour d’elle. Il pourrait s’habituer à l’observer évoluer ainsi dans la cuisine, préparant des boissons ou leur faisant à manger. Oui, il pourrait s’y habituer.

Il s’approcha doucement d’elle par derrière et passa un bras autour de sa taille. Elle sursauta de surprise, ayant oublié qu’elle n’était pas seule et s’écarta avant de se tourner vers lui. Il avait une expression blessée et elle s’en voulut. Il avait mal interprété sa réaction. Elle fit un pas vers lui, mais il recula et s’éloigna dans le salon. Elle venait de tout gâcher.

-“ Patrick” l’appela-t-elle. “ Attends.”
-“ Je crois qu’il vaut mieux que je parte” dit-il en se dirigeant vers la porte.
-“ Non attends, je suis désolée” reprit-elle en le rattrapant par la main.

Jane s’arrêta, mais ne se retourna pas.

-“ Je ne voulais pas réagir comme ça, c’est juste que… J’ai été surprise.”

Il ne dit toujours rien et elle commença à s’inquiéter. Il lui en voulait d’avoir réagit ainsi et elle s’en voulait aussi.

-“ J’avais oublié que je n’étais pas seule, mais la fatigue n’est pas une excuse” admit-elle en lui lâchant la main. “ Merci de m’avoir ramenée et bonne fin de journée.”

Elle lui tourna le dos et retourna dans la cuisine. Mais elle sentit une main lui attraper le bras et la retourner vivement. Mais elle n’osa pas croiser son regard et elle garda la tête basse. Elle le sentit poser son index sous son menton et la força à lever la tête.

-“ Teresa, regarde-moi” demanda-t-il.

Elle finit par lever les yeux vers lui. Il lui souriait, ne semblant plus lui en vouloir.

-“ C’est moi qui te demande de m’excuser” expliqua-t-il. “ Je t’ai eu par surprise et tu es encore fatiguée. Je te propose de monter te reposer un peu et je vais te monter quelque chose à manger.”
-“ Mais…” tenta-t-elle de protester.
-“ Pas de mais, tu montes maintenant, je m’occupe du reste.”

Elle hocha la tête et allait s’éloigner, mais il la retint par le bras pour l’embrasser. Elle lui rendit son baiser, puis monta dans sa chambre. Les choses s’arrangeaient finalement, à sa plus grande joie. Elle allait devoir se faire à l’idée qu’il la surprenne dans la cuisine en lui entourant la taille, ou dans sa chambre. Ça ne serait pas facile puisqu’elle avait l’habitude d’être seule, mais elle s’y ferait. Et puis, il ne serait pas toujours là, du moins pour le moment.

Elle avait vraiment envie qu’il s’installe avec elle, mais ils ne devaient pas aller trop vite. C’était mieux ainsi, même s’il allait lui manquer cette nuit lorsqu’elle irait se coucher. Elle s’était habituée à l’avoir dans ses bras pour dormir, à avoir son bras autour de sa taille.

-“ Bientôt” se dit-elle. “ Il faut juste que je sois patiente.”
-“ Oui, et moi aussi” lui dit Jane en arrivant derrière elle.

Lisbon se retourna pour le voir arriver avec deux tasses fumantes et un grand sourire sur le visage. Elle l’aida en prenant la sienne et ils entrèrent dans la chambre ensemble. Elle posa sa tasse sur sa table de nuit et s’assit sur le lit. Jane fit de même, mais hésita à s’installer sur le lit avec elle. Il se souvenait encore de ce qu’elle lui avait dit dans la voiture, ils devaient prendre le temps de mieux se connaître avant d’aller plus loin. Mais elle lui prit la main et le força à venir près d’elle.

Elle s’allongea sur le lit et entraîna Jane avec elle. Elle le sentait hésitant, mais il finit par le faire. Et comme les deux nuits précédentes, elle posa sa tête sur son torse et Jane lui entoura la taille. Elle savait qu’elle allait à l’encontre de ce qu’elle avait dit, mais elle en avait besoin. Elle n’était pas encore prête à le laisser partir. Alors qu’elle commençait à s’endormir, elle le sentit se lever.

-“ Juste cette nuit” souffla-t-elle.
-“ Je croyais que…”
-“ On verra ça plus tard. Tu es fatigué toi aussi, alors dors.”

Il ne résista pas et se réinstalla dans le lit avec elle. Une nuit de plus, juste une et demain il rentrerait chez lui. Et puis, lui aussi en avait besoin, il n’était pas prêt à s’éloigner d’elle. Alors il ferma les yeux et s’endormit.