L'enfant qui en savait trop ^

L’agent Scanlon n’avait pas vu Jane depuis qu’il était partit rejoindre l’agent Lisbon et elle commençait à se faire du souci. Elle avait vu l’attachement de l’homme envers la petite Peyson et elle était étonnée qu’il ne soit pas repassé la voir. Elle avait tenté de le joindre sur son téléphone portable, mais il n’avait pas répondu. Elle avait essayé de joindre l’agent Lisbon, mais là encore elle n’avait pas eut de chance. Elle ne voulait pas montrer à Peyson son inquiétude, mais la fillette semblait avoir comprit.

Elle dessinait encore dans le salon, mais elle était moins attentive à ce qu’elle faisait et plus au moindre bruit provenant de l’extérieur. Scanlon pouvait voir l’impatience de l’enfant et parfaitement la comprendre. Mais elle continua ses dessins, en faisant toujours plus pour ensuite les offrir à l’agent Lisbon et à Jane. Au moment de se coucher toutefois, la petite fille refusa d’obéir.

-“ Je veux voir Patrick” ordonna-t-elle de sa petite voix d’enfant, tentant d’y mettre autant de force qu’elle le pouvait.
-“ Il est occupé pour le moment” lui répondit Scanlon. “ Mais je suis certaine qu’il viendra quand il aura un moment de libre. Maintenant, il faut te coucher.”
-“ Alors je veux voir Teresa” s’obstina-t-elle.
-“ Peyson, elle aussi doit travailler”. Scanlon se passa une main sur le visage.
-“ Je veux pas dormir tant qu’ils sont pas venu me voir.”

Scanlon se redressa et sortit de la chambre, laissant l’enfant seule devant son lit. Elle ne voulait pas être de celle qui cède aux caprices d’une enfant de huit ans, mais elle pouvait comprendre son inquiétude. Alors elle tenta une fois de plus de joindre le consultant.

-“ Patrick Jane” répondit l’homme.
-“ Mr Jane, enfin” souffla-t-elle de soulagement. “ Vous devez venir tout de suite.”
-“ Un problème ?” S’inquiéta le consultant.
-“ Non, mais elle refuse de dormir tant que vous n’êtes pas venu la voir. Elle veut également voir l’agent Lisbon.”
-“ Ça va être difficile, Lisbon n’est pas au meilleur de sa forme.”
-“ Je vais très bien” contesta la concernée derrière le mentaliste. “ Et on arrive tout de suite, rassurez la.”
-“ J’y vais tout de suite.”

Scanlon raccrocha et se rendit dans la chambre pour trouver la petite Peyson sagement endormie dans son lit. Elle sourit. La fatigue avait gagné malgré son obstination. La jeune femme s’approcha du lit, remonta délicatement la couverture et embrassa le front de la fillette avant de quitter la chambre. Dans peu de temps elle devrait la réveiller, alors autant la laisser profiter encore un peu.




Moins de vingt minutes plus tard, Jane gara la voiture devant la maison. Il en sortit et en fit rapidement le tour pour aider Lisbon à en sortir. Elle leva les yeux au ciel par habitude mais accepta la main qu’il lui tendait. Ils marchèrent ensuite vers la maison et entrèrent sans même frapper à la porte avant. L’agent Scanlon vint à leur rencontre et ils s’installèrent tous dans la cuisine.

-“ Elle a finit par s’endormir” informa Scanlon.
-“ Il vaut mieux la laisser tranquille alors” dit Jane.
-“ Donc, tout est fini ?” Demanda la femme.
-“ Il semblerait, mais j’ai des doutes” répondit le mentaliste. “ Je trouve que c’était un peu trop facile.”
-“ C’est pas toi qui a pris une balle que je sache” intervint Lisbon. “ Je ne trouve pas que ce soit facile. Mais c’est vrai que je trouve aussi que cet appel anonyme est arrivé au bon moment.”
-“ Avez-vous réussi à localiser d’où provenait l’appel ?”
-“ Malheureusement non” souffla la brunette. “Mais le point positif, c’est que Peyson ne risque plus rien.”
-“ J’en doute” lança Jane.

Le silence retomba sur la cuisine. Jane avait raison, la vie de Peyson pouvait tout à fait être encore en jeu. Pour le moment, l’équipe était toujours en train de chercher un lien entre Beckett et toutes les personnes qui avaient été tuées. Personne n’était certain que la vie de l’enfant n’était plus en danger, et Lisbon ne voulait pas prendre de risque.

-“ Peyson restera sous protection jusqu’à ce qu’on soit certain qu’elle ne risque plus rien” annonça-t-elle. “ Je refuse de prendre le moindre risque.”
-“ Je suis entièrement d’accord avec l’agent Lisbon” approuva Scanlon. “ Et je reste à votre disposition aussi longtemps que vous aurez besoin de moi.”
-“ Je crois qu’elle pourrait nous aider, mais je ne veux pas la forcer à nous parler” reprit Lisbon. “ Le mieux serait qu’elle voit de nouveau le Dr Dane, peut-être qu’elle parviendra à la faire parler.”
-“ C’est une bonne idée Lisbon, et je pense que le plus tôt sera le mieux. Je ne sais pas si elle pourra nous en apprendre beaucoup, ou si elle sait tout simplement quelque chose, mais on peut toujours essayer.”
-“ Bien, je l’appellerai dans la journée. Maintenant, je pense que nous devrions aller nous reposer” suggéra Lisbon.
-“ Pas avant de m’avoir raconté uns histoire” intervint alors une petite voix.

Tout le monde se retourna pour voir Peyson arriver en se frottant les yeux. Elle alla tout de suite vers Jane et grimpa sur ses genoux. L’homme l’entoura de ses bras et elle posa sa tête contre son torse, retenant difficilement un bâillement. Elle résista toutefois et tourna la tête vers Lisbon.

-“ Teresa, tu es venue” sourit la fillette.
-“ Je t’avais promis de venir te voir” répondit Lisbon en se levant de sa chaise, retenant difficilement une grimace.
-“ Tu as mal ?” S’inquiéta Peyson.
-“ Rien de grave” la rassura l’agent en s’approchant.
-“ Tant mieux.”

La petite fille tendit les bras en avant et entoura Lisbon pour un petit câlin. Lisbon la serra en retour. Lorsqu’elle s’écarta, elle put voir le sourire sur le visage de Jane, ce qui la fit rougir un peu. Elle n’avait pas l’habitude d’être si démonstrative, en particulier devant ses collègues. Mais bien que cela la gêne un peu, elle décida que ça n’avait pas d’importance. Peyson avait envie de ce câlin, tout comme elle, alors elle ne voyait pas pourquoi elle s’en priverait. Elle aimait beaucoup cette petite fille, plus qu’elle ne le devrait. Mais elle ne pouvait pas toujours fermer son cœur, même pour se protéger de la peine qu’elle savait venir. Cette enfant était bien trop attachante pour tenter d’y résister.

Jane se leva, Peyson toujours dans ses bras et ensemble, ils se dirigèrent vers la chambre. L’agent Scanlon les regarda s’éloigner avec un petit sourire sur le visage. Une fois dans la chambre, Jane posa doucement la petite dans son lit et remonta la couverture sur son corps. Il s’assit sur le bord du lit, prit le livre que lui présentait Lisbon et l’ouvrit à la première page.

-“ Installe-toi Lisbon” lui dit le mentaliste en lui montrant la chaise.
-“ Non, ici” protesta la fillette en tapant de l’autre côté du lit.

Lisbon hésita un moment. Ça lui faisait étrange de s’installer à cet endroit. c’était un peu trop familier. Mais elle s’y assit toutefois, pour faire plaisir à Peyson. La petite fille posa sa tête sur la jambe de la jeune femme et Lisbon passa la main dans ses cheveux. Elle écouta Jane lire l’histoire et elle se laissa envahir par les souvenirs.




La petite Teresa était allongée dans son lit, la tête sur la jambe de sa mère et une main dans celle de son père. Elle aimait particulièrement ce moment de la journée, celui où ses parents venaient dans sa chambre le soir pour lui raconter une histoire. C’était le seul moment de la journée où son père et sa mère pouvaient être ensemble avec elle et la petite fille profitait toujours au maximum de ce moment.

A la fin de l’histoire, son père se pencha pour lui embrasser le front, puis sa mère et ils se levèrent. La jeune Teresa observa ses parents se tenir par la taille sur le pas de la porte puis elle ferma les yeux et se réinstalla confortablement dans son lit. Elle n’eut aucun mal à s’endormir, car elle savait que ses parents étaient là pour la protéger et l’aimer aussi longtemps qu’elle en aurait besoin.




Lisbon sentit une main se poser sur son bras, remonter vers son épaule et se poser sur sa joue. Elle pencha la tête pour approfondir le contact avec cette main chaude et douce. Elle se sentait bien et refusait de se réveiller. La main lui caressa doucement la joue, mais elle serra un peu plus les yeux. Elle se sentit alors soulevée, ce qui la fit ouvrir brusquement les yeux pour voir qu’elle se trouvait dans les bras de Jane. Ce dernier ne sembla pas s’en apercevoir alors elle ferma de nouveau les yeux, profitant de ce moment.

Quelques instants plus tard, elle sentit qu’il la posait sur le canapé de la chambre de la petite et remontait une couverture sur elle. Il écarta une mèche de cheveux de son visage, se pencha vers elle et posa ses lèvres sur son front. Elle laissa involontairement échapper un soupir de contentement et elle sentit Jane sourire contre sa peau. Il s’écarta ensuite et s’éloigna du canapé. Il quitta la chambre pour rejoindre l’agent Scanlon dans la cuisine. Elle leva la tête lorsqu’elle entendit Jane arriver.

-“ Elle dort ?” Demanda Scanlon.
-“ Oui, je pense qu’elle est encore fatiguée à cause de sa blessure” répondit Jane. “ Elle a besoin de repos.”
-“ Laissons la dormir alors, je vais nous faire du café.”
-“ Et du thé” ajouta le mentaliste.




Lisbon écouta les pas s’éloigner dans le couloir. Elle ne l’avouerait jamais, mais elle avait beaucoup aimé se retrouver dans les bras de son collègue. La façon dont il l’avait prise dans ses bras, la façon dont il l’avait déposée sur le lit. Et sa main lui caressant la joue… Tout ça était étrange, elle ne comprenait vraiment pourquoi elle ressentait ça. Jane était son ami, son meilleur ami. Ils avaient toujours été plus ou moins proche l’un de l’autre, peut-être que cela justifiait ce qu’elle avait ressentit dans ses bras.

Mais plus encore, elle avait sentit à quel point Jane l’appréciait. Il avait changé, elle pouvait le dire. Quelques années plus tôt, jamais il n’aurait osé la toucher, encore moins la prendre dans ses bras. Mais tout avait changé depuis son retour de Vegas. Il avait été distant envers elle, mais envers les autres aussi. Il avait voulut travailler de son côté, pour les protéger comme il avait dit. Puis, sans savoir pourquoi, il s’était de nouveau rapproché d’eux, d’elle. Elle craignait toujours d’arriver un jour au travail pour apprendre qu’il était partit. Elle craignait aussi qu’il refasse quelque chose comme Vegas, qu’il provoque encore le tueur et que ça finisse mal.

Pourtant, il était toujours là. Elle était heureuse de ce fait, bien que sa peur de le voir un jour partir soit toujours présente en elle. Même s’il était resté jusque là, rien ne pouvait l’empêcher de partir demain, ou le mois prochain. Son soudain changement, ces petits gestes d’affection qu’il démontrait était une preuve qu’il allait mieux que le jour où il avait intégré le CBI. Mais s’il voulait partir, alors elle ne l’en empêcherait pas, même si elle allait en souffrir. Elle tenait à lui, et si pour qu’il soit vraiment heureux il partait, elle accepterait cette décision.

Lisbon pensa dormir encore un peu, mais elle avait des choses à faire et elle ne pouvait pas encore les repousser. Elle devait rentrer chez elle, se reposer un peu et ensuite joindre le Dr Dane. Plus vite elle aurait finit, plus vite chacun pourrait reprendre une vie normale. Elle devait aussi commencer à chercher une famille pour Peyson, quelqu’un qui prendrait soin d’elle et l’aiderait à devenir une femme équilibrée.

L’agent se leva, s’étira doucement afin de ne pas se faire trop mal et elle rejoignit les autres dans la cuisine. Elle arriva pour ne trouver que Jane, l’agent Scanlon avait dut aller se coucher dans l’autre chambre. Elle s’avança et Jane leva la tête.

-“ Tu es déjà levée ?” S’étonna-t-il.
-“ J’ai des choses à fair,” se justifia-t-elle. “ Où est l’agent Scanlon ?”
-“ Elle est allée se coucher dans l’autre chambre” l’informa-t-il. “ Elle était fatiguée et je lui ai proposé de rester éveillé.”
-“ Très bien, je vais rentrer chez moi alors et on se voit demain” annonça-t-elle en se dirigeant vers la porte.
-“ Lisbon attends” la retint Jane. “ Tu devrais rester pour la nuit, tu es encore fatiguée et tu as besoin de te reposer.”
-“ C’est-ce que je vais faire, dans mon lit.”
-“ Je me sentirais mieux si je te sais en sécurité ici et non pas sur la route” avoua-t-il, à la plus grande surprise de Lisbon.
-“ Jane, je suis parfaitement en sécurité chez moi.”
-“ Mais avec ta blessure et tes calmants, j’ai peur que tu t’endormes au volant.”

Lisbon s’arrêta à ces paroles. Il n’avait pas tort, ce n’était pas très prudent de conduire dans ces conditions. Elle fit donc demi-tour et alla s’asseoir sur le canapé où Jane vint la rejoindre. Ils gardèrent le silence quelques minutes avant que Jane se tourne vers elle.

-“ J’ai une idée” annonça-t-il. “ Pour coincer le vrai commanditaire de tout ces meurtres.”
-“ On ne sait même pas qui c’est même pas qui ça pourrait être” lui rappela-t-elle.
-“ J’ai mon idée là-dessus” voyant qu’elle attendait des explications, il continua. “ J’ai relus tout les dossiers que nous avons et j’ai remarqué que Logan Anderson est le bénéficiaire de tout les biens de la famille Tanner.”
-“ Ils étaient amis depuis l’université” précisa la jeune femme. “ Tanner n’avait pas de famille, c’est pour ça qu’Anderson est son bénéficiaire. Je ne vois pas pourquoi il lui aurait voulut du mal.”
-“ Ça je ne le sais pas encore” admit-il. “ Mais ce que je sais, c’est que lui seul pouvait connaître tout les détails sur les logements des Tanner et de Moira McGrath. Et avant que tu dises quoi que ce soit, je sais qu’il n’était pas sur cette affaire, du moins de ce qu’il nous a dit. J’aimerais bien le rencontrer, histoire de me faire une vraie idée de l’homme.”

Lisbon considéra un moment la demande de son collègue. Elle avait confiance en lui, elle savait qu’il ne ferait rien de stupide, pas cette fois. Il tenait trop à Peyson pour la mettre en danger, elle le savait.

-“ Je vais arranger une entrevue, mais ne fais rien de stupide, ne le mets pas en colère et surtout, fais en sorte de ne pas me rajouter de paperasse, j’en ai déjà bien assez.”
-“ Oui madame” sourit Jane.
-“ Bien, maintenant, pourrais-tu me faire un café s’il te plait ?” Demanda-t-elle.
-“ A ce rythme Lisbon, ce n’est plus du sang que tu auras dans les veines mais du café” fit remarquer Jane. “ Tu devrais arrêter avant qu’il ne soit trop tard.”
-“ C’est ça.”

Jane sourit une fois de plus à Lisbon et alla dans la cuisine préparer la boisson de la jeune femme. Il savait que ce n’était pas une bonne idée, elle avait besoin de se reposer et le café ne l’aiderait pas. Mais il savait aussi que s’il ne lui faisait pas, elle le ferait elle-même et il ne voulait pas qu’elle fasse le moindre effort aujourd’hui. Il le prépara donc avec attention, ce n’était pas difficile puisqu’il savait parfaitement comment elle l’aimait.

Il revint ensuite vers elle, la tasse à la main et la lui donna. Elle la prit avec un sourire et la porta à ses lèvres. Elle but quelques gorgées avant de la poser devant elle. La fatigue se fit soudain sentir et elle ferma les yeux un instant. Jane s’approcha alors et l’aida gentiment à s’allonger sur le canapé. Il fut surprit qu’elle se laisse faire, mais il mit ça sur le compte des calmants. Il plaça ensuite une couverture sur elle et s’installa sur le fauteuil qu’il rapprocha. Il la contempla dormir un moment, incapable de trouver lui-même le sommeil.

Il ne pouvait cesser de repenser au moment où il avait vu Lisbon sortir avec l’aide de Rigsby. Il revoyait encore le sang couler de son ventre, de la peur qu’il avait ressentit à l’idée de la perdre. Elle était sa meilleure amie, la seule personne en qui il avait une totale confiance. Elle était la seule chose qui le rattachait encore à la vie et sans elle il savait qu’il serait perdu. Elle avait toujours été là pour lui, même dans les pires moments. Elle ne l’avait jamais laissé tomber.

Le mentaliste laissa ses yeux dériver sur le visage de Teresa Lisbon. Onze ans, cela faisait onze ans qu’ils se connaissaient et malgré tout ce qu’il avait put lui faire vivre, malgré toute la peine qu’il lui avait infligé, elle était encore là. Il se demandait encore ce qu’il avait put faire pour mériter une amie comme elle. Il avait fait beaucoup de mauvaises choses dans sa vie, il avait menti, triché, manipulé. Et pourtant, il s’était vu offrir une nouvelle chance.

Lisbon grogna dans son sommeil, une main sur le ventre. Il se leva, s’approcha d’elle et passa une main sur sa joue et lui parla doucement, l’aidant ainsi à se détendre et se rendormir. Une fois qu’il fut certain qu’elle était profondément endormie, il se pencha pour poser un baiser sur son front. Il y resta plus longtemps que nécessaire avant de finalement se reculer et retourner s’asseoir sur le fauteuil. Il savait qu’il ne devait trop se rapprocher d’elle, qu’il la mettait ainsi en danger. Mais il n’y pouvait rien, c’était un sentiment qu’il ne contrôlait pas.

Il finit par se lever et alla se faire un thé. Cette affaire prendrait bientôt fin, ils arrêteraient le vrai responsable de la mort de la famille Tanner. Ensuite il devrait dire au revoir à la petit Peyson et il savait que ce ne serait pas facile, ni pour lui ni pour Lisbon. Il tourna les yeux vers la jeune femme qui dormait toujours. Depuis le début de cette affaire, il avait passé beaucoup plus de temps avec sa collègue. Ils avaient l’habitude de passer du temps ensemble, mais jamais autant et revenir à la vie normale ne serait pas facile. Il s’était bien trop attaché à elle, il doutait pouvoir supporter de ne pas la voir aussi souvent.

Du bruit attira son attention et il vit Peyson venir vers lui, encore un peu endormie. Il posa rapidement sa tasse sur la table et vint à la rencontre de la fillette qui tendit les bras vers lui. Il la prit dans ses bras et elle posa sa tête contre son épaule en fermant les yeux.

-“ Tu as fait un cauchemar ?” Demanda-t-il.
-“ Non, mais je voulais être avec toi” répondit-elle en baillant.
-“ Pourquoi ma puce ?”
-“ Parce que tu es gentil” murmura-t-elle. “ Et je sais que bientôt on se verra plus.”
-“ Qu’est-ce qui te fait dire ça ?”
-“ Je t’ai entendu parler avec Teresa” avoua-t-elle comme si elle avait fait une bêtise. “ Je me suis réveillée et je voulais vous voir. Je vous ai entendu parler, tu penses que c’est oncle Logan qui a fait du mal à ma famille ?”

Jane comprenait parfaitement la question de l’enfant. Il était difficile pour elle d’imaginer un homme qui faisait en quelque sorte partie de sa famille puisse avoir fait du mal à sa famille. Il s’assit à la table, Peyson toujours dans les bras et prit une profonde inspiration.

-“ Ecoute Peyson, je sais que tu as écouté notre conversation et tu n’aurais pas du. Je voudrais que tu fasse quelque chose pour moi.”
-“ Quoi ?” Demanda-t-elle en redressant la tête.
-“ Je voudrais que tu oublies tout ce que tu as entendu.”
-“ Pourquoi ?”
-“ Parce que tu es trop petite pour penser à des choses pareilles” expliqua-t-il. “ Et puis si je me trompe, je ne voudrais pas que tu penses que ton oncle est une mauvaise personne.”
-“ Tu te trompes” certifia-t-elle. “ Oncle Logan est gentil. Quand papa travaillait tard, il venait à la maison le soir et il était gentil avec maman.”

Les mots de la petite fille résonnèrent dans la tête du mentaliste. Il devait en apprendre plus, sans pour autant lui faire comprendre ce qu’il avait en tête.

-“ Ton papa devait être content que ton oncle reste avec ta maman pendant qu’il travaillait” tenta-t-il.
-“ Il savait pas” avoua-t-elle. “ Un jour, j’ai vu oncle Logan sortir de la chambre de maman et maman m’a vu. Elle m’a dit que papa devait pas le savoir, que ce serait notre petit secret à toutes les deux. Alors j’ai rien dis à papa.”
-“ Et tu ne voulais pas garder ce secret.”
-“ Ben, je sais pas, je trouve que c’était pas gentil de mentir à papa, mais maman m’a supplié et j’étais quand même contente que maman et moi on ait notre secret rien qu’a nous.”
-“ Mais il y a autre chose, n’est-ce pas ?” Questionna Jane.
-“ Un soir, je me cachais dans le bureau de papa, je voulais lui faire une surprise” commença l’enfant. “ J’ai vu oncle Logan et papa entrer et papa criait après oncle Logan. Il était en colère, mais c’était pas parce qu’il était gentil avec maman, c’était pour autre chose.”
-“ Ils parlaient de quoi ?”
-“ De quelque chose que oncle Logan a fait. Papa disait que c’était mal et qu’il devait arrêter tout de suite. Il disait qu’il irait voir la police et que oncle Logan irait en prison.”
-“ Il a dit de quoi il s’agissait ?”
-“ Non, désolée” s’excusa la petite, comme si elle avait fait une bêtise.
-“ Ce n’est rien ma puce” la rassura-t-il.

Les soupçons de Jane se confirmèrent suite à ce que venait de lui dire Peyson, mais d’autres questions se soulevèrent. Apparemment, Logan Anderson avait fait quelque chose d’illégal, mais rien n’était apparu dans les dossiers qu’ils avaient put voir. Il devrait chercher un peu plus loin et avec l’aide de Lisbon se serait plus facile. Par contre, cela justifiait qu’il veuille la mort de la famille Tanner mais pas les autres, du moins pas les parents de Kelly Romero. Pour ce qui était de Moira McGrath, de l’avocat de Beckett et celui de son ex-femme c’était logique. Si Anderson voulait faire porter le chapeau à Beckett, quel meilleur moyen que de s’en prendre à toutes les personnes qu’il avait menacées.

Il avait besoin de parler à Lisbon, mais il n’avait pas envie de la réveiller, elle avait besoin de repos. Peyson reposa la tête sur son épaule et il la sentit se rendormir. Il la porta et la ramena dans la chambre où il la déposa dans le lit. Il lui embrassa le front avant de se relever et de quitter la pièce. Cette petite fille savait bien trop de choses pour son jeune âge et elle ne se rendait pas compte de leur importance, ce qui était le mieux en fin de compte.

Lorsqu’il arriva dans le salon, Lisbon leva les yeux vers lui sans bouger du canapé. Elle semblait parfaitement éveillée, ce qui étonna un peu Jane mais il ne dit rien. Il fit le tour du canapé, mais alors qu’il allait s’installer sur le fauteuil, la jeune femme lui indiqua de venir s’asseoir à côté d’elle. Il hésita un moment puis finit par obtempérer. Ce n’était pas une bonne idée s’il ne voulait pas s’attacher plus à elle, mais il ne pouvait rien lui refuser en ce moment.

-“ Alors Logan Anderson avait une liaison avec Mme Tanner, mais quelque chose me dit que ce n’est pas le mobile des meurtres” dit-elle. “ Et tu penses la même chose.”
-“ Je pense qu’Anderson a fait quelque chose, d’un point de vu professionnel, et que Tanner l’a découvert. Ça doit être à cause de ça qu’ils sont morts.”
-“ Et les autres n’étaient qu’un moyen de faire accuser Jackson Beckett” continua l’agent. “ Ces nouvelles informations peuvent nous aider à coincer Anderson, mais il va falloir faire très attention.” Elle se tourna complètement vers son collègue. “ Je veux que tu fasses très attention Jane, si c’est bien Anderson qui est responsable de tout ça, il ne se laissera pas accuser si facilement.”
-“ Je ne risquerai rien Lisbon” la rassura-t-il. “ Je n’irai pas seul, mais tu ne viendras pas avec moi, même si je sais que tu préférerais être celle qui m’accompagnera.”
-“ Je me sentirais mieux si je venais avec toi Jane, je ne fais pas confiance à cet homme.”
-“ J’irais avec Cho. Je ne risquerais rien avec lui et de plus, il a déjà rencontré Anderson, ce sera donc plus facile.”

L’agent ne sembla pas pour autant rassurée, même si elle faisait pleinement confiance à Cho. Mais laisser Jane parler à cet homme lui faisait peur, bien plus que les autres fois où il allait voir des suspects éventuels. Anderson était responsable de la mort de la famille de Peyson, même s’ils n’avaient pas encore de preuves contre lui. Et vu l’attachement que Jane avait pour la petite fille, elle avait peur qu’il ne fasse une bêtise.

-“ Très bien, mais promets moi de faire bien attention.”
-“ Je te le promets Lisbon.”

Cela sembla lui suffire et elle se détendit. Elle sentit ses paupières s’alourdirent, alors elle s’installa confortablement contre le dossier du canapé et Jane allait se lever pour la laisser dormir mais elle le retint par le poignet. Il baissa les yeux vers elle, un sourcil levé et elle baissa les siens, les joues rougissantes. Il ne dit rien et reprit sa place à côté d’elle. Lisbon hésita un moment puis elle posa sa tête contre l’épaule de Jane qui l’entoura de son bras. Cette étreinte était étrange, pour l’un comme pour l’autre, mais elle était aussi bienvenue. Cette affaire était difficile pour eux et ils avaient besoin du réconfort de l’autre, même si Lisbon ne l’avouerait jamais.

Malheureusement pour Lisbon, la fatigue la quitta à l’instant où le bras de Jane passa autour de son corps. Elle ne pouvait s’empêcher de s’imaginer à quoi ressemblerait sa vie si Jane et elle devenaient plus que des amis et des collègues de travail. Même si elle savait que ça n’arriverait jamais, que ce n’était pas une bonne idée, elle ne cessait d’y penser.

-“ Arrêtes de penser Lisbon” souffla Jane à son oreille. “ Dors.”
-“ J’y arrive pas” avoua-t-elle.
-“ Tu pense à quoi ?” Voulut-il savoir.

Elle hésita un moment avant de se lancer.

-“ Tu a déjà envisagé de refaire ta vie?” Demanda-t-elle.
-“ Oui” avoua-t-il après un moment d’hésitation. “ Pourquoi ?”
-“ Je ne sais pas je… Je me demandais juste si…”
-“ Si quoi ?”
-“ Non, laisse tomber.”

Ils gardèrent le silence un moment avant que Jane bouge et Lisbon leva les yeux vers lui. Ils se regardèrent un moment.

-“ J’ai souvent pensé à ce que serait ma vie si je trouvais une femme et que je fondais une famille” commença-t-il. “ Et toi, as-tu déjà pensé à fonder une famille ?”
-“ Souvent, mais avec mon travail c’est impossible.”
-“ Pourquoi ? Beaucoup d’agents ont des familles.”
-“ Peut-être, mais c’est plus difficile pour une femme que pour un homme.”
-“ Tu sais que tu ferais une formidable maman” lui dit-il alors.

Lisbon se redressa complètement pour mieux regarder Jane.

-“ Avoir des enfants a toujours été un rêve lorsque j’étais enfant” avoua-t-elle. “ Je voulais devenir comme ma mère, je l’admirais tellement. Mais lorsqu’elle est morte et que ma vie a changé, j’ai compris qu’il y avait autre chose que je devais faire.”
-“ Mais tu peux toujours fonder une famille.”
-“ Il est trop tard pour ça Jane. Je peux peut-être trouver un homme avec qui finir ma vie, mais je suis trop âgée pour avoir des enfants.”

Lisbon ne savait pas pourquoi elle avait avoué une chose pareille, c’était un secret qu’elle avait gardé pour elle durant toutes ces années. Mais cette affaire avait changé bien des choses, elle lui avait ouvert les yeux sur la vie qu’elle avait et celle qu’elle voulait avoir. Devoir s’occuper de la petite Peyson avait fait remonter en elle ce désir d’enfant qu’elle croyait avoir fait taire pendant si longtemps.

-“ Tu sais Lisbon, m’occuper de Peyson m’a rappelé l’époque où je m’occupais de ma petite Charlotte et je pensais que ça me ferait mal, mais non. Bien sûr ce n’est pas facile, mais ça m’a rappelé les bons moments avec ma fille.” Il fit une pause et Lisbon lui attrapa la main, comme pour l’encourager. “ Parfois il m'arrive de penser que j’ai tort de me priver du bonheur.”
-“ Tu as bien raison, tu as tort de te priver du bonheur” approuva-t-elle. “ Tu as le droit d’être heureux, comme tout le monde.”
-“ Toi aussi Lisbon” ajouta-t-il. “ Tu me fais la leçon, mais tu te prives autant du bonheur que moi.”
-“ Je suis heureuse dans ma vie” Contra-t-elle.
-“ Mais tu pourrais avoir plus” reprit-il. “ Penses-y. Et maintenant, dors un peu, nous avons beaucoup de choses à faire aujourd’hui.”

Lisbon consentit enfin à fermer les yeux, reposant sa tête sur l’épaule du mentaliste. Il posa un baiser sur son front et ferma les yeux à son tour. Cette petite discussion leur avait fait du bien à tout les deux. Ils avaient parlé ouvertement d’un sujet plus ou moins sensible pour eux, mais ils avaient été honnête l’un envers l’autre. Ils pourraient peut-être en reparler plus tard, mais Jane avait raison. Pour le moment, ils avaient besoin de dormir, une longue journée les attendait.

Dans l’ombre du couloir, cachée à la vue de tous, elle avait tout entendu. Comment était-ce possible ? Elle n’en avait aucune idée, mais elle ne voulait pas y croire. C’était impossible, il ne pouvait pas avoir fait ça, pas lui. Elle le connaissait depuis si longtemps, il avait toujours été là quand elle avait besoin de lui. Quand son papa était au travail il était là pour s’amuser avec elle et son petit frère. Comment pouvait-il être celui qui avait brisé sa vie alors qu’elle l’aimait tant ?

Oncle Logan lui avait fait plus de mal qu’elle ne pouvait l’imaginer et elle savait qu’elle ne s’en remettrait jamais. Elle était encore une petite fille, elle n’avait que huit ans. Mais elle n’avait plus de famille, elle était toute seule et c’était à cause de lui. Pourquoi ? Les larmes lui brûlèrent les yeux et elle les laissa couler le long de ses joues. Ses petites épaules se mirent à trembler et elle se précipita dans la chambre avant que quelqu’un l’entende. Patrick et Teresa ne devaient pas savoir qu’elle les avait entendus.

Se jetant sur le lit, elle éclata en sanglots dans l’oreiller. Il lui avait mentit pendant toutes ces années, il ne l’avait jamais vraiment aimée. Il avait été l’ami de ses parents pendants bien plus d’années qu’elle était sur cette terre et pourtant, il était celui qui avait tout gâché. Elle savait qu’il avait fait des choses mauvaises dans sa vie, elle avait entendu son papa le dire, même si elle ne savait pas de quoi il s’agissait. Il avait été l’ami de sa maman aussi, il avait été là pour la faire sourire quand papa travaillait tard, quand il devait partir en déplacement.

Maman. Elle lui avait mentit elle aussi et ça lui faisait encore plus mal. Sa maman avait fait des choses avec son oncle Logan et même du haut de ses huit ans, elle comprenait que ce n’était pas bien. Elle comprenait maintenant pourquoi elle n’avait pas le droit d’en parler à papa, parce qu’ils faisaient quelque chose de mal. Et elle dans tout ça, elle avait été leur complice. Elle avait mentit à son papa et elle se sentait si mal pour ça.

Peyson se redressa et jeta au sol le petit lapin blanc que sa maman lui avait offert. Elle n’en voulait plus. Pour elle maintenant, c’était comme si sa maman lui avait offert ce lapin pour la remercier de son silence. Elle ne voulait pas être la complice de quoi que ce soit et elle s’en voulait tellement. Si elle avait parlé à son papa de ce qui se passait à la maison quand il n’était pas là tout ça ne serait peut-être pas arrivé, elle aurait peut-être encore sa famille. Ou peut-être pas, mais au moins elle ne se sentirait pas aussi coupable.

La petite fille entendit soudain du bruit dans le couloir et elle se calma un peu. Elle ne voulait surtout pas que Patrick ou Teresa l’entende, elle ne voulait pas les inquiéter. Elle savait qu’ils tenaient à elle, ce qu’elle ne parvenait pas à comprendre. Elle ne connaissait ces gens que depuis quelques jours et c’était comme si elle était importante pour eux. Elle avait de la chance dans son malheur finalement, elle avait des gens qui l’aimaient et elle ne savait pas ce qu’elle avait fait pour mériter ça.

La porte de la chambre s’ouvrit, laissant la lumière entrer dans la pièce. Elle ne pouvait prétendre dormir, elle n’était même pas dans le lit et elle avait encore les épaules secouées de sanglots. Elle entendit des pas s’approcher du lit puis une main passer dans ses cheveux. Une autre personne contourna le lit et s’assit à côté d’elle, mais la fillette ne leva pas la tête.

-“ Je sais que tu ne dors pas Peyson” entendit-elle Patrick lui dire. “ Je sais aussi que tu nous a entendus parler de ton oncle Logan.”
-“ Je sais que ça doit faire mal d’apprendre ça ma puce” continua Teresa. “ Mais tu es une petite fille très forte et tu arriveras à surmonter ça.”
-“ Mais j’ai menti à mon papa” sanglota Peyson. “ Et pour quoi ? Pour faire plaisir à maman et oncle Logan. Et oncle Logan il a tué ma famille et je suis toute seule.”

Personne ne répondit à ça, personne ne savait quoi dire. Jane comprenait parfaitement ce que pouvait ressentir la petite fille, il était lui aussi seul et sans famille. Du moins c’est-ce qu’il avait cru au début, mais maintenant il savait que c’était faux. Il avait des amis et Lisbon dans sa vie, il n’était pas aussi seul qu’il le pensait. Et il voulait que Peyson comprenne qu’elle non plus n’était pas seule, qu’elle avait des gens qui l’aimaient.

-“ Tu n’es pas seule Peyson, Teresa et moi sommes là pour toi” lui dit alors Patrick. “ Ça te prendra du temps, mais tu finiras par t’en rendre compte.”
-“ C’est vrai ?” Demanda-t-elle d’une petite voix en relevant la tête.
-“ Oui c’est vrai” confirma Teresa. “ Mais nous serons là pour t’aider, aussi longtemps que tu auras besoin de nous.”
-“ Mais je vais aller où quand oncle Logan sera en prison ?” S’inquiéta alors la fillette.
-“ Je ne sais pas encore Peyson” avoua Lisbon. “ Mais nous trouverons des gens qui t’aimeront aussi fort que tes parents t’aimaient. Et nous viendrons te voir aussi souvent que possible.”
-“ Promis ?” Demanda Peyson dans un souffle.
-“ Promis.”

Peyson se jeta alors dans les bras de Lisbon qui la serra contre elle, puis elle tendit un bras vers Jane qui se rapprocha et les prit toutes les deux dans les siens. Lisbon leva les yeux vers lui et lui sourit. Ils étaient tellement prit par leur petite étreinte qu’ils ne virent pas l’agent Scanlon à la porte qui souriait en les regardant. Ils avaient l’air d’une parfaite petite famille.




Quelques heures plus tard, Lisbon se trouvait dans son bureau avec Jane et le reste de l’équipe. Elle venait de tous les mettre au courant de ce qu’ils avaient apprit et la réaction de Rigsby fut immédiate.

-“ Il s’est bien foutu de nous ce type” s’emporta l’agent. “ Il est derrière tout ça et il a réussit à me faire croire qu’il était réellement affecté par la mort de son meilleur ami et sa famille.”
-“ Tu n’y es pour rien Rigsby” tenta Grace. “ Même Cho n’a rien vu.”
-“ Personne n’a rien vu Rigsby” intervint Jane. “ Mais maintenant nous savons tout et nous l’aurons.”
-“ Ouais, mais ça n’empêche que j’ai rien vu venir et j’aime pas ça.”

Lisbon le comprenait, elle ne l’avait pas non plus soupçonné. Mais ils ne pouvaient pas changer le passé et ils pouvaient encore le mettre ne prison pour ce qu’il avait fait. Elle craignait encore la rencontre entre Jane et Anderson et même si Cho y allait avec lui, elle n’était pas rassurée. Elle avait un mauvais pressentiment et son instinct ne la trompait jamais. Elle ne savait pas pourquoi, mais quelque chose lui disait que tout ne se passerait pas comme prévu. Mais elle chassa toutes ces pensées négatives d’un mouvement de la tête et reporta son attention sur ses collègues.

Rigsby était en train de parler avec Jane de ses impressions premières sur Anderson, sans oublier de préciser encore et encore à quel point il s’en voulait de n’avoir rien vu. Cho de son côté était en train de préparer diverses questions qu’il poserait à l’homme, sans toutefois éveiller ses soupçons. Tout le monde savait que Jane poserait ses propres questions, qu’il agirait comme il en avait l’habitude, ça n’empêchait pas l’homme de vouloir être préparé. Et Van Pelt. La jeune femme travaillait sur Logan Anderson. Elle tentait de trouver ce dont avait parlé Peyson. Si la fillette avait raison, alors l’homme n’était pas si honnête que ça et elle trouverait bien ce qu’il avait fait.

Lisbon était fière de son équipe, vraiment très fière. Malgré tous les plans foireux que Jane avait put proposer au cours des années, des problèmes qu’il leur avait causés, ils ne refusaient jamais de le suivre. Cet homme savait y faire, il obtenait toujours ce qu’il voulait et elle devait bien admettre qu’elle n’arrivait pas à lui résister. Il avait ce petit quelque chose qui la faisait accepter tout ce qu’il lui demandait. Elle lui en aurait bien voulut, mais ça non plus elle n’y arrivait pas. Et c’était pire depuis le début de cette affaire, mais pour elle aussi les choses étaient différentes.

Elle avait toujours sut que Jane était doué avec les enfants, ça n’était un secret pour personne. Mais lorsqu’elle l’avait vu arriver vers l’ambulance avec la fillette accrochée à son cou, elle avait sentit son cœur faire des bonds. Elle l’avait vu pour la première fois sous un autre jour, comme l’homme qu’il avait été avant la tragédie qui l’avait frappé. Elle avait eut peur qu’il s’attache trop à l’enfant et qu’il fasse n’importe quoi pour résoudre cette affaire. Mais ce qu’elle n’avait pas prévu c’est qu’elle s’attache elle aussi à la petite fille. Et maintenant que c’était fait, elle était prête à tout, enfin presque tout, pour mettre ce monstre derrière les barreaux. Il ne méritait pas de ce promener librement dans les rues après ce qu’il avait fait à la famille de Peyson et les autres.

-“ Lisbon ?” L’appela Jane, la sortant de ses pensées.
-“ Un problème Jane ?” S’inquiéta-t-elle.
-“ C’est plutôt à moi de te demander ça” sourit-il, elle s’inquiétait toujours pour les autres avant elle.
-“ Je vais bien Jane” tenta-t-elle vainement de le rassurer.
-“ Inutile de me mentir Lisbon, je sais que tu t’inquiètes” il s’assit sur son canapé, à côté de la jeune femme. “ Et pour te rassurer, je m’inquiète aussi.”
-“ Toi ? L’homme qui ne s’inquiète jamais de rien.”
-“ Détrompe- toi, je m’inquiète beaucoup, surtout pour toi” avoua-t-il. “ J’ai peur qu’il s’en prenne un jour à toi, qu’il m’enlève encore ce que j’ai de plus précieux.” Il fit une pause et Lisbon se leva pour s’asseoir à côté de lui. “ Je tiens à toi Lisbon, tu es ma meilleure amie et je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose. Alors oui, moi aussi je m’inquiète.”
-“ Je… Jane je sais que tu as peur qu’il s’en prenne à l’un d’entre nous, à moi” se reprit-elle, “ mais je veux encore te rappeler que nous sommes tous flics et que nous pouvons nous défendre. Mais je comprends ton inquiétude et je ne te le reproche pas. Alors oui, je m’inquiète toujours. Mais aujourd’hui c’est pour toi que je m’inquiète.”
-“ Qu’est-ce qui t’inquiète tant que ça ?”
-“ J’ai peur que tes sentiments pour Peyson te fassent faire une bêtise, j’ai peur que tu veuilles venger ce qu’Anderson a fait à sa famille.”
-“ Je t’ai promis de faire attention et de ne pas faire de bêtises. Fais-moi confiance Lisbon.”
-“ J’ai confiance en toi Jane mais…”
-“ Alors laisse-moi faire. Et puis Cho sera avec moi.”

A la mention de son agent, Lisbon tourna la tête pour voir que ses trois collègues n’étaient pas en vue.

-“ Ils préparent le dossier que nous avons contre Anderson” l’informa-t-il. “ Pendant que tu étais perdue dans tes pensées, Van Pelt a trouvé quelques irrégularités dans les finances d’Anderson et les autres ont décidé de travailler là-dessus avant d’aller le voir.”
-“ Je n’étais pas perdue dans mes pensées” s’offusqua-t-elle.
-“ Bon, disons que tu réfléchissais alors” sourit Jane.

Lisbon lui donna une petite tape sur l’épaule en souriant. Il avait raison, elle s’était vraiment laissé distraire par ses pensées et ça ne lui arrivait jamais. Elle savait pourquoi ça lui arrivait aujourd’hui, c’était à cause de Jane. Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir, ce n’était pas de sa faute si elle sentait que ses sentiments envers lui étaient en train de changer.

-“ Bon, assez discuté nous avons du travail” lui dit-elle en se levant.
-“ Je vous suis patron.”

Ils se levèrent pour rejoindre le reste de l’équipe qui se tenait un peu plus loin. Ils lui expliquèrent ce qu’ils avaient apprit sur Anderson et c’était gros. Lors de l’une de ses enquêtes, il était tombé sur quelque chose qu’il avait décidé d’utiliser. Ayant des problèmes d’argent, il avait proposé à l’homme en question de garder le silence contre une importante somme. Ça avait bien fonctionné, alors il avait commencé à chercher des informations sur plusieurs personnes et groupes déjà surveillés par la police. Il leurs permettaient ainsi de ne pas être inquiétés et lui se remplissait les poches.

Van Pelt avait également trouvé le lien entre les Romero et Anderson. Joshua Romero n’était pas seulement ami avec Steven Tanner, mais il était également dans la police et il était tombé par hasard sur quelque chose impliquant Anderson. Il en avait informé Tanner et c’est-ce qui avait été son erreur. Il avait ainsi condamné sa famille et si sa fille n’avait pas été chez les Tanner ce soir là, elle serait morte avec sa femme et lui. En effet, Anderson savait que Kelly et Peyson étaient les meilleures amies et qu’elles se disaient tout. Si Anderson ne s’en était pas prit à eux plus tôt, c’est parce qu’il ne voulait pas qu’on le soupçonne. Il avait juste attendu une bonne occasion et Beckett avait été parfait pour endosser les meurtres des Tanner et des Romero.

Tout était lié finalement, absolument tout. Anderson avait réfléchit à tout. Malheureusement, il devait aussi savoir qu’une des fillettes était encore en vie et pensait que c’était Kelly. Ce qui voulait dire qu’il devrait vouloir finir le travail et s’il s’était arrangé pour faire tuer les deux hommes qu’il avait embauché, ça ne pouvait vouloir dire qu’une chose. Il comptait s’en occuper lui-même. Comment et quand ? Personne ne pouvait le savoir. Mais ils trouveraient, personne ne laisserait cet homme s’en prendre à Peyson.

-“ Très bien, Cho et Jane vous allez voir Anderson” ordonna Lisbon. “ Van Pelt, tu continue tes recherches avec l’aide de Rigsby. Je veux un dossier parfait à présenter au procureur. Moi je vais aller voir Bertram et le tenir au courant de tout ça.”

Tout le monde se leva et se mit au travail, mais alors que Jane allait partir, Lisbon le retint par le bras. Cho se tourna vers lui et le mentaliste lui fit comprendre qu’il le rejoindrait à la voiture. L’asiatique comprit de quoi il s’agissait et s’éloigna dans le couloir, laissant ainsi ses collègues. Lisbon entraîna Jane dans son bureau et alla directement s’asseoir sur le canapé où il la rejoignit.

-“ Si tu veux encore me dire de faire attention c’est inutile” tenta-t-il avec un sourire.
-“ Je sais, mais avec toutes ces nouvelles informations je te le demande encore” précisa-t-elle. “ Fait vraiment attention, il est plus dangereux que nous le pensions et très intelligent aussi.”
-“ Pas autant que moi.”
-“ Jane, je suis sérieuse” le gronda-t-elle.
-“ Je sais Lisbon et crois-moi, je ne ferais rien d’inconsidéré” promit-il. “ Je vais lui poser quelques questions, et je vais trouver comment le faire s’incriminer sans que cela ne tourne mal. Et puis si jamais tout ne se passe pas comme prévu, Cho sera là en renfort.”
-“ Okay. Alors on se voit plus tard” lui dit-elle enfin. “ Et ce soir nous irons manger avec Peyson. Si tout se passe, nous pourrons commencer à lui chercher une famille d’accueil.”
-“ Alors à ce soir.”

Alors qu’ils se levaient et se dirigeaient vers la porte du bureau, Jane s’arrêta et se retourna vers Lisbon. Elle le regarda en levant un sourcil, surprise de son arrêt soudain. Il s’approcha doucement d’elle et l’agent sentit son souffle se faire rare, son cœur accéléra dans sa poitrine et elle sentit la chaleur l’envahir sous l’intensité de son regard. Jane se rapprocha encore un peu jusqu’à venir frôler sa joue de ses lèvres. Elle sentit ensuite sa main venir se poser dans son dos et instinctivement, elle posa sa main sur sa joue.

Ce baiser était si intense, si tendre. Un simple baiser sur la joue, mais qui voulait dire tant de choses. Finalement, Jane s’écarta d’elle mais posa son front sur le sien. Elle avait encore les yeux clos, elle ne se rappelait même pas les avoir fermés. Elle finit par les rouvrir et tomba dans ceux de son collègue. Elle serait bien restée ainsi pendant longtemps, mais Jane devait partir, alors elle le poussa gentiment vers la porte.

-“ Cho t’attend” lui rappela-t-elle en voyant son regard un peu blessé. “ On parlera de tout ça quand tu reviendras.”
-“ Très bien, mais je tiens à te dire que je ne regrette pas” précisa-t-il.
-“ Moi non plus” sourit-elle.

Jane lui sourit une dernière fois avant de s’éloigner vers l’ascenseur pour rejoindre son collègue à la voiture. Lisbon resta encore quelques instants à le regarder avant de retourner s’asseoir derrière son bureau. Jane l’avait embrassé sur la joue, elle n’en revenait pas. Elle ne savait pas quoi penser de tout ça, elle ne savait pas ce que ça voulait dire pour lui. Alors elle chassa toutes ces pensées pour le moment et se concentra sur l’affaire en cours. Ils en parleraient ce soir, lorsque tout serait finit et elle saurait enfin pourquoi il lui avait embrassée la joue.




La voiture se gara devant la demeure de Logan Anderson et les deux hommes en sortirent. Cho passa devant, Jane à sa suite. Ils s’étaient mit d’accord, Cho serait celui à parler et Jane ne ferait qu’observer, au début. Il poserait ses questions plus tard, lorsque son collègue lui ferait signe de le faire, pas avant. C’était quelque chose à laquelle il n’était pas habitué, car il faisait toujours les choses comme il l’entendait. Mais cette fois, les choses étaient différentes et il était prêt à suivre les règles. Pour Peyson, il suivrait les règles, et pour Lisbon. Il voulait lui prouver que cette affaire ne l’avait pas autant affecté, qu’il était encore capable de faire ce qu’on lui demandait.

Les deux hommes frappèrent à la porte et attendirent une réponse qui ne vint pas. Cho frappa de nouveau, mais toujours rien. Curieux, Jane chercha à voir quelque chose à travers la fenêtre à côté de la porte d’entrée, mais la seule chose qu’il pouvait voir était le long couloir sombre. Il n’y avait personne, aucun doute. Le mentaliste se tourna vers son collègue qui hocha la tête avant de sortir son téléphone et de composer le numéro de Lisbon.

-“ Il n’y a personne patron” dit-il lorsqu’elle décrocha.
-“ Dans ce cas, allez voir à son bureau, peut-être qu’il s’y trouve” proposa-t-elle.
-“ Bien, je vous rappelle pour vous tenir au courant.”

Puis il raccrocha et se tourna vers Jane.

-“ On va à son bureau” dit-il simplement.
-“ Okay, on y va.”

Les deux hommes retournèrent à la voiture et partirent. Ils en auraient pour un moment, les bureaux se trouvaient de l’autre côté de la ville. Aujourd’hui il y avait une sorte de manifestation en centre ville, ce qui voulait dire que la circulation serait très difficile. Jane savait qu’il devrait prendre son mal en patience, même s’il lui tardait de voir enfin l’homme et le faire craquer. Il avait détruit la vie d’une petite fille et tout ça pour quoi : de l’argent. Il ne méritait pas de se balader librement, il méritait juste de finir en prison.




Son entrevue avec Bertram avait été plus courte qu’elle ne le pensait et maintenant elle se trouvait dans son bureau. Rigsby et Van Pelt travaillaient encore sur le dossier contre Anderson, ils y mettaient beaucoup de cœur. Les deux agents voulaient autant qu’elle que cet homme finisse en prison. Un coup de téléphone la sortit une fois de plus de ses pensées et elle s’attendait à ce que ce soit Cho qui la rappelle, mais ce n’est pas son nom qui apparut sur l’écran.

-“ Agent Lisbon” répondit-elle.
-“ C’est l’agent Scanlon” entendit-elle.
-“ Il y a un problème ?” S’inquiéta-t-elle soudain.
-“ Non, mais Peyson veut vous voir” expliqua-t-elle. “ Je crois qu’elle a peur et il n’y a que vous et Mr Jane qui sachiez la consoler. Je peux la protéger, mais pas chasser sa peur, je suis désolée.”
-“ Aucun soucis, j’arrive tout de suite.”
-“ Je vous attends.”

L’agent raccrocha, prit ses affaires et quitta son bureau. Elle informa ses collègues de son départ et descendit à sa voiture. Par chance, elle n’avait pas besoin de passer par le centre ville pour se rendre à la maison, ce qui lui ferait gagner du temps. C’était un peu étrange pour elle, quitter le bureau pour aller consoler un témoin protégé. Mais ce témoin n’était pas comme les autres, c’était une petite fille terrifiée et elle savait qu’elle avait besoin de quelqu’un pour la rassurer.

Lisbon ne s’était jamais vraiment sentie à l’aise avec les enfants, mais avec Peyson c’était différent. Elle se sentait différente depuis qu’elle s’occupait de cette affaire et surtout depuis que Jane s’était rapproché d’elle. Depuis le début de cette affaire elle avait remarqué qu’il avait changé, qu’il laissait ressortir son côté paternel pour aider la fillette. Mais depuis cet après-midi, depuis ce baiser qu’il lui avait donné sur la joue, elle avait vu une autre partie de lui qu’elle aimait beaucoup.

Elle arriva rapidement, sortit de sa voiture et se dirigea vers la porte de la maison. Elle ne fit même pas attention à la voiture qui se gara un peu plus loin, ni à l’homme derrière le volant. Elle entra dans la maison dans l’intention de rassurer la fillette et elle eut juste le temps de fermer la porte avant qu’une furie blonde se jette sur elle. Lisbon la rattrapa de justesse et souleva l’enfant dans ses bras.

-“ Que se passe-t-il Peyson ?” Demanda doucement Lisbon en serrant la petite fille dans ses bras.
-“ Je voulais te voir” avoua-t-elle.
-“ Pourquoi ?”
-“ Je sais pas” dit-elle en haussant les épaules. “ J’avais un peu peur et je voulais te voir. Je sais que tu travailles, mais…”
-“ Tu n’as pas à t’excuser” la rassura Lisbon. “ Allez viens, on va s’asseoir dans le salon et tu me raconteras ce qui te fait peur.”

L’agent Scanlon les regarda s’installer sur le canapé avec un petit sourire sur le visage. Elle savait que l’agent avait beaucoup de travail, mais la petite fille avait vraiment besoin de quelqu’un en ce moment et Scanlon avait bien vu à quel point l’agent comptait pour elle. Elle savait aussi que pour Lisbon, Peyson était plus que le témoin d’une affaire, qu’elle avait autant besoin d’elle que la fillette. C’était étrange de voir la grande agent Lisbon s’occuper d’une enfant ainsi, mais après tout, cela faisait des années qu’elle travaillait avec Patrick Jane et cet homme était pour beaucoup un grand enfant. Elle avait donc de l’entraînement.

Scanlon alla dans la cuisine pour préparer des boissons lorsqu’elle entendit des coups à la porte. L’agent en elle reprit le dessus, elle ne s’attendait pas à ce que quiconque vienne ici et si ça avait été Jane, il serait entré directement. Ce ne pouvait pas être lui, ce qui voulait dire qu’elle devait se méfier. Elle posa la main sur son arme et tourna la tête vers Lisbon qui comprit immédiatement et entraîna la fillette avec elle vers la chambre. Avant qu’elles ne disparaissent dans le couloir, Scanlon put voir le visage terrifié de la petite fille.

Elle se dirigea ensuite vers la porte et regarda à travers le judas. Il n’y avait personne devant la porte et son instinct lui dit de se méfier. Malheureusement, elle ne fut pas assez rapide pour éviter de se prendre la porte dans le visage alors que l’inconnu l’ouvrait avec force. Elle tomba en arrière et se cogna durement la tête sur le sol. Elle n’eut pas le temps de voir le visage de l’homme et tout devint noir.

Dans la chambre, Lisbon avait caché Peyson dans le placard et la petite fille retint bravement ses larmes de peur. L’agent lui sourit pour la rassurer, bien qu’elle sache que ça ne serve à rien. Elle referma la porte, sortit son arme et se dirigea doucement vers le couloir. Elle tendit l’oreille mais n’entendit rien. Elle sortit donc de la chambre, mais alors qu’elle allait avancer dans le couloir, elle vit une ombre et elle se faufila rapidement dans la seconde chambre. Si l’homme venait pour Peyson, ce qui ne faisait aucun doute, alors elle devait le tenir éloigné le plus possible.

Elle sortit son téléphone, composa le numéro de Cho et attendit qu’il réponde, ce qui ne tarda pas.

-“ Anderson est là” souffla-t-elle.
-“ On arrive” répondit Cho alors qu’il mettait sur haut parleur.
-“ Où est Peyson ?” Demanda Jane.
-“ Cachée, elle ne risque rien” rassura-t-elle.
-“ Cache-toi Lisbon” reprit Jane. “ Ne tente rien avant qu’on arrive.”

La jeune femme leva les yeux au ciel avec un petit sourire. Comme si elle allait prendre des risques. Mais elle pouvait le comprendre, il avait peur pour la sécurité de Peyson. Si jamais il lui arrivait quelque chose, personne ne pourrait protéger l’enfant.

-“ Je sais que vous êtes là agent Lisbon” entendit-elle provenant du couloir. “ Vous ne pourrez pas vous cacher bien longtemps et lorsque j’en aurais finis avec vous, je m’occuperais de Kelly.”

Il ne savait toujours pas que Kelly était morte et que c’était Peyson qui se cachait dans le placard de la chambre. De toute façon ça ne changeait rien. Il voulait se débarrasser d’un témoin gênant, que ce soit Kelly ou Peyson.

-“ Encore quelques minutes Lisbon” lui dit Jane. “ On est bientôt arrivé.”
-“ Faites vite” demanda-t-elle, tentant de masquer la tension dans sa voix.

Avant que Jane n’ait le temps de lui répondre, la porte de la chambre s’ouvrit et Anderson entra dans la pièce, un sourire diabolique sur le visage.

-“ Bonjour agent Lisbon” salua-t-il.

Elle eut juste le temps de cacher son téléphone derrière un cadre sur la commode avant qu’Anderson ne le voit et elle lui fit face, se dressant fièrement devant lui.

-“ Vous ne vous en tirerez pas comme ça Anderson” assura-t-elle, sans peur dans la voix.
-“ C’est-ce que vous croyez, mais personne ne pourra m’empêcher d’arriver à mes fins. Vous êtes seule face à moi et je sais que vous pensez que parce que vous êtes flic vous pourrez me neutraliser. Mais j’ai une grande nouvelle pour vous agent, vous n’y arriverez pas.”

Lisbon savait qu’elle ne pourrait pas s’en sortir seule. Elle n’avait pas peur, elle était flic, elle pouvait se défendre. Mais elle se trouvait coincée dans cette chambre sans porte de sortie et elle ne pouvait pas partir en laissant Peyson seule dans la pièce à côté. La seule chose qu’elle pouvait faire était de gagner du temps jusqu’à ce que Cho arrive. Et comme pour la rassurer, elle entendit une voiture s’arrêter dans un crissement de pneus devant la maison. Toute sa confiance revint au galop et elle put voir sur le visage d’Anderson que sa confiance commençait à le quitter.

Il raffermit sa prise sur son arme, plongeant son regard dans celui de l’agent. Il savait qu’il ne parviendrait pas à achever ce pour quoi il était venu, mais il ne se laisserait pas prendre comme ça. Alors qu’il entendait la porte s’ouvrir et des pas se rapprocher dans le couloir, il prit sa décision. Lisbon comprit ce qui allait se passer et deux coups de feux se firent entendre dans la chambre, suivit d’un cri.

-“ LISBON!” Hurla Jane alors qu’il arrivait derrière Cho dans la chambre.

-“ LISBON!” Hurla Jane alors qu’il arrivait derrière Cho dans la chambre.

Jane n’osait pas faire un pas, il en était incapable. Là, devant lui sur le sol de la chambre se trouvaient deux corps immobiles. Il ne savait pas si elle allait bien, il ne voyait pas de sang mais il ne pouvait pas vraiment s’y fier. Un grognement le sortit de sa torpeur et il se jeta au sol à côté de Lisbon.

-“ Lisbon, ça va ?” S’enquit-il, l’inquiétude parfaitement reconnaissable dans sa voix.
-“ Oui, un peu mal au dos mais ça va” le rassura-t-elle en se redressant. “ Cho, comment va Anderson ?” Voulut-elle savoir.
-“ Il sera rétablit pour son procès” l’informa-t-il en menottant l’homme qu’il souleva rudement. “ Je l’emmène à la voiture.”
-“ Okay, emmènes-le à l‘hôpital et s‘il ne va pas trop mal, ramènes-le au CBI, on te rejoindra plus tard” ordonna-t-elle.


Cho acquiesça et s’éloigna dans le couloir avec Anderson qui se plaignait d’avoir mal au bras. Mais l’agent ne fit pas attention à ses jérémiades. Jane aida Lisbon à se lever et avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, il défit rapidement les boutons du bas de sa chemise. Lisbon se mit à rougir un peu, elle ne s’habituerait jamais à ça. Ses mains étaient douces, elle voyait bien qu’il cherchait à ne pas lui faire mal et qu’il s’en voulait de la mettre mal à l’aise. Mais son inquiétude était si grande qu’il ne pouvait résister. Il souleva ensuite la chemise, mettant à nu son ventre plat et il put voir une partie de son soutien gorge. Il put également voir le pansement dû à sa blessure de la veille et il grimaça. Il ignora le soutien gorge de la jeune femme, tout ce qu’il voulait, c’était voir l’endroit où la balle aurait dut se trouver si elle n’avait pas été si rapide. Il put voir un léger hématome apparaître sur sa peau blanche et il y passa les doigts sans même s’en rendre compte.

Lisbon frissonna et repoussa gentiment sa main. Il releva alors les yeux, leurs regards se croisèrent et l’agent rougit. Jane laissa donc retomber la chemise sur le corps de sa collègue et l’aida à marcher jusqu’au salon, bien qu’elle soit capable de le faire seule. Elle avait comprit que Jane s’inquiétait vraiment pour elle et rien que pour lui faire plaisir et le rassurer, elle le laissa faire. Ils arrivèrent rapidement dans la pièce où ils trouvèrent l’agent Scanlon assise sur le canapé, se massant la tête.

-“ Vous allez bien ?” S’enquit Lisbon en s’approchant d’elle.
-“ Un petit coup à la tête, mais ça va aller” rassura la jeune femme. “ Et vous ? J’ai entendu deux coups de feux et je viens de voir passer l’agent Cho avec Anderson qui me semble être blessé.”
-“ Oh, ce n’est rien. J’ai étais plus rapide que lui.”
-“ Et bien je béni votre rapidité agent Lisbon” sourit Scanlon.
-“ Moi aussi” ajouta Jane, ce qui attira l’attention des deux femmes.

Jane se rendit compte de ce qu’il venait de dire, plongea son regard dans celui de Lisbon et lui fit comprendre ce qu’il pensait. Elle lui sourit et son visage changea soudainement, ce qui inquiéta Jane.

-“ Peyson !” S’exclama-t-elle.
-“ Elle est toujours dans le placard ?” Demanda Jane en l’aidant à se lever.
-“ Je lui ai fait promettre de ne pas en sortir” répondit-elle simplement.
-“ Alors elle doit encore y être et elle doit être terrifiée.”

Ils arrivèrent rapidement dans la chambre, comme quelques jours plus tôt lorsqu’ils l’avaient découverte après la mort de sa famille. Cette fois par contre ce fut Lisbon qui ouvrit la porte et se pencha vers la fillette. Peyson leva des yeux larmoyants vers l’agent et lui tendit les bras. Lisbon l’attrapa et la serra contre son corps, ignorant le pic de douleur qui lui traversa le ventre. Deux fois en deux jours, elle n’avait vraiment pas de chance.

Jane posa une main sur son épaule et passa son autre bras autour de la fillette. Elle pleurait à chaudes larmes, elle avait eut si peur. Mais elle était sauve, Patrick et Teresa l’avaient sauvée. Elle leva les yeux vers la jeune femme, tenta un pauvre sourire et Lisbon le lui rendit. Elle en offrit ensuite un à Jane et ce dernier se pencha pour poser un baiser sur son front.

-“ Ça va ma puce ?” Demanda-t-il.
-“ Oncle Logan est plus là ?” S’enquit la fillette dont les yeux reflétaient encore de la peur.
-“ Non il n’est plus là” la rassura Lisbon. “ Tu es en sécurité maintenant, plus personne ne te fera de mal.”
-“ C’est vrai ?”
-“ Oui c’est vrai Peyson” ajouta Jane. “ Il ne te fera jamais de mal.”
-“ Et… Maintenant… je vais aller où ?”

Jane tourna la tête vers Lisbon, lui posant silencieusement la même question. Elle ne savait pas quoi répondre, elle était prise au dépourvu. La jeune femme savait qu’elle allait devoir rapidement trouver une famille pour Peyson, c’était ce qui était prévu depuis le début. Et puis c’était son travail, mais cette fois était différente. Jamais encore elle ne s’était à ce point attaché à un témoin. Mais il était tellement difficile de résister à ce petit minois. Peyson Tanner était une adorable petite fille, personne ne pouvait lui résister.

-“ Alors ?” Demanda Peyson, sortant Lisbon de ses réflexions.

L’agent reporta son attention sur l’enfant, lui offrant un sourire qui se voulait rassurant. Elle ne lui mentirait pas, même si la vérité lui ferait mal.

-“ Je ne sais pas encore ma puce” avoua Lisbon. “ Je vais rapidement te trouver une famille qui prendra soin de toi, mais ça peut prendre du temps.”
-“ Alors je vais rester avec Mme Scanlon ?” Voulut-elle savoir.
-“ Malheureusement non Peyson” et devant le regard interrogateur de la petite fille, elle ajouta: “ L’agent Scanlon était là pour te protéger et maintenant elle va devoir retourner à son travail.”
-“ Mais alors, je vais aller où ?” S’inquiéta Peyson.

Lisbon tourna les yeux vers Jane, lui demandant de l’aide du regard. Il attrapa donc Peyson qu’il déposa sur ses genoux et l’enfant leva les yeux vers lui.

-“ Peyson, tu sais quand les enfants n’ont plus de parents ils vont dans un endroit où des gens prennent soin d’eux en attendant de leur trouver des familles” commença-t-il. “ Et c’est là que tu vas aller.”
-“ Pourquoi je peux pas rester avec vous” sanglota-t-elle.
-“ C’est comme ça Peyson et on ne peut rien y faire” souffla Jane.
-“ Mais je veux pas partir là-bas, je veux rester avec vous deux, je veux plus être toute seule.”

Le cœur de Lisbon se serra en voyant la petite fille pleurer. Elle retint difficilement ses larmes, elle ne pouvait pas se montrer si faible devant Jane, pas maintenant. Et en parlant de Jane, en posant les yeux sur lui, elle put voir que pour lui aussi c’était difficile. Il avait les yeux brillants, il voulait autant qu’elle se montrer fort, mais elle voyait bien que ça lui faisait mal.

L’agent s’approcha donc de Peyson, lui attrapa la main et la serra gentiment dans la sienne. L’enfant leva des yeux rouges vers elle, attendant de savoir ce qu’elle allait dire qui lui briserait un peu plus le cœur. Mais au lieu de parler, Lisbon tira la petite fille contre elle et Peyson l’entoura de ses bras. Elles restèrent un moment ainsi, sans dire un mot, se tenant simplement l’un contre l’autre. Puis, finalement Lisbon s’écarta assez de Peyson pour la regarder dans les yeux.

-“ Ecoutes moi bien Peyson.” Commença-t-elle d’une voix douce. “ Je sais que tu as peur, que tu ne veux pas qu’on te laisse et crois-moi, si je pouvais-je te garderais avec moi.”
-“ Alors pourquoi tu le fais pas ?” S’enquit la fillette.
-“ Parce que je ne peux pas” souffla Lisbon. “ J’ai un travail qui me prend beaucoup de temps. Et tu as besoin d’une vie stable, chose que tu ne pourrais pas avoir avec moi” voyant la fillette baisser la tête, elle ajouta: “ Mais on continuera de se voir, aussi souvent que possible.”
-“ C’est vrai ?” L’espoir venait de renaître dans les yeux de l’enfant.
-“ Je ne pourrais plus me passer de toi” avoua l’agent.
-“ Moi non plus” certifia Jane.
-“ Alors… Je vais aller dans cet endroit avec tout les autres enfants pour combien de temps” Demanda encore la petite fille, résignée.
-“ Je ferai de mon mieux pour que ce ne soit pas trop long, mais ce n’est pas moi qui décide chez qui tu iras vivre” reprit Lisbon. “ Il y a des gens compétents qui s’occupent de ça. Ils connaissent beaucoup de familles et ils trouveront la meilleure pour que tu te sentes bien.”
-“ Je vais aller dans une autre ville ?” La peur fit son retour dans ses yeux.
-“ Ça non plus je ne le sais pas” répondit Lisbon. “ Mais même si tu dois aller dans une autre ville, ça ne nous empêchera pas de venir te voir.”
-“ Et maintenant” coupa Jane, “ si nous allions nous changer ?”
-“ On va où ?” Questionna Peyson en se levant, sans lâcher la main de Lisbon.
-“ Je vous emmène manger en ville” répondit-il avec un grand sourire.
-“ Jane, je ne peux pas” intervint Lisbon, “ J’ai du travail qui m’attend, un interrogatoire à mener.”

Jane s’arrêta de marcher pour fixer Lisbon. Elle avait besoin de repos et de penser à autre chose, mais il savait aussi qu’elle ne pourrait vraiment se détendre que lorsque toute cette histoire serait terminée. Alors, aussi difficile que cela soit pour lui à cet instant, il hocha la tête et entraîna Peyson avec lui qui ne dit rien.

Lisbon resta seule un moment dans la chambre, repensant à tout ce qui venait d’être dit. Elle comprenait la peur de la fillette, elle savait parfaitement ce qu’elle devait ressentir à cet instant pour l’avoir ressenti elle-même lorsqu’elle était plus jeune. Se retrouver seule, sans parents pour prendre soin de vous. Mais à la différence de Peyson, elle avait eut ses frères avec elle, tout ce qui lui restait de sa famille. Elle avait prit soin d’eux autant que possible et ne s’en était pas trop mal sorti.

Maintenant, elle avait une bonne carrière et ses frères avaient tous fait leurs vies. Elle ne les voyait pas assez souvent à son goût, mais elle était très fière d’eux. Ils étaient la preuve que même sans parents, avec beaucoup d’amour on pouvait devenir quelqu’un de bien. Elle secoua la tête pour chasser les souvenirs et rejoignit les autres dans le salon. Peyson avait déjà mit sa veste et Jane aidait l’agent Scanlon à en faire autant. Elle leur souhaita de bien s’amuser et, lorsqu’ils furent sortit, elle se promit de finir ce qu’elle avait à faire au plus vite. Elle voulait pouvoir passer du temps avec Peyson avant qu’elle ne soit emmenée par les services sociaux.

Elle quitta donc l’appartement, monta dans sa voiture et se dirigea vers le CBI. Logan Anderson allait regretter d’avoir fait ce qu’il avait fait. Elle allait le faire regretter d’avoir brisé la vie de la petite fille. Bien entendu elle ne ferait rien d’illégal, elle n’était pas de ce genre là. Mais elle lui ferait comprendre qu’à partir de maintenant, sa vie allait être un enfer. Elle avait assez de connaissances pour lui faire regretter son geste, même en prison et pour une fois elle n’hésiterait pas à s’en servir, histoire de lui faire la peur de sa vie. Elle ne voulait pas qu’on lui fasse du mal, elle ne pourrait jamais se pardonner une chose pareille, mais lui faire peur, elle était pour. Cet homme avait traumatisé une fillette de huit ans en faisant tuer toute sa famille devant elle, il devait voir ce que cela faisait d’avoir peur pour sa vie.

C’est avec cette pensée qu’elle arriva sur le parking du CBI et qu’elle monta à son étage où elle trouva ses collègues, discutant de l’affaire. Cho vint à sa rencontre, lui expliqua ce qu’avait dit le médecin, puis l’informa qu’Anderson attendait en salle d’interrogatoire. Elle suivit donc son agent et, ensemble, ils allèrent finaliser cette affaire. Elle ne doutait pas qu’avec le dossier que Van Pelt et Rigsby avaient monté, l’homme n’était pas prêt de sortir de prison.




Logan Anderson regardait fixement la femme en face de lui, une lueur noire dans le regard. Il lui en voulait, plus qu’il n’en avait voulut à son meilleur ami Steven Tanner. Et Steven était mort, ce qui voulait dire beaucoup. Mais cette femme, il voulait faire pire que la tuer. Il voulait la faire souffrir, il voulait lui faire comprendre qu’on ne se mettait pas sur la route de Logan Anderson, qui que l’on soit.

Et maintenant, à cause d’elle, il se retrouvait là, assis sur cette chaise, dans une salle d’interrogatoire. Et Kelly ? Elle était libre de vivre tranquillement sa vie. C’était injuste. Mais cette injustice serait réparée, il n’en doutait pas. Donc, pour le moment il était là et attendait de savoir ce qu’elle allait lui dire.

-“ Mr Anderson” commença Lisbon d’une voix professionnelle. “ J’ai pus voir dans votre dossier que vous êtes quelqu’un d’important.”

Il garda le silence, alors elle continua.

-“ Vous vous êtes fait une bonne réputation du côté de la mafia. Vous savez beaucoup de choses sur beaucoup de gens et j’en connais à qui ça ne plaira pas de savoir que vous avez été arrêté.”

Il ne dit toujours rien, mais ses yeux lancèrent à l’agent des éclairs de colère. Il savait où elle voulait en venir et il n’aimait pas ça du tout. Si cela était possible, il détesta encore plus cette femme qui se croyait supérieure à lui.

Profites-en bien, pensa-t-il, la chance ne sera pas toujours de ton côté. Il te faudra payer pour ce que tu as fait.

-“ Je n’ai finalement pas grand choses à vous dire” annonça-t-elle simplement, surprenant Anderson. “ Nous avons tout ce dont nous avons besoin et avec ça vous allez passer de longues années aux frais de la société.” Elle replia le dossier qui se trouvait devant elle, se leva et se retourna vers lui une fois devant la porte. “ Je vous souhaite bonne chance en prison.”

Puis elle sortit, laissant apparaître son sourire une fois la porte close. Cho, à la demande de sa patronne, avait attendu dans la pièce attenante à la salle d’interrogatoire. Il n’avait pas aimé, pas après ce que l’homme avait tenté de lui faire. Mais Lisbon savait comment obtenir ce qu’elle voulait et il avait accepté à la seule condition de surveiller les faits et gestes de l’homme à travers la vitre.

Maintenant, il ne leur fallait plus que faire passer le dossier au procureur et tout serait fini. L’affaire avait été résolue en moins d’une semaine, un record vu le nombre de victimes de l’homme. Et tout ça sans aucune paperasse supplémentaire, pour la plus grande joie de Lisbon. Elle ne serait pas obligée de passer la soirée ici à travailler et pourrait la passer avec Jane. Ils avaient encore des choses à se dire, elle lui avait promit une discussion et elle ne comptait pas revenir sur cette promesse.

Elle voulait savoir ce que tout cela signifiait pour lui, si elle était vraiment si importante dans sa vie. Il n’était pas du genre ‘démonstration d’affection’, pas plus qu’elle ne l’était. Alors qu’il l’embrasse sur la joue, à deux reprises, c’était si soudain, mais également si agréable. Bien entendu, elle savait qu’il ne pourrait rien se passer entre eux, pas tant que John Le Rouge serait libre et surtout en vie. Ce n’est pas qu’elle avait peur de mourir des mains du tueur, elle savait qu’elle était sur sa liste depuis le jour où elle avait reprit l’affaire.

Le problème venait de Jane. Elle le connaissait assez pour savoir que même s’il ressentait quoi que ce soit pour elle, il n’irait pas plus loin. Il ne voudrait pas prendre le risque de la mettre en danger, même si elle l’était déjà. Elle avait bien tenté de lui faire comprendre, mais il ne voulait pas écouter. Alors ce soir elle tenterait encore de lui faire entendre raison.

Lisbon se mit immédiatement au travail afin de pouvoir rentrer au plus vite. Elle voulait également profiter de la petite Peyson avant que les services sociaux ne viennent la prendre. Avant l’interrogatoire, elle avait prit le temps d’appeler l’assistante sociale, lui expliquant rapidement la situation. La femme avait accepté de ne venir qu’a la fin du week-end, laissant ainsi du temps à l’agent pour préparer l’enfant. Lisbon savait que c’était la chose à faire, mais cela ne voulait pas dire que ce serait facile. Elle devait se faire une raison.

Alors ce soir elle passerait la soirée avec Peyson et Jane, une agréable soirée. Elle offrirait à l’enfant un bon moment et lorsqu’elle l’aurait ramené sous la garde de l’agent Scanlon, qui avait gentiment accepté de continuer à veiller sur elle jusqu’à Dimanche, elle finirait la soirée avec Jane.
Lorsqu’elle eut finit ce qu’elle avait à faire, elle prit ses affaires, quitta son bureau et alla rejoindre les autres.

-“ Je vais vous laisser” annonça-t-elle à ses collègues qui levèrent la tête vers elle, “ J’ai quelque chose à faire ce soir et je… Enfin… On se voit demain.”
-“ Euh patron, demain c’est Samedi” rappela timidement Rigsby.
-“ Oh, oui c’est vrai” se souvint-elle, “ Dans ce cas je vous revois tous Lundi. Passez un bon week-end.”

Elle se dirigea ensuite vers l’ascenseur, impatiente de voir Peyson. Elle allait enfin pouvoir passer un vrai moment de liberté avec la fillette, sans avoir peur que quelqu’un la reconnaisse et s’en prenne à elle. Elle arriva rapidement à sa voiture, s’installa derrière le volant et partit en direction de son appartement pour se préparer.




Jane finissait de coiffer Peyson qui ne cessait de gesticuler. Ça lui faisait étrange de se prêter à ça, la dernière fois avait été avec sa petite Charlotte. C’était quelque chose qu’il avait toujours aimé faire, coiffer ses beaux cheveux blonds et bouclés.

-“ Peyson, tiens toi tranquille une minute s’il te plait” demanda-t-il.
-“ Mais j’aime pas quand ça tire” se plaignit la fillette.
-“ Uniquement parce que tu n’arrêtes pas de bouger” ajouta Jane. “ De plus, Teresa va bientôt arriver et je suppose que tu voudrais être prête à ce moment là.”

Cela eut l’effet voulut, la fillette cessa immédiatement de bouger et attendit qu’il ait finit. Une fois fait, elle se leva et s’observa dans le miroir. Jane eut un petit sourire, ça lui rappelait Charlotte, elle agissait exactement de la même façon. Elle se tourna enfin vers lui et courut pour se jeter dans ses bras.

-“ Merci” souffla-t-elle en lui faisant un petit bisou sur la joue.
-“ De rien.”

C’est à ce moment là qu’un coup à la porte attira l’attention de Peyson qui sauta des bras de Jane pour se précipiter vers la porte. Jane sourit une fois de plus. Cette petite fille lui manquerait beaucoup, c’était certain. Alors il se fit la promesse d’aller la voir aussi souvent que possible. Il rejoignit ensuite les autres dans le salon et vit Peyson expliquer à Lisbon comment Jane lui avait joliment attaché les cheveux. Elle expliqua aussi qu’elle avait choisit cette robe parce que c’était celle qu’il l’avait aidé à choisir lorsqu’ils étaient allés en ville ensemble.

Lisbon leva les yeux vers Jane et il put voir que pour elle aussi ce n’était pas facile. Elle avait ces petites étincelles dans les yeux, cette joie de se retrouver avec l’enfant. Mais aussi la tristesse de savoir que bientôt ils devraient se séparer. Il s’approcha et posa une main réconfortante sur son épaule, s’attirant ainsi un faible sourire de remerciement.

De l’autre côté du salon, l’agent Scanlon les observait, comprenant que ce n’était pas facile pour eux. L’agent Lisbon lui avait demandé de prendre soin de la petite jusqu’à Dimanche, ce qu’elle avait accepté avec joie. Elle savait que Peyson était très attachée à l’agent Lisbon et son consultant et que c’était réciproque, elle comprenait donc que cette soirée soit importante pour eux.

-“ Agent Scanlon” l’appela Lisbon. “ Nous rentrerons pas trop tard.”
-“ Prenez votre temps” la rassura Scanlon. “ Je n’ai rien d’autre à faire.”
-“ Peut-être voudriez-vous venir avec nous” suggéra Jane.
-“ Oui, si ça vous dit” ajouta Lisbon.
-“ Non, je préfère vous laisser entre vous” refusa-t-elle poliment.
-“ C’est comme vous voulez. Bien, nous devrions y aller.

Lisbon attrapa la veste de Peyson puis l’aida à l’enfiler. Jane leur ouvrit la porte et ils sortirent, la fillette attrapant la main de l’agent jusqu’à la voiture. Mais alors que Jane allait s’installer du côté passager, Lisbon lui tendit les clés. Il leva des yeux intrigués vers elle et elle lui sourit.

-“ Je sais que tu as envie de nous faire la surprise, alors autant le faire jusqu’au bout” expliqua-t-elle. “ Et je promets de ne pas poser de question.”

Cela apporta un grand sourire sur le visage de Jane qui prit les clés et alla s’installer derrière le volant. Il aurait bien voulut lui ouvrir la porte, comme un parfait gentleman, mais il savait que ce n’était pas le genre de sa collègue. Ce soir, il voulait plaire à tout le monde, il voulait que cette soirée soit inoubliable. Il connaissait l’endroit parfait pour ça, simple et qui plairait certainement à Peyson.

Ils arrivèrent rapidement et Jane gara la voiture sur le parking d’un fast-food. Il savait que ça plairait à la fois à Peyson mais aussi à Lisbon. Il connaissait la jeune femme par cœur et c’était le genre d’endroit qu’elle affectionnait. Il savait qu’elle aimait aussi diner au restaurant, mais pas trop souvent. Il avait d’ailleurs une idée derrière la tête, mais il préférait ne rien dire pour le moment.

Peyson attrapa la main de Jane lorsqu’ils avancèrent vers le bâtiment et sautilla gaiement. Elle se rendait compte elle aussi que bientôt elle devrait leur dire au revoir et qu’elle devrait partir vivre chez des gens qu’elle ne connaissait pas. Mais elle connaissait Teresa, enfin un peu. Elle savait qu’elle irait chez des gens bien, Teresa s’en assurerait. Alors elle ne se faisait pas trop de soucis. Elle avait un peu parlé avec Patrick lorsqu’il la préparait et elle avait finit par comprendre que ce n’était pas si mal. Beaucoup d’enfants vivaient dans des familles qui n’étaient pas la leur et tout se passait bien. Il n’y avait pas de raisons que ça se passe mal pour elle.

Jane souriait de toutes ses dents. Il était heureux en ce moment, avec Peyson et avec Lisbon. Il aurait tant voulut pouvoir vivre des moments comme celui-ci plus souvent, être libre d’aimer quelqu’un sans peur. Il savait que ça ne pourrait pas lui arriver avant longtemps, mais il ne perdait pas espoir. Un jour il aurait cette chance, et lorsque ce jour arriverait, il avait l’espoir que Lisbon accepte d’être avec lui.

Peyson le tira par la main, attirant ainsi son attention. Il baissa la tête et la fillette lui montra l’air de jeu avec un petit regard suppliant. Il leva les yeux vers Lisbon qui haussa juste les épaules. Alors il lui sourit en lui donnant l’autorisation et il la surveilla du coin de l’œil tandis qu’il attendait son tour pour commander avec Lisbon. Lorsque enfin ce fut leur tour, il rappela la petite fille qui arriva en courant.

-“ Tu veux quoi ma puce ?” Demanda-t-il.
-“ Je veux un burger, avec des frites, et un soda” répondit-elle avec enthousiasme.
-“ Et toi Lisbon ?” S’enquit-il.
-“ Tu as vraiment besoin de me demander” sourit-elle. “ Toi qui me connais si bien.”
-“ Ce n’était pas vraiment une question” ajouta-t-il avec le même sourire.

Le jeune homme derrière la caisse attendait en silence que les clients devant lui aient prit leur décision. Il avait l’habitude des familles, mais celle-ci semblait différente. Il pouvait voir qu’ils étaient tous très proches, mais ils n’étaient pas vraiment une famille.

-“ Très bien” s’exclama alors Jane. “ Ce sera donc un menu enfant, avec burger, frites et soda” ajouta-t-il en regardant Peyson, “ et deux menus pour adulte avec la même chose.”
-“ Bien Mr” répondit le jeune serveur en notant sur sa caisse la commande.

Jane paya, malgré les protestations de Lisbon et une fois qu’ils eurent tout, il porta le plateau jusqu’à une table libre. Et comme quelques jours plus tôt, ils mangèrent en discutant joyeusement. Lorsqu’ils eurent finit, Peyson s’éclipsa pour aller jouer avec les autres enfants, laissant Jane et Lisbon seuls à la table.

-“ Elle va me manquer” dit soudain Lisbon.
-“ Moi aussi” avoua Jane. “ Je me suis attaché à elle.”
-“ C’est-ce que je craignais, mais on ne peut pas contrôler nos sentiments.” Elle se tourna vers Jane. “ J’aimerais qu’on parle ce soir, toi et moi.”
-“ Je sais de quoi tu veux parler, et je pense moi aussi que nous avons besoin d’en parler.”
-“ Mais pas maintenant, c’est le moment de Peyson, je veux qu’elle profite au maximum de la soirée.”
-“ Je suis d’accord. Profitons de notre temps avec elle avant de la ramener. As-tu des nouvelles de l’assistante sociale ? Sais-tu où elle va aller ?”
-“ Je n’en sais rien pour le moment, elle va aller dans un foyer pour un temps, mais pas trop longtemps j’espère.”
-“ Je l’espère aussi. Elle est tellement gentille, j’aimerais qu’elle puisse avoir une vie heureuse et je ne pense pas qu’elle le sera vraiment si elle reste dans un foyer.”
-“ Elle mérite d’être heureuse.” Lisbon regarda sa montre. “ Il est temps d’y aller.”

L’agent se leva et alla chercher la fillette qui, contre toute attente, la suivit sans un mot. Contrairement aux autres enfants, elle n’insista pas pour rester jouer. Aucun doute, cette petite s’en sortirait. Elle était forte et courageuse et ne se laissait pas abattre. Lisbon était fière de l’avoir rencontrée et ne voulait surtout pas la perdre de vue, même si l’affaire était close.

Elles rejoignirent Jane et ensemble, ils retournèrent à la voiture. Une fois rentrés, Peyson voulut rester avec eux un moment, refusant d’aller au lit, mais un bâillement trahi son état de fatigue. Toutefois, Lisbon l’accompagna dans la chambre pour l’aider à se changer. Jane resta donc dans le salon avec l’agent Scanlon. Cette dernière avait passé la soirée à se reposer, profitant du calme de l’appartement.

-“ Alors, l’assistante sociale doit venir bientôt ?” Demanda-t-elle en se tournant vers Jane.
-“ D’après Lisbon elle va venir Dimanche et Peyson ira dans un foyer en attendant de lui trouver une famille” répondit-il. “ Mais je croyais que vous le saviez ?”
-“ Je le savais, mais je pensais que vous changeriez d’avis” précisa-t-elle.
-“ Comment ça, changer d’avis ?” Voulut savoir Jane.
-“ Et bien, j’ai pus voir depuis le début à quel point vous êtes proche de Peyson, vous et l’agent Lisbon” expliqua-t-elle. “ Je pensais que vous voudriez la prendre en charge. Vous semblez tellement l’aimer cette petite.”
-“ Pour être honnête, je l’ai envisagé” avoua Jane. “ Mais je ne peux pas. Je n’ai pas une vie stable et c’est-ce dont elle à le plus besoin.”
-“ Je vois. Ecoutez, je ne voulais pas me montrer indiscrète” s’excusa Scanlon.
-“ Ne vous inquiétez pas” la rassura-t-il.

Lisbon arriva à ce moment-là et vint s’asseoir sur le canapé à côté de son collègue. Elle avait les yeux brillants et Jane comprit qu’elle tentait de se montrer forte. Il posa une main sur son bras pour la réconforter. Il comprenait ce qu’elle ressentait, il ressentait la même chose et il décida alors de partir. Il se leva, entraînant Lisbon avec lui et souhaita bonne nuit à l’agent Scanlon avant de sortir de l’appartement.




Assis sur le canapé du salon de Lisbon, Jane réfléchissait à tout ce qu’il s’était passé ces derniers jours. Depuis le début de cette affaire tout avait changé pour lui. Il avait eut du mal au début, lorsqu’il avait vu le corps de la petite Kelly. Il avait pensé qu’il ne pourrait pas travailler sur cette affaire, même s’il avait soutenu le contraire. Mais avec le temps, il avait comprit que c’était le contraire. En découvrant la petite Peyson dans ce placard, en la voyant si fragile et vulnérable, il avait comprit qu’elle allait avoir besoin d’aide. Il avait donc mit sa tristesse de côté pour se montrer fort pour eux deux.

Mais contre toute attente, Lisbon s’était bien plus investie dans cette affaire que dans n’importe quelle autre. Il avait donc tenté de se montrer fort pour Peyson et Lisbon. Et maintenant, la petite fille allait partir et il savait qu’il aurait du mal à s’en remettre, ainsi que Lisbon. Elle ne voulait pas le montrer, mais elle s’était tellement attachée à la petite fille qu’il lui était difficile de lui dire au revoir. Elle allait pourtant devoir le faire et Jane savait qu’elle aurait besoin de lui.

Il se leva pour la rejoindre dans la cuisine. Elle y était depuis plusieurs minutes et il se demandait ce qui lui prenait autant de temps pour faire du thé et du café. Lorsqu’il entra dans la cuisine, il trouva la jeune femme appuyée contre le plan de travail, la tête basse. Il crut un instant qu’elle pleurait, mais se ravisa bien vite. Elle était juste perdue dans ses pensées et il jugea bon de l'en sortir. Il s’approcha doucement et posa une main sur son épaule, ce qui la fit sursauter.

-“ Jane ? Un problème ?”
-“ Tu es là depuis un moment et je m’inquiétais un peu” expliqua-t-il.
-“ Oh, excuse-moi. C’est prêt mais… je crois que c’est froid maintenant.”
-“ Ce n’est rien, viens donc dans le salon avec moi.”
-“ Mais…”

Il ne lui laissa pas le temps de protester et l’entraîna avec lui dans le salon puis la fit asseoir sur le canapé. Il s’installa à côté d’elle et garda sa main dans la sienne. Lisbon baissa les yeux vers leurs mains avant de les remonter vers son visage pour plonger son regard dans le sien. Pour la première fois, l’agent put voir que le masque qu’il portait toujours n’était plus là. Seul restait l’honnêteté et la sincérité sur son visage et cela fit un peu peur à Lisbon. Elle n’était pas du tout habituée à ça et elle avait peur de dire ou faire quelque chose de travers.

Elle se sentit soudain mal à l’aise, ne supportant plus son regard et allait se lever lorsqu’il la retint par le bras. Il la força à reprendre sa place sur le canapé et, sans même savoir pourquoi, il leva une main pour la poser sur sa joue. Lisbon ferma les yeux un court instant avant de les rouvrir, lui souriant légèrement. Il venait de mettre un terme à la tension qui régnait depuis un moment et elle s’en sentit soulagée.

-“ Je devrais peut-être nous préparer quelque chose à boire” suggéra Lisbon.
-“ Inutile” la stoppa-t-il. “ Nous sommes ici pour parler il me semble.” Voyant son hésitation, il continua, “ au sujet de ce baiser dans ton bureau, je t’ai déjà dis que je ne le regrette pas.”
-“ Moi non plus” avoua-t-elle.
-“ Et je sais que tu ressens quelque chose pour moi, inutile de le nier.”
-“ Je ne le nierai pas.”
-“ Je suis désolé Lisbon, mais je ne pense pas être prêt pour le moment. Je ne dirais pas que c’est à cause de Lui, parce que je sais que tu m’en voudrais. Mais si je dois être honnête avec toi, j’ai un peu peur.”
-“ Jane, tu sais très bien que…”
-“ Ce n’est pas ce qu’il pourrait te faire qui me fait peur” la coupa-t-il encore une fois, “ mais plutôt ce que je pourrais te faire.”
-“ De quoi tu parles ?” Elle était confuse.
-“ Je parle de moi, de qui je suis et de ce que je fais aux autres sans même m’en rendre compte.” Il fit une courte pause avant de reprendre. “ Je fais souffrir les gens que j’aime sans même le vouloir. Je l’ai déjà fait par le passé et j’ai bien peur de le faire encore dans l’avenir.”


Lisbon le regarda et l’écouta sans un mot. Elle avait toujours crut qu’il refuserait de refaire sa vie à cause de John Le Rouge, mais elle avait tort. Ce qui le retenait le plus était sa peur de faire souffrir les gens qu’il aimait. Et sur ce point, c’est lui qui avait tort et elle comptait bien le lui faire comprendre. Elle posa sa main sur celle de Jane qui se trouvait toujours sur sa joue et la serra doucement.

-“ Pourquoi toujours te blâmer Jane” lui souffla-t-elle doucement. “ Pourquoi ne jamais laisser les autres te dire ce qu’ils ressentent.”
-“ Je ne veux pas te faire souffrir Lisbon.”
-“ Et que crois-tu être en train de faire en ce moment ?” Lui demanda-t-elle, tentant de masquer la colère qu’elle sentait monter en elle. “ Tu me rejettes sans même nous laisser une chance, ne crois-tu pas que cela me fasse souffrir ?”
-“ Lisbon, c’est mieux ainsi. Mais je ne dis pas que ce soit définitif” ajouta-t-il. “ Je dis juste ne pas être prêt pour le moment. Il me faut encore du temps.”
-“ Alors c’est-ce que tu aurais dus me dire plus tôt” sourit-elle, soudain plus calme. “ Si c’est du temps dont tu as besoin, alors je t’en donnerai.”

Elle lui offrit un sourire rayonnant et Jane sembla se détendre.

-“ Veux-tu dire que tu m’attendras ?” Demanda-t-il.
-“ Aussi longtemps qu’il le faudra” assura-t-elle. “ Mais ne crois pas que cela veut dire que tu peux agir comme tu l’entends au travail.”
-“ Je peux tout de même continuer mes siestes ?” S’inquiéta-t-il faussement.
-“ Personne ne pourrait t’en empêcher” rit-elle. “ Je sais que tu resteras le même, celui que j’ai appris à connaître et à apprécier, plus que je ne le pensais possible.”

C’était pour Jane la plus belle déclaration qu’elle puisse lui faire, à demi-mot. Elle n’était pas non plus prête à aller plus loin, tout comme lui. Ils venaient de s’avouer ce qu’ils ressentaient et étaient tout les deux prêts à attendre le temps qu’il faudrait. Et c’est avec le sourire que Jane prit Lisbon dans ses bras pour une étreinte pleine d’amour.