L'enfant qui en savait trop ^

Au milieu de la nuit, alors que les étoiles brillaient haut dans le ciel, la petite Peyson s’éveilla avec une envie de boire. Elle tenta de se rendormir, il était bien trop tôt et il faisait un peu frais. Mais rien à faire, elle avait bien trop soif pour trouver le sommeil. Elle ne voulait pas descendre seule, elle avait peur du noir et si elle allumait la lumière, sa mère le saurait et elle se ferait disputer. Sa mère n’était pas une mauvaise mère, loin de là, elle était même la meilleure mère du monde, du moins pour la petite Peyson.

La fillette se tourna vers Kelly, sa meilleure amie qui passait quelques temps chez elle. Ses parents avaient dut partir pour un voyage en amoureux et avaient décidé de laisser leur fille chez les Tanner, la famille de Peyson. Elle secoua son amie, sans que cela ne la réveille, alors elle la secoua plus fort.

-“ Kelly, réveille-toi !” souffla Peyson.
-“ Laisse-moi dormir” murmura Kelly.
-“ J’ai soif” reprit Peyson.
-“ Alors va boire.”
-“ Mais j’ai peur du noir, tu veux pas venir avec moi ?” Supplia-t-elle.
-“ Vas-y toute seule, j’ai sommeil.”

Kelly se retourna de l’autre côté en tirant la couette sur elle. Peyson ne voulait pas y aller toute seule, mais elle avait vraiment trop soif, alors elle souffla un bon coup et se leva. Elle enfila ses chaussons, sa robe de chambre et avança vers la porte. Elle l’ouvrit doucement, passa la tête et regarda de droite à gauche pour s’assurer qu’il n'y avait personne, ni ses parents, ni son petit frère, ni les monstres se cachant dans le noir et qui lui faisaient si peur. Il n’y avait personne, alors elle prit son courage à deux mains et s’aventura dans le couloir.

Peyson traversa rapidement le couloir et descendit l’escalier aussi vite que possible pour arriver dans la cuisine. Là seulement elle alluma la lumière et s’autorisa à se détendre. Mais elle ne s’attarda pas, elle se prit une petite bouteille d’eau dans le frigo afin de ne pas avoir à revenir, éteignit la lumière et s’apprêtait à remonter dans sa chambre lorsqu’elle entendit du bruit provenant de la porte de la cuisine donnant sur l’arrière de la maison.

La petite fille se dissimula derrière le comptoir, les monstres savaient qu’elle était là et elle ne voulait pas qu’ils la trouvent. Elle sentait son cœur battre fort et vite dans sa poitrine et elle serra la bouteille d’eau très fort dans ses petites mains. Elle les entendit avancer dans la pièce, alors elle jeta un rapide coup d’œil. Ils prenaient la direction des escaliers, ils ne l’avaient donc pas vu. Mais soudain, une autre peur l’envahit. Ils montaient à l’étage, vers les chambres. Ses parents, son petit frère et Kelly. Elle devait faire quelque chose, elle ne pouvait pas les laissaient s’en prendre à sa famille et son amie.

Peyson avança le plus discrètement possible, elle ne devait pas être entendue. Elle ne passa pas par l’escalier de la cuisine mais contourna l’angle pour arriver dans l’entrée et prendre l’escalier principal. Elle monta rapidement, peut-être qu’elle pourrait arriver avant eux et qu’elle pourrait prévenir ses parents. Son père saurait quoi faire, il trouverait un moyen de protéger tout le monde des monstres de la nuit. Il était policier, il n’avait peur de rien. Son papa était le meilleur des papas du monde et elle l’aimait plus que tout, enfin elle l’aimait comme sa maman.

Elle arriva enfin à l’étage mais elle s’arrêta dans son élan lorsque les monstres changèrent de direction et se dirigèrent vers la chambre de ses parents. Elle se cacha derrière l’une des marches, elle était tellement petite qu’elle ne dépassa même pas. Les choses allaient s’arranger, son père allait se réveiller et il allait faire fuir les monstres. Elle attendit donc d’entendre la voix de son père, mais rien ne vint. Au bout de quelques temps, les monstres ressortirent de la chambre, chacun un couteau à la main d’où s’échappait un drôle de liquide qu’elle ne parvint pas à identifier.

Elle vit l’un des monstres se diriger vers la chambre de son petit frère et l’autre vers la sienne. Pourquoi son papa ne sortait pas de sa chambre ? Pourquoi il ne venait pas aider Ethan et Kelly ? Qu’est-ce que les monstres avaient fait à ses parents ? Elle avait de plus en plus peur, elle ne savait même pas comment aider sa famille. Elle se redressa doucement, les monstres ne pouvaient pas la voir et elle voulait que son père fasse quelque chose. Elle courut sur la pointe des pieds et entra dans la chambre de ses parents.

Peyson se précipita vers le lit pour voir que ses parents dormaient encore. Elle secoua son père doucement.

-“ Papa, papa réveille-toi !” chuchota-t-elle. “ Papa, les monstres vont faire du mal à Ethan et Kelly.”

Mais son père ne se réveilla pas. Elle contourna donc le lit et tenta de réveiller sa mère. Elle la secoua, encore et encore, l’appelant. Sa voix était pleine de sanglots. Elle monta sur le lit en pensant que ça réveillerait ses parents et elle sentit quelque chose de chaud et liquide sous ses pieds. Les draps étaient mouillés, mais ses parents étaient trop âgés pour faire pipi au lit. Elle trébucha et se retrouva allongée entre ses parents. Elle tourna la tête vers sa mère et retint un cri de terreur en voyant un grand trou dans sa gorge. Elle regarda son père et vit qu’il avait la même chose.

La fillette réalisa soudain que son père ne pourrait pas aider son petit frère, ni Kelly, ni elle. Personne ne pourrait l’aider, elle devrait se débrouiller toute seule. Elle descendit donc du lit et attrapa le téléphone sur la table de nuit de sa mère. Elle composa le numéro d’urgence et attendit que quelqu’un réponde. Elle avait peur, les monstres pouvaient revenir et la voir, ils pouvaient lui faire la même chose qu’ils avaient fait à ses parents. Elle entendit du bruit dans le couloir et courut se cacher dans le placard de ses parents, le téléphone en main.

Un cri retentit dans le silence de la nuit et Peyson pria pour que quelqu’un lui réponde, pour que quelqu’un vienne l’aider et la sauver. Elle avait reconnut la voix de Kelly. Enfin, quelqu’un décrocha, mais elle n’osa pas répondre, elle avait peur que les monstres l’entendent et vienne dans la chambre. Alors elle garda le silence, les larmes coulant doucement sur ses joues.




Une voiture se gara devant la grande maison et une femme brune et un homme blond en sortirent. La femme passa devant les agents en uniformes, montrant son badge à l’entrée et pénétra dans la maison. L’homme blond la suivit sans un mot, attentif à tout ce qu’il voyait. A l’intérieur, un grand nombre des agents prenaient des notes, d’autres relevaient des empreintes. La brunette monta l’escalier pour retrouver le reste de son équipe qui se trouvait déjà sur place.

-“ Qu’est-ce qu’on a ?” Demanda-t-elle.
-“ Mr et Mme Tanner, morts dans leur chambre, ainsi que leurs enfants, Ethan, cinq ans et Peyson, huit ans” lui répondit son collègue asiatique.
-“ Cause de la mort ?” Demanda-t-elle en se tournant vers le second.
-“ Les parents ont eu la gorge tranchée, le petit garçon aussi, mais la fillette à reçu un coup de couteau dans le bras gauche et un second dans le ventre.”
-“ Elle est mort en combien de temps ?” Voulut-elle savoir.
-“ D’après le médecin légiste elle se serrait vidée de son sang et serait morte en quelques minutes. Elle était jeune.”

Lisbon se passa une main sur le visage, cette affaire ne serait pas facile. Toutes les affaires incluant des enfants étaient difficiles et elle n’aimait pas. Comment quelqu’un pouvait faire tant de mal à des enfants ? Comment quelqu’un pouvait être cruel à ce point ? Elle avait du mal à comprendre et au cour de toutes ces années à travailler au CBI, elle n’avait pas trouvé la réponse. Elle tourna la tête pour voir son collègue Jane arriver. Ça n’allait pas être facile pour lui, les affaires avec des enfants étaient toujours plus difficiles pour lui.

-“ Alors Lisbon, qu’est-ce qu’on a ?” Demanda-t-il.
-“ Quadruple meurtre, les parents et les deux enfants” lui répondit-elle.

Elle le vit faire une grimace et avancer vers l’une des chambres. C’était celle du fils, Ethan, et Lisbon espérait vraiment qu’il ne décide pas d’aller dans celle de la petite fille. Elle laissa Cho la guider vers la chambre de Kelly et elle entra doucement. La pièce était joliment décorée de rose. Il y avait des poupées, des peluches et des costumes de princesses accrochés sur l’un des murs. Au centre de la pièce se trouvait un lit à baldaquin entouré de voiles roses accrochés par des rubans mauves.

Lisbon s’avança pour voir une petite fille blonde sous la couette. Elle était sur le dos, une main se tenant le ventre, recouverte de sang. Elle sentit son estomac faire des bonds, mais elle ne serait pas malade, même si cette vue lui faisait mal. Elle vint se placer à côté du lit et se pencha pour examiner la petite victime. Elle observa le petit visage si joli de la fillette qui laissait voir à quel point elle avait souffert. Pauvre enfant, personne ne devrait mourir aussi jeune et encore moins de cette façon.

Du coin de l’œil elle vit Jane entrer dans la chambre et venir se placer à côté d’elle. Il se pencha vers la petite fille. Il ne fit aucun commentaire désobligeant, pas la moindre remarque. Pour une fois, il se montrait professionnel et elle eut mal de devoir lui imposer ça. Il devait certainement repenser à sa fille, Peyson Tanner était aussi blonde que Charlotte et était à peine plus âgée. Lorsqu’il se redressa elle vit qu’il retenait difficilement quelques larmes, mais il se montrait fort.

Il s’éloigna du lit et fit le tour de la chambre, comme il en avait l’habitude sur les scènes de crimes. Il passa à côté d’un petit banc recouvert de peluches de différentes tailles et couleurs et en prit une dans ses mains. Il continua son tour de la pièce, observant chaque objet, chaque poupée, chaque paire de chaussures. Et soudain il s’arrêta.

-“ Lisbon viens voir” appela-t-il.

L’agent rejoignit son collègue et se plaça à côté de luit, cherchant à savoir ce qu’il avait vu qui avait tant d’importance. Il avait le regard fixé sur un sac rose contenant des vêtements.

-“ Quoi ?” Demanda-t-elle.
-“ Ce sac” montra-t-il. “ Il est plein de vêtements.”
-“ Et alors ?” Elle ne comprenait pas.
-“ Il y a une étiquette sur le T-shirt.”
-“ C’est-ce que font les parents pour ne pas mélanger les vêtements avec ceux des autres enfants à l’école” expliqua-t-elle.
-“ Mais ce n’est pas le nom de Peyson Tanner” fit-il remarquer. “ Il est écrit Kelly Romero. Il y avait donc deux petites filles ici cette nuit. Où est la seconde ?”

Lisbon se redressa soudainement, tournant la tête vers le lit. Il manquait une petite fille, Kelly ou Peyson, pour le moment elle ne le savait pas. Mais ce qui importait était de trouver la seconde fillette, peut-être avait-elle besoin d’aide. La brunette espéra de tout son cœur qu’elle soit toujours en vie, qu’il ne lui soit rien arrivé de mal.

-“ Cho, il manque une fillette, cherche en bas. Rigsby, va dans la chambre du frère” ordonna-t-elle. “ Jane…”
-“ Je vais voir dans la chambre des parents” dit-il avant qu’elle ne finisse sa phrase.
-“ Très bien, je cherche ici.”

Lisbon commença à chercher sous le lit, prenant soin de ne toucher à rien afin de ne pas détruire de preuves. Jane de son côté venait d’entrer dans la chambre des parents et laissa son regard parcourir la pièce. Il remarqua bien vite qu’il manquait le téléphone sans fil de la mère, la petite devait être venue ici. Pour une raison inconnue, il pensa tout de suite qu’il s’agissait de Peyson et non Kelly. Si quelqu’un était venu en plein milieu de la nuit et que la petite s’était réveillée, elle serait tout de suite allée voir ses parents. Si ça avait été Kelly, elle se serait cachée quelque part dans la chambre de son amie.

Le mentaliste s’imagina à la place de la petite fille apeurée qu’avait été Peyson, arrivant dans la chambre de ses parents et les trouvant mort. Il l’imagina tenter de les réveiller, mais n’y parvenant pas, décidant d’appeler à l’aide. Elle aurait ensuite cherché un endroit où se cacher et le premier endroit qui lui vint à l’esprit fut le placard. Il avança donc vers la porte et l’ouvrit doucement, révélant une petite fille toute blonde, couverte de sang, tenant contre son cœur le téléphone sans fil.

Le blond s’accroupit vers la fillette, mais ne fit aucun mouvement pour la toucher. Elle était sous le choc, elle n’avait même pas levé les yeux vers lui. Elle semblait perdue dans un monde imaginaire dans lequel personne ne pouvait rien contre elle, un lieu où ses parents étaient là pour elle, bien vivants.

-“ Lisbon !” Appela-t-il.

Il entendit des pas précipités dans le couloir et Lisbon entra dans la chambre, venant tout de suite vers lui.

-“ Est-ce que c’est Kelly ?” Demanda-t-elle.
-“ Non, c’est Peyson Tanner” affirma-t-il.
-“ Comment le sais-tu ?”
-“ Plus tard pour les explications, elle a besoin d’aide, elle est en état de choc.”
-“ Je vais chercher les secouristes” dit-elle.

Lisbon sortit de la chambre et il se retrouva seul face à une petite fille de huit ans, encore sous le choc. Il devait trouver une approche douce, quelque chose qui ne l’effraierait pas plus qu’elle ne l’était déjà. Il regarda la peluche dans ses mains, puis la fillette et il trouva. Il s’assit sur le sol, posant les yeux sur la peluche.

-“ C’est un bien jolie lapin que tu as là Peyson” commença-t-il. “ Quel est son nom ?”

Elle garda le silence.

-“ Je crois qu’il a peur, il a dut voir quelque chose qui lui a fait peur et je pense qu’il a besoin de quelqu’un pour le rassurer. Je ne pense pas être la bonne personne pour ça, mais tu pourrais l’aider, t’en penses quoi ?”

Peyson leva les yeux vers lui.

-“ Il me semble vraiment avoir peur, il a besoin de toi pour le rassurer. Je lui ai demandé ce qui lui fait si peur, mais il n’a rien voulut me dire. Peut-être qu’il te le dira à toi ?”

Il tendit le lapin à la fillette qui l’attrapa du bout des doigts et le ramena rapidement vers elle, le posant contre sa joue. Ils gardèrent le silence, la petite fille ferma les yeux et Jane attendit.

-“ Il a vu des monstres” dit-elle alors.
-“ Des monstres ?” Il prit un air étonné, la mettant en confiance.
-“ Ils ont fait mal à papa et maman, et Bonnie dit qu’ils ont aussi fait mal à Kelly.”
-“ Tu as vu les monstres toi aussi ?” Demanda-t-il doucement.

Elle hocha la tête, des larmes coulant sur ses joues. Jane sentit son cœur se serrer pour cette enfant et il tendit une main vers elle. Peyson leva les yeux vers lui, comme si elle tentait de savoir si elle pouvait ou non lui faire confiance. Puis, doucement, elle tendit sa petite main pleine de sang pour attraper celle du blond. Il la prit délicatement dans ses bras et elle lui entoura le cou de ses bras, se serrant contre lui.

Jane se redressa, la fillette contre lui et sortit de la chambre. Il croisa Lisbon qui arrivait avec un secouriste et l’homme tenta de prendre la fillette des bras du mentaliste, mais Peyson se serra encore plus contre lui. Lisbon comprit et fit signe au secouriste qu’il valait mieux laisser Jane s’en occuper. Ils descendirent, sortirent de la maison et se dirigèrent vers l’ambulance. Jane s’assit à l’arrière et le second secouriste arriva vers lui. C’était une femme, peut-être que Peyson se sentirait mieux en confiance.

-“ Peyson, cette gentille dame veut savoir si tu vas bien, tu veux bien la laisser t’examiner ?” Lui demanda-t-il.
-“ J’ai peur” sanglota-t-elle.
-“ Je sais ma puce, mais je reste avec toi et cette gentille dame ne te fera pas de mal.”
-“ Tu promets ?”
-“ Je te le promets.”

Peyson se décala de Jane et se tourna vers la secouriste qui lui fit un gentil sourire.

-“ Regarde ma chérie, ce que j’ai dans la main c’est un stéthoscope, ça va me permettre d’écouter ton cœur” expliqua-t-elle. “ Tu pourras l’écouter toi aussi si tu veux.”

La femme ouvrit la robe de chambre de la fillette avec des gestes doux, souleva son T-shirt et posa l’objet contre sa poitrine. Peyson sursauta un peu.

-“ C’est froid” se plaignit-elle.
-“ Attends, je vais le réchauffer” elle souffla sur l’embout et le reposa sur sa poitrine.
-“ Merci” murmura Jane.

Après avoir écouté le cœur de la fillette, la secouriste lui permit d’écouter son propre cœur et Peyson sourit. Elle leva les yeux vers Jane, les yeux pétillants.

-“ J’entends mon cœur” s’émerveilla-t-elle.
-“ C’est super ça” sourit Jane.

Pendant que Peyson s’amusait avec le stéthoscope, la secouriste continua de l’examiner. Une fois fait, elle s’éloigna pour aller parler avec Lisbon qui se trouvait un peu plus loin, un petit sourire sur le visage en regardant Jane s’occuper de la fillette. Elle le rejoignit ensuite son collègue.

-“ Elle va bien” lui dit-elle.
-“ Je ne crois pas” contra Jane. “ Peut-être physiquement, mais psychologiquement elle va mal et elle va avoir besoin d’aide.”
-“ Et elle va en recevoir, mais il va falloir qu’elle nous dise ce qu’elle a vu.”
-“ Pas pour le moment, elle ne pourra pas nous dire grand-chose, mais je sais déjà qu’elle a vu des monstres entrer chez elle et faire du mal à ses parents.”
-“ Elle a vu les meurtres ?” S’étonna Lisbon.
-“ Non, elle serait plus perturbée si c’était le cas, mais elle a vu quelqu’un entrer dans la chambre de ses parents. Elle a dut y aller pour demander de l’aide à ses parents et les trouver ainsi.”

Lisbon regarda la petite fille, puis Jane. Quelque chose lui disait que tout n’était pas finit, que la petite Kelly, là-haut dans la chambre de Peyson, n’était pas la cible des tueurs. Il craignait que ces hommes cherchent à s’en prendre à elle en apprenant qu’elle était en vie. Jane posa la fillette sur la marche de l’ambulance doucement et la rassura avant de s’éloigner avec Lisbon, mais restant assez prêt pour ne pas qu’elle ait peur.

-“ Lisbon, Peyson est encore en danger” dit-il.
-“ Je le pense aussi, Kelly n’était certainement pas sensée être là” approuva-t-elle. “ Si les tueurs l’apprennent, ils risquent de vouloir finir le travail. Il faut la mettre sous protection.”
-“ Et il faut faire en sorte que personne ne sache qu’elle est en vie.”
-“ Tu suggères de laisser croire qu’elle est morte ? Et pour Kelly, on ne dit rien à ses parents ? Ça va pas ? On ne peut pas faire ça.”
-“ Non, il faut le dire à ses parents, mais il faut leur expliquer la situation, il faut qu’ils soient discrets si on ne veut pas que les tueurs cherchent à en finir avec elle.”

Lisbon réfléchit à tout ça. Jane avait raison sur un point, il ne fallait pas que les médias fassent savoir que Peyson Tanner était en vie, mais le seul moyen pour ça était de faire passer Kelly Romero pour Peyson. Il ne serait pas facile de convaincre Bertram de garder le silence, mais la vie d’une enfant en dépendait. Il lui faudrait ensuite convaincre les parents de Kelly de ne rien dire à personne et ce serait beaucoup plus difficile que de convaincre son patron.

La jeune femme se tourna vers Jane qui avait les yeux posés sur la fillette. Il semblait s’être attaché à elle et c’est-ce qu’elle craignait. S’il s’attachait trop à elle, ce ne serait pas facile pour lui de la voir partir. Mais elle s’occuperait de ça plus tard, pour le moment elle devait s’occuper de protéger Peyson et de trouver quelqu’un qui pourrait l’aider à surmonter l’épreuve qu’elle venait de vivre.

Cette affaire allait être plus difficile qu’elle ne le pensait, bien plus difficile.

Lisbon se trouvait à la morgue alors qu'elle aurait préféré se rendre à l’hôpital avec Jane et la petite Peyson. Mais elle avait quelque chose d’important à faire avant, de ce fait elle avait chargé Cho d’accompagner son consultant. Elle avait confiance en son agent, elle savait qu’il protégerait la petite et le secret de sa survie. En attendant, elle devait parler avec le médecin légiste et mettre quelques points au clair.

Elle entendit du bruit dans le couloir derrière et se retourna pour voir arriver le Dr Parker, un dossier à la main. La jeune femme se tourna complètement vers la femme qui ne l’avait toujours pas remarquée. Lisbon marcha dans sa direction, attirant enfin son attention.

-“ Oh, agent Lisbon, je ne vous avais pas vue” dit le Dr Parker.
-“ Oui, je sais que je n’ai pas pour habitude de venir à la morgue” expliqua Lisbon. “ Mais cette affaire est spéciale et j’ai des choses à vous dire.”
-“ Bien, suivez-moi dans mon bureau.”

Le médecin indiqua la voie en passant en premier, suivit par l’agent. Les deux femmes s’installèrent sur les chaises, le médecin celle derrière le bureau et l’agent celle en face. Lisbon ne savait pas comment aborder le sujet, si elle pouvait dire toute la vérité au médecin, si elle pouvait lui faire confiance. Il y avait bien entendu le secret professionnel, mais le cas de la famille Tanner était très spécial.

Le Dr observa l’agent. Teresa Lisbon, l’agent le plus respecté du bureau et aussi la plus crainte. Ce qu’elle voyait, c’était une femme de petite taille mais avec un regard déterminé. Elle ne savait pas trop de quoi elle voulait lui parler, pour elle l’affaire était simple, enfin si on peut dire. Une famille venait d’être assassinée, elle devait faire les autopsies, remplir ses rapports et laisser les agents faire le reste.

Mais de voir l’agent Lisbon descendre elle-même pour lui parler voulait tout dire. L’agent ne serait pas venue si cette affaire n’était pas vraiment importante et le Dr Parker était impatiente de savoir de quoi il s’agissait.

-“ Dr Parker, j’ai besoin de savoir quelque chose avant de tout vous expliquer.”
-“ Je vous écoute” invita-t-elle l’agent à continuer.
-“ Promettez-moi avant que vous ne direz rien à personne” ordonna presque Lisbon.
-“ Je respecte le secret professionnel, vous pouvez donc me faire confiance” assura le médecin. “ Maintenant, de quoi s’agit-il ?”

Lisbon sortit quelques papiers de son porte document qu’elle plaça devant elle sur le bureau. Le médecin se pencha pour les attraper et examina leur contenu. Elle lut les rapports et examina les photos jusqu’à ce qu’elle relève un regard interrogateur vers l’agent.

-“ Alors si je comprends bien…”
-“ Et j’ai vraiment besoin que vous gardiez le silence sur ce point, c’est crucial” ajouta Lisbon avec un regard sérieux.
-“ Alors la petite est en vie. Comment va-t-elle ?”
-“ D’un point de vu physique, elle va bien” l’informa l’agent. “ C’est du côté psychologique que je m’inquiète. Elle va avoir besoin d’aide, de quelqu’un à qui parler. Mais pour le moment je ne sais pas encore qui.”
-“ Je peux peut-être voir dans mes relations” proposa le médecin. “ Je pourrais me renseigner indirectement, savoir qui serait le mieux placer pour aider un enfant traumatisé par la mort de sa famille.”
-“ Il ne faut surtout pas révéler son nom” précisa de nouveau Lisbon. “ Et à ce sujet, je voudrais que vous modifiez le rapport d’autopsie de la fillette.”

Le médecin regarda l’agent avec confusion. C’était bien la première fois qu’on lui demandait de falsifier un rapport, et elle n’avait jamais fait une chose pareille. Mais cette affaire était spéciale et la vie d’une enfant dépendait de son rapport.

-“ Je sais que vous n’avez jamais eu à faire une chose pareille et à votre place je penserais la même chose que vous : je ne peux pas faire ça” reprit Lisbon. “ Mais cette petite fille est encore en danger, et votre rapport et la seule chose qui pourra faire la différence entre la vie et la mort.”

Lisbon fit une autre pause avant de reprendre.

-“ Je ne vous force à rien, je ne vous ordonne pas non plus de le faire. Mais réfléchissez bien.”

Puis elle se leva et laissa le médecin seule avec ses réflexions. Elle avait encore des choses à faire, à commencer par s’assurer que la petite Peyson aille bien et Jane aussi. Elle se faisait du souci pour son consultant, elle avait peur qu’il s’attache trop à la petite et que ça n’en soit que plus difficile pour lui lorsqu’elle devrait partir. Elle aussi avait remarqué à quel point Peyson Tanner pouvait faire penser à Charlotte Jane. Aussi blonde qu’elle, un peu plus âgée.

Lisbon chassa ces pensées et se concentra sur l’enquête. Elle devait trouver qui était responsable de la mort de toute cette famille, qui en avait après eux et comment l’arrêter avant qu’il ne découvre que la petite fille était encore en vie. C’est tout ce qui importait pour le moment et aussi, comment la protéger jusqu’à ce que le, ou les tueurs, soient en prison.

La jeune femme monta en voiture et roula vers l’hôpital. Elle savait que tant que Cho serait avec elle, Peyson ne risquait rien. Mais une part d’elle s’inquiétait vraiment. Elle ne savait pas encore ce que la fillette avait vu, et elle doutait d’en apprendre plus ce soir. Elle était encore bien trop traumatisée, elle avait vu ses parents morts dans leur lit, elle avait vu ceux qui avaient fait ça. Lisbon avait encore en elle l’image de la petite fille, couverte de sang dans le placard de ses parents, tenant contre elle le téléphone de sa mère. Elle ne pourrait jamais oublier cette image, elle savait qu’elle la hanterait pendant longtemps.

Elle arriva enfin devant l’hôpital, trouva rapidement une place et sortit de la voiture. Elle entra dans le bâtiment, passa devant l’accueil sans même s’y arrêter, elle savait où aller. Cho lui avait laissé un message lui disant où les trouver, alors elle s’y rendit immédiatement. Elle ne fut pas surprise de ne trouver que son agent, Jane devait certainement se trouver avec Peyson. Cho la vit arriver et se dirigea vers elle.

-“ Du nouveau ?” Demanda-t-elle en jetant un œil dans la salle d’examen.
-“ La petite va bien physiquement” répondit-il. “ Mais elle n’a plus dit un mot depuis qu’on est arrivé.”
-“ Pas même à Jane ?” S’étonna-t-elle.
-“ Pas même à lui” confirma Cho.
-“ Et lui, comment va-t-il ?”
-“ Il ne l’a pas laissé une minute depuis qu’on est là.”

Lisbon observa le mentaliste. Il était assit sur la table d’examen, tenant la main de Peyson. L’enfant avant dans son autre main le lapin en peluche que lui avait apporté Jane lorsqu’il l’avait trouvé dans le placard. Une infirmière avait dut la laver, car elle portait une chemise d’hôpital et n’avait plus aucune trace de sang sur elle. Il y en avait un peu sur la peluche et Lisbon se dit qu’elle devrait la laver et la lui rendre après. L’agent voyait à quel point la petite fille tenait à ce lapin, ça devait être un cadeau de ses parents.

-“ L’infirmière à rangé son pyjama dans un sac que je ferai passer à la sxientifique” reprit Cho. “ Et seuls un médecin et une infirmière sont autorisés à s’occuper d’elle.”
-“ Sous quel nom l’as-tu fait enregistrer ?”
-“ Jane Doe.”
-“ Bien” approuva Lisbon. “ Je vais aller lui parler.”
-“ Bonne chance.”

Lisbon sourit, c’était bien une des rares fois qu’elle entendait son collègue dire une chose pareille. Elle entra dans la salle et se dirigea tout de suite vers le lit. Jane tourna la tête vers elle, l’accueillant d’un sourire qu’elle lui rendit, mais Peyson se réfugia rapidement dans les bras de l’homme, enfouissant son visage dans son torse. Le blond l’entoura de ses bras et lui murmura quelque chose à l’oreille. La fillette leva la tête vers lui, lança un regard à Lisbon et finit par s’écarter de lui.

L’agent vint s’asseoir sur la chaise à côté de la table d’examen, sourit doucement à la petite fille et reporta son regard sur Jane.

-“ Alors, tu as appris quelque chose ?” Lui demanda-t-elle.
-“ Elle n’a pas voulut me dire quoi que ce soit depuis que nous sommes ici, mais je ne l’ai pas non plus forcée. Elle parlera quand elle sera prête.”
-“ Je sais que ça ne doit pas être facile pour elle, mais nous avons besoin de savoir ce qu’elle a vu.”
-“ Je ne peux pas l’obliger à parler Lisbon, elle est traumatisée.”
-“ Je ne te demande rien de la sorte Jane” se défendit la jeune femme. “ Mais nous avons besoin de savoir si elle a vu les tueurs. Plus nous en apprendrons et plus vite elle sera en sécurité.”

Jane savait que Lisbon avait raison, plus vite Peyson parlerait et plus vite sa vie pourrait reprendre. Mais comment lui faire dire ce qu’elle avait vu sans lui rappeler que ses parents étaient morts cette nuit, que sa vie avait été à jamais bouleversée ? Elle était si jeune et avait déjà tant perdu. Il savait ce que c’était que de perdre sa famille, il savait le mal qu’elle pouvait ressentir.

Peyson se serra un peu contre lui et lorsqu’il posa les yeux sur elle, il vit qu’elle luttait pour rester éveillée. Il l’aida donc à s’allonger et se leva du lit. Mais alors qu’il allait s’éloigner, elle lui attrapa la main. Jane comprit ce qu’elle voulait et se pencha vers elle.

-“ Je vais juste dans le couloir, tu pourras me voir à travers la vitre” la rassura-t-il. “ Je n’en ai pas pour longtemps.”

Peyson le retint encore un peu, mais la fatigue l’emporta et elle le lâcha. Ses yeux se fermèrent et elle serra un peu plus le lapin contre son cœur de ses petites mains. Jane remonta le drap sur elle, posa un baiser sur son front et s’éloigna dans le couloir, Lisbon sur les talons. Ils se placèrent devant la vitre afin que Peyson puisse les voir si jamais elle se réveillait et se tourna vers Lisbon.

-“ Je sais que cette enquête est importante et que le témoignage de Peyson nous aidera beaucoup à avancer, mais pas maintenant.”

Il semblait la supplier du regard, lui demander silencieusement de laisser un peu de temps à la fillette. Et elle était quelque part d’accord avec lui, mais elle devait aussi faire son travail, aussi difficile soit-il.

-“ Bon écoute, je vais attendre de voir ce que dira le médecin” céda l’agent. “ Mais j’ai besoin d’en savoir plus au plus vite.”
-“ Le Dr O’keeffe devrait venir dans quelques minutes, tu pourras lui parler.”

Jane allait retourner dans la chambre mais Lisbon le retint par le bras. Il baissa les yeux vers la main de la jeune femme puis les releva vers elle. Il put voir l’inquiétude dans son regard.

-“ Je vais bien Lisbon” la rassura-t-il.
-“ Je veux bien te croire, mais ça ne m’empêche pas de m’inquiéter.”
-“ Tu n’as pas de raison de t’inquiéter.”

Elle voyait bien qu’il s’était déjà trop attaché à Peyson et ça risquait d’empirer s’il restait avec elle. Mais elle ne pouvait pas non plus lui demander de la laisser. Peyson aussi s’était attachée à lui, elle n’aimait pas le voir la laisser seule. Alors si la présence d Jane pouvait aider l’enfant à parler, elle le laisserait s’occuper d’elle.

-“ Très bien Jane, reste avec elle, mais essaye de la faire parler un peu. Je ne te demande pas de la forcer, mais si jamais elle te dit quoi que ce soit, fais m’en part.”
-“ Pas de problème.”

Jane retourna dans la chambre, laissant l’agent seule dans le couloir. Elle devait lui faire confiance, elle savait que si quelqu’un parvenait à la faire parler, ce serait lui. Il avait déjà réussit à la mettre en confiance, il était celui à l’avoir retrouvée et à l’avoir fait sortir de ce placard. Et même si ça prenait du temps, tant pis. Peyson était bien trop perturbée pour parler maintenant de ce qu’elle avait vécu durant la nuit et elle était bien trop jeune.

Lisbon décida de retourner au bureau et de déposer le sac contenant les affaires de la petite aux techniciens. Elle n’était plus utile ici de toute façon, Cho était là pour assurer la sécurité de l’enfant et elle avait une totale confiance en lui. La seule chose qu’elle pouvait faire à présent était de mener l’enquête avec le peu d’informations qu’elle avait, elle n’avait qu’à faire comme s’il n’y avait pas de témoin. Elle avait déjà résolu des affaires avec bien moins d’éléments par le passé et elle y arriverait cette fois encore.



Jane regarda Lisbon partir, s’en voulant un peu de la façon dont il lui avait parlé. Elle avait raison de se faire du souci pour lui, il s’en faisait un peu aussi. Il s’était déjà attaché à Peyson alors qu’il ne la connaissait que depuis quelques heures. Mais elle lui rappelait tellement sa fille, sa petite Charlotte. Il savait qu’il ne devait pas chercher à comparer les deux enfants, Peyson n’était pas sa fille, mais c’était plus fort que lui. A la minute où il était entré dans cette maison, où il avait vu les cadres contenant les photos de la famille, il avait sut que cette affaire ne serait pas facile. Mais il n’avait pas imaginé qu’il y aurait une survivante et qu’elle n’accepterait de l’aide de personne d’autre que lui.

Le mentaliste comprenait pourquoi Peyson ne faisait confiance qu’a lui. Il était celui à l’avoir trouvée et à l’avoir sortie de ce placard, celui qui avait prit soin d’elle jusqu’ici sans lui poser de questions. Elle avait besoin de soutien, de quelqu’un pour la réconforter et il était prêt à être cette personne. Il savait que ça ne serait pas facile pour lui, mais il lui devait bien ça. Elle n’avait personne actuellement et il ne savait pas quand elle pourrait reprendre une vie plus ou moins normale. Alors s’il pouvait lui apporter un peu de réconfort et de stabilité, il le ferait.

Pour le moment, la petite dormait, son lapin contre son cœur. Mais il pouvait dire au mouvement de ses yeux sous ses paupières qu’elle n’avait pas un sommeil paisible. Elle devait certainement revivre la nuit passée et il n’y avait rien qu’il puisse faire pour la sortir de là. Il devait attendre qu’elle se réveille seule, même si cela lui faisait mal au cœur de la voir ainsi. Dans son rêve, certains détails pourraient lui revenir, des détails importants pour l’enquête.

Il vit Peyson bouger dans son sommeil et il l’entendit gémir. Il lui attrapa doucement la main histoire de la rassurer, de lui faire comprendre qu’elle n’était pas seule. Elle se calma un peu, mais continua de gémir. Il se rapprocha encore, tentant de comprendre ce qu’elle disait. Il ne parvint pas à comprendre grand-chose, mais les mots ‘monstres’ et ‘réveille-toi’ revenaient beaucoup et Jane eut mal au cœur pour elle. Au bout de quelques minutes, elle se redressa d’un coup.

-“ PAPA !” Hurla-t-elle.

Jane l’attrapa alors gentiment mais fermement et l’attira dans ses bras. Elle gesticula, tenta de s’éloigner de ses bras en le tapant aussi fort que ses petits bras le lui permettaient, mais Jane ne la lâcha pas. Il lui caressa gentiment le dos d’une main et il passa l’autre dans ses cheveux.

-“ Ça va Peyson, calme toi” lui souffla-t-il à l’oreille.
-“ Les monstres… Les monstres” sanglota-t-elle en se calmant un peu.
-“ Il n’y a que toi et moi ici.”
-“ Ils me cherchent… Ils veulent me faire mal.”
-“ Ils ne peuvent rien contre toi, je suis là.”

Peyson cessa de pleurer, releva les yeux vers Jane et camoufla de nouveau son visage contre son torse. Elle posa sa joue contre lui, ferma les yeux et l’entoura de ses bras. Elle tremblait encore, mais elle ne pleurait plus. Jane la garda contre lui encore un peu avant de se lever lorsqu’il vit Cho apparaître de l’autre côté de la vitre. Il lui fit signe de ne pas entrer dans la chambre et qu’il le rejoignait. Le mentaliste aida Peyson à se recoucher, lui proposa son lapin qu’elle prit et remonta de nouveau le drap sur elle.

-“ Je reviens dans pas longtemps” lui dit-il. “ Mon ami que tu vois là a besoin de me parler, mais comme tout à l’heure, tu pourras me voir.”

Peyson hocha la tête pour montrer qu’elle avait comprit et serra son lapin contre elle. Mais contrairement à plus tôt, elle ne ferma pas les yeux et suivit Jane du regard lorsqu’il sortit de la chambre. Elle avait encore peur, elle ne voulait pas que les monstres reviennent pour elle, qu’ils veuillent lui faire autant de mal qu’à sa famille. Elle serra plus fort son lapin contre elle, enfouissant son visage dans la douceur de la peluche. Elle ne quittait pas Jane des yeux, elle voulait s’assurer qu’il ne parte pas, qu’il ne laisse pas les monstres lui faire du mal.

Elle ne le connaissait pas, elle l’avait vu pour la première fois quand il avait ouvert la porte du placard et qu’il lui avait donné son lapin. C’était un cadeau de sa maman pour son anniversaire, seulement quelques semaines plus tôt. Elle aimait ce lapin, elle l’avait vu un jour qu’elle était allée faire des courses avec sa mère et son frère. Elle l’avait trouvé très joli, tout blanc avec ce T-shirt rouge et son ballon de Basket dans les mains qu’elle avait enlevé pour jouer avec. Elle n’avait rien demandé à sa mère, mais elle avait deviné et quelques jours plus tard elle l’avait découvert sur sa table de nuit en se réveillant le matin de son anniversaire.

Cet homme qu’elle ne connaissait pas avait sut que c’était son préféré et lui avait apporté. Sans savoir pourquoi, elle avait sut qu’elle pouvait lui faire confiance, qu’il n’était pas là pour lui faire du mal. Et depuis qu’elle était sortit de ce placard, il était resté avec elle, il l’avait rassurée quand le docteur avait voulut l’examiner et l’avait consolée quand elle avait fait ce cauchemar. Il était gentil, il savait la faire rire, même si elle n’avait pas envie de rire.

La petite fille laissa son regard glisser sur l’autre homme, celui qui ne souriait pas. Il lui avait fait peur au début, il avait un visage qui l’avait un peu effrayé. Mais le monsieur blond, Jane, lui avait expliqué qu’il était gentil, même s’il ne souriait jamais. Elle le vit tourner les yeux vers elle et elle lui fit un petit signe de la main. Il se contenta de la regarder avant de reporter son attention sur l’autre homme. Jane avait raison, il ne souriait jamais.

Elle ferma les yeux, elle avait envie de dormir. Mais elle avait encore peur que les monstres reviennent dans ses rêves. Alors elle poussa le drap, descendit du lit et tâtonna jusqu’à la porte qu’elle ouvrit. Elle tira sur la veste de Jane qui baissa les yeux vers elle avant de la prendre dans ses bras. Elle lui entoura le coup.

-“ Et bien Peyson, tu ne dors pas ?” Demanda-t-il.
-“ J’ai peur des monstres” murmura-t-elle.
-“ Je t’ai dis qu’ils ne pouvaient pas te faire de mal ici et puis mon ami Cho” il désigna l’agent du doigt, “ il est là pour te protéger.”
-“ Comment il peut faire ça ?”

Cho se tourna vers Jane et croisa ses bras sur sa poitrine en attendant l’explication à venir.

-“ Et bien comme tu as pus le remarquer, il ne sourit jamais et c’est ça qui va faire fuir les monstres.”

Peyson fronça les sourcils face à cette explication. Est-ce qu’une chose pareille pouvait vraiment marcher ? Est-ce que ne jamais sourire pouvait faire vraiment fuir les monstres ? Elle se tourna vers Cho pour voir qu’il ne souriait toujours pas et se dit que oui. Il lui faisait encore un peu peur, alors ça marcherait. Satisfaite de l’explication de Jane, elle lui fit comprendre qu’elle voulait descendre et il la posa au sol. Elle lui attrapa le col pour lui faire un petit bisou sur la joue et retourna dans la chambre pour tenter de dormir un peu.




Van Pelt tapait encore sur son clavier à la recherche d’informations sur la famille Tanner. Jusque là, tout ce qu’elle avait trouvé sur eux était que le père était détective privé, qu’il gagnait plutôt bien sa vie et n’avait pas de problèmes avec ses clients. La mère était femme au foyer, elle avait cessé de travailler à la naissance de Peyson. Avant elle était la secrétaire de son mari. Elle avait eut beau chercher aussi profond que possible dans le passé du couple, il n’y avait rien qui n’explique les meurtres.

Elle avait aussi cherché s’ils avaient de la famille, mais là non plus elle n’avait rien trouvé. Le plus triste dans tout ça, c’est que ni l’un ni l’autre des parents n’avaient de famille. Ils étaient tout les deux des enfants placés, c’est dans leur famille d’accueil qu’ils s’étaient rencontrés et étaient tombés amoureux. Steven, le père, avait été abandonné par sa mère lorsqu’il était bébé. Elle avait accouché sous X, de ce fait il lui avait été impossible de la retrouver. Kim, la mère, avait perdu ses parents dans un accident de voiture alors qu’elle n’avait que quatre ans et ses parents étaient tous deux enfants uniques, elle n’avait eut ni oncles ni tantes pour prendre soin d’elle.

La jeune rousse était triste pour la petite Peyson. Qui allait pouvoir prendre soin d’elle maintenant qu’elle n’avait plus personne ? Elle allait finir comme ses parents, placée dans une famille qui l’élèverait à la place de sa propre famille. Elle imprima toutes ses recherches afin de faire son rapport à Lisbon qui arrivait justement et venait vers elle.

-“ J’ai fais les recherches que vous m’avez demandé patron” annonça la jeune femme. “ Mais je n’ai rien trouvé. Ni ennemis ni famille.”
-“ Pas même un oncle lointain, un cousin, quelque chose ?” Demanda Lisbon.
-“ Rien” souffla Van Pelt.

Il y eut un long silence entre les deux femmes avant que Lisbon reprenne.

-“ Et pas non plus d’ennemis donc.”
-“ Non, le père est détective privé et j’ai cherché aussi loin que possible, mais je n’ai absolument rien trouvé.”
-“ Pas de client mécontent, ou autre ?”
-“ Rien.”
-“ D’accord, continue de chercher, peut-être que tu en trouveras plus.”
-“ Bien patron.”

Lisbon s’éloigna pour rejoindre Rigsby. L’homme releva les yeux vers sa patronne et lui fit aussi son rapport.

-“ Les techniciens ont relevés toutes les empreintes dans la maison, mais il n’y a que celles de la famille et de la petite Kelly.”
-“ Il n’y a pas eut effraction ?”
-“ Non, il semblerait que les tueurs avaient la clé de la cuisine.”
-“ Okay. Je viens d’apporter les vêtements de Peyson aux techniciens, dès que tu as le rapport, viens me voir.”
-“ Bien patron.”
-“ Oh et au sujet de la famille Romero, tu as réussis à les joindre ?”
-“ Pas encore, mais je continue.”

L’agent se dirigea dans son bureau. Elle avait encore un rapport préliminaire à préparer pour son patron qui n’allait certainement pas tarder à l’appeler pour avoir des nouvelles. Il fallait qu’elle lui explique la situation et qu’elle mette en place une protection rapprochée pour la petite. Elle devait lui faire comprendre qu’il était nécessaire que personne ne sache qu’elle était encore en vie. Bien entendu, le fait de cacher que la petite victime était la meilleure amie n’allait pas plaire, mais elle n’avait pas le choix.

Cette affaire était vraiment une des plus difficiles qu’elle ait eut jusqu’à présent. Elle n’avait jamais eut à mentir, à falsifier un rapport d’autopsie. Elle avait du mal à se faire à l’idée de ce qu’elle devrait faire pour mener à bien cette enquête, mais elle n’avait pas le choix. La vie d’une petite fille de huit ans était en jeu, c’est à ça qu’elle devait penser et à rien d’autre.

Et à Jane aussi, elle devait penser à lui. Il était son meilleur ami et il aurait besoin de son soutien. Elle avait bien vu l’attachement qu’il avait pour elle et même s’il disait que tout allait bien, elle savait bien que non. Il pouvait lui mentir sur beaucoup de choses, mais pas sur ça. Elle ne pouvait pas lui demander de s’éloigner sur cette enquête, elle aurait besoin de lui. Il était le seul à comprendre la petite fille, il était le seul à pouvoir la faire parler.

Lisbon s’en voulut un peu de ce qu’elle lui avait dit à l’hôpital. Certes elle avait besoin d’un maximum d’informations, mais forcer une petite fille traumatisée à parler, ce n’était pas elle. Il fallait trouver une autre solution, elle n’était pas en état de parler. Elle alluma son ordinateur et commença à chercher des informations sur les enfants traumatisés. Elle allait pouvoir trouver quelque chose susceptible de l’aider, un autre moyen de savoir ce que Peyson avait vu. Elle pouvait certainement leur dire ce qu’elle savait sans parler. Il fallait qu’elle trouve. Elle pianota quelques minutes avant de trouver et lorsqu’elle parcourut l’article, elle sut qu’elle avait la solution. Elle se leva, prit ses affaires et sortit de son bureau.

-“ Rigsby, si jamais Bertram me demande, dis lui que je suis une piste” dit-elle à son collègue en se dirigeant vers l’ascenseur.”
-“ Euh… d’accord” répondit-il.

Elle s’engouffra dans l’ascenseur et retourna à l’hôpital. Elle devait partager ce qu’elle venait d’apprendre avec Jane au plus vite, elle avait la solution, du moins elle l’espérait.

Lisbon arriva en peu de temps à l’hôpital, impatiente de parler avec Jane. Elle ne savait pas si ce qu’elle avait trouvé allait fonctionner, mais elle devait tenter quelque chose. Si ce qu’elle avait lu était vrai, alors elle pourrait apprendre ce que Peyson savait sans même la faire parler. Elle n’y connaissait rien dans ce domaine et même en se documentant sur internet, elle n’en apprenait pas plus. Le peu qu’elle avait trouvé pouvait aussi bien les aider que ne rien faire du tout.

La jeune femme monta à l’étage et trouva Cho devant la chambre de la petite Peyson. Il se tenait droit, attentif à tous ceux qui passaient devant lui, dans le couloir. Il prenait son travail à cœur, et elle était fière de lui. Cet homme faisait toujours ce qu’elle lui demandait, que la mission lui plaise ou non. Mais il ne pourrait pas continuer ainsi toute la nuit, elle allait devoir lui trouver un remplaçant. Il ne serait pas productif s’il ne pouvait pas dormir un peu.

Lisbon se dirigea vers lui et il tourna la tête vers elle. Il resta à son poste, attendant qu’elle arrive vers lui. Elle jeta un coup d’œil par la vitre pour voir que Jane dormait sur la chaise, tenant la main de Peyson dans la sienne. Elle fut attendrie par cette image, tout comme elle eut mal au cœur à la pensée de ce qu’il se passerait lorsqu’ils devraient dire au revoir à l’enfant. Mais elle songerait plus tard.

-“ Tu peux rentrer chez toi Cho” lui dit-elle. “ Je m’occupe du reste.”
-“ Vous êtes sûre ?” Voulut-il savoir.
-“ Certaine” assura-t-elle. “ Et puis je veux que tu te reposes, je vais avoir besoin de toi demain pour aller voir l’associé de Mr Tanner. Je veux que tu en apprennes un maximum sur sa relation avec lui, savoir s’ils avaient des problèmes. Van Pelt n’a encore rien trouvé, mais je suis certaine qu’il y a quelque chose.”
-“ Bien patron” accepta Cho.

Lisbon regarda de nouveau dans la chambre. La petite dormait profondément, serrant contre son cœur son petit lapin et la jeune femme se dit que cette peluche avait une importance particulière pour elle. Lisbon se souvenait que lorsqu’elle était enfant, elle aussi avait un objet qu’elle aimait particulièrement, quelque chose que sa mère lui avait offert peu de temps avant de mourir. Instinctivement, elle porta sa main à la croix qu’elle avait dans le cou.

Et Jane. Elle pouvait voir qu’il ne dormait pas aussi paisiblement que l’enfant, qu’il y avait quelque chose qui l’empêchait de se détendre complètement. Et elle savait ce qu’il avait à l’esprit à cet instant. Il devait certainement penser à sa famille, surtout sa petite fille, Charlotte. Peyson lui rappelait beaucoup sa fille, il devait avoir peur de la perdre comme il avait perdu Charlotte et elle ne pouvait lui en vouloir.

-“ Il s’est beaucoup attaché à elle” dit alors Cho, la sortant de ses pensées.
-“ Je le vois bien.”
-“ Ce n’est pas bon” continua-t-il sur le même ton.
-“ Je sais, mais qu’est-ce que je peux y faire.”
-“ Il faut le surveiller.”

Cho avait raison, elle devait garder un œil sur Jane à chaque instant, mais comment faire. Elle ne pouvait pas le surveiller tout le temps, elle ne pouvait pas en faire plus qu’elle n’en faisait déjà. Elle était là s’il avait besoin de parler, il le savait. Elle ne pouvait pas faire plus que ça et c’était déjà beaucoup.

-“ Je m’occupe de Jane et toi tu t’occupes de l’associé de Tanner.”
-“ Ce sera fait.”

Avec ça, Cho prit sa veste qui reposait sur une chaise et s’éloigna dans le couloir. Lisbon se retrouva seule. En regardant Jane dormir, elle se dit qu’elle pourrait attendre encore un peu avant de lui faire part de son idée. Elle savait qu’il avait du mal à dormir, elle ne pouvait donc pas le priver du peu de sommeil qu’il parvenait à avoir. Elle entra tout de même dans la chambre, s’installa sur la chaise de l’autre côté du lit et sortit de son sac les documents qu’elle avait imprimé.

En regardant sa montre, elle vit qu’il n’était pas loin de sept heures, une infirmière n’allait certainement pas tarder à venir voir si la petite allait bien. Elle connaissait bien leur façon de travailler, sa mère ayant été infirmière. Elle pourrait alors lui parler et si elle attendait encore un peu, elle pourrait même parler avec le médecin, lui soumettre son idée. Elle ne voulait pas tenter quoi que ce soit sans son accord, la santé mentale de l’enfant était trop importante.

Comme pour lui donner raison, la porte de la chambre s’ouvrit et l’infirmière en charge de Peyson entra. Elle offrit un sourire à l’agent qui le lui rendit puis se mit au travail. Elle vérifia ce que disait le carnet au pied du lit, puis observa la fillette. Ne voulant pas la réveiller alors qu’elle dormait si bien, elle repoussa les examens à plus tard. Mais avant qu’elle ne sorte de la chambre, Lisbon l’interpella.

-“ Me serait-il possible de voir le médecin qui s’occupe de… Jane Doe” se reprit-elle avant de dire une bêtise.
-“ Et bien, le Dr Beals est occupé pour le moment, mais je vais lui dire que vous voulez le voir, agent…”
-“ Lisbon, je suis l’agent Teresa Lisbon du CBI” se présenta-t-elle.
-“ Oh oui, l’autre agent m’a parlé de vous” sourit l’infirmière. “ Je vais voir si le médecin est libre.”
-“ Merci.”

L’infirmière quitta la chambre et Lisbon la suivit. Elle avait besoin d’un café, et puis Jane et Peyson dormaient encore. Elle ne pourrait rien faire avant un moment, alors autant mettre ce temps à profit pour bien se réveiller. Elle se dirigea vers la cafétéria, commanda un café, un thé et un chocolat chaud à emporter. Elle paya avant de reprendre la route vers la chambre.

Lorsqu’elle entra, la chambre était vide et elle s’inquiéta. Elle posa rapidement les boissons sur la petite table à l’entrée, mais avant qu’elle ne ressorte les chercher, elle entendit du bruit provenant de la petite salle de bain attenante à la chambre. Jane en sortit, tenant la main d’une Peyson encore un peu endormie. Lorsque le mentaliste vit sa collègue il lui sourit. Et comme avec Cho, Peyson cacha son visage contre Jane.

-“ Ça va ma puce, c’est mon amie Teresa” murmura Jane en se penchant vers l’enfant. “ Elle est là pour te protéger.”
-“ Et l’autre monsieur, il est plus là ? Qui fera partir les monstres alors ?” S’affola la fillette.
-“ Teresa.”
-“ Mais elle a sourit, elle pourra pas leur faire peur” argua l’enfant.
-“ Crois-moi Peyson, Teresa est plus forte que tu ne le penses” assura Jane.

Lisbon avait observé l’échange sans vraiment comprendre. En quoi son sourire avait-il à voir avec le fait d’effrayer les monstres ? Jane lui expliquerait plus tard, il avait certainement une bonne raison.

-“ Bonjour Peyson” salua Lisbon en s’approchant doucement. “ Je suis Teresa et, comme te l’a dit Patrick, je suis là pour te protéger.”
-“ L’autre monsieur il faisait plus peur que vous” affirma la fillette.
-“ Tu as raison, l’agent Cho ferait peur à n’importe qui” approuva l’agent. “ Mais moi aussi je sais faire peur, tu peux demander à Patrick.”

Peyson leva les yeux vers Jane qui hocha la tête. Puis elle se tourna de nouveau vers Lisbon, sembla la juger des yeux et finit par conclure que si Jane lui faisait confiance, elle le pouvait aussi. Doucement, avec encore un peu d’hésitation, elle s’écarta de Jane pour venir vers Lisbon. Elle s’arrêta devant elle et lui fit signe de se baisser. Lisbon se mit donc à sa hauteur.

-“ Tu vas attraper les monstres qui ont fait mal à mon papa et ma maman ?” Demanda-t-elle d’une petite voix tremblante.

Lisbon eut mal au cœur de l’entendre parler. Elle avait tant de tristesse dans la voix, tant d’espoir aussi. Elle aurait voulut lui promettre de retrouver ceux qui avaient détruit sa vie, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas.

-“ Je ferais de mon mieux pour ça Peyson” dit-elle alors. “ Je ne te promets pas de pouvoir les attraper, mais mes amis et moi allons travailler dur pour les retrouver.”
-“ Et… tu les laisseras pas me faire du mal à moi aussi ?”
-“ Personne ne te fera de mal, ça je te le promets” assura l’agent d’une voix ferme.

Peyson la regarda droit dans les yeux, puis elle sourit. Elle passa ses petits bras autour du cou de Lisbon et la serra fort. La jeune femme, un peu surprise, finit par lui rendre son étreinte. La fillette retourna ensuite vers Jane qui la porta pour se remettre au lit. Il lui posa un baiser sur le front et suivit Lisbon qui sortait de la chambre. A ce moment là, le médecin arriva.

-“ Bonjour, je suis le Dr Beals” se présenta l’homme.
-“ Je suis l’agent Lisbon et voici mon collègue, Patrick Jane” présenta Lisbon.
-“ Oui, je l’ai déjà rencontré. L’infirmière m’a dit que vous vouliez me voir.”
-“ En effet, je voulais votre avis sur un point au sujet de la petite Jane Doe.”
-“ Je vous écoute.”

Lisbon attrapa les documents dans son sac et les présenta au médecin. L’homme les prit, les parcourut rapidement et releva les yeux vers elle.

-“ Je vois que vous avez déjà bien réfléchit à la situation” dit le médecin.
-“ Et vous en pensez quoi ?” Voulut savoir Lisbon.
-“ Je pense que l’idée n’est pas mauvaise. Il est vrai que Jane est assez traumatisé par ce qu’elle a vue et qu’elle ne vous dira rien” affirma le médecin. “ Le dessin permet souvent aux enfants de dire ce qu’ils ressentent au fond d’eux-mêmes sans parler.”

Le mentaliste n’avait pas dit un mot, il avait écouté en silence ce que Lisbon voulait tenter. Il savait que Peyson ne parlerait pas, le dessin était une bonne idée. Il y avait pensé lui aussi et de voir que Lisbon avait fait des recherches sur le sujet lui faisait chaud au cœur. Leur discussion de la nuit passée avait porté ses fruits.

-“ Quand pouvons-nous essayer ?” Demanda Jane.
-“ Je ne sais pas encore” avoua l’homme. “ Tout dépendra d’elle. Le mieux je pense c’est qu’elle voit un spécialiste, lui pourra nous dire si elle est prête ou non.”
-“ Je suppose que vous avez déjà quelqu’un en tête” suggéra Lisbon.
-“ Je connais une excellente pédopsychiatre. Je l’ai déjà contacté et elle devrait venir dans la journée.”
-“ Merci Dr” remercia Lisbon.
-“ Je dois vous laisser maintenant, je reviendrai voir la petite plus tard.”

Avec ça, il s’éloigna dans le couloir, laissant Jane et Lisbon seuls devant la chambre de Peyson. L’agent se tourna vers son collègue. Il semblait un peu fatigué et elle était tentée de lui donner sa journée, mais elle savait qu’il ne voudrait pas. Sans un mot de plus, le duo retourna dans la chambre et ils reprirent leur place.




Cho, après avoir dormit un peu, retourna au CBI. Il avait des choses à faire aujourd’hui, il devait se rendre à l’agence de Mr Tanner et parler avec son collègue dont il ignorait encore le nom. Il savait de toute façon que Van Pelt avait toutes les informations dont il aurait besoin, il n’avait qu’à lui demander.

Lorsqu’il sortit de l’ascenseur et passa le coin du mur, il vit la jeune rousse, la tête sur son bureau, profondément endormie. Il jeta un œil vers le bureau de Rigsby, mais l’homme n’était pas là. Il se rendit dans la cuisine, prépara deux tasses de café et retourna dans l’open-space. Il posa l’une des tasses sur son bureau, puis se dirigea vers le bureau de sa collègue où il posa la seconde. Le bruit réveilla la jeune femme qui sursauta.

-“ Café Van Pelt” lui dit Cho.
-“ Merci” remercia-t-elle en se frottant le visage.
-“ Où est Rigsby ?”
-“ Il est rentré chez lui il y a quelques heures, il ne tenait plus éveillé” répondit-elle.

L’asiatique s’installa derrière son bureau, alluma son ordinateur et commença à pianoter.

-“ Oh, voici les informations sur l’agence de détective de Mr Tanner” l’informa Van Pelt en lui tendant un dossier. “ Son associé, Logan Anderson, devrait se trouver au bureau ce matin.”
-“ Okay, j’attends Rigsby et on y va.”

Cho attrapa le dossier qu’il parcourut rapidement. Les informations qu’ils avaient sur l’associé ne leur apportaient rien de bien intéressant pour l’enquête. Les deux hommes s’étaient connus lors de leurs études de droits. Ils étaient tout de suite devenus amis, avaient décidé de monter une affaire ensemble et l’avaient fait. Une fois leur diplôme en poche, ils avaient trouvé un local et avaient ouvert leur agence de détective. Ils avaient bien réussi, avec un peu de difficultés au début, mais ils y étaient parvenus. Ces deux hommes étaient partis de rien pour finir avec une entreprise qui leur rapportait de quoi vivre et même un peu plus.

L’agent posa le dossier pour prendre en main la feuille contenant les informations personnelles. Logan Anderson était célibataire et sa précédente petite amie remontait à plusieurs années en arrière. Il n'y avait pas eut de conflits entre eux, ils s’étaient séparés en bons termes. Du côté famille, il avait un frère plus âgé de six ans qui était marié et avait trois enfants. Les deux hommes ne se voyaient plus depuis un certain nombre d’années. Rien de bien extra ordinaire donc dans la vie de l’associé de Tanner.

Cho releva la tête lorsqu’il entendit le ding de l’ascenseur et Rigsby apparut, tenant dans ses mains un sachet en papier. “ Certainement des donuts” pensa-t-il. L’agent vint s’asseoir, posa le sachet devant lui, l’ouvrit et en sortit un donut. Il en avala un bon morceau avant de poser le reste. L’asiatique reporta son attention sur les dossiers qu’il avait devant lui.

-“ Salut, Lisbon est revenue ?” Demanda Rigsby.
-“ Elle est encore à l’hôpital avec Jane et la petite” précisa Cho. “ Nous devons aller voir le collègue de Tanner.”
-“ Okay, c’est quand tu veux.”

Les deux hommes se levèrent, prirent leur veste et quittèrent le bureau, laissant Vane Pelt derrière eux. Ils avaient encore pas mal de route à faire avant d’arriver au bureau de Tanner, environ une demie heure, si la circulation était bonne. Pendant que Cho conduisait, Rigsby relisait le dossier que Van Pelt leur avait fait. Il enregistra toutes les informations que sa collègue avait trouvé et se fit la même réflexion que Cho : il n’y avait rien de bien extra ordinaire dans la vie de cet homme. Il espérait qu’ils pourraient en apprendre un peu plus lorsqu’ils lui parleraient.

Comme prévu, la circulation était fluide et les agents arrivèrent rapidement au bureau de Tanner. Ils garèrent la voiture devant le bureau de détectives et en sortirent. Le coin était tranquille, il y avait des petites boutiques vendant un peu de tout. Un endroit sympathique et calme. Cho attrapa ses dossiers, puis se dirigea vers le bâtiment, suivit de Rigsby. L’intérieur était simple mais accueillant, avec une petite salle d’attente contenant même des jouets pour les gens accompagnés d’enfants. Les deux hommes avaient tout prévu.

L’asiatique se dirigea vers l’accueil où une femme d’environ cinquante ans triait des papiers. Elle leva la tête en entendant l’homme approcher, reposa ce qu’elle avait dans les mains et leur sourit.

-“ Je peux vous aider messieurs ?” Demanda-t-elle.
-“ Je suis l’agent Cho et voici l’agent Rigsby du CBI” se présenta Cho en sortant son badge. “ Nous voudrions voir Mr Anderson.”
-“ Oh, oui je vais voir s’il peut vous recevoir” répondit-elle en se levant et se dirigeant vers une porte où elle disparu.

Les deux agents profitèrent de l’absence de la secrétaire pour détailler un peu plus les lieux. La salle d’attente se trouvait juste à côté du comptoir, permettant ainsi à la secrétaire de garder un œil sur les visiteurs. Une grande baie vitrée donnait sur la rue, mais on ne pouvait pas voir de l’extérieur. Ils n’eurent pas le temps d’observer plus longtemps car la secrétaire revint un sourire sur le visage.

-“ Mr Anderson vous attend” annonça-t-elle en les dirigeant vers le bureau.

Cho entra le premier dans la pièce simplement décorée. Il y avait sur les murs des diplômes, quelques photos des deux associés, et quelques autres de la famille Tanner. Il y en avait également des photos de Logan Anderson et Steven Tanner lorsqu’ils étaient encore étudiants et une représentant toute la famille Tanner avec Logan Anderson et leur secrétaire. Ils devaient tous s’entendre très bien à en juger les sourires sur les visages de tous.

-“ Agent Cho je présume, prenez donc place” l’invita à s’asseoir l’homme. “ Que puis-je faire pour vous ?”
-“ Nous sommes ici pour les besoins d’une enquête” commença Rigsby qui s’installa à côté de Cho.
-“ Quelle enquête ? Si je puis me permettre” questionna Anderson.
-“ Les meurtres de la famille Tanner la nuit dernière” informa Cho d’un ton neutre.

Le sourire d’Anderson disparu immédiatement de son visage, remplacé par un air horrifié. Il avait vraiment l’air surpris et attristé par la nouvelle, ce qui n’échappa pas aux agents. Ils lui laissèrent le temps d’encaisser la nouvelle avant de reprendre.

-“ Que s’est-il passé ?” Demanda-t-il la voix tremblante.
-“ Quelqu’un s’est introduit chez eux au milieu de la nuit” répondit simplement Cho.
-“ Les… les enfants aussi ?” S’inquiéta-t-il.
-“ Les enfants aussi, je suis désolé” confirma Rigsby.
-“ Oh mon Dieu.”

Cette confirmation sembla lui faire encore plus mal que l’annonce de la mort de son associé et ami. Cet homme semblait vraiment aimer cette famille, comme si c’était sa propre famille.

-“ Vous connaissiez Steven Tanner depuis longtemps” dit Cho.
-“ Oui, Steven et moi sommes… étions les meilleurs amis depuis l’université” confirma Anderson. “ On s’aidaient mutuellement, il a toujours été meilleur que moi et j’étais heureux qu’il vienne à mon secours. Kim et lui étaient inséparables, ils s’aimaient déjà à l’époque et je n’ai pas été surpris lorsqu’il lui a demandé d’être notre secrétaire. Et puis ils se sont mariés, j’étais si heureux pour eux.”
-“ Avait-il des ennemis ?” Demanda Rigsby. “ Des clients mécontents ?”
-“ Pas à ma connaissance, mais je demanderais à Gloria de vérifier son courrier, peut-être qu’il a reçut des menaces et ne m’en a rien dit.” Il fit une pause, puis reprit. “ Ont-ils… Ont-ils soufferts ?”
-“ Non” répondit Cho.

Même s’il donnait l’air de ne pas avoir de sentiments, il ne se sentait pas de dire à l’homme que la fille de son meilleur ami, morte poignardée la même nuit que le reste de sa famille, n’était pas morte sur le coup. Il ne se sentait pas de lui annoncer qu’elle avait eut le temps de souffrir. Bien entendu, ce n’était pas la fille de son meilleur ami, mais il ne pouvait pas le lui dire.

-“ Avez-vous des suspects ?” Demanda-t-il encore.
-“ Pas encore, mais il nous faudrait tout le courrier de Steven Tanner et un accès à toutes vos affaires.”
-“ Vous les aurez, tout ce dont vous avez besoin pour retrouver celui qui a fait ça.”

Anderson appuya sur un bouton de son téléphone et appela sa secrétaire.

-“ Gloria, préparez-moi les dossiers de toutes nos affaires ainsi que les lettres que Steven a reçu, toutes les lettres” demanda-t-il.
-“ Tout de suite Mr, mais il va me falloir un peu de temps.”
-“ Nous prendrons ce que vous avez de prêt pour le moment, et vous nous ferez parvenir le reste” lui dit Rigsby.
-“ Bien, je m’occupe de tout.”

Alors que les agents se levaient, Anderson sembla se souvenir de quelque chose. Cho se tourna vers lui, un sourcil levé l’invitant à continuer.

-“ Je crois me souvenir d’une affaire qui avait bouleversé Steven” dit Anderson.
-“ Je vous écoute.”
-“ C’était il y a plusieurs mois, mais je sais que cette affaire lui avait fait quelque chose. Une femme était venue nous voir pour que nous enquêtions sur son beau-fils, elle le soupçonnait de tromper sa femme.”
-“ Avez-vous le nom de cette femme, ainsi que de l’homme en question ?” Interrogea Rigsby, sortant son calepin.
-“ Il s’agissait de Jackson Beckett. Sa belle-mère l’avait vu en ville avec une autre femme, et comme elle savait que sa fille n’était plus aussi heureuse, elle s’est imaginé que Jackson l’a trompait.”
-“ En quoi cette affaire était-elle différente des autres ?” Voulut savoir Cho.
-“ Je ne sais pas, Steven ne m’a jamais rien dit. A vrai dire, j’étais moi-même pris par une affaire, il s’en est donc occupé seul.”
-“ Le dossier de cette affaire se trouve avec les autres que je vous ai donné.”
-“ Bien, nous regarderons tout ça. Merci encore Mr Anderson” remercia Rigsby.

Cette fois, les agents se dirigèrent vers la porte, suivit d’Anderson.

-“ Trouvez celui qui leur a fait ça” demanda-t-il encore une fois en leur serrant la main.
-“ Nous le ferons” affirma Rigsby.

Ils se saluèrent une dernière fois, puis les agents quittèrent le bureau. Gloria leur donna tout les documents qu’elle avait put rassembler en si peu de temps et ils sortirent du bâtiment. Ils retournèrent à la voiture et rentrèrent au CBI. Ils avaient apprit quelque chose et maintenant ils allaient devoir fouiller dans les dossiers de l’affaire Beckett. Si Steven Tanner avait été bouleversé par cette enquête plus que les autres, il devait s’être passé quelque chose.

Rigsby fouilla dans tous les dossiers que leur avait donné la secrétaire, retrouva celui qu’il cherchait et commença à le parcourir. Tanner était un homme consciencieux, il avait fouillé très loin dans le passé de ce Jackson Beckett. Tanner avait découvert que oui, Beckett avait bien trompé sa femme avec une collègue de travail pendant plusieurs mois. L’agent sortit son téléphone.

-“ Van Pelt ? Tu peux faire une recherche sur Jackson Beckett s’il te plait” demanda l’agent lorsque sa collègue décrocha.
-“ Tout de suite, tu cherches quoi ?” Voulut savoir la jeune femme.
-“ Tout ce que tu peux apprendre sur lui, ce qu’il fait maintenant, s’il a quelque chose à se reprocher” précisa-t-il. “ Tanner a enquêté sur lui il y a quelque mois et il semblerait que cette affaire l’ait bouleversé. Je veux savoir pourquoi.”
-“ Je m’en occupe.”
-“ Bien, on arrive dans pas longtemps.”

Il raccrocha et Cho et lui commencèrent à discuter de ce qu’ils avaient apprit.




Peyson, assise sur une petite chaise d’enfant devant une petite table, dessinait. Patrick lui avait dit qu’une gentille dame venait la voir et qu’elle pouvait l’attendre dans cette pièce. Elle avait eut peur au début, elle ne voulait pas se retrouver seule dans une si grande pièce. Mais lorsqu’elle était entrée et qu’elle avait vu tout les jouets, les poupées, les peluches, elle s’était sentie à l’aise. Patrick lui avait promit que la dame ne tarderait pas et qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait en attendant. La fillette décida donc de s’installer à la table et de dessiner. Elle avait eut envie de dessiner sa famille, un jolie portrait de son papa, sa maman et son petit frère.

Elle sentit une petite larme couler sur sa joue à la pensée de ce qu’elle n’avait plus. Sa famille n’était plus là et ne le serait plus. Elle n’avait plus personne maintenant, elle était seule. Elle n’avait pas de grands-parents comme les autres enfants à l’école, ni cousins, ni cousines. Ce qui voulait dire que maintenant, elle allait finir comme ses parents.

Peyson savait que son père et sa mère n’avaient pas de famille, qu’ils avaient grandit ensemble dans une famille d’accueil. Ils avaient été heureux, ils lui avaient même présenté les gens charmants qui les avaient élevés. Eux non plus n’étaient plus là. Personne ne pourrait s’occuper d’elle, personne ne pourrait plus lui raconter d’histoires le soir, ou la rassurer après un cauchemar.

La fillette se frotta le visage pour chasser les larmes. Les monstres lui avaient prit sa famille et maintenant elle était toute seule. Son papa lui avait toujours dit que les monstres ne pouvaient pas lui faire de mal, qu’il serait toujours là pour les chasser. Mais il avait eut tort. Les monstres étaient entrés dans la maison alors que tout le monde dormait et maintenant son papa ne pourrait plus jamais les chasser.

Elle ne savait pas ce qu’elle deviendrait maintenant. Peut-être qu’elle pourrait rester avec Patrick, il était gentil avec elle. Il l’avait sortie de son placard, il lui avait donné son lapin préféré. Elle ne le connaissait pas bien, mais elle l’aimait déjà beaucoup. Elle savait qu’il ne laisserait rien lui arriver, en plus il lui avait promit. Elle lui faisait confiance.

La dame brune, la dame de la police, elle aussi était gentille. Elle avait demandé au monsieur qui ne souriait pas de veiller sur elle, sans même la connaître. Cette femme s’inquiétait vraiment pour elle et Peyson l’aimait bien. Elle lui rappelait sa maman, mais elle ne savait pas vraiment pourquoi. Sa maman n’était pas brune, mais blonde. Sa maman était plus jeune, mais elles avaient toutes les deux la même façon de lui parler, de la regarder avec cette tendresse qui lui faisait tant de bien. Cette dame la mettait à l’aise et Peyson savait qu’avec elle, il ne lui arriverait rien.

-“ Jane ?” L’appela une voix entrant dans la pièce.

La fillette leva la tête pour voir une dame à lunette venir vers elle après avoir fermé la porte. Elle vint s’installer sur le petit canapé à côté de la table où elle se trouvait et Peyson se sentit soulagée. Elle ne la connaissait pas, elle n’était donc pas spécialement à l’aise.

-“ Bonjour Jane, je suis le Dr Dane, mais tu peux m’appeler Lucie” se présenta-t-elle. “ Je sais que tu n’es pas à l’aise avec moi, mais quand tu me connaîtras ça ira mieux.”

Peyson observa la femme et la trouva gentille. Elle se détendit un peu, Patrick lui avait dit qu’une gentille dame viendrait la voir pour lui parler et qu’elle ne lui voulait pas de mal. Elle avait confiance en Patrick, il ne lui mentirait pas.

-“ Je m’appelle pas Jane, mon prénom c’est Peyson” précisa la petite.

Le médecin la regarda étonnée. Elle savait que Jane n’était pas le vrai prénom de l’enfant, mais elle n’avait pas cherché à en savoir plus. Tout ce qu’elle savait c’est qu’elle avait été témoin de quelque chose d’horrible et que personne ne devait savoir sa vraie identité. Elle allait devoir parler à l’agent Lisbon à ce sujet.

-“ Tu veux savoir ce que j’ai vu cette nuit” dit alors la petite.
-“ Seulement si tu veux me parler” la rassura Lucie.
-“ J’ai pas envie d’en parler” précisa Peyson et elle fit une petite pause avant de reprendre. “ Tu veux voir mon dessin ?”
-“ Avec plaisir Peyson” sourit le Dr.
-“ J’ai fais un dessin de papa, maman, Ethan et moi” dit fièrement la fillette.

Lucie se rapprocha doucement de Peyson, ne voulant pas lui faire peur. Elle regarda le dessin et remarqua quelque chose dans un angle de la feuille. Il y avait deux ombres derrière la petite famille et Lucie se tourna vers l’enfant.

-“ Et ça c’est quoi ?” Demanda-t-elle.

Peyson se tendit, ses petites mains se serrèrent et ses yeux se mirent à briller.

-“ C’est les monstres” souffla-t-elle.
-“ Les monstres ?” Répéta Lucie d’un air étonné, poussant ainsi Peyson à continuer.
-“ Ils ont fait du mal à papa et maman” murmura-t-elle. “ Et ils m’ont fait peur.”

Lucie se rapprocha de Peyson, posa une main sur son épaule et la fillette releva des yeux larmoyant vers elle.

-“ Ils sont venus dans la maison et ont fait mal à papa et maman” répéta-t-elle. “ Je me suis cachée, ils m’ont pas vu.”
-“ Dans le placard de tes parents ?”
-“ Oui, et Patrick est venu me chercher” continua-t-elle. “ Il m’a apporté mon lapin et il est resté avec moi. Il est gentil Patrick.”

Lucie garda le silence, laissant Peyson parler si elle en avait envie.

-“ Patrick est gentil, il a dit que les monstres ne me feraient pas de mal et il a dit que la dame de la police allait me protéger.” Elle fit une autre pause. “ Elle est gentille… Teresa. Je l’aime bien et c’est une amie de Patrick.”
-“ Tu aimes bien Patrick je vois” sourit Lucie.
-“ Oui. Patrick il m’aime bien, même s’il me connaît pas.”

Peyson regarda Lucie une minute avant de se replonger dans son dessin. Elle ne voulait plus parler, elle ne voulait plus penser à la nuit dernière. Le Dr Dane le comprit, lui sourit une dernière fois et se leva pour quitter la pièce. Elle retrouva Patrick Jane et l’agent Lisbon dans le couloir.

-“ Elle ne dira rien de plus pour le moment” précisa-t-elle.
-“ Qu’avez-vous apprit ?” Voulut savoir Lisbon.
-“ Deux hommes sont entrés chez elle pendant la nuit, mais elle n’a rien dit de plus à ce sujet” répondit-elle. “ Par contre, elle a dit qu’elle vous aimait bien Mr Jane, ainsi que vous agent Lisbon.”

Jane sourit en regardant Lisbon. La petite Peyson était une enfant adorable et il savait que Lisbon aimait beaucoup les enfants. Il avait vu qu’elle aussi appréciait la fillette, il avait put le voir dans la façon qu’elle avait eut de trouver divers solutions pour apprendre ce qu’elle savait. Lisbon avait besoin d’informations, mais elle ne voulait pas forcer l’enfant à parler si elle ne s’en sentait pas capable. Il lui en était reconnaissant.

Lisbon ne savait pas quoi dire. Peyson l’aimait bien, c’était une bonne chose puisqu’elles seraient amenées à se voir souvent au court de l’enquête. Mais le problème qui se posait était que si Peyson s’attachait trop à Jane ou elle, il serait difficile de la laisser partir. Une fois l’enquête résolue elle allait devoir trouver une famille pour la petite et elle savait que ce ne serait pas facile de lui dire au revoir.

Jane était déjà bien attaché à Peyson, elle l’avait vu à l’instant où elle l’avait aperçu avec la petite fille dans les bras la nuit dernière. C’était ce qu’elle craignait et elle ne savait pas si Jane parviendrait à la voir partir. Il allait avoir besoin d’elle lorsque le jour viendrait et elle serait là. Mais ils n’y étaient pas encore, pour le moment elle devait se concentrer sur l’enquête. Elle verrait le reste plus tard.

-“ Est-ce qu’elle a vu les visages des hommes ?” Demanda Lisbon, retrouvant son mode agent du CBI.
-“ Non, du moins elle ne m’en a rien dit” répondit la spécialiste. “ Je reviendrais la voir demain, mais pour le moment ce dont elle a le plus besoin c’est de quelqu’un en qui elle a confiance. Elle est encore bouleversée et ne doit pas rester seule.”
-“ Je vais aller la voir” se proposa Jane sans laisser le temps à Lisbon de dire quoi que ce soit avant de rejoindre la petite.
-“ Pourriez-vous me donner vos coordonnées” demanda l’agent. “ Je vais la devoir déplacer pour la mettre sous protection.”
-“ Sans problèmes” elle tendit sa carte à l’agent. “ Donc elle est votre seule témoin si je comprends bien.”
-“ C’est aussi pour ça qu’il vaudrait mieux que vous gardiez ce qu’elle vous a dit pour vous. Personne ne doit connaître sa vraie identité.”
-“ Ne vous inquiétez pas, je ne dirais rien à personne” la rassura Lucie. “ Dites moi juste où je pourrais lui parler, et je viendrais sans rien dire à personne. Cette enfant va avoir besoin d’aide et je pense pouvoir l’aider.”
-“ Je vous tiens au courant dès que je le sais, merci encore Dr Dane.”
-“ Pas de problème.”

Le médecin salua l’agent avant de s’éloigner dans le couloir. Lisbon se tourna vers la porte. Peyson n’avait pas dit grand-chose, mais le peu que Lisbon avait apprit pourrait lui servir. Elle s’éloigna dans le couloir jusqu’à rejoindre l’entrée de l’hôpital. Elle appela Cho pour lui donner le peu d’informations qu’elle avait apprit et pour savoir ce que lui et Rigsby avaient tiré de l’associer de Tanner.

Son collègue l’informa qu’ils avaient peut-être quelque chose et que Van Pelt fouillait actuellement dans le passé d’un éventuel suspect. Il ne lui donna pas beaucoup de détails, mais la rassura. Lui et ses deux collègues s’occupaient de tout, elle pouvait donc rester à l’hôpital avec Jane. Il l’informa également que Bertram avait demandé à la voir mais qu’il avait précisé qu’elle travaillait sur une piste. Elle le remercia et raccrocha avant de retourner dans le bâtiment.

Elle allait devoir s’occuper de la protection de la petite Peyson et le plus tôt serait le mieux. Elle avait une enquête à mener et elle ne pourrait pas le faire en restant à l’hôpital à veiller sur l’enfant. Elle se connaissait bien, elle savait qu’elle ne parviendrait pas à travailler convenablement tant qu’elle ne saurait pas la fillette en sécurité. Mais elle avait toujours été ainsi, elle avait toujours pensé au bien être des autres avant le sien. Et dans le cas de Peyson, il était d’autant plus important pour elle de s’assurer qu’elle serait bien protégée.

C’était une petite fille témoin de la mort brutale de sa famille. Elle était seule au monde sans personne pour prendre soin d’elle et il y avait des tueurs qui finiraient par découvrir leur erreur et voudraient finir le travail. Lisbon devait absolument trouver la bonne personne pour la protéger, un agent qui pourrait également prendre soin d’elle en tant que petite fille et pas seulement en tant que témoin.

-“ Lisbon ?” L’appela Jane de l’autre côté du couloir.
-“ Un problème Jane ?” S’inquiéta-t-elle en le rejoignant.
-“ Non aucun, mais la petite voudrait te voir” la rassura-t-il.
-“ Vraiment ? Pourquoi ?” S’étonna l’agent.
-“ Je crois qu’elle veut te parler de la nuit dernière” expliqua-t-il en marchant avec sa collègue. “ Elle m’a montré son dessin et quand je lui ai parlé des monstres dans le coin de la feuille, elle a dit qu’elle voulait te parler.”
-“ Tu penses qu’elle sait quelque chose de plus ?”
-“ Je n’en sais rien, c’est possible. Elle semblait avoir peur et elle a dit que tu pourrais la protéger.”
-“ Okay, allons la voir.”

Le duo arriva vite devant la porte et Jane laissa Lisbon passer devant lui. La jeune femme se dirigea vers l’enfant qui, lorsqu’elle la vit, sauta de sa chaise pour se précipiter dans ses bras. Lisbon, d’abord surprise, finit par rendre son étreinte à la fillette. Elle leva un regard surprit vers Jane qui haussa simplement les épaules avec un petit sourire attendrit sur le visage.

Au bout de quelques minutes, Peyson se décala de l’agent, sans pour autant la lâcher. Elle la tira par le bras pour la conduire jusqu’à la petite table où elle la fit asseoir. Lisbon obéit sagement, consciente que ça mettait la petite fille à l’aise. Peyson s’assit à côté d’elle, attrapa son dessin qu’elle posa devant l’agent. Lisbon prit le dessin dans les mains et l’observa. Elle vit les deux ombres dans le coin du dessin, elle baissa les yeux vers la petite qui la regardait avec un air suppliant dans les yeux.

-“ Ce sont les monstres qui ont fait du mal à tes parents ?” Demanda Lisbon d’une voix douce.
-“ Oui, et j’ai peur” avoua Peyson en baissant les yeux.
-“ Tu n’as pas à avoir peur” la rassura Lisbon. “ Il ne t’arrivera rien.”
-“ Mais mon papa était fort, et il est…”
-“ Je sais ma puce, mais mes amis et moi allons te protéger. Je ne laisserai personne te faire du mal. Mais j’ai vraiment besoin de savoir ce que tu as vu.”

Peyson la regarda un moment, pesant le pour et le contre avant de se lancer.

-“ J’ai pas vu les monstres, juste des ombres” dit-elle. “ Mais ils ont parlé et j’ai un peu écouté.”
-“ Et tu te souviens de ce qu’ils ont dit ?” Voulut savoir Lisbon.
-“ Que… Que leur patron serait content” souffla-t-elle, les larmes coulant sur ses joues.
-“ Viens là.”

Lisbon attrapa la petite dans ses bras et la serra fort, passant une main réconfortante dans son dos. Peyson l’entoura de ses petits bras, pleurant à chaude larmes contre l’agent. Jane se rapprocha et passa sa main dans les cheveux de la fillette. Il avait une boule dans la gorge à la voir pleurer ainsi et il ne pouvait rien faire pour chasser sa peine. Il se contenta donc de rester là à passer sa main dans ses cheveux.

Au bout d’un moment, Peyson se calma et se décala de Lisbon. Elle leva les yeux vers elle et l’agent passa sa main sur la joue de la fillette pour chasser les larmes de ses joues. Peyson lui sourit doucement, même si le cœur n’y était pas vraiment.

-“ Ça te dirais d’aller manger ?” Proposa Jane.
-“ Oui, mais avec vous deux” répondit Peyson.
-“ Je suis certain que Teresa sera contente de venir” sourit le blond.
-“ Pourquoi pas, un burger ça vous tente ?”
-“ Oh oui” s’enthousiasma Peyson en se levant.
-“ Alors allons-y.”

Jane attrapa la main de Peyson pour la reconduire dans sa chambre afin de finir de s’habiller. Lisbon les regarda s’éloigner et chassa une larme qui avait discrètement coulé sur sa joue. Cette petite fille était plus courageuse qu’elle le pensait et Lisbon était fière, même si elle ne la connaissait pas vraiment. Peyson, bien que traumatisée, savait qu’elle seule pouvait l’aider à trouver les tueurs de ses parents. Il fallait qu’elle parle à Cho et lui fasse part de ce qu’elle venait d’apprendre. Il y avait un contrat sur la famille Tanner, il fallait qu’elle trouve les deux tueurs et obtiennent le nom de celui qui les avait engagé.

Mais en attendant, elle allait sortir manger quelque chose avec Jane et Peyson. Elle voulait aider la petite à penser à autre chose. Elle venait de perdre toute sa famille, elle avait vu les tueurs et elle pouvait devenir à son tour une victime. Lisbon savait ce que c’était que de perdre sa famille et elle pouvait parfaitement imaginer ce qu’elle devait ressentir en ce moment. Elle n’avait eut personne lorsqu’elle était enfant pour l’aider à oublier sa peine, mais Peyson l’avait elle et Jane. Quelques petites heures loin de cet hôpital ne lui feraient pas de mal.

Lisbon prit sa veste et rejoignit Jane et Peyson dans la chambre de l’enfant. A leur retour, elle verrait avec le médecin quand la petite pouvait sortir et elle verrait quel agent serait chargé de sa sécurité. Lorsqu’elle arriva devant la porte, Jane sortait de la chambre, tenant toujours la main de Peyson. La petite tendit sa main à Lisbon qui la prit dans la sienne. Ils s’éloignèrent tous les trois dans le couloir.