L'Escapade ^

On était arrivé devant une villa, qui aurait pu être très charmante si elle n’aurait pas été délaissé pendant des années, mais apparemment, depuis environ un mois il avait commencé à la retaper et à la refaire vivre. Nous entrâmes à l’intérieure, la décoration était simple, presque impersonnelle.
- Faites comme chez vous, me lança t-il en enlevant sa veste et l’accrochant sur un porte manteau, pour finalement disparaître dans la cuisine. Alors qu’il traficotait je ne sais quoi à coté, je stationnais au milieu du salon, je posa mon sac et regarda brièvement l’heure, il était encore temps pour moi de prendre une douche, ce que je n’avais pas pus faire hier soir, je lui demandais où se trouvait la salle de bain.
- En haut, deuxième porte à droite, me répondit-il à voix portante.
Alors que je commençais à monter doucement l’escalier, je l’entendis s’écrier : « Attendez moi ! » avant de me rejoindre. Pourquoi voulait-il que je l’attende, une douche ça se prend seul que je sache… Oh voilà que des images pas très catholiques me viennent en tête… Oh mon dieu !… Il faut que j’arrête, ça va mal finir tout ça. Non Tess, il veut sûrement te montrer quelque chose, par exemple où sont les serviettes, oui c’est sûrement ça.
- Oui ? demandais-je en me tournant vers lui.
- Bah, je viens avec vous.
Calme toi Tessa, calme toi… Il m’aidait à monter les escalier pendant que j’essayais d’empêcher mes joues de virer au rouge. Une fois dans la salle de bain il m’aidait à enlever mon bandage, encore une fois je protestais.
- C’est bon Jane, je suis une grande fille, je sais me débrouiller seule.
Il quitta la pièce sur cette remarque, je pouvais enfin souffler. J’enlevais ma veste, ma ceinture, ‘ma’ chaussure…C’est là que la porte s’ouvra et Patrick entrait. Il ne fit aucune remarque, même si la situation était des plus bizarre, du moins je trouve. Vous imaginez le tableau, moi commençant à me déshabiller devant Jane qui tenait à la main un… UN QUOI ?! Non c’est pas vrai j’ai besoin de lunettes… ah non je rêve pas… Il tient bien un Bikini à la main. La question est, que fait-il avec un bikini et d’où le sort-il… Oooh, je savais pas que Jane était… Mais non Tess, tu vois vraiment ton consultant jouer les travestis ? Non… Mais alors, comment un homme, célibataire que je sache, peut posséder un bikini… Un mystère qui restera sans doute entier. Maintenant, que compte t-il faire avec ? … Ah mais bien sur… Mais il va pas bien lui ?! S’il croit que… Non mais, c’est donnant-donnant mon p’tit père… Mais qu’est-ce que je raconte encore, Jane est loin d’être un pervers, s’il veut que je mette un bikini sous la douche, c’est sans doute pour éviter de me voir nue si jamais il devait entrer, ouais ça doit être ça. Bon un p’tit sarcasme pour la route.
- Je suis sur qu’il vous irai très bien, s’il était bleu ça aurai plus fait ressortir vos yeux, mais l’émeraude est très bien aussi.
Il sourit en me le lança en sortant de la pièce. Je termine donc en vitesse de me déshabiller, j’enfile le bikini, et rentre, toujours sur un pied, dans la douche. C’est la première fois que je me lave en maillot, ça fait bizarre. Je dois aussi faire gaffe à mon pied, et à ne pas glisser, c’est pas pratique, il y a rien sur quoi me rattraper si je tombe. J’alluma le jet d’eau et tentais de le régler à une bonne température. J’entendis alors la porte de la salle de bain s’ouvrire, mon cœur s’accéléra. Quelques secondes plus tard ce fut la porte de la douche qui s’ouvrit et se referma, laissant entrer Patrick, en… en bermudas. Je ne trouve plus les mots, je ne sais pas si je suis choquée parce qu’il est avec moi dans la douche, ou parce que son corps musclé, incroyablement bien bâti, me fait frissonner.
- Qu’est-ce que vous fichez là ? arrivais-je à articuler.
- Je viens assurer votre protection, dit t-il, immobile, sur un ton qui se voulait sérieux mais qui me faisait toujours rire.
J’étais maintenant plus assurée qu’avant, d’ailleurs j’allai me venger de cette intrusion.
- Assurer ma protection ? répétais-je.
- Oui madame, cette douche est très dangereuse, croyez-moi d’expérience, fit-il sur le même ton de commando qui parle à son général qu’il avait employé juste avant, en se mettant au garde à vous.
Je pointa alors le jet sur lui pour le mouiller. Il se raidit puis se recroquevilla.
- Ahhhh, Lisbon, l’eau est glaciale.
- Oops, j’ai oublié de la régler, remarquais-je, et puis c’est votre faute aussi.
- Attendez, passez-moi ça.
Je lui tendis le jet et il régla l’eau. Grossière erreur de ma part car par la suite c’est moi qui passa à la douche, mais au moins lui avait pris le temps de mettre l’eau à une température convenable. On se chamaillait comme deux gamins pendant de longues minutes, à s’arroser mutuellement et à s’éclabousser. D’ailleurs à plusieurs reprise on a faillit inonder la salle de bain. Moi j’essayais de ne pas tomber, ni poser mon pied droit à terre, ce n’était pas tache facile mais Jane m’aidait dès qu’il me voyait flancher. Je me retournais avec le jet pour essayer de l’accrocher en haut car j’en avais marre de le tenir, mais à cause de ma petite taille j’arrivais pas à atteindre cette saleté de truc dont je ne sais même pas le nom, alors je sent Jane a à peine quelques centimètre derrière, passer les bras autour de moi pour me prendre le jet des mains et l’accrocher. J’avais arrêté de respirer, j’étais même à des années lumières d’ici, mais j’y fus ramené par une sensation de froid. En réalité Jane avait profité de mon absence de courte durée pour me faire couler du gel de douche dans mon dos, je frissonnais puis me retournais en attrapant le gel et en lui aspergeant le torse avec quelques mouvement du poigné. J’observais mon œuvre en penchant la tête puis explosais de rire. Je suis une artiste, on pouvait voir des magnifiques bouclettes au dessus d’un visage souriant.
- Hé regardez, ça vous ressemble vachement !
Il regarda son torse et se mis à me rejoindre dans mon fou rire. Après quelques minutes je fis la moue, le jet qui était accroché à environ 40 cm au dessus de ma tête était toujours allumé et avait effacé mon chef-d’œuvre.
- Allez, souriez Lisbon, je vous achèterai du papier et du crayon pour faire de beau dessin de moi après, ria t-il.
- Ne vous moquez pas !
Je le bousculais gentiment au torse d’un air boudeur. Il n’a pas bougé d’un millimètre, il est dur comme un roc par contre moi, étant sur un pied, sur un sol glissant, et déstabilisée, je glissa en arrière sans problème. Il m’attrapa le bras et me releva, dans l’élan je me retrouvais contre lui, et une fois de plus je retenais ma respiration, par contre je sentais son souffle chaud dans mon cou. Je me retirais doucement et il m’adressa un sourire timide et bienveillant.
- … On était là pour se laver non ? Enfin vous pour vous laver, -pour la suite il adopta le ton de voix d’un enfant qui essaye d’imiter la voix d’un adulte- et moi pour assurer votre protection.
Je souris.
- Oui, répondis-je simplement.
C’est à ce moment que je me rendais compte que c’était pas normal, deux amis qui prennent une douche ensemble, ça risquait de finir en long silence très gênant et après ça j’aurais 48 h pour l’embrasser sinon on se mettra à réfléchir de notre cotés… bon d’accord, ‘IL’ se mettra à réfléchir, et on va devoir s’expliquer. Donc mieux vaux qu’on finisse cette douche en mode bons copains… Bizarre comme amitié vous trouvez pas ? Je lui retire la palme d’or du mentaliste de l’année, même si ça m’arrange je trouve ça fou qu’il ne soit pas capable de remarquer l’attirance que j’ai pour lui... Bon en même tant lui il m’aime pas donc ça doit fausser son « Radars détecteur et décodeur de sentiments humain ».
Je pris le gel et continua à l’aspergé, il fit de même, ça dura un bon moment. On se rinçait, il me retira de la mousse qui m’était restée sur le visage. On se serait bien fais un shampoing, mais il y avait deux chose qui nous en empêchait, enfin, une qui m’en empêchait et une qui nous en empêchait. D’abord je n’aurai pas pu résister à passer mes mains dans ses bouclettes humides, et puis on allait…
- Ahhh ! L’eau est gelée ! Vous avez touchez quelques chose ? demanda Jane.
… Non pas on allait… on avait presque épuisé le ballon d’eau chaude. On sortit de la douche avant d’attraper vraiment froid, il pris deux serviettes blanches, il m’en déposa une sur les épaules et mis l’autre autour de sa taille. Jane me dit de chercher dans les placards où se trouvait la pharmacie et trouver un bandage pour mon pied. Ce que je fis aussitôt, après avoir enfin trouvé ça je me retourna, Jane avait mis en route la machine à laver avec nos affaires dedans.
- Jane, on est le matin, je n’ai plus d’affaire maintenant… Comment voulez vous que je fasse ?
- Désolé, j’ai l’habitude de me laver le soir, je me suis embrouillé.
Je soupirais et regardais l’heure, on avait passé presque une heure sous la douche… Décidément, depuis 24 h j’avais vraiment perdu les pédales, il m’avait fait perdre les pédales.