L'Escapade ^

Lorsque je me réveillais, j’avais les joues encore humides, j’avais sûrement pleuré en dormant, ça serai pas la première fois. Les bras de Patrick m’entouraient encore, il s’était endormi il y a quelques heures je pense. Quand je me rappela que je devrais m’expliquer face à lui, ma première réaction fus de penser à prendre fuite, mais ça n’aurai rien réglé. Je me glissa hors de ses bras en prenant garde à ne pas le réveiller, et je sortis du lit. Je faisais les cent pas un moment puis je m’assis dos à mur, la tête dans les genoux, recroquevillée comme une enfant. Je ne savais pas comment lui expliquer ce qui m’arrivais, ce qui m’étais arrivé… Je ne sais même pas si je vais garder ce bébé… Il ne m’a rien fait lui, il n’a pas demandé à être conçu, c’est ses pères… son père… je sais même pas de qui il est, il n’y est pour rien mais si je le garde il me rappellera sans cesse ce qui m’est arrivé, je ne sais pas ce que je vais faire. Soudain Jane se réveilla comme s’il s’était juste assoupi un moment, il avait l’air de me chercher voyant que j’avais filé pendant son sommeil, il me trouva vite. Il sortit du lit, vint vers moi et s’agenouilla.
-Ca va Lisbon ? demanda t-il doucement.
J’hocha à peine la tête.
-Vous venez ? On va déjeuner…
Je répétais mon geste et me levais, il me suivit puis nous descendions dans la cuisine. Sans doute voulait-il pas me bousculer, c’est pourquoi il ne me posait pas de questions. Il me fît un café, pour lui un thé, et nous fit en plus des tartines, que j’accepta pour une fois de manger. C’était le silence, un silence qui devenait pesant pour moi. Je devais lui expliquer, après ce qu’il avait fait pour moi il avait le droit de savoir.
-Vous..Vous vous souvenez de Samuel ?
Il inclina la tête.
-Vous vous rappelez que je l’ai quitté il y a deux mois, vous m’avez demandez pourquoi et j’ai répondu que je ne voulais pas d’une relation pour le moment… et bien c’était pas tout à fait ça. Ca faisait trois mois qu’on se voyait lui et moi, il venait d’emménager récemment chez moi. Et malgré ça j’avais encore jamais eu… de relation avec lui, on voulait faire ça doucement, enfin moi je le voulais et lui acceptait mon choix. Ce soir là… Il y a deux mois… J’étais rentré épuisée après une enquête, il était avec deux de ses amis, ils paraissaient normal, si j’étais pas aussi fatiguée j’aurais remarqué qu’ils avaient bu une bonne partie de l’après-midi. Enfin bon, Samuel avait préparé le dîner, lui et ses amis avaient déjà mangé alors j’étais seule à table, ils avaient mis de la drogue dans mon assiette mais j’en savais rien, au début j’ai mis ça sur le compte de la fatigue, après je suis allé me couché, je me suis vite endormie, tandis qu’ils étaient devant la télé… j’ai appris que par la suite que dans l’après midi ils avaient organisé ce qui s’est produit…
Je me levais, en essayant de garder mes larmes pour moi, pour aller porter ma tasse à l’évier, j’ai vu que Jane m’avait suivit, il était face à moi et me regardais dans les yeux. Je poursuivis.
-Je dormais… Ils sont entrés dans la chambre…
Les larmes commençaient à dévaler mes joues, toujours ces même souvenirs…
-Ils m’ont réveillé, au début je ne comprenais rien à ce qui m’arrivais, la drogue faisait effet, j’étais impuissante… Et puis ils ont… ils ont… tous les trois… C’était horrible, effrayant… des sauvages… J’avais mal… ils…
Il mit sa main sur ma bouche pour m’arrêter car je sanglotais, j’arrivais plus à respirer, j’étais à la limite de m’effondrer. Il me prit contre lui, il ne disait rien, les mots ne changeraient rien. Je me retirai de lui pour poursuivre malgré la souffrance que cela m’infligeait.
-Le lendemain, Samuel est venu me voir, il est venu s’excuser, mettant tout sous la faute de l’alcool, il disait qu’on pouvait encore essayer quelque chose… Je lui ai dit que s’il disparaissait à jamais de ma vie lui et les autres, je ne porterai pas plainte… J’ai été bête je sais… Je voulais juste oublier, ne jamais me rappeler de cette nuit. Il a quitté la ville et le pays… Les douleurs physique ont mis un certain temps à disparaître, les douleurs morales sont encore présente… Je me suis plongée dans le travaille pour oublier, ça m’a permis de plus y penser, mais à chaque fois que je me retrouvais seule dans mes pensées… Vous ne le savez pas, mais je me suis raccroché à vous. J’oublias presque tout ça en pensant à vous tout le temps, à la façon que vous avez de m’agacer, à votre…
Je séchais mes larmes et me mordit les lèvres… J’allais dire ‘votre charme’… Même dans cet état mes hormones me joue des tours… Je suis maudite.
-…Votre façon d’être vous tout simplement… Votre façon de sourire malgré que… Mais il y a un mois après l’affaire McLizz, je me suis rendu compte qu’on était devenu trop proche. J’ai mis ça sur la cause professionnelle, mais c’était surtout le plan personnel, j’avais peur, je ne voulais plus être proche d’aucun homme, sur le plan amoureux, amical ou professionnel. Alors j’ai mis de la distance entre nous… et vous connaissez la suite…
Les larmes me remontaient à nouveau aux yeux, je dois avoir l’air d’un pathétique… mais j’arrive pas à les retenir. Patrick me serrai contre lui, son menton juste au-dessus de ma tête… Je me faisais toute petite.
- C’est fini Lisbon.. Ca va aller.
- Non ça va pas aller… Je suis enceinte…
Je commençais à me rendre compte que je l’embêtais avec des problèmes qui n’étaient pas siens… Il faut toujours que je mette les pieds dans le plat. C’est à contre cœur que je me retirais.
-Je suis désolée…Je… Je vais essayer de me trouver une chambre d’hôtel le temps que mon appartement soit arrangé, lui fis-je avant de tourner les talons tête baissé.
Il me retint en m’attrapant le bras et plongea, malgré moi, ses yeux dans les miens.
- Vous n’êtes pas obligée de traverser ça toute seule.

Etais-je vraiment pas obligée de traverser ça toute seule ? J’en sais rien. Je veux pas qu’il se sente obligé. J’ai peur, c’est un faites, mon passé me fait mal, mon avenir me terrifie. Dans tout les cas, je ne serai pas apaisée, être seule me déprimera, mais savoir que Jane s’occupe de moi par nécessité me ferai me sentir coupable. Je préfère loin être déprimée.
- Je peux me débrouiller Jane. Je vous…
Je pris mon inspiration pour retenir mes larmes qui contrediraient ce que j’ai dit.
- Je vous demanderai juste de n’en parler à personne…, puis je pris un ton plus agressif due à mes sautes d’humeurs, et d’arrêter de me regarder avec cet air de pitié et de compréhension, ça ne me facilite pas la tache.
- Lisbon…
- Faites ce que vous savez faire le mieux ! Souriez ! Et fichez moi la paix !
Je me retournais pour monter à l’étage et me changer, au passage je me cognais contre un meuble, premier réflexe : je m’excusais. Deuxième réflexe en voyant ce à quoi je m’était percuté :
- Non mais t’aurai pu faire attention, franchement j’vous jure, y’en a qui n’ont plus respect.
Je montais alors les escaliers, sans même apercevoir Jane pouffer à l’embrasure de la cuisine. Je me changeais, me promettant de retourner chez moi pour récupérer d’autres affaires et m’organiser. A peine habillée je j’entendis Jane entrer dans ma chambre.
- Oui ?
Il se plaça devant moi.
- Je me demandais ce que vous alliez faire...
- Je vais faire un tour.
Il hocha la tête, lui et moi savons que ce n’était pas de ça dont il parlait.
-…Je ne sais pas, dis-je finalement.
Je m’assis sur le lit et il se mit à coté de moi.
-Avant de prendre une quelconque décision, vous devriez oublier les circonstances dans lequel il a été conçu…
Facile à dire, Jane, facile à dire… comment oublier… ? Comme s’il avait entendu ma question, il posa sa main sur mon avant-bras et me fis signe de m’allonger. J’étais pas très détendu, j’aurai bien riposté mais je ne l’ai pas fait.
- Fermez les yeux. Respirez, détendez-vous, me disait-il de sa voix douce qui me berçait, ne pensez plus à rien…
Je me sentais apaisée, plus calme.
- Oubliez votre passé, concentrez-vous sur l’instant présent… et l’avenir…
Il marqua un temps de pose pour voir si ça faisait effet.
-…Vous allez maintenant vous endormir, et quand vous vous serez réveillée, vous saurez ce que vous voulez et ferez vos choix en conséquences.
Je ne me souviens plus de la suite car je me suis plongée dans un profond sommeil. Je me réveillais environ deux heures plus tard. Jane aurait pu régler mon sommeil tant qu’il y était, deux heures à dormir franchement… Il est onze heure, je descends pour voir où mon consultant se trouvait, mais je ne trouva qu’un mot sur la table basse : « Suis parti, revient dès que possible. ». Tiens, je savais pas que Jane faisait parti de ceux qui ne prenaient même pas la peine de faire des phrases complète. Il devait sans doute être pressé. Je pris deux trois trucs sans lesquels je ne sors jamais. Flingue, badge, etc… Et je me dirigeais vers la porte que je retrouva fermé à clef… Je n’ai pas les clefs… J’y crois pas. Soit il cherchait à m’enfermer, soit il n’a pas fait attention à ce qu’il faisait et c’est un imbécile… Hummm… Je pencherai pour l’imbécile… ou les deux, mais le faites qu’il veuille m’enfermer ne voudrait pas forcément dire qu’il n’est pas un imbécile. Dans les deux cas j’ai décidé qu’il en était un, alors il en est un.