Promenons nous dans les bois ^

*****

Course contre le temps

Il faisait froid et humide, les bruits environnant était assez effrayants, mais la jeune femme continuait d’avancer, ne sachant pas où elle se rendait, pourvu que ce soit le plus loin possible. Cela faisait plusieurs minutes qu’elle avançait à l’aveugle entre les arbres, ne se fiant qu’à son instinct, et pour le moment tout semblait aller bien. Mais la chance ne durait jamais bien longtemps, surtout ces derniers jours et Lisbon fini par tomber, trébuchant sur une branche au sol. Malheureusement pour elle, Jo lui avait attaché les mains dans le dos et elle ne put amortir sa chute. Elle se retrouva la tête la première entre les feuilles mortes et pesta une fois de plus contre sa mauvaise étoile.

Elle se releva difficilement, ses jambes la faisant souffrir, ses bras, son visage. En fait, il n’y avait pas une partie de son corps qui ne la faisait pas souffrir. Mais le pire était son cœur, elle se faisait tant de souci pour Jane. Le mentaliste se trouvait seul avec l’autre chasseur et, connaissant Jane, il ne tiendrait pas sa langue bien longtemps et pourrait écourter son espérance de vie, déjà pas bien longue. Elle savait que lorsqu’il se réveillerait et qu’il constaterait son absence, il deviendrait fou d’inquiétude. Elle le connaissait depuis suffisamment d’années pour connaître ses réactions et elle avait peur qu’il ne dise ou ne fasse n’importe quoi. Voilà pourquoi elle s’évertuait à avancer dans le noir, elle voulait retourner auprès de lui le plus vite possible.

Au bout d’encore quelques minutes, Lisbon fit une pause contre un arbre. Elle n’en pouvait plus, elle ne savait pas dans quelle direction aller et son cœur battait de plus en plus vite dans sa poitrine. Elle était essoufflée et si elle ne prenait pas le temps de reprendre son souffle, elle savait qu’elle n’y arriverait jamais. Avec de la chance, Jane était encore en train de dormir et ne se rendrait compte de rien avant quelques heures, elle l’espérait vraiment.

Lisbon se releva, prête à reprendre sa marche lorsqu’elle entendit un drôle de bruit derrière elle, un bruit qui ne lui plaisait pas du tout. Lentement, sans précipitation, elle osa tourner la tête pour tomber sur deux billes brillantes dans le noir. Elle ne savait pas d’où venait la lumière pour les faire briller, mais elle savait qu’elle ne devait pas perdre de temps dans le coin. Mais si elle se mettait à courir, alors le monstre, ou plutôt le loup, se mettrait à courir après elle et elle n’avait aucune chance vu sa condition actuelle. Que devait-elle faire ? Comment se sortir de là sans mal ? Mais alors qu’elle réfléchissait aussi vite que possible, un éclair illumina la nuit et elle entendit la bête gémir avant de tomber au sol.

-“ Tu es tout à moi maintenant” entendit-elle.
-“ Oh non” souffla-t-elle en se rendant compte que Jo l’avait retrouvée.
-“ Tu ne m’échappera pas cette fois” ricana-t-il en s’approchant.
-“ Tu veux parier” répondit-elle avec un petit sourire.

Elle voulait paraître sur d’elle, mais elle ne l’était pas du tout. La peur lui tiraillait le ventre et cette fois ce n’était pas pour Jane. Elle était seule dans une forêt, les mains liées dans le dos, aux prises avec un chasseur au regard lubrique armé d’un fusil pointé vers elle. Que pouvait-elle faire ? Courir ? Cela semblait être la bonne chose à faire, il ne la voyait pas vraiment, il faisait très noir et elle pourrait utiliser ce fait pour s’échapper. Sans réfléchir une seconde de plus, elle se mit à courir droit devant elle, ne sachant toujours pas où elle allait, mais elle y allait quand même.

-“ Ça sert à rien de fuir ma belle, je t’aurais” cria-t-il derrière elle.

Mais Lisbon ne s’arrêta pas pour autant, au contraire elle accéléra sa course. Elle ne voyait pas, mais elle laissait parler son instinct, sautant lorsqu’il le fallait, se baissant au bon moment, contournant les arbres avec l’agilité d’un athlète. Elle s’en étonnait elle-même, mais elle n’avait pas vraiment le temps d’y penser pour l’instant. Elle entendait Jo derrière elle se rapprocher, il connaissait mieux l’endroit qu’elle après tout. Mais elle ne lui laisserait pas la chance de faire d’elle ce qu’il voulait, elle se battrait jusqu’à la mort, lui prouvant ainsi qu’elle n’était pas qu’une minette incapable de se défendre. Elle pria pour que ses collègues s’aperçoivent de son absence avant le matin, que quelqu’un ait vu quelque chose.




Grace tournait dans son lit, ne parvenant pas à trouver le sommeil. Elle était en sécurité maintenant, mais elle ne se sentait pas bien, elle avait un mauvais pressentiment, son instinct de flic peut-être. Elle avait passé tant de temps loin de la civilisation, deux jours en pleine forêt, qu’elle n’arrivait pas à se calmer. Elle voulait parler à Lisbon, la seule à pouvoir la comprendre, la seule à savoir ce qu’elle ressentait en ce moment. Rigsby avait voulu la faire parler, disant que ça pourrait l’aider à passer une meilleure nuit. Mais elle avait refusait, elle ne se sentait pas prête à lui parler à lui. Elle avait rêvé, tout au long de ces deux jours, de le retrouver et de lui dire ce qu’elle ressentait pour lui, mais elle ne se sentait plus aussi prête qu’elle l’avait pensé plus tôt.

La jeune femme se leva de son lit, mis une veste et sortit de la chambre de son collègue. Elle alla directement vers la chambre de Jane, sachant parfaitement qu’elle y trouverait Lisbon. Elle avait vu la façon dont ils s’étaient regardés lors de leurs retrouvailles, la façon dont Lisbon s’était jetée dans les bras du blond comme si elle retrouvait son amour perdu. C’était si beau, si romantique, qu’elle avait versé quelques larmes. Alors quand le couple, oui elle les voyait déjà comme un couple, avaient décidé de rentrer ensemble de l’hôpital, sans les autres, elle avait sut qu’ils partageraient la même chambre. Elle les connaissait assez pour savoir que Jane refuserait de passer la nuit loin de Lisbon, même s’il devait dormir sur une chaise.

Elle frappa à la porte, attendant de voir Jane lui ouvrir et lui dire que Lisbon dormait et qu’il ne voulait pas la réveiller. Mais il n’ouvrit pas la porte, elle n’entendit pas le moindre bruit, pas la moindre protestation. Intriguée, elle frappa encore une fois mais toujours rien. Cette fois elle était inquiète, ce n’était pas normal. Elle savait que Jane avait le sommeil léger, quand il parvenait à dormir, et dans la situation actuelle elle savait qu’il ne dormirait pas. Alors il aurait dut lui répondre, ouvrir la porte. S’il ne l’avait pas c’est qu’il y avait un problème et elle se devait de faire quelque chose.

Grace retourna sur ses pas et se dirigea vers la chambre de Rigsby. Elle ne voulait pas paraître alarmiste, mais elle se sentirait mieux lorsqu’elle aurait vut ses collègues, tous ses collègues et pas seulement Cho et Rigsby. Une fois devant la porte, elle n’hésita pas et frappa si fort qu’elle s’en fit mal à la main. La porte s’ouvrit presque aussitôt sur un Cho parfaitement réveillé, portant toujours ses vêtements de la journée.

-“ Un problème Van Pelt ?” demanda-t-il en la laissant entrer dans la chambre.
-“ Jane et Lisbon ne répondent pas à la porte” lui dit-elle en se tournant vers lui.
-“ Ils doivent sûrement dormir” hasarda Rigsby qui les avait rejoints.
-“ Jane ne dort pas, et encore moins maintenant qu’il a retrouvé Lisbon” contra la rouquine.
-“ Alors ils doivent profiter de leurs retrouvailles” dit-il avec un petit sourire en coin.
-“ Je ne crois pas non plus. Venez avec moi.”

Elle ressortit de la chambre, suivit de près par les deux hommes qui commençaient eux aussi à se faire du souci. Elle avait raison, Jane ne dormait déjà pas beaucoup en temps normal alors sûrement pas ce soir. Et ils savaient tous que, malgré ses sentiments pour leur patronne, il n’était pas prêt pour une relation avec une femme, pas plus que Lisbon. Il devait y avoir un problème et ils voulaient savoir lequel. Peut-être que la blessure de Lisbon s’était aggravée et qu’ils avaient dut retourner à l’hôpital, mais dans ce cas Jane les aurait sûrement prévenus, alors ce devait être autre chose.

Les trois agents arrivèrent devant la porte de la chambre du consultant et Cho frappa, attendant une réponse qui ne vint pas. Il retenta encore une fois sans plus de succès alors il décida d’entrer dans la chambre, espérant juste ne pas tomber sur une image qui risquait de le hanter pendant longtemps. Jane lui avait appris, ainsi qu’aux autres, comment crocheter une serrure et il ne pensait pas devoir un jour utiliser cette pratique, mais il fut heureux de savoir le faire. Il fallait juste ne rien dire à Lisbon, elle risquait de ne pas apprécier.

Il entra dans la chambre, s’habituant doucement à la pénombre et constata rapidement qu’elle était vide. Ni Jane ni Lisbon ne s’y trouvaient et il trouva ça louche. Ils ne seraient pas partit sans prévenir, il y avait définitivement quelque chose qui n’allait pas. Il fouilla la chambre, trouvant les affaires de Lisbon, sa veste posé sur la chaise près du bureau, mais pas ses chaussures. Par contre, la veste de Jane ne s’y trouvait pas. Il eut alors l’idée d’appeler le mentaliste, il devait certainement avoir son téléphone avec lui.




Jane était assis, le dos contre le mur, les jambes repliées contre sa poitrine, la tête sur les genoux. Il avait gagné une part de la confiance de son ravisseur, c’était déjà ça, mais pas assez à son goût. Il aurait voulu partir tout de suite à la recherche de Lisbon et non pas attendre le lendemain matin, la jeune femme avait besoin de lui. Il savait qu’elle était parfaitement capable de se défendre en temps normal, mais elle était blessée et l’homme était fort. Elle ne pourrait pas faire grand-chose contre lui et se retrouverait vite en position de faiblesse.

Déjà dans leur chambre des heures plus tôt, lorsqu’ils s’embrassaient sur le lit, elle n’avait put retenir un gémissement de douleur lorsqu’il avait malencontreusement serré un peu trop fort son bras. Si elle n’avait pas supporté la force de sa main, comment pourrait-elle se défendre contre cet homme ? D’autant qu’il avait une idée bien précise en tête, quelque chose qui donna des frissons à Jane rien que d’y penser. Il ne voulait pas que cet homme la touche, il ne voulait pas qu’il fasse d’elle une autre victime des envies sexuelles d’un homme seul et frustré. Il savait qu’elle ne se remettrait pas d’une telle agression, aucune femme ne pouvait vraiment se remettre de ça.

Alors qu’il était complètement perdu dans ses pensées, il sentit quelque chose vibrer dans la poche de sa veste, cette même veste que Lisbon lui avait apportée devant l’hôtel et qui était la raison de son kidnapping à elle aussi alors que les chasseurs ne voulaient que lui. Il attrapa l’objet et tomba sur son téléphone qu’il avait mit en mode silencieux afin de ne pas réveiller la jeune femme. Il avait complètement oublié qu’il l’avait et il s’empressa d’y répondre en voyant le nom de Cho apparaître.

-“ Cho, comme je suis content de t’entendre” dit la voix soulagée de Jane.
-“ Où es-tu Jane ?” Lui demanda l’asiatique.
-“ Je sais pas, les chasseurs sont venus nous prendre devant l’hôtel, mais ils ne voulaient que moi au départ, seulement elle est sortie pour me donner ma veste que j’avais oubliée et voilà.”
-“ Comment va-t-elle ?”
-“ Je ne sais pas, il y a eu un autre problème. L’un des hommes l’a emmenée je ne sais où pour en faire sa femme.”

Cho retint difficilement un grognement de colère. Il sera les poings et tourna la tête vers ses collègues qui ne comprenaient pas ce qui se passait. Il mis alors le téléphone en main-libre.

-“ Ça fait combien de temps qu’elle a disparu ?” demanda-t-il à Jane.
-“ Je ne sais pas vraiment, je dormais quand ça s’est passé, mais je dirais au moins deux heures.”
-“ Où se trouve l’autre en ce moment ?” interrogea Rigsby.
-“ Dans la pièce à côté, il dort.”
-“ Ok, écoute Jane, tu vas laisser le téléphone allumé et Van Pelt va tenter de te localiser avec son ordinateur. Surtout, ne fait pas de bêtise.”
-“ Ça aucun risque, je ne veux pas perdre ma chance de retrouver Te… Lisbon. L’homme m’a dit avoir une idée de l’endroit où son copain avait put l’emmener.”
-“ Il t’a dit où c’était ?”
-“ Non, juste que c’est plus loin encore dans la forêt et qu’on ne pouvait pas y aller avant le jour.”

Pendant que Cho et Rigsby tentaient d’obtenir un maximum d’informations et d’occuper l’esprit de Jane, Van Pelt était retournée chercher son ordinateur que les garçons avaient eu la bonne idée de prendre avant de partir à leur recherche. Elle était revenue dans la chambre et à présent elle pianotait avec frénésie sur les touches, ouvrant des programmes, tapant des codes et finalement elle trouva le signal du téléphone de Jane. Elle ouvrit une carte de la région et affina sa recherche en superposant la carte satellite des réseaux téléphoniques avec la carte de la forêt. Enfin, elle trouva où se trouvait le mentaliste et fit signe à ses collègues que c’était bon.

Cho écourta la communication, expliquant à son collègue qu’ils avaient sa position et qu’ils arrivaient aussi vite que possible. Jane se retrouva de nouveau seul, son téléphone à la main mais un petit sourire sur le visage. Ses collègues étaient formidables, ils étaient toujours là quand on avait besoin d’eux et il savait que dans peu de temps il sortirait de cette cave pour retrouver Lisbon. Il espérait juste qu’il ne lui était rien arrivé de grave pendant ce temps, que l’autre ne l’avait pas touchée. Il ne savait pas ce qu’il ferait si c’était le cas, mais il ne le laisserait pas s’en sortir comme ça. Jane était contre la violence, mais lorsqu’il s’agissait de proches, en particulier de personne vraiment très proche, il était prêt à tout. Pour Lisbon il ferait n’importe quoi, il ne voulait pas perdre une autre femme, il ne survivrait pas à un autre deuil.




Cho, après avoir raccroché, contacta Steve. Ils allaient avoir besoin d’aide, ils ne pouvaient pas se rendre seuls là-bas, ils ne connaissaient pas le coin aussi bien que le garde forestier. Il dut tout de même batailler un moment car l’homme ne voulait pas partir avant le lendemain matin à la première heure, mais cette fois Cho ne fut pas d’accord. Lisbon était seule avec un homme prêt à tout pour faire d’elle sa femme, avec tout ce qui allait avec le mot, elle était blessée et dans l’incapacité de se défendre seule. Hors de question d’attendre encore des heures pour l’aider, c’était maintenant qu’elle avait besoin d’eux, demain il serait trop tard.

Steve fini par accepter et proposa aux agents de le rejoindre au poste, là ils prépareraient tout ce dont ils auraient besoin et ils auraient également l’aide des autres gardes forestiers qu’il appellerait en route. Cho raccrocha, se tourna vers ses collègues et leur sourit, ce qui les perturba un peu.

-“ C’est ok, il nous rejoint au poste et il appelle des renforts” leur dit-il.
-“ Alors c’est parti” sourit Grace en se levant.
-“ Non, toi tu reste là” intervint Rigsby en posant une main sur son bras.
-“ Quoi ? Mais pourquoi ?”
-“ Tu es blessée et…”
-“ Et je suis une grande fille, mes amis ont besoin de moi aussi et il est hors de question que je reste ici sans rien faire comme une fille fragile.”
-“ Mais Grace…”
-“ Il n’y a pas de mais, je viens un point c’est tout.”

Et sur ces mots, elle sortit de la chambre pour aller chercher sa veste dans la sienne, laissant ses deux collègues encore sous le choc de ce qui venait de se passer. Elle sourit en passant la porte, fière de ce qu’elle venait de faire. Lisbon et Jane avaient besoin d’elle, alors pourquoi resterait-elle en arrière, inutile alors que ses deux collègues partaient leur venir en aide ? Elle était blessée, elle ne dirait pas le contraire, et elle avait mal aussi. Mais elle prendrait sur elle aussi longtemps qu’il le faudrait. Lisbon aussi était blessée et un homme avait décidé de faire d’elle sa femme. Elle ne pourrait plus jamais se regarder dans une glace si elle restait là et qu’elle laissait une chose pareille arriver à celle qui était devenue son amie.

Cho lança un regard moqueur à son collègue avant de suivre la jeune femme dans le couloir. Le pauvre Rigsby baissa la tête, penaud, mais d’un autre côté il était fier de Grace. Elle venait de se montrer sous un nouveau jour, elle venait de montrer qu’elle pouvait prendre ses propres décisions, qu’elle était tout autant capable que les hommes de cette équipe et que ce qui lui était arrivé ne l’avait pas plus affaiblie mais au contraire, l’avait rendue plus forte.

Le grand brun partit dans le couloir à la suite des autres avec un petit sourire sur le visage. Ils étaient une équipe, ils se soutenaient les uns les autres et la réaction de Grace lui faisait du bien. Il avait eut peur qu’elle se renferme, qu’elle ne veuille pas en parler, qu’elle ne garde tout en elle. Bien sûr elle n’avait encore rien dit à personne, mais il se doutait que la seule personne à qui elle parlerait était Lisbon. Leur petite aventure dans la forêt avait rapproché les deux femmes, il avait put le constater, alors il était normal qu’elle se sente à l’aise pour parler avec elle. Il espérait juste qu’ils retrouveraient leur patronne avant qu’il ne soit trop tard.

Une fois que tous furent prêts, ils montèrent en voiture et partirent rapidement vers le poste des gardes forestiers. Ils y trouvèrent Steve qui commençait déjà à charger l’arrière de son véhicule avec tout ce qui pourrait leur être utile. Rigsby remarqua trois hommes qui arrivaient eux aussi les bras chargés de diverses choses. Ils étaient au total sept, ce qui mettait les chances de leur côté, les autres n’étant que deux et encore, ils n’étaient même pas ensemble.

Cho gara sa voiture sur le parking devant le poste, les trois agents en sortirent et se dirigèrent directement vers Steve. L’homme déplia une carte sur le capot de son véhicule et Grace lui indiqua où se trouvait normalement Jane.

-“ Ça fait environ vingt kilomètres, ce qui veut dire que nous en avant pour au moins une heure, voir plus.”
-“ Pourquoi tant que ça ?” demanda Grace.
-“ La route est mauvaise par ici” indiqua-t-il sur la carte, “ de plus il fait nuit noire, pas de lune, ce qui va nous ralentir. Et la tempête de l’autre nuit a put faire des dégâts sur le chemin.”
-“ Il va falloir nous séparer pour gagner du terrain” proposa Baxter, l’adjoint de Steve. “ Vous avez dit que l’un des hommes avait emmené votre amie dans une autre cabane et j’ai ma petite idée.”
-“ On t’écoute Bax’.”
-“ Avant de s’installer dans ce petit coin” commença-t-il en montrant la propriété sur la carte, “ la famille de Travis avait une petite cabane perdue dans la forêt. Peu de monde connaît son emplacement, mais j’ai eu l’occasion de m’y rendre il y a plusieurs années. Je sais exactement où elle est et je propose donc que nous nous séparions en deux groupes, un qui ira cueillir Travis et l’autre Jo.”
-“ Je pense que c’est une bonne idée” approuva Cho.
-“ Bien, alors agent Cho, vous irez avec Baxter et Stanley. Agent Rigsby et Van Pelt, vous venez avec moi et Lars, nous allons nous occuper de Travis.”
-“ Ok, tout le monde en route.”

Les deux groupes se séparèrent et montèrent dans les différentes voitures. La nuit touchait presque à sa fin, Jane et Lisbon avaient disparu depuis maintenant plus de cinq heures et il leur faudrait du temps avant de rejoindre les différentes destinations. Il fallait juste espérer que le mentaliste ne ferait rien qui pourrait le mettre plus en danger qu’il ne l’était déjà et que Lisbon ait réussi à trouver un moyen de se sortir des griffes de Jo.




Lisbon courait toujours sans savoir où elle allait, du moment qu’elle s’éloignait de Jo et de ses idées mal placées. Cela faisait un moment déjà qu’elle ne l’avait pas entendu crier derrière elle, mais elle n’avait pas pris le temps de se retourner pour savoir s’il la poursuivait toujours. Elle devait continuer, le jour n’allait pas tarder à se lever et à partir de là, elle pourrait se déplacer plus facilement entre les arbres. Pour le moment elle s’était fiée entièrement à son instinct et tout c’était bien passé, à part une chute un peu brutale mais rien de bien méchant.

Alors qu’elle courait droit devant elle, un bruit juste derrière elle la fit sursauter et elle se jeta de l’autre côté pour éviter quoi que fut la chose ou la personne. Elle roula sur le sol, se protégeant le visage de son mieux et fini par atterrir sur quelque chose de mou et visqueux. Elle sentit comme une sorte de liquide sur son visage et elle osa enfin ouvrir les yeux. Le soleil commençait à se lever, lui donnant assez d’éclairage pour voir ce qui avait amortie sa chute et elle retint un cri étranglé. Elle recula vivement, se frottant de son mieux le visage avec son épaule pour retirer toute trace qui s’y trouvait.

-“ Oh mon Dieu !” souffla-t-elle, “ c’est pas vrai.”

Devant elle, au milieu des feuilles mortes et recouverts de petits verres, se trouvaient les corps de trois adolescent, du moins ce qu’il en restait. Les corps étaient les uns sur les autres, le sang avait coulé le long des visages de jeunes gens, masquant à peine leurs yeux grands ouverts. Lisbon avait déjà vu des corps par le passé, ça faisait partie de son travail après tout, mais jamais elle n’avait vu une telle horreur. Ces jeunes n’avaient pas plus de dix sept ans, ils étaient encore des enfants et ils étaient morts, entreposés là comme de vulgaire morceaux de viande.

Lisbon eut soudain envi de vomir, de rendre tout ce qu’elle avait dans l’estomac. Ces hommes étaient des monstres, des barbares et Jane se trouvait avec l’un d’eux. Elle ne savait pas ce qu’il pouvait vivre en ce moment, s’il était ne serait-ce qu’encore en vie. Elle ne pouvait s’imaginer continuer de vivre sans lui, pas après ce qu’ils avaient vécu. Mais plus ses yeux restaient sur les corps, et plus sa peur montait en elle à un point qu’elle ne connaissait même pas. Jamais de sa vie elle n’avait eut aussi peur pour quelqu’un, pas même lorsqu’elle était enfant et que son père s’acharnait sur elle et ses frères. Aujourd’hui c’était différent, elle était différente et cela lui faisait peur.

Elle détacha enfin ses yeux des pauvres adolescents et se releva difficilement. Mais alors qu’elle allait partir, elle vit quelque chose biller, dépassant de la poche de l’un des garçons. Elle s’approcha doucement, luttant contre l’envie de vomir, et se mit dos au corps pour attraper l’objet entre ses doigts. C’était un couteau, petit mais il pourrait lui servir, et tout de suite même. Elle le bloqua entre deux morceaux de bois sur le sol et frotta ses liens contre la lame, se coupant un peu par la même occasion, mais qu’importe.

Une fois les mains libres, elle rangea le couteau dans sa ceinture, prenant soin de ne pas se couper avec et repris sa marche. Le soleil était levé et Jo n’aurait plus de mal pour la trouver maintenant, elle devait faire vite. Après un dernier regard pour les jeunes victimes, Lisbon se remit en route en se promettant de revenir avec les autres afin de ramener les corps et de permettre aux familles de faire leur deuil. Elle aurait préféré pouvoir leur dire qu’ils allaient bien, qu’ils avaient réussi à trouver un abri, mais la vie n’était pas si facile et il fallait s’y faire.




Alors que Jane commençait à somnoler dans sa cave, du bruit de l’autre côté de la porte attira son attention et il se redressa vivement lorsque le bruit de rapprocha encore plus de la porte. Il ne savait pas vraiment ce qu’il se passait, les voix étaient étouffées par l’épaisseur des murs et de la porte, mais il y avait une bagarre de l’autre côté et il espérait que ce soit la cavalerie. Lorsque les bruits cessèrent, Jane se colla encore plus contre le mur et ferma les yeux quand la porte s’ouvrit. Il entendit des pas précipités et sentit quelqu’un lui sauter dessus.

-“ Oh mon Dieu Jane, tu vas bien ?” lui demanda Van Pelt.
-“ Ça va” lui répondit-il en l’entourant de ses bras.
-“ Content de te voir vieux” lui dit Rigsby en lui donnant une tape sur l’épaule.
-“ Moi aussi, crois-moi. Euh… où est Travis ?”
-“ A l’arrière de la voiture, menotté et bâillonné pour ne plus l’entendre” répondit Steve avec un léger sourire.
-“ Il sait où se trouve Jo, il faut le faire parler” s’activa aussitôt Jane vers la porte.
-“ C’est bon, Cho est en route avec deux gardes forestiers” le rassura Grace. “ Ils vont la trouver.”
-“ Comment savez-vous si elle va bien ? Comment savez-vous qu’ils vont la trouver ?” S’impatienta Jane.
-“ On n’en sait rien pour le moment, mais on va les rejoindre” lui dit Rigsby serrant l’épaule de Jane dans une tentative de réconfort.

Tout le monde se regroupa à la voiture et ils montèrent tous, tentant de rejoindre le plus vite possible le second groupe. Steve contacta Baxter par radio pour savoir s’ils étaient enfin arrivés à la cabane et il répondit positivement. Malheureusement, ni Jo ni Lisbon ne s’y trouvaient et le cœur de Jane s’accéléra à l’idée qu’il ait put l’emmener ailleurs. Ils accélérèrent et la voiture fila à vive allure sur le chemin de terre.

Au bout de plusieurs minutes de ballottage dans la voiture, Jane repéra quelque chose un peu plus loin dans les bois. Il fit signe à Grace qui regarda à son tour et elle s’affola.

-“ C’est Lisbon” cria-t-elle, “ il y a un homme derrière elle.”

La voiture s’arrêta brusquement et Jane descendit le premier, poussant tout le monde pour rejoindre la jeune femme. Mais alors qu’il s’approchait en courant, il fut arrêté de justesse par Rigsby. Ce qu’ils ne pouvaient pas voir de la voiture, c’est qu’une rivière les séparaient de leur patronne et qu’avec la tempête, l’eau avait atteint un niveau impressionnant, les empêchant de la traverser.

Le mentaliste releva la tête vers la jeune femme pour la voir trébucher et s’étaler sur le sol dans un petit cri. Mais alors qu’elle allait se relever, Jo arriva et lui sauta dessus, levant un couteau au dessus d’elle dont la lame brilla avec le soleil. Il abaissa la main brusquement.

-“ NOOONNN!” hurla Jane.

*****

Tout est bien qui fini bien

Lisbon maintenait les mains de Jo autant que possible au dessus de son corps, mais elle sentait déjà la fatigue la gagner. Elle n’avait pas assez dormit cette nuit, elle avait encore très mal à son bras et elle se doutait que bientôt la lame allait la transpercer. Jo était trop fort pour elle et elle sentait déjà ses propres bras se plier sous la force de l’homme. Elle avait entendu la voiture arriver, elle avait entendu ses collègues arriver, mais plus que tout, elle avait entendu Jane hurler lorsque Jo s’était jeté sur elle. A cause de ça, elle avait perdu un peu de sa concentration, mais elle ne lui en voulait pas, elle était bien trop heureuse de le savoir avec les autres et non plus avec Travis.

Lisbon entendit du bruit derrière elle et Jo, mais elle ne releva pas la tête, elle se concentra uniquement à empêcher le couteau de l’atteindre. Soudain, elle sentit la pression de l’homme s’éloigner d’elle pour la quitter complètement. Elle put enfin respirer mais elle ne chercha pas à se relever. Pourtant, elle tourna la tête pour voir Jane lutter avec Jo, aussi bien qu’il le pouvait. Il n’était pas un bagarreur, il ne l’avait jamais été, mais il était pourtant bel et bien en train de se battre. Il faisait ça pour elle et la jeune femme aurait été fière s’il seulement il avait le dessus, ce qui n’était pas le cas.

Alors qu’elle allait se lever pour aller l’aider, elle vit arriver Rigsby suivi de Cho. Ils étaient tout les deux armés et elle souffla de soulagement. Ils allaient aider Jane, ils allaient le sortir de là avant qu’il ne se fasse tuer pour de bon. Elle rampa au sol, toujours incapable de vraiment pouvoir se lever, Jo lui avait frappé le ventre à plusieurs reprise, elle avait si mal qu’elle n’avait presque même plus la force de bouger.

Rigsby se jeta sur Jo, l’attrapant par les épaules alors qu’il allait encore frapper Jane, tandis que Cho s’occupait du mentaliste au sol. L’asiatique se pencha sur son ami, cherchant des blessures qu’il aurait pu avoir avec le couteau, mais il ne trouva rien de bien grave si ce n’est un œil au beurre noir et quelque bleus. Il l’aida ensuite à se relever et le maintint jusqu’à ce que Jane tienne seul sur ses deux jambes. Un peu plus loin, Rigsby avait maîtrisé Jo et lui passait les menottes, sous les hurlements de ce dernier.

-“ Elle est à moi” criait-il. “ A moi et à personne d’autre".

S’en fut trop pour Jane qui se rapprocha à grands pas et flanqua un grand coup de poings dans le visage de l’homme qui encaissa en grognant avant que Rigsby ne s’éloigne, suivit de Cho. Ils marchèrent le long de la rive jusqu’au petit pont en sale état qu’ils traversèrent pour rejoindre les autres. Jane se tourna alors vers Lisbon qui se trouvait toujours adossée à un arbre, mais elle avait fini par se lever. Il s’approcha d’elle et allait la prendre dans ses bras lorsqu’il reçu un coup dans l’épaule.

-“ Aie, ça fait mal, pourquoi avoir fait ça ?” demanda-t-il en se massant l’épaule.
-“ C’est pour t’être mis en danger pour rien” répondit-elle, en colère, “ tu aurais put te faire tuer.”
-“ Mais je …” tenta-t-il de répondre, ne notant pas le tutoiement.

Mais il fut coupé par des lèvres qui se posèrent sur les siennes avec fougue. Il sentit les mains de Lisbon lui agripper la chemise pour le plaquer contre elle et il lui entoura la taille, la serrant aussi fort que possible contre lui. Il était si heureux qu’elle aille bien, si heureux qu’elle soit en vie et dans ses bras. Il avait vraiment eut peur de la perdre cette fois, de ne jamais pouvoir lui dire vraiment ce qu’il ressentait pour elle. Oh elle le savait, tout comme lui savait ce qu’elle ressentait à son égard. Mais il voulait mettre des mots sur ses sentiments et pas seulement des gestes. Finalement, Lisbon s’écarta de lui mais garda son front contre le menton de Jane, respirant son odeur.

-“ Et ça ?” demanda-t-il à bout de souffle.
-“ C’est pour être en vie” souffla-t-elle en relevant les yeux vers lui. “ Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi avoir risqué ta vie ?”
-“ Pour toi, je l’ai fait pour toi” murmura-t-il en fermant les yeux, l’image de Lisbon sous cet homme, un couteau au dessus d’elle lui revenant devant les yeux.
-“ Tu aurais put mourir tu sais, il aurait pu te tuer, il savait se battre et toi… tu ne sais pas te battre Patrick. Je ne veux pas que tu prennes ce genre de risque.”
-“ Mais je ne veux pas rester de côté pendant que tu te bats pour ta vie, ça me tue de l’intérieur de ne pas être capable de te protéger.”

Ils gardèrent tous les deux le silence pendant quelques instants durant lesquels les mains de Jane montaient et descendaient dans le dos de la jeune femme, l’aidant ainsi à se calmer un peu. Il avait eut peur pour elle, la peur de sa vie et il ne regrettait pas de s’être jeté ainsi dans la bagarre et serait même prêt à le refaire si cela pouvait lui sauver la vie. Il ne pouvait supporter plus longtemps de n’être qu’un bon à rien, même pas capable de défendre la femme de sa vie et de la voir le faire pour lui.

Lisbon avait suivit le fil de ses pensées et elle lui attrapa le visage de ses deux mains, le forçant à rencontrer son regard. Elle lui caressa tendrement la joue, chassant une larme de son pouce avant de poser délicatement ses lèvres sur les siennes. D’avoir vu Jane se battre pour elle, bien que la gênant un peu, lui avait fait chaud au cœur. Il ne savait pas se battre, habituellement c’était toujours elle qui le protégeait. Mais il avait fait ça par amour et elle ne l’en aimait que plus. Il avait mis de côté sa propre sécurité pour elle, comment pourrait-elle lui en vouloir vraiment ?

-“ J’ai quelque chose à te proposer” lui dit-elle en s’écartant de ses lèvres.
-“ Quoi ?”
-“ Quand nous rentrerons à la maison, tu prendras des cours d’auto défense.”
-“ Pourquoi pas” sourit-il en lui serrant la taille. “ Mais avant tout, je veux que tu vois un médecin.”
-“ Oh non” souffla-t-elle.
-“ Oh que si, et je ne veux pas de discussion.”

Ils se sourirent encore une fois avant de partir rejoindre les autres de l’autre côté de la rive. Les trois agents les attendaient sagement à côté de la voiture, ayant préféré leur laisser du temps à eux. Leurs suspicions c’étaient révélées exactes, pour leur plus grande joie, et de voir Jane et Lisbon si proches, si heureux ne pouvait que leur faire plaisir. Grace s’était instinctivement rapproché de Rigsby, se glissant dans ses bras et avait eut un fin sourire lorsqu’il avait refermé ses bras sur elle. C’était ça dont elle avait besoin, de le sentir près d’elle, de le sentir contre elle. La chaleur de son corps lui faisait du bien et la ramenait à des souvenirs lointains, des souvenirs qu’elle n’avait jamais put oublier.

Cho se tenait un peu à l’écart, discutant avec Steve tandis que les autres avaient ramené Travis et Jo au poste. Tout était bel et bien fini à présent, aussi bien l’enquête que la chasse à l’homme et chacun pourrait rentrer chez soi. C’était une bonne chose et le garde forestier n’était pas mécontent de sa collaboration avec le CBI. Il avait eut peur au début que les agents veuillent tout diriger, mais au final tout s’était plutôt bien passé et il ne serait pas contre une nouvelle collaboration, surtout avec cette équipe.

L’homme observa le couple revenir auprès d’eux et se dit qu’il les avait mal jugés. Le blond, aussi emmerdant soit-il, était quelqu’un de très intelligent et un atout pour cette équipe. Il avait vut avec quelle motivation il avait aidé, ne se plaignant jamais, écoutant ce qu’on lui disait à la lettre. Tout le contraire de ce qu’il avait entendu dire sur lui, le grand Patrick Jane. Et bien qu’il soit un peu novice dans l’art du combat au corps à corps, la façon dont il avait combattu avec Jo avait été impressionnante. Il porta ensuite son attention sur la femme, la chef de cette équipe assez particulière. Petite mais combative, ne se laissant pas marcher sur les pieds. Dès leur première rencontre, il avait sut qu’il y avait quelque chose entre ces deux là, un lien particulier. Et il ne s’était pas trompé, il y avait bien quelque chose et toute cette histoire avait eut un impact sur eux. Ils étaient plus proches qu’à leur arrivée, ils avaient découvert quelque chose de plus et Steve était heureux pour eux.

Il avait fait des recherches sur les agents et leur consultant afin de savoir ce qui l’attendait. Ce qu’il avait découvert lui avait fait mal, ces gens n’avaient pas eut une vie facile, mais ils avaient trouvé les bonnes personnes, ceux qui pouvaient les aider et les comprendre sans difficultés. Ces gens étaient vraiment spéciaux et il se sentait fier de les avoir rencontrés. Il se tourna vers l’agent Cho qui avait tourné son regard vers ses deux collègues qui approchaient, toujours dans les bras l’un de l’autre.

-“ Enfin tout est fini” lança Steve.
-“ Oui” lui répondit Cho.
-“ Ça va aller pour eux vous croyez ?”
-“ Je crois que oui, ils sauront s’en remettre.”
-“ Bien, bon je pense qu’il faudrait rentrer maintenant.”

Les deux hommes montèrent en voiture, suivit de près par Rigsby et Van Pelt qui s’installèrent à l’arrière, ne se lâchant plus les mains. Cho ne leur dit rien, il était heureux pour eux, ils avaient assez souffert comme ça dans la vie, ils avaient bien le droit à un peu de bonheur. Il savait que ce ne serait pas facile, que les règles du bureau ne leur laisserait pas le choix de rompre de nouveau, mais cette fois il s’y opposerait. Il ne supporterait pas de les voir de nouveau comme il les avaient vus des mois plus tôt.

Jane et Lisbon arrivèrent enfin près de la voiture, mais avant d’y monter, le mentaliste retint la jeune femme par le bras, la tournant pour lui faire face. Lisbon plongea dans ses yeux et put y voir de la peur, et elle la ressentit elle aussi à cet instant. Elle posa sa main sur sa joue et répondit à sa question muette.

-“ Rien ne changera en rentrant à Sacramento Patrick” souffla-t-elle.
-“ Tu en es certaine ?” S’inquiéta-t-il quand même.
-“ Plus que certaine” lui assura-t-elle. “ Ecoute, je sais que tu as peur, que tu ne veux pas que les choses changent et crois moi je ne le veux pas non plus. Je veux être avec toi Patrick, plus que tout au monde.”
-“ Si tu savais comme je suis heureux d’entendre ça Teresa.”
-“ Je sais Patrick, et je sais aussi que je ne pensais pas qu’un jour, toi et moi ça arriverait, mais voilà, c’est arrivé.”
-“ Allez, montes en voiture, les autres nous attendent.”

Le couple monta avec les autres et ils partirent tous pour le poste des gardes forestiers. Ils avaient encore deux chasseurs à interroger, bien que cela ne soit plus très utile, les deux autres ayant déjà avoué leur culpabilité et celle des deux autres.



Après que Steve ait installé les deux chasseurs en cellules, il avait conduit l’équipe du CBI à l’hôtel pour qu’ils se reposent. Comme plus tôt, Rigsby avait proposé sa chambre à Van Pelt, mais Cho s’y opposa et leur ordonna presque de s’installer dans la même chambre, arguant qu’ils avaient besoin de parler, ce qui fut nécessaire pour les deux agents. L’asiatique prit donc l’autre chambre, fier de sa démarche et espérant que cela suffirait pour que ses amis décident d’aller de l’avant sans prendre en compte ce foutu règlement.

La jeune femme se trouvait donc dans la salle de bain, tandis que Rigsby était assis sur le bord du lit. Il ne savait pas vraiment quoi lui dire, comment aborder ce sujet. Il avait eut si peur pour elle lorsqu’elle avait disparu en forêt, sans personne pour la protéger. Il savait bien qu’elle était comme Lisbon, indépendante, peut-être un peu plus sensible toutefois. Elle avait sut se sortir de cette situation, elle avait sut faire appel à tout ce qu’elle savait sur la survie dans la nature et elle était revenue. Maintenant, il ne voulait plus la perdre.

Lorsque la jeune femme sortit de la salle de bain, elle sentit un certain malaise prendre possession d’elle, ne sachant plus quoi faire. Elle se trouvait dans la chambre de Rigsby, avec Rigsby et cela lui faisait peur. Ce n’était pas la première fois, mais aujourd’hui c’était différent. Elle se souvenait encore de sa discussion avec Lisbon quelques nuits plus tôt dans cette grotte, elle se souvenait lui avoir dit vouloir avancer dans la vie, vouloir trouver un homme avec qui faire sa vie. Elle savait exactement qui était cet homme et c’était ça qui lui faisait peur, car elle savait que ce ne serait jamais possible.

Elle avança et pris place à côté de lui sur le lit. Immédiatement, la main de Rigsby pris la sienne et elle sentit des frissons lui parcourir le corps entier. Ça faisait si longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvés seuls tous les deux qu’elle ne savait pas si elle devait apprécier ou pas. Son cœur lui criait que oui, qu’elle devait profiter de cette nouvelle chance que lui offrait la vie, mais son cerveau lui criait de fuir et de ne jamais revenir. Elle ne savait plus quoi faire du tout, elle était perdue.

-“ Grace, je… je ne sais pas quoi te dire… je suis…”
-“ Ça va Wayne, je vais bien.”

Rigsby ne résista pas plus longtemps et la pris dans ses bras, la serrant aussi fort qu’il le put, laissant les larmes couler sur ses joues. Il sentit les bras de Grace lui entourer la taille et ses propres larmes lui mouiller la chemise. Ils pleurèrent ainsi pendant plusieurs minutes, se vidant de leur peur, de leur peine et ne laissant que la joie d’être de nouveau réunis. Rigsby fut le premier à s’écarter, mais il garda ses bras autours de la taille de la jeune femme.

-“ Grace, je sais que… je suis un collègue, que le règlement nous interdit mais…”
-“ J’aimerais tant moi aussi Wayne” finit-elle pour lui.
-“ Vraiment ?”
-“ Je n’ai jamais voulu me séparer de toi, je… je t’aime toujours Wayne, de tout mon cœur.”
-“ Oh Grace.”

Leurs visages se rapprochèrent, leurs regards se bloquèrent l’un dans l’autre et finalement, leurs lèvres se touchèrent avec tendresse, douceur et amour. Ils s’embrassèrent avant tant d’amour que le temps semblait être arrêté, que le monde semblait ne plus exister. Ils n’étaient que tous les deux, plus rien n’existait pour eux. Rigsby poussa légèrement Grace en arrière et elle se retrouva sur le dos, le brun au dessus d’elle, la recouvrant de son corps. Il laissa l’une de ses mains remonter jusqu’à la joue de la jeune femme tandis que la seconde restait sur sa hanche. Les mains de Grace se posèrent dans la nuque de l’homme, elle y joua avec ses cheveux, lui provoquant des frissons de plaisir et elle l’entendit gémir contre ses lèvres. Le reste de la nuit se passa dans le plus grand silence, le couple réapprenant à s’aimer.




Un peu plus loin dans le couloir, dans une autre chambre, un autre couple apprenait à s’aimer. Jane et Lisbon se trouvaient dans le lit, ensemble, dans les bras l’un de l’autre. Encore une fois, la jeune femme avait refusé de rester à l’hôpital, préférant rentrer avec le mentaliste. Il n’y avait plus la gêne de la première fois, tout avait été dit, enfin presque tout. Ils s’étaient mis d’accord sur le fait qu’ils refusaient de changer quoi que ce soit entre eux une fois de retour à Sacramento, ils voulaient continuer de se voir.

Ils avaient beaucoup souffert dans leur vie, chacun à sa façon, pas la même mais ils ne s’en comprenaient que mieux. Lisbon savait que Jane aurait du mal à s’ouvrir complètement à elle et elle ne lui demandait pas de le faire maintenant, elle lui laisserait le temps qu’il faudrait. Elle ne voulait pas qu’il se croit coincé dans une relation où il serait mal à l’aise. Elle savait qu’il aimait encore sa femme, qu’Angela serait toujours dans son cœur et elle ne lui demandait pas de l’oublier. La seule chose qu’elle voulait était qu’il ne la laisse pas de côté, qu’il lui parle si quelque chose n’allait pas.

Jane de son côté, ne savait que peu de choses sur le passé de Lisbon, juste ce qu’elle avait bien voulu lui dire, et ce n’était vraiment pas beaucoup. Il voulait en savoir plus sur elle, il voulait savoir ce qu’elle avait vécu qui avait fait d’elle cette femme aujourd’hui. Mais il savait aussi qu’elle ne parlerait que lorsqu’elle serait prête pour ça et pas avant. Il respectait son silence, tout comme elle respectait le sien. Il se tourna dans le lit, se plaçant sur le côté et Lisbon en fit autant.

-“ Teresa, je voudrais te dire quelque chose de très important pour moi.”
-“ Ne dis rien maintenant Patrick, on a le temps.”
-“ Mais je veux que tu le saches, je veux que tu saches à quel point tu es importante pour moi.”
-“ Je le sais déjà ça, tu l’es toi aussi pour moi.”
-“ Toutes ces années à travailler avec toi, à te voir si forte, si indépendante. Tu es une femme formidable Teresa, si gentille.”
-“ Patrick…”
-“ Tu es la seule à savoir tout de moi, à me comprendre, à avoir vu le meilleur et le pire de moi sans jamais me juger. Je ne pensais pas qu’un jour ça arriverait de nouveau mais… je suis tombé amoureux de toi Teresa.”
-“ Patrick…”
-“ Je t’aime Teresa, plus que ma vie et je ne veux plus jamais devoir vivre ça. Je ne supporterais pas de te perdre comme j’ai perdu ma famille.”
-“ Tu ne me perdras jamais Patrick, je serais toujours là pour toi parce que…. Je t’aime moi aussi.”

Ils restèrent silencieux un moment, savourant d’avoir enfin été complètement honnêtes l’un avec l’autre. Ils s’étaient enfin avoué leurs sentiments avec des mots, ils avaient enfin fait ce pas en avant dont ils avaient eut si peur pendant toutes ces années. La vie avait été difficile avec eux, mais ensemble ils pourraient réapprendre à être heureux.
Pour le moment, ils voulaient juste profiter de ce nouveau bonheur, profiter de l’autre autant que possible. Jane se rapprocha de Lisbon et l’embrassa tendrement avant de s’installer confortablement dans le lit, serrant la jeune femme contre lui. Lisbon posa sa tête sur le torse de l’homme et ferma les yeux. Ils s’endormirent ainsi.


Au petit matin, lorsque Lisbon ouvrit les yeux, elle se retrouva seule dans le lit. Jane n’était pas là, et ses affaires n’étaient plus dans la chambre. Elle se redressa vivement dans le lit, le cœur battant la chamade. Où pouvait-il être ? Était-il partit ? Avait-il eu peur d’aller de l’avant ? Mais pourtant ses mots de la veille lui avait laissé penser qu’il était prêt pour ça, alors que s’était-il passé ? Elle se laissa retomber sur les oreillers, retenant un sanglot lorsque la porte de la chambre s’ouvrit sur un Patrick Jane souriant. Mais en voyant la jeune femme, il perdit son sourire, posa le plateau qu’il avait dans les mains et se précipita vers le lit.

-“ Teresa, que se passe-t-il ?” S’inquiéta le mentaliste.

En voyant Jane arriver vers elle, en voyant l’inquiétude sur son visage, elle se sentit honteuse d’avoir crut un seul instant qu’il ait put partir. Elle chassa ses larmes avant de se tourner vers lui.

-“ Rien du tout Patrick, tout va bien” lui répondit-elle avec un sourire.
-“ Tu… tu as cru que j’étais parti ?”
-“ Non je…” commença-t-elle, mais elle se ravisa, elle ne pouvait pas lui mentir. “ Oui.”
-“ Je ne te laisserais jamais Teresa, je te l’ai dis.”
-“ Je sais, je suis désolé. C’est juste que …”
-“ Tu n’as jamais eut quelqu’un dans ta vie avant et tu as peur de l’avenir.”
-“ Oui, mais je sais que tu ne me feras jamais ça. Je le sais mais… il y a toujours une part de moi qui a peur.”
-“ Ça passera avec le temps, tout comme ma peur de te perdre. Ensemble, on surmontera ça.”

Jane lui déposa un baiser sur le front avant de retourner vers le bureau et d’y prendre ce qu’il avait posé en arrivant. Il se rapprocha du lit avec un plateau sur lequel se trouvait une tasse de café fumant, une tasse de thé ainsi qu’un verre avec une rose. Lisbon sourit de toutes ses dents, ne s’attendant pas à quelque chose comme ça, n’étant pas habituée à ce qu’on s’occupe d’elle comme ça. Jane était un homme formidable, elle le voyait sous un autre jour, elle le voyait tel qu’il était lorsqu’il aimait quelqu’un. Elle aurait du mal à s’y habituer, mais elle finirait par y arriver.

Le mentaliste s’installa sur le lit, pris sa tasse et tendit l’autre à la jeune femme. Ils savourèrent leur boisson matinale ensemble comme un couple, ce qu’ils étaient depuis peu. Ils se levèrent ensuite pour se préparer et rentrer chez eux. Ils quittèrent la chambre qui avait vu naître leur amour, qui avait appris leur amour l’un pour l’autre. Ils rejoignirent ensuite les autres et ensemble, tout le monde rentra à Sacramento où leur vie les attendait.

*****

Epilogue

L’équipe était enfin de retour à Sacramento, presque une semaine après leur départ. Ils avaient fait un rapide passage au CBI pour se faire immédiatement renvoyer chez eux par Wainwright qui jugeait qu’ils avaient besoin de repos après ce qu’ils avaient vécu, ce qui convenait parfaitement à tout le monde.

Sans grande surprise, Van Pelt et Rigsby étaient partis main dans la main, une fois hors de vue du patron bien entendu. Ils refusaient de se quitter à présent, ils avaient eut bien trop peur ces derniers jours et se rendaient comptent que la vie était trop courte pour ne pas en profiter.

Cho était rentré seul chez lui, après s’être assuré que ses collègues allaient bien. Lui aussi avait eut peur et, même s’il ne le montrait pas, il se faisait du souci pour eux. Il était comme ça, discret, silencieux, mais n’en restait pas moins un ami fiable sur lequel on pouvait compter.

Quand à Jane et Lisbon, ils étaient restés un peu plus que les autres, la jeune femme voulant terminer son rapport afin de profiter pleinement de ces quelques jours de repos qu’elle venait d’avoir, et Jane refusait de la laisser seule. Ils étaient déjà quasiment inséparables avant toute cette histoire, mais maintenant c’était encore pire. Jane avait eut la peur de sa vie, il avait cru perdre Lisbon dans cette forêt et il n’était pas prêt à la laisser seule, ne serait-ce que pour aller se faire un thé. Il était devenu beaucoup trop protecteur envers la jeune femme, mais il ne pouvait s’en empêcher. Elle était tout pour lui, elle était celle qui faisait battre son cœur, celle pour qui il ferait tout et n’importe quoi. Alors si elle restait au bureau, alors il resterait avec elle.

Le mentaliste avait bien tenté de la faire changer d’avis, de lui faire comprendre que ce rapport pouvait bien attendre quelques jours, qu’elle avait besoin de repos, mais elle avait refusé et il avait abandonné. Du moment qu’elle n’y passait pas la nuit, il était d'accord. Mais avant de se mettre au travail, il était parvenu à la trainer à la cuisine pour lui préparer une boisson chaude, quelque chose qui l’aiderait à se détendre un peu. Et à sa plus grande surprise, lorsqu’il lui avait tendu la tasse de thé fumante, elle l’avait prise en le remerciant avant d’en boire une petite gorgée, savourant la chaleur se répandant dans son corps. Ils étaient ensuite allés dans le bureau de la brunette et, tandis que Lisbon s’installait derrière son ordinateur, Jane s’installait sur le divan, fermant les yeux et savourant le fait d’être de retour, avec Lisbon.

Contre toute attente, le blond avait fini par s’endormir sur le divan, bien qu’il pensait que cela ne serait pas possible. Il n’était pas vraiment dans ses habitudes de s’endormir aussi vite, ou de dormir tout court. Mais la présence de Lisbon dans la pièce avait un effet apaisant sur lui et le sommeil avait gagné. Ce ne fut que quelques heures plus tard, peut-être deux, qu’il se réveilla en entendant gémir à côté de lui. Il ouvrit les yeux pour voir Lisbon installée contre lui sur le divan, bien serrée contre son corps. Il ne l’avait même pas sentie le rejoindre et un fin sourire étira ses lèvres, pour disparaitre instantanément en entendant de nouveau gémir la jeune femme.

Jane se redressa un peu pour pouvoir voir le visage de la jeune femme et son cœur se serra en voyant les larmes couler sur ses joues, ses lèvres pincées, les sourcils froncés. Elle secouait la tête de gauche à droite, puis de droite à gauche. Elle commença à s’agiter, à murmurer des mots faibles, mais pas assez car Jane put comprendre des ‘non’ et des ‘laissez-moi’. Il posa une main sur l’épaule de Lisbon et une autre sur sa joue qu’il caressa tendrement, tentant de l’apaiser sans la réveiller. Mais ça ne marchait pas et il ne se sentait pas de la laisser se battre ainsi dans son sommeil. Il décida donc de la réveiller, en douceur.

-“ Teresa, ouvres les yeux” murmura-t-il à son oreille.

Lisbon secoua la tête, mais n’ouvrit pas les yeux. Les larmes coulèrent encore plus sur ses joues, ses bras s’agitèrent et Jane esquiva une main qui faillit heurter son visage. Il tenta de nouveau de la réveiller, la tournant vers lui cette fois, la faisant rouler afin qu’elle se retrouve sur le dos.

-“ Teresa, c’est un cauchemar, ouvres les yeux s’il te plait” demanda t-il.
-“ Non” pleura Lisbon. “ Pas ça, ne me touchez pas…”

Jane sentit son cœur se serrer. Avait-elle vécu quelque chose qu’il ne savait pas ? Jo avait-il eut des gestes déplacés sans qu’elle ne dise rien à personne ? Il ne le savait pas, il n’était pas avec elle tout le temps et il s’en voulut encore plus de ne pas s’être réveillé lorsque l’homme était venu la prendre. Si jamais il lui avait fait ce qu’il croyait, la prison ne serait pas suffisante pour l’empêcher de venger la jeune femme.
Un nouveau gémissement de Lisbon lui tira des larmes.

-“ Patrick, je t’en pris aide moi Patrick,” gémit-elle alors que ses mains attrapaient la chemise de Jane.
-“ Je suis là Teresa, je suis là” la rassura-t-il en posant sa main à plat sur sa joue. “ Ouvres les yeux s’il te plait.”

Lisbon ouvrit brusquement les yeux et se dégagea de Jane violemment, ne se rappelant pas d’où elle se trouvait. Son regard hagard circula dans la pièce jusqu’à ce qu’il tombe sur Jane dont les yeux laissaient voir de l’inquiétude. Elle fut surprise de voir des larmes sur ses joues, elle leva la main et effleura sa joue du bout de doigts, sursautant légèrement en se rendant compte que c’était de vraies larmes. Elle releva les yeux vers lui et se jeta à son cou, le serrant fort contre elle, calant sa tête aussi près que possible.

Jane entoura sa taille, lui rendant son étreinte, laissant sa souffrance disparaitre rien que par la chaleur de Lisbon contre lui. Il perdit son nez dans sa chevelure ébène, inhalant son parfum de cannelle, savourant leur douceur avant de se reculer pour pouvoir voir son visage. Lorsque leurs regards se croisèrent, il ne résista pas et plongea sur elle pour capturer ses lèvres dans un baiser brulant de désir, sauvage et tendre à la fois, urgent et impatient. Ils avaient autant besoin l’un que l’autre de se rassurer, de se savoir en sécurité, ensemble. Lisbon passa ses mains dans la nuque de Jane et croisa ses doigts, jouant avec les petites boucles blondes à sa portée. Ses lèvres s’ouvrir lorsque la langue de Jane passa dessus, léchant ce petit bout de peau tendre. Leurs langues se touchèrent et l’électricité se diffusa en eux.

Les mains se Jane passèrent sous la chemise de Lisbon, caressant sa peau si douce. Il savait qu’il ne devait pas faire ça, que c’était trop tôt, qu’aussi bien Lisbon que lui n’étaient pas encore prêt pour ça. Ils avaient encore beaucoup de choses à se dire, ils devaient avant tout surpasser ce qu’ils avaient vécu cette semaine. Lisbon allait faire des cauchemars pendant encore bien longtemps, il le savait mais ne pouvait rien y faire, si ce n’est être présent pour elle. Après encore quelques minutes à s’embrasser, Jane se recula pour poser son front contre celui de la jeune femme.

-“ On devrait partir Teresa” souffla-t-il contre ses lèvres.
-“ Et pour aller où ?” lui demanda-t-elle en plongeant dans ses yeux.
-“ Où tu voudras.”
-“ Chez moi, allons chez moi Patrick” sourit-elle.
-“ Allons chez toi ma douce.”
-“ Chez nous” rectifia-t-elle.”

Les yeux de Jane s’agrandir de surprise aux mots de la jeune femme, il ne s’attendait pas du tout à ce qu’elle lui propose un toit comme ça. Il n’avait pas envisagé une seconde que Lisbon serait assez à l’aise pour l’inviter chez elle ainsi, pour faire de son appartement leur maison à eux deux. Il était si heureux et si ému qu’il ne trouva pas de mots qui pourraient assez exprimer ce qu’il ressentait à cet instant. Alors il se pencha vers elle pour poser un tendre baiser sur ses lèvres. Puis, il se leva, attrapa la main de Lisbon et il l’entraina vers la porte, lui tendant sa veste en passant. Elle lui sourit et le suivit jusqu’à l’ascenseur où ils s’engouffrèrent tous les deux.



Le trajet jusque chez Lisbon se fit en silence, ni l’un ni l’autre ne sachant quoi dire, les choses allant peut-être trop vite pour eux. Lisbon n’avait jamais eut de relations sérieuses de sa vie, elle n’avait jamais été assez à l’aise avec un homme pour le laisser entrer dans sa vie ainsi. La peur de souffrir surement, elle avait déjà bien assez souffert étant enfant avec son père. Peut-être que cette incertitude et cette peur envers les hommes venait de là, de ce qu’elle avait vécu avec son père, celui qu’elle prenait pour un héros, celui qui était son modèle et qui avait fini par la détruire, ainsi que ses frères. Elle n’avait jamais voulut le reconnaitre, mais elle avait peur des hommes, pas physiquement, plutôt émotionnellement.

Jane de son côté avait peur, il n’avait pas eut de relations avec une femme depuis sa défunte épouse, Angela. Cette femme avait été la première, celle qui lui avait fait découvrir l’amour, celle qui avait fait de lui l’homme le plus heureux du monde en acceptant de devenir sa femme et de faire de lui un père avec sa petite Charlotte, son petit ange, son amour. Lorsqu’elles étaient mortes, il avait crut que son monde s’écroulait, qu’il ne pourrait jamais plus aimer une femme, qu’il ne pourrait jamais plus aimer. Il s’était fixé un but, celui de retrouver le monstre qui avait détruit sa vie, sa famille et le faire payer. Il était entré au CBI pour ça, pour accomplir sa vengeance, mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est qu’il y trouverait la force d’oublier tout ça par le simple regard d’une femme. Et pas n’importe quelle femme, Teresa Lisbon. Son regard lui laissait savoir qu’elle aussi avait beaucoup souffert dans sa vie et que pourtant, elle avait réussi à surmonter tout ça pour vivre sa vie et il était fier de la connaitre.

Aujourd’hui, il avait réapprit à aimer, et toujours grâce à elle, Teresa, cette femme qui avait sut faire renaitre ce qu’il croyait avoir perdu à jamais. La semaine passée avait été éprouvante pour tout le monde, il avait crut l’avoir perdue à jamais, il avait crut ne jamais la revoir et aujourd’hui elle était là, avec lui et elle ne le quitterait jamais, du moins l’espérait-il. Il savait qu’il avait encore beaucoup de choses à faire pour que leur couple fonctionne, qu’il devait changer. Mais il savait que Lisbon serait là avec lui, qu’elle l’aiderait à devenir cet homme qui lui fallait.

Ils arrivèrent à l’appartement de Lisbon assez vite et y entrèrent tout les deux. Lisbon posa ses affaires sur le meuble à l’entrée et se dirigea vers le canapé où elle pris place. Elle fit signe à Jane de la rejoindre avec sa main et le mentaliste vint s’asseoir près d’elle, prenant sa main dans la sienne. Il la serra un moment avant de finalement la prendre dans ses bras.

-“ Je quelque chose à te dire Teresa” commença-t-il, “ je… je ne suis pas certain d’être prêt à… refaire ma vie.”
-“ Patrick, je sais que tu as peur et je dois bien avouer que moi aussi” souffla-t-elle en posant sa tête contre son torse et l’entourant de ses bras, “ je ne suis pas habituée à avoir un homme dans ma vie, je ne sais même pas quoi faire. Mais je… je t’aime et je sais que je veux vivre avec toi, je veux faire quelque chose de ma vie et je veux que tu en fasses partie.”
-“ Mais tu sais que je ne suis pas un homme bien, que je n’apporte que le malheur autour de moi et il n’en sera pas différent avec toi.”
-“ Je refuse de t’entendre dire des choses pareilles Patrick” s’énerva Lisbon. “ Je sais ce que tu as vécu, je sais que tu as souffert et que tu as peur de ne pas savoir me rendre heureuse, mais j’ai une grande nouvelle pour toi Patrick Jane, c’est ta présence qui me rend heureuse et rien d’autre. Je ne te demande pas de changer et de devenir un autre homme, je veux juste que tu sois toi car c’est de toi que je suis tombée amoureuse.”

Jane garda le silence un moment, encore abasourdi par les paroles de Lisbon. Il ne pensait pas être l’homme pour elle et finalement, ce n’était que lui qu’elle voulait, lui comme il était. Il était heureux d’entendre ça, il était heureux qu’elle l’aime ainsi et pour lui prouver à quel point elle lui avait fait du bien par ces mots, il la serra dans ses bras et lui embrassa le cou. Lisbon frissonna dans ses bras et releva la tête pour croiser ses lèvres. Un doux baiser fut échangé avant que le couple se laisse emporter par leur enthousiasme et qu’ils commencent à se toucher, à passer les mains sous les vêtements, à découvrir le corps de l’autre comme ils ne l’avaient jamais fait avant.

C’était soudain, ni l’un ni l’autre ne pensaient franchir cette étape aussi vite, mais la vie était trop courte pour attendre et ils s’aimaient vraiment, assez pour décider d’avancer. Jane fit basculer Lisbon sous lui, sans jamais quitter ses lèvres, puis il les quitta pour déposer une multitude de baisers dans son cou, descendant toujours plus bas. Il atteignit sa poitrine qu’il embrassa à travers sa chemise mais elle le gêna bien vite alors il entreprit d’en défaire les boutons pour révéler une peau douce et blanche. Il resta un moment à observer ce corps si parfait, une poitrine délicate qu’il embrassa avec douceur. Il sentit Lisbon se relaxer complètement sous ses baisers, passant ses mains dans ses cheveux.

Le mentaliste partit à la découverte d’une Lisbon qu’il ne connaissait pas, une Lisbon câline, tendre, aimante. Il embrassa chaque parcelle de peau qu’il put avant de trouver une autre barrière sur son chemin, le pantalon de Lisbon qui rejoignit bien vite la chemise sur le sol. Bientôt, ils se retrouvèrent tout les deux nus et finirent par s’unir le plus tendrement du monde. Ils passèrent la nuit à s’aimer sans jamais arrêter.



Au petit matin, Jane s’éveilla avec Lisbon dans les bras. Il resta un moment à la regarder dormir, admirant le jeu du soleil sur sa peau douce et laiteuse. Il y passa la main et ferma les yeux en reposant sa tête contre l’accoudoir du canapé. Il contempla un moment ce qu’avait été sa vie depuis sa jeunesse avec son père. Il avait fait des choses biens, des choses mal, il avait construit sa vie et aujourd’hui il pensait enfin avoir réussi. Il avait perdu une famille pour en fonder une autre qu’il avait également perdue. Maintenant il avait la chance de pouvoir fonder une nouvelle famille et celle la il ferait tout pour la préserver, la protéger.

Jane sentit Lisbon bouger dans ses bras et il baissa les yeux pour tomber dans l’émeraude des siens. Ils se sourirent avant de s’embrasser tendrement. Lisbon ferma les yeux, approfondissant le baiser en se glissant sur son amant. Elle le sentit l’entourer de ses bras et elle sourit contre ses lèvres.

-“ Et si on se levait mon amour ?” proposa le mentaliste.
-“ J’ai plutôt envie de rester là, dans tes bras,” lui répondit-elle.
-“ Mais j’ai faim moi, alors debout.”

Lisbon grogna un peu pour la forme mais consentit enfin à se lever. Ils allèrent à la cuisine, se préparèrent leurs boissons favorites et burent tranquillement avant de monter dans la chambre. Leurs première journée se passa ainsi, alternant entre baisers et caresses jusqu’à ce qu’ils s’endorment, éreintés. Une semaine à courir à travers les bois, une semaine à avoir peur et à vivre l’enfer et tout ça pour quoi ? Pour trouver la seule véritable personne qui comptait pour eux.

Et c’est ainsi que Patrick Jane et Teresa Lisbon se reconstruire une vie rien qu’à eux, une vie heureuse. Oh bien entendu tout n’était pas rose, ils y avaient aussi des disputes, des cris et des pleurs, mais le plus important était qu’ils s’aimaient. Rien ne pourrait les séparer, pas même certains agents au bureau qui se moquaient sans cesse de Jane, sous entendant qu’il couchait avec Lisbon que pour couvrir ses frasques. Ils ne les écoutaient pas, cela les faisaient rire au contraire. Ils savaient que certains ne comprenaient pas ce qu’il y avait entre eux, mais qu’importe. Ils s’aimaient, ils étaient heureux, voilà le plus important.