Promenons nous dans les bois ^

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Prélude

Les deux femmes courraient à en perdre haleine, slalomant entre les arbres et les buissons, sautant par dessus les branches au sol, tentant vainement de semer leurs poursuivants. Mais les deux hommes étaient rapides et par-dessus tout ils étaient armés. Elles n’avaient pas la moindre chance de sortir d’ici, mais elles la tentaient tout de même. Elles ne voulaient pas mourir ici, elles n’étaient pas de celles à lâcher prise si facilement. Il fallait juste qu’elles gardent espoir, qu’elles continuent de courir et surtout qu’elles fassent attention.

Soudain, un coup de feu retentit derrière elles et Lisbon se jeta au sol, entrainant Van Pelt avec elle. Elles rampèrent dans les feuilles mortes, le plus silencieusement possible et trouvèrent un buisson derrière lequel se cacher. Grace respirait vite, sa jambe lui faisait mal, ses pieds avaient du mal à la porter et elle commençait à perdre cet espoir que Lisbon voulait absolument conserver. Elle n’était pas aussi forte que sa patronne, elle le savait et ne s’en cachait pas. Elle regrettait juste que la jeune femme soit coincée avec elle et non pas avec Cho ou Rigsby, eux auraient sut quoi faire, pas elle. Elle sentit Lisbon poser la main sur son épaule et elle releva la tête pour croiser le regard de sa patronne, un regard qui se voulait rassurant, bien qu’elle puisse y voir la même peur que la sienne.

-“ On va s’en sortir Van Pelt” chuchota Lisbon.
-“ Comment ?” Souffla la rouquine.
-“ On va trouver un moyen de sortir de cette forêt et on rentrera chez nous” dit alors Lisbon. “ Les autres doivent déjà nous chercher et Jane saura où nous trouver. Il trouve toujours.”

Les derniers mots avaient été dit bien plus bas, comme une prière. Van Pelt savait que Lisbon voulait se montrer forte pour elle, qu’elle voulait la rassurer. Mais la jeune femme savait que sa collègue était au moins aussi apeurée qu’elle, cela se voyait et il ne fallait pas en avoir honte.

-“ Il faut trouver un endroit où passer la nuit” murmura Lisbon. “ Demain nous chercherons un moyen de sortir d’ici et de contacter les autorités locales.”
-“ D’accord” acquiesça Grace. “ Je crois avoir vu une petite grotte un peu plus loin sur le flanc de cette montagne, je pense que nous devrions être en sécurité là-bas.”
-“ Allons-y.”

Les deux femmes sortirent la tête du buisson, vérifièrent que leurs poursuivant ne se trouvaient pas dans les parages et se redressèrent avant de partir en courant vers l’endroit qu’avait indiqué Grace. Ce n’était pas très loin et l’obscurité les aiderait à ne pas se faire repérer par les braconniers. C’était tout de même un peu risqué, mais elles n’avaient pas le choix, elles ne pouvaient pas passer la nuit dans ces buissons, les hommes pourraient facilement les trouver là et elles seraient perdues. Mais si elles faisaient bien attention, alors elles seraient au moins sauves pour la nuit. Il fallait juste tenir jusqu’à l’arrivée des renforts, s’ils parvenaient à les trouver.

*****

Prologue

Le ciel était si bleu dans le ciel, l’air si pur, la nature si belle. Les petits oiseaux chantaient dans les branches, les animaux de la forêt se prélassaient tranquillement dans l’herbe lorsque quelque chose vint rompre la tranquillité de l’instant, anéantissant la magie naturelle. Un cri déchira l’air, faisant fuir tout les animaux, faisant s’envoler les oiseaux. Le calme fit place à l’excitation, à la peur, au bruit qui ne cesserait pas avant des heures, voir peut-être plus. Mais lorsque tout serait fini, la magie n’opérerait plus, le charme était rompu.

La jeune femme tomba à genoux, une main se tenant la poitrine tandis que de l’autre elle tentait de rester droite, malgré la douleur qui lui traversait le corps. Elle ne chercha pas à fuir lorsque l’homme s’approcha d’elle, son fusil pointé devant lui. Elle savait que cela ne servait plus à rien, elle allait mourir, elle le sentait. C’était la fin alors qu’elle n’était qu’à l’aube de sa vie. Elle n’avait pas eu le temps de réaliser ses rêves, elle n’avait pas eu le temps de voir le monde comme elle voulait le faire. Comment un simple week-end avec des amis avait-il put devenir une course contre la mort ? Comment la plus belle sortie de sa vie pouvait-elle se finir dans un bain de sang ? Elle ne le savait pas mais ce qu’elle savait c’était qu’elle avait tout fait pour s’en sortir, elle et ses amis, mais ils n’avaient pas été assez forts. Elle ne savait pas ce qu’étaient devenus les autres, ils devaient certainement déjà être morts eux aussi et elle allait bientôt les rejoindre.

Les pas s’arrêtèrent derrière elle mais elle ne bougea pas, elle ne voulait pas lui montrer qu’il avait gagné, même si c’était le cas. Elle se montrerait forte jusqu’à la fin. L’homme vint se placer en face d’elle et elle releva la tête pour le fixer de ses yeux haineux. Il allait peut-être la tuer, mais elle allait mourir avec toute sa dignité. Avec toutes les difficultés du monde, elle se redressa, titubant un peu avant de se tenir droite devant lui, relevant haut la tête.

“ Vous paierez pour ce que vous avez fait” lui cracha-t-elle.
“ Mais tu ne seras plus là pour le voir” lui répondit l’homme avant de lever son fusil.

Le coup de feu partit et la jeune fille tomba en arrière, une balle dans le cœur. Elle atterri lourdement dans les feuilles mortes sous les rires de l’homme et de ses compagnons qui venaient de le rejoindre, chacun tenant son propre fusil. Ils se placèrent autour d’elle et la fixèrent un moment avant de partir, la laissant là à la merci des animaux sauvages qui se régaleraient de sa carcasse. Ils n’en avaient rien à faire, personne ne saurait jamais ce qu’il était advenu d’elle, personne ne retrouverait jamais son corps.


La quiétude de la forêt venait une fois de plus d’être brisée par l’arrivée des gardes forestiers ainsi que de l’équipe du CBI de Teresa Lisbon. Il y avait aujourd’hui plus de monde qu’il n’y en avait eu depuis bien longtemps et les animaux sauvages étaient partit se réfugier dans les montagnes pour échapper à cette civilisation qui n’avait rien à faire ici. Une jeune femme sortit du groupe pour s’approcher d’une forme sur le sol, la raison de leur présence ici. Elle s’accroupit, examina ce qui restait de la jeune fille avant de se relever et de se tourner vers le garde forestier se trouvant juste à côté d’elle.

-“ Qui a retrouvé le corps ?” demanda-t-elle.
-“ Un randonneur” lui répondit l’homme. “ Il est là-bas” indiqua-t-il du doigt vers un petit groupe un peu plus loin.
-“ Vous avez l’identité de la victime ?” Questionna-t-elle en époussetant les quelques brindilles qui s’étaient accrochées sur son pantalon.
-“ Lucy Rhys, dix-sept ans” lu l’homme sur le petit carnet qu’il avait dans les mains. “ Elle était venu camper avec des amis, mais nous ne les avons pas encore retrouvés.”
-“ Combien étaient-ils ?”
-“ Quatre, deux filles et deux garçons.”
-“ Bien, lorsque la police scientifique sera là, je voudrais que d’éventuelles empreintes soient relevées, si toutefois on en trouve.”
-“ J’y veillerais.”

La jeune femme s’éloigna ensuite pour rejoindre le randonneur qui avait fait la macabre découverte. C’était un homme d’environ vingt cinq ans, mince, l’air un peu hagard, mais on le serait aussi si on avait retrouvé les restes presque inexistants d’une adolescente au milieu de la forêt. Elle savait qu’il ne fallait pas le brusquer si elle voulait avoir des informations. Mais les pas qu’elle entendit derrière elle, ainsi que la voix qui résonna à ses oreilles la firent déchanter. Jane venait d’arriver et avec lui ses mauvaises blagues en tout genre.

Le mentaliste arriva à sa hauteur et calqua ses pas sur les siens. Ils marchèrent en silence et Lisbon s’étonna qu’il n’est encore rien dit, il n’était pas du genre à garder le silence ainsi, cela ne présageait rien de bon. Elle sentait que ce calme ne durerait pas très longtemps et cela se confirma lorsqu’elle entendit de nouveau le son de sa voix.

-“ Belle journée pour une balade en forêt” dit-il d’un air enjoué.
-“ Une jeune fille est morte Jane, ce n’est pas une bonne journée” le réprimanda t-elle.
-“ Oh Lisbon, mais regardez le ciel est bleu, les petits oiseaux chantent…”
-“ Et j’ai un travail à faire” le coupa-t-elle, “ et vous aussi.”
-“ Très bien très bien, pas la peine de vous énerver” dit-il en levant les mains devant lui en signe d’innocence.
-“ C’est vous qui m’énervez Jane” souffla-t-elle d’exaspération.
-“ Bon alors dites moi tout” capitula le blond.
-“ Lucy Rhys, dix sept ans, découverte par ce jeune homme ce matin. Elle était venue camper avec des amis, portés disparus pour le moment.”
-“ Alors allons interroger le témoin dans ce cas.”

Il partit devant et Lisbon accéléra le pas pour le rattraper avant qu’il ne fasse une bêtise. Cette enquête n’allait pas être facile, elle le sentait, elle avait un mauvais pressentiment. Elle n’aimait pas spécialement les forêts, elle n’aimait pas se trouver ici, mais elle avait un travail à faire. La victime avait était été presque entièrement dévorée par les animaux sauvages, il ne serait donc pas facile de déterminer l’heure exacte de sa mort. Mais elle travaillait avec de bons agents et ils trouveraient tout ce dont elle aurait besoin pour mener à bien cette enquête et en finir au plus vite.


L’interrogatoire ne donna pas grand-chose, l’homme étant bien trop bouleversé pour répondre aux questions, alors Lisbon et son équipe retournèrent au bureau pour commencer leur travail d’investigation. La jeune femme se sentit mieux à l’instant où ils quittèrent la scène de crime, mais elle sentit comme des petits picotements dans sa nuque, comme si quelqu’un était en train de l’observer. Mais lorsqu’elle se retourna, elle ne trouva rien de suspect, si ce n’est une bande d’agents venant perturber le calme de ce lieu.

Elle monta dans la voiture, Jane prenant place sur le siège passager, histoire de lui casser les pieds jusqu’au bureau, tandis que les autres prenaient place à l’arrière. Elle démarra et quitta ce lieu, ne remarquant pas le petit groupe d’homme qui les suivaient des yeux plus loin dans les bois.

*****

Rencontre bouleversante

Lisbon se trouvait dans son bureau, épluchant les dossiers des trois disparus, cherchant à en apprendre un maximum sur eux, s’ils avaient des ennemis, s’ils s’étaient retrouvés dans une situation quelconque qui les aurait entraînés dans les problèmes. En gros la routine et cela lui convenait parfaitement, du moment qu’elle ne se trouvait plus dans cette foret. Il y avait quelque chose là bas qui la mettait mal à l’aise, quelque chose de sombre. Elle finirait par savoir ce que c’était, elle devrait forcément s’y rendre de nouveau, mais le plus tard serait le mieux. Pour le moment elle se contentait de faire du travail de bureau en attendant de trouver quelque chose sur ses trois disparus.

La jeune femme releva la tête pour voir ce que faisait son équipe, mais surtout pour savoir où se trouvait Jane. Depuis leur retour, il n’était pas venu la déranger une seule fois, et même si elle appréciait cette toute nouvelle tranquillité, elle ne serait rassurée qu’en sachant ce qu’il était en train de faire. Pourvu qu’il ne fasse rien d’illégal, rien qui lui donnerait encore plus de travail, plus de plaintes. Il avait le chic pour importuner les mauvaises personnes, pour dire tout ce qu’il pensait. Elle n’avait vraiment pas besoin de ça aujourd’hui, alors elle voulait s’assurer qu’il était bien sur son canapé, faisant semblant de dormir, comme toujours.

Son cœur s’accéléra lorsqu’elle vit le canapé marron vide de son consultant, elle se redressa sur son siège, tendant le cou au maximum mais elle ne le vit nulle part. Mais où était-il ? Que faisait-il ? Avait-il encore trouvé une bêtise à faire ? Elle n’aimait pas ça du tout et elle se leva donc pour partir à sa recherche. Elle quitta son bureau et se dirigea immédiatement vers celui de Van Pelt dans l’espoir qu’elle pourrait l’aider à le retrouver.

-“ Van Pelt, savez-vous où se trouve Jane ?” demanda la brunette.
-“ Je crois qu’il a dit qu’il allait dans son grenier” répondit la jeune femme.
-“ Mais que fait-il là haut ?”
-“ Je ne sais pas, mais je crois qu’il est encore un peu perturbé par le retour de…”
-“ Très bien, je monte le voir.”

Lisbon préféra s’éloigner avant que sa collègue ne lui parle de nouveau du retour de Red John. Elle savait que depuis la découverte du smiley lors d’un enquête quelque semaines plus tôt, Jane n’était plus vraiment le même, il ne participait plus aux enquêtes, du moins plus comme avant. Il avait ses bons moments où il tentait de montrer que tout allait bien, comme ce matin. Mais dès qu’ils étaient au CBI, il montait s’enfermer dans le grenier où il y passait des heures, ne descendant que lorsqu’il était en manque de thé.
Sa façon de blaguer sur la scène de crime ce matin l’avait un peu agacée, mais au moins il était lui-même. Elle aurait voulu que cette affaire n’arrive jamais, que Red John ne revienne jamais. Finalement, elle aurait aimé que Jane ait tué le bon, même si cela faisait de lui un assassin. Elle aurait voulu qu’il ne soit pas aussi perturbé par la situation, mais pouvait-elle seulement lui en vouloir ? Il pensait avoir enfin obtenu sa vengeance, avoir tué celui qui avait massacré sa famille, celui qui avait brisé sa vie. Mais il n’avait rien eu du tout et maintenant il replongeait encore plus. Elle se devait d’être là pour lui.

La jeune femme monta l’escalier, arrivant rapidement devant le grenier où elle savait que se trouvait Jane. Elle frappa une fois, attendant qu’il lui réponde, mais rien ne vint. Elle frappa une seconde fois, mais toujours rien. Alors elle poussa la porte et entra, se retrouvant dans l’obscurité du grenier. Elle chercha Jane des yeux et fini par le trouver un peu plus loin, dans un coin de la pièce, comme s’il se cachait de quelque chose, de quelqu’un. Peut-être même se cachait-il d’elle. Mais quoi qu’il en soit, il fallait qu’il sorte de là, il fallait qu’il revienne auprès des autres sinon il irait encore plus mal.

-“ Jane” l’appela-t-elle.
-“ Tiens Lisbon, que faites vous dans les profondeurs du CBI ?” demanda-t-il d’un air presque joyeux.
-“ Je viens vous demander de venir en bas avec nous, nous avons une enquête à mener et nous avons besoin de vous” admit-elle.
-“ Je ne pense pas que je vous serais utile Lisbon et vous le savez.”
-“ Bien sûr que nous avons besoin de vous, pourquoi pensez-vous le contraire ?”

Mais il ne répondit pas, lui faisant dos de nouveau. Elle s’approcha tout de même, voulant le faire changer d’avis. Il fallait qu’il se change les idées, il fallait qu’il oublie un peu Red John et rien de mieux pour ça qu’une bonne affaire, du moins le pensait-elle. Elle fit un pas de plus, se retrouvant à côté de lui et remarqua qu’il avait quelque chose dans les mains. Elle se pencha pour voir ce que c’était et découvrit une photo de sa famille, Angela et Charlotte. Elle fut attendrie par l’image de cette femme et de cette petite fille, tout comme elle ressentit un pincement au cœur. De voir les sourires sur leurs visages, de voir la joie de vivre qu’elles dégageaient et de savoir que tout cela lui avait été enlevé. C’était difficile pour elle, de le voir triste comme ça et de ne rien pouvoir y faire. Puis une chose lui vint en tête et elle comprit pourquoi il avait du mal avec cette affaire. La jeune fille qu’ils avaient retrouvée avait l’âge qu’aurait Charlotte maintenant, elle était aussi blonde qu’elle, du moins de ce qu’elle avait put voir.

Lisbon lui posa une main amicale sur l’épaule, lui montrant ainsi qu’elle était là pour lui s’il avait besoin de parler. Il releva des yeux larmoyant vers elle et elle ne résista pas à le prendre dans ses bras. Et à sa grande surprise, il l’entoura de ses bras, enfouissant son visage contre son épaule et se laissa aller aux larmes. Elle ne sut pas combien de temps ils restèrent ainsi, dans les bras l’un de l’autre, mais Jane fini par se calmer et s’écarter d’elle, la tête toujours basse. Elle le força à relever les yeux vers elle, posa une main sur sa joue avant de reprendre la parole.

-“ Je suis désolée Jane, je n’avais pas pensé à…”
-“ Ça va aller” la coupa-t-il. “ Mais s’il vous plait, ne me forcez pas à rester sur cette affaire.”
-“ Je ne vous forcerais pas Jane, mais je ne veux pas que vous restiez seul ici, je veux que vous reveniez en bas. Vous pourriez peut-être aider Cho et Rigsby pour les recherches des trois autres campeurs ?” proposa-t-elle.
-“ Ça je peux le faire” sourit-il. “ Et vous, qu’allez-vous faire ?”
-“ Je vais m’occuper du meurtre de cette adolescente avec Van Pelt, ça lui fera du bien de sortir une peu du bureau et d’aller sur le terrain.”
-“ Une équipe de femmes alors, je pense qu’elle en sera ravie.”
-“ Bien, alors retournons en bas.”

Ils se sourirent une dernière fois avant de se lever et de quitter le grenier, Jane posant sa main dans le dos de Lisbon pour la guider, la faisant rougir un peu malgré l’habitude. A chaque fois que Jane la gratifiait d’un geste comme celui-ci, elle ne pouvait s’empêcher de rougir et de ressentir des frissons dans tout son corps. Elle ne savait pas trop pourquoi elle réagissait comme ça, ce n’était que Jane, son collègue et ami, mais c’était ainsi et elle n’y pouvait rien. Ils prirent l’ascenseur et rejoignirent les autres dans l’open space.




Van Pelt était aux anges, Lisbon lui avait demandé de venir sur le terrain avec elle, chose qui n’arrivait pas souvent et elle ne pouvait s’empêcher de sourire. Pour une fois, c’était les garçons qui s’occupaient des recherches et des coups de fils pendant que les deux femmes se rendaient sur la scène de crime pour interroger le témoin ainsi que pour mener leur enquête. Elle était plus que ravie de cette chance et elle ferait tout pour que Lisbon soit si fière de son travail qu’elle lui proposerait encore de venir avec elle.

La jeune femme n’avait pas trop compris pourquoi sa patronne n’avait pas pris Cho ou Rigsby, mais elle n’allait pas s’en plaindre. Les deux hommes allaient toujours sur le terrain tandis qu’elle restait bloquée au bureau à passer des appels. Elle avait vu la mine de Rigsby changer en apprenant qu’il était de corvée téléphone, et Cho n’avait rien dit, se contentant d’acquiescer. Quand à Jane, il n’avait pas fait la moindre remarque, s’était installé sur son canapé avec le dossier d’un des trois jeunes disparus, un des garçons, pour le lire et l’étudier. Elle ne l’avait jamais vu aussi calme et elle se demandait bien ce qu’il pouvait avoir, mais elle s’occuperait de ça plus tard, pour le moment, elle devait prouver qu’elle était un bon agent, aussi bien au bureau que sur le terrain.

Au bout de quelques minutes de route silencieuse, n’y tenant plus, la jeune femme se tourna vers sa patronne, hésitant un peu avant de poser sa question. Elle avait besoin de savoir pour pouvoir être bien concentrée sur son travail.

-“ Patron, je peux vous poser une question ?”
-“ Bien sûr.”
-“ Qu’est-ce qui se passe avec Jane ?”

Lisbon tourna la tête vers sa collègue, surprise de sa question. Mais en même temps il fallait s’en douter, la jeune femme était très sensible et n’aimait pas voir ses collègues tristes, elle se faisait toujours beaucoup de souci pour eux. Elle hésita à lui répondre, devait-elle parler de ça ? Jane ne lui avait pas dit de ne rien dire à personne, et les autres étaient tout de même en droit de savoir quand l’un des leurs n’allait pas bien, ils formainet une équipe et avaient besoin de pouvoir compter les uns sur les autres. Alors, après une profonde inspiration, elle se lança dans ses explications.

-“ La jeune fille, Lucy Rhys, avait l’âge qu’aurait dut avoir la fille de Jane” dit-elle en gardant les yeux sur la route.
-“ Oh” fut tout ce que put dire Van Pelt.

Elle n’avait pas besoin d’en savoir plus, rien que cette information lui laissait comprendre l’état de leur consultant et pourquoi il n’était pas avec Lisbon comme il le faisait toujours. Elle se promit de lui parler en rentrant, mais pour le moment, elle se replongea dans la lecture de son dossier.

Les deux femmes arrivèrent enfin au poste des gardes forestiers. Lisbon gara la voiture devant le bâtiment, en sortit suivit de sa collègue et y entra. Elles furent accueillies par le même homme que le matin qui les conduisit dans son bureau pour leur faire un topo de ce qu’il avait put apprendre de plus, pas grand-chose en réalité. Lisbon écouta attentivement, Van Pelt pris des notes et au bout de quelques minutes, elles se levèrent pour se rendre sur la scène de crime, seules.

Elles remontèrent en voiture, Van Pelt appela le bureau pour donner à ses collègues le peu d’informations qu’elles avaient en plus et leur faire savoir qu’elles se rendaient en forêt. Puis, elle raccrocha et observa le paysage. Comment quelqu’un pouvait faire autant de mal à une si jeune adolescente et la laisser se faire dévorer par les animaux sauvages ? C’était impensable, ce devait être un monstre pour faire ça. Grace aimait beaucoup la nature et pour elle, le camping était quelque chose de merveilleux qui lui permettait de découvrir des choses qu’elle ne connaissait pas, d’oublier la ville et ne faire qu’un avec la nature. Mais elle doutait d’avoir encore le courage de partir en forêt suite à cette affaire, cela lui rappellerait bien trop de mauvaises choses.




Travis O’connor était un homme dur, un chasseur hors pair qui n’aimait pas du tout l’autorité. Avec ses amis, ils avaient monté un petit groupe de chasseurs qui ne s’occupait pas de savoir si c’était la période de la chasse ou non, ils faisaient ce qu’ils voulaient quand ils le voulaient. Mais ils ne se contentaient pas de chasser les animaux, ils aimaient se diversifier et parfois il leur arrivait de prendre d’autres cibles, comme ce petit groupe d’adolescents venu faire du camping seuls. Ils avaient vu là une chance de s’amuser un peu, cela ne leur était pas arrivé depuis bien longtemps et ils ne voulaient pas se rouiller.

Le frère de Travis, Eddie, n’était pas tout à fait comme lui, il n’aimait pas vraiment faire du mal aux gens comme lui. Il aimait la chasse, c’était dans son sang, dans ses gênes, mais il n’aimait chasser que les animaux. Tout comme son frère, les règles de chasses ne lui plaisaient pas, et il suivait le groupe comme une ombre. Etant le plus jeune, il était un peu comme une mascotte et cela lui convenait parfaitement. Jusqu’à présent, il n’avait pas encore tué qui que ce soit, laissant ça à son frère ou aux quatre autres. Mais il savait qu’un jour ou l’autre il devrait faire ses preuves s’il ne voulait pas être évincé du groupe. Il n’avait pas d’ami, pas de famille autre que Travis, alors il devrait se plier aux règles de leur clan.

Les quatre autres membres du groupe étaient des amis d’enfance des O’connor, des gars de la région qui avaient quasiment grandit avec eux. Leurs familles avaient été voisines, habitant loin de la ville, à l’écart de la civilisation. Ces quatre familles n’étaient pas comme les autres et de ce fait, les habitants du coin ne voulaient rien avoir à faire avec eux. Cela ne leur avait pas posé problème, ils s’étaient tout simplement éloignés de la ville pour se créer leur petite communauté. Les enfants n’étaient donc pas allé à l’école, n’avait pas appris à vivre avec les autres et à présent, à chaque fois qu’ils se rendaient en ville, les gens les regardaient bizarrement, les évitant au maximum. Les seuls à être sympa avec eux étaient le gérant du magasin de chasse et le gars de la station service, sinon, personne d’autre ne leur parlait.

Travis rentra au chalet dans l’après-midi, un grand sourire sur le visage. Les autres étaient en train de nettoyer leurs armes, les préparant pour la chasse. Laquelle ? Pas d’idée pour le moment, mais à voir le sourire sur le visage de Travis lorsqu’il entra dans la pièce principale, ils eurent une petite idée de ce que serait leur fin de journée. Eddie se rapprocha de son frère, lui pris sa veste pour l’accrocher au porte-manteau et le suivit dans la petite cuisine, impatient de savoir ce qu’il avait prévu pour eux. Mais Travis ne dit rien, se fit son café et alla s’asseoir devant la cheminée.

N’y tenant plus, Jo Langton le rejoignit et se plaça à côté de lui, masquant la lumière de la petite lampe, empêchant ainsi Travis de finir la lecture des gros titres de la veille. Aucun journal ne parlait encore de la mort des quatre adolescents, mais les chasseurs étaient certains que cela serait pour le lendemain.

-“ Alors Travis, t’as prévu quoi pour aujourd’hui ?” demanda-t-il.
-“ Une petite chasse facile pour Eddie” répondit-il en se tournant vers le jeune homme. " Il est grand temps que mon petit frère fasse ses preuves et je lui ai trouvé deux proies faciles.”
-“ Faire mes preuves ?” S’étonna Eddie “ mais je sais chasser, tout comme vous.”
-“ Ouais, mes que des animaux” rétorqua Davis, le cousin de Jo. “ Faudrait penser à passer à l’étape supérieure.”
-“ On y va quand ?” demanda Brendan Ellroy.
-“ Je fini mon café et on se prépare” lança Travis en replongeant dans son journal.

Eddie s’éloigna du groupe, soudain mal à l’aise. Il allait devoir tuer, pour de vrai, des gens et non plus des animaux. Il ne savait pas s’il pourrait le faire, il y avait toujours échappé, sous prétexte qu’il était trop jeune. Mais il avait à présent vingt et un ans et il ne pourrait plus dire que c’était trop tôt. Il alla dans sa chambre pour s’éloigner un peu du reste du groupe, se demandant s’il était vraiment comme eux et s’il ne ferait pas mieux de partir. Il y avait souvent pensé mais n’avait jamais eu le courage de le faire. Pour aller où ? Et qui voudrait bien de lui ? Sa famille et ses amis n’avaient pas bonne réputation dans le coin alors que pouvait-il espérer ? Rien, personne d’autre que son groupe ne voulait de lui. Il soupira en regardant une photo de sa mère étant jeune, une photo prise dans sa famille, avant qu’elle ne rencontre son père. Il se demanda un instant comment une femme aussi belle, aussi instruite et douce avait put tomber amoureuse d’un homme comme son père et surtout, pourquoi elle était restée avec lui lorsqu’ils avaient quitté la ville.

Il rangea vite la photo lorsque des coups furent frappés contre sa porte et que Travis entra. Eddie regarda son frère venir s’asseoir sur le bord du lit et lui poser une main sur l’épaule.

-“ T’inquiète pas petit frère, tu vas y arriver, t’es comme moi au fond, mais tu ne le sais pas encore.”
-“ Tu crois vraiment ?”
-“ Aucun doute. Aller, prépare toi on y va.”

Travis sortit de la chambre et Eddie le suivit, prenant son fusil et le petit groupe sortit du chalet pour aller trouver leurs deux proies qui ne se doutaient même pas de ce qu’elles allaient vivre.




Jane était sur son canapé et lisait le rapport qu’il avait sous les yeux. Le jeune garçon, Michael Grant, était du même âge que la jeune Lucy Rhys, ils allaient dans le même lycée, fréquentaient les même personnes. Rien de bien extraordinaire jusque là. Le jeune homme n’avait pas de problèmes de délinquance, il n’avait jamais séché un jour de cours et Jane se demanda un instant si c’était encore possible de nos jours. Un garçon de dix sept ans aussi parfait, c’était le rêve de tous les parents.

Cho et Rigsby s’occupaient des deux autres disparus et pour le moment rien dans leur dossier non plus ne laissait penser que ces jeunes y soient pour quelque chose dans la mort de Lucy ni qu’ils aient des problèmes. Le mentaliste se demanda un instant s’ils n’étaient pas tombés sur quelque chose dans les bois, s’ils ne s’étaient pas retrouvés au mauvais endroit ou mauvais moment et que quelqu’un ait cherché à les faire taire. Dans ce cas, les corps finiraient par être retrouvés et lui et son équipe devrait prévenir les familles. C’était bien une chose qu’il n’aimait pas, aller voir les familles pour leur annoncer le décès d’un proche, cela lui rappelait à chaque fois la mort de sa propre famille.

Rigsby releva la tête de son ordinateur, une expression choquée sur le visage, ce qui alerta Jane qui le rejoignit pour se pencher au dessus de son épaule. Il parcouru le texte devant ses yeux, des rapports de disparitions, ainsi que des rapports d’autopsies. Il se redressa à son tour, sortit son portable et appuya sur la touche un, le mettant en communication avec le portable de Lisbon. Il fallait qu’elle sache ce qu’ils venaient de découvrir au plus vite, elle était peut-être en danger, ainsi que Van Pelt.

Cho vint à son tour voir de quoi il s’agissait et eut la même réaction que les autres, cette fois son visage laissant voir ce qu’il pensait, ou ressentait. Ce n’était pas bon, pas bon du tout et de son côté, il appela le bureau des gardes forestiers afin de les informer de ce qu’ils venaient d’apprendre.




Lisbon se tenait un peu à l'écart de sa collègue, scrutant les environs, son mauvais pressentiment revenant en force. Il y avait ici quelque chose qui ne lui plaisait pas, quelque chose qui lui faisait peur et elle n’avait qu’une hâte, quitter cet endroit. Van Pelt de son côté examinait l’endroit où le corps de Lucy avait été retrouvé, peut-être qu’elle trouverait quelque chose que la police scientifique n’avait pas vu. Tout était possible, étant donné qu’elles se trouvaient dans un forêt, les preuves n’étaient pas forcement facile à voir.

Un peu plus loin derrière les arbres, Lisbon cru voir quelque chose, ou plutôt quelqu’un et elle s’apprêtait à aller voir lorsque son téléphone se mit à sonner. Elle le sortit de sa poche sans quitter ce qu’elle avait vu des yeux et décrocha.

-“ Lisbon” dit-elle, son cœur s’accélérant un peu lorsqu’elle comprit qu’en face, un peu plus loin, se trouvait un groupe d’hommes.
-“ Lisbon c’est Jane, revenez tout de suite au bureau” dit-il rapidement, “ nous avons découvert quelque chose et je pense que vous êtes peut-être en danger.”
-“ Très bien on arrive” répondit-elle en marchant vers sa collègue. “ Van Pelt on y va.”
-“ Que se passe-t-il ?” S’inquiéta la rouquine.

Mais Lisbon n’eut pas le temps de répondre à la question qu’un coup de feu retentit et elle se jeta au sol, entraînant Grace avec elle et lâchant son téléphone au passage. Elle tenta de se relever pour partir en courant, mais un autre groupe d’hommes apparut de la direction où se trouvait leur voiture. Elles ne pouvaient pas y retourner, elles allaient devoir trouver un autre moyen de fuir. Lisbon pris son courage à deux mains, attrapa Grace par le bras et l’entraîna avec elle alors qu’elle partait aussi vite que possible vers la forêt.

Sur le sol, le téléphone était toujours en ligne et on pouvait entendre la voix du mentaliste hurler le nom de sa patronne.