Promenons nous dans les bois ^

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Rencontre bouleversante

Lisbon se trouvait dans son bureau, épluchant les dossiers des trois disparus, cherchant à en apprendre un maximum sur eux, s’ils avaient des ennemis, s’ils s’étaient retrouvés dans une situation quelconque qui les aurait entraînés dans les problèmes. En gros la routine et cela lui convenait parfaitement, du moment qu’elle ne se trouvait plus dans cette foret. Il y avait quelque chose là bas qui la mettait mal à l’aise, quelque chose de sombre. Elle finirait par savoir ce que c’était, elle devrait forcément s’y rendre de nouveau, mais le plus tard serait le mieux. Pour le moment elle se contentait de faire du travail de bureau en attendant de trouver quelque chose sur ses trois disparus.

La jeune femme releva la tête pour voir ce que faisait son équipe, mais surtout pour savoir où se trouvait Jane. Depuis leur retour, il n’était pas venu la déranger une seule fois, et même si elle appréciait cette toute nouvelle tranquillité, elle ne serait rassurée qu’en sachant ce qu’il était en train de faire. Pourvu qu’il ne fasse rien d’illégal, rien qui lui donnerait encore plus de travail, plus de plaintes. Il avait le chic pour importuner les mauvaises personnes, pour dire tout ce qu’il pensait. Elle n’avait vraiment pas besoin de ça aujourd’hui, alors elle voulait s’assurer qu’il était bien sur son canapé, faisant semblant de dormir, comme toujours.

Son cœur s’accéléra lorsqu’elle vit le canapé marron vide de son consultant, elle se redressa sur son siège, tendant le cou au maximum mais elle ne le vit nulle part. Mais où était-il ? Que faisait-il ? Avait-il encore trouvé une bêtise à faire ? Elle n’aimait pas ça du tout et elle se leva donc pour partir à sa recherche. Elle quitta son bureau et se dirigea immédiatement vers celui de Van Pelt dans l’espoir qu’elle pourrait l’aider à le retrouver.

-“ Van Pelt, savez-vous où se trouve Jane ?” demanda la brunette.
-“ Je crois qu’il a dit qu’il allait dans son grenier” répondit la jeune femme.
-“ Mais que fait-il là haut ?”
-“ Je ne sais pas, mais je crois qu’il est encore un peu perturbé par le retour de…”
-“ Très bien, je monte le voir.”

Lisbon préféra s’éloigner avant que sa collègue ne lui parle de nouveau du retour de Red John. Elle savait que depuis la découverte du smiley lors d’un enquête quelque semaines plus tôt, Jane n’était plus vraiment le même, il ne participait plus aux enquêtes, du moins plus comme avant. Il avait ses bons moments où il tentait de montrer que tout allait bien, comme ce matin. Mais dès qu’ils étaient au CBI, il montait s’enfermer dans le grenier où il y passait des heures, ne descendant que lorsqu’il était en manque de thé.
Sa façon de blaguer sur la scène de crime ce matin l’avait un peu agacée, mais au moins il était lui-même. Elle aurait voulu que cette affaire n’arrive jamais, que Red John ne revienne jamais. Finalement, elle aurait aimé que Jane ait tué le bon, même si cela faisait de lui un assassin. Elle aurait voulu qu’il ne soit pas aussi perturbé par la situation, mais pouvait-elle seulement lui en vouloir ? Il pensait avoir enfin obtenu sa vengeance, avoir tué celui qui avait massacré sa famille, celui qui avait brisé sa vie. Mais il n’avait rien eu du tout et maintenant il replongeait encore plus. Elle se devait d’être là pour lui.

La jeune femme monta l’escalier, arrivant rapidement devant le grenier où elle savait que se trouvait Jane. Elle frappa une fois, attendant qu’il lui réponde, mais rien ne vint. Elle frappa une seconde fois, mais toujours rien. Alors elle poussa la porte et entra, se retrouvant dans l’obscurité du grenier. Elle chercha Jane des yeux et fini par le trouver un peu plus loin, dans un coin de la pièce, comme s’il se cachait de quelque chose, de quelqu’un. Peut-être même se cachait-il d’elle. Mais quoi qu’il en soit, il fallait qu’il sorte de là, il fallait qu’il revienne auprès des autres sinon il irait encore plus mal.

-“ Jane” l’appela-t-elle.
-“ Tiens Lisbon, que faites vous dans les profondeurs du CBI ?” demanda-t-il d’un air presque joyeux.
-“ Je viens vous demander de venir en bas avec nous, nous avons une enquête à mener et nous avons besoin de vous” admit-elle.
-“ Je ne pense pas que je vous serais utile Lisbon et vous le savez.”
-“ Bien sûr que nous avons besoin de vous, pourquoi pensez-vous le contraire ?”

Mais il ne répondit pas, lui faisant dos de nouveau. Elle s’approcha tout de même, voulant le faire changer d’avis. Il fallait qu’il se change les idées, il fallait qu’il oublie un peu Red John et rien de mieux pour ça qu’une bonne affaire, du moins le pensait-elle. Elle fit un pas de plus, se retrouvant à côté de lui et remarqua qu’il avait quelque chose dans les mains. Elle se pencha pour voir ce que c’était et découvrit une photo de sa famille, Angela et Charlotte. Elle fut attendrie par l’image de cette femme et de cette petite fille, tout comme elle ressentit un pincement au cœur. De voir les sourires sur leurs visages, de voir la joie de vivre qu’elles dégageaient et de savoir que tout cela lui avait été enlevé. C’était difficile pour elle, de le voir triste comme ça et de ne rien pouvoir y faire. Puis une chose lui vint en tête et elle comprit pourquoi il avait du mal avec cette affaire. La jeune fille qu’ils avaient retrouvée avait l’âge qu’aurait Charlotte maintenant, elle était aussi blonde qu’elle, du moins de ce qu’elle avait put voir.

Lisbon lui posa une main amicale sur l’épaule, lui montrant ainsi qu’elle était là pour lui s’il avait besoin de parler. Il releva des yeux larmoyant vers elle et elle ne résista pas à le prendre dans ses bras. Et à sa grande surprise, il l’entoura de ses bras, enfouissant son visage contre son épaule et se laissa aller aux larmes. Elle ne sut pas combien de temps ils restèrent ainsi, dans les bras l’un de l’autre, mais Jane fini par se calmer et s’écarter d’elle, la tête toujours basse. Elle le força à relever les yeux vers elle, posa une main sur sa joue avant de reprendre la parole.

-“ Je suis désolée Jane, je n’avais pas pensé à…”
-“ Ça va aller” la coupa-t-il. “ Mais s’il vous plait, ne me forcez pas à rester sur cette affaire.”
-“ Je ne vous forcerais pas Jane, mais je ne veux pas que vous restiez seul ici, je veux que vous reveniez en bas. Vous pourriez peut-être aider Cho et Rigsby pour les recherches des trois autres campeurs ?” proposa-t-elle.
-“ Ça je peux le faire” sourit-il. “ Et vous, qu’allez-vous faire ?”
-“ Je vais m’occuper du meurtre de cette adolescente avec Van Pelt, ça lui fera du bien de sortir une peu du bureau et d’aller sur le terrain.”
-“ Une équipe de femmes alors, je pense qu’elle en sera ravie.”
-“ Bien, alors retournons en bas.”

Ils se sourirent une dernière fois avant de se lever et de quitter le grenier, Jane posant sa main dans le dos de Lisbon pour la guider, la faisant rougir un peu malgré l’habitude. A chaque fois que Jane la gratifiait d’un geste comme celui-ci, elle ne pouvait s’empêcher de rougir et de ressentir des frissons dans tout son corps. Elle ne savait pas trop pourquoi elle réagissait comme ça, ce n’était que Jane, son collègue et ami, mais c’était ainsi et elle n’y pouvait rien. Ils prirent l’ascenseur et rejoignirent les autres dans l’open space.




Van Pelt était aux anges, Lisbon lui avait demandé de venir sur le terrain avec elle, chose qui n’arrivait pas souvent et elle ne pouvait s’empêcher de sourire. Pour une fois, c’était les garçons qui s’occupaient des recherches et des coups de fils pendant que les deux femmes se rendaient sur la scène de crime pour interroger le témoin ainsi que pour mener leur enquête. Elle était plus que ravie de cette chance et elle ferait tout pour que Lisbon soit si fière de son travail qu’elle lui proposerait encore de venir avec elle.

La jeune femme n’avait pas trop compris pourquoi sa patronne n’avait pas pris Cho ou Rigsby, mais elle n’allait pas s’en plaindre. Les deux hommes allaient toujours sur le terrain tandis qu’elle restait bloquée au bureau à passer des appels. Elle avait vu la mine de Rigsby changer en apprenant qu’il était de corvée téléphone, et Cho n’avait rien dit, se contentant d’acquiescer. Quand à Jane, il n’avait pas fait la moindre remarque, s’était installé sur son canapé avec le dossier d’un des trois jeunes disparus, un des garçons, pour le lire et l’étudier. Elle ne l’avait jamais vu aussi calme et elle se demandait bien ce qu’il pouvait avoir, mais elle s’occuperait de ça plus tard, pour le moment, elle devait prouver qu’elle était un bon agent, aussi bien au bureau que sur le terrain.

Au bout de quelques minutes de route silencieuse, n’y tenant plus, la jeune femme se tourna vers sa patronne, hésitant un peu avant de poser sa question. Elle avait besoin de savoir pour pouvoir être bien concentrée sur son travail.

-“ Patron, je peux vous poser une question ?”
-“ Bien sûr.”
-“ Qu’est-ce qui se passe avec Jane ?”

Lisbon tourna la tête vers sa collègue, surprise de sa question. Mais en même temps il fallait s’en douter, la jeune femme était très sensible et n’aimait pas voir ses collègues tristes, elle se faisait toujours beaucoup de souci pour eux. Elle hésita à lui répondre, devait-elle parler de ça ? Jane ne lui avait pas dit de ne rien dire à personne, et les autres étaient tout de même en droit de savoir quand l’un des leurs n’allait pas bien, ils formainet une équipe et avaient besoin de pouvoir compter les uns sur les autres. Alors, après une profonde inspiration, elle se lança dans ses explications.

-“ La jeune fille, Lucy Rhys, avait l’âge qu’aurait dut avoir la fille de Jane” dit-elle en gardant les yeux sur la route.
-“ Oh” fut tout ce que put dire Van Pelt.

Elle n’avait pas besoin d’en savoir plus, rien que cette information lui laissait comprendre l’état de leur consultant et pourquoi il n’était pas avec Lisbon comme il le faisait toujours. Elle se promit de lui parler en rentrant, mais pour le moment, elle se replongea dans la lecture de son dossier.

Les deux femmes arrivèrent enfin au poste des gardes forestiers. Lisbon gara la voiture devant le bâtiment, en sortit suivit de sa collègue et y entra. Elles furent accueillies par le même homme que le matin qui les conduisit dans son bureau pour leur faire un topo de ce qu’il avait put apprendre de plus, pas grand-chose en réalité. Lisbon écouta attentivement, Van Pelt pris des notes et au bout de quelques minutes, elles se levèrent pour se rendre sur la scène de crime, seules.

Elles remontèrent en voiture, Van Pelt appela le bureau pour donner à ses collègues le peu d’informations qu’elles avaient en plus et leur faire savoir qu’elles se rendaient en forêt. Puis, elle raccrocha et observa le paysage. Comment quelqu’un pouvait faire autant de mal à une si jeune adolescente et la laisser se faire dévorer par les animaux sauvages ? C’était impensable, ce devait être un monstre pour faire ça. Grace aimait beaucoup la nature et pour elle, le camping était quelque chose de merveilleux qui lui permettait de découvrir des choses qu’elle ne connaissait pas, d’oublier la ville et ne faire qu’un avec la nature. Mais elle doutait d’avoir encore le courage de partir en forêt suite à cette affaire, cela lui rappellerait bien trop de mauvaises choses.




Travis O’connor était un homme dur, un chasseur hors pair qui n’aimait pas du tout l’autorité. Avec ses amis, ils avaient monté un petit groupe de chasseurs qui ne s’occupait pas de savoir si c’était la période de la chasse ou non, ils faisaient ce qu’ils voulaient quand ils le voulaient. Mais ils ne se contentaient pas de chasser les animaux, ils aimaient se diversifier et parfois il leur arrivait de prendre d’autres cibles, comme ce petit groupe d’adolescents venu faire du camping seuls. Ils avaient vu là une chance de s’amuser un peu, cela ne leur était pas arrivé depuis bien longtemps et ils ne voulaient pas se rouiller.

Le frère de Travis, Eddie, n’était pas tout à fait comme lui, il n’aimait pas vraiment faire du mal aux gens comme lui. Il aimait la chasse, c’était dans son sang, dans ses gênes, mais il n’aimait chasser que les animaux. Tout comme son frère, les règles de chasses ne lui plaisaient pas, et il suivait le groupe comme une ombre. Etant le plus jeune, il était un peu comme une mascotte et cela lui convenait parfaitement. Jusqu’à présent, il n’avait pas encore tué qui que ce soit, laissant ça à son frère ou aux quatre autres. Mais il savait qu’un jour ou l’autre il devrait faire ses preuves s’il ne voulait pas être évincé du groupe. Il n’avait pas d’ami, pas de famille autre que Travis, alors il devrait se plier aux règles de leur clan.

Les quatre autres membres du groupe étaient des amis d’enfance des O’connor, des gars de la région qui avaient quasiment grandit avec eux. Leurs familles avaient été voisines, habitant loin de la ville, à l’écart de la civilisation. Ces quatre familles n’étaient pas comme les autres et de ce fait, les habitants du coin ne voulaient rien avoir à faire avec eux. Cela ne leur avait pas posé problème, ils s’étaient tout simplement éloignés de la ville pour se créer leur petite communauté. Les enfants n’étaient donc pas allé à l’école, n’avait pas appris à vivre avec les autres et à présent, à chaque fois qu’ils se rendaient en ville, les gens les regardaient bizarrement, les évitant au maximum. Les seuls à être sympa avec eux étaient le gérant du magasin de chasse et le gars de la station service, sinon, personne d’autre ne leur parlait.

Travis rentra au chalet dans l’après-midi, un grand sourire sur le visage. Les autres étaient en train de nettoyer leurs armes, les préparant pour la chasse. Laquelle ? Pas d’idée pour le moment, mais à voir le sourire sur le visage de Travis lorsqu’il entra dans la pièce principale, ils eurent une petite idée de ce que serait leur fin de journée. Eddie se rapprocha de son frère, lui pris sa veste pour l’accrocher au porte-manteau et le suivit dans la petite cuisine, impatient de savoir ce qu’il avait prévu pour eux. Mais Travis ne dit rien, se fit son café et alla s’asseoir devant la cheminée.

N’y tenant plus, Jo Langton le rejoignit et se plaça à côté de lui, masquant la lumière de la petite lampe, empêchant ainsi Travis de finir la lecture des gros titres de la veille. Aucun journal ne parlait encore de la mort des quatre adolescents, mais les chasseurs étaient certains que cela serait pour le lendemain.

-“ Alors Travis, t’as prévu quoi pour aujourd’hui ?” demanda-t-il.
-“ Une petite chasse facile pour Eddie” répondit-il en se tournant vers le jeune homme. " Il est grand temps que mon petit frère fasse ses preuves et je lui ai trouvé deux proies faciles.”
-“ Faire mes preuves ?” S’étonna Eddie “ mais je sais chasser, tout comme vous.”
-“ Ouais, mes que des animaux” rétorqua Davis, le cousin de Jo. “ Faudrait penser à passer à l’étape supérieure.”
-“ On y va quand ?” demanda Brendan Ellroy.
-“ Je fini mon café et on se prépare” lança Travis en replongeant dans son journal.

Eddie s’éloigna du groupe, soudain mal à l’aise. Il allait devoir tuer, pour de vrai, des gens et non plus des animaux. Il ne savait pas s’il pourrait le faire, il y avait toujours échappé, sous prétexte qu’il était trop jeune. Mais il avait à présent vingt et un ans et il ne pourrait plus dire que c’était trop tôt. Il alla dans sa chambre pour s’éloigner un peu du reste du groupe, se demandant s’il était vraiment comme eux et s’il ne ferait pas mieux de partir. Il y avait souvent pensé mais n’avait jamais eu le courage de le faire. Pour aller où ? Et qui voudrait bien de lui ? Sa famille et ses amis n’avaient pas bonne réputation dans le coin alors que pouvait-il espérer ? Rien, personne d’autre que son groupe ne voulait de lui. Il soupira en regardant une photo de sa mère étant jeune, une photo prise dans sa famille, avant qu’elle ne rencontre son père. Il se demanda un instant comment une femme aussi belle, aussi instruite et douce avait put tomber amoureuse d’un homme comme son père et surtout, pourquoi elle était restée avec lui lorsqu’ils avaient quitté la ville.

Il rangea vite la photo lorsque des coups furent frappés contre sa porte et que Travis entra. Eddie regarda son frère venir s’asseoir sur le bord du lit et lui poser une main sur l’épaule.

-“ T’inquiète pas petit frère, tu vas y arriver, t’es comme moi au fond, mais tu ne le sais pas encore.”
-“ Tu crois vraiment ?”
-“ Aucun doute. Aller, prépare toi on y va.”

Travis sortit de la chambre et Eddie le suivit, prenant son fusil et le petit groupe sortit du chalet pour aller trouver leurs deux proies qui ne se doutaient même pas de ce qu’elles allaient vivre.




Jane était sur son canapé et lisait le rapport qu’il avait sous les yeux. Le jeune garçon, Michael Grant, était du même âge que la jeune Lucy Rhys, ils allaient dans le même lycée, fréquentaient les même personnes. Rien de bien extraordinaire jusque là. Le jeune homme n’avait pas de problèmes de délinquance, il n’avait jamais séché un jour de cours et Jane se demanda un instant si c’était encore possible de nos jours. Un garçon de dix sept ans aussi parfait, c’était le rêve de tous les parents.

Cho et Rigsby s’occupaient des deux autres disparus et pour le moment rien dans leur dossier non plus ne laissait penser que ces jeunes y soient pour quelque chose dans la mort de Lucy ni qu’ils aient des problèmes. Le mentaliste se demanda un instant s’ils n’étaient pas tombés sur quelque chose dans les bois, s’ils ne s’étaient pas retrouvés au mauvais endroit ou mauvais moment et que quelqu’un ait cherché à les faire taire. Dans ce cas, les corps finiraient par être retrouvés et lui et son équipe devrait prévenir les familles. C’était bien une chose qu’il n’aimait pas, aller voir les familles pour leur annoncer le décès d’un proche, cela lui rappelait à chaque fois la mort de sa propre famille.

Rigsby releva la tête de son ordinateur, une expression choquée sur le visage, ce qui alerta Jane qui le rejoignit pour se pencher au dessus de son épaule. Il parcouru le texte devant ses yeux, des rapports de disparitions, ainsi que des rapports d’autopsies. Il se redressa à son tour, sortit son portable et appuya sur la touche un, le mettant en communication avec le portable de Lisbon. Il fallait qu’elle sache ce qu’ils venaient de découvrir au plus vite, elle était peut-être en danger, ainsi que Van Pelt.

Cho vint à son tour voir de quoi il s’agissait et eut la même réaction que les autres, cette fois son visage laissant voir ce qu’il pensait, ou ressentait. Ce n’était pas bon, pas bon du tout et de son côté, il appela le bureau des gardes forestiers afin de les informer de ce qu’ils venaient d’apprendre.




Lisbon se tenait un peu à l'écart de sa collègue, scrutant les environs, son mauvais pressentiment revenant en force. Il y avait ici quelque chose qui ne lui plaisait pas, quelque chose qui lui faisait peur et elle n’avait qu’une hâte, quitter cet endroit. Van Pelt de son côté examinait l’endroit où le corps de Lucy avait été retrouvé, peut-être qu’elle trouverait quelque chose que la police scientifique n’avait pas vu. Tout était possible, étant donné qu’elles se trouvaient dans un forêt, les preuves n’étaient pas forcement facile à voir.

Un peu plus loin derrière les arbres, Lisbon cru voir quelque chose, ou plutôt quelqu’un et elle s’apprêtait à aller voir lorsque son téléphone se mit à sonner. Elle le sortit de sa poche sans quitter ce qu’elle avait vu des yeux et décrocha.

-“ Lisbon” dit-elle, son cœur s’accélérant un peu lorsqu’elle comprit qu’en face, un peu plus loin, se trouvait un groupe d’hommes.
-“ Lisbon c’est Jane, revenez tout de suite au bureau” dit-il rapidement, “ nous avons découvert quelque chose et je pense que vous êtes peut-être en danger.”
-“ Très bien on arrive” répondit-elle en marchant vers sa collègue. “ Van Pelt on y va.”
-“ Que se passe-t-il ?” S’inquiéta la rouquine.

Mais Lisbon n’eut pas le temps de répondre à la question qu’un coup de feu retentit et elle se jeta au sol, entraînant Grace avec elle et lâchant son téléphone au passage. Elle tenta de se relever pour partir en courant, mais un autre groupe d’hommes apparut de la direction où se trouvait leur voiture. Elles ne pouvaient pas y retourner, elles allaient devoir trouver un autre moyen de fuir. Lisbon pris son courage à deux mains, attrapa Grace par le bras et l’entraîna avec elle alors qu’elle partait aussi vite que possible vers la forêt.

Sur le sol, le téléphone était toujours en ligne et on pouvait entendre la voix du mentaliste hurler le nom de sa patronne.

*****

Une nuit mouvementée

Jane continuait de s’égosiller au téléphone dans l’espoir d’entendre la voix de Lisbon ou de Van Pelt, mais il savait que c’était peine perdue. Il avait entendu les coups de feu, il avait entendu Lisbon crier à Van Pelt de courir puis plus rien. Il priait pour qu’elles ne soient pas mortes, pour qu’elles aient réussi à se sauver et à se cacher quelque part. Il s’en voulut de ne pas avoir été là avec elle, de l’avoir laissé partir seule, enfin avec la jeune Grace. Mais même s’il avait été avec Lisbon, il n’aurait rien put faire de toute façon, il n’aurait été qu’un poids de plus et rien d’autre.

-“ J’en ai touché une” entendit-il dans le téléphone.

Le mentaliste laissa tomber son portable, son visage défait de peine et d’horreur. Il n’arrivait pas à y croire, ce n’était pas possible, elle ne pouvait pas être morte, Lisbon était bien trop douée pour ça. Mais et Van Pelt ? La jeune femme n’allait pas souvent sur le terrain certes, mais elle n’en restait pas moins un bon agent. Non, ni l’une ni l’autre n’était morte, elles devaient simplement être blessées, rien de plus.

Jane sentit la main de Rigsby sur son épaule et se sentit retourné d’un coup sec pour se retrouver face au brun, l’inquiétude se lisant sur son visage. Il s’en voulut immédiatement, il n’avait même pas pensé à ce que pourrait ressentir Rigsby face à la situation. Tout le monde savait pourtant bien que Rigsby était toujours amoureux de sa collègue, qu’il s’inquiétait toujours de son bien être. Depuis qu’ils avaient rompu, il avait tenté de nouvelles rencontres, mais rien n’avait marché, il pensait encore trop à Grace. Alors de la savoir prise en chasse par une bande de fous en plein milieu d’une forêt, jamais Jane ne l’avait vu ainsi.

-“ Où… où est-elle ?” Articula-t-il enfin.
-“ Je ne sais pas Rigsby” souffla Jane, “ je ne les entends plus.”
-“ Les gardes forestiers se rendent sur place” les informa Cho en posant son téléphone. “ Qu’a dit Lisbon ?”
-“ Elle a pas eu le temps de dire grand-chose, elles se sont faites prendre en chasse par des hommes armés et… l’une d’elle est blessée.”
“ Ok, on va sur place, mais avant je dois prévenir Wainwright” leur dit-il.

Jane et Rigsby acquiescèrent avant de s’asseoir tout les deux, encore sous le choc de tout ce qui venait de se passer en moins d’une minute. Tout les deux étaient perdus, chacun ayant une femme à qui ils tenaient plus que tout dans cette situation. Mais pour leur bien, pour faire leur travail, ils devaient oublier leur attachement et ne voir que le côté criminel de cette situation, sinon ils ne seraient bons à rien.

Jane se leva le premier, ramassa son téléphone et alla s’installer sur son canapé, fermant les yeux comme pour dormir. Il devait penser à autre chose, il devait se concentrer sur l’enquête, sur les autres disparitions, sur les indices qu’ils avaient. Il se doutait que les trois autres adolescents disparus devaient être morts et il savait à présent avec certitude qu’ils s’étaient retrouvés victimes de cette chasse à l’homme. S’ils parvenaient à les retrouver un jour ce serait un vrai miracle, il était déjà étonné d’avoir retrouvé le corps de la jeune Lucy. Elle avait dut être plus douée que les autres, avait put s’échapper assez loin avant de mourir.

Ce qui le réconfortait un peu était de savoir que Lisbon était une femme forte, un flic hors pair et qu’elle savait parfaitement se défendre. Mais y arriverait-elle face à cinq hommes armés jusqu’aux dents dans une forêt ? Il se rappela alors qu’elle n’aimait pas les forêts, qu’elle les avait toujours eut en horreur et il s’en voulut encore plus de ne pas être allé avec elle. Connaissant sa hantise des bois, pourquoi n’avait-il pas pensé à proposer Cho ou Rigsby pour se rendre sur place ? Mais non, il avait été si perturbé par la victime qu’il n’avait pensé à rien d’autre qu’à lui et à sa peine. Et encore une fois, Lisbon avait fait passer son bien être avant le sien. Il fallait qu’il la retrouve pour lui dire merci.

Il releva les paupières lorsqu’il entendit Cho revenir et il se leva pour suivre ses deux collègues. En sortant du bâtiment, il remarqua qu’il faisait déjà presque nuit et il songea un instant à ses deux collègues, seules dans la forêt, à la merci de ces chasseurs qui connaissaient parfaitement le coin. Mais il connaissait aussi très bien les deux jeunes femmes et il savait que Van Pelt aimait la nature. Ayant discuté souvent avec elle, il savait qu’elle aimait le camping, alors elle saurait se débrouiller, du moins l’espérait-il. Arriverait-elle à se concentrer en sachant ce qui les poursuivait ? Pas sûr, mais il devait y croire, c’était le seul moyen de ne pas devenir fou face à ce silence et cette attente.



Lisbon s’arrêta près d’un petit buisson pour reprendre son souffle, aussitôt imitée par Van Pelt. La rouquine se laissa tomber au sol, encore sous le choc de ce qui s’était passé. Elle n’avait pas compris tout de suite pourquoi Lisbon lui avait dit qu’elles rentraient au bureau, mais lorsqu’elle avait vu du coin de l’œil les hommes armés un peu plus loin, elle avait compris. Il n’avait pas été utile que Lisbon lui donne l’ordre de courir, elle l’avait fait d’instinct. A présent qu’elles avaient mis de la distance entre elles et leurs assaillants, elles pouvaient enfin reprendre leur souffle.

Lisbon se passa une main dans les cheveux, chassant les feuilles mortes qui s’y étaient accrochées dans sa course. Elle n’aimait définitivement pas les forêts et personne ne pourrait la faire changer d’avis là dessus. Ces endroits étaient sombres, lugubres et vu la situation dans laquelle elle se trouvait, elle avait l’impression d’être le personnage principale d’un de ces films d’horreur dans lesquels les victimes ne s’en sortent jamais. Ce n’était vraiment pas encourageant, mais elle ne pouvait empêcher son esprit de faire le rapprochement. La jeune femme releva les yeux vers sa collègue et s’en voulut. Elle avait demandé à Van Pelt de l’accompagner sur le terrain et la rouquine avait presque sauté de joie, mais maintenant elle doutait qu’elle soit encore ravie d’avoir quitté le bureau.

-“ Ça va Van Pelt ?” demanda Lisbon en se penchant vers sa collègue.
-“ Oui Patron” répondit la jeune femme. “ Juste le temps de reprendre mon souffle et on peut repartir.”
-“ Pour aller où ? Nous ne connaissons pas cet endroit et eux si. On a aucune chance de sortir d’ici vivantes.”

Van Pelt resta un moment sans voix. C’était la première fois depuis qu’elle travaillait avec Lisbon qu’elle l’entendait parler ainsi, perdre confiance. Si son roc ne survivait pas, y arriverait-elle ? Van Pelt n’était pas aussi forte que Lisbon, elle le savait et ne s’en cachait pas. Elle était une femme sensible et parfois elle se demandait ce qu’elle faisait au CBI. Mais c’était sa place, elle était faite pour ce travail, pas de doute là-dessus, mais pour le travail de bureau, pas pour le terrain et rien que cette petite mésaventure lui donna envie de retourner derrière son ordinateur. Elle voulait depuis si longtemps aller sur le terrain, pouvoir montrer de quoi elle était capable. Elle n’était pas entrée au CBI pour faire uniquement du travail de bureau, elle en avait assez qu’on ne la voit que comme la petite nouvelle, ça faisait déjà plus de trois ans qu’elle travaillait avec cette équipe. Et quand enfin elle avait la chance de faire ses preuves, il fallait qu’elle tombe sur des fous qui les prenaient elle et sa patronne comme des cibles. Mais finalement, c’était là une chance de montrer à Lisbon de quoi elle était capable, de prouver que tous ses séjours en forêt avec ses amis avaient portés leurs fruits.

Van Pelt se redressa, observa les alentours puis se tourna vers sa patronne qui avait encore du mal à reprendre son souffle. Il faut dire qu’elles n’avaient jamais couru aussi vite de leur vie et que, malgré tout, Lisbon n’était plus toute jeune, mais ça elle se garderait bien de le lui dire. Elle se rapprocha de la brunette, lui mis une main sur l’épaule en lui déclarant.

-“ Nous ne devons pas rester ici, ils pourraient nous trouver.”
-“ Je sais Van Pelt” souffla Lisbon, “ mais je ne sais pas du tout dans quelle direction aller. Je ne suis pas une fille des campagnes moi, je ne me sens bien qu’en ville.”
-“ Je vais peut-être pouvoir nous sortir de là” sourit Grace.
-“ Vraiment ?” S’étonna sa collègue, un petit sourire apparaissant sur son visage.
-“ J’ai souvent fait du camping en forêt avec mes amis lorsque j’étais adolescente, alors je pense que je vais pouvoir m’en sortir.”
-“ Vous êtes la meilleure Grace.”
-“ Attendez que nous soyons de retour au CBI pour dire ça” plaisanta la rousse.

L’atmosphère devint soudain plus légère et Lisbon se releva avec un nouvel espoir de sortir de cette forêt et de rentrer chez elle. Si Van Pelt avait l’habitude des forêts, alors c’était une chance pour elles. Si elles parvenaient à sortir d’ici, elle l’emmènerait plus souvent sur le terrain. Les deux femmes reprirent leur marche, sans vraiment courir, mais sans marcher non plus. Elles avaient un bon rythme qui leur permettait d’avancer sans trop se fatiguer

Elles marchèrent comme ça pendant bien une heure avant que Van Pelt ne les fassent s’arrêter, écoutant attentivement les bruits aux alentours. Lisbon écouta à son tour mais n’entendit rien de spécial, elle se reposa donc sur sa collègue. La rousse se tourna ensuite vers elle avec un sourire et Lisbon lui sourit en retour, ne sachant pas vraiment pourquoi.

-“ Vous entendez ?” demanda Grace.
-“ Quoi ?” répondit Lisbon qui tendit encore l’oreille sans savoir de quoi elle parlait.
-“ Le bruit de l’eau, il y a une rivière pas loin d’ici.”
-“ Et alors ?”
-“ Si nous suivons la rivière, elle devrait nous faire sortir d’ici.”
-“ Vous en êtes sûre ?”
-“ Si on prend le bon côté oui, sinon on va s’enfoncer un peu plus dans la forêt.”

Bon alors, c’était à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Il s’agissait de ne pas se tromper de direction, et là encore Lisbon ne voulait pas prendre de décision. Elle n’y connaissait rien du tout, comment savoir si la direction était la bonne ? Comment savoir si elle allait bien les faire sortir d’ici au lieu de les enfoncer un peu plus ? Foutue forêt. Comme elle ne se décidait pas, ce fut encore une fois Van Pelt qui pris la décision et choisi la direction à prendre, elle espérait juste ne pas s’être trompée. Mais il fallait bien faire un choix.

Elles marchèrent comme ça pendant encore une bonne demi-heure avant de tomber sur un petit chalet perdu entre les arbres. Lisbon fit signe à Van Pelt de venir près d’elle, histoire de ne pas prendre de risque. Le coin était calme, il ne semblait y avoir personne alors la brunette décida d’entrer dans la petite maison pour voir s’il n’y avait pas un téléphone, ce serait peut-être leur seule chance de contacter quelqu’un. Elles entrèrent avec précaution, Lisbon tenant son arme devant elle. Et oui, elle avait toujours son arme, mais elle ne l’utiliserait qu’en cas d’extrême urgence, il fallait économiser les balles et elle ne savait pas pendant combien de temps sa collègue et elle resteraient ici. A l’intérieur, c’était aussi calme qu’à l’extérieur et Lisbon se détendit en rangeant son arme. Elle chercha un téléphone et fini par le trouver au fond du salon. Elle se précipita dessus et composa un numéro sans même y réfléchir.

-“ Allo” répondit presque aussitôt la voix de son interlocuteur.
-“ Jane c’est Lisbon” dit alors la brunette avec un large sourire.
-“ Lisbon ? Où êtes-vous ?” S’inquiéta le mentaliste.
-“ Où exactement je ne sais pas, mais nous avons trouvé un petit chalet dans la forêt. Il n’y a personne pour le moment mais je ne compte pas m’éterniser.”
-“ Nous sommes au poste des gardes forestiers, du moins je le suis, les autres n’ont pas voulu que j’aille avec eux,” soupira Jane d’un air fataliste.
-“ Ce n’est pas plus mal” renchérit Lisbon pour l’embêter un peu. “ Bon c’est pas tout mais il faudrait venir nous chercher avant que les autres ne nous trouvent.”
-“ Attendez, je demande à quelqu’un où se trouve ce chalet.”

Lisbon entendit Jane demander autour de lui et à chaque fois il obtenait une réponse négative, à croire que ce chalet n’existait pas vraiment. De son côté, Van Pelt surveillait par la fenêtre du salon mais personne n’était encore arrivé. Pour le moment elles étaient tranquilles, mais cela risquait fort de ne pas durer. La nuit était déjà bien avancée et les occupants de cette demeure rentreraient bientôt chez eux et qui sait comment ils prendraient le fait qu’elles se soient introduites chez eux. Elle préférait ne plus s’y trouver à ce moment-là. Finalement, Jane ne trouva personne qui puisse l’aider.

-“ Je ne sais pas Lisbon, personne ne semble connaitre cet endroit, ou du moins c’est-ce qu’ils veulent me faire croire.”
-“ Que voulez-vous dire ?”
-“ Et bien, à chaque fois que j’ai posé la question, j’ai remarqué qu’ils rentraient la tête dans les épaules et que leur regard changeaient, à croire qu’ils ont peur de quelque chose.”
-“ Pour des représentants de la loi c’est surprenant.”
-“ Je trouve aussi.”
-“ Patron” appela la voix de Van Pelt, “ quelqu’un arrive et… oh mon Dieu ce sont eux.”
“ Quoi ?” S’affola Lisbon.
“ Que se passe-t-il Lisbon ?” S’inquiéta Jane.
“ Je crois que nous sommes chez eux” souffla-t-elle, “ je dois vous laisser Jane, mais dites aux autres où nous sommes lorsqu’ils reviendront.”

Puis elle raccrocha rapidement avant de chercher un endroit où se cacher avec Van Pelt au moment où la porte du chalet s’ouvrit. Cinq hommes pénétrèrent à l’intérieur, tenant leur fusil à la main, l’air mécontent.



-“ T’avais dis que ce serait facile Travis” grommela Jo.
-“ Ouais ben je pouvais pas savoir qu’elles étaient flics” répondit sèchement Travis.
-“ Et maintenant on fait quoi ?” demanda Davis en posant son fusil contre la porte du placard au fond du salon.
-“ On va attendre qu’il fasse jour et on partira à leur recherche, en attendant on mange.”
-“ J’ai pas faim” lança Eddie en se dirigeant vers sa chambre. “ Je vais dormir pour être en forme demain.”
-“ Ok, à demain frérot.”

Eddie entra dans sa chambre en prenant soin de bien refermer la porte afin d’avoir la paix. D’un côté il était content de ne pas avoir trouvé les deux femmes, mais d’un autre, il savait que le lendemain il devrait y retourner et cette fois il devrait faire ce qu’il faut pour faire honneur à son frère. Il espérait que les deux futures victimes aient trouvé un endroit pour la nuit et qu’elles trouveraient également un moyen de sortir de la forêt, il ne voulait pas avoir à les tuer.

Il se laissa tomber sur son lit, plaça ses mains derrière sa tête et laissa son regard se perdre sur le plafond. Il ne savait pas quoi faire, il ne savait pas comment se sortir de cette situation. Il n’était pas comme son frère, contrairement à ce que pensait Travis, il n’avait pas l’âme d’un assassin et il ne l’aurait jamais. Il aimait la chasse, plus que tout, mais pas tuer des êtres humains pour le plaisir. Il ne comprenait pas pourquoi son frère et ses amis s’acharnaient à faire ça, c’était horrible. Mais que pouvait-il y faire ? Il était le plus jeune, le seul à ne pas être complètement un monstre. Personne ne l’écouterait, pas même son cousin et il ne voulait pas prendre le risque que les autres se rendent compte de ce qu’il était vraiment.

Finalement, Eddie se changea et se coucha, dans l’espoir de parvenir à trouver le sommeil. Il s’endormit facilement, malgré tout le bruit que faisaient les autres dans la pièce à côté.



Lisbon et Van Pelt avaient réussi à sortir du chalet avant que les hommes ne se rendent compte de leur présence. Elles se trouvaient juste en dessous de la fenêtre d’une des chambres, celle où un des hommes, le plus jeune semblait-il, venait de se coucher. Elles avaient eut de la chance qu’il ne soit pas très observateur, sinon il aurait vu que sa fenêtre était ouverte et il aurait prévenu les autres. Il fallait maintenant qu’elles s’éloignent le plus discrètement possible pour ne pas les alerter. Lisbon espérait que Cho et Rigsby reviendraient vite au poste des gardes forestiers et que Jane leur expliquerait la situation. Elle ne doutait pas qu’il le ferait, il avait eu l’air vraiment soulagé de l’entendre. Cela lui rappela la fois où elle avait prit cette balle, le jour où Jane avait tué celui qu’il prenait pour Red John. Elle se souvenait l’avoir entendu l’appeler désespérément au téléphone, jusqu’à ce qu’elle puisse lui répondre, là il avait soufflé son soulagement. Et bien aujourd’hui c’était la même chose et elle-même avait été soulagé de l’entendre, rien que le son de sa voix avait un tel pouvoir pour la relaxer, autant que pour l’agacer soit dit en passant.

Les deux femmes rampèrent aussi loin que possible et, lorsqu’elles furent certaines qu’on ne pouvait pas les voir de la maison, elles se redressèrent et partir dans les bois sans regarder où elles allaient, du moment qu’elles s’éloignaient de cet endroit. Mais elles ne faisaient vraiment pas attention où elles allaient et, la nuit n’aidant pas, Lisbon trébucha sur un tronc d’arbre au sol et tomba lourdement derrière sa collègue qui fit demi tour pour lui venir en aide.

-“ Ça va patron ?” demanda la rousse alors que Lisbon se relevait.
-“ Oui, je n’ai juste pas vu ce tronc, en même temps je ne vois rien du tout” rouspéta-t-elle.
-“ Il faut qu’on trouve un endroit où passer la nuit, c’est trop dangereux de continuer dans ce noir.”
-“ Je veux bien mais où ?”

Grace regarda autour d’elle, essayant de s’adapter à l’obscurité et fini par trouver quelque chose, pas très loin, pas le meilleur des endroits pour dormir, mais au moins elles seraient tranquille pour la nuit. Elle aida sa patronne à marcher jusqu’au tas de buissons un peu plus loin. Elles s’installèrent aussi confortablement que possible et eurent du mal à trouver le sommeil, mais il fini par les envahir et elles s’endormirent l’une contre l’autre.



Cho et Rigsby arrivèrent au poste et Jane leur sauta presque dessus, impatient de leur faire part de l’appel de Lisbon. Il leur expliqua où se trouvaient leurs collègues et les deux agents partirent rejoindre le chef de la brigade afin qui leur indique l’endroit. Le chalet se trouvait bien enfoncé dans la forêt et il serait difficile de l’atteindre en pleine nuit.

- “ Mais nos amies sont seules là-bas avec ces types.” S’énerva le mentaliste.
-“ Je suis désolé monsieur Jane” répondit l’officier, lui aussi énervé, “ mais je ne prendrais pas de risques inutiles. Nous partirons demain matin à la première heure.”

Puis il s’éloigna, laissant les deux agents et le consultant seuls dans le bureau. Jane se tourna vers le mur et donna un grand coup de poing dedans, ce qui surpris ses collègues qui ne l’avaient jamais vu ainsi. Rigsby s’approcha de lui, posa une main sur son épaule et le força à se tourner vers eux. Ce qu’il vit dans ses yeux lui fit mal au cœur, jamais il n’avait vu ça dans les yeux d’habitudes si rieurs du mentaliste. Il semblait perdu, anéanti. Rigsby savait parfaitement ce qu’il ressentait, lui aussi se faisait du souci pour leurs collègues, surtout pour Grace. Mais il ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre le lendemain, là ils partiraient à leur recherche mais cette fois ils savaient par où commencer.

-“ On va les retrouver Jane” lui dit Rigsby.
-“ Qu’est-ce que t’en sais ?” S’énerva Jane.
-“ Hey ! du calme mec, je voulais juste être sympa, tu crois être le seul à te faire du souci pour elles ? Tu crois pas que moi aussi j’ai peur pour Grace ?”
-“ Rigsby je…”
-“ Moi aussi j’ai peur, moi non plus je ne veux pas la perdre. Alors faut que tu te calme et que t’ailles te reposer.”

Cho avait écouté l’échange entre les deux hommes sans intervenir. Il savait ce que ressentait chacun d’eux pour leur deux collègues disparues, lui-même se faisait beaucoup de souci pour elles. Mais il savait aussi que Rigsby était toujours amoureux de Van Pelt, qu’il n’avait jamais réussi à l’oublier, même s’il avait tenté de rencontrer des femmes. Et pour Jane, même s’il ne disait rien, il avait quand même des sentiments pour Lisbon. Peut-être pas de l’amour, mais une profonde amitié, elle était son point d’ancrage dans la vie et sans elle il était perdu. Il avait besoin d’elle pour ne pas sombrer, elle lui était vitale.

L’asiatique suivit ses collègues qui sortaient du bureau, la main de Rigsby toujours sur l’épaule du consultant. Ils allèrent directement au motel où ils avaient réservés des chambres pour la nuit, parfaitement conscients qu’ils ne les retrouveraient pas le jour-même. Lorsqu’il se coucha, il sut que la nuit serait longue pour ses deux collègues, mais il tenta néanmoins de trouver le sommeil. Il fallait qu’il y en ait au moins un qui tienne le choc pour les recherches du lendemain. Mais avant de fermer les yeux, il pria pour que Lisbon et Van Pelt aillent bien et pour qu’ils les retrouvent rapidement.

*****

Prise de conscience

La nuit était froide, leur position inconfortable et Lisbon et Van Pelt ne parvenaient pas à trouver le sommeil. Mais plus que tout, elles avaient peur que les hommes ne les trouvent alors qu’elles dormaient, de ce fait elles préféraient rester éveillées, même si ce n’était pas la meilleure chose à faire. Serrées l’une contre l’autre, cherchant à se réchauffer un peu, les deux femmes avaient les yeux grands ouverts, surveillant les alentours.

-“ Patron ?” dit soudain Van Pelt.
-“ Oui” répondit la voix fatiguée de Lisbon.
-“ Vous pensez qu’on va sortir de là ? Je veux dire, je sais que nous sommes des agents du CBI entraînés pour savoir se défendre mais… ces hommes sont armés et pas nous, ils connaissent bien les lieux et pas nous, et … je…”
-“ On va y arriver Van Pelt” tenta de la rassurer la jeune femme. “ Moi aussi je dois bien avouer que j’ai peur, mais je sais qu’on ne va pas mourir ici, on va sortir de cet endroit de malheur, on va retrouver les autres, ces hommes vont être arrêtés et on rentrera chez nous.”
-“ Vous avez l’air bien confiante” trembla la voix de Van Pelt qui se pelotonna un peu plus contre sa patronne.
-“ J’ai envie de sortir d’ici, j’ai encore plein de chose à faire.”
-“ Comme quoi ?”
-“ Vous ne pensez pas que vous devriez dormir ?” tenta Lisbon, une façon comme une autre d’éluder la question.
-“ Je n’y arrive pas, alors discuter. Alors, qu’avez-vous à faire ?”
-“ Je… je ne sais pas, peut-être voir un peu plus ma famille, faire autre chose que travailler, rencontrer des gens. Et vous ?”
-“ Moi ? Comme vous et… rencontrer quelqu’un” répondit une Van Pelt soudain rêveuse.

Lisbon sourit mais ne répondit rien à ça. Elle aussi y songeait parfois, sa vie était bien vide et elle voulait la remplir avec autre chose que les louanges de ses patrons pour son bon travail, ce n’était pas ça qui allait la réchauffer les longues nuits d’hiver. Mais rencontrer un homme avec le métier qu’elle faisait, ce n’était pas une chose facile et Lisbon n’était pas très douée pour les relations amoureuses. Au cours de sa vie elle en avait eu, mais à chaque fois ça c’était mal fini et elle n’était pas certaine d’être capable d’avoir une fois encore le cœur brisé. Alors non, rencontrer un homme ne venait pas en tête de sa liste de choses à faire. Ce serait peut-être en dernière position, et encore ce n’était pas certain que ça se trouve sur sa liste.

Au bout de quelques minutes de silence, Lisbon tourna la tête pour découvrir sa collègue endormie contre son épaule. Elle sourit et consentit à en faire autant. De toute façon, elle avait le sommeil léger alors si quelqu’un s’approchait pendant la nuit, elle l’entendrait. Elle ferma les yeux, tentant de ne pas penser au froid, ni aux cinq hommes qui avaient pour but de les tuer, uniquement pour occuper leurs journées d’ennui.




Rigsby se trouvait dans sa chambre d’hôtel mais n’arrivait pas à trouver le sommeil. De savoir que Van Pelt se trouvait seule dans cette forêt, sans rien pour se défendre le mettait sur les nerfs. Enfin elle n’était pas vraiment seule, mais que pouvaient faire deux femmes sans armes contre cinq hommes armés de fusils ? Et lorsqu’il se rappelait de l’état dans lequel le corps de Lucy avait été retrouvé, il se sentait encore moins rassuré. Il avait toute confiance en Lisbon, il savait qu’elle ne laisserait rien arriver à Grace, mais il avait aussi peur qu’en voulant la protéger il lui arrive malheur. Il connaissait assez Lisbon pour savoir ce dont elle était capable pour empêcher qu’il arrive quoi que ce soit aux gens qui comptaient pour elle, il n’y avait qu’à voir avec Jane, elle était prête à tout pour lui.

L’agent se coucha finalement sur son lit, croisant ses bras derrière sa tête les yeux fixés au plafond. Il n’arriverait pas à dormir cette nuit, bien qu’il doive se reposer s’il voulait pouvoir être efficace lors des recherches du lendemain. Mais de savoir ses deux collègues seules dans cette forêt, sans savoir comment elles allaient, cela l’empêchait de trouver le sommeil dont il avait besoin. Il s’en voulait de ne pas être allé à la place de Van Pelt sur le terrain, il s’en voulait d’être en sécurité ici alors qu’elle était en danger dehors.

Finalement, Rigsby ferma les yeux et tenta de dormir un peu. Il savait maintenant ce que ressentait Jane le soir, il savait ce que c’était de s’en vouloir de quelque chose et de ne rien pouvoir y faire. Le sommeil eut raison de lui au bout de moins de deux minutes et ses ronflements envahirent la pièce.




Assis au pied de son lit, tenant dans ses mains une photo, Patrick Jane tentait de se calmer après la petite crise de nerf qu’il avait eut un peu plus tôt. Il ne comprenait toujours pas pourquoi il s’était énervé ainsi, pourquoi il avait crié sur le chef des gardes forestiers et encore moins contre son collègue. Mais il l’avait fait et à présent il se sentait honteux, chose qui ne lui était pas arrivée depuis bien longtemps.

Le mentaliste tenait sa photo étroitement serrée entre ses doigts, se souvenant de sa dernière discussion avec Lisbon avant qu’elle ne parte avec Van Pelt. Il se rappelait l’avoir presque suppliée de ne pas retourner sur la scène de crime, qu’il ne supporterait pas de le faire et elle ne l’avait pas forcé. Il lui en avait été reconnaissant, après tout ce qu’il pouvait lui faire subir tout les jours, elle était encore et toujours gentille avec lui. Jane se dit qu’il ne méritait pas quelqu’un comme elle, qu’il ne méritait pas toute la gentillesse dont elle faisait preuve envers lui.

Lisbon était une femme bien, elle avait du cœur et malgré toutes les blagues qu’il lui faisait à longueur de journée, malgré tout les rapports de plaintes qu’elle devait signer à cause de lui, elle était encore et toujours la première à le soutenir lorsqu’il n’allait pas bien. Et à présent, elle était seule dans cette forêt avec Grace et il s’en voulait. Il savait qu’elle détestait les forêts, mais sur le moment il n’avait pensé qu’à lui et elle aussi. Pourquoi n’avait-il pas proposé que ce soit Cho et Rigsby qui s’y rendent à sa place ? Pourquoi l’avait-il laissé partir ? Il savait que s’il devait lui arriver quelque chose, il ne se le pardonnerait jamais.

Il se sentait coupable de la mort de sa famille, bien que tout le monde lui répète que ce n’était pas de sa faute. Il connaissait la vérité, il avait provoqué un tueur et en avait payé le prix. Mais il se sentait aussi coupable pour Lisbon et cette fois il savait qu’il n’avait pas de raison pour, mais il ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir. Maintenant, Lisbon et Grace se trouvaient seules à la merci de cinq tueurs et personne ne pouvait rien faire pour elles, et c’est ça qui le rendait fou de rage. Il ne comprenait pas pourquoi les gardes forestiers refusaient d’aller les chercher, même au milieu de la nuit. Il avait peur qu’en attendant le lendemain ce soit trop tard.

Jane reposa la photo qu’il avait dans les mains au pied du lit et se leva pour aller se changer. Sur la photo, on pouvait le voir avec Lisbon lors du partage d’une pizza à la fin d’une enquête, souriants, heureux. Cette photo lui rappelait à quel point Lisbon lui manquait et à quel point il voulait la retrouver.
Il revint dans la chambre et se coucha sur le lit, priant pour que ses deux collègues aillent bien, priant pour qu’elles tiennent le coup jusqu’à ce qu’ils arrivent. Il n’avait pas l’habitude de prier, il ne croyait pas en l’existence d’une force supérieure, mais Lisbon y croyait et pour elle il faisait cet effort. Il fini par s’endormir avec l’image de la jeune femme dans la tête. Le lendemain il partirait à sa recherche et il la retrouverait.




Un bruit un peu plus loin réveilla Lisbon qui se redressa vivement, tournant la tête de tous les cotés à la recherche de la source. Elle tomba sur un petit lapin qui venait de se prendre une patte dans un morceau de bois sur le sol. La jeune femme se leva doucement, tentant de ne pas réveiller sa collègue qui dormait profondément et rampa jusqu’à l’animal qui commença à prendre peur et à s’agiter.

-“ Et du calme petite chose” lui murmura-t-elle, “ je ne te ferais pas de mal.”

Le lapin continua de s’agiter, mais lorsqu’elle retira sa patte prisonnière, il sauta d’un grand bon pour partir aussi vite que possible. Une fois à une distance raisonnable, il s’arrêta, se retourna vers la jeune femme, tapa d’une patte sur le sol comme s’il voulait dire merci et pris la fuite. Un animal sauvage restait un animal sauvage et même si elle venait de lui rendre la liberté, il n’était pas reconnaissant. Elle aimait bien les lapins, mais elle les préférait en cage plutôt que courants partout.

Lisbon le regarda partir avec un petit sourire, heureuse d’avoir fait quelque chose de bien. Ce pauvre petit animal lui avait fait peur, mais à présent elle sourit. Elle n’aimait pas cette endroit, le moindre bruit lui faisait peur, mais elle commençait peu à peu à se calmer elle aussi. En se tournant vers Grace, elle remarqua que les bruit de la nature ne lui faisaient rien à elle et elle se surprit à l’envier. Jamais elle ne s’était bien sentit en pleine nature, tout lui était si étrange, si calme et bruyant à la fois. Elle ne savait pas comment les gens pouvaient aimer ça, et elle ne comprendrait jamais. La seule chose qu’elle voulait pour le moment était de sortir d’ici et de rentrer chez elle. Elle avait peur que Jane ne fasse une bêtise, elle le connaissait bien et elle savait qu’il était intenable. Elle avait surtout peur qu’il ne se reproche la situation, elle savait comment il fonctionnait et elle savait qu’il allait s’en vouloir.

Elle revint pour se coucher, mais alors elle vit que le soleil commençait juste à se lever. Il était temps de partir, il ne fallait pas perdre une minute. Elle réveilla donc sa collègue qui se leva d’un bond, comme elle quelques minutes plus tôt, les yeux cherchant ce qu’il se passait. Pas de doute, elle était un bon agent, toujours sur le qui vive et cela fit un peu sourire Lisbon qui avait eut la même réaction au réveil.

-“ Du calme Van Pelt, ce n’est que moi” la calma Lisbon.
-“ Que se passe-t-il ?” S’inquiéta quand même la rousse.
-“ Le soleil se lève et je pense que nous devrions partir maintenant.”
-“ Bonne idée.”

Les deux jeunes femmes se levèrent et se remirent à marcher dans une direction qu’elle ne connaissait pas, mais elles voulaient s’éloigner au plus vite afin de ne pas être surprises par les chasseurs qui eux connaissaient bien le coin. Elles avaient au moins la chance de s’être réveillées au lever du soleil, ce qui leur laisserait une avance considérable par rapports aux hommes et peut-être qu’elles trouveraient un moyen de sortir d’ici. Elles continuaient de garder espoir, il ne leur restait que ça. Avec un peu de chance, elles mettraient assez de distance et cela laisserait du temps à l’équipe de les retrouver.

Au bout de plusieurs minutes de marche, Grace qui ne faisait pas attention à l’endroit où elle mettait les pieds, trébucha dans un trou et s’étala sur le sol, ne parvenant pas à se rattraper. Lisbon se pencha immédiatement vers sa collègue, l’aida à se relever et chercha si elle était blessée. Van Pelt se posa une main sur la cheville qui la faisait horriblement souffrir. Cela ne présageait rien de bon et Lisbon le savait, mais elle ne devait pas le montrer à sa collègue.

-“ Ça va Van Pelt ?” S’inquiéta Lisbon.
-“ Je crois que je me suis tordu la cheville” répondit la jeune femme lorsque sa patronne posa sa main sur sa jambe. “ Je vais avoir du mal à marcher et je risque de vous ralentir".
-“ C’est rien, je vais vous trouver une branche pour vous aider à marcher” la rassura la brunette en s’éloignant.

Lorsqu’elle revint, elle avait une longue branche dans les mains et aida Van Pelt à se relever, lui tendant la branche. Van Pelt s’en aida et elles reprirent la marche. Elles allaient beaucoup moins vite, ce qui inquiéta un peu Lisbon, mais elle ne dit rien, ne voulant pas faire peur à sa collègue. Elles allaient perdre du temps, les hommes pourraient les rattraper plus facilement, mais elles y arriveraient.

Mais au bout d’encore plusieurs minutes, des voix derrières elles les alertèrent et Lisbon sentit son cœur s’accélérer dans sa poitrine. Les hommes avaient eux aussi repris leur chasse et se trouvaient bien plus près que ne le pensait la jeune femme. Elles allaient devoir soit aller encore plus vite, ce qui s’avérait bien trop difficile étant donné l’état de la cheville de Grace, soit trouver un endroit où se cacher. La seconde solution était la plus réalisable, mais encore fallait-il trouver la meilleure cachette et Lisbon avait beau chercher, elle ne trouvait pas où elle pourrait les cacher. Les voix se rapprochaient encore et Van Pelt sentit la peur monter en elle. A cause de sa chute, elles avaient perdu du temps et maintenant elles risquaient de ne jamais pouvoir s’en sortir.

La jeune femme sentit sa patronne lui tirer le bras et elle la suivit, aussi vite que possible, vers la destination qu’elle lui indiquait. Elles grimpèrent le long d’une butte et se cachèrent derrière au moment même où deux hommes apparaissaient, leur fusil à la main. Lisbon retint son souffle, comme si le simple fait de respirer pouvait indiquer leur position. Mais les hommes continuèrent leur chemin sans les voir, ni les entendre et les deux jeunes femmes soufflèrent de soulagement. Mais tout n’était pas gagné, elles avaient peut-être échappé aux deux hommes mais il en restait encore trois et elles ne savaient pas du tout par où aller pour sortir d’ici.

L’idée de suivre la rivière était encore bonne, la veille elles avaient juste pris la mauvaise direction, mais maintenant elles savaient par où aller alors elles allaient la prendre. Avec un peu de chance, elles trouveraient rapidement la sortie et retrouveraient leurs collègues. Elles pourraient enfin se reposer, prendre une bonne douche et les autres se chargeraient de l’arrestation des cinq hommes responsables de la mort des quatre adolescents, ainsi que de leur poursuite à travers les bois. Mais avant ça, il fallait qu’elles partent avant que les autres n’arrivent, il n’y avait pas de temps à perdre.




Jane, Rigsby et Cho arrivèrent le plus tôt possible au poste afin d’y retrouver le chef de la brigade. Il s’y trouvait déjà, donnant ses ordres à ses collègues, le tout autour d’un plan de la forêt et de ses alentours. Dans un coin de la carte, ils purent voir un gros cercle rouge entourant une petite propriété. Lorsque l’homme les vit entrer, il leur fit signe de s’approcher, ce qu’ils firent, et il repris ses explications.

-“ Bien, maintenant que nous sommes tous là, je veux que vous m’écoutiez bien car je ne me répéterais pas” reprit-il, “ Johnston, toi et les autres vous allez partir chez Travis et son frère. Je veux que vous les interrogiez, que vous appreniez s’ils n’auraient pas vu les deux agents du CBI.”
-“ Bien monsieur” répondit Johnston.
-“ Je vais partir de l’autre côté avec les agents ici présent, nous tenterons de voir si les jeunes femmes n’auraient pas trouvé un moyen de partir plus loin. Avec de la chance, nous les retrouverons avant la nuit.”
-“ Et si ce n’est pas le cas ?”
-“ Nous les retrouverons,” intervint Jane “ il est hors de question que je reparte sans mes amies.”
-“ Monsieur Jane a raison, nous ne pouvons pas nous permettre de rentrer sans elles. Les prévisions météo pour la nuit à venir ne sont pas bonnes et elles ne survivraient pas une nuit de plus dehors.”

Les cœurs de Jane et de Rigsby s’accélérèrent à cette annonce. Ils n’avaient pas écouté la météo, se faisant bien trop de souci pour leurs collègues et amies. Et la tempête annoncée leur serait fatale à coup sûr. Il fallait absolument les retrouver avant la nuit, il n’était pas question de les laisser dehors.

Chaque groupe se prépara pour les recherches et partit dans les directions indiquées plus tôt. Pour une fois, Jane écouta tout ce qu’on lui demandait sans poser de questions, les vies de Lisbon et de Van Pelt étaient en jeu et il ne pouvait se permettre de faire n’importe quoi. Il monta dans la voiture, Rigsby prenant place à côté de lui et, instinctivement, il posa une main sur son épaule, une main qu’il voulait réconfortante mais sa propre peur se ressentit dans son geste. Le grand brun se tourna vers lui et lui répondit d’un petit sourire, reconnaissant de son geste. A l’avant, Cho les regarda faire et, même s’il ne laissait rien paraître, lui-même n’en menait pas bien large. Il avait autant peur que ses collègues, mais il ne voulait pas que les autres le sachent. Il voulait se montrer fort pour eux, ils allaient avoir besoin de ça s’ils ne voulaient pas perdre espoir. L’asiatique connaissait l’attachement de Rigsby pour Van Pelt, il avait vu à quel point l’agent appréciait la jeune femme et ce depuis son premier jour dans l’équipe. Il avait vu la peine qu’il avait ressentie lorsqu’il avait dû rompre et il savait que malgré tout, il avait encore des sentiments pour elle. Il savait aussi que Jane serait inconsolable s’il ne retrouvait pas Lisbon. Bien qu’il tente de s’en cacher, Cho se doutait qu’il y avait plus que de l’amitié entre les deux. Peut-être pas de l’amour, mais un lien très fort, si fort que l’un sans l’autre ils étaient perdus. Il savait à quel point Jane avait souffert de la perte de sa famille et qu’il en souffrait encore. Alors s’il devait aussi perdre Lisbon, rien ne pourrait jamais le consoler.

Alors que la voiture démarrait, Cho se promis de réunir ces deux couples et qu’importe ce qu’il allait se passer. Il ne supporterait pas de les voir souffrir encore si ce n’était pas le cas et il ne savait pas s’il pourrait se retenir plus longtemps. Contrairement à ce que les gens pensaient de lui, il avait un cœur, il voulait juste se protéger et il y était plutôt bien arrivé jusqu’à présent. Mais s’il devait perdre les deux jeunes femmes, alors… il préféra ne pas y penser.




Eddie marchait à côté de son frère depuis maintenant deux heures et il était comme soulagé de ne pas avoir encore trouvé les deux femmes. Il ne savait pas comment il se sortirait de cette situation si jamais il les retrouvait. Il ne voulait pas leur faire de mal, mais d’un autre côté, s’il ne faisait pas ce que les autres attendaient de lui, il ne savait pas ce qu’ils lui feraient subir. Leur petite famille était proche, ils feraient tout et n’importe quoi pour les autres, mais pour cela il fallait aussi entrer dans le moule et Eddie n’y entrait pas du tout. Travis avait déjà remarqué que son petit frère n’était pas vraiment comme lui, mais il avait encore l’espoir de le faire changer.

Mais plus le temps passait et plus Eddie sentait la peur monter en lui. Quelques mètres plus tôt, alors que les autres étaient occupé à discuter, il avait remarqué quelque chose, des traces sur le sol et il s’était douté que c’était les deux femmes qu’ils cherchaient. Il se demandait encore comment son frère n’avait rien vu, mais il n’avait rien dit, espérant leur laisser ainsi assez de temps pour qu’elles sortent d’ici. Cela leur permettrait de s’en sortir et à lui la chance de ne pas avoir à tuer. Mais de toute façon, si ce n’était pas lui qui les tuait, elles mourraient quand même avant le lendemain.

Le matin même, alors qu’il buvait son café, il avait écouté la radio qui annonçait une forte tempête pour la nuit prochaine. Il savait que la chasse d’aujourd’hui ne durerait pas toute la journée et il en fut soulagé. Mais cela voulait aussi dire que si les deux femmes ne trouvaient pas un moyen de sortir de la forêt, alors elles ne survivraient pas. Il connaissait la puissance des tempêtes dans la région et si on n’était pas d’ici, alors on risquait la mort. Les deux femmes venaient de la ville, peu de chance pour elles de s’en sortir.

Mais alors qu’il était perdu dans ses pensées, il entendit son frère crier victoire et il se rapprocha pour remarquer des traces sur le sol. Elles étaient passées par ici et Travis venait juste de les repérer, du moins, la route qu’elles avaient prise. Mais Eddie ne comprenait pas comment. Il releva la tête et constata que sans s’en rendre compte, ils avaient fait demi tour et étaient revenu à l’endroit où il avait vu les traces plus tôt. Travis décida de les suivre et rapidement, ils remarquèrent deux formes un peu plus loin devant eux.

-“ Elles sont là” cria-t-il.

Il vit les deux femmes se retourner et repartirent aussi vite que possible droit devant elle. Il remarqua que l’une d’elles était blessée et qu’à cette allure, elles n’iraient pas bien loin.




Lisbon accéléra la marche, traînant presque Van Pelt pour qu’elle aille plus vite, mais elle savait que malgré tout ses efforts, elles ne s’en sortiraient pas. Il leur faudrait un miracle pour leur échapper et elle ne croyait pas aux miracles. La jeune femme entendit un des hommes charger son fusil et un coup de feu, mais la balle passa à côté d’elle, bien près soit dit en passant. Elle accéléra encore au moment où un autre coup fut tiré, mais cette fois il ne manqua pas sa cible et Lisbon ressentit une violente douleur dans son bras gauche, non loin de sa précédente blessure. Mais elle ne tomba pas, se retenant de son mieux sur Van Pelt qui l’aida à avancer, malgré sa propre blessure.

Elles savaient aussi bien l’une que l’autre qu’elles ne s’en sortiraient pas, que ce n’était pas la peine de continuer de se torturer ainsi. Mais alors qu’elle sentait ses forces s’amenuiser, Lisbon revit le visage de Jane dans sa tête, elle revit ses yeux bleus rieurs, elle revit son sourire à faire fondre. Puis elle le revit le jour où elle l’avait trouvé en larmes, une photo de sa famille dans les mains. Elle ne voulait plus jamais le voir pleurer ainsi, elle ne voulait plus jamais le savoir triste comme ça et elle savait que sa mort lui serait trop difficile à supporter. Elle ne pouvait pas baisser les bras maintenant, pas après tout ce qu’elle avait déjà vécu. Alors elle alla puiser au plus profond d’elle et se repris.

Elle chercha autour d’elle et fini par trouver ce qu’elle cherchait, ou plutôt elle entendit ce qu’elle cherchait. Elle tira Van Pelt à sa suite et s’enfonça dans les branches, se cachant ainsi à la vue des chasseurs. Elle aida sa jeune collègue à se coucher sur le sol près d’un arbre et la recouvrit de feuilles mortes.

-“ Vous faite quoi ?” demanda une Van Pelt intriguée.
-“ Je vous sauve la vie” répondit-elle en continuant de la recouvrir.
-“ Et vous ?”
-“ Ne vous inquiétez pas, j’ai mon idée. Mais à partir de maintenant, quoi qu’il se passe, je ne veux pas vous entendre. Vous ne sortirez de là que lorsque les hommes seront partis, même si cela doit prendre du temps. Vous m’entendez ?”
-“ Mais…”
-“ C’est un ordre Van Pelt.”
-“ Bien patron.”

Lisbon fini de recouvrir le visage de sa collègue et se releva, s’éloignant le plus possible de la cachette. Elle entendit le bruit de l’eau se faire plus fort et sourit, elle venait de trouver la rivière. Les voix des hommes se faisaient de plus en plus proches et il n’y avait pas une minute à perdre. Elle attrapa une branche, y accrocha sa veste de son mieux et la jeta à l’eau.

-“ Au secours” cria-t-elle, assez fort pour que les chasseurs l’entende.

Puis elle se cacha un peu plus loin derrière un tronc sur le sol, au milieu de la boue au moment où les hommes arrivaient près de l’eau. Une fois encore elle retint son souffle et pria pour que son plan fonctionne.

TBC...

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