In Sunshine or in Shadow ^

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Un pas en avant

Jane était rentré à l’appartement de Lisbon, la jeune femme lui ayant demandé de lui rapporter quelques vêtements, ainsi que de quoi lire. Elle n’en pouvait plus de regarder la télévision, ou de discuter avec Naomi. Elle aimait bien l’infirmière, elle avait été si gentille avec elle depuis son arrivée. Mais elle ne voulait plus rester ainsi sans rien faire vraiment, elle voulait se changer les idées et il lui fallait ses livres. Elle avait toujours réussi à oublier les mauvaises choses de la vie en lisant, elle pouvait ainsi s’évader de son quotidien, partir dans un autre monde. Jane avait gentiment accepté d’aller chez elle, il savait qu’elle en avait besoin et il ferait tout pour qu’elle se sente bien.

A présent, il était dans la chambre de Teresa, fouillant dans son armoire à la recherche de vêtements qu’elle pourrait porter, dans lesquels elle serait à l’aise. Il trouva une tenue de sport, qu’il rangea dans le sac. Puis, attrapa quelques T-shirt qu’il rangea avec le reste. Vint alors le moment de prendre les sous-vêtements et là Jane hésita. Il pouvait faire beaucoup de chose pour elle, mais fouiller dans ses sous-vêtements, il ne pouvait pas faire ça, il ne se sentait pas à l’aise avec cette idée. Peut-être devrait-il attendre le retour d’Annie, la jeune fille s’en occuperait alors et il lui apporterait ses affaires plus tard.

Il descendit au salon pour prendre quelques livres. Il ne savait pas combien elle en voulait, alors il allait faire le plein. Il posa le sac sur le canapé et se dirigea vers la bibliothèque. Il parcouru du regard chaque livre, souriant en voyant les titres. Lisbon avait beau jouer les dures, elle aimait la lecture plus romantique, elle ne pouvait pas toujours dissimuler son côté femme. Il attrapa quelques livres parmi ceux qui lui semblaient les plus utilisés. Ce devait être ceux qu’elle aimait le plus, elle serait certainement ravie de pouvoir les lire de nouveau. Il les plaça dans le sac, content de ce qu’il venait de faire. Il avait découvert un des secrets de la jeune femme, un parmi tant d’autres et cela lui fit penser à son plus grand secret.

Jane se laissa tomber sur le canapé dans l’appartement de Lisbon, le petit carnet dans les mains. Il savait qu’il ne devait pas le faire, il savait qu’il ne devait pas le lire, mais il ne pouvait s’en empêcher. Depuis qu’il l’avait trouvé, il n’avait qu’une envie, savoir ce que Lisbon y avait écrit. La photo collée sur la couverture lui avait donné le sourire, mais aussi des larmes. Il passa ses doigts sur le visage souriant de Lisbon, cette femme qui avait tant souffert dans sa vie et qui souffrait encore, cette femme qui avait gardé toute sa souffrance pour elle en croyant qu’il ne savait rien. Mais elle ne pouvait rien lui cacher, du moins presque rien. Il savait maintenant, il lui avait fallut du temps, mais il savait et il s’en voulait de ne rien avoir vu plus tôt. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit, pourquoi avoir gardé tout ça pour elle pendant si longtemps ?

Mais le temps n’était pas aux reproches ou aux questions. Lisbon avait besoin de lui maintenant et il serait là pour elle. Il remit sa lecture à plus tard, pour le moment son amie avait besoin de lui. Il se releva, prit le sac qu’il avait préparé pour elle et sortit de l’appartement, emportant le carnet avec lui. Il jeta un dernier regard sur cet endroit où il était venu si souvent par le passé, cet endroit où Lisbon ne laissait venir personne, sauf lui. Il était un privilégié, il le savait et il en était honoré. Il ferma ensuite la porte et rejoignit sa voiture avant de partir pour l’hôpital.

Il roula quelques minutes, les pensées encore perdues par tout ce qui s’était passé ces dernières semaines. Lisbon était malade, elle avait un cancer et il avait peur de la perdre. Même s’il lui répétait sans cesse qu’elle ne devait pas s’inquiéter, qu’elle allait s’en sortir, il craignait que ce ne soit pas le cas. Il voulait garder espoir, il voulait croire en ces mots qu’il ne cessait de lui répéter, mais son état n’évoluait pas, il se dégradait au contraire. Pourtant tout n’était pas encore fini, elle allait s’en remettre, il ne pouvait en être autrement, il ne la laisserait pas partir comme ça loin de lui. S’il pouvait lui apporter un peu de bien être, alors peut-être que tout irait mieux. On dit toujours que l’état psychologique joue beaucoup sur la santé, alors il fallait qu’elle se sente bien.

Il arriva devant l’hôpital, se gara, sortit de la voiture et entra dans le bâtiment. Il salua les infirmières, sourit un peu à tout le monde, comme à son habitude et entra dans la chambre de Teresa. Elle était allongée sur le côté, les yeux clos, elle dormait. Jane posa le sac sur la chaise dans le coin gauche de la chambre avant de prendre place sur le fauteuil à côté du lit. Il resta un moment à la regarder, s’émerveillant toujours un peu plus de sa beauté, malade ou pas. Sa respiration douce, le mouvement léger de son nez lorsqu’un coup de vent entrait par la fenêtre ouverte. Il chassa un pan de son foulard qui avait glissé sur sa joue alors qu’elle bougeait. Il vit peu à peu ses yeux s’ouvrir, cherchant à voir devant elle. Il lui sourit et elle lui répondit d’un sourire éclatant.

-“ Bonsoir la belle au bois dormant” murmura-t-il.
-“ Quelle heure est-il ?”
-“ Pas loin de dix sept heures. Je t’ai ramené quelques vêtements et des livres” ajouta-t-il en montrant le sac sur la chaise.
-“ Il y a quelque chose qui te tracasse ?” S’enquit-elle, lisant en lui comme il savait le faire avec elle.
-“ A vrai dire, oui” confessa-t-il.
-“ Dis-moi tout, peut-être que je pourrais t’aider.”

Jane ne savait pas quoi faire, comment pouvait-il lui dire qu’il avait trouvé son journal intime et qu’il l’avait gardé, et ça depuis plus de deux semaines. Elle allait lui en vouloir, elle allait perdre sa confiance en lui et il ne le voulait pas. Il ne pouvait pas risquer qu’elle l’éloigne de lui, mais s’il ne disait rien, alors ce serait pire, ce serait comme lui mentir jour après jour. Le choix n’était pas si difficile, il était même très simple en réalité. Le mentaliste releva la tête vers la jeune femme, plongea dans son regard et prit une profonde inspiration.

-“ Promets-moi de ne pas me crier dessus” souffla-t-il.
-“ Tu commences à me faire peur Patrick” dit Lisbon en se relevant dans le lit.
-“ Ecoute, je tiens à toi, tu ne dois pas en douter.”
-“ Patrick, que se passe-t-il ?”
-“ J’ai… j’ai trouvé ton carnet” murmura-t-il. “ Celui qu’il y avait dans le tiroir de ta table de nuit.”
-“ Tu… tu as trouvé mon carnet ? Et, tu l’as lu ?” Son ton était inquiet.
-“ Non, je ne l’ai pas lu même si j’en ai souvent eu envie.”
-“ Et pourquoi tu ne l’as pas fait ?” S’enquit-elle, aucune trace de colère dans la voix.
-“ Je ne pouvais pas faire ça, je ne pouvais pas lire tes pensées intimes” expliqua-t-il, refusant de croiser son regard, “ ça aurait été brisé la confiance qu’il y a entre toi et moi. Je tiens trop à toi pour faire une chose pareille.”

Le couple garda le silence un moment, Jane la tête basse et Lisbon le regard brillant de larmes. Elle ne lui en voulait pas, comment le pourrait-elle ? Il avait fouillé dans ses affaires et n’importe qui faisant ça se frottait à sa colère. Mais s’il avait fait ça, c’était pour l’aider, il avait juste voulu lui venir en aide, être là pour elle et lui faciliter les choses. Elle connaissait assez bien Jane pour savoir que sa curiosité ne s’arrêtait jamais ainsi, il ne prenait pas garde à froisser les gens. Et là, il ne faisait rien, il n’était plus le même, elle avait parfois du mal à le reconnaître. En le regardant bien, elle pouvait voir qu’il était gêné et qu’il se sentait coupable. Jane ne se sentait jamais coupable d’empiéter sur la vie privée des gens. Elle ne pouvait ressentir autre chose que de l’amour pour lui, beaucoup d’amour. Alors, pour le rassurer, elle posa une main sur sa joue, l’obligeant ainsi à relever les yeux vers elle.

-“ Patrick, pourquoi évite tu mon regard ?”
-“ Je… je m’en veux, c’est tout.”
-“ Mais de quoi ? Tu n’as aucune raison de t’en vouloir.”
-“ J’ai fouillé dans ta vie privée, j’ai trouvé ton carnet et je l’ai gardé au lieu de le laisser à sa place. Je n’aurais jamais dû faire une chose pareille et je comprendrais que tu m’en veuille.”
-“ Mais je ne t’en veux pas Patrick, au contraire. Je t’admire.”
-“ Pardon ?”
-“ Je t’admire pour avoir justement respecté ma vie privée en refusant de lire ce carnet, en venant m’en parler. Et si tu veux savoir ce qu’il y a dedans, alors lis-le, je n’ai rien à cacher, rien à Te cacher.”
-“ Tu es certaine de ça ?”
-“ Si nous devons avoir une relation toi et moi, je veux qu’elle soit basée sur la confiance. En lisant ce carnet, tu apprendras tout sur moi, sur le jour où j’ai découvert ma maladie. Mais aussi sur les raisons qui m’ont poussé à ne rien dire tout de suite.”

Jane resta interdit l’espace d’un instant, il n’en revenait pas de ce qu’elle venait de lui dire. Lisbon l’autorisait à lire ses pensées les plus intimes, à découvrir une part de sa vie qu’il ne connaissait pas. Il était honoré pour ça, d’avoir la confiance de Teresa Lisbon à un point qu’il n'aurait jamais imaginé. Il se pencha vers elle, posa ses lèvres sur les siennes et la prit dans ses bras. Il la serra contre lui un instant, la sentant lui rendre son étreinte avant de s’écarter de lui.

-“ Je ne voudrais pas te blesser Patrick, mais je suis fatiguée et je voudrais dormir un peu. Alors je pense que tu peux rentrer à la maison, t’installer et lire ce carnet. Tu reviendras demain dans la journée.”
-“ D’accord. Je reviendrais demain alors, en plus c’est Samedi, donc pas de travail.”
-“ Tu passeras la journée avec moi ?”
-“ Toute la journée, rien que toi et moi et, j’ai une surprise pour toi.”

Le regard de Lisbon s’illumina à cette idée, bien qu’elle n’aime pas les surprise, surtout venant de Jane, elle avait apprit à les aimer depuis qu’ils étaient ensemble.

-“ Et tu prévois quoi ?”
-“ Si je te le dis, ce ne sera plus une surprise. Alors tu verras demain.”
-“ Ok. Bonne soirée Patrick.”
-“ Bonne soirée Teresa.”

Jane se pencha de nouveau vers Lisbon pour l’embrasser tendrement avant de se lever et de quitter la chambre, laissant la jeune femme derrière lui. Il ne s’attendait pas à tant de gentillesse de sa part après ce qu’il avait fait, à ce qu’elle lui pardonne son intrusion et encore moins à ce qu’elle l’autorise à lire son carnet. Il ne savait pas s’il voulait encore le faire, découvrir des choses qu’elle voulait certainement garder pour elle. Mais comme elle le lui avait dit, leur relation était basée sur la confiance et si elle lui disait de le faire, alors c’est-ce qu’il ferait.




Assis sur le lit, dans la chambre de Lisbon qui était devenue la sienne depuis qu’il s’était installé dans l’appartement de la jeune femme, Jane tenait le carnet dans les mains. Cela devait faire au moins une bonne heure qu’il hésitait, n’osant pas l’ouvrir. Son regard était rivé sur la photo de couverture, sur le visage souriant de Teresa.

Tommy et Annie lui avaient demandé s’il voulait manger, mais il avait refusé et ils n’avaient pas insisté. Ils avaient mangé sans lui, mais lui avait quand même apporté un thé qu’il avait prit avec joie. La boisson avait refroidie depuis tout ce temps, il ne l’avait même pas bue. Il était bien trop prit par ce qu’il avait à faire mais qu’il n’osait pas faire. Il prit une grande inspiration et l’ouvrit finalement, retrouvant à l’intérieur la belle écriture de la jeune femme. Il commença donc sa lecture.

“ Aujourd’hui je viens d’apprendre que j’avais un cancer. J’ai fait des examens la semaine dernière et je sais enfin ce qui ne va pas. Je ne m’attendais pas à ça et j’ai peur. Mais ce n’est pas la première fois, je sais à quoi m’attendre, même si cette fois il n’y aura personne pour m’aider.”

Jane s’arrêta là. Que voulait-elle dire par ‘ce n’est pas la première fois’? Il ne comprenait pas, il connaissait Lisbon depuis tellement d’années, il l’aurait vu si elle avait été malade. Il reprit donc sa lecture.

“ Je me souviens peu de la première fois, j’étais si jeune à l’époque. Mais ce dont je me souviens le plus, ce sont toutes ces visites à l’hôpital, tout ces moments perdus à prendre ces traitements alors que je ne voulais qu’une chose, sortir jouer avec les autres enfants. Je me souviens aussi de mes parents, la façon dont-ils étaient toujours là pour moi, en oubliant presque leurs vies. Et puis finalement, mon sauveur est arrivé sans qu’on ne fasse quoi que ce soit. Grâce à mon frère, grâce à James, j’ai survécu. Il est arrivé et m’a sauvé, lui ce petit bébé qui ne savait rien a sauvé la vie de sa sœur sans même savoir ce qu’il faisait.”

Alors c’était ça, il comprenait maintenant. Lisbon avait été malade étant enfant, toute petite. A l’âge où les enfants jouent dehors avec les autres, à l’âge où ils ne sont que des innocents. Il comprenait un peu sa force, son caractère. Elle avait dut apprendre à grandir plus vite à cause de sa maladie, et ensuite à cause de la mort de sa mère. Cette femme était vraiment exceptionnelle, elle était forte, courageuse. Il ne pourrait jamais être la moitié de ce qu’elle était, il n’aurait jamais son courage et sa force. Mais il pouvait apprendre, sa force pouvait aider la jeune femme alors il trouverait le moyen d’apprendre. Pour elle il serait prêt à tout, il ferait les efforts qu’il faudrait.

“ J’ai peur, pas vraiment de la maladie, quoi qu’un peu, mais surtout de la réaction de mes proches. Comment leur annoncer que je risque de mourir, comment leur dire que je suis malade ? Je ne veux pas de leur pitié, je ne veux pas qu’ils tentent de m’aider de leur mieux, faire comme si j’avais besoin d’eux. Je suis malade, pas handicapée. Mais je sais qu’ils le feront, je les connais bien.
Et Jane, comment lui dire ? Il est mon ami, peut-être mon seul vrai ami. Je tiens vraiment à lui, beaucoup trop et ça me fait peur. Je sais qu’il aura mal, quand il va apprendre la vérité. Je ne veux pas lui faire mal, je sais qu’il a déjà bien souffert dans sa vie, je ne veux pas lui imposer ça. Je sais que je ne pourrais pas lui cacher la vérité bien longtemps, il devine toujours tout, il est doué à ça.”

Tiens, elle parlait de lui dans son carnet, il ne s’y attendait pas. Enfin si, mais pas dans ces termes, il s’attendait plus à ce qu’elle se plaigne de lui, qu’elle lui reproche sa façon de travailler qui lui donnait toujours beaucoup de paperasse.

“ Jane est quelqu’un de bien, quelqu’un sur qui on peut compter. Je sais que si je lui dis à lui, il ne me jugera pas, il n’aura pas ce regard de pitié qu’auront les autres. Mais je ne veux pas, je ne peux pas lui dire. Il a déjà tant perdu dans sa vie, comment va-t-il prendre ça ?”

Et voilà, elle se faisait encore du souci pour lui. Pourquoi fallait-il toujours qu’elle s’inquiète de son bien être au lieu de penser à elle ? Pourquoi voulait-elle toujours le protéger alors que c’était elle qui allait mal ? Mais elle était comme ça, elle ne changerait jamais et c’était bien pour ça qu’il l’aimait.

Il remit sa lecture à plus tard, il en avait déjà apprit beaucoup en peu de lignes mais suffisamment pour la soirée. Il reprendrait demain, mais en attendant il avait besoin de dormir. Une longue journée l’attendait, la surprise qu’il prévoyait pour Teresa, quelque chose qui allait certainement lui plaire et lui changer les idées. Il voulait qu’elle pense à autre chose, qu’elle passe du bon temps avec lui. Et pour que tout se passe le mieux possible, il avait besoin de repos. Il posa donc le carnet sur la table de nuit, debout contre la lampe de façon à pouvoir voir le visage de Lisbon au réveil.




Au petit matin, Jane ouvrit les yeux, tombant immédiatement sur le visage de Teresa, ce qui lui apporta le sourire. Il avait eut une bonne idée de mettre la photo à cet endroit et il recommencerait chaque jour jusqu’à ce qu’elle rentre à la maison. Mais l’heure n’était plus au repos, il devait se préparer car aujourd’hui était un grand jour pour lui, et pour la jeune femme également. Ce matin, il allait passer prendre Teresa pour l’emmener passer la plus belle journée qu’elle ait vécue de sa vie, il pourrait le parier. Il n’avait rien prévu d’extravaguant, juste de l’emmener se balader sur la plage, avec lui, au grand air, pour un pique nique en amoureux. Il avait obtenu l’autorisation de son médecin traitant qui avait pensé que ça lui ferait le plus grand bien. Elle avait besoin de quitter les murs de l’hôpital, ne serait-ce que pour quelques heures.

Le mentaliste se leva du lit, enfila ses vêtements avant de descendre boire son thé du matin. Il prendrait sa douche après, mais pour le moment il avait vraiment besoin de son thé. Lorsqu’il arriva dans la cuisine, il trouva un mot de Tommy s’excusant de ne pas être là mais qu’il devait travailler pour remplacer un collègue malade, mais qu’il serait présent dans la fin d’après-midi. Annie devait certainement encore dormir alors il ne la réveilla pas et se contenta de lui préparer le petit déjeuner pour quand elle descendrait. Il trouva tout ce dont il avait besoin pour la préparation des crêpes, c’était une chose qu’il avait toujours aimé préparer pour sa petite Charlotte. En préparer pour Annie lui paraissait étrange, il n’en avait pas fait depuis bien longtemps mais il n’avait pas oublié. Tandis qu’il était occupé, la jeune fille arriva dans la cuisine, les cheveux en bataille, les yeux mis clos, son T-shirt ne lui couvrant qu’une épaule. Elle marchait au radar, comme un zombi et prit place au comptoir de la cuisine.

-“ Alors ma grande, tu as bien dormi ?” Questionna Jane sans tourner la tête vers elle.
-“ Ouais, ça va” répondit-elle en posant sa tête dans ses mains devant elle.
-“ Tu m’as l’air encore fatiguée toi” constata le mentaliste.
-“ Ben, j’ai pas beaucoup dormi, j’avais encore des interros à préparer” se justifia-t-elle. “ Mais c’est bon, on est Samedi alors je vais pouvoir me reposer encore. Et toi ?”
-“ Je te prépare des crêpes pour le petit déjeuner, ensuite je dois partir rejoindre ta tante pour une journée rien que nous deux.”
-“ Oh, une journée romantique alors” sourit l’adolescente. “ Vous allez faire quoi ?”
-“ Tu n’en sauras pas un mot, du moins pas avant ce soir. Bon allez, voilà ton assiette et tu m’en donneras des nouvelles” sourit le blond en posant une assiette devant la jeune fille.
-“ Merci.”

Annie commença à manger avec joie, se remplissant la bouche sans gêne, savourant les crêpes de celui qui devenait peu à peu très important dans sa vie. Jane était un homme bien, il prenait soin de Teresa comme personne ne l’avait fait avant lui. Annie savait qu’il serait là pour elle, quoi qu’il arrive et aussi longtemps que nécessaire. Comment sa tante avait-elle était aveugle pendant si longtemps ? Ils travaillaient ensemble depuis des années, ils passaient leur temps à se disputer. Ils agissaient déjà comme un vieux couple sans même en être un. Et maintenant qu’ils l’étaient vraiment, ils continueraient, elle n’en doutait pas. Ils étaient comme ça.

La jeune fille releva la tête vers le mentaliste, l’observant évoluer dans la cuisine avec une telle aisance. C’était comme s’il était chez lui, il savait où se trouvait chaque objet, chaque assiette, chaque verre, chaque casserole. Elle aimait ça, voir un homme chez sa tante, s’occuper d’elle, prendre soin d’elle. Teresa était une femme bien qui avait toujours prit soin des autres et aujourd’hui elle avait la chance d’avoir quelqu’un pour le faire pour elle.

-“ Bon, je crois que je vais monter me préparer” annonça Jane en s’essuyant les mains. “ Tu vas rester seule toute la journée ?”
-“ Non, je vais finir mes devoirs avant d’aller chez ma copine Emily, elle m’a invité à aller avec elle cette après-midi.”
-“ Et vous allez faire quoi ?”
-“ Elle a son cours de karaté et m’a proposé de venir voir, peut-être que je vais m’y inscrire.”
-“ Ça c’est une bonne idée, je suis certain que ça va te plaire.”
-“ Ouais, et ensuite on va finir nos révisions ensemble. Je te souhaite une bonne journée avec tante Reese.”
-“ Merci, amuses toi bien toi aussi.”

Puis il disparu dans l’escalier, laissant la jeune fille finir ses crêpes toute seule. Ces quelques minutes avec elle lui avait fait du bien, il avait en quelque sorte apprit à la connaître. Elle ne lui avait pas dit grand-chose, mais son comportement, les mouvements de son corps, tout avait parlé pour elle. Il savait maintenant qu’elle l’aimait bien, et lui aussi l’aimait bien. Elle ressemblait tellement à sa tante, forte, courageuse, généreuse et gentille. Tout le portrait de Teresa. Elle n’avait pas eut une vie plus facile que celle de sa tante, sauf qu’elle avait toujours son père, aussi présent que possible pour elle. Il faisait de son mieux pour lui offrir une vie facile et elle était heureuse.

Tout en se préparant, il repensa à Lisbon, cette femme pour qui il ferait tout. Après tout ce qu’elle avait vécu dans sa vie, après avoir été malade dans son enfance, avoir perdu ses parents si jeune, elle avait quand même réussi, devenant flic. Elle avait toujours tout fait seule, ne demandant jamais rien à personne, et aujourd’hui encore elle continuait. Alors il allait faire en sorte qu’elle ait besoin de lui, qu’elle accepte enfin l’aide de quelqu’un. Il ne voulait pas la changer, c’est tel qu'elle était qu’il l’aimait, mais il voulait qu’elle apprenne à compter sur les autres. Il allait aujourd’hui lui offrir quelque chose qu’elle n’avait jamais eut, il le savait. Il allait l’emmener à la plage, lui offrir une journée magnifique et lui montrer ce que c’était d’avoir quelqu’un dans sa vie, une personne qui l’aime. Il allait lui montrer que même malade, elle pouvait encore avoir une vie.

Il prit sa douche, enfila une tenue décontractée, descendit à la cuisine préparer le panier du pique nique, prit ses clés de voiture et fila à toute allure rejoindre Teresa. Le soleil brillait haut dans le ciel, le temps était de leur côté. La journée allait être belle, ni trop chaude ni trop froide, pas de vent, juste une légère brise. Il avait quand même pensé à prendre des couvertures au cas où le temps se rafraîchirait, ainsi qu’une veste qu’il savait lui plaire. Il avait pensé à tout, il voulait absolument qu’elle se sente bien.

En arrivant à l’hôpital, il croisa Naomi qui lui sourit de toutes ses dents, venant vers lui et le prenant dans ses bras.

-“ Heu… c’est pour quoi ça ?” Sourit Jane en s’écartant de l’infirmière.
-“ Teresa n’a de cesse de me dire que vous allez passer la journée avec elle et elle est plus qu’impatiente que vous arriviez.”
-“ J’espère qu’elle aura autant le sourire ce soir.”
-“ J’en suis certaine, mais vous devriez y aller vite avant qu’elle ne devienne folle à vous attendre.”
-“ J’y vais.”

Jane s’éloigna dans le couloir et arriva devant la chambre de Lisbon. Il frappa et entra lorsqu’elle lui en donna le droit. Il la découvrit assise sur le fauteuil qui se trouvait à présent à côté de la fenêtre. Elle portait des vêtements décontractés, comme lui et lorsqu’il referma la porte derrière lui, elle bondit sur ses pieds, se retenant immédiatement au bord du fauteuil en se tenant la tête. Jane arriva en courant, l’aidant à se rassoir.

-“ Doucement Teresa, ce n’est pas le moment de te casser quelque chose” lui rappela-t-il en passant une main sur son front.
-“ Désolée, mais je suis si contente de passer la journée avec toi” se justifia-t-elle. “ Alors, on fait quoi aujourd’hui ?”
-“ Je t’emmène en balade, mais pas avant d’être certain que tu vas bien.”
-“ Je vais bien, rassure toi.”
-“ Et que t’a dit le médecin ?”
-“ Que je suis un peu fatiguée, mais que je peux sortir avec toi.”
-“ Ok, je vais aller lui demander à quelle heure je dois te ramener et on y va.”
-“ Je t’attends ici.”

Lorsque Jane fut sortit de sa chambre, Lisbon laissa un sourire naître sur son visage. Elle était heureuse, vraiment heureuse, pour la première fois de sa vie. Jane était aux petits soins pour elle, toujours là quand elle avait besoin de lui sans qu’elle ne lui demande rien. Elle ne regrettait pas d’avoir accepté de vivre quelque chose avec lui, il était tout ce dont elle avait besoin. Elle savait qu’elle ne se remettait pas aussi bien qu’elle l’aurait voulu, mais elle se battait quand même, pour lui. Elle n’était pas encore morte, et elle allait profiter de cette journée que lui offrait Patrick. Elle ne savait pas encore où ils allaient, mais elle était certaine qu’elle allait aimer, rien que d’être avec lui était suffisant. La porte s’ouvrit et Jane marcha jusqu’à elle, se pencha pour lui donner un baiser et l’aida à se lever.

-“ On y va.”

*****

Moments de simplicité

Jane roulait depuis bientôt une demi-heure. Il avait éludé la question de Lisbon une bonne vingtaine de fois, la jeune femme n’ayant de cesse de lui demander où il l’emmenait. Elle était d’une impatience incroyable, telle une enfant le soir de Noël, réclamant d’ouvrir ses cadeaux avant l’heure. Mais il n’avait rien dit et depuis elle faisait la moue, assise sur son siège, les bras croisés sur la poitrine, la tête contre la vitre. Il savait qu’elle faisait semblant, mais elle était si mignonne ainsi qu’il était prêt à l’embêter le plus souvent possible, juste pour voir son visage ainsi. Ce n’était pas juste pour elle, mais il aimait tant la voir bouder comme ça, ça faisait ressortir ses petites rides au coin des yeux, ainsi que celle sur son front. Et puis au moins, elle ne pensait plus à sa maladie, bien trop occupée à lui en vouloir.

Il arriva enfin en vue du bord de mer et trouva rapidement un endroit où se garer. Il jeta un œil vers Lisbon et vit ses yeux s’agrandir de surprise et d’émerveillement. Il coupa le moteur, se pencha pour prendre la couverture qui se trouvait à l’arrière, ouvrit sa portière pour faire le tour de la voiture et ouvrir celle de la jeune femme. Il lui tendit une main qu’elle prit en lui souriant de son plus beau sourire. Il l’aida à se lever, l’entoura d’une veste qu’elle resserra autour d’elle de ses mains et ils avancèrent vers la plage. Jane trouva l’endroit parfait, déplia la couverture qu’il installa sur le sable et aida Lisbon à s’installer. Il lui donna un tendre baiser sur le bout des lèvres avant de repartir vers la voiture, sous le regard curieux de la jeune femme. Il revint presque aussitôt avec un panier qu’il plaça sur le sol et prit place sur la couverture.

Lisbon vint se serrer contre lui, souriant en le sentant l’entourer de ses bras. La journée ne faisait que commencer, mais elle l’aimait déjà, rien que de se trouver là, avec Jane, sur cette plage. Rien ne pourrait ternir cet instant magique. Le doux clapotis des vagues contre les digues, la légère brise faisant voler son foulard contre sa joue et les mains fortes et chaudes de Patrick tendrement posées sur son ventre. Tout était parfait, merveilleux, magique. Elle n’avait jamais vécu de pareils moments avec un homme, aucun de tous ceux qu’elle avait connu n’avaient été aussi tendre et aimant envers elle et Jane lui permettait de retrouver confiance et amour envers les hommes. Elle tourna la tête pour le voir, les yeux clos, le visage détendu et si beau. Elle ne résista pas et se tourna dans ses bras pour l’embrasser sur les lèvres.

-“ Merci Patrick” souffla-t-elle contre ses lèvres, “ c’est exactement ce qu’il me fallait.”
-“ De rien Teresa, mais la journée ne fait que commencer” sourit-t-il.
-“ Tu as prévu autre chose ?” S’enquit la jeune femme, les yeux brillant un peu plus.
-“ C’est une surprise ma chère, alors profite déjà de ce moment, repose toi, je m’occupe de tout.”
-“ Patrick” son ton devint soudain plus grave, “ j’ai… j’aimerais savoir si tu as lu mon carnet.”

Jane baissa les yeux, encore un peu gêné d’être entré ainsi dans l’intimité de l’esprit et du cœur de la jeune femme. Même si elle l’avait autorisé à le faire, cela restait encore un peu gênant pour lui. Il releva les yeux vers elle, osant enfin affronter son regard.

-“ Oui, j’ai lu une partie hier soir” avoua-t-il.
-“ Et ?” Mais il garda le silence, “ Patrick, tu sais que tout ce que je dis dans ce carnet est vrai et que cela devait rester secret. Tu es le seul à savoir ce que je pense et ressent vraiment.”
-“ Alors comme ça ce n’est pas la première fois que tu es malade.”
-“ Non, j’ai déjà été malade enfant et je pensais que tout ça était derrière moi. Mais j’avais tort.”
-“ Mais tu as survécu la première fois, alors je ne vois pas pourquoi ce serait différent aujourd’hui.”
-“ Je ne sais pas. Peut-être que mon corps est trop fatigué.”
-“ Teresa, crois-moi, tu vas t’en sortir” insista-t-il, “ je refuse qu’il en soit autrement, je refuse de perdre quelqu’une une fois de plus.”
-“ Mais tu ne peux pas décider de ces choses là, elles arrivent et on ne peut rien y faire.”
-“ On peut toujours tout tenter de les changer, ça reste en notre pouvoir.”
-“ On peut essayer, si tu restes avec moi, je peux me battre, mais je ne garantis pas d’y arriver.”
-“ C’est tout ce que je te demande, essayer” sourit-il, mais avec un pointe sérieuse dans la voix et les yeux. “ Bon, tu as faim ?”
-“ Pas trop, mais pour te faire plaisir, je veux bien manger un peu.”

Jane se dégagea de Lisbon, attrapa le panier en en sortit une salade ainsi qu’un peu de pain et une bouteille d’eau. Il déposa le tout sur la couverture, prit des assiettes en cartons, des verres en plastique et servit la jeune femme qui prit son plat avec un léger sourire. Ils mangèrent en silence, Jane avec appétit mais Lisbon plus lentement. Elle n’avait vraiment pas faim, mais pour Jane, elle voulait bien faire cet effort. Il avait prit soin de lui préparer une superbe journée, il avait préparé des choses simples et légères, ça ne pourrait pas lui faire de mal. Mais au bout de quelques minutes, elle sentit la nausée lui monter à la gorge et elle lâcha son assiette qui se reversa sur la couverture et se mit une main devant la bouche.

Le mentaliste comprit ce qui n’allait pas, posa vite la sienne et vint au secours de la jeune femme, sortant un sac en plastique qu’il lui présenta et elle rendit le peu qu’elle avait dans l’estomac. Il lui passa une main réconfortante dans le dos jusqu’à ce qu’elle aille mieux, ensuite, il prit le sac, se leva et alla le jeter dans une poubelle un peu plus loin avant de revenir vers la jeune femme. Elle était pale, tremblante et Jane regretta de l’avoir fait sortir de l’hôpital. Il vint s’installer à côté d’elle, l’entoura de ses bras et la serra fort contre lui. La jeune femme posa sa tête sur son épaule, soupira de bien être et ferma les yeux. Elle venait de tout gâcher, leur superbe journée au bord de l’eau foutue en l’air à cause d’elle et de ses nausées. Elle releva la tête vers Jane qui regardait la mer, il ne semblait pas lui en vouloir de quoi que ce soit.

-“ Ne t’en fait pas Teresa, ça va aller” lui murmura-t-il en lui embrassant la tempe.
-“ Patrick, je crois qu’on devrait rentrer à l’hôpital" dit-elle alors.
-“ Tu te sens mal ?” S’inquiéta-t-il soudain.
-“ Un peu fatiguée, j’ai froid et mon estomac fait des sauts périlleux dans mon ventre.”
-“ Très bien, reste là je m’occupe de tout” la rassura-t-il en se levant et lui posant sa veste par-dessus l’autre. “ Je n’en ai pas pour longtemps.

Jane se leva, ramassa les assiettes, les verres et rangea le tout dans le panier avant de retourner à la voiture. Il posa le tout dans le coffre avant de revenir vers la jeune femme qu’il aida à se lever et la conduisit jusqu’à la voiture où il l’aida à s’installer. Il referma la porte, fit le tour de la voiture et s’installa derrière le volant. Il ne démarra pas tout de suite, prenant le temps de bien observer la jeune femme avant. Elle était vraiment pale, elle frissonnait, mais elle voulait se montrer forte et il était fier d’elle. Il se pencha vers elle, lui frôla la joue de sa main. Elle était froide. Lisbon releva les yeux vers lui, un petit sourire sur les lèvres, qui se voulait rassurant et Jane le lui rendit. Il était triste de la voir ainsi, si fatiguée, si faible alors que tout ce qu’il avait voulu était de lui offrir une journée de relaxation, pour oublier ce qu’elle vivait au quotidien. Mais ça n’avait pas été aussi bien que prévu et à présent il devait la reconduire à l’hôpital.

Il reprit sa place face au volant, démarra la voiture et partit. Il roulait à une allure normale, ne dépassant pas les limitations de vitesse, ce qui arracha un petit sourire à la jeune femme. Il savait qu’elle n’aimait pas sa façon de conduire, il avait toujours tendance à aller trop vite. Mais pour une fois, il faisait l’effort de respecter les limitations, pour Lisbon, pour ne pas se faire disputer. Parce que même fatiguée, elle pourrait encore lui faire ce reproche, il le savait. Il s’engagea dans la circulation lorsqu’il arriva en ville, mais au détour d’un carrefour, la jeune femme lui posa une main sur l’avant bras, lui faisant tourner la tête.

-“ Un problème Teresa ?” S’enquit-il.
-“ Non, mais nous ne sommes pas loin de mon appartement et, je voudrais bien y passer une petite minute si ça ne te dérange pas” demanda-t-elle.
-“ Bien entendu, on y va.”

Le mentaliste tourna, s’engageant dans la rue de Lisbon et gara la voiture devant l’appartement de la jeune femme. Une fois encore, il sortit en premier avant d’aider Teresa à sortir et, ensemble, ils entrèrent dans l’appartement. Il ne savait pas ce qu’elle voulait y faire, mais elle voulait vraiment y aller, il le sentait alors il ferait ce qu’elle voudrait. Une fois à l’intérieur, elle se dirigea vers l’étage et il l’aida à monter les marches jusqu’à ce qu’ils arrivent à sa chambre. La jeune femme s’assit sur le lit, laissa son regard faire le tour de la pièce avant de se poser sur lui. Elle lui sourit et tendit une main, l’invitant à la rejoindre, ce qu’il fit, toujours intrigué. Elle le fit ensuite s’allonger avec elle, se calant contre son corps chaud et il l’entoura de ses bras.

-“ Ça va Teresa ?”
-“ Mmm” souffla-t-elle.
-“ Pourquoi voulais-tu venir ?”
-“ Juste pour pouvoir me coucher dans mon lit avec toi” expliqua-t-elle.
-“ Et c’est tout ? Tu voulais juste passer du temps dans mes bras ?” S’étonna-t-il.
-“ Oui, c’est tout, je voulais vraiment passer ce peu de temps avec toi ici, chez moi, comme si nous vivions ensemble et que je n’était pas malade.”
-“ Ça finira par arriver Teresa.”
-“ Je ne sais pas si ce jour arrivera, mais au moins j’ai eu cette chance, celle de te serrer dans mes bras dans mon lit, même si ce n’est que pour quelques minutes.”

Ils gardèrent ensuite le silence pendant un temps interminable avant que Lisbon ne se redresse. Elle resta assise sur le lit, observant Jane qui avait roulé sur le dos, mettant ses mains derrière sa tête. Il avait l’air détendu, heureux et elle l’était aussi. Rien que de se trouvait ici, avec lui, chez elle, c’était simple mais tout ce dont elle rêvait. Elle voulait vraiment que la maladie disparaisse et lui laisse vivre ce bonheur auquel elle aspirait. Elle ne voulait que ça, une vie normale avec l’homme qu’elle aimait. De nouveaux frissons la parcoururent et Jane se redressa aussitôt, venant l’entourer de sa chaleur.

-“ On devrait y aller” souffla-t-elle.
-“ Ok,” acquiesça Jane en se relevant du lit.

Puis, ils rejoignirent la voiture et rentrèrent à l’hôpital.




Lorsque Jane rentra chez Lisbon le soir, il pensait encore à la journée qu’ils avaient passé ensemble et, même si elle avait été écourté dut à la fatigue de la jeune femme, il avait aimé. Les quelques heures à la plage avec elle suivit des quelques minutes chez elle. Il se disait que parfois, la simplicité était le mieux. Il aurait aimé pouvoir faire plus, lui rendre un peu le sourire et, même s’il y était parvenu, il n’était pas resté bien longtemps. Lorsqu’il avait quitté l’hôpital, il avait vu une larme couler sur sa joue et cela lui avait fait mal au cœur. Lisbon n’était pas le genre de femme à pleurer comme ça, il ne l’avait vu que peu de fois se laisser aller ainsi et un nombre incroyable ces quelques dernières semaines.

Le mentaliste passa la porte de l’appartement et trouva Annie sur le canapé, entouré de livres, de cahiers et un ordinateur portable sur les genoux. Elle travaillait encore sur ses devoirs, elle lui avait dit qu’elle devait voir une amie dans l’après-midi et aller avec elle au karaté. Il fut donc étonné de la voir ici. Il s’approcha d’elle discrètement, ne voulant pas se faire entendre. Elle était tellement prise par son travail qu’elle ne l’avait même pas entendu entrer. Il se pencha vers la jeune fille et lui souffla au niveau du cou, ce qui la fit sursauter en faisant tomber son ordinateur sur le canapé. Jane éclata de rire et Annie le suivit, après lui avoir lancé un regard noir digne d’une Lisbon.

-“ Ça va pas non” gronda Annie.
-“ Désolé, c’était trop tentant” se défendit Jane. “ Alors, ta journée ?”
-“ Pas mal, j’ai adoré ce que j’ai vu au cours de Karaté et j’envisage même de m’y inscrire. Il faut juste que mon père dise oui.”
-“ Je suis certain qu’il le fera” assura le mentaliste en feuilletant les cahiers et livres.
-“ Ouais, on verra bien. Et toi, ta journée ?”
-“ Tout se passait bien au début, mais ta tante s’est sentit mal et j’ai dû la ramener à l’hôpital.”
-“ Je suis désolée.”
-“ Mais nous avons quand même passé un bon moment.”

Jane se dirigea vers la cuisine, dans l’idée de se préparer un thé. Il fit bouillir l’eau, sortit une tasse et commença sa préparation lorsque la porte de l’appartement s’ouvrit pour laisser entrer Tommy, l’air épuisé. Le mentaliste lança donc aussi le café. Tommy entra dans la cuisine, prit la tasse que lui présentait Jane et s’assit sur un tabouret. Annie les rejoignit et prit place à côté de son père. Ils gardèrent tous le silence pendant un moment, chacun savourant sa boisson avant que finalement Tommy ne se lève pour préparer le repas du soir.

Ils passèrent tous une bonne soirée, parlant de tout et de rien tout en mangeant. Puis, ils jouèrent aux cartes jusque tard dans la soirée et finalement, vers vingt deux heures, Annie décida d’aller se coucher, laissant les deux hommes seuls. Tommy rangea les cartes et se réinstalla face à Jane.

“ Alors, comment va Teresa ?” S’enquit Tommy.
“ Fatiguée, mais nous avons passé une agréable journée” répondit Jane.
“ Quand je la vois comme ça, j’ai mal au cœur” souffla le jeune homme. “ J’ai pas envie de perdre ma sœur.”
“ Je n’ai pas envie non plus de la perdre, elle est tout ce que j’ai dans la vie.”
“ J’ai bien vu qu’il avait quelque chose de spécial entre vous” ajouta Tommy. “ Ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?”
“ Quoi ? Et bien… pas longtemps.”
“ Mais tu l’aime, n’est-ce pas ?”
“ Oui, je l’aime vraiment. Je ne pensais pas pouvoir aimer de nouveau un jour, mais c’est arrivé.”
“ Teresa a ce don, elle sait se faire aimer de tout le monde.”
“ Oui, j’aime à l’appeler Sainte Teresa.”
“ Ça lui va bien” sourit Tommy. “ Et comment le prend-t-elle ?”
“ Elle n’aime pas, mais ça ne m’empêche pas de le faire.”

Jane se leva, alla se faire un autre thé puis revint au salon. Ils gardèrent le silence, ils avaient tant de choses en tête. L’état de santé de Teresa les préoccupait beaucoup, ils avaient peur qu’elle ne s’en sorte pas. Elle ne semblait pas aller mieux, elle donnait même l’impression d’aller plus mal. Pourtant, elle prenait rigoureusement son traitement, écoutait tout ce que lui disait le médecin, ce qui les étonnaient un peu, elle n’aimait pas les médecins et n’avait pas l’habitude de faire ce que lui disait le médecin. Mais cette fois, sa vie était en jeu, elle ne voulait pas mourir alors elle faisait tout pour s’en sortir.

Tommy savait que sa sœur avait été malade par le passé et qu’elle s’en était sortit. Il avait l’espoir que cette fois serait pareille, qu’elle finirait par s’en sortir, comme la première fois. Il n’était pas né à l’époque, il l’avait apprit par la suite, tout à fait par hasard, en fouillant dans des cartons dans le grenier lorsqu’il était enfant. Il n’avait pas bien comprit et il était donc allé voir sa sœur qui lui avait tout dit. Il avait promit de garder le secret et c’est-ce qu’il avait fait, il était fier de dire que sa sœur pouvait avoir confiance en lui. Il aurait voulu pouvoir en parler avec Jane, il était si proche de Teresa, mais il ne voulait pas trahir sa promesse.

-“ Teresa m’a dit qu’elle avait été malade lorsqu’elle était petite” dit soudain Jane.
-“ Elle vous l’a dit ?” S’étonna Tommy, “ alors elle doit vraiment tenir à vous. C’était son plus grand secret.”
-“ Je sais que c’est votre frère James qui lui a permit de s’en sortir.”
-“ Oui, il était tout petit, il ne savait même pas ce qu’il se passait. Moi je n’étais pas encore né.”
-“ Elle a déjà tant souffert, pourquoi faut-il que ça recommence” ce n’était pas une question mais plus une constatation.
-“ Les malheurs arrivent souvent aux gens bien.”
-“ J’aimerais que tout ça soit fini, qu’elle puisse quitter l’hôpital et rentrer” soupira le blond. “ Aujourd’hui, nous sommes passé ici et Teresa a voulu aller dans sa chambre. Nous nous sommes couchés sur le lit, elle dans mes bras et elle m’a dit que c’était tout ce qu’elle voulait, pouvoir passer des moments simples comme ça.”
-“ Vous en aurez des moments comme ça, il faut y croire.”
-“ Je veux y croire, mais quand je la vois, je me dis que tout ça ne sert à rien d’autre que l’affaiblir un peu plus.”
-“ C’est le traitement, ça fait toujours ça.”
-“ Je sais mais j’ai mal de la voir ainsi.”
-“ On ira la voir demain, tous ensemble, ça lui fera du bien d’être entourée.”
-“ Elle en sera ravie. Bon, je vais aller me coucher, bonne nuit Tommy.”
-“ Bonne nuit Patrick.”

Jane quitta le salon et monta dans la chambre de Teresa. Il passa par la salle de bain avant de se mettre au lit. Mais il ne s’endormit pas tout de suite, il reprit un peu sa lecture du carnet, il voulait en savoir plus sur la jeune femme. Il lut comme ça pendant une petite heure avant de finalement le reposer comme la veille et de s’endormir. Cette nuit-là, il rêva d’une vie où Lisbon n’était pas malade, où tous les deux vivaient heureux et avaient des enfants. Peut-être qu’un jour, tout ceci deviendrait réalité. Il devait continuer à espérer, un miracle pouvait toujours arriver.




Au petit matin lorsque Jane se leva, ce fut pour trouver Tommy et Annie dans la cuisine, préparant le petit déjeuner ensemble et il ne put empêcher les souvenirs de ces Dimanches matins avec Charlotte. Il laissa un moment son esprit repartir vers ces années lointaines où il était heureux avec sa femme et sa fille. Puis, il revint à la réalité et les rejoignit pour finir la préparation. Ils mangèrent ensuite dans la bonne humeur, Annie profitant de la présence de Jane pour plaider sa cause et obtenir l’autorisation de s’inscrire au Karaté, ce qui fit sourire les deux hommes. Et à la plus grande joie de la jeune fille, son père donna son accord.
Ils se préparèrent ensuite et partir pour l’hôpital rendre visite à Lisbon.

Lorsqu’ils entrèrent dans la chambre, la jeune femme était assise sur le fauteuil, comme la veille lorsque Jane était venue la voir. Le mentaliste vint vers elle et déposa un tendre baiser sur le bout de ses lèvres avant de laisser la place à Tommy et Annie. Et la jeune fille se mit en tête de raconter tout ce qu’il y avait de nouveau dans sa vie, et une fois de plus, Tommy et Jane les laissèrent discuter entre filles.

-“ Je vais m’inscrire au Karaté” sourit l’adolescente.
-“ Mais c’est génial ça, je suis certaine que tu deviendras la meilleure en un rien de temps” assura Teresa.
-“ Je ne serais jamais aussi bonne que toi pour botter les fesses des criminels, mais je vais faire de mon mieux” blagua Annie.
-“ Oh, je suis sur que tu seras meilleure que moi, tu es douée pour te battre.”

Elles se mirent à rire et c’est ainsi que les trouvèrent les deux hommes lorsqu’ils revinrent, pleurant de rire. Cela fit du bien à Jane, tout comme à Tommy. Ça faisait si longtemps qu’ils ne l’avaient pas vu rire ainsi, c’était si bon à entendre. Avec de la chance, ils auraient encore l’occasion de l’entendre pendant longtemps. Ce fut ensuite au tour de Tommy de raconter à sa sœur comment se passait le travail, tout ce qu’il avait apprit en peu de temps. Il apprenait en ce moment pour devenir chef cuisinier, il ne voulait pas faire la plonge le reste de sa vie et il aimait plutôt bien cuisiner.

Jane écoutait, attentif, les conversations entre Lisbon et sa famille. Elle était différente avec eux, plus souriante, plus ouverte. Elle était aussi souriante avec lui, mais ce n’était pas la même chose. Il avait l’impression de découvrir chaque jour une nouvelle facette de la jeune femme. Elle n’était plus l’agent Senior du CBI Teresa Lisbon mais simplement Teresa. Il voulait aussi pouvoir la voir évoluer dans un autre contexte, il voulait pouvoir la voir rire et vivre avec sa propre famille, ce dont elle avait toujours rêvé et il voulait pouvoir le faire avec elle.

Lisbon releva les yeux pour croiser son regard. Elle lui sourit et lui tendit la main pour qu’il vienne vers elle, ce qu’il fit. La jeune femme se leva du fauteuil pour qu’il s’y installe et vint ensuite se mettre sur ses genoux, se serrant contre lui. Elle sentit une douce chaleur l’envahir et posa instinctivement un baiser sur ses lèvres avec fougue. Annie émit un petit gloussement tandis que Tommy ne savait plus où se mettre. Lorsqu’elle s’écarta de lui, elle ne put empêcher ses joues de prendre une teinte rouge.

En regardant autour d’elle, Lisbon se dit que dans son malheur elle avait de la chance. Elle avait une famille unie, elle avait un compagnon aimant et tendre. Elle voulait absolument pouvoir vivre ce bonheur le plus longtemps possible et pour ce faire, elle allait se battre encore plus. Elle allait se donner cette chance, elle allait elle aussi avoir le bonheur qu’avaient eut ses parents par le passé. Et peut-être qu’elle aurait la chance de fonder une famille une fois que toute cette histoire serait finie. Elle posa sa tête sur l’épaule de Jane et profita de ce moment de pur bonheur en famille.

*****

La peur ne vous quitte jamais vraiment

Tommy et Annie avaient fini par partir, la jeune fille devait aller en cours le lendemain et Tommy devait encore remplacer son collègue, il ne passerait donc pas beaucoup de temps en famille, mais au moins il avait un travail. Lisbon leur avait dit au revoir en les embrassant tous les deux chaleureusement puis ils avaient quitté la chambre. Elle était à présent seule avec Jane qui se trouvait devant la fenêtre, l’esprit ailleurs. Elle se rapprocha de lui lentement, lui entoura la taille de ses bras et se colla à lui, posant sa joue contre son dos. Le mentaliste posa ses mains sur celles de la jeune femme, entrelaçant leurs doigts, ce qui déclencha une série de frissons chez Lisbon. Ce geste, pourtant si simple, avait une telle signification, tant d’importance pour elle comme pour lui. Elle savait qu’il ne le ferait pas s’il ne tenait pas vraiment à elle, s’il ne l’aimait pas vraiment de tous son cœur. Elle n’en doutait plus depuis longtemps, comment l’aurait-elle put ? Après tout ce qu’il avait fait pour elle ces dernières semaines, sans ne jamais rien demander en retour. Elle avait la preuve de la profondeur de ses sentiments.

Teresa fit tourner le blond sur lui-même en baladant ses doigts sur son torse et elle se retrouva face à lui. Son regard émeraude rencontra l’océan du mentaliste et s’y perdit l’espace d’un instant. Cet homme était parfait, attentif à elle, ne cherchant qu’à lui rendre la vie plus facile alors qu’il souffrait de cette situation. Mais elle s’en voulait, horriblement. Lisbon aimait Jane, de tout son cœur et ce depuis des années, bien qu’elle avait toujours refusé de se l’avouer. Il l’aimait aussi, depuis longtemps. Mais que se passerait-il après ? Comment vivrait-il leur séparation éternelle ? Elle savait qu’il aurait du mal à s’en remettre, que son attachement pour elle était bien trop fort. Il lui avait déjà dit qu’il refusait de la laisser, de se séparer d’elle, même si c’était pour souffrir par la suite. Mais elle voulait tant son bonheur qu’elle ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable de cet amour, pourtant essentiel.

La main de Jane vint se poser sur sa joue, avec douceur et tendresse. Elle ferma les yeux un instant, savourant la douce chaleur qu’elle sentait se rependre rien que par la sensation de sa peau contre la sienne. Ils étaient habitués à se toucher, à s’embrasser, mais à chaque fois c’était comme la première fois. Elle se sentait comme une adolescente avec son premier amour, à la fois intimidée et excitée. Et c’était peut-être le cas, pour Jane comme pour elle, c’était un immense pas en avant, c’était redécouvrir l’amour. Elle avait eut peur d’aimer tout au long de sa vie, peur d’avoir le cœur brisé. Jane lui, avait eut du mal à laisser une autre femme envahir son cœur suite à la mort de son épouse. Elle ne pensait pas qu’il le ferait un jour, elle ne pensait pas qu’il le ferait pour elle.

Lisbon se redressa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres de Jane qui pressa sur sa joue pour la garder le plus longtemps possible contre lui. Il voulait tellement profiter de chaque instant avec elle, de chaque minute qui leur était offerte. Tout ne serait pas toujours aussi simple pour eux, ils avaient encore bien des épreuves à traverser. Mais pour le moment ils étaient ensemble, c’est tout ce qui comptait. Ils se séparèrent à regret, le manque d’air se faisant pressant et vital. Jane garda tout de même Lisbon contre lui, refusant de la laisser s’éloigner. Il la sentit l’entourer de ses bras, posant sa tête contre son torse, à l’endroit même de son cœur qu’elle pouvait entendre et sentir battre sous son oreille. Il battait au moins aussi vite que le sien, peut-être même plus.

-“ Tu devrais aller te mettre au lit Teresa” murmura Jane, ne la lâchant pas pour autant.
-“ J’ai pas envie” protesta-t-elle. “ Je veux rester dans tes bras.”
-“ Tu le seras toujours, même au lit” la rassura-t-il. “ Je vais venir avec toi.”
-“ Ça ne te gêne pas de faire ça ? De te mettre au lit, à l’hôpital, toi qui les déteste tant ?”
-“ C’est vrai que je ne les aime pas” confirma-t-il, “ mais avec toi c’est différent.”
-“ Alors allons-y.”

Le couple se dirigea vers le lit, Jane aida Lisbon à s’y installer et la rejoignit, la prenant dans ses bras. La jeune femme ferma les yeux, la présence de Jane avec elle ici rendait les choses bien plus faciles à supporter. Elle n’aimait pas se sentir aussi faible, aussi malade, mais que pouvait-elle y faire ? Elle repensa à leur journée de la veille. Tout avait si bien commencé, tout avait été parfait, jusqu’à ce qu’elle se sente mal et gâche tout. Elle aurait tant voulu que tout se passe à merveille, profiter d’une journée complète loin de tous ses soucis, loin de la maladie et de l’hôpital. Mais son corps en avait décidé autrement, elle avait encore été mal et pour ne pas changer, Jane avait prit soin d’elle. Elle se demandait encore ce qu’elle avait bien put faire pour mériter un homme comme lui.

Le lendemain, elle avait encore une séance de chimiothérapie, elle savait qu’elle allait être encore bien plus fatiguée et ne pourrait pas aller se promener dans le parc de l’hôpital comme elle le faisait souvent avec Jane. Mais elle savait qu’il resterait avec elle, comme il le faisait toujours. Depuis le début de son traitement, il avait toujours été présent, s’arrangeait pour se libérer à la bonne heure. Il connaissait son emploi du temps par cœur, et il avait toujours en réserve quelques bonnes petites blagues pour lui remonter le moral, ainsi qu’aux autres patients se trouvant dans la salle. Il était le clown attitré du service d’oncologie de l’hôpital et parfois, lorsque Lisbon dormait, il allait voir les enfants malades pour les amuser un peu. Elle le savait car Noami lui en avait parlé un jour. Jane ne lui avait rien dit, mais elle ne lui en voulait pas. Il faisait ce qu’il voulait de son temps libre, et au moins il ne faisait pas de bêtises.

Mais ça l’ennuyait un peu de savoir son consultant si souvent à l’hôpital, au contact des malades, au contact de la mort. Il en avait déjà assez vu dans sa vie et elle n’aimait pas le savoir ici, seul. Cela pourrait lui faire ressasser le passé, repenser à une époque plus triste de sa vie. Une fois, elle l’avait vu revenir avec une sorte de voile de tristesse dans le regard, elle aurait voulut savoir ce qu’il avait, mais n’avait pas osé lui demander. Ce n’est que lorsqu’il était partit et que Naomi était venue la voir le soir qu’elle avait apprit ce qui l’avait rendu si triste. Une petite fille de six ans, atteinte elle aussi d’une leucémie, avait fait une grave rechute. Le problème était que cette petite était aussi blonde que sa petite Charlotte et cela avait fait mal au mentaliste.

Lisbon releva la tête pour voir que Jane avait les yeux clos, sa respiration était lente et elle crut un moment qu’il dormait. Mais lorsqu’elle voulut se dégager de ses bras, elle le sentit resserrer son étreinte sur elle, la plaquant un peu plus contre lui. Il ouvrit un œil, lui fit un léger sourire et déposa un baiser sur son front.

-“ Tu compte aller quelque part ma douce ?” murmura-t-il.
-“ Aux toilettes” répondit-elle sur le même ton discret. “ Tu veux m’accompagner ?”

Une petite grimace de sa part répondit à sa question et Lisbon ne put empêcher un sourire de prendre place sur son visage. Parfois, des petits moments comme celui-ci suffisait à alléger l’atmosphère qui se faisait lourde. Il n’y avait plus de gêne entre eux, plus rien pour se sentir mal à l’aise, pas même lorsque Lisbon se sentait mal. Ils prenaient les choses comme elles venaient et se contentaient d’être là l’un pour l’autre.

La jeune femme se leva enfin, mais avant de s’éloigner vers la salle de bain, elle vint l’embrasser sur les lèvres, un simple effleurement de bouches, mais avec tant d’intensité. Puis elle partit, sa vessie n’attendait pas. Lorsqu’elle revint, Jane ne se trouvait plus dans le lit et elle sentit son cœur accélérer. Était-il partit ? Mais pourquoi ne lui avoir rien dit ? Elle commençait déjà à se faire des films lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit sur le visage souriant de Jane, les deux mains chargées de tasses fumantes. Elle souffla de soulagement avant de se précipiter vers lui et il eut juste le temps de poser les tasses sur la table avant de réceptionner la jeune femme dans ses bras.

-“ Que se passe-t-il Teresa ?” S’inquiéta-t-il aussitôt.
-“ J’ai cru que tu étais partis” lui dit-elle en enfouissant son visage contre son torse.
-“ Pourquoi serais-je partis ?”
-“ Aucune idée, je ne sais même pas pourquoi j’y ai pensé.”
-“ Comme je suis de retour, tu devrais retourner au lit” proposa-t-il en la dirigeant vers le lit. “ Je t’apporte ton thé.”
-“ Je n’aime pas le thé” rouspéta-t-elle tout en prenant la tasse que lui présentait Jane.
-“ C’est bien meilleur que le café, tu verras.”

La jeune femme trempa ses lèvres dans le liquide chaud, ferma les yeux et savoura la douce senteur de ce breuvage qu’elle disait ne pas aimer. En réalité, depuis qu’elle connaissait Jane et qu’il ne cessait de venter les qualités du thé, elle avait commencé à en boire et appréciait beaucoup. Mais ça, jamais elle ne lui dirait. A chaque fois qu’elle buvait du thé, elle pensait à lui, à chaque fois qu’elle allait en acheter, elle pensait à lui. Maintenant, elle avait associé Jane au thé et vice-versa. Elle releva les yeux de sa tasse pour voir Jane s’installer dans le fauteuil qu’il avait rapproché du lit. Elle aurait bien voulu qu’il revienne dans le lit avec elle, ne se lassant jamais de sa présence contre elle, mais elle ne devait pas trop s’y habituer. Elle savait que les choses allaient encore se dégrader, que son état allait empirer et que Jane ne pourrait plus la rejoindre dans son lit. Malgré tout, elle voulait y avoir droit encore une fois, avant qu’il ne soit trop tard.

Lisbon posa sa tasse sur la table de nuit, les mains tremblantes et Jane l’aida afin qu’elle ne renverse pas le peu de liquide se trouvant encore à l’intérieur. Il posa également la sienne, vide. Alors qu’il se réinstallait dans le fauteuil, elle lui attrapa la main qu’elle porta à ses lèvres pour l’embrasser. Pourquoi faisait-elle ça ? Aucune idée, elle ne savait plus vraiment qui elle était ces derniers temps. Elle agissait de façon étrange, plus émotive, plus familière, plus intime envers Jane. Des mois plus tôt, elle n’aurait pas pensé qu’ils pourraient devenir aussi proches, bien plus qu’ils ne l’étaient déjà, mais ce n’était pas pour lui déplaire. Bien au contraire, elle avait l’impression de réaliser son rêve de petite fille, d’avoir trouvé l’homme capable de la rendre vraiment heureuse, même pour si peu de temps.

-“ Patrick ?” L’appela-t-elle doucement.
-“ Oui ?” Il croisa son regard.
-“ Tu pourrais… venir dans le lit avec moi” osa-t-elle demander.
-“ Tout ce que tu voudras.”

Le mentaliste se leva du fauteuil et se glissa sous le drap que venait de soulever la jeune femme. Ils reprirent la même position que quelques minutes plus tôt, Lisbon la tête sur le torse du blond et Jane les mains dans son dos.

-“ Tu sais” commença la jeune femme, “ bientôt nous ne pourrons plus faire ça.”
-“ Quoi ?” interrogea Jane.
-“ S’installer tous les deux dans mon lit,” expliqua-t-elle.
-“ Pourquoi on ne pourrait pas ?”
-“ Je vais aller de plus en plus mal, et ce ne serait pas sain pour toi.”
-“ Tu as peur” c’était une affirmation.
-“ Oui j’ai peur, mais que puis-je y faire ? La maladie me fait peur, la mort me fait peur. Mais peux-tu me le reprocher ?”
-“ Non, j’ai peur moi aussi. J’ai peur de te voir me repousser encore à cause de ça.”
-“ Je ne ferais pas ça Patrick, tu le sais. Je l’ai fait une fois et je m’en suis voulu, je ne te ferais plus une chose pareille.”
-“ Alors cesse de te faire du souci, même si tu vas mal, même si ton état se dégrade encore, je serais toujours là pour toi. Et même si je ne peux plus partager ton lit, je prendrais place dans ce fauteuil et je te tiendrais la main.”
-“ Je me demande encore ce que j’ai fait pour avoir un homme comme toi dans ma vie.”
-“ Et je me pose la même question.”

Un sourire sur leur visage et le couple s’embrassa une nouvelle fois avant que Lisbon s’endorme sur Jane. Il ne la lâcha pas, resta avec elle aussi longtemps que possible jusqu’à ce que l’infirmière de garde vienne lui dire que les heures de visites étaient finies. Il se dégagea alors doucement afin de ne pas la réveiller, mais elle ouvrit les yeux immédiatement.

-“ Tu pars ?” Questionna-t-elle dans un demi-sommeil.
-“ C’est l’heure, mais je reviens demain” promit-il.
-“ Ok, à demain alors.”
-“ A demain Teresa.”
-“ Je t’aime” souffla-t-elle en refermant les yeux.
-“ Je t’aime aussi” répondit-il après lui avoir embrassé le front.

Puis il quitta la chambre et rentra à l’appartement. Il n’était pas si tard que ça, Jane n’était pas fatigué, mais Teresa l’était et elle avait besoin de repos. De plus, il voulait s’occuper de quelque chose pour le lendemain, une chose qui plairait certainement à la jeune femme, alors il devait rentrer. Lorsqu’il arriva, Annie était déjà au lit, mais Tommy l’attendait dans le salon et l’homme se leva en le voyant arriver.

-“ Alors, comment va-t-elle ?” S’enquit le jeune homme, même s’il l’avait vue plus tôt.
-“ Toujours pareil” répondit Jane, “ mais je m’inquiète un peu.”
-“ Que se passe-t-il ?” S’inquiéta aussitôt le jeune Lisbon.
-“ On dirait que Teresa replonge dans sa peur, comme si elle savait le combat perdu d’avance et je n’aime pas ça.”
-“ Explique-toi.”
-“ Nous avons pris l’habitude de nous installer tous les deux dans son lit, simplement pour être ensemble, dans les bras l’un de l’autre et… elle pense qu’on ne pourra plus le faire quand son état va se dégrader.”
-“ Mais peut-être qu’elle va aller mieux, mais je peux la comprendre. Elle n’a jamais eu la chance d’avoir un homme qui l’aime et prend soin d’elle comme tu le fais, du coup elle craint de perdre tout ce que vous avez construit, à commencer par ces petits moments rien qu’entre vous.”
-“ Je suis comme elle, depuis la mort d’Angela, je n’avais pas ressentis ce bien être que je ressens quand je suis avec elle, je ne veux pas plus perdre ces moments, mais j’ai peur qu’elle me repousse encore, même si elle soutient qu’elle ne le fera pas.”
-“ Je ne peux pas répondre à cette question, désolé.”
-“ Merci Tommy” dit alors Jane. “ Merci d’être là et de supporter mes questions et mes états d’âmes.”
-“ C’est-ce qu’on fait entre frères Patrick” lui répondit Tommy, “ tu es comme un frère pour moi, depuis que tu es avec Teresa, depuis que j’ai vu à quel point tu l’aime. On est de la même famille et les familles sont là pour ça.”
-“ Oui, enfin…” Jane ne savait pas quoi répondre à ça. “ Je vais monter, j’ai quelque chose à préparer pour Teresa.”
-“ Ok, je vais pas tarder à aller me coucher. Bonne nuit Patrick.”
-“ Bonne nuit Tommy.”

Jane monta ensuite à l’étage.



Lisbon ne parvenait pas à trouver le sommeil depuis le départ de Jane. Elle avait refermé les yeux dans l’espoir de pouvoir retrouver le sommeil, mais rien à faire. Elle repensait sans cesse à sa discussion avec Jane, la certitude dans sa voix lorsqu’il avait dit qu’il serait là pour elle, qu’importe son état. Et malgré ce qu’elle lui avait dit, elle savait aussi qu’elle pourrait à un moment ou à un autre, le rejeter. Elle ne le voulait pas, elle lui avait déjà fait bien trop de mal, mais elle ne pourrait pas s’en empêcher. Elle tentait toujours de faire fuir les gens lorsqu’elle était au plus mal, ne supportant pas le regard des autres sur elle.

Elle se tourna sur le dos, fixant le plafond. Elle avait des pensées négatives depuis la veille, depuis qu’elle avait gâché la journée de détente que Jane avait prévu pour eux deux. Elle s’en voulait encore, et pourtant le mentaliste ne lui avait rien reproché. Mais c’était ainsi, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait eu la chance de passer une journée complète loin de tout ça, l’hôpital, la maladie. Mais voilà, son corps en avait décidé autrement. Elle se maudissait, elle, son corps, sa maladie. Tout ce qu’elle voulait été de s’en sortir et de vivre heureuse avec Jane.

La porte de la chambre s’ouvrit et Naomi entra, se dirigeant immédiatement vers elle. Le sourire de l’infirmière se fana en voyant le regard triste de sa patiente. Elle savait parfaitement ce qui lui passait par la tête, comme pour chacun de ses patients dans ce service. Alors, elle s’assit dans le fauteuil, celui-là même qu’utilisait Jane presque chaque jour. Elle prit la main de la jeune femme et la serra fort dans les siennes.

-“ Que se passe-t-il Teresa ?” Questionna Naomi.
-“ Je ne sais pas, j’ai peur” souffla Lisbon dont la gorge se serrait.
-“ Peur de quoi ma petite ?” Son ton était tendre.
-“ De mourir” souffla Lisbon, “ je sais que mon état ne va pas en s’améliorant, que je vais plus mal. Je sais que je n’ai aucune chance de m’en sortir, même si je fais croire le contraire. Je fais ça pour Patrick, pour ne pas lui faire de peine.”
-“ Mais le mensonge n’est pas la solution, vous le savez” sermonna l’infirmière. “ Même si pour le moment ça fonctionne, comment le prendra-t-il lorsque vous allez disparaître? Lorsqu’il se retrouvera seul ?”
-“ Il va m’en vouloir pendant un temps, puis il va se laisser aller dans la dépression. Je sais qu’il aura du mal à s’en remettre. Je ne voulais pas lui faire croire à quelque chose qui ne pourrait durer.”
-“ Il vous aime, je pense que c’est le cas depuis longtemps, je peux le voir. Même si vous vouliez l’empêcher, ce serait arrivé quand même.”
-“ Mais que va-t-il devenir sans moi ?” Sanglota Lisbon.
-“ Vous n’allez pas mourir Teresa, vous allez vous en sortir et bientôt tout ceci ne sera qu’un horrible souvenir.”
-“ Comment pouvez-vous le savoir ?”
-“ Car j’ai la foi, ma chère. Je veux y croire alors vous devriez en faire autant.”
-“ Je le voudrais tant, mais je sais que mon corps ne le veux pas.”
-“ Donnez lui le bénéfice du doute” proposa l’infirmière. “ Faites en sorte d’aller mieux, n’ayez pas de sombres pensées et tout ira mieux.”
-“ Vous pensez vraiment que ça peut marcher ?”
-“ Si vous le voulez vraiment, alors tout peut arriver.”
-“ Oh que oui je le veux, plus que tout au monde, et je veux aussi vivre mon bonheur avec Patrick, je veux le rendre heureux. Je n’aime pas le voir triste, je n’ai jamais aimé. Il est si beau avec son sourire, et ses yeux qui brillent.”
-“ Vous êtes définitivement amoureuse jeune femme” sourit Naomi.
-“ Oui, pour la première fois de ma vie j’aime vraiment un homme, et il m’aime, comme je suis sans vouloir me changer.”
-“ Alors donnez-vous la peine de le vivre.”
-“ Je le ferais, merci Naomi.”
-“ De rien Teresa.”

L’infirmière se pencha pour prendre la jeune femme dans ses bras, elle la serra fort contre elle puis se releva et sortit de la chambre, laissant une Lisbon de bien meilleure humeur. La brunette finie par s’endormir cette fois.




Jane arriva de bonne heure à l’hôpital, plus tôt qu’il n’avait l’habitude de venir. Il alla saluer Naomi qui finissait juste son service et s’apprêtait à rentrer chez elle. L’infirmière salua l’homme en retour et l’entraîna avec elle à l’écart. Elle voulait lui parler de Lisbon, de sa discussion de la veille au soir. Ils s’installèrent dans une salle vide et Jane se demanda un instant ce qu’il se passait, l’inquiétude montant en flèche en lui.

-“ Il y a un problème Naomi ?” S’inquiéta-t-il.
-“ Plus vraiment, mais hier soir Teresa était au plus mal” lui répondit la femme.
-“ Comment ça au plus mal ?” Il était vraiment de plus en plus inquiet.
-“ Elle avait le moral à zéro, elle ne parvenait pas à dormir.”
-“ Mais quand je suis parti elle dormait pourtant.”
-“ Elle n’a pas réussit à s’endormir. Mais j’ai parlé avec elle et elle va mieux.”

Jane souffla de soulagement. De savoir que Lisbon avait eu un passage à vide comme ça, alors qu’il pensait que tout allait bien. Il s’en voulait de ne pas avoir vu ça, d’avoir cru que tout allait bien.

-“ Que vous a-t-elle dit ?”
-“ Qu’elle avait peur de mourir, mais je ne vous apprends rien. Je ne peux pas vraiment vous en dire plus, mais sachez qu’elle a vraiment besoin de vous et de votre soutien.”
-“ Je serais là pour elle, à chaque instant.”
-“ Je n’en doute pas une seconde. Mais il faut savoir que les patients atteints de cancer ont tendance à ne voir que le côté sombre sans imaginer une vie après la maladie.”
-“ Je vais justement la voir avec un petit quelque chose qui devrait lui redonner le sourire, du moins je l’espère.”
-“ Une surprise ? Je suis persuadée qu’elle aimera, même si je n’ai aucune idée de ce que ça peut être.”
-“ Je pense que vous le saurez ce soir en prenant votre service.”
-“ Malheureusement je ne travaille pas avant deux jours, mais je viendrais la voir, je l’aime bien cette petite.”
-“ Elle en sera heureuse.”
-“ Bon, allez la voir maintenant, elle vous attend.”
-“ J’y vais, et merci pour tout Naomi.”
-“ De rien mon petit, je ne veux rien de plus que vous trouviez le bonheur tous les deux.”
-“ Moi aussi Naomi, moi aussi.”

Le mentaliste et l’infirmière quittèrent la pièce et Naomi quitta l’hôpital tandis que Jane allait voir Lisbon. Lorsqu’il entra dans sa chambre, elle se trouvait devant la fenêtre et se retourna en l’entendant arriver. Elle lui sourit et vint à sa rencontre, le prenant dans ses bras et l’embrassa avec tendresse.

-“ Bonjour toi” murmura-t-elle contre ses lèvres.
-“ Bonjour” répondit-il tout aussi doucement. “ Tu as bien dormi ?”
-“ Pas trop mal” mais elle baissa la tête, instinctivement.
-“ Tu ne me dis pas tout Teresa” remarqua Jane.
-“ Je… Patrick, je…”
-“ Parle moi Teresa, dis moi ce qui ne va pas.”
-“ Patrick, j’ai eu un coup de cafard hier soir, mais Naomi est venue et nous avons discuté. Je vais mieux maintenant.”
-“ Tu as eu peur, tu avais besoin de parler.”
-“ Et grâce à elle j’ai une nouvelle raison de me battre” lui sourit-elle.
-“ Ah oui, et je peux savoir laquelle ?” s’interrogea-t-il.
-“ Un homme dans ma vie qui a besoin de moi, un homme que j’aime plus que tout au monde et que je ne veux pas laisser derrière moi.”
-“ Il est chanceux cet homme dis moi, je le connais ?” demanda le mentaliste.
-“ Peut-être bien, il est blond, a les yeux bleus, il a de magnifiques boucles dans lesquelles j’aime glisser mes doigts, un sourire à se faire damner un saint.”
-“ J’aime cette description, mais je suis un homme jaloux, alors dis moi qui il est que je puisse lui faire peur et qu’il te laisse.”
-“ Ce serait dommage, car cette homme c’est toi.”
-“ Oh, alors je suis jaloux de moi-même.”

Ils se sourirent une fois de plus avant que la porte s’ouvre et qu’une infirmière ne les interrompe.

-“ Ça va être l’heure madame Lisbon” lui dit-elle avec un sourire gêné.”
-“ Merci Dana” remercia Lisbon.
-“ Je vous laisse et je reviens dans quelques minutes” sourit Dana avant de sortir.
-“ Je crois que tu vas devoir y aller”
Jane fit la moue.
-“ Mais j’ai quelque chose pour toi avant, je voulais te le donner pour te remonter le moral.”
-“ C’est gentil Patrick, c’est quoi ?” S’enthousiasma la jeune femme.
-“ Une minute, il est dans le sac.”

Jane s’éloigna de Lisbon, alla jusqu’au sac et en sortit un petit paquet bien enveloppé qu’il lui tendit. Elle le prit avec les mains tremblantes, défit le papier avec délicatesse qui contrastait avec son état d’excitation. Une fois le papier au sol, Lisbon resta sans voix. Elle releva des yeux pleins de larmes.

-“ Patrick” souffla-t-elle.
-“ Ça te plait ?” S’enquit-il.
-“ Oh que oui ça me plait” répondit-elle en se jetant dans ses bras. “ Merci Patrick.”
-“ De rien Teresa” répondit-il en lui embrassant le haut de la tête.