In Sunshine or in Shadow ^

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La peur ne vous quitte jamais vraiment

Tommy et Annie avaient fini par partir, la jeune fille devait aller en cours le lendemain et Tommy devait encore remplacer son collègue, il ne passerait donc pas beaucoup de temps en famille, mais au moins il avait un travail. Lisbon leur avait dit au revoir en les embrassant tous les deux chaleureusement puis ils avaient quitté la chambre. Elle était à présent seule avec Jane qui se trouvait devant la fenêtre, l’esprit ailleurs. Elle se rapprocha de lui lentement, lui entoura la taille de ses bras et se colla à lui, posant sa joue contre son dos. Le mentaliste posa ses mains sur celles de la jeune femme, entrelaçant leurs doigts, ce qui déclencha une série de frissons chez Lisbon. Ce geste, pourtant si simple, avait une telle signification, tant d’importance pour elle comme pour lui. Elle savait qu’il ne le ferait pas s’il ne tenait pas vraiment à elle, s’il ne l’aimait pas vraiment de tous son cœur. Elle n’en doutait plus depuis longtemps, comment l’aurait-elle put ? Après tout ce qu’il avait fait pour elle ces dernières semaines, sans ne jamais rien demander en retour. Elle avait la preuve de la profondeur de ses sentiments.

Teresa fit tourner le blond sur lui-même en baladant ses doigts sur son torse et elle se retrouva face à lui. Son regard émeraude rencontra l’océan du mentaliste et s’y perdit l’espace d’un instant. Cet homme était parfait, attentif à elle, ne cherchant qu’à lui rendre la vie plus facile alors qu’il souffrait de cette situation. Mais elle s’en voulait, horriblement. Lisbon aimait Jane, de tout son cœur et ce depuis des années, bien qu’elle avait toujours refusé de se l’avouer. Il l’aimait aussi, depuis longtemps. Mais que se passerait-il après ? Comment vivrait-il leur séparation éternelle ? Elle savait qu’il aurait du mal à s’en remettre, que son attachement pour elle était bien trop fort. Il lui avait déjà dit qu’il refusait de la laisser, de se séparer d’elle, même si c’était pour souffrir par la suite. Mais elle voulait tant son bonheur qu’elle ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable de cet amour, pourtant essentiel.

La main de Jane vint se poser sur sa joue, avec douceur et tendresse. Elle ferma les yeux un instant, savourant la douce chaleur qu’elle sentait se rependre rien que par la sensation de sa peau contre la sienne. Ils étaient habitués à se toucher, à s’embrasser, mais à chaque fois c’était comme la première fois. Elle se sentait comme une adolescente avec son premier amour, à la fois intimidée et excitée. Et c’était peut-être le cas, pour Jane comme pour elle, c’était un immense pas en avant, c’était redécouvrir l’amour. Elle avait eut peur d’aimer tout au long de sa vie, peur d’avoir le cœur brisé. Jane lui, avait eut du mal à laisser une autre femme envahir son cœur suite à la mort de son épouse. Elle ne pensait pas qu’il le ferait un jour, elle ne pensait pas qu’il le ferait pour elle.

Lisbon se redressa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres de Jane qui pressa sur sa joue pour la garder le plus longtemps possible contre lui. Il voulait tellement profiter de chaque instant avec elle, de chaque minute qui leur était offerte. Tout ne serait pas toujours aussi simple pour eux, ils avaient encore bien des épreuves à traverser. Mais pour le moment ils étaient ensemble, c’est tout ce qui comptait. Ils se séparèrent à regret, le manque d’air se faisant pressant et vital. Jane garda tout de même Lisbon contre lui, refusant de la laisser s’éloigner. Il la sentit l’entourer de ses bras, posant sa tête contre son torse, à l’endroit même de son cœur qu’elle pouvait entendre et sentir battre sous son oreille. Il battait au moins aussi vite que le sien, peut-être même plus.

-“ Tu devrais aller te mettre au lit Teresa” murmura Jane, ne la lâchant pas pour autant.
-“ J’ai pas envie” protesta-t-elle. “ Je veux rester dans tes bras.”
-“ Tu le seras toujours, même au lit” la rassura-t-il. “ Je vais venir avec toi.”
-“ Ça ne te gêne pas de faire ça ? De te mettre au lit, à l’hôpital, toi qui les déteste tant ?”
-“ C’est vrai que je ne les aime pas” confirma-t-il, “ mais avec toi c’est différent.”
-“ Alors allons-y.”

Le couple se dirigea vers le lit, Jane aida Lisbon à s’y installer et la rejoignit, la prenant dans ses bras. La jeune femme ferma les yeux, la présence de Jane avec elle ici rendait les choses bien plus faciles à supporter. Elle n’aimait pas se sentir aussi faible, aussi malade, mais que pouvait-elle y faire ? Elle repensa à leur journée de la veille. Tout avait si bien commencé, tout avait été parfait, jusqu’à ce qu’elle se sente mal et gâche tout. Elle aurait tant voulu que tout se passe à merveille, profiter d’une journée complète loin de tous ses soucis, loin de la maladie et de l’hôpital. Mais son corps en avait décidé autrement, elle avait encore été mal et pour ne pas changer, Jane avait prit soin d’elle. Elle se demandait encore ce qu’elle avait bien put faire pour mériter un homme comme lui.

Le lendemain, elle avait encore une séance de chimiothérapie, elle savait qu’elle allait être encore bien plus fatiguée et ne pourrait pas aller se promener dans le parc de l’hôpital comme elle le faisait souvent avec Jane. Mais elle savait qu’il resterait avec elle, comme il le faisait toujours. Depuis le début de son traitement, il avait toujours été présent, s’arrangeait pour se libérer à la bonne heure. Il connaissait son emploi du temps par cœur, et il avait toujours en réserve quelques bonnes petites blagues pour lui remonter le moral, ainsi qu’aux autres patients se trouvant dans la salle. Il était le clown attitré du service d’oncologie de l’hôpital et parfois, lorsque Lisbon dormait, il allait voir les enfants malades pour les amuser un peu. Elle le savait car Noami lui en avait parlé un jour. Jane ne lui avait rien dit, mais elle ne lui en voulait pas. Il faisait ce qu’il voulait de son temps libre, et au moins il ne faisait pas de bêtises.

Mais ça l’ennuyait un peu de savoir son consultant si souvent à l’hôpital, au contact des malades, au contact de la mort. Il en avait déjà assez vu dans sa vie et elle n’aimait pas le savoir ici, seul. Cela pourrait lui faire ressasser le passé, repenser à une époque plus triste de sa vie. Une fois, elle l’avait vu revenir avec une sorte de voile de tristesse dans le regard, elle aurait voulut savoir ce qu’il avait, mais n’avait pas osé lui demander. Ce n’est que lorsqu’il était partit et que Naomi était venue la voir le soir qu’elle avait apprit ce qui l’avait rendu si triste. Une petite fille de six ans, atteinte elle aussi d’une leucémie, avait fait une grave rechute. Le problème était que cette petite était aussi blonde que sa petite Charlotte et cela avait fait mal au mentaliste.

Lisbon releva la tête pour voir que Jane avait les yeux clos, sa respiration était lente et elle crut un moment qu’il dormait. Mais lorsqu’elle voulut se dégager de ses bras, elle le sentit resserrer son étreinte sur elle, la plaquant un peu plus contre lui. Il ouvrit un œil, lui fit un léger sourire et déposa un baiser sur son front.

-“ Tu compte aller quelque part ma douce ?” murmura-t-il.
-“ Aux toilettes” répondit-elle sur le même ton discret. “ Tu veux m’accompagner ?”

Une petite grimace de sa part répondit à sa question et Lisbon ne put empêcher un sourire de prendre place sur son visage. Parfois, des petits moments comme celui-ci suffisait à alléger l’atmosphère qui se faisait lourde. Il n’y avait plus de gêne entre eux, plus rien pour se sentir mal à l’aise, pas même lorsque Lisbon se sentait mal. Ils prenaient les choses comme elles venaient et se contentaient d’être là l’un pour l’autre.

La jeune femme se leva enfin, mais avant de s’éloigner vers la salle de bain, elle vint l’embrasser sur les lèvres, un simple effleurement de bouches, mais avec tant d’intensité. Puis elle partit, sa vessie n’attendait pas. Lorsqu’elle revint, Jane ne se trouvait plus dans le lit et elle sentit son cœur accélérer. Était-il partit ? Mais pourquoi ne lui avoir rien dit ? Elle commençait déjà à se faire des films lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit sur le visage souriant de Jane, les deux mains chargées de tasses fumantes. Elle souffla de soulagement avant de se précipiter vers lui et il eut juste le temps de poser les tasses sur la table avant de réceptionner la jeune femme dans ses bras.

-“ Que se passe-t-il Teresa ?” S’inquiéta-t-il aussitôt.
-“ J’ai cru que tu étais partis” lui dit-elle en enfouissant son visage contre son torse.
-“ Pourquoi serais-je partis ?”
-“ Aucune idée, je ne sais même pas pourquoi j’y ai pensé.”
-“ Comme je suis de retour, tu devrais retourner au lit” proposa-t-il en la dirigeant vers le lit. “ Je t’apporte ton thé.”
-“ Je n’aime pas le thé” rouspéta-t-elle tout en prenant la tasse que lui présentait Jane.
-“ C’est bien meilleur que le café, tu verras.”

La jeune femme trempa ses lèvres dans le liquide chaud, ferma les yeux et savoura la douce senteur de ce breuvage qu’elle disait ne pas aimer. En réalité, depuis qu’elle connaissait Jane et qu’il ne cessait de venter les qualités du thé, elle avait commencé à en boire et appréciait beaucoup. Mais ça, jamais elle ne lui dirait. A chaque fois qu’elle buvait du thé, elle pensait à lui, à chaque fois qu’elle allait en acheter, elle pensait à lui. Maintenant, elle avait associé Jane au thé et vice-versa. Elle releva les yeux de sa tasse pour voir Jane s’installer dans le fauteuil qu’il avait rapproché du lit. Elle aurait bien voulu qu’il revienne dans le lit avec elle, ne se lassant jamais de sa présence contre elle, mais elle ne devait pas trop s’y habituer. Elle savait que les choses allaient encore se dégrader, que son état allait empirer et que Jane ne pourrait plus la rejoindre dans son lit. Malgré tout, elle voulait y avoir droit encore une fois, avant qu’il ne soit trop tard.

Lisbon posa sa tasse sur la table de nuit, les mains tremblantes et Jane l’aida afin qu’elle ne renverse pas le peu de liquide se trouvant encore à l’intérieur. Il posa également la sienne, vide. Alors qu’il se réinstallait dans le fauteuil, elle lui attrapa la main qu’elle porta à ses lèvres pour l’embrasser. Pourquoi faisait-elle ça ? Aucune idée, elle ne savait plus vraiment qui elle était ces derniers temps. Elle agissait de façon étrange, plus émotive, plus familière, plus intime envers Jane. Des mois plus tôt, elle n’aurait pas pensé qu’ils pourraient devenir aussi proches, bien plus qu’ils ne l’étaient déjà, mais ce n’était pas pour lui déplaire. Bien au contraire, elle avait l’impression de réaliser son rêve de petite fille, d’avoir trouvé l’homme capable de la rendre vraiment heureuse, même pour si peu de temps.

-“ Patrick ?” L’appela-t-elle doucement.
-“ Oui ?” Il croisa son regard.
-“ Tu pourrais… venir dans le lit avec moi” osa-t-elle demander.
-“ Tout ce que tu voudras.”

Le mentaliste se leva du fauteuil et se glissa sous le drap que venait de soulever la jeune femme. Ils reprirent la même position que quelques minutes plus tôt, Lisbon la tête sur le torse du blond et Jane les mains dans son dos.

-“ Tu sais” commença la jeune femme, “ bientôt nous ne pourrons plus faire ça.”
-“ Quoi ?” interrogea Jane.
-“ S’installer tous les deux dans mon lit,” expliqua-t-elle.
-“ Pourquoi on ne pourrait pas ?”
-“ Je vais aller de plus en plus mal, et ce ne serait pas sain pour toi.”
-“ Tu as peur” c’était une affirmation.
-“ Oui j’ai peur, mais que puis-je y faire ? La maladie me fait peur, la mort me fait peur. Mais peux-tu me le reprocher ?”
-“ Non, j’ai peur moi aussi. J’ai peur de te voir me repousser encore à cause de ça.”
-“ Je ne ferais pas ça Patrick, tu le sais. Je l’ai fait une fois et je m’en suis voulu, je ne te ferais plus une chose pareille.”
-“ Alors cesse de te faire du souci, même si tu vas mal, même si ton état se dégrade encore, je serais toujours là pour toi. Et même si je ne peux plus partager ton lit, je prendrais place dans ce fauteuil et je te tiendrais la main.”
-“ Je me demande encore ce que j’ai fait pour avoir un homme comme toi dans ma vie.”
-“ Et je me pose la même question.”

Un sourire sur leur visage et le couple s’embrassa une nouvelle fois avant que Lisbon s’endorme sur Jane. Il ne la lâcha pas, resta avec elle aussi longtemps que possible jusqu’à ce que l’infirmière de garde vienne lui dire que les heures de visites étaient finies. Il se dégagea alors doucement afin de ne pas la réveiller, mais elle ouvrit les yeux immédiatement.

-“ Tu pars ?” Questionna-t-elle dans un demi-sommeil.
-“ C’est l’heure, mais je reviens demain” promit-il.
-“ Ok, à demain alors.”
-“ A demain Teresa.”
-“ Je t’aime” souffla-t-elle en refermant les yeux.
-“ Je t’aime aussi” répondit-il après lui avoir embrassé le front.

Puis il quitta la chambre et rentra à l’appartement. Il n’était pas si tard que ça, Jane n’était pas fatigué, mais Teresa l’était et elle avait besoin de repos. De plus, il voulait s’occuper de quelque chose pour le lendemain, une chose qui plairait certainement à la jeune femme, alors il devait rentrer. Lorsqu’il arriva, Annie était déjà au lit, mais Tommy l’attendait dans le salon et l’homme se leva en le voyant arriver.

-“ Alors, comment va-t-elle ?” S’enquit le jeune homme, même s’il l’avait vue plus tôt.
-“ Toujours pareil” répondit Jane, “ mais je m’inquiète un peu.”
-“ Que se passe-t-il ?” S’inquiéta aussitôt le jeune Lisbon.
-“ On dirait que Teresa replonge dans sa peur, comme si elle savait le combat perdu d’avance et je n’aime pas ça.”
-“ Explique-toi.”
-“ Nous avons pris l’habitude de nous installer tous les deux dans son lit, simplement pour être ensemble, dans les bras l’un de l’autre et… elle pense qu’on ne pourra plus le faire quand son état va se dégrader.”
-“ Mais peut-être qu’elle va aller mieux, mais je peux la comprendre. Elle n’a jamais eu la chance d’avoir un homme qui l’aime et prend soin d’elle comme tu le fais, du coup elle craint de perdre tout ce que vous avez construit, à commencer par ces petits moments rien qu’entre vous.”
-“ Je suis comme elle, depuis la mort d’Angela, je n’avais pas ressentis ce bien être que je ressens quand je suis avec elle, je ne veux pas plus perdre ces moments, mais j’ai peur qu’elle me repousse encore, même si elle soutient qu’elle ne le fera pas.”
-“ Je ne peux pas répondre à cette question, désolé.”
-“ Merci Tommy” dit alors Jane. “ Merci d’être là et de supporter mes questions et mes états d’âmes.”
-“ C’est-ce qu’on fait entre frères Patrick” lui répondit Tommy, “ tu es comme un frère pour moi, depuis que tu es avec Teresa, depuis que j’ai vu à quel point tu l’aime. On est de la même famille et les familles sont là pour ça.”
-“ Oui, enfin…” Jane ne savait pas quoi répondre à ça. “ Je vais monter, j’ai quelque chose à préparer pour Teresa.”
-“ Ok, je vais pas tarder à aller me coucher. Bonne nuit Patrick.”
-“ Bonne nuit Tommy.”

Jane monta ensuite à l’étage.



Lisbon ne parvenait pas à trouver le sommeil depuis le départ de Jane. Elle avait refermé les yeux dans l’espoir de pouvoir retrouver le sommeil, mais rien à faire. Elle repensait sans cesse à sa discussion avec Jane, la certitude dans sa voix lorsqu’il avait dit qu’il serait là pour elle, qu’importe son état. Et malgré ce qu’elle lui avait dit, elle savait aussi qu’elle pourrait à un moment ou à un autre, le rejeter. Elle ne le voulait pas, elle lui avait déjà fait bien trop de mal, mais elle ne pourrait pas s’en empêcher. Elle tentait toujours de faire fuir les gens lorsqu’elle était au plus mal, ne supportant pas le regard des autres sur elle.

Elle se tourna sur le dos, fixant le plafond. Elle avait des pensées négatives depuis la veille, depuis qu’elle avait gâché la journée de détente que Jane avait prévu pour eux deux. Elle s’en voulait encore, et pourtant le mentaliste ne lui avait rien reproché. Mais c’était ainsi, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait eu la chance de passer une journée complète loin de tout ça, l’hôpital, la maladie. Mais voilà, son corps en avait décidé autrement. Elle se maudissait, elle, son corps, sa maladie. Tout ce qu’elle voulait été de s’en sortir et de vivre heureuse avec Jane.

La porte de la chambre s’ouvrit et Naomi entra, se dirigeant immédiatement vers elle. Le sourire de l’infirmière se fana en voyant le regard triste de sa patiente. Elle savait parfaitement ce qui lui passait par la tête, comme pour chacun de ses patients dans ce service. Alors, elle s’assit dans le fauteuil, celui-là même qu’utilisait Jane presque chaque jour. Elle prit la main de la jeune femme et la serra fort dans les siennes.

-“ Que se passe-t-il Teresa ?” Questionna Naomi.
-“ Je ne sais pas, j’ai peur” souffla Lisbon dont la gorge se serrait.
-“ Peur de quoi ma petite ?” Son ton était tendre.
-“ De mourir” souffla Lisbon, “ je sais que mon état ne va pas en s’améliorant, que je vais plus mal. Je sais que je n’ai aucune chance de m’en sortir, même si je fais croire le contraire. Je fais ça pour Patrick, pour ne pas lui faire de peine.”
-“ Mais le mensonge n’est pas la solution, vous le savez” sermonna l’infirmière. “ Même si pour le moment ça fonctionne, comment le prendra-t-il lorsque vous allez disparaître? Lorsqu’il se retrouvera seul ?”
-“ Il va m’en vouloir pendant un temps, puis il va se laisser aller dans la dépression. Je sais qu’il aura du mal à s’en remettre. Je ne voulais pas lui faire croire à quelque chose qui ne pourrait durer.”
-“ Il vous aime, je pense que c’est le cas depuis longtemps, je peux le voir. Même si vous vouliez l’empêcher, ce serait arrivé quand même.”
-“ Mais que va-t-il devenir sans moi ?” Sanglota Lisbon.
-“ Vous n’allez pas mourir Teresa, vous allez vous en sortir et bientôt tout ceci ne sera qu’un horrible souvenir.”
-“ Comment pouvez-vous le savoir ?”
-“ Car j’ai la foi, ma chère. Je veux y croire alors vous devriez en faire autant.”
-“ Je le voudrais tant, mais je sais que mon corps ne le veux pas.”
-“ Donnez lui le bénéfice du doute” proposa l’infirmière. “ Faites en sorte d’aller mieux, n’ayez pas de sombres pensées et tout ira mieux.”
-“ Vous pensez vraiment que ça peut marcher ?”
-“ Si vous le voulez vraiment, alors tout peut arriver.”
-“ Oh que oui je le veux, plus que tout au monde, et je veux aussi vivre mon bonheur avec Patrick, je veux le rendre heureux. Je n’aime pas le voir triste, je n’ai jamais aimé. Il est si beau avec son sourire, et ses yeux qui brillent.”
-“ Vous êtes définitivement amoureuse jeune femme” sourit Naomi.
-“ Oui, pour la première fois de ma vie j’aime vraiment un homme, et il m’aime, comme je suis sans vouloir me changer.”
-“ Alors donnez-vous la peine de le vivre.”
-“ Je le ferais, merci Naomi.”
-“ De rien Teresa.”

L’infirmière se pencha pour prendre la jeune femme dans ses bras, elle la serra fort contre elle puis se releva et sortit de la chambre, laissant une Lisbon de bien meilleure humeur. La brunette finie par s’endormir cette fois.




Jane arriva de bonne heure à l’hôpital, plus tôt qu’il n’avait l’habitude de venir. Il alla saluer Naomi qui finissait juste son service et s’apprêtait à rentrer chez elle. L’infirmière salua l’homme en retour et l’entraîna avec elle à l’écart. Elle voulait lui parler de Lisbon, de sa discussion de la veille au soir. Ils s’installèrent dans une salle vide et Jane se demanda un instant ce qu’il se passait, l’inquiétude montant en flèche en lui.

-“ Il y a un problème Naomi ?” S’inquiéta-t-il.
-“ Plus vraiment, mais hier soir Teresa était au plus mal” lui répondit la femme.
-“ Comment ça au plus mal ?” Il était vraiment de plus en plus inquiet.
-“ Elle avait le moral à zéro, elle ne parvenait pas à dormir.”
-“ Mais quand je suis parti elle dormait pourtant.”
-“ Elle n’a pas réussit à s’endormir. Mais j’ai parlé avec elle et elle va mieux.”

Jane souffla de soulagement. De savoir que Lisbon avait eu un passage à vide comme ça, alors qu’il pensait que tout allait bien. Il s’en voulait de ne pas avoir vu ça, d’avoir cru que tout allait bien.

-“ Que vous a-t-elle dit ?”
-“ Qu’elle avait peur de mourir, mais je ne vous apprends rien. Je ne peux pas vraiment vous en dire plus, mais sachez qu’elle a vraiment besoin de vous et de votre soutien.”
-“ Je serais là pour elle, à chaque instant.”
-“ Je n’en doute pas une seconde. Mais il faut savoir que les patients atteints de cancer ont tendance à ne voir que le côté sombre sans imaginer une vie après la maladie.”
-“ Je vais justement la voir avec un petit quelque chose qui devrait lui redonner le sourire, du moins je l’espère.”
-“ Une surprise ? Je suis persuadée qu’elle aimera, même si je n’ai aucune idée de ce que ça peut être.”
-“ Je pense que vous le saurez ce soir en prenant votre service.”
-“ Malheureusement je ne travaille pas avant deux jours, mais je viendrais la voir, je l’aime bien cette petite.”
-“ Elle en sera heureuse.”
-“ Bon, allez la voir maintenant, elle vous attend.”
-“ J’y vais, et merci pour tout Naomi.”
-“ De rien mon petit, je ne veux rien de plus que vous trouviez le bonheur tous les deux.”
-“ Moi aussi Naomi, moi aussi.”

Le mentaliste et l’infirmière quittèrent la pièce et Naomi quitta l’hôpital tandis que Jane allait voir Lisbon. Lorsqu’il entra dans sa chambre, elle se trouvait devant la fenêtre et se retourna en l’entendant arriver. Elle lui sourit et vint à sa rencontre, le prenant dans ses bras et l’embrassa avec tendresse.

-“ Bonjour toi” murmura-t-elle contre ses lèvres.
-“ Bonjour” répondit-il tout aussi doucement. “ Tu as bien dormi ?”
-“ Pas trop mal” mais elle baissa la tête, instinctivement.
-“ Tu ne me dis pas tout Teresa” remarqua Jane.
-“ Je… Patrick, je…”
-“ Parle moi Teresa, dis moi ce qui ne va pas.”
-“ Patrick, j’ai eu un coup de cafard hier soir, mais Naomi est venue et nous avons discuté. Je vais mieux maintenant.”
-“ Tu as eu peur, tu avais besoin de parler.”
-“ Et grâce à elle j’ai une nouvelle raison de me battre” lui sourit-elle.
-“ Ah oui, et je peux savoir laquelle ?” s’interrogea-t-il.
-“ Un homme dans ma vie qui a besoin de moi, un homme que j’aime plus que tout au monde et que je ne veux pas laisser derrière moi.”
-“ Il est chanceux cet homme dis moi, je le connais ?” demanda le mentaliste.
-“ Peut-être bien, il est blond, a les yeux bleus, il a de magnifiques boucles dans lesquelles j’aime glisser mes doigts, un sourire à se faire damner un saint.”
-“ J’aime cette description, mais je suis un homme jaloux, alors dis moi qui il est que je puisse lui faire peur et qu’il te laisse.”
-“ Ce serait dommage, car cette homme c’est toi.”
-“ Oh, alors je suis jaloux de moi-même.”

Ils se sourirent une fois de plus avant que la porte s’ouvre et qu’une infirmière ne les interrompe.

-“ Ça va être l’heure madame Lisbon” lui dit-elle avec un sourire gêné.”
-“ Merci Dana” remercia Lisbon.
-“ Je vous laisse et je reviens dans quelques minutes” sourit Dana avant de sortir.
-“ Je crois que tu vas devoir y aller”
Jane fit la moue.
-“ Mais j’ai quelque chose pour toi avant, je voulais te le donner pour te remonter le moral.”
-“ C’est gentil Patrick, c’est quoi ?” S’enthousiasma la jeune femme.
-“ Une minute, il est dans le sac.”

Jane s’éloigna de Lisbon, alla jusqu’au sac et en sortit un petit paquet bien enveloppé qu’il lui tendit. Elle le prit avec les mains tremblantes, défit le papier avec délicatesse qui contrastait avec son état d’excitation. Une fois le papier au sol, Lisbon resta sans voix. Elle releva des yeux pleins de larmes.

-“ Patrick” souffla-t-elle.
-“ Ça te plait ?” S’enquit-il.
-“ Oh que oui ça me plait” répondit-elle en se jetant dans ses bras. “ Merci Patrick.”
-“ De rien Teresa” répondit-il en lui embrassant le haut de la tête.

*****

La fin d'une vie...

Assise dans son fauteuil, une aiguille dans le bras et la tête lui tournant un peu, Lisbon repensait au cadeau de Jane qu’elle avait sur les genoux. Il lui avait offert quelque chose de simple mais qui avait tant d’importance à ses yeux, qui lui rappelait à quel point elle l’aimait, tout comme lui l’aimait. Avec ça, elle avait la preuve que leur attirance, voir peut-être même leur amour, était là depuis longtemps, très longtemps, ils avaient juste voulu l’ignorer. Et maintenant, en regardant l’homme assis à côté d’elle, lui passant un linge humide sur le visage pour la rafraîchir tout en lui souriant, elle se demandait encore pourquoi elle avait attendu si longtemps, pourquoi elle ne le lui avait pas dit plus tôt. Elle avait perdu tant de temps, et il ne lui en restait que si peu.

La main de Jane vint se poser sur la sienne, sur ses genoux, lui serrant les doigts et elle lui sourit. Il se pencha vers elle et déposa un tendre baiser sur ses lèvres auquel elle répondit avec joie. Elle ne se lasserait jamais de l’embrasser, de sentir la douce chaleur de sa peau contre la sienne. C’était si bon d’avoir quelqu’un dans sa vie, si bon de pouvoir compter sur une personne telle que Jane. Elle l’avait toujours cru incapable d’aimer de nouveau, incapable de l’aimer elle car elle n’était pas Angela et ne serait jamais comme cette femme merveilleuse qu’elle avait été. Elle était Teresa Lisbon, femme indépendante, forte et qui n’a besoin de personne, jusqu’à aujourd’hui. Maintenant elle avait besoin de lui dans sa vie, aussi longtemps qu’elle le resterait, en vie.

Un raclement de gorge attira son attention, tout comme celle de son compagnon et ils relevèrent les yeux pour voir Naomi venir vers eux avec un immense sourire. Lisbon sentit ses joues la brûler de mal aise mais l’infirmière lui sourit de plus belle et se pencha vers elle pour la prendre dans ses bras.

-“ Je savais bien que tout irait bien” lui souffla-t-elle à l’oreille, “ Patrick est l’homme qu’il vous faut.”
-“ Merci Naomi” remercia la jeune femme, “ vous êtes vraiment quelqu’un de bien et vos conseils sont importants pour moi.”
-“ Toujours ma petite, aussi longtemps que vous en aurez besoin.”

L’infirmière se releva et adressa un sourire à Jane avant de tirer une chaise pour s’y installer. Ses yeux tombèrent sur ce qui se trouvait sur les genoux de Teresa et elle releva un regard interrogateur vers la jeune femme qui lui sourit avant de lui tendre l’objet qu’elle prit.

-“ C’est un album photo” expliqua Lisbon, “ Patrick l’a rempli de photos prisent au cours des années passées, de lui et moi ou simplement de moi.”
-“ Et bien, il y en a beaucoup” constata Naomi.
-“ Oui, je ne savais même pas qu’il en avait autant” affirma Lisbon en se tournant vers le mentaliste.
-“ Je n’allais tout de même pas te dire que je te prenais en photo, tu m’en aurais voulu” se défendit-il, “ et puis certaines ont été prises par l’équipe sans qu’on le sache.”

Lisbon rougit un peu plus à cette révélation mais cela lui fit chaud au cœur. De savoir que Jane la prenait en photo depuis longtemps, cela l'amenait à croire que lui aussi avait des sentiments pour elle depuis bien plus longtemps qu’elle ne le pensait. Elle lui tendit une main qu’il prit tout en se rapprochant d’elle et elle y déposa ses lèvres pour un baiser de remerciements. Cet homme était vraiment exceptionnel et elle devait tout faire pour le garder, à commencer par rester en vie. Ce n’était pas chose facile avec sa maladie, tous ses traitements, sa fatigue et ses nausées qui lui donnaient parfois envie d’en finir. Mais elle ferait tout pour rester avec lui le plus longtemps possible, maintenant qu’elle avait la chance d’être enfin heureuse, elle ne voulait pas la perdre. Un coup d’œil à Naomi lui apprit que la vieille femme souriait, heureuse pour elle, pour eux. L’infirmière était vraiment une femme extraordinaire. Elle avait toujours été là, depuis le début, faisant son travail, mais aussi la soutenant lorsqu’elle n’allait pas bien, comme cette nuit où Teresa avait eut une baisse de moral. Elle était un peu comme une deuxième mère, trouvant les bons mots lorsqu’il le fallait et Lisbon était heureuse de l’avoir rencontrée.

Le temps s’écoula entre bavardage et nausées, Jane et Naomi se relayant pour l’aider, la soutenir. Puis finalement, il fut l’heure pour la jeune femme de retourner dans sa chambre et pour Naomi pour partir, elle avait encore des choses à faire. Elle salua le couple puis s’éclipsa, les laissant seuls tout les deux dans la chambre. Et comme à son habitude, Jane vint s’installer dans le lit avec Lisbon qui se serra contre lui, posant sa tête sur son torse. Elle ne se lasserait jamais de ces petits moments rien qu’à eux, où ils pouvaient profiter l’un de l’autre, savourant leurs étreintes. La jeune femme ne se sentait pas mieux, mais elle ne se sentait pas plus mal pour autant et elle en venait à espérer que bientôt tout serait fini, qu’elle allait s’en sortir et pouvoir rentrer chez elle. Elle s’imaginait qu’elle pourrait vivre avec Jane, qu’il resterait chez elle même après toute cette histoire, qu’ils vivraient heureux ensemble. Comme elle aurait voulu que ce soit possible, que tout aille pour le mieux. Mais pour le moment ce n’était pas le cas et elle devait s’y faire.

Lisbon ferma les yeux, se mit à l’aise et se calant un peu plus contre Jane et peu à peu, se laissa aller au sommeil. Elle sentit tout de même Jane passait ses deux bras autour d’elle et resserrer son étreinte. Elle sourit tout en dormant et gémit de contentement. Cette nuit-là, elle rêva d’une autre vie, d’une vie où elle n’était pas malade, où elle vivait dans une belle maison et où elle pouvait voir grandir ses enfants, avec leur père, Patrick Jane. Ce rêve était vraiment le plus beau qu’elle ait fait de sa vie et elle ne voulait plus jamais se réveiller. Mais une nouvelle vague de nausées l’obligea à ouvrir les yeux et elle sentit la main de Jane dans son dos. Il approcha un haricot et elle vomit dedans. Il alla ensuite lui chercher un linge humide qu’il passa sur son visage ainsi qu’un verre d’eau pour qu’elle se rince la bouche, le tout avec un sourire tendre sur le visage.

-“ Ça va mieux ?” S’enquit-il.
-“ Oui merci” souffla Lisbon en se remettant dans le lit.
-“ Tu verras, bientôt tout ça sera fini” tenta-t-il de la rassurer. “ Tu pourras bientôt rentrer à la maison et je serais là pour toi.”
-“ J’aimerais que ce soit maintenant, j’en peux plus d’être ici” se plaignit Lisbon.
-“ Je sais, mais pour le moment c’est-ce qui est le mieux pour toi” assura Jane.
-“ Je sais mais j’en ai marre, je voudrais tellement pouvoir rester des heures au lit à ne rien faire, ou manger n’importe quoi sans pour autant vomir, sortir me promener sur la plage avec toi. Notre balade de l’autre jour était vraiment géniale et j’aimerais pouvoir recommencer, sans être malade cette fois.”
-“ Quand tu iras mieux, je t’emmènerais te promener sur la plage” lui promit-il, “ nous ferons un pique-nique, nous y resterons jusqu’au couché du soleil et peut-être même que nous y dormirons.”
-“ Ce serait super” sourit Lisbon en reposant sa tête sur son torse.
-“ Je te promets que tu auras tout ça” souffla-t-il en déposant un baiser sur son front.

Lisbon retomba dans le sommeil rapidement, un large sourire sur le visage. Le mentaliste resta dans le silence encore quelques minutes, réfléchissant à tout ce qui se passait dans sa vie depuis quelques temps. Jamais il n’avait imaginé qu’un jour il pourrait aimer de nouveau, encore moins que ce serait Lisbon. Mais ce qu’il n’avait encore moins imaginé c’était qu’elle serait malade, qu’elle devrait se battre pour sa vie. Il se surprit à prier qu’elle guérisse, qu’elle sorte d’ici un jour et qu’il pourrait vivre avec elle pour toujours. Maintenant qu’il se donnait la peine d’aimer de nouveau, il ne voulait pas devoir perdre de nouveau. Il ne voulait pas devoir faire le deuil d’une femme encore une fois, il ne le supporterait pas.

La porte s’ouvrit lentement et l’infirmière de nuit passa la tête. Elle ne dit pas un mot, mais montra sa montre à Jane, lui faisant ainsi comprendre que l’heure des visites était finie. Jane lui demanda silencieusement quelques minutes de plus qu’elle lui accorda. Elle ressortit donc et le mentaliste se concentra sur la jeune femme dans ses bras. Il fini par s’endormir lui aussi et, lorsque l’infirmière revint un peu plus tard pour lui demander de partir, elle trouva le couple si mignon qu’elle n’osa pas le réveiller. Elle sourit avant de quitter la chambre, laissant le couple tendrement enlacé.




Plusieurs mois passèrent ainsi, entre les traitements et les visites de Jane, Annie et Tommy. Peu à peu, la jeune femme se remettait, elle semblait moins fatiguée, moins malade et plus souriante. Les choses semblaient aller mieux, pour le plus grand bonheur de la jeune femme qui pouvait enfin oser espérer sortir d’ici un jour, du moins si tout continuait ainsi. Les médecins avaient décidé de réduire les séances de chimiothérapie, permettant ainsi à la jeune femme de souffler un peu. Elle retrouva de l’appétit, ses cheveux recommencèrent à pousser et elle les avait à présent un peu en dessous des épaules. Le plus souvent, elle les gardait lâchés, appréciant bien plus qu’avant la sensation de sa chevelure dans son cou.

L’année scolaire s’était fini et Annie avait passé l’été dans un camp de vacances avec sa meilleure amie. Elle s’était inscrite au Karaté comme elle le voulait, s’améliorant de jour en jour. Ses résultats scolaires avaient été bien meilleurs qu’elle ne le pensait, pour la plus grande joie de sa famille. Elle envisageait sérieusement de faire carrière dans la police et faisait tout pour ça. La jeune fille n’avait pas eut de mal à s’habituer à sa nouvelle vie, bien que parfois elle regrette les amis qu’elle avait laissés derrière elle en venant s’installer à Sacramento.

Tommy travaillait toujours dans le même restaurant, mais il n’y faisait plus la plonge. Il avait une fois ou deux aidé à faire la cuisine et avait beaucoup aimé. Son patron avait bien vu qu’il se donnait à fond dans ce qu’il faisait et lui avait proposé d’apprendre le travail de chef. Il était à présent l’un des quatre chefs du restaurant et son salaire était bien meilleur. Ses horaires étaient plus souples et il pouvait ainsi passer plus de temps avec sa fille et venir voir sa sœur plus qu’avant. Tout se passait si bien qu’il envisageait même de se prendre un logement avec Annie lorsque sa sœur pourrait enfin quitter l’hôpital.

Jane vivait toujours chez Lisbon, il y avait amené toutes ses affaires, à savoir pas grand-chose et se sentait comme chez lui. Il avait prit l’habitude de se lever avant tout le monde et de préparer le petit déjeuner. C’était quelque chose qu’il avait toujours aimé faire et comme il n’était plus seul, il avait encore plus de plaisir à le faire. Tout se passait vraiment bien pour tout le monde. Il travaillait encore au CBI, y retournait plus souvent maintenant que Lisbon allait mieux, mais pas tous les jours. Il voulait être avec la jeune femme le plus souvent possible. Même si l’état de Lisbon était meilleur, il voulait profiter de chaque jour, elle n’était pas à l’abri d’une rechute.

Le médecin lui avait dit que si elle continuait à aller mieux, bientôt elle pourrait rentrer chez elle. Alors Lisbon faisait son possible pour que tout aille bien, elle voulait vraiment pouvoir partir d’ici, pouvoir retrouver son chez elle et pouvoir reprendre le travail. Elle adorait son travail, et de ne plus être retournée au CBI depuis presque huit mois la rendait triste. Au moins elle n’avait plus de paperasse, mais elle voulait pouvoir reprendre son poste d’avant. Elle avait eut la visite de Wainwright quelques temps plus tôt, le nouveau patron voulant se tenir au courant de son état de santé et il lui avait assuré que lorsqu’elle serait apte à reprendre du service, son poste serait là à l’attendre.

Cho, Rigsby et Van Pelt aussi venaient aussi souvent que possible mais cela n’était pas vraiment facile étant donné leurs horaires de travail. Van Pelt était bien entendu celle qui venait le plus souvent, étant celle qui avait été là pour elle depuis le début. Les deux jeunes femmes étaient devenues de grandes amies, se parlaient de presque tout, n’ayant quasiment aucun secret l’une pour l’autre. Lisbon n’avait jamais pensé pouvoir un jour être aussi proche de sa collègue, mais Grace était une jeune femme bien, une femme qui avait besoin d’être entourée et d’être aimée. Lisbon avait trouvé en elle la petite sœur qu’elle n’avait jamais eue.

Mais ce que la jeune femme aimait le plus était les visites de Jane. Elle ne se lassait pas de le voir chaque jour, de le prendre dans ses bras, de l’embrasser. Il avait toujours été là pour elle, depuis qu’il savait pour sa maladie et l’avait toujours soutenue de son mieux. Même lorsqu’elle allait mal, qu’elle le repoussait, ce qui était arrivé bien plus souvent qu’elle ne l’avait voulu. Mais il avait persisté, ne l’avait pas laissé faire et elle était heureuse de dire qu’elle lui en était reconnaissante.




Ce matin là, lorsque Jane arriva comme tous les jours, il trouva Lisbon assise devant la fenêtre, habillée comme si elle s’apprêtait à sortir. Depuis que le médecin lui avait annoncé qu’elle allait mieux, que son cancer n’était plus là, mais qu’il fallait tout de même faire attention, Lisbon avait retrouvé le sourire, pour la plus grande joie du mentaliste qui adorait la voir sourire. Il s’avança vers elle, se pencha pour l’embrasser dans le coup et elle se retourna pour l’embrasser vraiment, d’un long et tendre baiser. Elle passa ses bras autour de son cou, se hissant sur ses deux pieds pour se retrouver dans ses bras. Elle se serra contre lui, savourant la douce étreinte avant de se reculer et plonger ses yeux dans les siens.

-“ Salut toi” souffla-t-elle contre ses lèvres.
-“ Salut” répondit-il dans un sourire.
-“ Tu es prêt à y aller ?” demanda-t-elle, souriant un peu plus en voyant son regard d’incompréhension. “ J’ai le droit de sortir aujourd’hui.”
-“ C’est vrai ? Pourquoi ne rien m’avoir dit hier ?” Le sourire de Jane de Jane se fit plus lumineux.
-“ Je voulais te faire la surprise” avoua-t-elle.
-“ Alors c’est gagné” assura Jane dont le sourire ne quittait pas ses lèvres. “ Tu as déjà une idée de l’endroit où tu veux aller je suppose, car tu ne veux pas rentrer tout de suite chez toi.”
-“ Oui, et je suis certaine que ça va te plaire.”
-“ Alors dans ce cas, préparons tes affaires et nous pourrons y aller.”
-“ C’est déjà fait, j’ai juste caché mon sac dans le placard pour que la surprise soit totale.”

Jane ne savait pas quoi dire, son plus grand souhait venait de se réaliser. Non seulement Lisbon était guérie, mais en plus elle pouvait quitter l’hôpital le jour même. Il lui en voulait un peu de ne lui avoir rien dit, mais c’était pour la bonne cause. Alors qu’il souriait bêtement en fixant la jeune femme dans les yeux, il entendit un raclement de gorge dans son dos et se retourna pour voir Naomi, un grand sourire sur les lèvres.

-“ Vous le saviez n’est-ce pas ?” S’enquit-il.
-“ Oui” confessa l’infirmière.
-“ Et vous ne m’avez rien dit.”
-“ Non, Teresa voulait le faire et je ne pouvais pas lui prendre ce plaisir.”

Naomi avança dans la chambre et Lisbon se sépara de Jane pour aller prendre la femme dans ses bras, la serrant fort contre elle. Au court des mois écoulés, elles étaient devenues très proches l’une de l’autre, développant une relation mère/fille que Lisbon n’avait pas put avoir dans sa jeunesse. L’infirmière serra la jeune femme contre elle, vraiment heureuse de la savoir sauvée et prête à rentrer chez elle auprès de sa famille et de l’homme qu’elle aime. Elle savait que tout se finirait bien, elle n’en avait jamais douté. Elle avait toujours sut voir lorsque les patients dont elle avait la charge avaient une chance de s’en sortir, elle ne savait pas comment elle pouvait le savoir, mais elle était contente que ce soit le cas pour Teresa Lisbon. Cette femme avait bien trop souffert dans sa vie, elle le savait par les discussions qu’elles avaient eut ensemble. Maintenant, elle pouvait enfin profiter de la chance d’être en vie et d’avoir un homme pour veiller sur elle.

-“ Prenez soin de vous Teresa” souffla Naomi à l’oreille de la jeune femme.
-“ C’est promis” murmura Lisbon. “ Je viendrais vous voir de temps en temps.”
-“ Mais j’y compte bien jeune fille.”
-“ Je ne suis plus une jeune fille depuis longtemps Naomi” sourit Lisbon.
-“ Pour moi vous le serez toujours. Allez, je crois que Patrick s’impatiente.”
-“ Oui, il a hâte de sortir d’ici, il n’a jamais été un fan des hôpitaux.”

Les deux femmes se mirent à rire franchement, à la plus grande surprise du mentaliste qui n’avait rien entendu de leur petite discussion. Il leva un sourcil interrogatif mais il savait très bien qu’il n’en saurait rien. Mais quelle importance, Lisbon allait bien, elle était en vie, elle pouvait enfin sortir d’ici et ils allaient rentrer ensemble. Que pouvait-il demander de plus ? Que la maladie ne revienne pas, c’était tout ce qu’il voulait. Et il ferait tout pour qu’elle reste en bonne santé, il veillerait sur elle aussi longtemps qu’elle le laisserait le faire.

Lisbon fini par revenir vers lui, son sourire ne quittant pas son visage. Elle lui prit la main, l’entraînant avec elle, passant par son placard pour prendre son sac et ils sortirent tous les deux. Naomi les regarda faire avec un regard attendri, elle les aimait bien ces deux là et elle leur souhaita tout le bonheur du monde, ils y avaient bien droit.




Jane arrêta la voiture au même endroit que la dernière fois, coupa le moteur et se tourna vers la jeune femme qui avait ouvert la vitre de sa porte. Elle avait le visage tourné vers l’extérieur, contemplant la vue devant elle. La dernière fois qu’elle était venue ici, elle était malade et n’avait pas put vraiment en profiter. Mais aujourd’hui c’était son intention, elle voulait vraiment que cette fois tout se passe bien, elle le voulait pour elle, mais pour Jane aussi. Il en avait tant fait pour elle tout ces mois, sans jamais rien lui demander en retour. Elle lui devait au moins sa journée à la plage, il l’avait bien méritée. Elle le sentit poser la main sur son bras et elle tourna la tête vers lui.

-“ Je voulais t’offrir cette journée que nous n’avons pas eut la dernière fois” sourit-elle.
-“ Teresa, je ne t’en ai jamais voulu tu sais.”
-“ Je sais, mais je voulais vraiment avoir cette journée avec toi, ici.”


Elle se pencha vers Jane pour l’embrasser, tendrement, passant une main sur sa joue, le caressant. Il lui rendit son baiser avec joie, trop heureux de la savoir enfin guérie, enfin libre de ces traitements qui lui avaient fait si peur pendant tout ce temps. Ils pouvaient enfin s’imaginer une vie à eux, enfin heureux ensemble. Lorsqu’elle sortit de la voiture, il la suivit, lui prenant la main et ils marchèrent ainsi jusqu’au bord de l’eau. Jane passa son bras autour des épaules de la jeune femme, la pressant contre lui. Ils marchèrent pendant plusieurs minutes sans que ni l’un ni l’autre ne dise le moindre mot, savourant juste l’air marin, la chaleur se dégageant de leurs corps et la joie d’être ensemble.

Finalement, Lisbon s’arrêta de marcher, et plongea son visage contre le torse de Jane, l’entourant de ses bras. Elle était bien là, contre lui, en vie. Tout ces mois où elle avait prié pour que la vie lui offre une seconde chance, pour qu’elle puisse vivre enfin son bonheur avec Jane. Et voilà qu’aujourd’hui c’était possible, elle avait enfin cette chance. Elle releva les yeux vers lui, se mit sur la pointe des pieds et l’embrassa sur la joue.

-“ Je suis vraiment heureuse Patrick” murmura-t-elle. “ D’être ici avec toi, d’être en vie, d’être guérie.”
-“ Je le suis moi aussi, tu ne peux pas savoir à quel point j’ai rêvé de ce jour.”
-“ Et je voulais te demander quelque chose.”
-“ Je t’écoute.”
-“ Voilà, maintenant que je suis enfin guérie, que je peux rentrer chez moi… je voulais savoir si tu allais rester ou si tu allais partir.”
-“ Je n’ai aucune raison de partir Teresa, aussi longtemps que tu voudras de moi, je serais là.”
-“ Et si je te voulais pour le reste de ma vie ?” Tenta-t-elle.
-“ Tu ferais de moi le plus heureux des hommes” finit-il par répondre après un instant d’hésitation. “ Je ne pensais pas que ce jour arriverait.”
-“ Moi non plus tu sais.”

Lisbon ferma les yeux tout en reposant sa tête Jane. Elle vivait sa première journée de liberté depuis longtemps et savait qu’il en était de même pour lui. Il avait été prisonnier autant qu’elle de cette maladie, même s’il ne l’avouerait jamais. Elle savait qu’il avait autant souffert qu’elle, en silence, se contentant d’être présent à chaque étape. Elle ne pensait pas qu’il ferait ça pour elle, elle ne pensait pas qu’il l’aimait à ce point. Elle savait qu’il tenait beaucoup à elle, mais pas comme ça.

-“ Si on rentrait Patrick” lui demanda-t-elle. “ J’ai un peu froid.”
-“ Si tu veux” approuva-t-il lorsqu’il vit qu’elle tremblait.
-“ Tommy est à la maison ?”
-“ Non, aujourd’hui il est allé visiter un appartement” précisa-t-il.
-“ Alors il part vraiment ?”
-“ Ça fait un moment qu’il voulait le faire, depuis que ton état s’est amélioré. Il voulait nous laisser un peu d’espace.”
-“ Mais ça ne me dérange pas qu’il soit à la maison.”
-“ Je sais, mais il voulait avoir son chez lui, avec sa fille.”
-“ Il va me manquer.”
-“ Eh, il ne part pas à l’autre bout du monde, il va juste habiter un étage au dessus de chez toi.”

Lisbon releva les yeux vers lui, surprise. Elle savait que Tommy cherchait un logement depuis un moment, mais elle ne pensait pas qu’il en trouverait un aussi près de chez elle. Finalement, il ne serait pas si loin et elle pourrait encore le voir aussi souvent que possible.

-“ Alors nous avons la maison pour nous deux dans ce cas” sourit-elle d’un air espiègle.
-“ Oui, tu as des projets ?”
-“ Tout un tas.”

Lisbon l’attrapa par la main et le tira avec elle jusqu’à la voiture. Ils montèrent dedans, souriant autant l’un que l’autre et Jane démarra, direction l’appartement de la jeune femme.

*****

... le début d'une nouvelle

Allongé dans le lit, fixant le plafond, Patrick Jane se laissait aller à ses pensées. Il était heureux, comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. Et tout ça grâce à une femme, Teresa Lisbon. Comment pourrait-il en être autrement alors qu’elle était là, avec lui dans ce lit, étroitement serrée contre lui après avoir passé le moment le plus magique depuis bien des années. Ils n’avaient rien fait de bien extravagant, rien de plus que s’embrasser, se caresser avant que Lisbon ne s’endorme contre lui, un sourire sur les lèvres. Il ne pouvait pas lui en vouloir, lui-même était assez fatigué et il ne s’attendait pas à autre chose pour le retour de la jeune femme chez elle.

Le mentaliste se dégagea délicatement de la jeune femme, la reposant sur le lit et sourit lorsqu’elle attrapa l’oreiller sur lequel il se trouvait un instant plus tôt pour le serrer contre elle, y enfouissant son nez. Il resta un moment à l’observer, elle était si belle, ses cheveux brun retombant par petites mèches sur son front, son petit nez qu’il aimait toucher avec le sien, ses lèvres qu’il adorait embrasser. Tout en cette femme était beau et il aimait tout. Il n’avait jamais cessé de la trouver belle, même lorsqu’elle était malade ou qu’elle n’avait plus de cheveux. Cette femme était formidable, forte et il ne pouvait qu’être fier d’elle.

Elle avait passé des moments difficiles, elle s’était battue pour pouvoir vivre et maintenant elle était enfin chez elle. Il était heureux de la savoir guérie, de la savoir de retour à la maison, avec lui. Mais tout n’était pas fini, il le savait et peut-être que le pire était à venir. Elle venait de vaincre la maladie, une fois encore, mais maintenant elle allait devoir s’habituer à vivre avec quelqu’un, avec lui. Il savait qu’elle l’aimait, tout comme lui l’aimait, mais serait-ce suffisant pour qu’elle arrive à vivre avec lui ? Elle n’avait pas eut d’homme dans sa vie depuis longtemps, peut-être n’avait-elle jamais vécu avec un homme. Il n’avait pas vécu avec une femme, ou quiconque, depuis si longtemps que pour lui non plus ce ne serait pas facile. Tommy et Annie n’étant pas souvent à la maison, il n’avait pas eut de mal à s’adapter. Ils ne faisaient que partager les petits déjeuners et les repas du soir ensemble.

Jane fini par quitter la chambre, laissant Lisbon dormir tranquillement pendant qu’il allait faire un peu de rangement. L’appartement n’en avait pas vraiment besoin, il rangeait tous les jours et même les cartons entassés dans l’entrée avait disparu. Il en était le responsable et il en était fier. Il aimait l’ordre, ce qui n’était pas le fort de la jeune femme. La dernière fois qu’il était venu, avant sa maladie, les choses traînaient un peu partout, des vêtements, des livres, des chaussures. Même la vaisselle n’était pas faite et le frigo, n’en parlons pas. Mais maintenant, tout était en ordre, il y avait des choses dans le frigo, autre que des plats à emporter, des choses mangeables.

Il était en train de finir de passer le chiffon sur les étagères lorsque la porte s’ouvrit et Tommy et Annie entrèrent dans l’appartement. La jeune fille semblait excitée, parlant vivement tout en gesticulant. Tommy écoutait avec un grand sourire, ravi de la réaction de sa fille. Jane en jugea que l’appartement qu’ils avaient visité leur convenait, ce qui voulait dire que bientôt ils allaient partir et qu’il se retrouverait seul avec Lisbon. Il craignait un peu ça, pas de se retrouver seul avec elle, mais ce que le fait de se retrouver juste lui et elle allait provoquer chez la jeune femme.

Il posa le torchon qu’il avait dans les mains, le posa sur l’étagère, à côté d’un cadre contenant une photo de lui avec Lisbon souriants, et se dirigea vers la cuisine pour préparer des boissons. Annie le rejoignit, sans jamais cesser de parler, de faire part à Jane, comme à son père de ce qu’elle aimait dans cet appartement. Elle s’assit au comptoir et ne cessa de parler que lorsque le mentaliste posa un grand verre de soda devant elle qu’elle avala presque en une fois. Elle le reposa aussi vite qu’elle l’avait prit et recommença ses explications, au grand désespoir de Tommy qui envoya un regard suppliant au blond. Jane s’approcha donc de l’adolescente, posa sa main sur son épaule pour attirer son attention et Annie releva les yeux vers lui.

-“ Ta tante est dans la chambre en haut, elle dort” lui dit-il, “ alors il faudrait que tu parles moins fort.”
-“ Tante Reese est de retour ?” S’enthousiasma la jeune fille un peu plus.
-“ Oui, elle est de retour, mais elle se repose et il faudrait éviter de la réveiller.”

Annie se posa un doigt sur la bouche, signe qu’elle ne dirait plus un mot et reporta son attention sur son père, un immense sourire sur les lèvres. Tommy lui sourit en retour, heureux que sa sœur soit enfin à la maison. L’homme but une gorgée de sa boisson, la reposa sur le comptoir et s’avança vers Jane. Annie comprit tout de suite que les deux hommes avaient à parler alors elle quitta la cuisine, monta l’escalier et alla directement dans sa chambre. Elle savait que ce qui allait se dire était important, bien trop pour qu’elle écoute. Mais elle ne put résister bien longtemps, elle se glissa discrètement hors de sa chambre et s’installa en haut de l’escalier de façon à ne pas être vue mais à pouvoir entendre.

-“ Comment va Teresa ?” S’enquit Tommy.
-“ Bien, elle est fatiguée et elle dort pour le moment” lui répondit Jane.
-“ Elle sait que nous allons partir ?”
-“ Oui et elle était un peu triste pour ça, mais elle comprend l’importance d’avoir son propre chez soi.”
-“ Elle ne m’en veut pas trop ?”
-“ Pas du tout, d’autant qu’elle sait que le dernier appartement que vous avez visité avec Annie se trouve dans l’immeuble. Alors, ça donne quoi ?”
-“ Et bien comme tu as pu le voir Annie est surexcitée à l’idée d’habiter dans cet appartement. Elle adore sa nouvelle chambre, elle adore tout l’appartement en fait et encore plus parce qu’il se trouve dans l’immeuble.”
-“ Je peux la comprendre, elle aura sa propre chambre et elle pourra voir sa tante plus souvent que si vous aviez prit l’appartement de l’autre coté de la ville.”
-“ C’est certain. Bon, et Teresa t’as dit quelque chose à votre sujet ?”
-“ Que veux-tu dire ?”
-“ Je sais que ma sœur n’a jamais vécu avec un homme et je sais qu’elle t’aime vraiment. Mais j’ai peur qu’elle n’arrive pas à se faire à la vie à deux.”
-“ J’y ai pensé aussi et je t’avoue que ça me fait peur. Mais nous allons y arriver, nous allons apprendre à vivre ensemble, à notre rythme.

Annie se rapprocha aussi près que possible, descendant d’une marche afin de mieux entendre la conversation.

-“ Depuis la mort de ma femme, je ne pensais pas pouvoir aimer de nouveau. Mais j’ai rencontré Teresa. Elle ne m’a jamais jugé, elle m’a pris tel que j’étais, aussi agaçant et gamin que je puisse être. Nous avons apprit à nous connaître et peu à peu nous sommes devenu amis. Et c’est là que j’ai commencé à me rendre compte qu’il y avait plus que de l’amitié entre nous, mais j’avais peur et je n’étais pas prêt à aller de l’avant. Alors j’ai tout gardé pour moi. Mais plus le temps passait plus je pouvais voir que Teresa aussi était perturbée par quelque chose. Je ne me doutais pas à l’époque qu’elle avait des sentiments pour moi, les mêmes que les miens.”

Jamais Jane ne s’était aussi ouvert à quelqu’un, sauf peut-être avec Teresa, mais ce n’était pas pareil. Il ne savait pas pourquoi, mais Tommy était un peu comme le frère qu’il n’avait jamais eut, ce frère à qui on parle de tout, avec qui on s’amuse tout comme on se soutient. D’une certaine manière, Tommy lui faisait penser à Danny et le mentaliste eut la soudaine envie de le revoir, de le remercier de ce qu’il avait fait pour lui quelques mois plus tôt.

Les deux hommes discutèrent ainsi pendant plusieurs minutes et Annie les écoutait attentivement. Elle savait qu’elle ne devait pas le faire, que cette conversation était privée, mais sa curiosité était plus forte et elle ne pouvait s’en empêcher. Une main sur son épaule la fit sursauter et elle se retourna pour voir sa tante, debout derrière elle, une main sur une hanche et l’autre toujours sur son épaule. Elle voulait paraître en colère de la trouver là à écouter ce qui ne la regardait pas, mais le sourire que la jeune fille pouvait voir dans ses yeux ne parvint pas la convaincre. Annie lui fit comprendre qu’elle ne devait rien dire et Teresa garda le silence et s’assit à côté d’elle.

La voix de Jane se fit de nouveau entendre et Lisbon tourna la tête vers le salon où elle pouvait voir Jane parler à Tommy. Elle comprit alors de quoi il s’agissait, d’une conversation entre son frère et son compagnon et elle ne voulait surtout pas en entendre plus, mais elle ne savait pas pourquoi, son corps refusa de lui obéir et elle resta assise sur la marche.

-“ J’aime Teresa plus que tout, plus que ma vie” dit alors Jane. “ Je ne veux pas la perdre, mais j’ai peur qu’elle ne soit pas prête pour qu’on vive ensemble, même si elle m’a dit le contraire.”
-“ Si elle t’a dit être prête alors c’est qu’elle l’est” le coupa Tommy. “ Je connais ma sœur et elle ne t’aurait jamais dit ça si ce n’était pas vrai.”
-“ Je sais bien, mais est-ce qu’elle arrivera à se faire de vivre avec moi ?” demanda encore Jane. “ Je suis quelqu’un de spécial, je n’ai plus l’habitude de vivre avec des gens, sauf toi et Annie.”
-“ Tu t’y feras très vite” entendirent les deux hommes provenant de l’escalier.

Ils se retournèrent pour voir Lisbon descendre la dernière marche et s’avancer vers Jane. Elle avait un regard sérieux, mais aussi plein d’amour et Jane s’en voulu d’avoir douté d’elle, mais surtout d’avoir douté de lui. Bien entendu qu’il pourrait vivre avec elle, c’était de vivre sans elle qu’il ne pourrait plus jamais, pas après tout ce qu’ils avaient déjà vécu ensemble. Il fit le reste du chemin vers elle lorsqu’elle s’arrêta au pied de l’escalier et posa une main sur sa joue, lui faisant fermer les yeux un instant pour les rouvrir aussitôt, plongeant dans l’océan des siens.

-“ Je suis désolé Teresa d’avoir douté” s’excusa Jane.
-“ Tu n’as pas à t’excuser, c’est normal d’avoir des doutes” lui dit-elle. “ J’en ai eu moi aussi, et je crois que j’en ai encore.”

Cette révélation fit du bien à Jane, au moins il n’était pas le seul à avoir des doutes, mais en y travaillant ensemble, ils trouveraient un moyen d’avancer. L’amour les aiderait dans cette démarche, ainsi que l’aide de Tommy et Annie.




Plusieurs heures plus tard, les trois membres de la famille Lisbon ainsi que Patrick Jane se trouvaient assis au comptoir de la cuisine du nouvel appartement de Tommy et Annie. Ce que le jeune Lisbon n’avait pas dit en revenant de sa visite, c’est qu’il avait déjà signé les papiers de location et qu’il avait les clés, ce qui voulait dire qu’il était présentement locataire des lieux. Un autre avantage, l’appartement était meublé, donc Tommy pouvait emménager quand il le voulait. Et ce soir il avait décidé de faire un petit repas simple avec sa famille pour fêter l’événement.

C’est pourquoi ils étaient tous là, discutant de tout et de rien, mais passant une agréable soirée ensemble. Tommy observait sa sœur, assise à côté de Jane, lui tenant la main qu’elle avait posée sur la jambe du blond. Elle riait aux blagues de sa nièce, pour le plus grand plaisir de son frère et de Jane. Elle avait encore l’air un peu fatiguée, elle avait des cernes sous les yeux et elle avait posé sa tête sur l’épaule de son consultant. Mais elle participait tout de même à la conversation, réagissant aux blagues de sa nièce autant qu’elle le pouvait.

Mais au bout d’un moment, alors que la jeune femme étouffait un énième bâillement, Jane se rendit compte qu’elle était bien plus fatiguée qu’elle ne voulait bien le dire. Il décida qu’il était alors temps de rentrer pour qu’elle se repose. Elle n’était peut-être plus malade, mais son corps ne s’était pas encore tout à fait remit des divers traitements qu’elle avait eut et elle avait vraiment besoin de repos. Il devait la ramener, qu’elle le veuille ou non, car il savait parfaitement qu’elle voudrait rester, qu’elle voudrait passer le plus de temps possible avec sa famille. Elle aurait bien le temps plus tard pour les voir, mais pour le moment elle devait dormir, ses petits yeux étaient la preuve de sa grande fatigue.

-“ On devrait rentrer Teresa” lui souffla-t-il à l’oreille.
-“ Pas encore Patrick” protesta-t-elle, “ je veux rester encore un peu.”
-“ Tu es fatiguée Teresa, Patrick a raison,” approuva Tommy. “ On se verra demain.”
-“ On viendra pour le petit déjeuner” ajouta Annie, “ Patrick fait de super Pancakes.”
-“ Et je vous en ferais plein demain matin” affirma le concerné.
-“ Je vois que vous êtes tous contre moi” soupira faussement contrariée Lisbon.
-“ On tient à toi, c’est différent” rectifia Jane avec un petit sourire.
-“ Alors rentrons.”

Lisbon se leva de son tabouret mais vacilla et fut vite rattrapée par Jane qui passa ses bras autour de sa taille.

-“ Eh, ça va ?” S’inquiéta-t-il.
-“ Juste un peu le tournis, je me suis levée trop vite” le rassura-t-elle.
-“ Ok, on y va doucement alors, à demain Tommy.”
-“ Bonne nuit vous deux” rajouta Annie.

Lisbon voulu embrasser Annie et Tommy avant de partir, puis elle suivit Jane jusqu’à la porte. Ils descendirent à l’étage de Lisbon, Jane ouvrit la porte et la referma derrière eux, mais lorsqu’il voulu monter l’escalier, la jeune femme était pratiquement endormie contre lui. Il la prit donc délicatement dans ses bras et la transporta jusqu’à sa chambre où il la déposa sur le lit. Il voulut la réveiller pour qu’elle se change mais elle ne fit que grogner pour toute réponse et il sourit. Il décida donc de le faire lui-même, ce qui lui rappela quelques mois plus tôt où il avait fait la même chose. La différence cette fois c’est qu’elle n’était plus malade et qu’elle ne se réveilla pas pendant l’opération. Il l’habilla d’un long T-shirt avant de la faire glisser dans le lit et de remonter la couverture sur elle. Mais au moment de partir, elle lui attrapa le bras.

-“ Reste” souffla-t-elle dans un demi-sommeil.
-“ Je vais me faire un thé et je te rejoins” la rassura-t-il.
-“ Tu m’en fais un aussi s’il te plait.”
-“ Je croyais que tu n’aimais pas le thé.”
-“ Mais j’aime le tien.”
-“ Ok, je reviens.”

Jane se pencha pour embrasser le front de la jeune femme puis quitta la chambre pour aller leur préparer les boissons. Il trouva du thé dans un placard, prépara deux tasses, y versa l’eau chaude sur les sachets et ajouta un peu de sucre, mais juste un peu. Il posa ensuite le tout sur un plateau et remonta rejoindre la jeune femme. Il se surprit à aimer ça, faire des choses pour quelqu’un, même aussi simple qu’un thé. Il aimait avoir quelqu’un qui dépendait de lui, pas que Lisbon dépende vraiment de lui, mais en ce moment elle avait besoin de lui et il en était heureux.

Il remonta dans la chambre pour la trouver endormie dans le lit, serrant contre elle sa veste qu’il avait ôtée avant de l’aider à se changer. Il ne put empêcher un sourire de naître sur son visage et il posa le plateau sur le bureau avant de se changer lui-même pour la rejoindre dans le lit, oubliant leurs boissons. Il n’avait plus vraiment envie de thé, pour le moment il voulait sentir Lisbon se lover contre lui, ce qui ne manqua pas. A peine fut-il dans le lit qu’elle roula pour poser sa tête sur son torse et il fini par s’endormir, un bras autour de la taille de la jeune femme.