In Sunshine or in Shadow ^

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... le début d'une nouvelle

Allongé dans le lit, fixant le plafond, Patrick Jane se laissait aller à ses pensées. Il était heureux, comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. Et tout ça grâce à une femme, Teresa Lisbon. Comment pourrait-il en être autrement alors qu’elle était là, avec lui dans ce lit, étroitement serrée contre lui après avoir passé le moment le plus magique depuis bien des années. Ils n’avaient rien fait de bien extravagant, rien de plus que s’embrasser, se caresser avant que Lisbon ne s’endorme contre lui, un sourire sur les lèvres. Il ne pouvait pas lui en vouloir, lui-même était assez fatigué et il ne s’attendait pas à autre chose pour le retour de la jeune femme chez elle.

Le mentaliste se dégagea délicatement de la jeune femme, la reposant sur le lit et sourit lorsqu’elle attrapa l’oreiller sur lequel il se trouvait un instant plus tôt pour le serrer contre elle, y enfouissant son nez. Il resta un moment à l’observer, elle était si belle, ses cheveux brun retombant par petites mèches sur son front, son petit nez qu’il aimait toucher avec le sien, ses lèvres qu’il adorait embrasser. Tout en cette femme était beau et il aimait tout. Il n’avait jamais cessé de la trouver belle, même lorsqu’elle était malade ou qu’elle n’avait plus de cheveux. Cette femme était formidable, forte et il ne pouvait qu’être fier d’elle.

Elle avait passé des moments difficiles, elle s’était battue pour pouvoir vivre et maintenant elle était enfin chez elle. Il était heureux de la savoir guérie, de la savoir de retour à la maison, avec lui. Mais tout n’était pas fini, il le savait et peut-être que le pire était à venir. Elle venait de vaincre la maladie, une fois encore, mais maintenant elle allait devoir s’habituer à vivre avec quelqu’un, avec lui. Il savait qu’elle l’aimait, tout comme lui l’aimait, mais serait-ce suffisant pour qu’elle arrive à vivre avec lui ? Elle n’avait pas eut d’homme dans sa vie depuis longtemps, peut-être n’avait-elle jamais vécu avec un homme. Il n’avait pas vécu avec une femme, ou quiconque, depuis si longtemps que pour lui non plus ce ne serait pas facile. Tommy et Annie n’étant pas souvent à la maison, il n’avait pas eut de mal à s’adapter. Ils ne faisaient que partager les petits déjeuners et les repas du soir ensemble.

Jane fini par quitter la chambre, laissant Lisbon dormir tranquillement pendant qu’il allait faire un peu de rangement. L’appartement n’en avait pas vraiment besoin, il rangeait tous les jours et même les cartons entassés dans l’entrée avait disparu. Il en était le responsable et il en était fier. Il aimait l’ordre, ce qui n’était pas le fort de la jeune femme. La dernière fois qu’il était venu, avant sa maladie, les choses traînaient un peu partout, des vêtements, des livres, des chaussures. Même la vaisselle n’était pas faite et le frigo, n’en parlons pas. Mais maintenant, tout était en ordre, il y avait des choses dans le frigo, autre que des plats à emporter, des choses mangeables.

Il était en train de finir de passer le chiffon sur les étagères lorsque la porte s’ouvrit et Tommy et Annie entrèrent dans l’appartement. La jeune fille semblait excitée, parlant vivement tout en gesticulant. Tommy écoutait avec un grand sourire, ravi de la réaction de sa fille. Jane en jugea que l’appartement qu’ils avaient visité leur convenait, ce qui voulait dire que bientôt ils allaient partir et qu’il se retrouverait seul avec Lisbon. Il craignait un peu ça, pas de se retrouver seul avec elle, mais ce que le fait de se retrouver juste lui et elle allait provoquer chez la jeune femme.

Il posa le torchon qu’il avait dans les mains, le posa sur l’étagère, à côté d’un cadre contenant une photo de lui avec Lisbon souriants, et se dirigea vers la cuisine pour préparer des boissons. Annie le rejoignit, sans jamais cesser de parler, de faire part à Jane, comme à son père de ce qu’elle aimait dans cet appartement. Elle s’assit au comptoir et ne cessa de parler que lorsque le mentaliste posa un grand verre de soda devant elle qu’elle avala presque en une fois. Elle le reposa aussi vite qu’elle l’avait prit et recommença ses explications, au grand désespoir de Tommy qui envoya un regard suppliant au blond. Jane s’approcha donc de l’adolescente, posa sa main sur son épaule pour attirer son attention et Annie releva les yeux vers lui.

-“ Ta tante est dans la chambre en haut, elle dort” lui dit-il, “ alors il faudrait que tu parles moins fort.”
-“ Tante Reese est de retour ?” S’enthousiasma la jeune fille un peu plus.
-“ Oui, elle est de retour, mais elle se repose et il faudrait éviter de la réveiller.”

Annie se posa un doigt sur la bouche, signe qu’elle ne dirait plus un mot et reporta son attention sur son père, un immense sourire sur les lèvres. Tommy lui sourit en retour, heureux que sa sœur soit enfin à la maison. L’homme but une gorgée de sa boisson, la reposa sur le comptoir et s’avança vers Jane. Annie comprit tout de suite que les deux hommes avaient à parler alors elle quitta la cuisine, monta l’escalier et alla directement dans sa chambre. Elle savait que ce qui allait se dire était important, bien trop pour qu’elle écoute. Mais elle ne put résister bien longtemps, elle se glissa discrètement hors de sa chambre et s’installa en haut de l’escalier de façon à ne pas être vue mais à pouvoir entendre.

-“ Comment va Teresa ?” S’enquit Tommy.
-“ Bien, elle est fatiguée et elle dort pour le moment” lui répondit Jane.
-“ Elle sait que nous allons partir ?”
-“ Oui et elle était un peu triste pour ça, mais elle comprend l’importance d’avoir son propre chez soi.”
-“ Elle ne m’en veut pas trop ?”
-“ Pas du tout, d’autant qu’elle sait que le dernier appartement que vous avez visité avec Annie se trouve dans l’immeuble. Alors, ça donne quoi ?”
-“ Et bien comme tu as pu le voir Annie est surexcitée à l’idée d’habiter dans cet appartement. Elle adore sa nouvelle chambre, elle adore tout l’appartement en fait et encore plus parce qu’il se trouve dans l’immeuble.”
-“ Je peux la comprendre, elle aura sa propre chambre et elle pourra voir sa tante plus souvent que si vous aviez prit l’appartement de l’autre coté de la ville.”
-“ C’est certain. Bon, et Teresa t’as dit quelque chose à votre sujet ?”
-“ Que veux-tu dire ?”
-“ Je sais que ma sœur n’a jamais vécu avec un homme et je sais qu’elle t’aime vraiment. Mais j’ai peur qu’elle n’arrive pas à se faire à la vie à deux.”
-“ J’y ai pensé aussi et je t’avoue que ça me fait peur. Mais nous allons y arriver, nous allons apprendre à vivre ensemble, à notre rythme.

Annie se rapprocha aussi près que possible, descendant d’une marche afin de mieux entendre la conversation.

-“ Depuis la mort de ma femme, je ne pensais pas pouvoir aimer de nouveau. Mais j’ai rencontré Teresa. Elle ne m’a jamais jugé, elle m’a pris tel que j’étais, aussi agaçant et gamin que je puisse être. Nous avons apprit à nous connaître et peu à peu nous sommes devenu amis. Et c’est là que j’ai commencé à me rendre compte qu’il y avait plus que de l’amitié entre nous, mais j’avais peur et je n’étais pas prêt à aller de l’avant. Alors j’ai tout gardé pour moi. Mais plus le temps passait plus je pouvais voir que Teresa aussi était perturbée par quelque chose. Je ne me doutais pas à l’époque qu’elle avait des sentiments pour moi, les mêmes que les miens.”

Jamais Jane ne s’était aussi ouvert à quelqu’un, sauf peut-être avec Teresa, mais ce n’était pas pareil. Il ne savait pas pourquoi, mais Tommy était un peu comme le frère qu’il n’avait jamais eut, ce frère à qui on parle de tout, avec qui on s’amuse tout comme on se soutient. D’une certaine manière, Tommy lui faisait penser à Danny et le mentaliste eut la soudaine envie de le revoir, de le remercier de ce qu’il avait fait pour lui quelques mois plus tôt.

Les deux hommes discutèrent ainsi pendant plusieurs minutes et Annie les écoutait attentivement. Elle savait qu’elle ne devait pas le faire, que cette conversation était privée, mais sa curiosité était plus forte et elle ne pouvait s’en empêcher. Une main sur son épaule la fit sursauter et elle se retourna pour voir sa tante, debout derrière elle, une main sur une hanche et l’autre toujours sur son épaule. Elle voulait paraître en colère de la trouver là à écouter ce qui ne la regardait pas, mais le sourire que la jeune fille pouvait voir dans ses yeux ne parvint pas la convaincre. Annie lui fit comprendre qu’elle ne devait rien dire et Teresa garda le silence et s’assit à côté d’elle.

La voix de Jane se fit de nouveau entendre et Lisbon tourna la tête vers le salon où elle pouvait voir Jane parler à Tommy. Elle comprit alors de quoi il s’agissait, d’une conversation entre son frère et son compagnon et elle ne voulait surtout pas en entendre plus, mais elle ne savait pas pourquoi, son corps refusa de lui obéir et elle resta assise sur la marche.

-“ J’aime Teresa plus que tout, plus que ma vie” dit alors Jane. “ Je ne veux pas la perdre, mais j’ai peur qu’elle ne soit pas prête pour qu’on vive ensemble, même si elle m’a dit le contraire.”
-“ Si elle t’a dit être prête alors c’est qu’elle l’est” le coupa Tommy. “ Je connais ma sœur et elle ne t’aurait jamais dit ça si ce n’était pas vrai.”
-“ Je sais bien, mais est-ce qu’elle arrivera à se faire de vivre avec moi ?” demanda encore Jane. “ Je suis quelqu’un de spécial, je n’ai plus l’habitude de vivre avec des gens, sauf toi et Annie.”
-“ Tu t’y feras très vite” entendirent les deux hommes provenant de l’escalier.

Ils se retournèrent pour voir Lisbon descendre la dernière marche et s’avancer vers Jane. Elle avait un regard sérieux, mais aussi plein d’amour et Jane s’en voulu d’avoir douté d’elle, mais surtout d’avoir douté de lui. Bien entendu qu’il pourrait vivre avec elle, c’était de vivre sans elle qu’il ne pourrait plus jamais, pas après tout ce qu’ils avaient déjà vécu ensemble. Il fit le reste du chemin vers elle lorsqu’elle s’arrêta au pied de l’escalier et posa une main sur sa joue, lui faisant fermer les yeux un instant pour les rouvrir aussitôt, plongeant dans l’océan des siens.

-“ Je suis désolé Teresa d’avoir douté” s’excusa Jane.
-“ Tu n’as pas à t’excuser, c’est normal d’avoir des doutes” lui dit-elle. “ J’en ai eu moi aussi, et je crois que j’en ai encore.”

Cette révélation fit du bien à Jane, au moins il n’était pas le seul à avoir des doutes, mais en y travaillant ensemble, ils trouveraient un moyen d’avancer. L’amour les aiderait dans cette démarche, ainsi que l’aide de Tommy et Annie.




Plusieurs heures plus tard, les trois membres de la famille Lisbon ainsi que Patrick Jane se trouvaient assis au comptoir de la cuisine du nouvel appartement de Tommy et Annie. Ce que le jeune Lisbon n’avait pas dit en revenant de sa visite, c’est qu’il avait déjà signé les papiers de location et qu’il avait les clés, ce qui voulait dire qu’il était présentement locataire des lieux. Un autre avantage, l’appartement était meublé, donc Tommy pouvait emménager quand il le voulait. Et ce soir il avait décidé de faire un petit repas simple avec sa famille pour fêter l’événement.

C’est pourquoi ils étaient tous là, discutant de tout et de rien, mais passant une agréable soirée ensemble. Tommy observait sa sœur, assise à côté de Jane, lui tenant la main qu’elle avait posée sur la jambe du blond. Elle riait aux blagues de sa nièce, pour le plus grand plaisir de son frère et de Jane. Elle avait encore l’air un peu fatiguée, elle avait des cernes sous les yeux et elle avait posé sa tête sur l’épaule de son consultant. Mais elle participait tout de même à la conversation, réagissant aux blagues de sa nièce autant qu’elle le pouvait.

Mais au bout d’un moment, alors que la jeune femme étouffait un énième bâillement, Jane se rendit compte qu’elle était bien plus fatiguée qu’elle ne voulait bien le dire. Il décida qu’il était alors temps de rentrer pour qu’elle se repose. Elle n’était peut-être plus malade, mais son corps ne s’était pas encore tout à fait remit des divers traitements qu’elle avait eut et elle avait vraiment besoin de repos. Il devait la ramener, qu’elle le veuille ou non, car il savait parfaitement qu’elle voudrait rester, qu’elle voudrait passer le plus de temps possible avec sa famille. Elle aurait bien le temps plus tard pour les voir, mais pour le moment elle devait dormir, ses petits yeux étaient la preuve de sa grande fatigue.

-“ On devrait rentrer Teresa” lui souffla-t-il à l’oreille.
-“ Pas encore Patrick” protesta-t-elle, “ je veux rester encore un peu.”
-“ Tu es fatiguée Teresa, Patrick a raison,” approuva Tommy. “ On se verra demain.”
-“ On viendra pour le petit déjeuner” ajouta Annie, “ Patrick fait de super Pancakes.”
-“ Et je vous en ferais plein demain matin” affirma le concerné.
-“ Je vois que vous êtes tous contre moi” soupira faussement contrariée Lisbon.
-“ On tient à toi, c’est différent” rectifia Jane avec un petit sourire.
-“ Alors rentrons.”

Lisbon se leva de son tabouret mais vacilla et fut vite rattrapée par Jane qui passa ses bras autour de sa taille.

-“ Eh, ça va ?” S’inquiéta-t-il.
-“ Juste un peu le tournis, je me suis levée trop vite” le rassura-t-elle.
-“ Ok, on y va doucement alors, à demain Tommy.”
-“ Bonne nuit vous deux” rajouta Annie.

Lisbon voulu embrasser Annie et Tommy avant de partir, puis elle suivit Jane jusqu’à la porte. Ils descendirent à l’étage de Lisbon, Jane ouvrit la porte et la referma derrière eux, mais lorsqu’il voulu monter l’escalier, la jeune femme était pratiquement endormie contre lui. Il la prit donc délicatement dans ses bras et la transporta jusqu’à sa chambre où il la déposa sur le lit. Il voulut la réveiller pour qu’elle se change mais elle ne fit que grogner pour toute réponse et il sourit. Il décida donc de le faire lui-même, ce qui lui rappela quelques mois plus tôt où il avait fait la même chose. La différence cette fois c’est qu’elle n’était plus malade et qu’elle ne se réveilla pas pendant l’opération. Il l’habilla d’un long T-shirt avant de la faire glisser dans le lit et de remonter la couverture sur elle. Mais au moment de partir, elle lui attrapa le bras.

-“ Reste” souffla-t-elle dans un demi-sommeil.
-“ Je vais me faire un thé et je te rejoins” la rassura-t-il.
-“ Tu m’en fais un aussi s’il te plait.”
-“ Je croyais que tu n’aimais pas le thé.”
-“ Mais j’aime le tien.”
-“ Ok, je reviens.”

Jane se pencha pour embrasser le front de la jeune femme puis quitta la chambre pour aller leur préparer les boissons. Il trouva du thé dans un placard, prépara deux tasses, y versa l’eau chaude sur les sachets et ajouta un peu de sucre, mais juste un peu. Il posa ensuite le tout sur un plateau et remonta rejoindre la jeune femme. Il se surprit à aimer ça, faire des choses pour quelqu’un, même aussi simple qu’un thé. Il aimait avoir quelqu’un qui dépendait de lui, pas que Lisbon dépende vraiment de lui, mais en ce moment elle avait besoin de lui et il en était heureux.

Il remonta dans la chambre pour la trouver endormie dans le lit, serrant contre elle sa veste qu’il avait ôtée avant de l’aider à se changer. Il ne put empêcher un sourire de naître sur son visage et il posa le plateau sur le bureau avant de se changer lui-même pour la rejoindre dans le lit, oubliant leurs boissons. Il n’avait plus vraiment envie de thé, pour le moment il voulait sentir Lisbon se lover contre lui, ce qui ne manqua pas. A peine fut-il dans le lit qu’elle roula pour poser sa tête sur son torse et il fini par s’endormir, un bras autour de la taille de la jeune femme.

*****

Souvenirs partagés

Lisbon se réveilla au milieu de la nuit, en sueur, des larmes pleins les yeux, les cheveux collés sur son front. Elle venait de faire un horrible cauchemar, elle ne savait même pas si elle était vraiment réveillée ou si elle dormait encore. Son regard fit le tour de la pièce, à la recherche de quelque chose, ou de quelqu’un qu’elle ne trouva pas. Son cœur accéléra dans sa poitrine quand elle constata que Jane n’était pas là, qu’il n’était plus dans le lit avec elle. Mais où était-il ? Elle ne le savait pas mais elle avait besoin, vraiment besoin, de le voir à cet instant. Ne pas le trouver à ses côtés à son réveil était comme si son cauchemar se réalisait, comme s’il était vraiment partit, l’abandonnant. Elle savait qu’il ne le ferait pas, ils en avaient parlé, mais elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur.

La jeune femme se leva, enfila une robe de chambre, une paire de chaussons et quitta la chambre, avançant doucement dans le couloir. Elle remarqua de la lumière tout au fond provenant de la chambre qu’avait occupé Annie tous ces derniers mois et elle se demanda qui pouvait bien s’y trouver. Jane bien entendu, qui d’autre. Mais pourquoi se trouvait-il ici au lieu d’être au lit avec elle, c’est-ce qu’elle voulait savoir. Elle resserra la robe de chambre autour de son corps, avança jusqu’à la porte entrebâillée et le chercha des yeux. Elle le trouva assis au pied du lit, sur le sol, un tas de documents étalés devant lui, des photos, des objets. Ne les reconnaissant pas, elle se douta que ce devait être à lui.

Hésitante au début, ne sachant pas s’il prendrait bien ou mal sa présence ici, Lisbon fini par avancer jusqu’à lui. Il releva la tête, le visage inondé de larmes et la jeune femme sentit son cœur se serrer. Elle se pencha doucement vers lui, son corps la faisant souffrir encore un peu de temps en temps, et le serra dans ses bras. Elle passa une main dans son dos, soufflant dans son oreille des mots apaisants tandis que l’autre se perdait dans ses cheveux. Elle jeta un coup d’œil sur les photos, sans pour autant se séparer de lui et elle comprit. Il y avait là des photos de Charlotte bébé, d’autres d’elle un peu plus grande, apprenant à marcher, son premier repas. D’autres photos représentaient Angela, la beauté de la jeune femme toucha Lisbon. Elle était vraiment magnifique avec ses grands yeux bleus rieurs, ses longs cheveux blonds et bouclés et son sourire lumineux.

Lisbon sentit les larmes lui brûler les yeux, pour finir par couler le long de ses joues et se perdre dans les cheveux de Jane. Elle pleurait, pour Jane, pour Angela et pour Charlotte. Elle pleurait pour toutes ces vies brisées à cause d’un homme, un monstre. Elle pleurait parce qu’elle avait la chance d’avoir Patrick dans sa vie alors que ce n’était pas à elle de l’avoir. Angela avait été là bien avant elle, cette femme avait été le premier et le plus grand amour de Patrick Jane et elle était morte. Teresa s’en voulu d’être en vie et de partager la vie et le cœur du mentaliste, mais que pouvait-elle y faire ? Il avait tant souffert qu’il méritait un peu de bonheur en retour, il méritait d’être heureux pour le reste de sa vie.

Jane bougea dans ses bras, se décala doucement et fixa la jeune femme dans les yeux. Il leva une main pour chasser de son mieux les larmes de ses joues, ces larmes qu’il savait être de sa faute. Il s’était juré de ne jamais la faire pleurer et la première nuit qu’elle passait ici c’était exactement ce qu'il faisait. Il se demandait encore ce qui l’avait poussé à venir ici, à ressortir toutes ces photos alors qu’il savait l’effet que cela aurait sur lui. Mais une force invisible l’y avait poussé et il l’avait fait, délaissant la jeune femme pour se perdre de nouveau dans son passé. Il commençait peu à peu à comprendre pourquoi. De voir Lisbon dans son lit, la voir contre lui, un fin sourire sur les lèvres, un air détendu sur le visage, tout cela lui avait rappelé Angela et il avait eut besoin de revoir son visage, même s’il le connaissait par cœur.

-“ Pardonnes-moi Teresa” souffla-t-il, le son de sa voix brisant le silence de la chambre.
-“ Je comprends” fut la seule réponse de la jeune femme.

Jane sourit, Lisbon était vraiment extraordinaire. Elle le comprenait toujours, ne lui reprochait rien, surtout pas son passé et s’y faisait avec une aisance qu’il avait du mal à comprendre. Son cœur abritait deux femmes exceptionnelles, deux femmes qu’il aimait plus que tout. N’importe quelle femme lui aurait demandé d’oublier son passé, de vivre dans le présent, mais pas elle. Lisbon comprenait son amour pour Angela, comprenait son manque et il lui en était reconnaissant. Qu’avait-il fait de si bien dans sa vie pour mériter une femme comme elle ? Il se le demandait encore.

-“ Mon père aimait tant ma mère qu’après sa mort il était inconsolable” expliqua-t-elle sans qu’il ne demande rien. "Il ne pouvait imaginer sa vie sans elle, ne pouvait vivre sans elle, même pour mes frères et moi. Elle était tout pour lui. Pas qu’il ne nous aimait pas, mais son amour pour ma mère était plus fort et nous lui rappelions chaque jour ce qu’il avait perdu.”

La jeune femme fit une pause, fixant son regard dans celui attentif du blond qui ne dit rien. Il semblait attendre qu’elle continue, elle avait besoin de parler, il le savait et il avait besoin de l’entendre. Elle fini par reprendre, après une profonde inspiration.

-“ Je lui rappelais trop ma mère” déplora-t-elle. “ Elle était si belle, si douce, si gentille. J’étais son portrait parfait, tout le monde le disait et je pense que c’est pour ça que mon père s’est mit à boire. Il revoyait ma mère en moi mais il savait que ce n’était pas elle. Il ne supportait plus de me voir et il préférait se perdre dans l’alcool plutôt que de s’occuper de moi…et de mes frères par la même occasion.”

Une autre pause, d’autres larmes. Les souvenirs de cette époque étaient toujours aussi douloureux pour la jeune femme et en parler était pire encore. Mais elle avait besoin de le faire sortir, de le partager avec quelqu’un, avec lui. Elle savait que Jane pouvait la comprendre.

-“ Mon père ne pouvait s’imaginer vivre sans ma mère et il a fini par se tuer. Nous avons faillit mourir avec lui, peut-être même que c’est-ce qu’il voulait, réunir la famille dans l’au-delà. Mais nous ne sommes pas morts, nous avons survécu et nous avons tenté de refaire nos vie en oubliant le passé.”

Jane voyait parfaitement où elle voulait en venir. La comparaison de la vie de son père avec la sienne, la façon dont il s’était détruit suite à la mort de sa femme. Il avait lui-même tenté de mettre fin à ses jours, sans y parvenir. Puis, il avait décidé de consacrer sa vie à traquer le monstre qui avait tué sa famille, se coupant ici du monde réel, se refusant de vivre, par culpabilité. Sa nouvelle relation avec Lisbon n’avait fait que lui rappeler ce qu’il avait perdu. Il ne le regrettait pas pour autant, du moins pas d’être avec elle. Il regretterait toujours d’avoir été la cause de la mort de sa famille mais pas d’avoir trouvé Teresa Lisbon, pas de l’avoir dans sa vie. Elle l’avait aidé, à sa façon à reprendre goût à la vie, à retrouver ce sentiment qu’on appelle l’amour, ce sentiment qu’il pensait ne plus pouvoir ou ne plus avoir le droit de ressentir. Il n’était plus seul à présent, elle était dans sa vie et elle avait besoin de lui.

Et il réalisa à cet instant qu’elle était là alors qu’elle aurait dût être au lit et dormir. Pourquoi ne s’y trouvait-elle pas ? Pourquoi était-elle venue le rejoindre ? Pas qu’il le regrette, elle avait été réconfortante, mais elle avait besoin de repos. Il la détailla, remarqua la sueur sur son front, ses cheveux humides, les traces des larmes sur ses joues. Il s’était passé quelque chose et elle était venue le chercher, elle avait eut besoin de lui et il n’avait pas été là.

-“ Teresa, que fais-tu là ?” Sa question avait été posée d’une voix douce, inquiète.
-“ J’ai… j’ai fait un cauchemar et tu n’étais pas là. J’ai tellement cru qu’il était vrai quand je ne t’ai pas trouvé dans le lit” avoua-t-elle difficilement, mais sans reproches. “ Alors je suis venue te chercher, je ne pensais pas que tu souffrais aussi, seul de ton côté. Si j’avais su…”
-“ Retournons au lit maintenant” la coupa-t-il.

Il ne voulait pas qu’elle se fasse des reproches, il ne voulait pas qu’elle pense ne pas être là pour lui lorsqu’il en avait besoin. Elle était toujours là pour lui, d’aussi loin qu’il se souvienne, bien avant tout ça, la maladie et leur couple. Elle avait toujours été un soutien pour lui, à chaque étape de sa vie, sans jamais rien demander en retour. Il ne voulait pas qu’elle culpabilise pour quelque chose pour laquelle elle ne pouvait rien.

Jane se leva, l’aida à en faire autant et la serra fort dans ses bras avant de la guider hors de la pièce, loin de son passé, loin de ses démons. Elle avait besoin de repos et lui aussi, ils étaient fatigués et la nuit n’était pas finie. Il savait qu’il ne trouverait pas facilement le sommeil, mais en étant avec elle, il pourrait au moins penser à autre chose. Elle avait toujours sut comment lui changer les idées, comment lui remonter le moral et ce soir n’échappait pas à la règle. Elle semblait encore si fragile lorsqu’il l’aida à avancer dans le couloir, appuyée contre lui, la tête sur son épaule, un bras autour de sa taille.

Ils arrivèrent dans la chambre, Jane poussa la porte pour la fermer avec son pied et continua de marcher jusqu’au lit où il tira la couverture pour que Lisbon se couche. Il repartit fermer complètement la porte, bien que cela ne serve à rien puisqu’ils n’étaient que tous les deux dans l’appartement. Mais c’était une sorte de sécurité pour lui, comme si une porte fermée pouvait retenir tous les malheurs du monde loin de lui, loin de Teresa, les laissant en paix. Il rejoignit ensuite bien vite la jeune femme qui l’attendait, un sourire sur les lèvres. Elle se lova contre lui lorsqu’il se glissa sous la couverture, passant une main autour de sa taille, le serrant le plus possible contre elle.

Le mentaliste ne parvint pas à se rendormir, malgré sa grande fatigue. Les images de sa femme et de sa fille encore bien trop présentes dans sa tête, mais aussi la confession de Teresa qui, d’un certain côté, l’avait un peu aidé. Son père avait tant aimé sa mère qu’il lui était impossible de vivre sans elle, même pour ses enfants. Et à cause de ça, il s’était donné la mort. Jane avait fait la même chose, sauf que lui n’avait rien qui le retenait sur cette Terre et que finalement il était toujours en vie. Il devait y avoir une raison à ça, il ne pouvait pas avoir survécu uniquement pour se venger et souffrir de ce qu’il avait fait. Il commençait à se dire que cette raison se trouvait dans ses bras, dormant paisiblement contre lui. Il ne croyait pas à ce genre de choses, mais il ne voyait pas d’autre raison au fait qu’il soit toujours vivant.

Il se tourna dans le lit pour se mettre de côté, faisant rouler Lisbon un peu plus contre lui et il sourit lorsqu’elle nicha son nez contre son torse. Même si elle n’était pas la raison pour laquelle il était vivant, il voulait quand même en profiter. Il avait une nouvelle chance d’être heureux, même si le tueur au smiley courait toujours dans la nature. Il savait que c’était prendre un énorme risque que de se mettre en couple avec elle, mais ce serait encore pire de ne pas l’être. Il aimait trop Teresa Lisbon pour s’éloigner d’elle, surtout après avoir faillit la perdre. Il posa un baiser sur son front avant de finalement se laisser aller dans les bras de Morphée.




Grace Van Pelt était déjà au bureau, il était encore tôt, mais elle ne parvenait plus à dormir et elle ne voulait pas perdre son temps à ne rien faire. Son ordinateur allumé devant elle, un dossier étalé sur le devant de son bureau, elle avait le visage dans ses mains, l’air ailleurs. Elle avait voulu rattraper son retard dans la paperasse, mais cette simple activité lui avait rappelé que d’habitude c’était ce que faisait sa patronne et qu’en ce moment elle n’était pas là. Mais le bon côté des choses c’est que la jeune femme était guérie, alors elle était tout de même heureuse.

Grace leva la tête lorsqu’elle entendit des pas derrière elle et eut la surprise de voir arriver Patrick Jane, tout sourire. Mais que faisait-il là et où était Lisbon ? Elle le vit s’approcher d’elle, son sourire s’élargissant à chaque pas et il vint déposer un baiser sur sa joue. Encore plus surprise, la jeune femme porta la main à sa joue, ne comprenant pas ce qui lui prenait et le regarda prendre place sur son éternel canapé. Il semblait être un autre homme, plus souriant, plus heureux. Il semblait être devenu un autre homme depuis que Lisbon allait mieux et ça ne pouvait que la satisfaire. Mais la question de savoir ce qu’il faisait là la rendait folle et elle fini par le lui demander.

-“ Jane, pourquoi es-tu venu et où est Lisbon ?”
-“ Elle est à la maison” lui répondit-il, “ elle se repose et ne voulait plus de moi.”
-“ Qu’est-ce que tu as encore fait” soupira-t-elle.
-“ Moi ? Mais rien” se défendit-il en levant les mains devant lui. “ Je voulais juste l’aider mais il semblerait que mes idées ne lui convienne pas.”
-“ Et que voulais-tu faire ?” Cette fois elle était plus qu’intriguée.
-“ Je voulais juste ranger ses livres et DVD par ordre, du plus mauvais au meilleur, mais nous n’avons pas la même notion du mauvais.”
-“ Tu apprendras qu’il ne faut jamais contredire une femme sur ses choix de films Jane” sourit enfin Van Pelt.
-“ Oui ben je le sais maintenant. Je n’ai le droit de rentrer que cet après-midi quand elle aura fini. Elle ne veut pas me voir avant.”

Van Pelt posa une main devant sa bouche pour masquer le fou rire qu’elle avait du mal à retenir. Jane souriait, mais au fond de lui il était vexé par les mots de Lisbon, tout à fait juste en passant. Les hommes et les femmes n’avaient pas les mêmes goûts cinématographiques, alors à quoi bon insister. Mais Jane avait sa fierté et il n’admettrait jamais que la jeune femme avait raison au moins sur ce point.

Cho et Rigsby ne tardèrent pas à arriver et furent aussi surprit qu’elle de voir Jane installé sur son canapé et non pas chez Lisbon. La jeune femme leur expliqua la situation et Rigsby eut bien du mal à se retenir de rire tandis que Cho se contentait de hausser les épaules. Décidément, même en couple ces deux la trouvaient toujours le moyen de se disputer. Ils étaient un cas désespéré, mais ils étaient ensemble et heureux, alors c’était le principal. Les agents s’installèrent chacun à son bureau et, comme Van Pelt, s’occupèrent de la paperasse.

La matinée se passa ainsi, les trois agents travaillant sur leurs différents rapports, tandis que Jane se reposait sur son canapé. Il était étrangement calme, ne s’était levé qu’une fois pour se faire du thé, n’avait embêté personne et n’avait même pas proposé de tour de carte. L’absence de Lisbon était vraiment insupportable pour lui, tous pouvaient le voir. Il ne cessait de jeter des coups d’œil sur son téléphone, espérant à chaque fois que Lisbon l’appellerait, mais rien. Il ne souriait pas, se contentait d’être couché. Mais alors qu’il regardait une fois de plus son téléphone, celui-ci se mit à sonner et Jane se leva d’un bond, le portant à son oreille tout en décrochant.

-“ Teresa tu vas bien ?” S’inquiéta aussitôt le blond, pour une raison qu’il ignorait.
-“ Ça va Patrick” lui répondit-elle, “ pourquoi ça n’irait pas ?”
-“ Je ne sais pas, j’ai cru que tu avais un problème.”
-“ Non, tout va très bien, je voulais juste te demander si tu voulais bien rentrer à la maison, s’il te plait.”
-“ Je croyais que tu ne voulais pas que je t’aide” se renfrogna-t-il un peu.
-“ J’ai fini de ranger et je voudrais vraiment que tu rentres” c’était presque une supplique.

Le mentaliste ne résista pas au son de la voix de la jeune femme, il attrapa sa veste en se levant, le téléphone toujours collé à l’oreille, salua rapidement ses collègues et disparu dans le couloir. Les agents le regardèrent partir, un grand sourire aux lèvres, même Cho à qui cela n’arrivait pas souvent. Définitivement, Jane n’était plus le même.




Teresa Lisbon raccrocha son téléphone après s' assurée que Jane rentrait bien à la maison. Elle le posa sur le comptoir de la cuisine, releva les yeux vers sa nièce et lui sourit tout en levant le pouce.

-“ Alors c’est bon ?” demanda quand même l’adolescente.
-“ C’est bon” confirma sa tante. “ Je pense qu’il sera là dans moins de dix minutes.”
-“ Je vais te laisser alors.”

Annie se leva de son siège, embrassa sa tante sur la joue et s’éclipsa après lui avoir fait un dernier clin d’œil. Lisbon se laissa ensuite tomber sur son tabouret, fière d’elle et de son travail. Elle venait de ranger tout son appartement, ce qui en soit était une bonne excuse pour faire partir Jane. Elle voulait simplement lui préparer une petite surprise et elle n’aurait pas put le faire s’il avait été là à l’aider. Une chance qu’il ait eu l’idée de ranger les films à sa façon, car ainsi elle avait trouvé un bon argument pour le faire partir. Une fois seule, elle avait appelé Annie, qui bien entendu était dans la confidence, et ensemble elles avaient tout préparé. Il ne restait plus qu’à aller se changer et attendre qu’il arrive. Sa tenue étant déjà prête, elle l’enfila rapidement après s’être lavée et s’installa sur le canapé. Elle n’eut pas à attendre longtemps avant d’entendre le moteur de la voiture de Jane se garer devant son appartement.

La jeune femme se releva, éteignit les lumières qu’elle avait allumées plus tôt après avoir fermé tous les rideaux. Pour que sa surprise soit totale, Jane ne devait rien pouvoir voir de l’extérieur. Elle entendit ses pas se rapprocher de la porte et elle sentit son cœur battre la chamade. Elle espérait vraiment qu’il aimerait sa surprise, elle y avait mit tant de cœur, tant d’acharnement malgré sa fatigue. Elle voulait qu’il aime ce qu’elle lui avait préparé et qu’il comprenne ainsi qu’elle l’aimait pour tout ce qu’il avait fait pour elle ces derniers mois.

De le voir dans cet état la nuit dernière lui avait fait mal au cœur, de le voir pleurer sur les photos de sa famille perdue. Elle s’était sentie un peu coupable qu’il ait tout gardé caché dans une boite, comme s’il ne voulait pas lui faire de peine en regardant ouvertement toutes ces photos. Angela et Charlotte ne méritaient pas d’être cachées, elles méritaient d’être vues de tous, et encore plus de lui. Alors, lorsque la porte s’ouvrit et que Jane entra, l’appelant doucement, la croyant endormit en l’attendant, elle prit une grande inspiration et vint à sa rencontre.